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  • : Vous êtes sur un blog d'histoires Yaoi ! C'est la première fois que je vais en faire soyez indulgent. Bonne lecture ! Les propos pouvant être choquant !

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/!\  fautes d'orthographes classées dans le guiness des records  /!\

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Lundi 4 avril 1 04 /04 /Avr 19:50

Très cher lectrices et lecteurs je vous annonce officellement la fin de ce blog, je dois avouer que ça me fait mal au coeur mais il n'y aura plus d'articles publiés ici.

Néanmoins il ne sera pas fermé pour deux raions :

- Je veux garder les commentaires !

- Les histoires terminées ne seront pas déplacés sur le nouveau blog.

Je sais, j'avais dit que je corrigerai tout et c'est ce que je fais ! Mais ca prend trop de temps de tout publier sur le nouveau. Par conséquent je laisserai les plus vieilles ici et publierait petit à petit les vieilles histoires sur le nouveau.

Pour le moment je vais surtout publier les histoires que j'ai en cours !

C'est à dire la dernière avant la prochaine et down syndrome !

Pour le reste, ca se fera petit à petit.

 

Je tiens a vous dire que Agora est terminée, vous pouvez aller la lire en attendant sur le site de Lilly !

Je ne vous oublie pas !

BISOUS

 

Lien du nouveau => D-yaoi-world

Par Danouch - Publié dans : Post it de Danouch =)
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Dimanche 20 mars 7 20 /03 /Mars 20:17

 

Le souffle coupé, la gorge sèche, les battements de mon cœur se sont presque tut l’espace d’une seconde qui me parait une éternité. L’information vient de me percuter avec la force d’une explosion. Raine serait donc la solution à tous nos problèmes ?

Ma mère m’avait toujours apprit à ne pas écouter aux portes mais je n’ai pas résisté lorsque j’ai aperçu la lumière brillé sous le pas de la porte de Lillyan. La voix de Zephilis m’est venu directement aux oreilles, elle avait l’air inquiète, presque surprise ce qui m’a surpris à mon tour. Raine a donc un lien avec l’Avalanche.

Je ne préfère pas m’éternisé ici, je retourne dans ma chambre. A peine me suis-je redressé que j’ai été immédiatement pris de vertiges. Cette maudite communication ne m’a apporté que de la merde !

D’une humeur exécrable lorsque je me sens faible, je marmonne des insultes contre Koryu tout en m’appuyant sur les murs du couloir à fin de rejoindre mon lit. Je me laisse littéralement tomber sur le matelas, celui-ci n’était pas d’une grande qualité mais lorsqu’on a passé des semaines en mer à dormir sur un vieux lit qui crac, tanguant à chaque petite vague, n’importe quelle paillasse ferait l’affaire. Ce lit m’apparait comme une bénédictions des dieux.

C’est sous ces douces pensées que je m’endors en moins d’une minute, mon corps m’a abandonné, mon esprit lui-même ne tient plus. Tout autour de moi disparait peu à peu.

 

Ce sont, pour la première fois de mon existence, les rayons du soleil qui me réveillent. Je grimace de douleur alors que je tente de me redresser sur mon lit, les douleurs musculaires m’assaillissent brutalement et me font gémir discrètement. Je serre les dents pour ne pas hurler. La sueur perle sur mon front tant la souffrance est forte, elle me déchire avec une violence inhumaine ! Elle me perce comme des racines et s’engouffrent dans chaque parties de mon corps, jusqu’à la pointe de mes cheveux.

Je me lève non pas sans mal, je ne vais pas rester coucher toute la journée c’est impossible, j’attrape la petite pile de mes nouveaux effets aux couleurs de la nation de Pandore, le gris et le mauve, des couleurs qui me vont assez bien.

 

- Shinrei !

Je pourrais reconnaître cette voix entre mille.

- Princesse Laya.

 

Son sourire amplis de joie s’efface peu à peu pour faire face à la surprise, ses pupilles de jades s’écartent. Elle me fixe d’un air ébahi.

 

- Tes…tes yeux…

- Ah ! J’ai retrouvé la vue récemment. Dis je le plus naturellement possible.

 

Pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’elle allait pleurer mais au lieu de ça, elle me gratifie à nouveau de son charmant sourire encadré de jolies joues rosées par la gêne.

 

- Je suis heureuse pour toi alors !

- Merci. Lui dis je en lui rendant son sourire.

- Je vais te montrer la salle d’eau du palais et tu pourras ensuite nous rejoindre aux écuries.

- Aux écuries ?

- Oui, Lillyan est entrain de donné un cours d’escrime aux jeunes élèves.

Flottant dans sa robe rouge vif elle s’en va presque en dansant me laissant perplexe au milieu du corridor.

 

Lillyan donne un cours ? Comment arrive-t-il à se remettre aussi vite de cette communication ? J’en suis presque jaloux. Cependant, j’ai hâte de voir mon amant donner des cours. Je suis Laya jusqu’à la salle d’eau, je la remercie chaleureusement avant de rentrer dans l’immense pièce, la plus majestueuse salle d’eau que je n’ai jamais vue. Je me lave rapidement et m’habille de mes effets très bien ajustés. Cette longue tunique coupé en fente devant, derrière et sur les côtés à partir de la hanche me tombe presque sur les pieds. Le pantalon en lin se serre au cheville pour finir sur une paire de chaussures tout à fait confortable et légère. J’attache mes cheveux avec mon bandeau devenu inutile, j’observe pour la première fois mes yeux en plein jour, deux immenses billes noires sans fond mais qui brillent d’une étrange lueur. Je soupire, j’espère m’habituer à cette faculté très bientôt, tout ce qui m’entoure avait l’air plus terne, sans réelle valeur, de simple objets qui complètent ma vision. Maintenant, chaque choses semblent briller de mille feux ! Je ne peux plus me concentrer tant ce qui m’entoure prend une couleur différente, un teint différent. C’est donc ça voir ? Le monde est devenu si vivant, c’est déroutant.

 

Je me secoue l’esprit et sors du palais pour rejoindre les écuries qui ne devraient pas être trop difficile à trouver. Je n’ai qu’à suivre les vibrations du sol.

 

En même temps que ma vue, je découvrais peu à peu mes nouvelles facultés ou plutôt celles qui s’étaient développées. Chaque vibration de la terre me faisait vibrer le corps, je pouvais sentir le pas des chevaux, des fourmis, je pouvais même sentir les racines des arbres s’étendre sous nos pieds. Je n’avais jamais aussi bien senti l’harmonie, j’avais presque l’impression de sentir les entrailles même de notre planète en constante ébullition. C’était phénoménale et stupéfiant. Je pouvais sentir mes propre pas frappant le sol en rythme. Pam, pam, pam…

 

- Attention !

- Je crois que tu n’es pas assez attentif.

 

J’arrive enfin sur le lieu d’attroupement, Lillyan était le centre d’attention avec son élève. Les autres l’avaient avertis mais il était trop tard, Lillyan avait déjà son épée au bord de la gorge du jeune garçon. C’est vrai qu’il n’était pas très attentif.

Je me mêle à la foule et regarde silencieusement le combat.

 

- Tu ne dois jamais relâcher ta garde même si ta concentration est fixé sur un autre point ! Tu dois rester prêt à tout éventualité. Ce n’est pas ton cerveau qui t’avertira de l’approche d’un ennemis, c’est tout ton corps. C’est ce qu’on pourrait appeler l’intuition. Tu dois la développer en t’entrainant. L’intuition est extrêmement importante lors d’une bataille, tes coups seront porter sur un adversaire frontal, c’est grâce à ton intuition que tu pourra sentir ceux qui te viendront dans le dos. 

- Et l’aura ? On peut sentir l’aura non ?

- Au milieu d’un champ de bataille le nombre important d’auras ne te permet pas de les sentir une par une. L’aura est même parfois dissimuler, pour les plus fort ce n’est pas difficile.

- Et si on leur faisait une démonstration ? Je lui murmure dans l’oreille.

 

Lillyan n’est pas très doué pour cacher sa surprise, malgré lui il sursaute ce qui fait rire tous les élèves qui l’observaient attentivement. Mon sourire triomphant ne semble pourtant pas l’agacer, son regard et son sourire carnacier en dit long sur sa vengeance. J’avais parfaitement réussi à dissimuler mon aura, son corps n’étaient même pas en alerte à toute éventuelle attaque, totalement en confiance il ne pouvait se douter que quelqu’un allait l’attaquer par derrière. De plus, je m’étais déplacé tellement vite que je m’étais quasiment téléporté. Son expression de surprise était réellement jouissive. Je découvrais réellement ma nouvelle force petit à petit, celle-ci ne sera à son apogée que dans quelques jours seulement, cela me parait tellement invraisemblable. Et c’était pareil pour mon amant.

 

- Voici la parfaite démonstration de ce qu’il ne faut faire, dit il à haute voix, relâcher son attention.

Les élèves le charrient à nouveau.

- Bien maintenant ! S’écrie un militaire, remercier Monsieur Valeille tous et retournez à vos occupation.

 

De nombreux élèvent s’exécutent et viennent saluer Lillyan, certains plus intimidés que d’autres. En tant que l’unique Manipulateur Corporel d’Agora et sans doute le plus puissant d’entre eux, sa notoriété avait atteint les frontière de Pandore, chacun d’eux savaient qu’il était en exil et surement condamné à mort. J’étais fier de lui, l’enfant insouciant, l’adolescent soucieux de ne pas réussir ses examens c’était du passé.

 

C’était devenu un homme fort aux larges épaules.

 

Lillyan me frappe le bras.

- Ca t’amuse de me ridiculiser ?

Je grimace sous la douleur lacérante, j’essaye de contrôler mes expressions, Lillyan ne doit pas savoir que mon corps ne s’est pas encore remis. 

- Désolé, dis je en souriant le mieux possible, c’était vraiment tentant !

- Imbécile, dit il en riant.

Nous quittons les écuries tranquillement au milieu des passants.

 

Les frontières du palais pourraient s’apparenter à une ville, entourée de remparts immenses garder par de puissant archer et mages noir capables d’invoquer des créatures aussi hideuses que puissantes. Au milieu de ce petit village trône les appartements royaux dont la façade gauche garde des traces des récentes attaques ennemies. L’extérieur du palais étant très exposé puisque proche des ports était plus dangereux, la cité royale a été agrandît à fin d’accueillir toute la population en cas de sinistre ou de guerre, c’est donc pour cela que le territoire royale grouille d’habitant, de maison de fortunes, de famille dans le besoin et d’enfant errant. Cette masse importante donne un ton apocalyptique qui me serre la gorge. Je n’arrive pas à me détacher de la détresse de cette population même en marchant aux côtés de Lillyan. Aucun d’eux ne peut savoir que nous sommes leur dernier espoir, aucun d’eux n’imagine une seconde que cet enfer peut se terminer. J’ai dut mal à l’imaginer moi-même et c’est dans ces situations que je ressens le poids énorme qui nous incombe. Le ciel me pèse presque sur la tête alors que le soleil brille fièrement, faisant ressortir les horreurs de la guerre aux yeux de tous. Les amas de ruines à l’extérieur du palais ne se limitent pas à notre simple champ de vision, où que le regard se porte, la ville a été ravagée par le feu, les combats et la mer.

Heureusement les combats ont cessé dans la nuit, les hôpitaux et les prisons sont pleins sans parler du nombre de corps qu’il faudra enterrer dans l’honneur. Les cimetières deviendront bientôt plus grands que la nation.

 

- Tu te sape le morale Shin…Comme toujours tu réfléchis trop. Me dit Lillyan

Cette simple phrase n’a pas suffit à me sortir de mon silence, je n’arrive toujours pas à quitter ce spectacle des yeux.

- On a plus de temps à perdre Lillyan. Il faut retourner sur Agora, il faut retrouver l’Oracle. Dis je en serrant les poings

- Tu as oublié l’Avalanche ?

- On ne sait même pas quand cette foutue Avalanche va se produire ! Autant y aller tout de suite. Avant qu’il ne soit trop tard.

- C’est trop incertain. Tu es le premier à me sermonner lorsque je fonce tête baisser, qu’est-ce qui te prends ?

Je me canalise un instant en soupirant.

- Tu as raison. Je ne sais pas ce qui me prend. J’ai juste hâte d’en finir avec tout ça même si je sais que plus rien ne sera comme avant.

 

Je fais immédiatement demi-tour, fermant les paupières sur la misère humaine et sur mon immaturité. Le monde garde sa noirceur même sans mon bandeau et ce qui est encore plus triste c’est que je ne peux rien y faire même si cela me révolte. Je rentre dans l’enceinte des appartements royaux, le roi et la reine s’entretiennent encore avec les généraux pour décider d’un plan de reconstruction de la capitale.

J’avance donc au milieu des couloirs vide dans le silence de mes pas, des pas étrangement bruyant. Lillyan m’a donc suivit, je soupire à nouveau et m’arrête brusquement. Je me retourne vivement mais à ma grande surprise je suis seul, seul dans ce long couloir aux hauts plafond. Ce n’est pas tant l’absence de Lillyan qui me dérange mais la présence effective de quelqu’un, je suis persuadé qu’il y avait quelqu’un d’autre dans ce couloir et cela ne présage rien de bon.

Je fronce les sourcils, je ne vais pas rester planter là à attendre, je reprends le chemin de ma chambre. Mes pas coupent à nouveau le calme des lieux, je reste sur mes gardes, même si l’inconnu tente de calquer ses pas sur les miens je pourrais sentir ses pas directement. Chaque vibration du sol me parviendra immédiatement, le moindre petit geste, le moindre souffle …

Il est là. Je disparais soudainement, je compte prendre par surprise mon poursuiveur avec ma nouvelle rapidité. Je le tiens enfin sous ma paume, aussi surpris soit il lorsque je découvre enfin son visage, c’est moi qui suis maintenant sur le cul.

 

- Layla…

 

Son visage devenu blafard s’empourpre à la prononciation de son nom, ses grands yeux restent figés de stupeur. Je tiens fermement son poignet un peu au dessus de sa tête, sa main était si fine qu’elle me paraissait minuscule sous ma poigne. Je la relâche immédiatement sans réussir à avaler de nouveau ma salive. Pourquoi me suivait elle ? Pourquoi l’avait elle fait avec autant de précaution ? Depuis quand arrive-t-elle à cacher son aura ?

 

- Je…Je ne voulais pas…Je…Je suis désolée Shinrei. J’étais inquiète.

- Inquiète ? Pourquoi serai tu inquiètes ?

- J’étais inquiète pour toi Shinrei. Tu ne vas pas bien depuis ce matin…

- Arrêtes s’il te plait. Ne t’inquiètes pas pour moi, je vais bien.

- C’est faux Shinrei ! S’écrie-t-elle, pourquoi tu ne veux pas l’avouer ?

- Je n’avouerai pas ce qui est absurde Laya !

 

Son regard courroucé me foudroie sur place, je n’ai pas vu venir la gifle. Cette simple claque qui m’aurait à peine chatouiller en temps normal, réveille à nouveau la douleur. Cette simple gifle suffit à me sonner, la souffrance remonte le long de mes jambes jusqu’à l’entre de mon estomac, me pince le cœur et parcours l’ensemble de mon corps jusqu’au bout des ongles.

   Je tente de revenir à mes esprits mais peine perdu, je bascule déjà dans le vide jusqu’à frapper le sol.

 

« C’est donc là ta limite. Une simple claque. »

 

- Debout ! Allez gamin !

- Zephilis ? Demandais je encore dans les nuages.

- Tu aurais peut être préféré le beau Lillyan ou la belle Laya mais ce n’est que moi.

Je ne relève pas sa connerie.

- Où est il ?

- Lillyan est dans le couloir avec Raine et Amon.

- QUOI ?

 

La nouvelle avait suffit à me réveiller malheureusement peut être un peu trop rapidement car je retombe immédiatement à la renverse sous le violent vertige qui me fait crier malgré moi. Des sortes de coup de jus me secouent la tête, cette sensation qui déraille tout à l’intérieur m’arrache des hurlements horribles. Je me tiens le crâne comme un fou priant pour que cette torture cesse ! Je n’ai jamais ressenti une douleur aussi vive ! J’aurai préféré mourir brûlé plutôt que de ressentir ça !

Les hommes déboulent dans la chambre, le bruit de la porte qui se cogne contre le mur me fait à nouveau hurler et ça ne semble pas se calmer. Je sens des mains douces mais surtout la force de Zephilis qui me maintient sur le lit, une autre main vient se plaquer sur mes yeux. Mon dieu qu’est-ce qui m’arrive ?

Quelques minutes plus tard, la douleur s’estompe peu à peu, je reprend mon souffle avec difficulté et la main poser sur mes yeux se retire lentement. La sueur m’a inondé en quelques minutes, mon cœur cognait si fort qu’il fait vibrer ma poitrine.

 

- Merci Raine. Remercie Zephilis.

Alors elle ne mentait pas.

- Quand êtes vous arrivés ? Je demande une fois mes esprits retrouvés

- Ce matin. Réponds Amon.

- Sur le dos des Evêques à poil bleu. J’ai réussi à les appeler hier soir avant d’aller me coucher. Me dit Lillyan accroupit au bord du lit.

- Si tu voyais leurs petits ! S’exclame Raine

- Je m’en fous Raine. Je m’en fous comme c’est pas permis. Je veux savoir ce qui se passe ! J’interpelle Zephilis en l’attrapant par le bras.

- J’en sais rien, dit elle en fronçant les sourcils.

- Tu mens !

- Il semblerait que tes pouvoirs n’est pas aimer ta brusque évolution. Me dit Lillyan

- Ils ont du mal à prendre la pleine mesure de leur puissance incommensurable. Lillyan lui-même n’est pas au mieux de sa forme, il n’arrive même plus à contrôler la moindre étincelle. Vous avez enfin communiquer mais il faut attendre que ça « charge ». Soupire Zephilis.

- C’est donc ça l’Avalanche ? Je demande incrédule.

- Mais non ! Ca n’a rien avoir. C’est comme si il fallait installer organiser à nouveau tout ton système, tout le potentiel que tu avais ! Tout ton organisme se modifie. Lillyan a moins de mal car il est plus habitué, toi en revanche, tu vas morfler.

- Pour ce qui est de l’Avalanche on sait que ça approche. Me dit Amon.

- On le sera bientôt. Me dit Zephilis en quittant la pièce.

- Je ne comprends pas, dis je en grinçant des dents.

- Calmes toi Shin. Plus tu t’énervera plus ça ira mal, me sermonne Lillyan

- Pitié Lillyan la ferme ! Tu ne sais pas ce que ça fait ! TU NE SAIS PAS !

 

        Tu ne sais pas ce que ça fait de se sentir possédé…Possédé ? Koryu tente de me posséder ?! MERDE !

 

- ZEPHILIS !!!! Je hurle

 

Les décharges reprennent, mon corps convulse, Lillyan me tient fortement contre le lit, je sens mon aura m’enveloppée, je sens mon âme me quitter ! Qu’est-ce que c’est que cette blague !!! JE SUIS ENTRAIN DE ME FAIRE DOMINER PAR MON POUVOIR !!!

 

« Ca faisait longtemps… »

 

Qui est là ? Où suis-je ? Pourquoi est-ce que le monde est si noir ? Pourquoi ai-je l’impression de planer ? Je connais cet endroit, j’y suis déjà venu.

 

- Bonjour Shinrei.

- Nala…

 

Quel es ce rêve étrange ? Je croyais être dans ma chambre et me voilà au milieu de la forêt avec la Shaman des Chutes Rapides, la douleur est partie mais tout me semble irréelle.

 

- Tu as raison. Comparer à la dernière fois, ce monde fait partie du monde onirique, c’est une sorte de rêve mais réel.

- Je…

Je suis effaré, je me suis fais posséder par Koryu, je n’existe plus. Tout comme l’Oracle.

- Tout comme ce monde, la réalité n’est pas toujours ce que l’on croit.

 

Nala referme ses immenses couvertures autour de ses épaules, sa longue chevelure grise n’a pas changé et cette expression si sereine me soulage presque. Assis sur un plaide aux couleurs vives je me perds dans mes pensées. Suis-je mort ?

 

- Tu es là pour une raison c’est sûr, penses tu réellement que c’est la mort qui t’as fait venir à moi ? Dit elle en écrivant des signes à la craie blanche.

- Koryu m’aurait envoyé dans le monde onirique par pur bonté ? Dis je peu convaincu.

- Regardes toi. Tu n’as pas l’air si paniqué. Tu le sais au fond car il est toujours là, tu es là pour me poser une question.

- Une question ?

- Je sais. Tu n’en as pas qu’une mais l’une d’elle est la clé, l’une d’elle pourrait tout changer.

- L’Avalanche…

Nala me sourit alors que la craie se met brusquement à frémir.

- Je croyais que vous étiez neutre ?

- Et ça ne change pas.

- Vous pouvez donc me dire quand l’Avalanche aura lieu ?

- Maître Zephilis est vraiment très futée. Elle savait que tu étais le seul à pouvoir le savoir, Lillyan était déjà trop avancé pour se faire posséder par Koryu, alors que toi qui est si déterminé et maître de toi-même, tu étais une proie idéale pour la puissance de Koryu. Tu ne voulais en aucun cas te faire dominer par cet être, tu voulais réellement le posséder lui mais c’est un dieu Shinrei, tu ne peux posséder Koryu. Tu dois accepter votre fusion car elle était inéluctable.

- Je ne crois toujours pas au destin.

- Alors pour toi, tout ceci est le fruit du hasard ? Comme le fait que ça soit toi qui m’ai trouvé le premier et que tu reviennes à nouveau aujourd’hui ?

 

Je ne savais quoi répondre, tout ceci m’embrumait l’esprit, si c’était un plan de Zephilis je ne doute pas une seconde qu’elle savait ce qu’elle faisait même si elle paraissait peu confiante.

 

- Ca pouvait aussi ne pas marcher, dis je alors sûr de moi

- C’est vrai. Tu es fort Shinrei et le sera encore plus, en tant que descendent de l’Oracle bien sûr mais aussi en tant qu’homme. Cette force ne connait pas de limite et ça sera à toi de te les poser si tu ne veux pas réellement finir à tout jamais dans ce monde de rêve.

 

Elle s’approche de moi et m’étale la craie sur les joues, celle-ci chauffe étrangement.

 

- Alors ? Je demande impatient

- A la prochaine pleine Lune, le reflet illuminera le Lac Céleste, dans la cité du peuple des Chutes Rapides. L’Oracle reprendra ses pleins pouvoirs au fin fond de son monde chaotique.

- Comment l’en empêcher ?

- La prophétie de l’Avalanche a été découverte par une Shaman d’un peuple maudit, le peuple des Androgynes. Elle dit que lorsqu’il ne restera plus qu’un seul demi-dieu capable de transformer le bien en mal, il sera le seul qui pourra inverser le processus de destruction.  

- Voilà pourquoi Cali faisait référence à Raine… Il a le pouvoir d’inverser, inverser l’Avalanche !

 

Un vent violent balaie le décors, je me sens projeté en arrière, totalement aspiré dans un trou noir alors que le regard de Nala se fait plus triste, plus terne. Elle disparaît avec le reste, le noir s’éclair, la lumière m’aveugle et je retrouve la vie comme si j’émergeais de l’eau.

 

- Shin !

Je tâte le visage de mon amant du bout des doigts pour me persuader que je suis revenu dans le monde des vivants.

- Lillyan…

- Tu vois qu’il est revenu ! S’écrie Amon en secouant Lillyan par les épaules.

Celui-ci semble plus enthousiaste que mon amant qui reprend peu à peu ses esprits, un sentiment de soulagement se dessine sur son visage.

 

Je me redresse lentement, aucune douleur ne m’assaillit ce qui me surprend agréablement, je fais un tour d’horizon rapide. Raine est assit à même le sol contre le mur, les yeux rieurs, faussement joyeux de me voir. Zephilis à la dos tourner face à la fenêtre un pansement sur la joue. Une drôle de tension se lève alors qu’elle finit par dénier m’adresser la parole.

 

- Tu as vu la Shaman ?

Je fronce les sourcils prêt à lui sauter à la gorge. Elle m’a carrément piégé. Lillyan sent mon aura monté d’un cran.

- Oh ca va pas recommencer ! S’exclame Amon. On a déjà eut le droit à la crise de Lillyan, alors tu vas pas t’y mettre Shin !

- Comprends la. C’était le seule moyen d’en savoir un peu plus sur l’Avalanche. Dit Raine en se levant. Après tout tu te faisais déjà dominer par Koryu, il a juste fallu un petit coup de pousse. Il tapote son pantalon tout en s’approchant. Alors bravo Shin et merci.

 

Sans savoir ce qui m’avait réellement provoqué j’avais si rapidement attrapé la gorge de l’Androgyne que même Zephilis n’avait pas eut le temps de m’apercevoir. J’ai plaqué brutalement son misérable corps contre le mur. Lillyan et Amon se sont précipité sur moi pour m’empêcher de faire une bêtise. Je sentais l’aura danser autour de moi soulevant mes cheveux détachés. Sentir ses battements de cœur entre mes doigts me donnaient envie de l’écraser comme un moustique. Cet insignifiant petit prétentieux ! Son visage se crispe dans la douleur et la supplication. C’est tout ce que je voulais voir.

Je le lâche alors, non pas sans frustration, je suis tiré en arrière par Lillyan qui se colle à moi pour me surveiller.

 

- Vous le saviez tous. Parfait.

  Je me détache de la prise de Lillyan pour prendre l’air.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 10 mars 4 10 /03 /Mars 09:19

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                A la minute où sa voix avait retentit dans toute la maison j’ai toute de suite compris qu’il était le coupable. Le père d’Alec avait battu son propre fils. J’avais du mal à avaler cette idée et pourtant c’était évident ! Mon cœur s’emballe à nouveau et je m’écarte d’Alec pour planter mes yeux dans ce qui restaient des siens. Il semble paniquer légèrement en me regardant, ses yeux tentaient de s’ouvrir mais ils étaient trop gonflés, sa lèvre endoloris remuait. Il allait me dire quelque chose quand la voix grave de son père s’est brusquement approcher de la porte de sa chambre.

 

- Alec ? Demande-t-il en ouvrant la porte

 

                Les cheveux poivre et sel, un corps assez bien entretenu pour un homme de cinquante ans, ses yeux bleu clair sont encadrer par d’épais sourcils noirs. Des mains de travailleur sans nul de doute, des mains puissantes que je n’arrive pas à quitter des yeux. Des mains d’ogre cramponnent à la porte pendant que son regard de cinglé me détaille quelque peu étonné.

 

- Bonjour, je m’exclame avec le sourire

- Bonjour…, dit il d’un ton plus éteint

- Je suis Matt, un ami d’Alec.

 

                J’essaye de détendre l’atmosphère avec un sourire amicale mais son père ne semble pas être dupe puis soudainement il se détend et me rend un sourire. Il ouvre complètement la porte et me tend sa main.

 

- Heureux de te rencontrer Matt.

 

                Je fixe à nouveau cette main horriblement grosse, elle me dégoute, je ne veux pas la serrer. Je ne veux pas la toucher mais je le fais quand même.

 

- Je ne savais pas que Alec fréquentait des gens aussi poli que toi ! Je suis agréablement surpris. Continue dans cette voie Alec, tu me décevras moins.

 

                Sur cette note joyeuse il referme la porte, mon sourire hypocrite s’efface immédiatement à la minute où la porte a claqué. Alec tombe littéralement au sol, adossé au sommier du lit, il soupire bruyamment. Je me retourne pour m’accroupir devant lui.

 

- C’est lui qui t’as fait ça ?

- Hein ? Mais non ! Dit il en arquant un sourcil, je veux bien t’accorder qu’il est cinglé mais de là à me frapper. Il ferai jamais ça…

- Alors dis moi !

- Je ne sais pas Matt ! OK ! Je sais pas ! Quand je suis rentré hier un groupe de mecs m’a chopé et m’a tabassé au beau milieu de la rue !

- Ils ont dit quelque chose ?

- Rien.

- Ils t’ont volé quelque chose ?

- Non.

 

                Je ne vois pas qui pourrait en vouloir à Alec de cette manière mise à part son père qui le dénigre et le méprise sans cesse. A ses yeux Alec n’est qu’un drogué. Etant assez discret il n’est pas du genre à attirer des ennuis surtout que les gars du lycée apprécie généralement la compagnie d’Alec. Je me demande si ça concerne ces fournisseurs.

 

- T’as payé tes conso au moins ?

Alec me lance un regard foudroyant.

- Tu vas pas t’y mettre aussi.

- Ok. Je me renseigne c’est tout.

- Ecoutes oublie ça Matt ! J’étais là où il fallait pas !

 

                C’était la première fois que je voyais Alec autant s’emporter, que ça soit contre moi ou contre les autres il a toujours réussi à garder son calme, à vrai dire je le voyais très mal paniqué ou encore furieux. Je remarque que je le connais mal, au fond Alec arrive simplement très bien à cacher ses sentiments. Il est resté immobile sur le sol, la tête entre ses mains, je l’entends marmonner quelque chose mais c’est incompréhensible.

                Je regarde autour de moi, même si il désire que je parte je n’en ferai rien, je ne veux pas le laisser seul. Pas dans cet état. Je m’approche lentement et m’assied à ses côtés, je me colle à lui sans aucune gêne et sans hésiter.

 

- Le prof d’Angelo est arrivé aujourd’hui. Il s’appelle Daniel Clairy, c’est une sorte d’anglais croisé irlandais. Je pensais qu’on aurait le droit à un vieux chauve mais c’est tout le contraire, il est jeune et beau, tu devrais le voir sourire à ma mère ! La pauvre elle en pouvait plus. A peine elle est partie qu’il est devenu arrogant et hautain, j’avais trop envie de lui faire avaler son violon à ce putain rosbif ! Je peux pas le voir ce mec.

 

                Alec étouffe un début de rire, il redresse son visage et me fixe un sourire tendre sur ses joues. Le genre de sourire qui vous touche et qui vous fait rougir, le sourire que ne fait jamais Alec. Je suis totalement désemparé.

 

- Je vois que tu t’es fait un nouvel ami, dit il farfouillant dans ses poches.

- Je pouvais pas rester avec eux, il m’énerve beaucoup trop.

- Donc tu as laissé ton petit frère avec un inconnu ?

Alec prend une cigarette dans son paquet, il l’attire à sa bouche et l’allume. Il tire une grande bouffée et recrache la fumée en penche légèrement la tête vers moi, il attend ma réponse.

- Je veux pas y retourner. Dis je sous le nuage de tabac

- Tu as peur ?

- Nan ! Je…

 

                Comment lui dire que je ne veux pas être seul ? Que c’est avec lui que j’ai envie d’être ? Ca serait avoué quelque chose d’impossible. Alec se lève et tapote ses fesses pour en enlever la poussière, il regarde par la fenêtre avant de prendre son veston. Il va sortir.

 

- Attends moi dehors. Dit il en mettant ses chaussures.

J’arque un sourcils.

- On va où ? Je lui demande intrigué

- Chez toi.

- Tu t’invites maintenant ?

 

                Il ne me répond pas et fait un geste vers la porte, j’abdique et sort avant lui, je m’arrête sur l’entrée mais je n’ai croisé personne, ses parents sont sans doute dans le salon. Je sors et l’attend devant le petit portail. La rue est déserte mais je peux entendre des voix d’enfant, il doit y avoir un parc pas très loin d’ici. La voix du père d’Alec me sort de mon ennui, il hurle encore. Alec sort et claque la porte sans y prêter attention. Il me rejoint rapidement, la clope toujours à la bouche. Les mains dans les poches on marche tranquillement sans se presser.

                Je ne peux pas m’empêcher de le dévisager, à sa place je ne serai pas sorti de chez moi et c’est sans doute ce qu’il voulait faire non pas par honte mais il ne voulait pas subir les questions de tous les gars qu’il croise. Il ne se soucis pas du regard des gens mais il n’aime pas attirer l’attention.

                Alec ne me dit rien sur mon comportement mais je sens que ça l’agace alors je fais un effort pour arrêter de le scruter, cependant je me pose beaucoup de question sur son agression. Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas une coïncidence.

 

                Nous apercevons le portail, quand je suis parti je n’ai pas fait attention à la voiture de l’anglais, c’est une berline asiatique. Pour un professeur de music il ne semble pas démuni, je devais m’y attendre ma mère ne choisi jamais n’importe quoi. C’est sans doute une de ses rares qualité. J’ouvre la porte, Alec me suit de près, le son du violon me parvient aux oreilles. Daniel Clairy doit encore faire son malin ! Décidément ce mec n’est que prétention.

                 Je m’approche du salon, je remarque le professeur assit sur l’accoudoir du fauteuil. J’écarquille les yeux quand je comprends que n’est pas un CD, je crois que la Terre a réellement arrêter de tourner, il n’y a plus que les cordes qui résonnent dans mon esprit, il n’y a plus qu’Angelo et son violon dans les bras plongé dans son monde à lui. Le visage serein, les yeux clos, une sensation de douceur qui se dégage de lui.

 

- Incroyable, murmure Clairy

 

                En nous voyant Angelo arrête de jouer, ses gestes redeviennent maladroit. Il rougit violemment, je suis sur le cul.

 

- Ferme la bouche Matt, me dit Alec.

Je m’exécute un peu gêné.

- En si peu de temps ? Dis je du bout des lèvres

- Faux, s’exclame Clairy, il m’a demandé si il pouvait essayer quelque chose. Il a juste écouté quelques fois une ballade sur un CD puis il a reproduit la musique.

- Comme ça ?

- Comme ça.

 

                Nous restons tous silencieux, je vois que cela gêne de plus en plus Angelo qui commence à se tortiller dans tous les sens. Alec fixe Angelo et ne semble pas surpris comparé à mon visage effaré ainsi qu’au sourcils froncés de Daniel Clairy. Angelo serai donc un génie ? Un virtuose ? Ca serai un don chez lui ?

 

- Où as-tu appris ça Angelo ? Je lui demande

Il hausse les épaules, la tête rentrée dans ses épaules.

- Dis le moi.

- Etes vous stupide ou vous le faites exprès ? Je viens de vous dire qu’il a fait ça sans aucune préparation, vous me prenez pour un débutant ? Je l’aurai remarqué si il avait apprit ce qu’il vient de faire. Je vous assure que c’est inné.

 

                Daniel Clairy m’assassine presque du regard, cette fois il n’est plus arrogant mais insolant, cependant je dois lui faire confiance après tout je n’y connais rien. J’ai du mal à croire que depuis tout ce temps Angelo était un prodige, j’ai du mal à croire que malgré sa maladie il puisse faire des choses aussi extraordinaire.

 

- Tu veux bien m’en faire une pour moi ? Je lui demande alors désireux de le voir à l’œuvre

Il hausse les épaules et ne me répond pas.

- Celle que tu veux. J’insiste alors.

Il relève les yeux et fixe Alec avant de les rebaisser.

 

                Il s’en va mettre un CD dans la chaine et revient à sa place, nous écoutons une mélodie merveilleuse pendant quelque minute, puis elle repasse en boucle pendant un quart d’heure. Je crois que je pourrai la chantonner maintenant qu’elle m’est rentrée dans la tête à force, j’ai presque envie de la siffler. Angelo redresse son violon, le place comme lui a apprit Clairy, il ferme les yeux. Il attend quelques minutes, c’est insoutenable, je déglutis.

 

- Vas y, murmure Clairy

 

                Le grincement de la première note me fait vibrer de la tête au pieds, je sens l’onde se propager sur tout mon corps, une véritable vague de frisson. Angelo se laisse porter lentement par la mélodie et c’est exactement ce qui me trotte dans la tête. La même, parfaitement la même. Je suis totalement stupéfait, c’est un génie. Un vrai prodige. J’arrive pas à en croire mes yeux.

 

- Fermes la bouche Alec, dis je sans quitter des yeux mon frère. 

 

                La musique continue, il est si serein que ça en est troublant. Je ne peux lui demander de s’arrêter, Clairy semble du même avis je peux le voir dans ses yeux.

                Jusqu’à aujourd’hui Angelo a été aux yeux de tous l’enfant maudit de la famille, il a cette maladie qui l’emprisonne et qui l’empêche de vivre comme le commun des mortels. Chaque jour, ma mère jetait sur lui un regard plein de pitié ou alors elle tentait de ne pas le voir, de le traiter comme les autres mais il ne l’est pas. Mon père était le plus souvent possible absent, il ne parle pas beaucoup de nature mais quand il s’agit d’Angelo c’est encore pire. Il ne demande jamais de nouvelle. C’est pas comme si on le connaissait vraiment, de mon point de vu ce n’est qu’un détail, mais pour Angelo c’est une honte. Il l’a toujours pris pour lui, comme si il avait fait fuir son père, que tout était de sa faute. Je pense qu’il comprend beaucoup de chose malgré son handicape, peut être même plus que tous les autres. Je crois qu’Angelo n’est pas du tout comme nous, et aujourd’hui, il me l’a prouvé.

                Il finit sa musique et ouvre les yeux lentement comme si il sortait d’un long sommeil. Aucun de nous n’ose dire quoi que ce soit, je crois que cette situation commence à le gêner puisqu’il se tortille à nouveau sur place. Daniel Clairy est le premier à réagir et bondit sur mon frère avec un sourire jusqu’au oreille, son visage s’est brusquement illuminé comme celui d’un enfant devant son cadeau de noël.

 

- C’est incroyable Angelo ! C’est réellement incroyable ! Tu dois absolument faire une demande pour rentrer dans un conservatoire !

Angelo semble paniqué.

- Calmez vous ! Vous ne voyez pas que vous l’effrayez !  

Daniel se retourne vers moi et lâche Angelo, il se racle la gorge et recule de quelque pas.

- Je m’excuse Angelo, je me suis légèrement emballé, s’excuse Clairy, la leçon est terminé de toute façon. J’aimerai attendre votre mère si ça ne vous dérange pas.

J’hausse les épaules et m’approche d’Angelo, je l’attire vers moi par le cou pour que ces yeux rencontrent les miens.

- Ca va ? Je lui demande

- Oui.

 

                Je le lâche mais continue de le fixer. La discussion de ce soir risque de changer la vie d’Angelo, j’espère qu’il ne ressent aucune pression, pour lui le violon était avant tout un plaisir, il ne faut pas que ça devient un enjeux dangereux pour la vie de mon frère. 

Par Danouch - Publié dans : Down Syndrome - Communauté : Auteurs Sadiques
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Vendredi 11 février 5 11 /02 /Fév 08:00

          Il est étonnant comme le paysage qui défile derrière la vitre semble en rythme avec la musique qui tonne dans ses oreilles. Les arbres qui se mélangent au son brute de la batterie, les yeux qui suivent les courbes des câbles électriques en rythme avec la guitare et puis il suffit de regarder un buse tourner en rond dans le ciel pour que toutes la chanson prenne tout son souffle.

           La technologie moderne va cependant réveiller brutalement Kendrian de sa contemplation, la chanson se coupe brutalement. Plus de batterie. Il soupire mais heureusement pour lui il est arrivé à destination.

 

- Je suis là imbécile !

Stan était là effectivement.

- Tu es bruyant de bon matin, grommèle Kendrian.

- Ca fait deux heures que je t’attends !

- Pas entendu mon réveil, se défend Kendrian.

- Comme si t’avais un réveil, se moque Stan.

 

            Ils commandent leurs petites boissons chaudes même si il fait déjà bien chaud même à neuf heure du matin. Stan a finalement décide d’abandonner définitivement ses piercings, il a juste garder sa longue séries d’anneaux sur l’oreille droite comme petit souvenir, Hugo lui mène la vie dur, constate Kendrian. Ca ne manque pas de le faire sourire.

 

- Alors ? Comment ça va ? Demande Stan en attendant son café.

- Bien. Avec Milan aussi. Anticipe Kendrian. Et toi ?

- Hugo va rentrer en doctorat en septembre, je cherche du boulot mais ça va.

- Ok.

 

           Les boissons arrivent enfin, le silence est justifié par leur concentration à touiller. Concentration fortement perturbé pour Stan qui se sent de plus en plus mal l’aise, depuis quelques temps il a l’impression que Kendrian a changé de comportement vis-à-vis de lui. Il a l’impression que Kendrian tente d’être plus proche de lui, chose qui le déstabilise assez. Il était habitué à sa discrétion, à sa timidité mais aussi à sa froideur. Depuis peu Kendrian s’ouvre, sourit plus souvent pour ne pas dire naturellement, il semble plus heureux.

 

- Tu as l’air plus joyeux depuis quelque temps. Lâche Stan.

- Peut être parce que je le suis. Je pense pas que ça soit vraiment le bonheur le plus absolu mais je suis content.

- Tant mieux alors. Milan y est sans doute pour beaucoup…

 

          Kendrian relève les yeux sur Stan qui a boit tranquillement en regardant autour de lui. Ce qui le gène c’est qu’il n’a pas d’émotion particulière en disant ça.

 

- On va partir, avoue brutalement Kendrian.

- Hein ? Tu veux pas finir ton café d’abord ?

- Moi et Milan. Nous allons quitter la région.

- Quoi ? Mais…mais où ça ?

Stan est sous le choc.

- On ne sait pas tellement encore mais je penche pour la capital, j’aimerai bien y aller.

- Tu te fous de moi ? Tu vas tout quitter sur un coup de tête ?

- Milan a besoin de partir.

- Milan ! Milan ! Milan ! Je te demande pas ce que veux Milan, je te demande ce que tu veux, toi.

- Je veux Milan, répond franchement Kendrian. Je ne veux que lui. Je veux vivre dans une maison tranquille, travailler, créer mon lieu à moi. Le lieu où je me sentirai bien et si Milan n’y pas je ne m’y sentirait jamais bien.

 

             Stan est écœuré. Il ne sait pas quoi répondre parce qu’il sait déjà la réponse à sa question, il sait déjà qu’il ne gagnera jamais contre ça et c’est normal ! Kendrian a attendu si longtemps que Milan daigne enfin le regarder que maintenant il ne le lassera pas partir. Quitte à oublier ceux qui étaient là quand il ne faisait encore que rêver de cet instant.

 

- Vous partez quand ? Demande Stan une fois calmer.

- Dans un mois tout au plus. Le temps de réunir un peu d’argent et de trouver un appartement sur place.

Stan prend une grande inspiration avant de pousser son café en avant.

- Je comprends. Je sais ce que tu ressens. Tu l’aimes du plus profond de ton cœur, tu ne faisais que le regarder de loin et maintenant qu’il est près de toi tu veux le garder aussi longtemps que possible. Quitte à laisser tes propres envies de côtés, tu es prêt à laisser tes sentiments juste pour qu’il soit heureux. Après tout tant qu’il est heureux tu l’es aussi.

Kendrian fronce les sourcils. Pourquoi Stan en parle comme si c’était un drame ?

- Tu parles de Hugo et toi ? Demande Kendrian.

Stan met un certain temps avant de répondre.

- Je serai prêt à suivre Hugo n’importe où alors je te comprends.

 

            Sur le chemin du retour Kendrian n’est pas satisfait. Il a quitté Stan sur une mauvaise note il le sent bien mais il n’a pas l’impression que ça vient de cette amitié longue distance future. C’est autre chose, quelque chose que Stan lui cache. Peut être la raison pour laquelle il a brusquement changé. Quoi qu’il en soit, c’est un poids un moins même si ça ne le soulage pas, il part quand même et ne plus voir Stan le touche plus que ce qu’il voudrait.

             Il a toujours pensé qu’Eileen serait la seule à compter autant pour lui, la seule amie qu’il aurait mais Stan avait réussi à son tour. Ils étaient très proches, il allait lui manquer, peut être plus que ce qu’il pense.

             C’est pensif que Kendrian se promène dans les rues, il arrive aux abords du canal, petit à petit le monde s’amasse et la ville s’éveille. Le bruit de la ville lui fait mal à la tête, il attend le bus impatiemment pour rentrer chez lui. C’est une journée bien déprimante qui s’annonce malgré le soleil et l’absence de nuage.

            Une fois chez lui il se jette sur le canapé, une envie irrésistible de dormir jusqu’au jour J, de ne voir aucun visage connus, de ne voir personne et d’être vite à l’heure du départ.

 

- Stan l’a mal prit ? Demande Milan.

- Il comprend. Il est seulement un peu inquiet.

- C’est normal. C’est ton meilleur ami.

Kendrian pose sa tête sur les genoux de Milan.

- Masses moi le crâne s’il te plaît.

 

            Milan sourit et s’exécute ce qui semble faire énormément de bien à Kendrian, il ferme les yeux. Des frissons de la nuque le long de sa colonne vertébrale, les doigts malaxant son crâne polissant ses pensées confuses, le trouble qui lui semé dans son esprit par quelques paroles prévenantes de son ami. Que veut il vraiment ? Que désire-t-il au fond de lui ? Quand finira-t-il par penser par lui-même une bonne fois pour toute.

            Kendrian ouvre lentement ses yeux et repousse les grandes mains de Milan pour se redresser, le regard vitreux et l’air hagard il redresse son visage pour planter ses yeux gris dans ceux de son amant. Ces mots avaient fait plus de dégâts qu’ils ne devaient, ils avaient semés le doute dans son cœur. Cet amour pour Milan a toujours été d’une force anormale, une admiration poussée à l’excès. Était-il amoureux au point d’occulter ses propres envies ?

 

- Qu’est-ce qu’il y a ? Lui demande Milan inquiet

 

            Le comportement de Kendrian était étrange depuis qu’il avait parlé à Stan, il n’était pas dans son état normal, il n’a jamais ressembler au commun des mortels mais de là à devenir aussi silencieux, aussi renfermé même pour Kendrian se n’est pas normal. Quoi qu’il puisse dire, quoi qu’il puisse penser, Milan le connait. A force de l’observer de loin, même avec une certaine retenue, il n’ a jamais réussi à s’empêcher de le scruter dans les moindre détails. Depuis ce jour sous la neige, depuis ce jour où il l’a vu pleuré comme un enfant, ce garçon était devenu un véritable mystère si attirant. Un mystère qui avait sut atteindre son cœur de pierre.

 

- Je ne sais pas ce que je veux et ça me fait peur, avoue Kendrian. Jusqu’à aujourd’hui c’était toi…Juste toi. Maintenant je ne suis plus sûr de rien…

Milan fronce les sourcils. Le visage espiègle de Stan lui vient immédiatement à l’esprit.

- Tu parles du départ ?

- Je crois…

- Tu veux plus de temps pour réfléchir ? Je te force pas Kendrian ! Ce n’est pas parce que je pars que tu dois me suivre.

- Tu veux dire que si je venais à décider de rester, tu partirai quand même ?

Milan arque un sourcil.

- Qu’est-ce que…

- Ce que tu veux dire ! L’interrompt Kendrian, que tu ne renonceras pas au départ pour moi ? Ca ne te viendrai même pas l’esprit ? Tu partirai pour Paris sans même hésiter.

- Arrêtes ça Kendrian ! Tu veux me faire passer pour quoi ?

- C’est pas le problème ! S’écrie Kendrian.

La douleur vive en son cœur s’exprime durement sur son visage. La déception.

- Le problème, Milan, c’est moi. Je suis prêt à te suivre partout, sans jamais me demander ce que je veux. Cet amour est malsain…C’est pas ce que je veux. Je veux pas continuer à être ton jouet, je sais que ce n’est pas ce que tu désires mais la peur de te perdre est tellement forte, tellement puissante qu’elle m’empêche de penser par moi-même…Je ne veux pas rester comme ça. Je ne veux pas.

- Alors que veux tu faire ? Que veux tu que je fasse ? Qu’est-ce que je peux faire pour ne plus que tu ressentes ça ?

 

             Milan se sentait désarmer, dépourvu d’argument. Impuissant face à Kendrian, il n’y avait pas de comportement qui puisse faire en sorte que tout ceci s’efface. Ils ne vont quand même pas se quitter ! Après tout le chemin qu’ils ont fait pour en arriver là ! Après tout le chemin qu’ils ont fait pour se trouver enfin ! Ils ne peuvent pas se quitter ! Ca serai tellement stupide. Il l’aime nom de Dieu ! Il l’aime au point de renier sa famille ! Au point de vivre au jour le jour avec lui ! Il l’aime au point de faire ce qu’il veut mais il sait que ça ne le soulagera pas. Kendrian n’a toujours pas confiance en cet amour encore fleurissant, encore trop frais pour pouvoir se reposer sur lui.

             Peut être trop frais pour qu’ils puissent partir sans aucune certitude…

             A son tour, la peur le submerge, une pointe de désespoir lui presse le cœur dans un étaux, Milan se sent tellement inutile. La détresse de son amant devenu plus blanc que neige n’échappe pas à Kendrian qui se sent coupable de lui faire mal, il ne peut cependant pas ignorer ce doute qui le ronge. Il ne peut pas revenir sur ses mots. Ca ne ferai que l’enfoncer dans sa situation.

 

- J’ai besoin de réfléchir.

Kendrian se lève brusquement du canapé.

- Où est-ce que tu vas ? Lui demande Milan en le suivant du regard.

- Peu importe.

- Dis moi Kendrian, à quoi est-ce que tu dois réfléchir ?

 

             Kendrian reste un instant sur le pas de la porte, la main sur la poignet, immobile alors que Milan connaissait déjà la réponse à la question. Réponse qu’il n’entendra pas de vive voix puisque Kendrian s’empresse de fermer la porte derrière lui avant de frapper à la porte voisine mais celui qui lui ouvre la porte n’était la personne qu’il voulait voir.

 

- Kendrian ?

- Salut Hugo. Stan est là ?

- Euh oui rentres.

 

             L’appartement de Hugo n’avait rien de luxuriant, le papier peint était d’époque, une vieille couleur crème qui avait terni, des motifs roses répétitifs. Un canapé central, en cuir beige, la grande télé écran plat qui défilait les images synthétique d’un jeu vidéo à la mode. Le mur derrière la télé séparait la cuisine qui n’avait pas de porte mais juste deux battant en bois comme dans les western. Le parquet était usé, griffés, des traces de déplacement de meubles. Rien de luxuriant mais vivant.

              En face de cette télé, assit sur le canapé, Stan absorbé par le jeu vidéo n’a même pas fait attention à Kendrian jusqu’à ce que Hugo éteigne la console, Stan râle instantanément. Hugo le fait taire en désignant l’invité du menton, Stan se retourne soudainement intrigué, son regard courroucé disparaît à l’instant même où ses yeux marrons ont croisés ceux de Kendrian.

 

- Qu’est-ce qu’y ne va pas ? S’inquiète Stan. Il s’est passée quelque chose avec Milan ?

- Je vais chercher le pain.

Hugo s’éclipse aussi tôt.

 

              Les deux amis restent immobile, attendant une réaction quelconque. De l’un ou de l’autre. L’atmosphère de douceur qui régnait dans la pièce a totalement disparu, il ne reste plus que le silence pesant d’un non-dit, la gêne et la timidité de Kendrian suspendu dans les airs. Des mots qu’ils n’arrivent pas à formuler, il ne sait pas par où commencer ni vraiment ce qu’il doit dire. Il est venu chez Stan instinctivement, il n’a pas même réfléchi à ce qu’il devait faire. Son corps s’est dirigée automatiquement chez Stan. Il était loin de la vérité quant il pensait que Stan était important à ses yeux.

 

- Je te hais Stan. Je te hais d’avoir semé le doute en moi.

- De quoi tu parles ?

- De Milan !

- Quoi ? De Milan ? Comment ça de Milan ?

- Je me suis posé la question à cause de toi. Qu’est-ce que je désire vraiment ? Avant j’en étais certain, il n’existait qu’une seule réponse valable. Seulement petit à petit je me suis rendu compte de l’absurdité de cette certitude…Milan. C’est tout ce que je réponds depuis que je le connais. Comme un fou, comme un robot, comme quelqu’un à qui on a lavé le cerveau. Milan. J’ai l’impression de ne pas exister sans Milan, de ne pas avoir de but ni d’avenir. Avant j’aurai pu croire que ce n’était pas si anormal que ça mais plus j’y pense…Et plus j’ai peur.

La voix de Kendrian se brise brusquement, la colère mêlée à la haine se lit dans son regard.

 

« Comment puis je aisément me dire que je n’existe pas ? Comment puis je facilement me dire que je ne vis pas sans lui ? Ai-je si peu d’estime pour moi ? Ai-je si peu d’amour pour lui ? Car n’est plus de l’amour là ! C’est de la connerie ! De l’admiration à la limite mais pas de l’amour ! Je ne veux pas le chérir comme on peut chérir Dieu ! Un amour aussi malsain n’a aucun sens !! Je veux me sentir sur un pieds d’égalité avec lui ! Je veux sentir que j’ai mon mot à dire ! Que j’ai des envies ! Que ma voix compte ! Que j’ai le droit d’être égoïste et de lui demander quelque chose sans craindre qu’il me quitte !! »

 

             Kendrian serre les poings et les dents, sa gorge devient sèche et voilà qu’il en perd son self-control. Stan fait le tour du canapé pour s’approcher du corps rigide de Kendrian qui tremble sur place, secouer par une multitude d’émotion différente. Il tend lentement sa main et caresse la peau laiteuse du visage de son meilleur ami, une peau si étrangement chaude, plus chaude qu’il y paraît mais aussi plus douce. Une larme traîtresse s’échappe de ses yeux gris pâle et s’écrase sur le pouce de Stan.

              De sa main libre il attire le corps de Kendrian prit par des soubresaut de colère, de colère contre lui-même et contre le monde entier. Stan le serre contre lui, enroule ses bras autour de son corps fin, le serre jusqu’à l’en étouffe, jusqu’à ce qu’il sente la chaleur que cette étreinte devrai lui procurer. Kendrian se laisse aller, il ne résiste pas, ce poids sur ces épaules il le partage avec lui sans hésitation. Après tout c’était un peu de sa faute si il se sentait aussi perdu, sans lui, il n’aurai jamais réalisé son conditionnement ou alors trop tard. Il avait besoin de lui, il en aura toujours besoin, que va-t-il devenir sans Stan maintenant que Eileen l’a laissé tomber ?

 

              Lui qui se croyait si indépendant, si seul, au fond Kendrian n’a jamais été seul. Eileen, Stan ou encore Milan. Ce besoin vital de trouver une branche pour pouvoir se reposer. Kendrian repousse Stan lentement et se détache de ses bras sans violence. Sa crise est passée. Stan ne cesse pour autant de le fixer avec insistance, le regard mélancolique, la séparation est proche. Kendrian ne laissera jamais s'en aller Milan, il le sait. Jamais il ne restera ici alors que l’amour de sa vie est à des centaines de kilomètres même pour tout l’or du monde. Il a trop souffert pour l’oublier. Peu importe les biens, les amis, il aime son Milan.

             Stan déglutit, cette vérité était plus douloureuse que jamais. Il n’aurai jamais cru sentir son cœur à ce point se rompre à l’idée que cette étreinte était sans doute la dernière, qu’il ne touchera plus jamais cette belle et douce peau.

 

- Je ne voulais pas te faire autant de mal Kendrian, souffle Stan.

- C’est un mal pour un bien. J’en avais besoin pour continuer à l’aimer. Sans ça notre histoire aurai finit par s’autodétruire.

- En tout cas, je ne t’ai jamais entendu parler autant ! Rit Stan.

 

                Sa petite remarque détend l’atmosphère, Kendrian hausse les épaule et prend une profonde inspiration. Il remercie Stan du regard et fait demi-tour pour aller prendre l‘air, ne pas rentrer tout de suite car même si il se sent plus calme il a peur de ne pas réussir à lui faire face. C’est donc l’esprit vidé de toutes pensées qu’il s’en va marcher en plein rue, sans se soucier de sa destination.

 

                  Quelques heures plus tard, une fois qu’il est totalement détendu il décide de rentrer, ça serai trop sadique de laisser Milan poiroter encore sans aucune nouvelle de sa part. Il n‘arrive pas à s‘empêcher de de sourire quand il imagine la tête de Milan qui doit se ronger les sangs, il se console en se disant que ça ne peut lui faire que du bien. C’est un premier pas vers la confiance en lui.

                   En rentrant il relève qu’il n’était pas loin de la vérité, Milan fait les cent pas dans le salon.

 

- Tu vas nous creuser une trancher dans le salon à force, se moque Kendrian.

Milan s’arrête net et reste immobile.

 

                  Peut il espérer que Kendrian va mieux avec cette petite blague ? Chose qui est incroyable de sa part, Kendrian est sarcastique mais pas blagueur, pas lorsqu’il est en colère.

                  Contrairement à ce qu’il est possible de croire, Kendrian ne dit rien, ni de ce qu’il a fait, ni où il est allé même si Milan s’en doute un peu. Douloureusement et jalousement il sait vers qui il s’est tourné mais il préfère ne pas lui poser la question, non seulement parce qu’il n’a pas envie de supporter une nouvelle dispute mais aussi parce qu’il sait que ça lui fera plus de mal que de bien. Décidément ce Stan s’immisce un peu trop dans leur couple à son goût.

 

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O jalousie quand tu nous tiens!

 

Bon, je n'étais plus censée publier sur ce blog jusqu'à ce que j'ouvre l'autre ! D'ailleurs il est déjà ouvert ! J'ai commencé à publier I need your Love corrigé d'ailleurs !

 Je suis en pleine correction de TTS et de WSC maintenant ! Bien sûr je fais ça dans l'ordre...

 

Enfin bon, voici un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Bisous

Par Danouch - Publié dans : La dernière fois avant la prochaine - Communauté : Auteurs Sadiques
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Lundi 31 janvier 1 31 /01 /Jan 13:56

 

Très cher lecteurs,

 

                 Je sais que je ne suis plus aussi présente que j'ai put l'être auparavant. C'est sur vous avez moins de MAJ je peux comprendre que vous m'en vouliez mais je vous emmerde parce que moi je bosse en cours !! XD Je plaisante. Ce n'est pas ce que je voulais dire, je voulais m'excuser par mon absence je vous ai mal habitué !

 

               Cependant il faut savoir que je suis en pleine écriture de deux chapitres de La dernière avant la prochaine, de plus avec Lilly on a terminé Agora ce qui est une bonne nouvelle ! On s'est enfin décidé sur la fin :p ce qui n'était pas évident.

                Et enfin je voulais vous dire que je suis en pleine réécriture de toutes mes histoires pour faire le ménage en ce qui concerne les fautes et la concordance des temps. Je vous préviens tout de suite, je ne suis pas infaillible, il restera sans doute quelques fautes mais moins ! C'est déjà ça.

 

                Le texte en cours de réécriture est I need your love, je ne m'étais jamais rendu compte à quel point ce texte pouvait être bourré de faute !! C'est incroyable ! D'ailleurs je ne fais pas que corriger, je change quelques expressions également mais ça ne change pas le sens de l'histoire je vous le promet.

 

              Tout ça pour vous dire que ce processus a été engagé en vue de changer de plateforme pour plusieurs raisons, notamment celle des pub érotiques qui commencent sérieusement à me casser les ...

              Je vous assure que ce blog ne sera pas supprimé malgré ça, car j'adore relire vos commentaires et surtout les tous premiers, ceux qui ont fait en sorte que je continue  !

 

Merci à tous.

 

Bisous !

Par Danouch - Publié dans : Post it de Danouch =)
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Lundi 24 janvier 1 24 /01 /Jan 13:54

Shin se dégage mais je le retiens à bout de bras pour le rapatrier dans mon nid tandis que je lance un regard noir à l’assemblée. Son état d’énervement est tel qu’il en tremble et je resserre ma prise pour le rassurer. Il est complètement dépassé et surtout épuisé. Epuisé à un tel point que dormir ne suffira pas pour le reposer. C’est que pour l’énerver, il en faut beaucoup, de nous deux, c’est moi qui perd rapidement mon sang froid, principalement à cause de mon don de télépathie.

 

Dans une autre vie, je l’aurai pris par la main et nous serions descendus au restaurant, nous offrir une soirée romantique, loin de la pression, des combats, des trahisons et de la souffrance. Mais nous avions encore du travail avant d’en arriver là.

 

Shin se dégage une nouvelle fois et ne me laisse pas le temps de réagir qu’il est déjà dehors. Je vais pour le suivre mais je n’ai pas besoin de Sheila pour comprendre que je dois lui laisser du temps. Je soupire sous la pression, j’ai l’impression que mon crâne va exploser. J’ai l’impression que je n’ai pas dormi depuis des jours. Ce n’est pas le corps d’un jeune homme de dix-huit ans qui m’enveloppe mais celui d’un vieillard avec les articulations qui craquent et les membres tremblants. Je joue le fier mais je n’en mène pas large non plus.

 

Je n’oppose aucune résistance lorsque ma mère me prend dans ses bras, dans une étreinte étouffante. Une véritable chaleur se diffuse dans mes os tandis qu’elle me masse en écrasant doucement mes tempes de ses doigts fins et agiles. Elle recourrait souvent à cette technique pour m’endormir le soir quand j’étais petit. Allongé sur elle, je m’oublie. Là, je dois avouer que le sort du monde m’importe peu, des gens que je ne connais pas qui mettent tout leurs espoirs en nous alors qu’ils se retournent contre moi dès que nous avons le dos tourné, ne pas faire un pas de travers de peur de tomber dans un ravin.

 

Cali regarde son fils avec tendresse lorsque celui-ci s’endort, toujours aussi sensible à son pouvoir. Elle ne comprend pas, elle a peur pour lui, pour son mari, entraînés dans un tourbillon de violence alors qu’ils savent tout juste manier une épée. Koryu ? Son fils, sur qui elle dépose un baiser sur le front, sera toujours le même pour elle. L’hériter du plus grand homme qu’elle ait connu et non celui d’une créature maléfique.

 

Je sors d’un sommeil sans rêve ni prédiction ou endoctrinement. Ma mère est partie, c’est probablement ce qui m’a réveillé, c’est elle qui devait veiller sur moi pour m’offrir un véritable repos. Elle revient avec un verre d’eau qu’elle me tend sans paraître plus surprise de mon réveil. Elle m’étonnera toujours. Je l’embrasse sur la joue et saute du lit en pleine forme. Je me laisse guider par mon sens de la télépathie pour retrouver mon amant afin de lui communiquer ma bonne humeur. Je le trouve sur les gradins qui supportent stoïquement son poids depuis qu’il m’a quitté.

Je m’asseois à ses côtés pour observer l’entraînement des soldats aguerris. Je n’ai pas la moitié de leur âge mais j’ai plus du double de leur expérience dans la guerre. Les cris résonnent, les armes s’entrechoquent et Shin est surement venu ici pour s’imprégner de l’atmosphère du lieu. Quoi qu’il en dise, Shin est un soldat dans l’âme et ce qui le déboussole le plus finalement, c’est le rejet de la violence et de la souffrance. Shin est un soldat mais un soldat idéaliste qui souhaite une guerre propre.

 

- Qu’est-ce que tu en penses ? M’enquis-je.

- Trop de brutalité dans leurs gestes, observe-t-il, ils misent tout sur la force pure. D’ailleurs la plupart manie des haches et des hallebardes.

- En même temps, ce sont ceux qui ont survécu donc je suppose que leur technique n’est pas totalement dénuée d’efficacité.

- Peut-être mais je n’ai pas l’impression que ce sont de véritables guerriers.

- Oui.

- Ces types ont tout des mercenaires.

- Et même de ceux qui nous ont pourchassés, renchéris-je.

- Exact, Einstein ! retentit une voix grave et sonore derrière nous.

 

Je lève la tête pour tomber sur un Appollon au corps de rêve, bâti comme un dieu, avec des cheveux blonds et deux émeraudes brillant dans ses yeux. Shin me donne un coup de coude pour me rappeler à l’ordre en me voyant subjuguer par cet homme. Je lui jette un regard furieux. Mon instinct me pousse à me décaler d’un cran quand un mouvement fend l’air. Le type avait jeté son bras en avant pour me saisir au cou.

 

- Pas mal, niveau vitesse. J’avais bien dit à Feick de ne pas s’engager seul à votre poursuite mais il a toujours été trop cupide.

- Feick ? Interroge Shin.

- Ah ! tu sais, le type qui m’a éventré…

- D’accord… se souvient Shin. Et donc, vous êtes venus pour vous venger ?

- Moi ? Je n’aimais pas Feick. Non, nous allons vous servir d’escorte. 

- Pardon ?! Nous exclamons-nous.

- L’armée de Pandore a subi de grosses pertes et Agora ne va pas laisser passer cette opportunité pour la soumettre. Ils ne peuvent donc guère se passer de soldats, en revanche, malgré votre virtuose au combat, je ne pense pas que vous soyez capables de terrasser l’Oracle si vous êtes harcelés constamment par ses soldats. Et, si mes informations sont exactes, vos pères font partis de l’équipe de choc. Se battre contre les soldats de son pays est quasiment impossible mais contre sa famille, ce n’est même pas la peine d’y songer.

- Tu as des informations sur mon père ? Me renseigné-je.

- C’est un parfait petit soldat.

Je serre les poings mais Shin n’en tient pas compte.

- Qui vous a envoyés ?

- A ton avis ?

- L’Oracle ? Je lance, mauvais.

- Personne ne nous envoie, réplique-t-il en haussant les épaules.

- Vous versez dans l’humanitaire, maintenant ? Poursuis-je sur le même ton.

- Ce n’est pas dans notre intérêt de laisser gagner l’Oracle : s’il devient le maître incontesté du monde, on ne survivra guère longtemps. En revanche, ça l’est bien plus si nous le battons, nos honoraires n’en seront que plus élevés par la suite. On va dire que c’est un investissement à long terme.

- Et bien, c’est mûrement réfléchi à ce que je vois. Il t’a fallu autant de temps pour t’en rendre compte ?

- J’ai tout dit, à vous de faire vos preuves, maintenant.

- Attends, intervient Shin, tu dis que vous nous servirez d’escorte pour occuper les soldats d’Agora. Je veux bien que vous soyez forts mais vous êtes quoi… cinquante… ça ne tient pas debout contre une armée de dix milles soldats. N’oubliez pas qu’Agora est la plus puissante armée au monde.

- Mais ses forces sont trop divisées et je n’ai pas dit que toute la troupe est là. Le reste est déjà sur place en train de mettre au point les derniers préparatifs avec ton père.

- Mon père ? S’étonne Shin. Je vois… N’aurais-tu pas un message à nous faire parvenir ?

- Bah… je n’aime pas faire dans le mielleux mais je dois vous dire qu’il est fier de toi et que tu dois garder courage. Bon, les gars, je vous laisse.

 

Il s’en va comme il est venu, sans aucune manière ni politesse, en laissant une grande tâche de sueur visible dans son dos. Shin se relève, je le laisse prendre de l’avance avant de me lever à mon tour. Je devais mettre une chose au clair si nous devions travailler avec ces mercenaires et le plus tôt sera le mieux. Mais le poisson reste prudent ou alors je me suis fait des idées. Ma télépathie va plus loin et le concerné relève la tête. Une lueur d’incompréhension passe dans ses yeux, le message est passé. Je m’apprête à partir alors qu’il em fait signe de descendre dans l’arène. J’ai beau être cent fois plus fort que tous ceux là réunis, je ne fais pas le fier lorsque je me retrouve seul au milieu, cerné.

 

- Alors, c’est toi, le dieu ?

Je ne réponds pas. Les hommes sont hargneux, grossiers et puant de sueur. Ils veulent du sang, ils me bousculent et m’injurient.

- Un petit combat contre nous tous, ça te dit ?

- Ce n’est pas vraiment le moment d’affaiblir nos troupes, remarqué-je.

- Ne crois pas que tu t’en sortiras indemne !

- Je guérirai rapidement. Il ne me faudra que quelques heures pour être à nouveau d’attaque. Si vous voulez prendre votre revanche, il faudra attendre un peu.

- Tu te défiles ?!!!

- Je me sers de mon cerveau. Je serai ravi de faire un combat contre vous, pour l’heure je suis venu régler mes comptes avec la famille de Feick…

- Nous sommes tous sa famille !

- Je n’en doute pas, je réponds en essayant de garder mon calme. Je sais que vous êtes très bons mais Feick n’a pas réussi à me battre alors même que mes pouvoirs ne s’étaient pas totalement éveillés. Que croyez-vous pouvoir faire avec vos haches face à un manipulateur corporel ? Le sang va couler à flot et ce sera un jeu d’enfant de vous manipuler.

 

Voilà, avec ça, je vais définitivement passer pour un monstre, mais ils remettront leur désir de vengeance collective à plus tard. Je sens qu’ils vont se mettre à protester lorsque je me tourne vers le fils génétique de Feick.

 

- C’est à toi de décider, dis-je, plein d’autorité, mon aura grandissante.

- Mon père est mort au combat, en accomplissant sa mission. A l’époque, nous devions t’abattre, aujourd’hui, nous devons collaborer, je ne vois pas pourquoi je devrais me battre contre toi.

 

Le jeune homme brun, les yeux un peu fous, la crasse luisant sur sa peau, fait son effet parmi nous. Alors que je me préparais au combat, que tous les hommes se saisissaient déjà de leur hache, lui, avec calme et dignité, met un terme ferme et définitif aux hostilités.

 

- C’était ton père, observé-je.

- C’était un mercenaire. Nous sommes préparés à mourir au combat.

- Mais pas à travailler avec son meurtrier.

- Détrompe-toi, cette situation est plus anodine qu’elle n’y parait. Tu peux partir, je ne te ferai aucun mal.

 

J’hésite car je rechigne à leur tourner le dos pour partir. Si le jeune homme semble déterminé et droit, je sens encore la hargne de ses compagnons d’arme. Shin règle la question en me faisant glisser jusqu’à lui via son serpent de terre. Il me regarde, de l’air d’un homme qui n’y croit pas.

 

- Fallait me le dire si tu voulais en finir avec la vie.

- Je voulais mettre les choses au point.

- Résultat, tu t’es fait une cinquantaine d’ennemis. Bravo !

- Mh, on verra. De toute façon, je ne leur fais pas confiance.

- Encore heureux !

- Je me demande ce qui est passé par la tête de ton père.

- Va savoir. C’était surement le seul moyen dont il disposait.

 

Nous nous éloignons de la forteresse pour retrouver un peu de tranquillité et de légèreté. Nous ne parlons pas, nous nous laissons juste porter par le vent. Quand vient la nuit, nous nous allongeons sur le sable, les pieds dans l’eau dont la fraîcheur nous secoue les sangs, la tête de Shin posée sur mon épaule. Nous rejoignons ensuite les Evêques pour de tendres retrouvailles. Anemos me scrute du regard sans sourciller pour vérifier qu’il n’y a pas erreur sur la marchandise et que je ne risque pas de mettre sa famille puis Gahila me caresse de son bec sur la moindre parcelle de mon visage. Alors que les enfants se mettent à faire des galipettes dans les airs, un cri déchirant me perce les tympans, un cri de détresse qui me fait bondir. Je cours comme un dératé vers le château alors qu’Anemos se porte à ma hauteur en m’invitant à monter, Shin est déjà sur le dos de Gahila.

 

J’arrive dans la chambre de ma mère où elle est plaquée d’une main ferme contre le mur froid en pierres tandis qu’une autre est déjà partie à l’assaut de ses cuisses. Des larmes d’angoisse perlent à ses yeux malgré la dignité qu’elle essaie de conserver, en femme de soldat habituée aux épreuves. Son corps tremblant et ses mains pourtant si fortes ne parviennent pas à le repousser. Une colère froide sans nom s’empare de moi. A peine posé sur le sol, je suis déjà sur son agresseur dont l’haleine est tellement forte qu’elle empeste la pièce. Il a bu. Je l’agrippe à la gorge et serre pour sentir la moindre veine de son cou entre mes doigts. La cadence de son pouls accélère deux fois plus vite et je jubile de sentir son agonie, de sentir que la vie le quitte peu à peu. J’augmente la pression, ses os craquent et je le laisse tomber.

 

L’éloignement de la menace n’apaise pas ma rage pour autant, je me dirige vers la sortie pour toucher deux mots à cette bande de mercenaires sans foi ni loi, sans scrupules. Trop faibles pour s’attaquer à un dieu, ils préfèrent s’en prendre à une femme. Pensaient-ils m’affaiblir ? Ils ont tord, ma puissance est décuplée par la rage.

Je n’entends pas Shin m’appeler, je n’entends pas ma mère s’effondrer ni Zephilis me percuter en entrant dans la chambre. Ce n’est pas elle qui m’arrête, elle n’essaie même pas d’ailleurs, non, c’est le cri viril et puissant d’Anemos. Sentant que plus rien n’avait de sens, que la haine me submergeait petit à petit, il m’a rappelé à l’ordre aec son cri long et apaisant, un cri dominateur.

 

Après avoir recouvré la lucidité, je me rends compte que le majestueux oiseau est devant moi, rendant vaine toute progression, et je ne l’avais même pas senti. Son regard ne me quitte pas, mes forces m’abandonnent d’un coup, l’adrénaline me lâche sans prévenir, et je me retrouve lourdement assis par terre, paralysé.

 

Shin est auprès de sa mère, assommée, et Zephils s’occupe de la mienne. Les meubles, le lit, tout est à sa place, même le feu continue de crépiter dans la cheminée, impertubable, et pourtant, j’ai l’impression qu’un grand désordre règne dans cette pièce. Gahila se rapproche de moi pour me procurer de sa chaleur alors qu’elle pose sa tête dans mon cou. Je la caresse pour la remercier et la rassurer mais lui demande de m’occuper de ma mère. Ce genre de demande la rebute, les Evêques restent par nature étrangers au contact humain, mais elle sent que je suis complètement dépassé par la situation, que j’ai été tellement terrifié le cours d’un instant que j’en ai perdu le contrôle de moi-même.

 

Maman ouvre les yeux de surprise en étant confrontée à une créature légendaire prenant près de la moitié de la pièce. Les deux femelles se jugent, être humain et animal, cherchant un terrain d’entente, une compréhension, sentant toutes deux un instinct protecteur envers leur progéniture qu’elles doivent concilier avec leur faiblesse naturelle.

 

Je finis par me lever au bout d’un temps qui me parait interminable et c’est uniquement quand je prends ma mère dans mes bras qu’elle s’autorise à s’évanouir. Je la soulève pour la déposer dans son lit où je reste toute la nuit à la veiller. Sheila reprend connaissance et nous explique ce qui s’est passé. Pas de grande surprise si ce n’est que maman a été incapable de se servir de son pouvoir, comme si elle avait été droguée. Ce genre de drogue inhibitrice est rare et qui mieux qu’un groupe d’assassins pourrait en posséder ?

 

Ma rage se renouvèle avec ce constat mais l’état de faiblesse de ma mère m’oblige à rester à ses côtés. Je n’ai pas envie qu’elle panique en se réveillant inopinément au cours de son sommeil récupérateur en se retrouvant toute seule.

Shin revient auprès de moi après avoir inspecté le cadavre à la recherche d’indices.

 

- Rien de particulier. Des vêtements classiques, un gourdin qu’il a utilisé sur ma mère, je ne connais pas la nature de ses pouvoirs.

- C’est forcément ces mercenaires, Shin. Tu vas me faire croire que cette attaque est un pur hasard alors que je les ai provoqués le jour de leur arrivée ?

- Je ne peux rien affirmer tant que nous n’avons pas de preuve. Mais oui, ça me parait louche. Reste auprès d’elle cette nuit, Lillyan, tu règleras tes comptes plus tard.

- Je sais…

 

Il ponctue ses mots sévères par un baiser tendre et réconfortant. Je l’attire contre moi et enfouis ma tête dans son coup tout en gardant la main de ma mère dans la mienne. J’ai eu tellement peur pour elle que j’en ai perdu le contrôle de moi-même. J’ai aimé sentir les os de l’assassin craqués dans mes doigts, me suis délecté de la diminution de son énergie vitale. Est-ce normal dans un combat ? Jusque-là, ça m’avait toujours effrayé. Probablement le contrecoup de ce que j’ai subi dernièrement.

 

- Allonge-toi auprès d’elle, me souffle-t-il. Tu as besoin de repos.

- Tu restes ? Réclamé-je égoïstement.

- Oui, m’assure-t-il en m’embrassant une nouvelle fois.

 

D’aussi loin que remontent mes souvenirs, je n’ai jamais dormi avec mes parents une nuit entière. La nuit me parait douce à ses côtés et il suffit que je ferme les yeux pour m’endormir, vidé d’énergie. Je me réveille bon dernier, sous son regard amusé, alors qu’elle est allongée sur le flanc.

 

- Tu n’as pas perdu tes bonnes habitudes à ce que je vois, me taquine-t-elle.

- Et toi, toujours en train de me surveiller, je réponds alors qu’elle m’étouffe avec ses tentacules.

- Regardez-moi ça, s’écrie Shin derrière nous, il faut que je tourne le dos pour que t’ailles voir une femme !

- Tu ne pourras rien contre le pouvoir d’une mère.

- Que tu dis ! M’exclamé-je en la repoussant sous le menton.

 

Nous chahutons un moment comme des enfants jusqu’à ce que Sheila nous interrompe, intriguée par tout ce tapage.

Une réunion familiale se tient dans la minute qui suit.

 

- Alors comme ça, tu nous as cachés que tu fricotais avec des Evêques à poil bleu ! J’ignorais même qu’ils existaient. Je croyais que leur espèce avait été décimée au cours d’une effroyable tempête plusieurs années auparavant.

- Je les connais depuis tout petits, quand papa m’emmenait en forêt. Je les sentais, j’apprenais à faire leur connaissance, eux à se familiariser avec moi. Ce sont eux qui m’ont recueilli quand l’Oracle m’a exilé… dis-je douloureusement.

- Alors je dois les remercier, poursuit-elle en resserrant son étreinte autour de moi, d’un ton lointain.

- Gahila, la femelle qui t’a soignée, s’est occupée de moi tandis qu’Anemos rapportait de la nourriture pour nous trois, enfin, six, parce que Gahila, à l’époque, mangeait pour trois avec ses petits.

- Ils ont eu des enfants ?!

- Depuis peu, ils n’ont que quelques mois.

- Magnifique ! Lillyan, je savais que tu étais proche des animaux, ton père m’a parlé des Voyageuses, mais là… c’est tout simplement époustouflant.

- Tu as assisté à leur naissance ? Me demande Sheila.

- Non, Shin et moi avons dû partir, nous ne pouvions pas nous éterniser, dis-je sans m’attarder sur le fait que nous étions pourchassés par des mercenaires qui ont attenté à sa vie. A l’époque, j’étais obnubilé par la Marque.

- Oui, tu m’en as parlé. J’ai encore du mal à croire à tout ce que vous avez vécu. Shin a affronté Zenon puis vous avez affronté Karl et l’Oracle sur un champ de bataille… Ce que j’ai subi hier n’est rien comparé aux épreuves que vous avez endurées.

- Ne compare pas ce qui est incomparable. De toute manière, c’est bientôt fini, assuré-je. La cérémonie ne va plus tarder maintenant.

- J’espère juste que ça se terminera bien, soupire-t-elle.

 

Après le repas familial, j’avais besoin de m’isoler avec Shin pour décider de la conduite à adopter mais j’avais peur de les laisser seules. C’est la première fois qu’on attente directement à leur vie pour nous atteindre et qui sait quand cela recommencera… Je ne peux cependant pas laisser ce crime impuni. Je devais en faire un exemple pour intimider tout nouveau candidat. J’ai laissé mourir l’assassin bien trop vite finalement… Enfin, je sais que, même avec toute la volonté du monde, je n’aurai pas pu le tourmenter des heures durant. Shin, peut-être… Autant, il peut se montrer adorable avec les enfants, sa famille ou même des civils lambdas, autant il peut se montrer impitoyable sur un champ de bataille.

 

- Reste avec elle, lui ordonné-je pour couper court à notre vaine discussion.

- Lillyan, ce n’est ni prudent ni raisonnable de foncer tête baissée.

- Mon don de télépathie m’avertira tout de suite s’ils ont participé à ce complot.

- Ça pouvait être un acte isolé. Peut-être qu’ils sont impliqués sans le savoir.

- Alors ils paieront pour se montrer aussi négligents. Mais il en aura forcément parlé à quelqu’un.

 

Je me jette dans le couloir en essayant de ne pas courir pour réfréner mon excitation. Shin m’a demandé de prendre Raine et Amon au passage mais je fais demi-tour au dernier moment, ne jugeant pas leur aide indispensable. Seulement, je me suis arrêté suffisamment prêt pour entendre leurs chuchotements.

 

- Le type a échoué, s’énerve Amon en chuchotant.

- Je te rappelle que Lillyan a un don de télépathie, explique calmement Raine.

- Il aurait dû pouvoir réagir entre-temps. Deux secondes suffissent pour étrangler une femme ! Commence à s’énerver l’autre.

- D’après mes rapports, l’homme s’est soudainement senti monter une vague de virilité. On ne peut pas demander d’un mercenaire une totale impassibilité devant une si belle femme. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent.

- Tssk, les hommes et leurs instincts primaires. L’argent, les femmes… Ne pensent-ils donc jamais ? Nous l’avions pourtant mis en garde.

- Le débat n’est pas là. Une nouvelle tentative est inenvisageable. Ils ont renforcé la garde en laissant toujours l’un d’eux à leurs côtés ou leur maître.

- Mais pendant ce temps, l’autre est seul et donc plus vulnérable. Je crois que nous avons attrapé un gros poisson. Notre assassinat raté n’aura pas été vain finalement.

 

Au moment où je comprends que l’on parle de moi, je sens mes forces s’amoindrir jusqu’à être totalement anesthésié puis paralysé. Je tombe lourdement sur le sol.

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Je vous annonce que nous avons officiellement terminer cette histoire ! En...53 chapitre je crois ...ou un peu moins dont un épilogue !!!

=)

Donc c'est bientôt la fin de cette LONGUE histoire et ce n'est pas sans un pincement au coeur que nous l'avons terminé.

 

J'espère que vous avez aimer ce chapitre et qu'il vous énerve tout autant qu'à moi parce que les doutes de Shin en ce qui concerne Raine se sont confirmés ! Au péril de Lillyan !

AAAAAAh

vous êtes pas content !!

Moi non plus !

Vous verrez dans la suite ce que cette trahison va entrainer !  

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 8 janvier 6 08 /01 /Jan 18:03

 

 

Le souffle coupé, la gorge sèche, les battements de mon cœur se sont presque tus l’espace d’une seconde qui me parut une éternité. L’information vient de me percuter avec la force d’une explosion. Raine serait donc la solution à tous nos problèmes ?

 

Ma mère m’avait toujours appris à ne pas écouter aux portes mais je n’ai pas résisté lorsque j’ai aperçu la lumière briller sous le pas de la porte de Lillyan. La voix de Zephilis m’est venu directement aux oreilles, elle avait l’air inquiète, presque surprise, ce qui m’a surpris à mon tour. Raine a donc un lien avec l’Avalanche.

 

Je ne préfère pas m’éterniser ici, je retourne dans ma chambre. A peine me suis-je redressé que j’ai été immédiatement pris de vertiges. Cette maudite communication ne m’a apporté que de la merde !

D’une humeur exécrable lorsque je me sens faible, je marmonne des insultes contre Koryu tout en m’appuyant sur les murs du couloir afin de rejoindre mon lit. Je me laisse littéralement tomber sur le matelas, celui-ci n’était pas d’une grande qualité mais lorsqu’on a passé des semaines en mer à dormir sur un vieux lit qui craque, tanguant à chaque petite vague, n’importe quelle paillasse fait désormais l’affaire. Ce lit m’apparait comme une bénédiction des dieux.

 

Je m’endors sur ces douces pensées en moins d’une minute, mon corps m’abandonne, mon esprit lui-même ne tient plus, et tout autour de moi disparait peu à peu.

 

Ce sont, pour la première fois de mon existence, les rayons du soleil qui me réveillent. Je grimace de douleur alors que je tente de me redresser sur mon lit, les douleurs musculaires m’assaillissent brutalement et me font gémir discrètement. Je serre les dents pour ne pas hurler. La sueur perle sur mon front tant la souffrance est forte, elle me déchire avec une violence inhumaine ! Elle me perce comme des racines et s’engouffrent dans chaque parties de mon corps, jusqu’à la pointe de mes cheveux.

Je me lève non sans mal, je ne veux pas rester coucher toute la journée, c’est impossible ! J’attrape la petite pile de mes nouveaux effets aux couleurs de la nation de Pandore, le gris et le mauve, des couleurs qui me vont assez bien.

 

- Shinrei !

Je pourrais reconnaître cette voix entre mille.

- Princesse Laya.

 

Son sourire ampli de joie s’efface peu à peu pour faire face à la surprise, ses pupilles de jade s’écartent. Elle me fixe d’un air ébahi.

 

- Tes…tes yeux…

- Ah ! J’ai retrouvé la vue récemment, dis-je le plus naturellement possible.

 

Pendant une fraction de seconde, j’ai cru qu’elle allait pleurer mais au lieu de ça, elle me gratifie à nouveau de son charmant sourire encadré de jolies joues rosées par la gêne.

 

- Je suis heureuse pour toi alors !

- Merci, lui dis-je en lui rendant son sourire.

- Je vais te montrer la salle d’eau du palais et tu pourras ensuite nous rejoindre aux écuries.

- Aux écuries ?

- Oui, Lillyan est en train de donner un cours d’escrime aux jeunes élèves.

Flottant dans sa robe rouge vif, elle s’en va presque en dansant, me laissant perplexe au milieu du corridor.

 

Lillyan donne un cours ? Comment arrive-t-il à se remettre aussi vite de cette communication ? J’en suis presque jaloux. Cependant, j’ai hâte de voir mon amant donner des cours. Je suis Laya jusqu’à la salle d’eau, je la remercie chaleureusement avant de rentrer dans l’immense pièce, la plus majestueuse salle d’eau que je n’ai jamais vue. Je me lave rapidement et m’habille de mes effets très bien ajustés. Cette longue tunique coupée en fente devant, derrière et sur les côtés à partir de la hanche, me tombe presque sur les pieds. Le pantalon en lin se serre aux chevilles pour finir sur une paire de chaussures tout à fait confortable et légère. J’attache mes cheveux avec mon bandeau devenu inutile, j’observe pour la première fois mes yeux en plein jour, deux immenses billes noires sans fond mais qui brillent d’une étrange lueur. Je soupire, j’espère m’habituer à cette faculté très bientôt, tout ce qui m’entourait avait l’air plus terne, sans réelle valeur, de simple objets qui complètent ma vision. Maintenant, chaque chose semble briller de mille feux ! Je ne peux plus me concentrer tant ce qui m’entoure prend une couleur différente, un teint différent. C’est donc ça voir ? Le monde est devenu si vivant, c’est déroutant.

 

Je me secoue l’esprit et sors du palais pour rejoindre les écuries qui ne devraient pas être trop difficiles à trouver. Je n’ai qu’à suivre les vibrations du sol.

 

En même temps que ma vue, je découvre peu à peu mes nouvelles facultés ou plutôt celles qui s’étaient développées. Chaque vibration de la terre me fait vibrer le corps, je peux sentir le pas des chevaux, des fourmis, je peux même sentir les racines des arbres s’étendre sous nos pieds. Je n’ai jamais aussi bien senti l’harmonie, j’avais presque l’impression de sentir les entrailles même de notre planète en constante ébullition. C’est phénoménal et stupéfiant. Je peux sentir mes propres pas frappant le sol en rythme. Pam, pam, pam…

 

- Attention !

- Je crois que tu n’es pas assez attentif.

 

J’arrive enfin sur le lieu d’attroupement, Lillyan en est le centre d’attention avec son élève. Les autres l’ont averti mais il est trop tard, Lillyan a déjà son épée au bord de la gorge du jeune garçon. C’est vrai qu’il n’est pas très attentif. Je me mêle à la foule et regarde silencieusement le combat.

 

- Tu ne dois jamais relâcher ta garde même si ta concentration est fixée sur un autre point ! Tu dois rester prêt à toute éventualité. Ce n’est pas ton cerveau qui t’avertira de l’approche d’un ennemi, c’est tout ton corps. C’est ce qu’on pourrait appeler l’intuition. Tu dois la développer en t’entrainant. L’intuition est extrêmement importante lors d’une bataille, tes coups seront portés sur un adversaire frontal, c’est grâce à ton intuition que tu pourras sentir ceux qui viendront dans ton dos.

- Et l’aura ? On peut sentir l’aura non ?

- Au milieu d’un champ de bataille, le nombre important d’auras ne te permet pas de les sentir une part une. L’aura est même parfois dissimulée : pour les plus forts, ce n’est pas difficile.

- Et si on leur faisait une démonstration ? Je lui murmure dans l’oreille.

 

Lillyan n’est pas très doué pour cacher sa surprise, malgré lui il sursaute, ce qui fait rire tous les élèves qui l’observaient attentivement. Mon sourire triomphant ne semble pourtant pas l’agacer, son regard et son sourire carnacier en dit long sur sa vengeance. J’avais parfaitement réussi à dissimuler mon aura, son corps n’était même pas préparé face à une éventuelle attaque. Totalement en confiance, il ne peut se douter que quelqu’un l’attaquerait par derrière. De plus, je m’étais déplacé tellement vite que je m’étais quasiment téléporté. Son expression de surprise est réellement jouissive. Je découvre ma nouvelle force petit à petit, jusqu’à ce qu’elle atteigne son apogée, ce qui me parait tellement invraisemblable. Et c’est pareil pour mon amant.

 

- Voici la parfaite démonstration de ce qu’il ne faut pas faire, dit il à haute voix, relâcher son attention.

Les élèves le charrient à nouveau.

- Bien maintenant ! S’écrie un militaire. Remerciez Monsieur Valeille et retournez à vos occupations.

 

De nombreux élèvent s’exécutent et viennent saluer Lillyan, certains plus intimidés que d’autres. En tant que l’unique Manipulateur Corporel d’Agora et sans doute le plus puissant d’entre eux, sa notoriété a atteint les frontières de Pandore, chacun d’eux savait qu’il était en exil et surement condamné à mort. Je suis fier de lui, l’enfant insouciant, l’adolescent soucieux de ne pas réussir ses examens, c’était du passé. Il est devenu un homme fort aux larges épaules.

 

Lillyan me frappe le bras.

- Ca t’amuse de me ridiculiser ?

Je grimace sous la douleur lacérante, j’essaye de contrôler mes expressions, Lillyan ne doit pas savoir que mon corps ne s’est pas encore remis.

- Désolé, dis-je en souriant le mieux possible, c’était vraiment tentant !

- Imbécile, dit-il en riant.

 

Nous quittons les écuries tranquillement au milieu des passants.

 

Les dimensions du palais pourraient s’apparenter à une ville, entourée de remparts immenses gardés par de puissants archers et mages noirs capables d’invoquer des créatures aussi hideuses que puissantes. Au milieu de ce petit village trônent les appartements royaux dont la façade ouest garde des traces des récentes attaques ennemies. L’extérieur du palais, étant très exposé puisque proche des ports, la cité royale a été agrandie afin d’accueillir toute la population en cas de sinistre ou de guerre, d’où un nombre important d’habitants, de maisons de fortunes, de familles dans le besoin et d’enfants errants. Cette masse importante donne un ton apocalyptique qui me serre la gorge. Je n’arrive pas à me détacher de la détresse de cette population même en marchant aux côtés de Lillyan. Aucun d’eux ne peut savoir que nous sommes leur dernier espoir, aucun d’eux n’imagine une seconde que cet enfer peut se terminer. J’ai du mal à l’imaginer moi-même et c’est dans ces situations que je ressens le poids énorme qui nous incombe. Le ciel me pèse presque sur la tête alors que le soleil brille fièrement, faisant ressortir les horreurs de la guerre aux yeux de tous. Les amas de ruines à l’extérieur du palais ne se limitent pas à notre simple champ de vision : où que le regard se porte, la ville a été ravagée par le feu, les combats et la mer.

 

Heureusement les combats ont cessé dans la nuit, les hôpitaux et les prisons sont pleins sans parler du nombre de corps qu’il faudra enterrer dans l’honneur. Les cimetières deviendront bientôt plus grands que la nation.

 

- Tu te sapes le moral, Shin…Comme toujours, tu réfléchis trop, me dit Lillyan.

Cette simple phrase ne suffit pas à me sortir de mon silence, je n’arrive toujours pas à quitter ce spectacle des yeux.

- On n’a plus de temps à perdre, Lillyan. Il faut retourner sur Agora, il faut retrouver l’Oracle, dis-je en serrant les poings

- Tu as oublié l’Avalanche ?

- On ne sait même pas quand cette foutue Avalanche va se produire ! Autant y aller tout de suite. Avant qu’il ne soit trop tard.

- C’est trop incertain. Tu es le premier à me sermonner lorsque je fonce tête baissée, qu’est-ce qui te prends ?

Je me canalise un instant en soupirant.

- Tu as raison. Je ne sais pas ce qui me prend. J’ai juste hâte d’en finir avec tout ça même si je sais que plus rien ne sera comme avant.

 

Je fais immédiatement demi-tour, fermant les paupières sur la misère humaine et sur mon immaturité. Le monde garde sa noirceur même sans mon bandeau et ce qui est encore plus triste, c’est que je ne peux rien y faire même si cela me révolte. Je rentre dans l’enceinte des appartements royaux, le roi et la reine s’entretiennent encore avec les généraux pour décider d’un plan de reconstruction de la capitale.

 

J’avance au milieu des couloirs vides dans le silence de mes pas, des pas étrangement bruyants. Lillyan m’a suivi, je soupire à nouveau et m’arrête brusquement. Je me retourne vivement mais à ma grande surprise je suis seul, seul dans ce long couloir aux hauts plafonds. Ce n’est pas tant l’absence de Lillyan qui me dérange mais la présence effective de quelqu’un, je suis persuadé qu’il y a quelqu’un d’autre dans ce couloir et cela ne présage rien de bon.

 

Je fronce les sourcils, je ne vais pas rester planter là à attendre, je reprends le chemin de ma chambre. Mes pas coupent à nouveau le calme des lieux, je reste sur mes gardes, même si l’inconnu tente de calquer ses pas sur les miens, je le sens. Chaque vibration du sol me parviend immédiatement, le moindre petit geste, le moindre souffle …

 

Il est là. Je disparais soudainement, je compte prendre par surprise mon poursuiveur avec ma nouvelle rapidité. Je le tiens enfin sous ma paume, aussi surpris soit il lorsque je découvre enfin son visage, c’est moi qui suis maintenant sur le cul.

 

- Laya…

 

Son visage devenu blafard s’empourpre à la prononciation de son nom, ses grands yeux restent figés de stupeur. Je tiens fermement son poignet un peu au dessus de sa tête, sa main est si fine qu’elle me parait minuscule dans ma poigne. Je la relâche immédiatement sans réussir à avaler de nouveau ma salive. Pourquoi me suit-elle ? Pourquoi l’a-t-elle fait avec autant de précaution ? Depuis quand arrive-t-elle à cacher son aura ?

 

- Je…Je ne voulais pas…Je…Je suis désolée, Shinrei. J’étais inquiète.

- Inquiète ? Pourquoi serais-tu inquiète ?

- Je suis inquiète pour toi, Shinrei. Tu ne vas pas bien depuis ce matin…

- Arrête, s’il te plait, ne t’inquiète pas pour moi, je vais bien.

- C’est faux, Shinrei ! S’écrie-t-elle. Pourquoi tu ne veux pas l’avouer ?

- Je n’avouerai pas ce qui est absurde Laya !

 

Son regard courroucé me foudroie sur place, je n’ai pas vu venir la gifle. Cette simple claque, qui m’aurait à peine chatouillé en temps normal, réveille la douleur. Cette simple gifle suffit à me sonner, la souffrance remonte le long de mes jambes jusqu’à l’antre de mon estomac, me pince le cœur et parcourt l’ensemble de mon corps jusqu’au bout des ongles.

Je tente de revenir à mes esprits mais peine perdue, je bascule déjà dans le vide jusqu’à frapper le sol.

 

« C’est donc là ta limite. Une simple claque. »

 

- Debout ! Allez gamin !

- Zephilis ? Demandé-je encore dans les nuages.

- Tu aurais peut être préféré le beau Lillyan ou la belle Laya mais ce n’est que moi.

Je ne relève pas sa connerie.

- Où est-il ?

- Lillyan est dans le couloir avec Raine et Amon.

- QUOI ?

 

La nouvelle suffit à me réveiller, malheureusement un peu trop rapidement car je retombe immédiatement à la renverse sous le violent vertige qui me fait crier malgré moi. Des sortes de coup de jus me secouent la tête, cette sensation qui déraille tout à l’intérieur m’arrache des hurlements horribles. Je me tiens le crâne comme un fou priant pour que cette torture cesse ! Je n’ai jamais ressenti une douleur aussi vive ! J’aurai préféré mourir brûler plutôt que de ressentir ça !

 

Les hommes déboulent dans la chambre, le bruit de la porte qui se cogne contre le mur me fait à nouveau hurler et ça ne semble pas se calmer. Je sens des mains douces mais surtout la force de Zephilis qui me maintient sur le lit, une autre main vient se plaquer sur mes yeux. Mon dieu, qu’est-ce qui m’arrive ?

 

Quelques minutes plus tard, la douleur s’estompe peu à peu, je reprends mon souffle avec difficulté et la main poser sur mes yeux se retire lentement. La sueur m’a inondé en quelques minutes, mon cœur cogne si fort qu’il fait vibrer ma poitrine.

 

- Merci Raine. Remercie Zephilis.

Alors elle ne mentait pas.

- Quand êtes-vous arrivés ? Je demande une fois mes esprits retrouvés

- Ce matin, répond Amon.

- Sur le dos des Evêques à poil bleu. J’ai réussi à les appeler hier soir avant d’aller me coucher, me dit Lillyan accroupit au bord du lit.

- Si tu voyais leurs petits ! S’exclame Raine.

- Je m’en fous, Raine. Je m’en fous comme c’est pas permis. Je veux savoir ce qui se passe ! J’interpelle Zephilis en l’attrapant par le bras.

- J’en sais rien, dit-elle en fronçant les sourcils.

- Tu mens !

- Il semblerait que tes pouvoirs n’aient pas aimer ta brusque évolution, me dit Lillyan.

- Ils ont du mal à prendre la pleine mesure de leur puissance incommensurable. Lillyan lui-même n’est pas au mieux de sa forme, il n’arrive même plus à contrôler la moindre étincelle. Vous avez enfin communiqué mais il faut attendre que ça « charge », soupire Zephilis.

- C’est donc ça l’Avalanche ? Demandé-je incrédule.

- Mais non ! Ca n’a rien avoir. C’est comme s’il fallait installer organiser à nouveau tout ton système, tout le potentiel que tu avais ! Tout ton organisme se modifie. Lillyan a moins de mal car il est plus habitué, toi en revanche, tu vas morfler.

- Pour ce qui est de l’Avalanche, on sait que ça approche. Me dit Amon.

- On le sera bientôt, me dit Zephilis en quittant la pièce.

- Je ne comprends pas, dis-je en grinçant des dents.

- Calme-toi, Shin. Plus tu t’énerveras plus ça ira mal, me sermonne Lillyan.

- Pitié, Lillyan, la ferme ! Tu ne sais pas ce que ça fait ! TU NE SAIS PAS !

 

Tu ne sais pas ce que ça fait de se sentir possédé…Possédé ? Koryu tente de me posséder ?! MERDE !

 

- ZEPHILIS !!!! Hurlé-je.

 

Les décharges reprennent, mon corps convulse, Lillyan me tient fortement contre le lit, je sens mon aura m’envelopper, je sens mon âme me quitter ! Qu’est-ce que c’est que cette blague !!! JE SUIS EN TRAIN DE ME FAIRE DOMINER PAR MON POUVOIR !!!

 

« Ca faisait longtemps… »

 

Qui est là ? Où suis-je ? Pourquoi est-ce que le monde est si noir ? Pourquoi ai-je l’impression de planer ? Je connais cet endroit, j’y suis déjà venu.

 

- Bonjour Shinrei.

- Nala…

 

Quel es ce rêve étrange ? Je croyais être dans ma chambre et me voilà au milieu de la forêt avec la Shaman des Chutes Rapides. La douleur est partie mais tout me semble irréelle.

 

- Tu as raison. Comparer à la dernière fois, ce monde fait partie du monde onirique, c’est une sorte de rêve mais réel.

- Je…

Je suis effaré, je me suis fait posséder par Koryu, je n’existe plus. Tout comme l’Oracle.

- Tout comme ce monde, la réalité n’est pas toujours ce que l’on croit.

 

Nala referme ses immenses couvertures autour de ses épaules, sa longue chevelure grise n’a pas changé et cette expression si sereine me soulage presque. Assis sur un plède aux couleurs vives, je me perds dans mes pensées. Suis-je mort ?

 

- Tu es là pour une raison, c’est sûr, penses-tu réellement que c’est la mort qui t’as fait venir à moi ? Dit-elle en écrivant des signes à la craie blanche.

- Koryu m’aurait envoyé dans le monde onirique par pure bonté ? Dis-je peu convaincu.

- Regarde-toi. Tu n’as pas l’air si paniqué. Tu le sais au fond car il est toujours là, tu es là pour me poser une question.

- Une question ?

- Je sais. Tu n’en as pas qu’une mais l’une d’elle est la clé, l’une d’elle pourrait tout changer.

- L’Avalanche…

Nala me sourit alors que la craie se met brusquement à frémir.

- Je croyais que vous étiez neutre ?

- Et ça ne change pas.

- Vous pouvez donc me dire quand l’Avalanche aura lieu ?

- Maître Zephilis est vraiment très futée. Elle savait que tu étais le seul à y parvenir, Lillyan était déjà trop avancé pour se faire posséder par Koryu, alors que toi qui est si déterminé et maître de toi-même, tu étais une proie idéale pour la puissance de Koryu. Tu ne voulais en aucun cas te faire dominer par cet être, tu voulais réellement le posséder mais c’est un dieu Shinrei, tu ne peux posséder Koryu. Tu dois accepter votre fusion car elle est inéluctable.

- Je ne crois toujours pas au destin.

- Alors pour toi, tout ceci est le fruit du hasard ? Comme le fait que ça soit toi qui m’aies trouvée le premier et que tu reviennes à nouveau aujourd’hui ?

 

Je ne savais quoi répondre, tout ceci m’embrumait l’esprit, si c’était un plan de Zephilis, je ne doute pas une seconde qu’elle savait ce qu’elle faisait même si elle paraissait peu confiante.

 

- Ca pouvait aussi ne pas marcher, dis-je sûr de moi.

- C’est vrai. Tu es fort, Shinrei, et le seras encore plus, en tant que descendent de l’Oracle bien sûr mais aussi en tant qu’homme. Cette force ne connait pas de limite et ça sera à toi de te les poser si tu ne veux pas réellement finir à tout jamais dans ce monde de rêve.

 

Elle s’approche de moi et m’étale la craie sur les joues, celle-ci chauffe étrangement.

 

- Alors ? Demandé-je impatient.

- A la prochaine pleine Lune, le reflet illuminera le Lac Céleste, dans la cité du peuple des Chutes Rapides. L’Oracle reprendra ses pleins pouvoirs au fin fond de son monde chaotique.

- Comment l’en empêcher ?

- La prophétie de l’Avalanche a été découverte par une Shaman d’un peuple maudit, le peuple des Androgynes. Lorsqu’il ne restera plus qu’un seul demi-dieu capable de transformer le bien en mal, il sera le seul qui pourra inverser le processus de destruction.

- Voilà pourquoi Cali faisait référence à Raine…

Il a le pouvoir d’inverser, inverser l’Avalanche !

 

Un vent violent balaie le décor, je me sens projeté en arrière, totalement aspiré dans un trou noir alors que le regard de Nala se fait plus triste, plus terne. Elle disparaît avec le reste, le noir s’éclair, la lumière m’aveugle et je retrouve la vie comme si j’émergeais de l’eau.

 

- Shin !

Je tâte le visage de mon amant du bout des doigts pour me persuader que je suis revenu dans le monde des vivants.

- Lillyan…

- Tu vois qu’il est revenu ! S’écrie Amon en secouant Lillyan par les épaules.

Celui-ci semble plus enthousiaste que mon amant qui reprend peu à peu ses esprits, un sentiment de soulagement se dessine sur son visage.

 

Je me redresse lentement, aucune douleur ne m’assaillit, ce qui me surprend agréablement, je fais un tour d’horizon rapide. Raine est assis à même le sol contre le mur, les yeux rieurs, faussement joyeux de me voir. Zephilis a la dos tourné face à la fenêtre, un pansement sur la joue. Une drôle de tension se crée alors qu’elle finit par dénier m’adresser la parole.

 

- Tu as vu la Shaman ?

Je fronce les sourcils, prêt à lui sauter à la gorge. Elle m’a carrément piégé. Lillyan sent mon aura monté d’un cran.

- Oh ca va pas recommencer ! S’exclame Amon. On a déjà eu droit à la crise de Lillyan, alors tu vas pas t’y mettre, Shin !

- Comprends-la. C’était le seul moyen d’en savoir un peu plus sur l’Avalanche, dit Raine en se levant. Après tout, tu te faisais déjà dominer par Koryu, il a juste fallu un petit coup de pousse. Il tapote son pantalon tout en s’approchant. Alors bravo Shin et merci.

 

Sans savoir ce qui m’a pris, je l’ai si rapidement attrapé à la gorge que même Zephilis n’a pas eu le temps de m’apercevoir. J’ai plaqué brutalement son misérable corps contre le mur. Lillyan et Amon se sont précipités sur moi pour m’empêcher de faire une bêtise. Je sens l’aura danser autour de moi soulevant mes cheveux détachés. Sentir ses battements de cœur entre mes doigts me donnent envie de l’écraser comme un moustique. Cet insignifiant petit prétentieux ! Son visage se crispe dans la douleur et la supplication et c’est tout ce que je voulais voir.

 

Je le lâche, non sans frustration, je suis tiré en arrière par Lillyan qui se colle à moi pour me surveiller.

 

- Vous le saviez tous. Parfait.

 

Je me détache de la prise de Lillyan pour prendre l’air.

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Voilà je viens de mettre tous mes chapitre en retard et ça en fait un paquet !! xD Alors bon courage en attendant je vous met également le  chapitre pour la semaine prochaine car ça m'étonnerai que j'ai le temps de le poster !

Donc voilà !

En vous remerciant pour votre fidélité et surtout excusez ma négligence !

Je vous adore et je vous abandonnerai pas ^^

 

BISOUS

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 8 janvier 6 08 /01 /Jan 17:59

 

 

La situation est devenue incontrôlable. Les morts vivants s’arrachent la moindre parcelle de mon corps dans des bruits de succion qui m’écœurent me font grincer des dents, emportant toute mon énergie. Mon regard et mon cri se noient dans une noirceur étouffante. Mon cœur bat à peine. Pourtant, je me suis rarement senti aussi en harmonie avec moi-même : mon corps, vidé de son fluide vital, devient de plus en plus lourd mais cela permet à mon esprit de recenser chaque centimètre carré et chaque membre. Je me sens entier. C’est étrange, un peu déroutant de se sentir aussi lourd, mais pas désagréable. Une douce torpeur m’envahit, m’arrachant le peu de conscience qui me reste.

 

Au fond de moi, je sais ce qui se passe et c’est la raison pour laquelle je l’accepte aussi facilement. Je reconnais l’empreinte de Koryu, sa marque est toujours aussi indélicate, aussi machiste.

 

« Lillyan »

 

Au lieu de l’habituel rictus sarcastique de Koryu, c’est une voix douce et cristalline qui résonne dans cette atmosphère lugubre. Cette perturbation, au lieu de me dérouter, renforce le sort d’enchantement qui me lie au pouvoir divin.

 

« Je désespérais de te voir, jeune héritier. »

 

En réalité, cette voix ne résonne pas à l’extérieur mais à l’intérieur de moi. Elle me berce et me borde comme une mère qui viendrait embrasser son enfant pour la nuit à venir. Sa présence déploie une incroyable douceur qui me plonge dans la somnolence.

 

Je suis face à Ellysia, la déesse du bien… Je ressens une certaine familiarité avec elle, comme si elle était la sœur que je n’avais jamais eue, ma mère que j‘aime tant.

 

Ellysia, ma pire ennemie ... Celle qui tient ma vie entre ses mains. Vu l’état de faiblesse dans lequel je me trouvais, elle pourrait me faire passer de vie à trépas en un clin d’œil.

 

- Ne t’inquiète pas, jeune héritier, je ne te veux aucun mal.

 

Elle me laisse le temps de digérer l’information sans me précipiter.

 

« La communication avec Koryu constitue une étape importante que vous venez de franchir mais cela ne contrarie pas sérieusement les plans de l’Oracle. En réalité, tout va se jouer lors de l’avalanche.

- L’avalanche ?

- Le rite sacré qui accompagne la succession définitive de nos héritiers. C’est à ce moment-là que Koryu et moi sommes les plus vulnérables : nous sommes totalement impuissants et nos héritiers sont aussi fragiles que s’ils sortaient du ventre de leur mère. C’est notre point faible et c’est évidemment à ce moment-là que l’Oracle attaquera.

« Si vous échouez, le cycle sera rompu pour l’éternité : je serai sa prisonnière jusqu’à ce que je meure, privée d’énergie vitale suffisante, et Koryu s’éteindra pour toujours.

« L’Oracle, quant à lui, attend ce moment depuis très longtemps, il est fin prêt. Son pouvoir a atteint son apogée, Il a écrasé ses adversaires les uns après les autres et a semé votre chemin d’embuches afin de vous ralentir et de vous épuiser.

 

Alors que j’allais poser la question cruciale concernant la date décisive, une secousse, si violente qu’elle me coupe la respiration, me tire vers le haut, m’envoyant valser à des centaines de mètres en l’air. Je me réveille en sursaut, suffoquant, les larmes aux yeux que j’essuie d’un geste maladroit. Ma question est encore en suspens sur le bout des lèvres. La sensation est aussi désagréable que si j’avais reçu un seau d’eau glaciale en pleine figure pour un matin difficile. Je calme ma respiration en inspirant de grandes bouffées et retrouve peu à peu mes repères. Cependant, une fois l’effet de surprise digéré, je me rends compte que l’impression de légèreté ne m’a pas quitté, mon corps brûle d’une intensité peu commune, d’une sensation de familiarité et de manque enfin comblé. Plus que le sentiment du devoir accompli, c’était une véritable douceur qui m’enlaçait.

 

Mon regard croise celui de ma mère criblé de cernes d’inquiétude et de privation mais égayé par un soupir de soulagement. Pourquoi ai-je autant envie de lui demander comment elle va ? C’est tout de même flagrant.

- Tu ressembles tellement à ton père, me lâche-t-elle.

J’encaisse stoïque son appel en détresse en m’efforçant de ne pas le prendre pour moi. Mes sentiments sont trop dangereux quand je me fonds en eux, je préfère me tuer à la tâche plutôt qu’au désespoir. Je fuis en sentant la gêne flotter au-dessous de nous à la recherche de mon amant que je sens, malgré la distance qui nous sépare, terriblement déboussolé.

 

Je bloque mon don de télépathie pour ne pas me retrouver noyer sous ses émotions et respecter un minimum son intimité.

 

Le vent porte les cris des soldats et les encouragements des colonels mais aussi des relents d’odeur nauséabonde des cadavres en voie de décomposition, de chairs brûlées, le tout mélangé à un soupçon d’iode et d’air chaud. Ma sensibilité m’empêche d’observer plus en avant, à moins de me pencher carrément par-dessus le balcon pour vider tout ce que j’ai dans l’estomac. Shin observe, analyse, étudie, le dos bien droit, la nuque dégagée, le regard perçant, les hommes qui hurlent, bougent, s’entraident et supportent le présent après la bataille.

 

Amiral de l’armée d’Agora. Son destin en a décidé autrement mais son cœur n’y a toujours pas renoncé. Au fond de lui-même, Shin est un soldat à la dérive, et dans cette vie d’errance, seuls les combats et une discipline de fer lui permettent de rester debout. Bien que la peur et la fatigue soient omniprésentes au cours de ce voyage, c’est bien le mode de vie que j’ai toujours souhaité.

 

Shin transpire le pouvoir à la force brute, une énorme boule de feu prête à exploser contenue par la seule volonté de son détenteur.

 

Il pose nonchalamment sa tête contre mon épaule tout en glissant sa main dans la mienne. Je me sens embrasé par son pouvoir mais je le laisse prendre la parole en premier, ne souhaitant pas interrompre sa concentration à un moment si délicat.

 

- Comment te sens-tu ? S’enquit-il après un certain temps.

- Normal.

- Donc, exténué, terrifié et complètement dépassé par la situation ?

- En gros, oui.

- Lillyan.

- Oui ?

- On achève cette satanée communication et on prend notre retraite.

- A 20 ans ?

- J’ai l’impression d’être un vieillard de 80 balais.

- Tu t’ennuieras. Surtout que ça risque d’arriver plus tôt que prévu, introduisant ainsi mon entretient avec Ellysia relatif à la bataille finale.

- L’avalanche… Nous devons à tout prix obtenir plus d’informations concernant la cérémonie. Dommage, j’avais un tout autre programme en tête pour cette nuit…

- Vivement la retraite, repris-je.

 

Malgré l’urgence de la situation, je l’invite à s’asseoir contre moi pour qu’il se détende. Ses muscles sont contractés à l’extrême, engendrant des crampes musculaires douloureuses et empêchant tout signe de tremblement. Son front est couvert de sueur. Mais c’est lorsqu’il relève enfin la tête pour me faire face que je perçois l’ampleur de son effarement.

 

Je ne faisais plus attention à l’air enfumé de cendres humaines, au soleil qui brûlait au-dessus de nos têtes écrasant la puanteur des cadavres au sol, aux bruits des armes et cris des soldats qui entretenaient pourtant un vacarme assourdissant, à la sueur qui nous collait à la peau. Toute cette agitation extrême et fébrile où le moindre écart de conduite pouvait générer une guerre civile était en suspens, le temps s‘était arrêté. Plus de bruit, plus de foule, de conditions climatiques insupportables.

 

C’est comme si Shin venait de recevoir un énorme coup de poing sans l’avoir vu venir, le choc était aussi fort que la douleur qu’il aurait créé. Ses pupilles fragiles sont devenues deux onyx, à la fois solides et précieux, faisant ressortir leur éclatante obscurité en plein jour, comme s’il provoquait le soleil en duel, lui faisant endosser le rôle d’un démon. Son regard froid brille de mille feux, d’une ancienne puissance réveillée… d‘une ancienne puissance démoniaque ?

 

- Je ne sais pas ce qui m’arrive… m’avoue-t-il, complètement hébété face à ce soudain changement.

- Il y a d’autres signes ?

- Ca va de mieux en mieux. Quand je me suis réveillé, j’avais une fièvre de quarante degrés. Les vomissements ont aussi cessé. Mon corps ne supportait pas cette brutale explosion de pouvoir. Mais, ça… mes yeux… je ne sais pas pourquoi, ça me fait paniquer… Je veux dire… Je commençais à m’habituer à Koryu mais là, j’ai l’impression que mon corps ne m’appartient plus du tout, que c’est lui qui le manipule. J’ai peur de devenir un pantin.

- Qu’a dit Zephilis ?

- Je ne lui ai pas parlé, j’avais besoin d’être seul… Enfin… J’attendais ton réveil mais je ne voulais pas rester avec Cali. Je n’avais pas envie de lui en parler ou de l’inquiéter par rapport à ton état de santé.

- Moi, ça va. En fait, nous avons emprunté un chemin complètement différent dans la maîtrise de notre pouvoir. Le mien s’est éveillé très tôt, incontrôlable, furieux, me dominant par sa force. Plus le temps passe, plus j’arrive à le canaliser, à l’apprivoiser. Le tien commence tout juste à s’éveiller et tu ressens exactement les mêmes appréhensions que moi.

- T’essayes de me dire que j’ai dix ans de retard ?

- Il n’y a pas de raison que ça se passe mal, répliqué-je en l’ignorant. Tu es plus mature, plus fort et plus encadré que moi à l’époque.

- Mais aujourd’hui, tu en es au même point. Si le temps d’apprentissage est si long, je suis loin d’être prêt pour la bataille finale.

- Je ne cherchais pas à m’en servir quand j’étais petit, mais à le dissimuler. Ce n’était pas du tout la même approche.

- Tu sais, maintenant que je vis la même situation, je me rends compte à quel points nos mots étaient vides de sens pour te rassurer. Tu devais te sentir bien seul.

- Votre présence me rassurait. La nuit, quand je m’endormais seul dans ma chambre, je me réveillais souvent terrifié après un cauchemar, forçant mon père à dormir parfois plusieurs nuits de suite avec moi. Je sais ce que tu ressens, c’est pour ça que je peux t’affirmer que ça passera.

- Oui… de toute façon, le moment est mal choisi de s’apitoyer sur son sort. De toute façon, si je perds le contrôle, tu seras là pour le reprendre, ajoute-t-il, mi sérieux, mi taquin.

- Une armée de zombies face au plus grand tremblement que la terre ait jamais connu ! Ça va faire des ravages !

- L’Oracle n’a qu’à bien se tenir !

 

Je porte ma main à son menton pour lui faire tourner la tête et l’embrasser. Nos langues se retrouvent dans une tendresse retrouvée, dégustant ces rares instants d’intimité. Alors que je me levais pour rejoindre Zephilis, Shin tombe raide mort sur mon épaule, épuisé, soulagé d’avoir pu se confier et compris. Bandant mes muscles, je le porte pour l’installer plus confortablement dans un lit, dans une atmosphère plus calme où je reste un moment à le veiller en lui prenant la main, songeur, jusqu’à l’arrivée de sa mère. Après les salutations d’usage, elle pose enfin la question qui lui tient à cœur.

 

- Comment va-t-il ?

- Ca va.

- A sa naissance, nous avons été horrifiés d’apprendre qu’il était aveugle. Aujourd’hui, je n’arrive pas à croire qu’il a vraiment recouvré la vue, après tous les examens et les consultations des meilleurs spécialistes. Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’être mal à l’aise. Plus mon fils grandit plus j’ai l’impression qu’il m’échappe.

 

Ces questions d’identité commençaient à me taper sur les nerfs et je trouve le moyen de partir sans avoir à lui répondre, les laissant seuls tous les deux pour se retrouver. J’attends, désœuvré, que Zephilis sorte de la salle de conseil, en me demandant où pouvait se trouver ma mère.

 

- Ca vous dit quelque chose ? Réunis dans la chambre où reposent mon amant et sa mère, je venais de lui répéter les propos d‘Ellysia.

- Je suis censé le savoir ? Réplique-t-elle.

- Peut-être puisque vous êtes la fille de l’Oracle.

- Non, ça ne me dit rien, assène-t-elle d’un ton ferme mais inquiet.

- Moi, je connais.

- Maman ? Me retourné-je surpris.

- Il y a dix ans, après avoir interrogé vos agresseurs, Karl s’est retrouvé avec plus d’interrogations que de réponses et a mené des recherches discrètes. Par son statut, il avait plus facilement accès aux informations top secrètes de l’Etat. Le plan de l’Oracle a commencé par se dessiner dans son esprit quand il est tombé sur le génocide d’un peuple qui avait pour particularité de contrôler les pouvoirs de l’Oracle. C’est là qu’il a fait référence à l’avalanche mais malgré tous ses efforts, il n’a pas pu en savoir plus.

- Le nom de ce peuple, tu t’en souviens ? M’enquis-je, plein d‘espoir.

- Je l’ai sur le bout de la langue mais…

- Les Androgynes ? J’avance, peu sûr de moi.

- C’est ça ! S’exclame-t-elle.

 

C’est pas vrai…

 

Je tente de garder mon sang-froid, désarroi et frustration menaçant de me faire exploser. Coïncidence ? J’essaye de me souvenir de notre rencontre avec Raine. Manigances ? Il m’avait sauvé la vie en nous recueillant au sein de sa communauté de marchands où j’ai pu bénéficier de repos après les soins précaires de Shin, me laissant dans un état trop faible pour pouvoir continuer. de mon corps suite à l’attaque d’un mercenaire agorien. Son caractère nous avait dérangé, ne mâchant pas ses mots et ne réfléchissant pas assez avant de parler. Shin s’était énervé plus d’une fois au cous d’une discussion avec lui, les deux hommes ne partageant pas vraiment les mêmes opinions politiques.

 

Son pouvoir surtout m‘avait impressionné. Un demi-dieu capable de défaire ce que faisaient les hommes. Cela concernerait-il les dieux ? Serait-il capable de neutraliser le pouvoir de l’Oracle ? Mais, dans ce cas, comment a-t-il pu les exterminer ?

 

Quoiqu’il en soit, je devais contacter Raine par n’importe quel moyen. Mais comment ?

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 8 janvier 6 08 /01 /Jan 17:54

 

 

La nuit est déjà bien entamée, je regarde le feu qui crépite devant moi, totalement hypnotisé par la danse des flammes et ne prête aucune attention au regard insistant de Lillyan. Les souvenirs de Zephilis ont crée en moi un frisson d’horreur, une sorte de morale tragique : un être aussi puissant n’a pas le droit au bonheur puisqu’il a déjà la force. Et si Lillyan et moi n’avions pas le droit au bonheur ? J’ai l’impression que toute cette histoire ne va pas bien se finir, il y aura encore plus de morts, c’est certain.

 

Zephilis a depuis longtemps cessé de parler, plongée dans ses pensées et sans doute dans ses souvenirs avec le roi Konrad. Elle reste silencieuse couchée à même le sable de la plage, sa fine et longue pipe dans la bouche.

 

Je me demande si je dois ressentir de la peine en la voyant espérer autant qu’il soit encore en vie ou si au contraire je dois plutôt l’admirer. Je ne sais plus tellement comment la voir maintenant, une femme seule forgée par un passé honteux ? Une femme malheureuse qui n’a pas vraiment eu le choix ? Une sorte d’Oracle caché ? Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle était impressionnante, autant en plein combat que lorsqu’elle pense dans son coin.

 

Lillyan finit par s’endormir sur les jambes de sa mère, je partage un regard complice avec la mienne. Ma fierté stupide ne me permet de me reposer sur ses épaules mais elle comprend que ce n’est pas l’envie qui me manque. Elle porte toujours ses anneaux d’or dans ses cheveux blonds mais son visage n’est plus aussi lisse, son sourire n’est plus aussi lumineux. Elle porte les horreurs de la guerre sur ses joues, le stress sur son front, la peur dans son regard. Elle a prit dix ans en une année. Je n’ose pas lui demander si elle va bien, elle me mentirait en souriant de toutes ses dents que « ça va ». Je ne peux pas lui demander si elle peur, elle serait outrée. C’est là le triste sort d’une femme agorienne, elle ne montre pas sa peine, ni sa douleur, elle doit rester forte en toute circonstance. Cali n’est pas moins concernée, elle doit rester un repère solide pour Lillyan, elle ne doit rien dire de ce qu’elle a put endurer car c’est Lillyan qu’elle ferait souffrir.

 

Zephilis finit par se lever, partir marcher un peu, je la suis du regard jusqu’à ce qu’elle atteigne l’eau. Les léger vas et viens des vagues bercent le sommeil lourd de Lillyan, je peux m’absenter sans qu’il ne sursaute par peur que je sois parti loin de lui. Je me redresse pour rejoindre Zephilis, curieux de comprendre ce qu’a été sa vie, curieux de comprendre ce qui la lie à Konrad.

 

- Tu devrais te reposer, gamin, la journée sera longue demain, me dit elle sans se retourner.

- Je ne dors jamais bien longtemps de toute façon.

- Contrairement à Lillyan qui semble avoir un sommeil très lourd !

Je crois apercevoir un léger sourire sur son visage ferme.

- Encore une allusion à Koryu ?

- Non. Je parle de vos deux personnalités respectives. Avant même de parler de Koryu, vous êtes déjà diamétralement opposés ! Lillyan est plus impulsif, plus expressif, plus confiant. Tu es beaucoup plus réfléchi et distant, maître de tes émotions, ce qui cache un manque de confiance en soi. Tu es orgueilleux, Shinrei, mais tu te sous-estimes.

- Cela reste très négatif pour moi.

- Pas tant que ça…Il faut savoir rester modeste sans trop l’être non plus.

- C’est cela que t’a enseigné le roi Konrad ?

 

J’ai abordé le sujet sensible, le nom du roi a été prononcé, et à mon plus grand étonnement Zephilis ne m’avait pas jeté de regard noir, au contraire, son visage s’est brusquement adouci. Sa tête légèrement penchée sur ses pieds nus, l’eau caressant ses orteils.

 

- Konrad est le premier à donner des conseils qu’il n’applique pas lui-même. Sais-tu qu’il n’aurait jamais dû être roi ?

- Il ne faisait pas partie de la famille héritière d’Eria ?

- Si mais son père disait sans cesse qu’il était trop faible pour devenir roi, pas assez sérieux, il n’avait aucun talent particulier et n’était pas plus fort qu’un autre habitant. Un simple Tailleur de glace parmi tant d’autre.

- Et pourtant il est devenu roi.

- Lorsque la première attaque de Pandore à été lancée, il y a vingt ans de cela, Eria n’était pas encore indépendante, nous étions sous le commandement de l’Oracle et le roi n’était qu’un régisseur. J’avais à peine onze ans, encore sujet à de nombreuses expériences, je n’ai pas été envoyé au front, par peur qu’on ne finisse pas découvrir mon identité. Le roi a attendu les renforts agoriens mais personne n’est venu. Tout le monde se croyait perdu, le roi était désespéré.

 

«  - Nous n’avons pas le choix ! Il faut envoyer Zephilis sur le front ! Hurlait le roi

- Jamais je ne te laisserai gâcher notre seul chance de vaincre un jour Agora !

- Si nous perdons face à Pandore, il ne restera plus rien de la ville ! Et ta petite souris se retrouvera aux mains du roi ennemi, tu préfères cela ? »

 

- Le roi était furieux contre son frère qui s’occupait du projet « Zephilis ». Konrad a eu vent de cette discussion, il avait déjà quinze ans et était en âge d’aller à la guerre. En quinze années d’humiliation, de déception, mon nom devenait blessant à lui seul, Konrad a fini par me haïr du fond de son cœur, à tel point qu’il a décidé après avoir entendu le roi crié de venir me parler, de me cracher toute sa colère et sa rancune.

 

«  - JE TE HAIS ! Comparé à toi, je suis nul, sans valeur, sans talent ! Mon père a honte de moi ! Et tout ça, c’est de ta faute ! Parce que tu es la fille de l’Oracle…Personne ne pourra atteindre ta force…Tu n’aurais jamais dû exister. »

 

- Au fond, il n’avait pas tord. Je n’aurais jamais dû voir le jour, fille d’un Oracle et d’une vulgaire habitante d’Eria, comment est-ce possible ? L’Oracle ne peut pas faire d’enfant puisqu’il est un dieu. J’étais un tabou, un être exceptionnel et dangereux. J’avais quatre ans de moins que lui, je n’étais qu’une enfant et pourtant à la vue de son regard rouge, de son regard humain, j’ai senti mon cœur se déchirer. Personne ne m’avait jamais regardé comme un être humain, c’était peut être de la haine mais je m’en fichais. Qu’on m’aime ou qu’on me déteste ! Je voulais simplement qu’on me regarde un peu.

 

« - Tu es nul seulement si tu te crois nul. »

 

- J’aurai pu lui dire « merci » ou encore «  désolé » mais ça ne l’aurait pas aidé. Konrad est resté figé quelques instants, nous sommes restés là à nous regarder. Il s’est enfuit comme un voleur lorsqu’il a entendu des bruits de pas se diriger vers ma cellule. Je ne l’ai revu que le jour où Eria et Agora rentrèrent en guerre pour l’indépendance. Elle a débuté il y a quinze ans et s’est terminé à peine six ans plus tôt. Le roi était mourant, Konrad était devenu un homme fort, grand, plein de sagesse alors qu’il n’avait que vingt ans ! La force qu’il avait accumulée en quelques années l’avait réellement endurci. Cette fois, nous n’avions plus le choix, j’étais l’arme secrète d’Eria et ils ont fini par me sortir du placard.

 

Zephilis relève le visage, un sourire nostalgique prend place sur son visage.

 

- Konrad m’a paralysée sur place. Attachée à mes chaînes, les scientifiques s’acharnaient à me faire porter des habits de combat qui finissaient en lambeaux parce que mon aura les déchirait à chaque fois. Dans la grande salle du trône, le vieux roi assit maladroitement et à sa droite un jeune homme qui s’imposait par sa carrure. Tu vas me trouver vieux jeu, gamin, mais je n’ai fait que le regarder de toute la séance. A seize ans, j’avais déjà forgé mon caractère de merde ! Putain ! Pourquoi est-ce que je le fixais comme ça ? Pourquoi est-ce que je me sentais bouillir ? Je rougissais bordel !! HAHAHA ! Qu’est-ce que je pouvais être puérile ! Haha !

         « Nos relations n’avaient pas changés, nous nous détestions cordialement, à chaque fois qu’on devait travailler ensemble sur le front, je le haïssais encore plus pour une raison si stupide. Le cœur qui bat la chamade lorsqu’il est près de moi…Quelle sentiment horrible de soumission ! Je le fuyais le plus possible. Jusqu’au jour où on ne peut plus fuir…

 

« - Général, nos troupes reculent sur la côte ! Les Agoriens ont envoyé des Joueurs de Feu très expérimentés ! Nos Tailleusr de glace ne font pas le poids, il nous faut des Souffleurs de vent ! 

- Contactez le commandant Kilian ! Demandez lui une troupe de Souffleur de vent !

- Vous ne saisissez pas, mon General, nous sommes entrain de perdre..Il nous faut Zephilis et le prince Konrad !

- Vous demandez l’impossible. Ils ne veulent jamais travailler ensemble !

- Il faut les forcer ! Les troupes ennemis sont en train d’atteindre les civils ! »

 

- Il n’en fallait pas plus pour enrager Konrad, d’un tempérament plutôt calme, à la limite de l’idiot ! Il a toujours voulu protéger les civils. C’était évident, il était fait pour devenir roi. Konrad avait pendant longtemps caché ses talents, les Tailleurs de glace ne pouvaient ni contrôler le vent, ni l’eau qui leur permettaient de faire de la glace. C’est pourquoi leur pouvoir était très limité ! Il ne créait pas la glace, il ne faisait que l’extraire, un Tailleur de glace est inoffensif au milieu de la mer où du désert. Konrad était un Tailleur de glace particulier, il pouvait la fabriquer et cela, tous les soldats qui l’avaient vu se battre le savaient. Il envoyait un « faiseur » de glace au bord de la mer ! C’était gagné d’avance, je n’étais là que pour écraser le plus gros. Notre combinaison a été appelée « la danse des sacrés ». La bataille de la côte Est fut la bataille décisive de cette guerre.

               « A Azeria d’autres nouvelles parvenaient au front «  Le roi est mort. Vive le roi. ». Konrad a été sacré roi par la volonté de son père, la joie se mêlait à la peine dans son regard. Sur le front, il n’était pas au combat, perdu dans ses pensées, je m’inquiétais à mesure que je le voyais se fermer sur lui-même. Un soir alors que nous étions rentrés au camp, il est parti dans sa tente sans un sourire de bonne nuit aux soldats, choses qu’il faisait sans cesse - qui m’énervait d’ailleurs.

 

« - Konrad il faut qu’on parle.

- Nan, laisse-moi Zephilis. J’ai pas la tête à gueuler ce soir.

- Je rentre. »

 

- Le roi Konrad, le grand imbécile heureux, pleurait honteusement caché dans sa tente. C’était un choc pour moi-même s’il ne m’était pas difficile de l’imaginer pleurer, je n’aurai jamais cru réellement y assister.

 

« - Je t’en prie, ne te moque pas. Je sais pas ce qui m’arrive ! Je ne peux pas m’arrêter et c’est horrible ! J’ai le cœur qui se serre dans ma poitrine et c’est si douloureux que les larmes coulent sans aucun contrôle de ma part ! »

 

- Crois moi ou pas, gamin, mais me moquer de lui ne m’a même pas traversé l’esprit. Je me suis ruée sur lui, je l’ai serré dans mes bras. Ce fut un tel soulagement ! Un besoin enfin satisfait, j’aurai pu rester ainsi pendant des heures, des mois ! Que dis-je ? Des années ! J’avais la sensation d’avoir trouvé ma place. Dans ses bras, j’étais une femme comme les autres, soumise aux même désires.

- Vous …

- Une seule nuit. Une seule et unique nuit. Et c’est-ce qui m’a fait déraillé… Au lendemain ce fut indifférence, oubli, vide. Comme si cette nuit n’avait jamais eut lieu. Il était redevenu l’irritable roi Konrad. J’avais dix sept ans, gamin, à dix sept ans, on a encore plein de rêve dans les yeux. Konrad me les a déchirés un par un. Dés que j’ai atteint le front, j’ai fait appel à toute ma puissance. «  Le carnage du Pont d’Or. » Je me suis même retournée contre ma patrie, dévorée par mon pouvoir. Konrad a été contraint de me neutraliser et il m’a enfermé dans une cellule. Je me suis réveillé enchaînée à ces chaînes qui m’avait accompagnées toute ma jeunesse, les barreaux eux-mêmes étaient de la même matière pour éviter de m’attaquer aux gardes.

 

« - Zephilis…Savez-vous pourquoi vous êtes enfermée dans cette cellule ? »

 

- Je ne répondais pas aux scientifiques. Je ne répondais à personne, je fumais tranquillement en me moquant presque d’eux. Puis ce fut Konrad qui vint me rendre visite après des mois de captivité.

 

« Ne vous approchez pas, Konrad, elle est devenue très agressive.

- Ne parlez pas d’elle comme si c’était un animal. Ouvrez-moi la porte et laissez-moi seul avec elle.

- Qu’est-ce qui se passe, Konrad ? Tu te souviens de moi maintenant ? Tu n’as plus peur ?

- N’essaie pas de m’intimider, tu sais bien que ça ne marche pas avec moi.

- Pff…Toujours aussi froid. Toujours aussi con ! Tu peux te casser si c’est pour me narguer.

- Je suis venu m’expliquer. Si tu es ici, c’est parce que tu es devenu dangereuse ! Ton pouvoir est destructeur et tu es encore trop sensible pour pouvoir te faire confiance.

- Trop sensible…Haha…TROP SENSIBLE ? ESPECE DE FILS DE PUTE !!! TU M’AS…AAAAh ! Va t’en, je veux plus te voir…

- Zephilis…

- BARRES-TOI !!!! »

 

- Je ne voulais pas pleurer devant lui, j’avais tourné la tête rageusement, m’empêchant de crier mais il a fini par voir mes larmes…La honte n’a fait que décupler ma rage, ma haine contre lui. Je ne voyais Konrad que périodiquement, je savais qu’il s’était marié quelques années plus tard, il a eu des enfants. La haine passe, gamin, elle fait place à l’ennuie…Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir de nouveaux dix sept ans…Konrad est mort. Il est sûrement mort même si je veux croire le contraire.

 

Zephilis redevient silencieuse, le regard perdu au milieu de l’écume, les lèvres légèrement pincées, on pourrait croire qu’elle prie au fond d’elle pour que son espoir ne soit pas vain. J’aimerais lui dire qu’elle a raison, que son roi est en vie quelque part et qu’il attend son retour avec impatience. Mais au fond je sais que c’est faux…

 

J’ai quitté Zephilis peu après ça, ses paroles flottaient au dessus de sa tête, plus je m’éloignais plus je voyais le dos d’une femme amoureuse. Je pouvais aisément deviner sa peine sans pour autant la ressentir, je ne désire pas la ressentir, je serai déjà mort à sa place…Sans Lillyan, je n’ai pas de raison d’être, ça a toujours été ainsi, ça sera toujours ainsi…

 

Je me suis endormi près du feu, près de mon amant, j’ai fermé les yeux lentement avec une dernière pensée pour le roi Konrad.

 

- Ecoutez-moi bien, les gars. La communication, ce n’est pas quelque chose d’évident à expliquer, il faut simplement vous concentrer sur vous-même, oublier ce qui vous entoure. Visualisez ce qui n’existe pas ou du moins imaginez le.

 

Lillyan assis, jambes croisées, juste à mes côtés, arque un sourcil. Je peux comprendre son étonnement, parfois les paroles de Zephilis n’ont aucun sens mais nous n’avons pas le choix, il faut lui faire confiance.

 

Assis depuis deux heures, nous concentrer nous a endormis plus qu’autre chose. Koryu doit bien se marrer dans son coin. Je commence à me demander quel genre d’esprit il peut être. Peut être est-ce lui qui ne veut pas communiquer ! Zephilis à dit une fois devant moi que Koryu était un esprit joueur, il aime les défi, très prétentieux. Je commence à identifier notre maître à lui. Si nous avons réussi à percer la carapace de Zephilis nous devrions pouvoir communiquer avec Koryu, non ? J’avoue, ce n’est pas le même calibre.

 

- Allez-y !

 

Ensemble, nous faisons exploser nos auras. L’effluve puissante fait reculer ma mère qui nous regarde de loin avec Cali, nos corps entier semblent se déverser dans les airs avec une violence rare. Mes habits se décomposent à mesure que la tension augmente, une sorte de vent se soulève et fait valser les quelques feuilles mortes autour de nous. Mes cheveux longs s’embrasent dans le tourbillon du vent, la pression augmente d’avantage. Nos muscles entiers se contractent, nos têtes se compressent. Je serre les poings et sens que je ne peux déjà plus contrôler cette puissance qui dépasse l’entendement. Le fait de me trouver à côté de ma moitié démontre d’autant plus notre immense pouvoir. Nos auras sont quasi-identiques. La douleur commence à se ressentir et j’entends Lillyan grincer des dents, il faut d’avantage pousser notre aura, jusqu’à ce qu’elle explose littéralement le décor.

 

Je serre les poings, mon crâne va exploser mais je reste maître de moi-même avec un léger rictus déforme mon visage. Je ferme les yeux et hurle intérieurement. J’ai l’impression d’avoir un puits sans fin de cette force, qu’elle s’extirpe de moi comme d’une source inépuisable. Les éléments réagissent à notre « cri » commun, je peux sentir la terre trembler sous nos pieds et très vite tout le monde la sentira, le vent devient de plus en plus violent et nous fouette le visage sans retenue. C’est une tempête qui se prépare.

 

Zephilis lève son œil torve sur le ciel, le soleil se cache derrière une épaisse couche de nuages noir qui tournoient au dessus de nos tête, elle rapporte son attention sur la mer de plus en plus tumultueuse, les vagues s’écrasent sur les rochers et viennent s’abattre sur nous sans que nous nous en soucions. Plongés dans une concentration inqualifiable, je peux percevoir chaque mouvement qui résonne en contact du sol, je me sens de plus en plus écraser contre ce sol comme si j’allais en faire parti même. Mes jambes me font presque mal…Je sens quelque chose venir me chatouiller les chevilles mais j’ai peur d’ouvrir les yeux, je ne veux pas perdre ma concentration.

 

- AAAAAAAAAAAAAAAH !!!

 

J’ouvre les yeux brusquement, je tourne mon visage vers mon amant. Cali retient un cri alors que des mains bleutées, à moitié décomposées s’arrachent du sol pour l’attraper avec force. Sans réfléchir, je me précipite sur lui, perplexe, j’arrache les bras des cadavre pour le délivrer mais plus j’en arrache plus j’ai l’impression qu’il en remonte d’avantage ! Je suis désemparé, je ne comprends rien, c‘est quoi cette merde ?!

 

- Shin ! SHIN !!!

 

Ils l’entrainent sous la terre, comme si Lillyan était englouti dans une pâte molle, le sol perd de sa consistance et pourtant je le sens toujours aussi dur sous mes genoux, je n’arrive pas à le remonter ! Je n’arrive pas à l’aider !

 

- Zephilis ! FAIS QUELQUE CHOSE !!!

 

Elle reste statique, son regard sombre sur nous, droite, elle observe passivement et presque avec méchanceté. Je ne lâche pas la main de Lillyan mais la force qui l’attire dans les profondeurs des limbes est bien trop forte, même pour moi. Malgré toute ma hargne, sa main ne me tient plus quand je crois enfin pouvoir le relever.

 

Je frappe le sol avec force mais n’arrive plus à le briser, je sens mes pouvoirs me quitter, impuissant je n’arrive même pas à l’égratigner ! Je hurle de rage et de fureur, mon aura s’en retrouve décuplé et la mer en témoigne ! La foudre jaillit du ciel sombre et s’abat sur la tempête ! Que se passe-t-il ?!

 

Je sens à nouveau qu’on me chatouille les chevilles et je découvre avec effroi la cause, des racines s’entortillent autour de mes jambes et se plante dans ma chair sans pour autant me faire mal. Comme si tout ceci n’était qu’un rêve. Nerveusement, je les repousse mais elles reviennent et poussent du sol par millier. Je n’arrive pas à leur échapper, je lance un regard de secours vers Zephilis mais elle ne bouge toujours pas. Je me débats avec plus de virulence, les racines s’engouffrent sous ma peau dans un bruit horrible de déchirement lent et cruel. Je peux les sentir se faufiler sous ma peau, je regarde mes mains totalement paniquer, les lianes s’agitent et semblent se délecter de mon sang. Je ne fais plus qu’un avec le sol lorsque je suis totalement aspiré à mon tour sans quitter les yeux stoïque de mon maître.

 

J’ouvre les yeux brusquement, j’ai l’impression de me retrouver sous l’eau, je me sens plus léger que si je volais. Je n’ai pas de bandeau, je peux aisément sentir son absence je commence à paniquer mais très vite, je me rends compte que je ne ressens aucune douleur. Il fait jour, ce qui m’entoure me semble terne et je ne suis plus à pandore. Une terre inconnue me fait face.

 

Je ne peux pas poser le pieds sur le sol, je flotte littéralement et complètement nu. Etrange sensation, est-ce que je suis en train de rêver ?

 

- N’est-ce pas ce que tu désirais le plus ardemment ?

- Hein ?

Je me retourne pour découvrir le visage de la voix inconnue.

- Surpris ?

 

Un homme à la carrure virile me fait face, des habits antiques de combattant, je dirais même de noble. Un cou recouvert de bandages jusqu’à la moitié du visage, une cuirasse lourde sur les épaules, des habits noir d’écailles et de peau de bête. De longs cheveux ébènes atteignent sa chute de reins attachés par des anneaux d’argent et d’or. Un signe sur le front ressemblant aux épées des mercenaires d’Agora, les sourcils fins et surtout des yeux aussi blanc que le reflet de la Lune.

 

Un sourire mesquin trône sur son visage avec une infinie prestance, je suis sûr que je suis face à un être d’exception, je peux ressentir sa puissance jusqu’à la pointe des mes ongles, je sens son aura pénétrée ma peau jusqu’à l’os. Sa voix elle-même est une arme de charme, deux épées sur sa ceinture, le portrait craché de Lillyan.

 

A la minute où j’ai croisé son regard j’ai su qui il était.

 

- Koryu… je souffle impressionné.

- En personne.

- Je croyais que vous étiez…

- Un dragon ? Avec le temps, les hommes deviennent des légendes et les légendes évoluent avec eux. Je ne suis qu’un prince d’une époque si lointaine qu’il m’est impossible de te dire sa date. Des millénaires ? Des années lumières peut être…

- Vous n’êtes pas un dieu ?

- J’en suis un. Sinon je ne serai pas ici.

- Je vous imaginais plus comme Zephilis…

- Arrogante ? Prétentieuse ? Sarcastique ? Je t’en prie. Avec le temps, on dépasse les défauts humains. Je suis un dieu, Shinrei Mauran…

 

Finalement, pas si différent…

 

- Cela faisait tellement longtemps que je voulais te parler…

 

Celui qui se disait Koryu s’approche de moi avec une fluidité divine, des pas léger et félin. Je restais immobile alors qu’il s’arrêtait à quelque millimètre de moi, je pouvais presque sentir son souffle, il n’avait plus rien d’imaginaire et semblait si réel. Il a posé sa main sur ma joue avec douceur, son regard captivant me paralysait sur place. La ressemblance avec Lillyan était déconcertante. Mais une différence persistait, l’aura qui se dégageait de lui était malsaine, il n’était pas aussi pur que Lillyan. Je me méfiais du dieu comme de la peste.

 

- Tu lui ressembles tellement… il a susurré

- Ressembler à qui ?

- Ellysia. Le dieu qui occupe l’esprit de l’Oracle et qui le domine. Le dieu du bien. Ou plutôt la déesse. Cette chevelure et ce regard, c’est le même. Ma douce Ellysia.

       «  Lorsque toutes ces légendes n’existaient pas encore, Ellysia et moi vivions dans un monde où la loi du plus fort était de rigueur. Il n’y avait que le bien et le mal, que le faible et le fort. Deux clans subsistaient pour devenir maître de ce monde chacun leur tour se succédait sur la place du « tout puissant ». C’est une chose qui te semble totalement dépasser et incompréhensible mais c’est ainsi qu’était régi le monde de mon temps. Un dieu du mal ne peut aimer un dieu du bien et pourtant, j’ai été condamné à ne vivre que pour elle…

A la minute où je l’ai vu, au côté de l’ennemi, mon cœur, ma vie étaient scellés. Dans notre monde, je ne pouvais fuir à ses côtés, je ne pouvais braver nos lois, et elle non plus. Dans une bataille horrible pour la conquête du pouvoir, je me suis volontiers laisser tranché par son épée, elle s’est livrée à moi comme une femme dévouée en s’égorgeant elle-même. Nous nous sommes jurés amour et loyauté pour l’éternité et c’est ainsi qu’est né l’Oracle. A notre mort commune, nous nous sommes réincarnés en un seul homme, chaque cycle, chaque génération, nous revivions ensemble. Un dieu ne meurt jamais, Shinrei, il ne fait que se réincarner indéfiniment. »

      « Ellysia a pris le contrôle de l’Oracle parce qu’il s’est laissé dominer par le bien, il est donc devenu immortel et Ellysia a cessé de se réincarner contrairement à moi. Je me suis réincarné mais l’Oracle s’est divisé en deux à cause de ce déséquilibre et me voilà découpé en deux ! Afin d’éviter la fin du monde il faut détruire l’Oracle, Ellysia doit se réincarner en vous, se diviser en deux à son tour. Ou bien il vous faudra mourir… »

- Que passera-t-il si elle ne se divise pas ?

- C’est impossible. Dés l’instant où l’Oracle sera mort, son âme devra atteindre le successeur, en l’occurrence vous êtes deux.

- Zephilis avait donc raison…

- Quoi donc ?

- Votre histoire est bien plus romantique qu’il n’y paraît.

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 8 janvier 6 08 /01 /Jan 17:49

Je n’ai pas le temps de voir venir le coup que je suis déjà aplati contre le sol, mangeant la poussière. Je redresse la tête, en crachant, luttant pour respirer. Mon regard scrute frénétiquement l’espace qui m’entoure, de droite à gauche, en diagonale, ma tête bouge constamment pour englober tout l’environnement. Je ne capte rien, ne sens rien et pourtant, l’air crépite de tension, sa lourdeur le rend difficilement respirable et irrite la gorge.

 

Autour de moi, les soldats se relèvent, Shin a le regard sombre. Je me rends compte que nous formons un cercle au centre duquel se tient Zephilis. Elle demeure immobile, impassible mais son visage tordu de douleur exprime bien assez sa douleur. Je me fais violence pour ne pas intervenir lorsque je vois ma mère s’avancer vers elle. Elle s’arrête à deux mètres d’elles et ne bouge plus. Intrigué, je la rejoins suivi par Shin. Je l’interroge du regard.

 

- Elle est en train de se faire dévorer par son pouvoir.

- Dévorer ?

- Oui, son pouvoir est en train de reprendre le dessus.

- Pourquoi ?

- La douleur occulte sa raison, elle ne s’est laissée submergée qu’une seule seconde mais ça a suffit. Maintenant, elle lutte pour garder le contrôle sur son pouvoir. S’il explose, c’est la catastrophe.

- La secousse à l’instant, c’était elle ? Demande Shin.

- Oui, mon instinct me souffle qu’elle est extrêmement puissante. J’en ai des frissons.

- C’est notre maître, lui indiqué-je, elle maîtrise tous les éléments.

- Rien que ça… Il faut l’arrêter mais nous ne pouvons même pas l’approcher.

Je consulte Shin du regard pour m’assurer qu’il pense la même chose que moi… Qui d’autre qu’un dieu est le mieux placé pour arrêter la fille d’un Oracle ?

- Laisse-nous faire, maman. Eloigne-toi le plus possible, on ne sait pas trop ce qui va se passer.

- Que comptez-vous faire ?

- La maîtriser.

 

Elle ouvre la bouche avant de la refermer sans dire un mot, comprenant que la situation n’était pas à la discussion. Nous ne savons pas vraiment si la solution est bonne mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Je ferme les yeux pour invoquer Koryu, mon pouvoir est toujours aussi instable mais il est toujours prompt à agir.

 

Mon sang bouillonne. Mon cœur cogne. Mes sens s’affinent. Tout mon corps est en ébullition. L’odeur du danger excite toujours autant Koryu toutefois, celui-ci est deux fois plus nerveux que d’habitude. J’ai l’impression de me battre contre un de mes semblables, Koryu reconnait un membre de sa famille. C’est étrange… déroutant… Il faudra que je demande ce que Shin a ressenti lorsqu’il a combattu son père mais je suis presque sûr que la sensation n’était pas la même.

 

C’est au choc physique que je me préparais, non pas au choc mental ! Un instant privé de mes sens, je me mets à paniquer avant de me faire engloutir par une vague de souvenirs. Des sentiments. De la peur, de la douleur, de la panique… L’amour. Après avoir retrouvé mon calme et mon sang froid, dans la mesure du possible, je réalise que je me tiens au côtés de Zephilis.

 

Je ne sais pas vraiment ce qui me permet d’affirmer une telle chose puisque pour moi, les bébés ont toujours été les mêmes, des masses informes de chair humaine. Des scientifiques en blouse blanche sont penchés sur elle et marmonnent dans leur barbe.

- L’Oracle ne peut pas avoir d’enfant, c’est tout simplement impossible ! S’excite l’un d’eux. Nous avons fait tout notre possible pour…

- Silence, Horste, nous avons fait un test, il n’y a pas d’erreur possible, c’est Son enfant, s’exclame un type dont le visage, bien que caché partiellement, m’est vaguement familier.

- Qu’a-t-on fait de la femme ? Demande un autre.

- Neutralisée. Une chance qu’on ait gardé l’œil ouvert. On n’a pas besoin d’un scandale de plus pour mouiller l’empire… La situation est suffisamment grave sans en rajouter.

- Donc personne n’est au courant pour l’enfant ? Mais c’est une chance inespérée ! Si nous la prenons avec nous, nous pourrons l’examiner. Avec un peu de chance, elle aura hérité des gênes divins de son père et…

- Horste, calmez-vous, calmez vos ardeurs sataniques. Il s’agit d’un dieu, il faut agir avec prudence et discrétion absolues. Nous agirons cette nuit ! A minuit pile, au moment où l’Oracle est le plus faible.

 

Je suis aspiré par une nouvelle tornade temporelle. Mon cœur se tord dans ses propres boyaux, la sensation m’entraîne au bord de vomissement. Le bébé a pris quelques années et une jeune fille de quelques années hurle à pleins poumons pour extérioriser sa rage et la transmuter en une véritable bombe. A trois ans, elle explose d’un simple mouvement de tête des bouteilles d’eau situées à dix mètres de distance.

 

A côté de moi, les mêmes scientifiques hochent la tête d’un air satisfait en contemplant des courbes d’évolution.

- Elle fera une arme redoutable pour notre roi. Eria ne va pas tarder à surpasser Agora ! A trois ans, elle a une puissance mentale égale à un jeune homme au meilleur de sa forme. En développant sa puissance physique et mentale, dans dix ans, ce sera un monstre.

- Un monstre que nous devons être capables de contrôler, Horste, trop d’hommes impétueux se sont laissés engloutir par leur création. Je ne commettrai pas cette erreur ! Où en êtes-vous à propos de ces catalyseurs, Rikiel, demande-t-il ?

- C’est encore instable et tant que la puissance de Zephilis n’est pas stable, nous ne pourrons pas les rendre plus précis. Mais le principe est acquis.

- De quoi s’agit-il ?

- Zephilis n’est certes pas une déesse, elle n’en demeure pas moins très puissante. Nous ne pouvons tout simplement pas endormir son pouvoir ou le réveiller selon notre volonté, nous pouvons seulement le brimer par des chaînes qui aspirent son pouvoir.

- Très bien, je vous laisse gérer la suite. Meyer, les stimulants, que donnent-ils ?

- Très efficaces. Son corps se muscle deux fois plus vite que la moyenne. Les résultat sont bons.

 

Lorsqu’enfin, le mystérieux scientifique tourna la tête vers moi, je compris pourquoi son visage m’était vaguement familier, il devait s’agir ni plus ni moins, du père du roi Konrad ou plutôt de son oncle. Je n’avais pas besoin de voir la suite pour la connaître. Le jeune Konrad avait sûrement eu vent des expériences de son oncle menées sur la jeune fille dont un seul regard suffit pour envoûter le prochain souverain. Mais la guerre éclata entre Eria et Agora et Zephilis dut partir au combat aux côtés de son roi. Et après ?

 

Probablement trop secouée face aux horreurs de la guerre, elle s’était montrée instable. Son pouvoir et son identité la rendaient trop dangereuse pour la laisser en liberté, d’où son enfermement. Le roi Konrad a dû la prendre en pitié, n’étant pas aussi impitoyable que sa famille, et une relation avait dû naître entre eux. Peut-être pas de l’amour, peut-être pas de l’amitié, mais quelque chose de confiance, quelque chose qui fait que la mort de Konrad ne laisse pas Zephilis indifférente.

 

Et nous ?

 

Comment cela expliquait-il ses connaissances sur l’Oracle ? Sa propre curiosité ? Ses propres expériences ?

 

Je suis soudainement interrompu dans mes réflexions en revenant dans le monde réel. Etourdi, je tente de reprendre pied avec la réalité mais le regard de Zephilis me glace d’effroi. Je déglutis difficilement, me sentant coupable d’avoir empiété en toute impunité sur son intimité. D’avoir pénétré dans l’intimité du maître des éléments le plus puissant de la terre après l’Oracle. Je frémis d’angoisse.

 

D’un geste, elle se détourne, pleine de mépris à notre égard. Je prends conscience que ma mère se tient à mes côtés, me tirant par le bras pour m’empêcher de suivre Zephilis. Elles ne comprennent pas, j’ai tellement de questions à lui poser ! Des bras chauds viennent m’enserrer à la taille, une chaleur maternelle, une étreinte filiale. Je me contrains au calme et à la patience même si je ne suis vraiment pas d’humeur.

 

Et maintenant ?

 

Je regarde Shin qui prend la suite de zephilis, d’un pas résolu et ferme. Je lui laisse de la marge avant de le suivre. Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’ai tellement voulu revoir ma mère, depuis ce jour cruel où nous avons été séparés, mais je n’arrive pas à lui faire face. Je ne sais pas quoi lui dire, je me sens coupable de tout ce qui leur est arrivé. Mon père… Pourquoi Karl, Sheila et maman étaient-ils tous là mais pas lui ?

 

Le temps passe vite, une nuit s’écoula jusqu’à ce qu’un semblant d’ordre s’impose. La famille royale est revenue parmi laquelle la tendre princesse Laya à l’agréable sourire et les soldats se sont organisés pour ramasser les corps et nettoyer la ville afin d’éviter la maladie. Je m’efforçai de ne pas regarder l’errance et la désolation des compagnes, amies des morts. La ville est dans un sale état, complètement ravagée et entièrement sinistrée. Les citoyens avaient été réquisitionnés pour aider les soldats, une manière de les encadrer et de leur donner quelque chose à faire pour éviter le pillage, le vol et les agressions gratuites. Les cuisines du château ont été mises à contribution pour nourrir le peuple. Une réunion extraordinaire allait avoir lieu entre les élus et le roi.

 

Nous nous sommes retrouvés désemparés, exténués malgré le peu d’efforts que nous avions fournis. Au final, nous ne nous sommes même pas battus, nous avons juste un peu couru. Assis sur le rempart d’une terrasse, le silence règne. Les mots et les gestes justes sont difficiles à trouver. Après tout ce que nous avons vécu, une certaine distance s’est installée entre nous, une distance du fait que nous ne sommes plus exactement les mêmes, nous ne sommes plus exactement leurs petits garçons… A moins… A moins que la phrase qui m’avait arraché à mes parents n’était pas dénuée de tout pouvoir…

 

En réalité, ces sentiments sont les miens, ma mère, toujours aussi formidable, me laisse simplement le temps de faire le point avec moi-même. Elle a toujours su quand j’avais besoin de solitude ou quand j’avais besoin d’elle. Là, j’avais besoin des deux. Je n’arrivais pas à lui parler mais je ne voulais surtout pas la laisser partir.

 

Shin, quant à lui, a toujours savouré les moments importants à leur juste valeur, sans éprouver le besoin de s’épancher. Comprenant que j’avais besoin d’être seule avec ma mère, il a proposé son bras à la sienne pour aller se promener et respirer un peu après de tendres étreintes.

 

Elle s’approcha de moi lentement en tendant sa main en avant, comme pour apprivoiser un animal sauvage, comme pour apprivoiser ma nature animale. Je me raidis légèrement lorsque son doigt se pose sur le bout du nez.

- Idiot ! Me lance-t-elle en souriant. Pour ça, t’as pas changé !

Elle me décroche un sourire avant de me serrer dans ses bras. D’un côté, l’envie de rire fort, de l’autre, de pleurer pour tout lâcher.

- Et toi, tu sens toujours aussi bon, répliqué-je, en pointant mon museau contre son cou.

- Shin va être jaloux si tu me dragues… me taquine-t-elle.

- Oh non, t’es trop insupportable, il a rien à craindre pour ça.

- Espèce de goujat ! Je me demande comment fait Shin pour te supporter.

- Moi aussi, intervient une voix masculine derrière nous.

 

Je lui donne une taloche sur le crâne pour le réprimander.

- Genre ! Sans moi, tu fais des cauchemars, la nuit ! Me moqué-je.

- Toi, de simples chatouilles suffisent pour te mettre K.O !

- Ah, les hommes, vous vous prenez pour des dieux mais vous êtes loin d’arriver à la cheville de vos pères ! S’exclame maman.

- Comment va-t-il ? M’enquis-je subitement.

Les visages se ferment.

- Ton père est… en prison…

Le rire de Solon résonne froidement dans mon cœur. La puissance de Koryu m’habite tout entière. Il paiera…

- Où ça ?

- Agora. Aux… Aux mains de l’Oracle… Depuis… Depuis trop longtemps déjà… Karl use de tout son pouvoir pour l’aider. Cette guerre nous aura tout pris…

- Non, maman, non… Affirmai-je. Ce n’est pas fini…

- Mais c’est pareil avec vous… Oh, mon chéri, le jour où… où tu as été exilé, mon cœur a éclaté en morceaux… et maintenant, Zenon… Je suis seule, tellement seule. Même maintenant, je sais que tu vas repartir pour t’entraîner.

- Mais je ne laisserai pas papa en prison… Je…

- Tu vas faire ce que je te dirai, gamin ! Désolée d’interrompre cette touchante réunion familiale mais nous avons du travail devant nous ! C’est pas demain la veille que vous pourrez battre l’Oracle.

- Laisse-nous deux minutes !

- Gamin, en deux minutes, t’as pas idée de ce qu’on peut faire subir à un prisonnier. Arracher un ongle ne demande pas plus de cinq secondes pour un professionnel, une main comprend cinq ongles pour cinq et trois phalanges par doigt. En deux minutes, ton père aura déjà perdu une main.

 

J’interroge maman du regard qui baisse la tête et me lâche la main. Je la serre fort pour m’imprégner de sa présence, de sa chaleur. Je n’ai plus envie de la quitter, pas après tout ce qui s’est passé. Mes parents et Shin représentent les seuls éléments stables et fiables dans ma vie. J’ai besoin d’eux pour avancer.

- Tu m’as manquée, maman… Avoué-je.

- Toi aussi, mon grand, sanglote-t-elle, toi aussi… Alors… sois fort, je t’attendrai…

- Hey, oh, ça va bien, le mélodrame, vous vous reverrez ce soir ! C’est juste un entraînement de quelques heures, nous calme Zephilis, toujours son ton dédaigneux aux lèvres.

 

Nous nous éloignons du carnage humain pour gagner une plage guère épargnée par la guerre mais plus calme. En peu de temps, en combinant nos pouvoirs, la plage se trouve nettoyée des débris et les corps entassés dans une charrette dont nous avions pensée à nous munir. En quelques minutes, le ménage a été fait… en quelques secondes, ces hommes ont perdu la vie… Moins de deux minutes.

 

Nous nous installons sur le sable en cercle autour d’un petit feu. Shin décide d’y aller cool sans chercher à la provoquer.

- Reine…

- Zephilis, gamin, Zephilis, le tempère-t-elle d’une voix plus douce. Je veux avoir des preuves de sa mort or pour l’instant, son corps n’a pas été retrouvé.

- Avez-vous des preuves de sa fuite ?

- Fuite ou stratégie, qui sait ? Les jugements hâtifs ne sont jamais bons. Si je devais me prononcer sur l’état de ton père, je parierai sur sa mort sauf que plein de facteurs jouent en sa « faveur », notamment le fait qu’il soit le forgeron le plus habile du pays ou qu’il puisse servir d’otage contre son successeur. Donc pour l’instant, je vais me contenter du rôle de maître, ce qui est déjà suffisant, conclut-elle d’une voix usée.

Je décoche un nouveau sourire.

- Je suis le maître, gamins, et vous, vous êtes mes élèves. Je peux savoir de quelle façon vous vous êtes sentis obligés de pénétrer dans mon esprit ?

- Mais vous…

- Je sais que la situation était tendue mais vous avez agi sans prendre le temps de réfléchir. Contre l’Oracle, vous devrez utiliser vos tripes, vos muscles et votre cerveau. Jouer des poings ne l’inquiètera pas. Vous devez vous méfier de ce genre d’attaque spirituelle, Shinrei est bien placé pour le savoir, n’est-ce pas ? Les illusions sont dangereuses parce qu’elles touchent à l’esprit. Les dégâts psychologiques sont, en général, bien plus désastreux que les dégâts physiques et entrer dans un esprit puissant aurait pu vous causer bien plus de dommages si je ne vous en avais éjecté à temps.

Nous baissons la tête, conscients que nous étions en tort et que les justifications étaient vaines face à elle.

- Je ne veux pas non plus vous démoraliser et je sais que ça partait d’un bon sentiment… Mais vous m’avez fait vivre de désagréables moments. Koryu est en quelque sorte entré en résonnance avec moi, du fait de mes prédispositions, et les souvenirs n’ont jamais été aussi précis qu’à ce moment. J’ai eu une enfance difficile, entièrement dédiée à faire de moi une arme vivante au service d’Eria. J’aurai dû détester Konrad pour ce qu’il représentait mais il est le seul qui m’est considérée comme une personne et… nous avons… sympathisés, pour ainsi dire… Mais mes pouvoirs sont trop puissants pour lui alors nous avons opté pour le compromis. Bon, voilà pour le côté sentimental qui me montre sous un nouveau jour, même si ça peut être difficile de me voir sous le jour d’une femme aimante et docile…

- C’est pour cette raison que vous voulez détruire l’Oracle ?

- Mes raisons ne vous regardent pas. Elles n’interfèreront pas avec vos motivations. Vous voulez réunir vos familles ? Alors au travail. La communication vous attend.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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L
a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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