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Agora

Vendredi 12 mars 5 12 /03 /Mars 21:55

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La lumière et les ténèbres, le soleil et la lune, le jour et la nuit, le bien et le mal. Tout notre monde est construit sur la dialectique universelle opposant ainsi chaque force, chaque entité qui, paradoxalement, ne vivent pas l’une sans l’autre. Des forces qui s’opposent et qui s’attirent, des forces qui s’équilibrent de chaque côté de l’éventail. La théorie du néant et de l’infini.


Seulement si le monde pouvait se construire sur cette unique croyance d’une pression égale des puissances, sur un équilibre naturel, tout serait parfait. Malheureusement, une partie de ses forces tente désespérément de dominer l’autre, il est de la nature du mal de détruire le bien et il est dans la nature de l’Oracle de l’empêcher.


J’ai toujours vécu à la Cité d’Agora, il me semble n’avoir jamais entendu parler de guerre ou de bataille. Nous avions une armée évidemment mais elle était là uniquement pour protéger les frontières du pays avec « l’extérieur ». Qui aurait été assez fou pour s’en prendre à nous ? Agora était la cité la plus puissante du monde, entourée de nations qui n’avaient d’autre choix que nous respecter. La seule cité où « paradis » ne faisait pas partie d’un rêve : c’était bel et bien la réalité. Une civilisation développée, puissante, belle, instruite, riche de ressources naturelles. Toute la nation d’Agora était construite sur le mot « bonheur » et au dessus de tout ça trônait un personnage spirituel d’une puissance et d’une sagesse sans égales, incarnant la justice et le pouvoir : l’Oracle.


Le mystère de son existence était encore inconnu, la limite de ses pouvoirs également, la seule chose dont nous étions tous certains, c’est que, sans lui, Agora aurait été une nation ruinée par les guerres incessantes avec l’extérieur. Plusieurs légendes pèsent sur son existence, certains disent que le premier Oracle était un dieu envoyé pour protéger les hommes ; d’autres racontent que l’Oracle est un esprit immortel qui se réincarne sans cesse ; et d’autres encore disent qu’il est le résultat d’une guerre entre le bien et le mal.


Moi, je m’en fiche, les enfants de douze ans ne pensent pas à ce genre de choses, maman m’a toujours dit que je réfléchissais trop. Je réfléchis trop seulement quand je suis tout seul, enfermé dans ma grande maison à travailler sur mon pouvoir sur les ordres de mon père. Amiral de l’armée d’Agora, il est sans doute l’homme le plus proche de l’Oracle même si il n’en parle pas beaucoup : pour ça, il faudrait qu’on le voit de temps à autre.


- Encore une fois tu réfléchis trop, Shinrei, sourit tendrement ma mère.

Adossé à la porte de ma chambre, elle m’observe dans sa longue robe rouge ornée d’or, une longue tresse blonde lui tombe sur son épaule droite.

- Tu ne veux pas venir avec moi chez les Valeilles ? Elle me demande en s’avançant et en repoussant un manuel ouvert sur le lit. Tu pourrais jouer avec Lillyan.


Je suis descendu des barreaux du balcon et je me suis approché de ma mère. Son parfum si apaisant me détendait si bien que je pouvais m’endormir facilement au creux de ses bras, son regard d’ambre me transperce la poitrine et redonne le sourire. Je sens ses mains s’approcher de mon visage, elle les posent sur mes yeux et caresse la forme de mon visage avec douceur. Ses doigts pressent sur mes paupières, elle les passe derrière ma nuque, les plonge dans mes long cheveux cendrés pour resserrer mon bandeau. Non, pas un bandeau sur le front comme beaucoup d’enfants mais un bandeau rouge, la couleur de notre nation, sur les yeux. Elle dépose un baiser sur mon œil droit et se relève tout en tenant ma main.


- Tu es tellement mignon, Shinrei, sourit ma mère


Nous sommes partis chez les Valeilles, une famille aussi ancienne que la nôtre. Contrairement à nous qui faisons partie de l’élite d’Agora, la famille Valeilles est une famille modeste de la ville basse. Zenon Valeilles est le forgeron le plus doué de tout Agora, ses armes sont si réputées que toute l’armée d’Agora ne jure que par son talent, mais tout aussi fier qu’il soit, il n’a jamais accepté une promotion dans la hiérarchie populaire. Maître Zenon est très apprécié par l’Oracle, à tel point qu’il a toujours la permission de lui rendre visite à son palais. Plus important, il est le plus vieil et le meilleur ami de mon propre père. C’est un maître d’arme, il ne maîtrise pas de pouvoir particulier, comme la plupart des habitants, mais il est tout aussi redoutable car c’est un habile combattant, le plus fort, sans nul doute. Je l’ai toujours admiré, il a bridé son pouvoir pour se consacrer uniquement aux combats. Mon père me disait souvent avec le sourire que, si jamais il avait un jour à affronter maître Zenon, il perdra lamentablement. Je n’avais jamais senti mon père aussi admiratif face à quelqu’un.


Ma mère et moi traversons la ville haute : les seigneurs de la guerre et les plus fins stratèges se regroupent tous ici, ainsi que les mages puissants et les invocateurs. La ville basse regroupe tous les habitants en général, les guerriers débutants en somme. La famille Valeilles aurait pu facilement vivre dans la ville haute mais « à quoi bon quitter un endroit où nous sommes bien. L’Oracle lui-même vit dans la ville basse ». Cela dit, j’aurai eu moins à marcher s’ils avaient été nos voisins.


Nous descendons les marches en pierres qui mènent à la ville basse, le marché gronde déjà sur la place de l’Oracle. J’adore cette partie de la ville avec le bruit, les habitants hurlant, la foule, les rires, la vie. Tout ça me rassure et me donne un sentiment de sécurité. Ma mère serre un peu plus ma main, je la regarde, elle me fait un clin d’œil et pointe l’immense fontaine qui trône au milieu des commerçants. Lorsque nous nous approchons du centre de la place, les dalles sur le sol scintillent de plus en plus, la pierre devient plus lisse. La fontaine à l’effigie de l’Oracle le représente dans une immense statue habillée d’une cape, une capuche couvrant son visage, les bras écartés et un cercle dans son dos, faisant penser à un anneau en tissu, brandissait deux boules en verre avec des inscriptions anciennes sur chacune.


Je m’approche de la fontaine, je pose mes mains dans l’eau rafraichissante et souris en regardant la statue qui a l’air si vivante. J’observe plus précisément les deux sphères sur l’anneau de tissu.


- Ying et Yang. Me dit ma mère. Le bien et le mal.

- Mais l’Oracle est l’incarnation du bien ? Du bien qui combat les forces du mal ! Dis je alors

- C’est vrai…Quelque part. A toi d’en tirer tes propres idées du bien et du mal, mon chéri : ces pierres ne donnent pas de règles absolues, ce ne sont que deux mots. Sourit ma mère


Elle reprend ma main et, à quelques mètres de là, nous frappons à la porte de la demeure des Valeilles. Une masse sombre faisant ma taille court dans notre direction comme une sorte de boulet dévalant la montagne, et me saute dessus avec joie. Je sens ses bras entourer mon cou et ses cheveux venir me chatouiller les narines. Surpris mais habitué.


Ma mère ne fait pas trop attention et rentre à l’intérieur en saluant Cali, l’épouse de maître Zenon.


- Lillyan, tu m’étouffes…, dis je en tapotant sur le dos du garçon qui m’a sauté dessus.

- Prépares toi Shinrei…, murmure mon ami.


Soudainement, il s’écarte de moi et se met en position de combat, je souris et l’imite aussi tôt. Dans un tourbillon encore trop débutant pour être impressionnant, nous nous battons l’un contre l’autre sans utiliser nos pouvoirs. Juste la maîtrise de nos mouvements, de nos corps, un rythme personnel qui ne s’acquiert qu’avec un entrainement sur plusieurs années. Mon père me dit souvent que mon rythme est plus rude et plus puissant que celui de Lillyan qui est fluide et plus rapide. Les enfants d’Agora ne sont pas de simples enfants dotés de pouvoir : pour l’utiliser, il faut le maîtriser et avant de maîtriser un quelconque pouvoir, il faut maîtriser son corps et son rythme, être capable de sentir celui de son adversaire.


Malgré tout, nous restons des enfants, des prodiges aux yeux des autres mais des enfants et je ne serai jamais satisfait de ce niveau naturel. Je veux me surpasser, impressionner mes pairs, devenir un guerrier de haut rang qui combattra le mal et Lillyan sera à mes côtés pour défendre notre nation de l’extérieur.

Mon bras siffle l’air et s’arrête à quelques centimètres de son cou, sa jambe a soufflé juste à mon oreille gauche et s’est arrêtée net. Nous étions comme toujours à égalité. Un sourire félin trône sur son visage, le Lillyan joyeux et enfantin disparait lorsqu’il se bat. Il ne faut pas se fier à son sourire plein d’innocence, il est le digne fils de son père. Nous nous redressons dans des postions normales et il retrouve un sourire naturel.


- T’es toujours aussi fort, Shin !

Je souris et lui tend ma main.


Nous partons derrière sa demeure, au fond du jardin, où nous nous asseyons à l’ombre d’un arbre, confortablement installés sur de l’herbe fraiche et bien verte. L’été à Agora est assommant et je n’aime pas tellement le soleil. Plus loin sur la terrasse, discutent ma mère et Cali autour d’un verre. Cali possède une robe rouge également, moins voyante parce qu’elle ne porte pas autant d’or mais elle tombe dans le dos jusqu’à la chute de ses reins. Ma mère nous voit et nous fait signe de venir chercher des rafraîchissements.


- Reste, je vais les chercher, me dit Lillyan.


Il se lève et court jusqu’à la terrasse mais trébuche sur une pierre ou je ne sais quoi et se rétame de tout son long sur le sol, je soupire, il se relève, gêné sous les rires de ma mère et le visage inquiet de la sienne. Quelques minutes plus tard, il revient avec deux limonades.


- Demain, papa m’emmène voir l’Oracle ! Il me dit en s’adossant au tronc à côté de moi.

- Pourquoi ? Tu es malade ?

- Non ! Il rit. Papa a dit que ça serait bien pour moi de le rencontrer au moins une fois. Dis, tu l’as déjà rencontrer toi ?

- Nan…Il faut croire que papa n’en voit pas l’utilité…

- Tu veux venir avec nous demain ?! Si tu veux, je demande à mon père !

- Non, ça ira. Je dois faire mes devoirs pour la rentrée.

- D’accord. Mais c’est dommage, on aurait pu y aller ensemble !


Lillyan sirote les dernières gouttes de sa limonade avec le sourire, je lui tends mon verre en voyant qu’il avait finit, j’aime le voir rougir et sourire comme il fait. Je crois que ça me fait du bien de me rendre utile auprès de quelqu’un et de pouvoir le protéger même si je n’ai que douze ans. Lillyan est le seul qui m’accepte comme je suis et qui me comprend même si je ne laisse pas transparaître beaucoup d’émotions. Et inversement, je le suis le seul à le comprendre, à savoir que ce sourire n’est pas son unique atout, il est aussi redoutable et très fort ! C’est quelqu’un de déterminé et il sera surement très puissant. C’est un garçon très seul, même s’il arrive facilement à se faire des amis, je sens au fond de moi qu’il ne se sent à l’aise qu’à mes côtés. Comme je ne me sens libre qu’à ses côtés.


Le jour et la nuit n’existent pas l’un sans l’autre.


Ses grands yeux blancs et perçants, des yeux étranges mais si doux qu’ils me fascinent, moi qui ne sais même pas la couleur de mes propres yeux.


- Les garçons ! Revenez ! S’écrie Cali.


J’aide Lillyan à se relever et le tiens par la main pour éviter qu’il ne trébuche avec le verre dans la main, Cali récupère les verres des mains de son fils.


- Les garçons, ce soir, il va y avoir une grande soirée au palais de l’Oracle, malheureusement, il n’y a que les adultes qui peuvent y aller, vous allez devoir rester seuls à la maison. Vous resterez chez Shinrei.

- Génial ! Sautille Lillyan.

Je souris malgré moi.


L’Oracle organise souvent de grandes soirées à son palais et invite les grands noms de la ville, c’est aussi une manière de rester proche des points stratégiques de la ville : s’il a des projets d’armes, il en parlera à maître Zenon, si mon père a des points militaires à soulever il en parlera également à cette soirée. Tout le beau monde de la ville haute se retrouve là-bas au moins une fois par mois. Ce qui nous permet à moi et Lillyan de se retrouver seuls dans une grande maison rien que pour nous.


Le soir venu, ma mère sort de sa chambre, somptueuse. Elle descend les marches et rejoint Cali qui est également très belle. Elles se sourient mutuellement pleine de complicité et partent bras dessus bras dessous rejoindre l’escorte qui les attend devant la maison. Elle monte sur une calèche en bois tiré par des chevaux ailés. Cali nous donne les dernières consignes avant de s’envoler jusqu’au palais.


- Et surtout vous n’ouvrez à personne ! Même si vous êtes des garçons très forts, c’est compris ?

- Cali, on est dans la ville haute ici. Que veux tu qu’il leur arrive ? Se moque ma mère

- On ne sait jamais. La ville haute est plus proche des remparts d’Agora que la ville basse.

- A tout à l’heure, les enfants ! Nous lance ma mère.


La calèche s’envole et nous pouvons enfin respirer. Je me retourne vers Lillyan plein d’entrain.


- Ca te dit d’aller dans l’endroit secret de mon père ?! Dis-je tout excité.

- OUAIS !


Je vérifie, tel un criminel, que personne n’est dans les parages, nous montons dans la grande chambre de mes parents située à l’étage. J’ouvre la porte et je fais signe à Lillyan de ne pas faire de bruit en posant l’index sur sa bouche, il affirme vigoureusement et devient si sérieux que j’ai envie de rire. Nous pénétrons dans la chambre, Lillyan regarde tout autour de lui, vu qu’il n’y est jamais rentré. Je lui demande de me suivre jusqu’au mur au fond de la pièce. Une fois devant, je me concentre et joins les mains puis je ferme les yeux et frappe de la paume de ma main le mur à un endroit bien précis. Le mur tremble et laisse voir un passage qui donne sur une autre petite pièce cachée.


Mon père m’avait emmené ici il y a de ça quelques semaines. Il me faisait vivre une véritable expédition et m’avait montré cette pièce illuminée uniquement par des bougies au feu bleu.


Lillyan reste émerveillé, une véritable pièce secrète, comme dans les livres. Plusieurs armes de différentes formes sont accrochées au mur, des livres de nos ancêtres et un vase empli d’eau tout au fond de la pièce. Je n’ai jamais compris pourquoi. Cela dit, la pièce plongée dans l’obscurité, illuminée par des lumières bleues donne une atmosphère intime et à la fois chaleureuse. Ici, à la tombée de la nuit le soleil tape sur le mur qui conserve la chaleur et la diffuse dans toute la pièce. Je prends une grande inspiration et rejoins Lillyan qui s’approche des flammes bleues.


- Tu sais qu’on dit que les flammes bleus sont les plus chaudes…

- Je sais. Mon père maîtrisait le feu avant de venir habiter à Agora, sa famille vient du désert d’Insomia.

- Vraiment ? Il a arrêté de contrôler le feu ?

- Il tente de s’élever, pour lui, le feu, ce n’est qu’un élément de base, il veut atteindre sa véritable nature.

- Mon père disait souvent qu’un mage ne devient jamais un maître absolu, car chaque pouvoir évolue à sa façon.


Je regarde attentivement Lillyan, la lumière dansante des flammes se reflète dans les prunelles si pures, ses cheveux bruns prennent une couleur plus chaude sous l’obscurité.


- Il faut sortir d’ici : si papa se rend compte que je te fais rentrer dans sa pièce secrète, il va me gronder.


Nous sortons donc de la pièce et je referme le passage. Je nettoie rapidement la poussière que nous avons laissée derrière nous et, tout en riant de notre méfait, nous courons jusqu’à ma chambre. Lillyan saute sur mon lit et prend de grandes inspirations, je le rejoins rapidement en reprenant mon souffle.


- Tu sais, Lillyan, un jour, nous aussi, on aura notre endroit secret, un endroit que à nous.

- Ça serait trop bien !! Il s’écrie.


Ça serait vraiment bien.


______________________________________________________________________________________________


VOILA LE PREMIER CHAPITRE DE....AGORA !! Premier chapitre de moi, donc je tiendrais le point de vue de Shinrei =)


En fait le nom découle tout simplement de la coline à Athène XD, à vrai dire on voulait pas l'appeler comme ça l'histoire initialement mais on arrivait pas à se décider, alors Agora s'est imposée avec le temps.


Chapitre pas très significateur du thème que nous allons entamer, quoi que il y en a beaucoup =D fantastique, yaoi, mythique, politique, guerre ects...

Enfait je pense que ce chapitre donne pas mal d'indice et pour comprendre il faudra attendre la suite =)

Je ferai un petit rappel des noms nouveaux pour bien comprendre  à la fin de tous les chapitres =) n'hésitez pas à poser des quesions.


Les choses deviennent plus intéressantes dans les prochains chapitre :p


BISOUS


Rappel :


- Agora : nom de la nation. (Le monde est fait de plusieurs nations) 


- Oracle : Etre suprême, mystérieux qui gouverne Agora et qui possède une grande puissance.


- Shinrei : Personnage principal qui vit dans la ville haute (ville des nobles). Cheveux blanc.


- Lillyan Valeille : Personnage principal qui vit dans la ville basse (ville du peuple). Cheveux noir.


- Maître Zenon Valeille : Le plus grand forgeron, maître d'arme redoutable. Père de Lillyan.


- Cali Valeille : Femme de Zenon et mère de Lillyan.

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mercredi 17 mars 3 17 /03 /Mars 21:22


- Non !

- Même pas un tout petit peu ?

- Non.

- Un tout petit peu de chti peu ?

- Non.

- Un atome de chti peu !

- Non.

- Ooooooh, vous êtes pas drôle !

- Concentrez-vous sur vos devoirs, jeune Lillyan ! Le plaisir vient après l’effort !

- Mais comment voulez-vous que je me concentre avec le temps qui fait ?

- Ne vous inquiétez pas, aucune tempête ne se prépare, vous aurez tout le temps de jouer après vos leçons.

- Mais je vois pas à quoi ça sert d’apprendre l’histoire de notre nation ! Le passé est le passé, ça ne sert à rien de revenir dessus ! Ce n’est pas ça qui vous fera rajeunir en plus !

- L’histoire est la matière la plus honorable de toutes : elle raconte les exploits de notre nation, c’est elle qui immortalise les héros ! Ne voulez-vous pas devenir un héros, jeune homme ?

- Je deviendrai un héros en supprimant l’école !

- Les hommes sans foi ni loi ne sont rien moins que des bêtes.

- Des bêtes qui sont libres, elles, au moins !

- Vous serez libre une fois que vous aurez appris votre leçon !

- Pffft, vous dites ça parce que vous êtes jaloux et que vos articulations ne vous permettent pas de crapahuter dans les arbres.

 

Le vieux croulant me transperce de son regard bleu et je fais mine de céder en regardant avec envie le magnifique ciel bleu baigné des rayons du soleil. La température avoisinait les quarante degrés dehors et même dedans, l’air est frais uniquement grâce au pouvoir de Maître Lamiir. Sa maîtrise de l’eau permet en effet de refroidir agréablement la température. Je fixe les mots qui s’enchaînent et essaie de les retenir sans beaucoup de motivation.

 

Je n’avais pas besoin de lever les yeux au ciel pour surveiller l’état de Maître Lamiir : lorsque la température de la pièce se réchauffe sans raison, c’est que la force qui s’exerçait dans ce lieu disparait et si elle disparait, ça veut dire que son utilisateur n’est plus en état de la contrôler et s’il n’est plus en état… Bingo ! Il s’est endormi !

 

Je me précipite sur la porte, traverse la maison avant de respirer avec satisfaction l’air chaud de l’été. Je me faufile discrètement le long des haies pour ne pas que ma mère, qui était en train de tailler ses fleurs, ne me voie, avant de m’enfoncer dans la forêt.

 

Là, je cours rapidement jusqu’au cœur de la forêt en évitant les animaux, glissant sous les buissons au besoin, rampant ventre à terre si c’est nécessaire ou bien encore en sautant sur les branches des arbres. Je connais tellement le chemin par cœur que les obstacles n’en sont pas tellement : le tout est de ne pas faire de bruit pour ne pas se faire remarquer.

 

Au bout de quarante minutes, j’atteins enfin l’étang où viennent s’abreuver les créatures de la forêt et des environs et surtout de petites créatures volantes à la fourrure épaisse et blanche, à peine plus grosses que mon poing, pouvant détecter des sons à plus de cent kilomètres et doter des dons de la télépathie : ainsi, ce sont des bestioles très intelligentes. Pour les approcher, il n’y a qu’une seule façon : gagner leur confiance. J’ai exploré la forêt dès mon plus jeune âge, parfois avec mon père, parfois seul. Ainsi, je la connais mieux que la maison de Shin. Mais surtout, les animaux avaient l’habitude de ma présence et n’éprouvaient pas la peur en ma compagnie. Au contraire, les moins farouches viennent souvent réclamer des caresses ou à manger.

 

Le groupe des Voyageuses se regroupe autour de moi. Je rigole, voyant leur empressement :

- Alors, mes jolies, je vous ai manquées, hein ? Vous imaginez pas la chance que vous avez à pouvoir voler aussi librement et faire ce que vous voulez !

J’aime bien leur parler, elles reconnaissent ma voix et je m’allonge en me laissant bercer par leur chant et caressant machinalement l’une d’entre elle. Ici, près de l’eau, l’air est plus frais et plus supportable. J’écoute, j’analyse les bruits que j’entends en fermant les yeux.

 

Pas d’autre créature ne vient nous rejoindre cette après-midi, ce n’est que lorsque le soleil disparait que je regagne ma demeure. Encore une fois, je n’ai pas vu l’heure passer, ma mère va se faire un sang d’encre, même si elle sait que, lorsque je rentre aussi tard, c’est que je suis allé dans la forêt. Je vais toujours dans la forêt d’ailleurs dès que j’ai du temps libre. Je dévale quatre à quatre les marches menant à la ville basse où l’air est plus respirable que dans la ville haute et aperçois la maison.

 

Je m’arrête un instant pour reprendre mon souffle. Je capte soudain un mouvement dans l’air, je recule et me met en position de défense, le temps d’analyser la situation. Un bruit siffle, je recule d’un pas, pas question d’attaquer sans armure pour me protéger. L’air tourbillonne tout autour de moi mais je ne parviens pas à déceler la faille. Plus rien.

 

Je plie les chevilles et me propulse en l’air pour agripper une gouttière et me hisser sur le toit, ce qui réduisait considérablement sa marge de manœuvre. Mon ennemi était peut-être invisible mais il ne vole pas. Je décide de me tenir droit, les bras ballants. Lorsqu’une infime poussée d’air me frôle, je me baisse tout en lançant ma jambe en l’air. Je l’ai touché, il s’écroule en faisant un bruit sourd. Aussitôt, je me jette sur lui avant de me sentir partir en arrière. Je grogne de rage et décoche un coup de coude dans les côtes de mon agresseur mais rien n’y fait.

 

Soudain, l’étau se desserre, je peux respirer à nouveau et je suis à l’abri derrière ma mère tandis que mon père se bat contre mon agresseur. En temps normal, mon père sourit tout le temps et ses yeux pétillent de bonheur quand il nous regarde, ma mère et moi ; mais attaquez-vous à sa famille ou à ses amis et il déploie alors toute sa force, toute sa sauvagerie et redevient en un instant le puissant guerrier craint par l’Amiral de l’armée lui-même, et même de l’Oracle ! Mes yeux d’enfants en tombent des nues face à ce combat de maître. Ma mère ne me laisse cependant pas admirer le spectacle et m’emmène à l’intérieur de la maison.

 

Depuis que j’ai été touché par mon agresseur, j’ai froid et je tremble de tout mon corps. Je n’arrive pas à tenir sur mes jambes. Ma mère me couche dans mon lit et me borde bien chaudement avant de poser sa main sur mon front et je sens sa chaleur m’envahir avant de tomber dans un profond sommeil.

 

Je me réveille en plein milieu de la matinée et malgré les événements de la veille, je ne peux m’empêcher de sourire quand je réalise que j’ai manqué quelques heures de leçon. Mon corps s’est parfaitement remis mais je meurs de faim : avec tout ça, je n’ai rien mangé au dîner.

 

Je vais dans la cuisine mais les placards sont déjà vides. Je sursaute alors que je vais dans le salon et que je trouve Shin assis sur le canapé tranquillement en train de grignoter. A son air, je comprends que quelque chose de grave se trame.

- Mon père et le tien sont en train de discuter dans la salle d’entraînement de ce qui s’est passé hier soir, m’apprend-il.

- Vous avez été attaqués aussi ? Je m’étonne.

- De ce que j’ai compris, ce serait une sorte d’avertissement mais vu l’inquiétude et le sérieux dont nos pères ont pris la chose, je pense que c’est bien plus grave que ça.

- Plus grave que ça ?

- Je les ai entendus parler de l’Oracle, qu’il serait en danger mais qu’en même temps, il deviendrait dangereux. Je ne sais pas, ce n’était pas très clair.

- L’Oracle ? Qui oserait s’en prendre à lui ? Et pourquoi nous ?

- Aucune idée, c’est pour ça que je te dis que je n’ai rien compris. Je n’avais pas l’esprit très clair à ce moment-là.

- Où est maman ? Je demande.

- En train de discuter avec la mienne sur la terrasse, probablement des mêmes choses que nos pères. Personne ne veut nous dire ce qui s’est passé alors que c’est nous qui avons été attaqués ! Il s’insurge.

- Ouais, allons les voir : on aura plus de chance qu’avec nos pères.

 

Shin me suit jusqu’à la terrasse où je salue sa mère avant de me jeter dans les bras de la mienne. Son étreinte a tôt fait de chasser toutes mes angoisses et je réclame encore plus de bisous.

- Maman, qu’est-ce qui s’est passé hier soir ?

- Karl est en train de les interroger avec ton père.

- Vous les avez capturés ? Je m’exclame.

- Bien sûr. Allez jouer, vous ne saurez plus tout à l’heure.

- D’accord, viens Shin.

 

Nous allons au fond du jardin à côté de la piscine où il fait toujours plus frais. Nous nous regardons dans les yeux avant de nous mettre en position de combat. La haine que j’ai pue ressentir envers mon ennemi, la déception de me savoir trop faible pour me défendre, l’impuissance qui m’a gagnée quand je l’ai senti aspirer mon fluide vital et surtout la peur. La peur de mourir, la peur de ne plus jamais revoir mes parents, de ne plus jamais revoir Shin. Une formidable sensation de puissance se concentra autour de mon cœur et de ma tête. Mes tripes en redemandent et appellent la vengeance.

 

Jamais plus je ne serai aussi faible que ce soir-là, je m’entraînerai sans relâche jusqu’à devenir aussi fort, respecté et craint que mon père. Je veux être plus fort que tous les éléments réunis : plus fort que le plus terrible des cataclysmes, plus tumultueux que le plus violent des orages, plus fougueux que le plus fol ouragan, plus foudroyant que le plus destructeur des incendies.

 

Je laisse exploser ma colère au moment où Shin bondit sur moi. Cette fois, je ne veux pas me satisfaire d’un match nul, je veux dépasser mes limites, je ne veux plus me contenter d’un simple échauffement. L’aura combative de Shin fait échos à la mienne et je sais qu’il ressent la même chose que moi. Je souris.

 

Je contracte mes muscles tout en gardant la tête froide. Je ne dois pas non plus me laisser aveugler par mon désir de puissance, mon père m’a suffisamment répété que même le plus fort des guerriers pouvait perdre contre un enfant de douze ans s’il n’analysait pas la situation et se laissait emporter par sa soif de combat.

 

La concentration est tellement forte que j’ai l’impression que mon crâne va exploser mais je n’y fais pas attention. Dans un combat à mains nues, ce n’est pas parce que l’on se met à transpirer que l’on arrête de se battre. Nos poings enragés fusent de toute part, ni l’un ni l’autre ne nous arrêtons à cette appréhension de nous blesser : il faut savoir ce qu’on veut.

 

- Les garçons ! Nous interrompt ma mère.

Nous soupirons, fermons les yeux pour retrouver un semblant de sérénité. En voyant papa, je me mets à courir, Shin sur les talons, avide de nouvelles.

- Alors ? J’attaque.

- Alors, pour l’instant, vous allez prendre une douche ! Vous puez, les garçons.

- Quoi ? Non, c’est bon.

- Pas de discussion où tu seras dévoré par mes flammes.

Ma mère est vraiment terrifiante quand elle s’y met… Moi, avec ma faible maîtrise de l’air, je ne fais décidément pas le poids.

 

Je soupire de soulagement une fois sous l’eau fraîche et grogne de contentement en voyant le goûter que ma mère nous a préparés.

- Alors ? Je redemande.

- Alors quoi ? Répète ma mère.

- Bah, qu’est-ce qui s’est passé ?!

- Vous avez été attaqués par des ennemis, me répond mon père.

- Merci papa, je m’en suis rendu compte.

- C’est tout ce que vous avez à savoir. Si je te raconte tout, tu seras perdu dès le premier mot.

- Je suis pas complètement idiot non plus.

- Non mais tu n’as que douze ans et tu refuses d’apprendre tes leçons d’histoire et de géographie.

- Je ne vois pas ce que ça a à voir là-dedans, j’objecte.

- Que si je te parle du peuple des Chutes rapides, ça te dit quelque chose ?

- Qu’ils vivent à côté de chutes rapides ?

- Absolument pas. Tu reviendras quand tu auras appris tes leçons, me lance mon père victorieux.

D’un seul coup, il se retire tout le charisme que je lui portais. Je ne l’admire plus du tout, là… Je regarde ma mère et les parents de Shin, tous me regardent avec un tendre sourire.

 

Pffft ! Allez-vous faire voir !

 

Je monte dans ma salle d’étude, fouille mon bureau et soupire en voyant ce que j’avais fait de mon livre d’histoire : je l’avais brûlé sous un coup de colère. Heureusement que Shin est resté, il pourra me rapporter fidèlement la discussion.

- Shin ?! Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je m’exclame abasourdi, en le voyant entrer dans ma chambre.

- Je suis censé venir t’aider à réviser, il bougonne.

- Ils croient vraiment qu’on va rester bien sagement dans ma chambre à étudier ?

- Non donc ils ont sûrement mis des protections, même contre ton don de télépathie.

- Non. Suis-moi.

Je sors discrètement de la maison et m’éloigne suffisamment pour ne pas être dérangé par les mesures de protection. De là, j’envoie mes sens se balader dans la nature et tâtonnai quelques secondes avant de trouver ma famille de Voyageuses. Dès qu’elles sentent ma présence, elles se mettent à chanter d’une manière si belle que je m’égare un moment avant de leur présenter l’objet de ma requête.

 

Mon don de télépathie fonctionne sur tous les êtres vivants, en général, les êtres humains en particulier sauf ceux qui me bloquent leur esprit. Mais faire ça avec des animaux, c’est très difficile et pas très intéressant : les bêtes n’étant préoccupés que par leur survie et guidées par leur instinct. Seules quelques créatures disposent d’un don de télépathie dont elles n’ont rien à faire. J’avais mis du temps à comprendre que, ce qui tiraillait mon esprit autant, c’était que les Voyageuses disposent de la même faculté que moi : c’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle elles me font confiance. Et évidemment, mes parents ne connaissent pas ce lien particulier que j’ai avec elles, ce qui fait qu’ils sont incapables d’ériger de défense.

 

Le problème, c’est que personne ne sait à quoi se rattache mon don de télépathie. Ma maîtrise de l’électricité fait de moi un Souffleur du vent, celle-ci étant une caractéristique évidente de la maîtrise de l’air. Mon don de télépathie met plutôt à mal cette hypothèse et personne ne sait vraiment à quelle force me rattacher. Moi, je m’en fiche pas mal de savoir à quelle force j’appartiens, du moment que je peux espionner les conversations de mes parents.

 

Les Voyageuses comprennent, tendent leurs oreilles à les faire craquer et me rapportent fidèlement en temps et en heure la conversation de nos parents.

 

Je suis tellement absorbé par ce qu’ils disent que je ne fais pas attention à moi et c’est lessivé, tremblant et gelé que je me retire, malgré les soins que Shin m’avait apportés. Je le regarde dans les yeux et prend sur moi pour tout lui raconter avant de m’endormir.

 

____________________________________________________________________________________________

Vous saurez de quoi il s'agit dans le prochain chapitre !

Et oui j'ai dis que ca serai normale la dernière la suite mais j'ai tout supprimé parce que ça ne me plaisait pas donc je suis dans l'ogbligation de tout recommencer =)

Voilà désolé

Cette fois c'est une introduction du petit Lillyan, un peu bizarre ce garçon n'est-ce pas ? Joyeux mais bizarre  :p

Et la question du jour est, qui sont ses ennemis qui attaque des enfants en pleine rue ?

Voilà  ^^ Vous aurez plus de précision sur les chapitres qui vont succéder mais garder bien ça en tête ! Je vous le conseille :p

Rappel général : Lillyan et Shinrei ont douze ans ! Ne pas l'oublier.

Rappel :

Maître Lamiir: personnage secondaire autant dire que l'on ne va plus en parler. Il maîtrise le pouvoir de l'eau


Les Voyageuses : se sont des créatures au pelage blanc qui ont un cris assez mélodieux, elles chantent pour communiquer ou communique par le pensée pour ceux qui peuvent les entendre =)

Karl : Amiral des armée d'Agora et aussi le père de Shin.

Pouvoirs de Lillyan (section qui sera complétée : Maîtrise de l'air et de l'électricité, il fait partie de la catégorie des Souffleur de vent = ceux qui maîtrise l'air. Il est également télépathe.

Le peuple des Chutes rapides (section qui sera complétée ) : les ennemis font partie de ce peuple extérieur à Agora.

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 25 mars 4 25 /03 /Mars 21:58


Le soleil s’est levé, c’est comme si pour moi la nuit tombait. Avant que Lillyan ne se lève, je couvre mes yeux avec mon bandeau et retourne me coucher à ses côtés. Les oiseaux commencent à piaffer sur le bord de la fenêtre de mon ami, je me bouche les oreilles à l’aide de mon oreiller. A cause de ce pouvoir horrible de télépathie, tous les animaux et autre créatures qui vivent de cet univers semblent vouloir communiquer avec lui. Ce n’est pas que je ne trouve pas ça génial mais c’est chiant ! Les animaux ne m’ont jamais vraiment aimé, peut être parce que je peux contrôler leur habitat naturel et que pour eux je suis une sorte de prédateur. Ce n’est pas que je ne les aime pas non plus mais je déteste qu’on me chante à l’oreille de si bon matin. Les Voyageuses viennent gratter contre la vitre, d’un claquement de doigts, je ferme le volet en bois de Lillyan pour les faire fuir. Je n’ai pas peur de les blesser, elles sont assez agiles et rapides pour deviner mes intentions.


Une fois les volets fermés, je peux enlever mon bandeau, tout me parait clair, la lumière du soleil ne pénètre plus dans la pièce et je peux voir la chambre comme n’importe quel autre agorien en plein jour.

Je porte une maladie inconnue : je suis le seul agorien qui vit dans un monde d’obscurité. En fait, les rayons du soleil m’aveuglent à tel point que je ne verrais que du blanc si je venais à retirer ce bandeau, la nuit me permet de voir avec une clarté étonnante. Pour moi, c’est comme si le jour était la nuit et que la nuit était le jour. Lorsque je porte mon bandeau, je peux voir les choses naturellement, je vois à travers ce bout de tissu grâce à cette maladie, comme si j’avais une défiance de la vue et que je portais des lunettes. Là, c’est d’autant plus grave car pour moi les contrastes sont inversés. Finalement, cette maladie qui porte mon nom ne m’a jamais empêché de vivre comme n’importe quel petit garçon. J’ai une famille aimante, des amis. Je suis un petit garçon comme les autres qui voit sa vie basculer depuis hier soir.


- Alors, qui sont ces gens qui nous ont attaqués ?

- Des chasseurs du peuple des Chutes rapides…Ils disent qu’ils sont là pour anéantir l’Oracle.

- Anéantir l’Oracle ! Mais comment ont-ils pu rentrer ?! Les remparts sont gardés part des archers !

- L’Oracle aurait baissé leur nombre. Je crois que…ton père a parlé d’une guerre…Je ne comprends rien. L’Oracle veut déclarer la guerre à la Cité de Maru.

- C’est impossible. Si l’Oracle déclare la guerre à la Cité de Maru, c’est que leur peuple prévoit de nous attaquer.

- Je ne sais pas. Mon père a dit qu’il avait trouvé l’Oracle changé, il est sur la défensive, ne côtoie presque plus personne, il devient…mauvais.

- Ils doivent se tromper ! Et d’abord qu’est-ce qu’on a avoir avec l’Oracle ?

- Ils ne savent pas. Ils vont aller parler à l’Oracle demain, ils risquent de leur parler de l’attaque. En tout cas, ton père avait l’air au bord de l’explosion…Il a dit qu’il l’avait prévenu.

- J’ai déjà entendu parler du peuple des Chutes rapides, ce sont des habitants de la Cité de Maru, cette grande étendue de forêt et de rivière à l’est d’Agora.

- Comment tu sais ça, toi ? C’est pas juste !

- T’as qu’à travailler pour une fois.

- Désolé, je préfère travailler mon pouvoir de télépathie, sourit victorieusement Lillyan.

- Avec des monstres à poil ?

- Des Voyageuses ! Et puis, t’es jaloux parce que t’as pas de don toi !

- …

- Je suis désolé Shin, je voulais pas…Oh je suis un vrai boulet parfois !

- Si on dormait. Demain, on va suivre ton père et mon père chez l’Oracle.

- D’accord…Tu m’en veux pas hein ?

          - Mais non, idiot.

Voilà tout ce que nous savions sur l’attaque de l’autre jour. J’étais assez frustré après la discussion parce que je n’en savais pas assez. Nous étions les seuls dans la ville à s’être fait attaqués, ça, j’en étais sûr ! Pourquoi deux enfants ? Pourquoi nous ? L’Oracle connait-il les réponses à mes questions ? Et même si c’était le cas, est-ce que je serai satisfait ? Se peut il que notre peuple rentre en guerre pour la première fois depuis des millénaires ? Que craint l’Oracle du peuple de Maru ? Un peuple plus sauvage que la nature qui les habite. Je ne comprends rien à cette histoire.

Je décide de ne pas attendre le réveil de Lillyan, il est capable de dormir jusqu’à midi si on le laisse dans cet état, et je vais rejoindre les adultes qui se sont retrouvés dans le salon autour d’un petit déjeuner typiquement agorien. J’essaye d’être le plus discret possible pour pouvoir espionner à ma guise mais mon père m’entend rapidement et me saute dessus en criant. Je hurle à mon tour par la surprise et me fait très vite jeter dans les airs avec joie par mon géniteur.

Je ris à mon tour alors qu’il me repose sur le sol.


- Mon dieu que t’es lourd, Shinrei ! J’en ai mal au dos, se plaint mon père.

- Il a douze ans, Karl, pas cinq, sourit ma mère.

- Tu veux une gaufre ? Me demande Cali.

- Avec de la poudre d’oden, s’il te plaît, je demande en m’essayant sur une chaise.

- Tu es bien le seul enfant que je connaisse qui mange de la poudre d’oden.

- C’est une belle fleur très sucrée, me défend ma mère, c’est normal que les enfants l’aiment.

- Lillyan n’est pas encore levé ? Se plains maître Zenon.

- Il n’y a pas école aujourd’hui ! Laisses le dormir, lui dit Cali.

          - Je vais le réveiller.

Je me lève de la table et cours jusqu’à la chambre pour secouer cette marmotte à poil brun. Emmitouflé dans sa couverture, il exprime des petits bruits de mécontentement avant de se décider à ouvrir un œil. Ses pupilles blanches retrouvent la chaleur du jour même s’il ne peut pas clairement le voir puisque j’ai fermé les volets, je m’en vais immédiatement les ouvrir. Je prends une profonde inspiration avant de faire face à un flot de chant de Voyageuses, à peine ai-je retirer le clic que je les entends déjà.


Lillyan se lève alors souriant et vient salués ses amies.
          - Salut les filles, il fait encore beau aujourd’hui !

- Nos parents nos attendent en bas.

- Ah, Shin !!


Lillyan me saute brusquement dessus et me serre dans ses bras, son petit rituel matinal. Au début, je trouvais ça étrange mais maintenant je crois je ne peux pas vraiment passer une matinée tranquille si je n’ai pas eu une étreinte de mon meilleur ami. Mieux qu’un jus d’orange ! Sans cette étreinte, je perds ma bonne humeur. Après s’être lavé dans la salle d’eau, nous rejoignons nos pères qui s’apprêtent à partir pour le palais. Nous imitons nos mères et leurs disons au revoir même si au fond nous savons très bien que nous n’allons pas tarder à les revoir. Ils montent dans leur escorte et dès qu’ils seront hors d’atteinte, nous pourrons enfin mettre notre plan à exécution.


- Suis-moi ! Me dit brusquement Lillyan.


Sans même avertir nos mères, Lillyan m’entraîne avec lui, nous sautons par-dessus sa palissade et entrons dans la forêt qui borde la ville basse. Il manque de trébucher mais j’arrive à le retenir par le bras, il me sourit et reprend sa course effrénée jusqu’au fond de la forêt gorgeant de créature plus extraordinaires les unes que les autres. Je reste époustouflé par la nature si sauvage et si harmonieuse. C’est comme si je pouvais ressentir le bien-être des centenaires qui nous regardent, leur joie lorsque les rayons illuminent leurs feuilles gigantesques. Je me sens enfin chez moi.


Lillyan s’arrête brusquement. Trop fasciné par ce qui m’entoure, je me cogne contre lui.

- Pardon, dis je en me frottant le front.

- Regardes, Shinrei…Ce n’est pas magique ?


Deux immenses oiseaux à plumes bleues se font faces avec des pattes gigantesques pouvant sans aucun doute m’écraser sans difficulté, un bec si pointu qu’il m’embrocherait à deux mètres. Mais surtout, leurs yeux sont si beaux qu’ils m’hypnotisent. Des yeux en amande si doux qu’ils font disparaître toute l’animosité de la bête.


- Des grands évêques à poil bleu…, je souffle.

- L’avantage, c’est que personne ne pourra nous voir dans le ciel, sourit Lillyan, avec leur couleur azur.

- Tu as oublié que je n’attire pas la sympathie des bêtes, je soupire.

- Fais comme moi.


Lillyan s’approche lentement jusqu’à l’animal, il tend sa main jusqu’au bec acéré de l’un deux, une main légère et molle sans faire de geste brusque. Curieuse, la bête s’approche, lentement. A peine a-t-il touché le bec que l’animal semble s’être détendu. Petit à petit, Lillyan caresse le doux plumage de l’oiseau et sourit tout en le regardant comme s’ils discutaient. Je ne doute pas que c’est exactement ce qu’il fait.


- Il s’appelle Anemos et voici sa femelle, Gahila. Ils sont d’accords pour nous aider si tu les aides.

- Les aider ? Je dis perplexe. Moi ?

- Leur nid a été détruit par des hommes. Ils espèrent que tu puisses les aider vu que t’es un Fossoyeur de Terre.

- Hum. D’accord mais on le fait après ! Sinon on ne pourra pas espionner nos pères et l’Oracle.

- C’est parti alors ! Montes sur Gahila mais d’abord tu dois lui faire toucher ta main.

- Je comprends rien, dis je exaspéré.


Je tends doucement ma main devant l’oiseau qui me scrute de ses prunelles douces. La peur face à un animal aussi grand me fait trembler la main, je déglutis difficilement essayant de faire abstraction des mots comme brochette, amputation, crêpe, picorer ou encore empaler. Une fois que ma main touche la matière froide de son bec, les deux grands évêques s’inclinent pour nous laisser monter sur leur dos. Lillyan y saute presque, tandis que je prends un peu plus de précaution n’ayant jamais pu concevoir, même pas dans mes rêves, monter un oiseau aussi grand et aussi rare.


En un instant, nous avons quitté la terre ferme pour nous envoler à des milliers de kilomètres de là. Le souffle coupé, je reste encore stupéfait face à la rapidité de l’animal et le spectacle qui s’offrait à moi. Lillyan se met soudainement à rire et les deux grands évêques croassent comme s’ils riaient à leur tour.


- Je suis sûr qu’ils se moquent de moi, je murmure dans mon coin.


Quelques minutes plus tard, nous étions enfin au dessus du palais de l’Oracle. Nous ne pouvons pas redescendre en ville sur des évêques à poil bleu, je demande alors à Lillyan de nous déposer derrière une maison longée par une colonne d’arbre assez haut pour que je puisse nous cacher des regards indiscrets. Arrivés à une certaine hauteur, je frappe mes mains entre elles et les tourne autour de ma tête. Les feuilles des arbres voltigent dans les airs pour nous entourer. Nous sommes redescendus sur terre, j’embrasse presque le sol tellement je suis heureux de retrouver pied à terre. Lillyan remercie les grands évêques en leur caressant le bec.


- Ne restez pas très loin si vous voulez qu’on répare votre nid, il leur dit.

Les deux bêtes majestueuses me saluent en écartant leurs grandes ailes et abaissent leur tête avant de disparaître.

- Il faut se dépêcher ! Je dis pour presser Lillyan qui ne quitte pas des yeux les oiseaux.

- Euh oui ! Mais on va faire comment pour rentrer dans le palais ? Les adultes y accèdent par les airs. Il n’y a pas d’entrée.

- Fais-moi confiance.


Nous avançons dans les rues naturellement, sans peur ni gêne, se mêlant à la foule de la ville basse. Une fois arrivé devant un mur blanc du palais, j’inspire profondément et fais une croix sur le sol, je demande à Lillyan de s’écarter. Un trou se creuse brusquement sous nos pied.


- Je ne veux pas te vexer, Shin, mais tu ne crois pas que l’Oracle a prit les moyens nécessaires pour empêcher les Fossoyeurs de Terre de pénétrer dans son palais d’une manière aussi évidente ?

- Contrairement à ce que tu crois je ne creuse pas un passage. C’est un passage qui est là depuis des milliers d’années, le premier Oracle l’a créé pour qu’ils puissent s’enfuir en cas d’attaque.

- Et comment tu savais qu’il était là ?

- Je ne sais pas…Je le savais c’est tout.

- Bizarre… On va dire que t’as de la chance ! S’amuse Lillyan.

- Allez, saute là-dedans !


Nous sautons dans le passage qui se referme automatiquement derrière nous, Lillyan ne pouvant pas voir dans le noir, je retire mon bandeau pour pouvoir le guider. Après dix minutes de marches, nous arrivons dans une impasse. Lillyan soupire mais je suis sûre qu’il y a une sortie. Je regarde au-dessus de ma tête, nous sommes sûrement juste en dessous du palais.


- Retiens ton souffle, Lillyan.


Je l’attrape pour le serrer contre moi, je tends la main vers la terre au dessus de nous, écarte les doigts puis les referme brusquement. Une lucarne apparait. Je protège le visage de Lillyan de la poussière qui tombe sur nous et fais grimper le sol en dessous de nous pour nous élever jusqu’au plafond et remplacer la terre qui est tombée.


- Tu t’es drôlement amélioré dans ta maîtrise de la terre, s’extasie Lillyan.

- Je ne peux que la déplacer, ce n’est pas énorme, j’ai encore du mal à contrôler la roche ou encore la végétation.

- Ça va venir.


Lillyan dépose un baiser sur sa main et la plaque sur le sol d’où nous venons. Les débris de terre et la poussière qui l’entourait s’envolent dans les airs pour disparaître. Je lui souris et le prend par la main.


Je n’étais jamais venu dans le palais de l’Oracle, nous étions dans une grande salle entourée de colonnes de plus de six mètres de hauts, le sol était dallé comme un jeu d’échec et il y avait une unique porte au fond de cette salle. Nous avançons lentement, ne sachant pas trop où nous sommes.


- Je me souviens être passé par ici l’autre jour, dit soudainement Lillyan, mais il y avait des gardes quand je suis venu.

- Ils sont passés où ?

- Peut être que c’est l’heure de manger, moi, j’ai faim en tout cas ! Dit-il en posant sa main sur son ventre.


Je serre un peu plus sa main et nous continuons d’avancer jusqu’à la grande porte gravée comme un tableau. Je touche son embrasure.


- Tu pourrais peut-être essayer de l’ouvrir ? Me suggère Lillyan

- Et si l’Oracle s’y trouve avec papa ?

- Alors laisse-moi faire. Le vent m’apporte le moindre bruit. Dit-il en me faisant un clin d’œil

Il colle son oreille sur la porte, il ferme les yeux et espère sentir un souffle qui lui dirait s’il y a bel et bien des voix de l’autre côté.

- Ils sont là, dit-il brusquement, je peux entendre quelqu’un crier ! Je ne reconnais pas la voix mais je crois que c’est l’Oracle.

- Chuchote Lillyan et concentres-toi.

- Je…J’y arrive pas, dit-il en fermant les yeux plus fortement.

- On va essayer de creuser un trou dans la porte ! Je le refermerai après.

- J’aimerai tellement pouvoir me téléporter, soupire Lillyan.

- Ce n’est pas dans ton registre, je souris pour le réconforter.


Je plaque ma main sur la porte, tente de modifier la texture du bois, un petit bruit de rongement se fait entendre, je demande à Lillyan de faire rentrer du vent dans la pièce et empêcher ceux qui y sont d’entendre ce grattement étrange. Il s’exécute. Le trou est assez grand pour que je puisse regarder à l’intérieur et que le bruit en sorte. Je laisse Lillyan y coller son oreille.


« Je me fiche de ce que vous pouvez bien penser » « Je suis l’Oracle. J’estime qu’il faut protéger notre belle cité des rebus de l’extérieur. L’attaque de vos enfants n’a pas suffit à vous dissuader ?  Nous déclarons la guerre à la Cité de Maru. J’exige le rassemblement de toute l’armée. » « C’est une extermination que vous voulez ? » « C’est un bien pour notre paix. »


- Agora va rentrer en guerre !?

- Attends …


« Le peuple comprendra, nous devons combattre le mal. » « Oracle…Etes vous sûr de ce que vous faites ? » « Ai-je le choix ? Ils cherchaient quelque chose ici et vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ? Ils cherchaient la mort de vos deux enfants. Pourquoi ? Je n’en sais rien, malheureusement, tout ce que je sais, c’est qu‘ils cherchent le moyen de m’anéantir et que je ne les laisserai pas faire. »


- Le moyen de tuer l’Oracle ? Dis-je perplexe.


« Partez maintenant. Je dois demander la bénédiction des dieux pour cette longue bataille. Amiral, je compte sur vous. »


Je fronce les sourcils et tire Lillyan par l’épaule. Je referme le trou dans la porte et je l’emporte avec moi loin du palais. L’Oracle est le symbole du bien, alors celui qui veut anéantir le bien est forcément un disciple du mal, non ?

_____________________________________________________________________________________________

Voilà la suite !! Les choses se précises un peu plus ! Les attaquant faisait partie de la Cité de Maru, ils veulent découvrir le moyen de détruire l'Oracle et tuer les deux gamins mais pourquoi ?
Vous le saurez dans la suite ^^

Bisous
N'hésitez pas à poser des questions !

Rappel :

Peuple des Chutes rapides : peuple faisant partie de la Cité de Maru. Ils ont attaqué Lillyan et Shinrei, et semble vouloir trouver le moyen d'anéantir l'Oracle.

La Cité de Maru : Pays à l'Ouest d'Agora, pays principalement fait de forêt et d'eau.

Pouvoirs de Shinrei (section à compléter) : Aveugle de naissance, il porte une maladie inconnue qui lui permet de voir dans la nuit mais pas dans le jour. Il peut voir à travers son bandeau. Il maîtrise la terre c'est un Fossoyeur de terre.

Les grands evêques à poils bleu : Une sorte d'oiseau très rare. Ils ont la caractéristique d'avoir le poil bleu, sont très grand, ont un bec très long et des yeux en amandes.

Anemos : le grand évêque à poil bleu mâle

Gahila : le grand évêque à poil bleu femelle.




Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mercredi 31 mars 3 31 /03 /Mars 21:32

 

 

Le vol, juché sur le dos des magnifiques Evêques, est agréable et même grisant mais je soupire de soulagement lorsque je repose le pied sur la terre ferme dans la forêt. Là, je suis dans mon élément, loin de toutes ces intrigues politiques, loin de ces dialogues stratégiques et agressifs. C’est comme si je sortais d’un long rêve désagréable.

 

Pourtant, je ne peux pas ignorer ce que nous venons d’entendre. Mon air troublé se reflétait sur le visage de Shin qui devait ressasser autant que moi la conversation que nous venions d’entendre.

 

Un coup de bec me sort de mes pensées et je caresse tendrement le bel oiseau. Il roucoule de bonheur et je me rappelle que nous avons un marché à honorer. Je leur demande de nous montrer leur nid, ils me font comprendre qu’un autre vol est nécessaire pour y parvenir.

 

- Shin, il faut remonter dans les airs pour atteindre leur nid, je lui dis.

- Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas être plus perturbé, à te voir, il n’y a que le bien-être des animaux qui compte pour toi.

- Non mais nous le leur avons promis.

- Je sais, je sais, je dis juste que j’aimerai pouvoir me détacher aussi facilement de tout ça. Ça fait beaucoup en peu de temps : nous ne sommes que des enfants de douze ans et en moins de quarante-huit heures, nous nous sommes fait attaquer avant d’apprendre que nous allons entrer en guerre ! La nation d’Angora ! La cité de l’Oracle lui-même !

- Tu veux que je te dise ? J’ai ma propre hypothèse pour cette attaque.

- Quoi ?

- Réfléchis ! Nous allons entrer en guerre parce que des clans voisins menacent de nous attaquer. Or, nous ne sommes ni plus ni moins les enfants des deux personnes les plus influentes, militairement parlant, du pays !

- Ils voulaient nous prendre en otage ?

- Tu crois vraiment que s’ils l’avaient voulu, ils ne l’auraient pas fait ? J’ai été incapable de me défendre, quant à attaquer, n’en parlons même pas. Ils n’auraient eu qu’à me prendre par surprise.

- Mais pourquoi se laisser capturer ?!

- Je ne sais pas. Ce n’est pas moi, l’amiral. Je ne savais même pas où se situe Maru. Passons à des choses de notre âge, ça me prend la tête tout ça. Nous, on n’est pas concernés par la guerre.

- Mmmmmmh, juste que nous ne verrons pas nos père pendant un bon moment.

- Ça ne changera pas de d’habitude.

 

Dans les airs, le vent nous fouette le visage et me libère de mes sombres pensées. J’ai même envie de rire tellement la sensation est vivifiante. Anemos et Gahila nous déposent.

« Nous ne pouvons pas aller plus loin, l’activité humaine est un véritable répulsif pour nous ».

« Je comprends, nous reviendrons ici quand nous aurons terminé ».

 

- Shin, Anemos a parlé d’activité humaine.

- Quoi ? Tu veux dire que leur nid n’a pas été simplement détruit mais carrément colonisé ?

- Je ne sais pas. Mais les nids des Evêques sont tout simplement énormes. Le processus de gestation est lent et pénible et le père veille constamment sur la mère donc le nid doit être assez grand pour contenir eux deux mais en plus tous les petits qui vont naître. Quoi ? Je demande en voyant son air amusé.

- Rien, se moque-t-il, je suis sûr que tu ne connais pas aussi bien les conditions de vie humaine.

- Pffft. C’est juste plus intéressant et plus pratique que tout ce qu’ils nous font apprendre dans leurs vieux manuels.

- Mais oui, mais oui….

 

Nous nous disputons sur le chemin, guidés par les pensées d’Anemos. Nous marchons bien vingt minutes avant d’apercevoir des signes d’activité humaine, des cris, des bruits. Je connais moins bien ce coin que ma forêt, y passant el plus clair de mon temps. A part pour y aller, je ne sors pas de la ville.

 

Au bout de quelques minutes, c’est l’effarement qui déchire l’expression de mon visage. Sur des kilomètres et des kilomètres s’étend une véritable ville. Mon instinct de survie me dit de fuir, de regagner le confort et la sécurité de ma maison mais mon instinct d’enfant me pousse à explorer un peu plus l’endroit.

 

Je regarde Shin et je sais qu’il se dit la même chose. Je ferme mon esprit pour éviter d’être assailli par toutes les pensées des soldats. En fait, plus nous progressons et plus nous nous rendons compte qu’il ne s’agit non pas d’un camp militaire mais d’ complexe d’exploitation de mine : à un rythme régulier, des hommes sortent de la terre en poussant un chariot rempli de minerais. Plusieurs bâtiments sont alignés au desquels émanent un vacarme assourdissant de bruit de moteurs et de cris d’hommes. Tous les hommes que nous voyons ont le dos courbé, les épaules rentrées et le regard triste, désespéré.

 

Je n’ai pas besoin d’ouvrir mon esprit pour savoir ce qu’ils pensent ou d’ouvrir un manuel pour savoir que leurs conditions de vie sont misérables. Je tire Shin à l’écart, derrière un bâtiment.

- Ils exploitent une mine de charbon, je lui murmure.

- Pourquoi tu chuchotes ? Nous ne sommes pas en camp ennemi. J’ai envie de visiter.

- Shin ! Nous ne sommes que des enfants ! Réfléchis ! Tu sais à quoi sert le charbon ?

- A fabriquer de l’acier ?

- Et l’acier sert à quoi ?

- A fabriquer des armes !

- Exactement. Tous ces hommes sont des esclaves qui sont en train de fabriquer des armes qui vont servir à détruire leur pays natal.

- Quoi ? C’est horrible.

- Il faut avertir nos pères !

- Attends ! Tu crois vraiment qu’ils ne le savent pas ? En plus, nous ne sommes pas censés avoir vu ça.

- Mais on ne peut pas ignorer tous ces gens.

- Je sais. Mais nous ne pouvons rien faire, nous n’avons que douze ans et si nous ne rentrons pas, c’est nous qui allons avoir des problèmes avec nos mères.

- Oui mais…

Shin ne termine pas sa phrase et c’est en courant de cet endroit maudit. Je comprends Anemos et Gahila maintenant : ce n’était pas tant l’activité humaine qui les dérangeait le plus mais le désespoir que dégageait cet endroit. Le plus incroyable de tout ça, c’est que nous avions parcouru une cinquantaine de kilomètres.

 

De retour dans la forêt, j’avais envie de m’allonger contre un arbre en caressant l’une des Voyageuses mais nous n’avions pas le temps.

«  Anemos, je vais réfléchir à la situation mais je pense que la vôtre va durer un petit moment, vous devriez loger ici en attendant ».

« Tu sais bien que nous n’avons pas assez de place ici, si cela dure trop longtemps, nous irons trouver un autre endroit ».

«  D’accord, je vous tiendrai au courant. Au revoir ».

« Au revoir ».

 

Shin et moi courons le plus rapidement possible à travers les bois et les champs. Nous nous séparons au niveau des remparts, Shin regagnant la ville haute et moi la ville basse. Je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’œil à droite et à gauche.

 

C’est avec le sourire aux lèvres que je rentre et des yeux brillants, pour renforcer mon côté mignon et séduire ma mère, même si mon physique est assez… spécial. En fait, je pourrai bien rentrer couvert de boue que ma mère me trouverait toujours aussi « miiiiiignon ».

 

- Lillyan, essaie de rentrer un peu plus tôt désormais. Tu sais que les rues ne sont plus si sûres, me rappelle ma mère qui était en train de faire cuire du pain.

- Oui maman.

Je dîne rapidement en lui racontant que j’ai passé ma journée avec des Evêques à poil bleu, ce qui est à peu près vrai. Ma mère lève les yeux au ciel, sa position est plus proche de celle de Shin que de celle de papa.

 

La journée m’a épuisé et je me couche en ronronnant de plaisir. C’est donc en grognant de frustration que je me rends compte que je suis incapable de fermer les yeux, trop excité par tout ce que j’ai vu et appris aujourd’hui. Le sommeil finit tout de même par l’emporter.

 

Je ronchonne, le lendemain matin, lorsque ma mère vient déposer un baiser sur ma joue pour me réveiller. Je ronchonne deux fois plus lorsque je vois maître Lamiir en train de prendre le petit-déjeuner dans la cuisine : voir sa tête dès le réveil, c’est violent.

 

A la fin de la journée, je cours, débordant d’énergie après être resté assis plus d’une journée, pour aller chez Shin. J’ai besoin de penser à autre chose, de me vider la tête. Je n’arrive pas à me retirer de la tête le vieux bonhommes courbé par le poids de l’esclavage sans plus aucun espoir. C’est le problème de la télépathie : je ne peux pas ignorer les sentiments des gens bien longtemps et je prends tout à cœur. Shin se plaint souvent de ne pas avoir ce genre de don mais il ne se rend pas compte à quel point c’est un fardeau à porter, surtout à douze ans où l’on ne pense qu’à s’amuser.

 

Cependant, lui aussi avait été sacrément secoué. Ses iris sont aussi noires que les miennes sont blanches, ses cheveux sont aussi blancs que les miens sont noirs : nous sommes deux êtres totalement opposés et qui, pourtant, nous ressemblons et nous attirons. Je sais que je peux compter sur lui pour me réconforter.

 

Je grimpe quatre à quatre les marches avant de frapper chez lui. C’est sa mère qui m’ouvre. Elle me sourit avant de me regarder méchamment :

- Tu as prévenu Cali que tu étais là ?

- Bien sûr, Sheila, je sors avec un grand sourire.

- Ce n’est pas bon pour vous deux en ce moment de sortir trop tard, tu resteras dormir ici, je préviendrai ta mère.

- D’accord, merci.

- Allez, monte, il est dans sa chambre.

 

Je saute sur mon meilleur ami dès que je le vois.

- Lillyan, râle celui-ci, j’étais en train de faire mes devoirs !

- T’as des devoirs ? Je m’étonne faussement.

- Moi, je suis sérieux.

- Moi, je suis intelligent, suffisamment pour ne pas en avoir, je rétorque.

- C’est surtout qu’à force de ne jamais les faire, maître Lamiir a renoncé.

 

Nous essayons de nous taquiner mais l’ambiance n’y est pas. Aucun de nous deux n’est dupe.

- T’as réussi à dormir ? Il me demande.

- Ouais mais j’ai eu du mal.

- Tu pensais aux Evêques qui n’avaient plus de nid ?

- Ah, ah, très drôle. Ça me trotte trop dans la tête, tout ça.

- Je suppose que c’est pour ça que les parents ne voulaient pas nous en parler, soupire-t-il. Tu crois qu’on peut en parler à maman ?

- Je ne sais pas. Mais tu sais, j’ai pensé à un autre truc, hier, quand on s’est quitté.

- Je suppose que ça arrive à tout le monde de réfléchir, de temps en temps.

- Et si, en fait, nos agresseurs voulaient nous ouvrir les yeux ?

- A nous ?

- Non, je veux dire nos pères. Qu’ils se sont laissés capturer pour raconter la vérité à nos pères.

- Pourquoi nous avoir attaqués en premier alors ?

- Parce qu’ils voulaient peut-être nous prendre en otage et que quand nos pères sont arrivés, au lieu de s’enfuir, ils se sont laissés capturer pour parler.

- Ça colle pas. Tu crois vraiment que nos pères ignoraient tout de la guerre ?

- Ouais, t’as raison. J’en sais rien alors. Mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête le petit vieux.

- Il n’était même pas vieux, c’est ça le pire.

 

Quelqu’un frappe à la porte et nous nous figeons. Dans l’embrasure apparaît Karl.

- Bonsoir les garçons, dit-il las. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Expliquez-moi comment ça se fait que l’on vous ait vu, hier, sur le site d’exploitation de la mine.

- Heu…

- Ce sont des Evêques à poil bleu qui ont demandé à Lillyan de les aider à rebâtir leur nid. Et ils nous ont emmenés là-bas, a expliqué Shin.

- Et qu’est-ce que vous fabriquiez avec des Evêques à poil bleu ?

- Tu sais bien que Lillyan est toujours avec des animaux et qu’il s’entend bien avec eux. Papa, c’est qui tous ces gens qui travaillent à la mine ?

- Ce sont… Je suppose que je ne peux pas vous le cacher avec le don de télépathie de Lillyan… Oui, ce sont des esclaves et oui, on se prépare pour la guerre. Demain, je vous y emmènerai. Je dois m’y rendre de toute façon. Il faut que je vérifie quelque chose.

- Pourquoi ?

- Pour que vous connaissiez un peu les points stratégiques de votre nation, vu que vous furetez dans tous les sens. J’ai bien peur que vous ne soyez pas épargnés par la guerre : à peine a-t-elle commencé que vous avez déjà eu des ennuis et que vous avez découvert la mine. En tant que fils de l’amiral, cela pourra te servir un jour, ajoute-t-il dans une phrase de lourds sens-entendus. Et je n’arriverai jamais à te convaincre de rester ici si Shin vient avec moi, fait-il en s’adressant à moi. En plus, ton don de télépathie pourra m’être utile.

 

Le lendemain, Karl nous emmène donc sur le site en visite officielle. Je suis encore plus mal à l’aise, de regarder en toute impunité des gens souffrir. Karl ne semble pas plus affecté que ça, moi, je sens mon crâne se déchirer. Cette impression de les mépriser alors que ce sont des êtres humains comme nous…

 

Je me laisse entraîné par tout un flot d’émotions et me rends compte un peu tard que j’ai perdu Shin et son père. Je sens leur énergie aller vers le nord mais quelque chose de plus fort m’attire. Je connais cette sensation : c’est le signe qu’un télépathe n’est pas loin. Lui aussi doit me sentir. L’attraction devient tellement forte que je me mets à courir : je n’arrive pas à me contenir ni à fermer mon esprit.

 

Au bout de quelques minutes, une odeur insoutenable me frappe. Je m’arrête immédiatement au bord de la nausée, une odeur de chair brûlée m’irrite la gorge et me donne envie de vomir. Je suis au bord d’une sorte de cratère, je crois que j’ai trouvé le nid des Evêques. Je comprends que ce qui m’avait attiré, c’étaient les résidus de puissance télépathique des oiseaux. Je m’approche du bord malgré moi et c’est un spectacle morbide qui s’offre à moi : je ne vois qu’une immense masse informe mais l’odeur, le reste des vêtements brûlés et un certain esprit de déduction me confirment mes premières pensées.

 

Je me retourne juste à temps pour ne pas vomir sur les cadavres, l’esprit en ébullition, le crâne qui va éclater. Je hurle sous la douleur, je hurle de colère face à cette horreur, je hurle d’incompréhension pour un manque pareil d’inhumanité. Je sens au fond de moi que mon pouvoir explose enfin dans toute sa puissance, enflammé par le désir de vengeance des personnes mortes ici.


_____________________________________________________________________________________________


Voilà la suite plutôt que prévu !

Je vous préviens c'est ici que tout commence, le prochain chapitre va faire évoluer l'histoire et l'orienter un peu plus vers l'intrigue importante !


=)


Merci à toutes pour vos commentaires !


Rappel :


Sheila : Mère de Shin

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 8 avril 4 08 /04 /Avr 11:38

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Je ne comprends pas pourquoi mon père m’oblige à regarder. Il avait surement remarqué l’air absent et répugné de Lillyan, il m’a soudainement attrapé le bras et nous nous sommes cachés pour l’observer. Pourquoi observer Lillyan ? Il s’est brusquement mis à courir, mon père m’a demandé de le suivre. Je l’ai fait sans hésiter parce que c’est mon père qui me le demande et parce que je suis curieux de savoir ce qui le pousse à vouloir suivre Lillyan sans se montrer.

 

Au bout de quelques minutes, une odeur nauséabonde me coupe presque le souffle, je cache mon visage avec ma manche. Mon père fronce les sourcils et s’arrête. Je tente de voir ce qu’il regarde quand un cri horrible fait bondir mon cœur. Les oiseaux s’envolent sous les cris strident d’un garçon. Je reconnais les cris de Lillyan, c’est insupportable, mon cœur se met à battre violemment, j’ai l‘impression que quelque chose me l‘écrase puis le déchire ! Je ne peux pas rester là à écouter ça !

 

Mes yeux me brûlent, j’ai envie de pleurer moi aussi, je veux le prendre dans mes bras. Je vais pour m’enfuir jusqu’à lui mais mon père me retient, j’ai beau me débattre et crier, il ne me lâche pas.

 

- Shinrei ! Arrêtes !

- JE PEUX PAS LE LAISSER ! JE PEUX PAS ! Je crie à mon tour en sanglotant.

 

Un souffle puissant balaye soudainement mes hurlements, je cesse de m’agiter. Je sens mon père desserrer sa poigne, j’en profite pour m’échapper.

 

- Non, Shin !

- Lillyan ! Lillyan je suis là ! Dis-je alors en m’approchant.

 

Lillyan est à genoux devant la fosse, la tête rentrée dans les épaules. Je ne peux pas voir son visage mais je peux sentir une aura grandissante autour de lui, dansante comme un serpent. La tension qui règne autour de moi est malsaine, porteuse de mauvaise présage et je ne peux pas expliquer pourquoi mon corps me semblait plus lourd. J’en avais du mal à respirer. Inquiet, je n’ose plus faire un pas mais je ne peux pas m’en aller. Est-ce bien le même Lillyan devant moi ?

 

- Lillyan…, je murmure.

 

Des bruits étranges parviennent jusqu’à mes oreilles, des bruits de craquement, des feuilles déplacées, des bruits de mouvements. Des frissons de terreur me parcourent l’échine, j’avale ma salive, les yeux concentré sur ce qui se passe derrière Lillyan.

 

Son corps est secoué de spasme. Il pleure ? Non…il rit. Lillyan relève le visage, un rire effrayant sort de sa bouche. A cet instant précis, je suis sûr que ce n’est pas le meilleur ami que j’ai toujours connu. C’est un autre garçon, un autre esprit. Mes mains tremblent et malgré moi, je recule. Des ombres commencent à danser derrière lui quand je me rends brusquement compte que ce qui bouge depuis tout à l’heure sont les cadavres des esclaves.

 

Mes yeux s’écarquillent, mon corps s’arrête et mon cerveau lui-même se fige. Le silence est total et j’ai l’impression d’entrer dans une dimension différente. L’univers tout entier a cessé de vivre. L’image me frappe de plus au plus au visage. L’horreur, la peur, la terreur me prennent la gorge, mes lèvres s’écartent tremblantes, puis des larmes viennent libérer ma voix.

 

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


- Shinrei !!!

 

Mon père se met devant moi pour me cacher la vue de la marche de la mort, des zombies partout, décharnés, le visage écrasé. La puanteur devient mortelle. Mon être tout entier réagit avec révulsion et pourtant, je n’arrive pas à me détacher des cadavres qui grognent. Le bruit des pas lents, leur corps craquelant, des bouts de peaux carbonisés tombent à terre. La nausée au bord des lèvres, je suis tétanisé.

 

Lillyan, inconscient, semble être le marionnettiste de cette scène macabre. Cette aura puissante de tout à l‘heure recouvre l’armée de morts derrière lui, mon père pose sa main sur mon épaule. Je n’arrive plus à articuler un mot, le choc est si grand que ma bouche ne se ferme plus, je reste bloqué sur cette image. Mon père tente tant bien que mal de garder son calme mais je sens bien qu’il a peur.

 

- Je vais chercher Lillyan reste là, il me dit avant de courir vers le corps de mon ami.

 

Non, reviens ! N’y va pas ! Tu vas mourir !! PAPAAA !!! Je vois un cadavre sauter sur mon père brusquement ! J’entends comme une cloche au fond de mon esprit et la rage semble m’envahir, m‘aveugler, je remonte les mains et les joins dans un claquement sonores. Deux immenses pavés de roches écrasent les zombies dans un bruit sanglant, leur reste de chair gicle, leurs têtes et leurs os écrasés font un bruit si désagréable. Le sang qui gisait encore dans leur corps putrides explose sur le visage perplexe de mon père et sur le corps endormi de Lillyan.

 

Je suis essoufflé, la sueur coule sur mon front et mon cœur n’arrive pas à arrêter sa course effrénée, j’ai la tête qui tourne. Je regarde une dernière fois les deux corps qui avancent jusqu’à moi, ma vision se trouble et tout bascule dans le noir le plus complet. Je vais me réveiller, faites en sorte que je me réveille de ce cauchemar.

 

« Je n’y comprends rien…Je t’avoue que je n’ai jamais senti une force aussi puissante se dégager d’un enfant, j’aurai été incapable de l’arrêter alors je suis d’autant plus étonné que Shinrei l’ait fait…Ils sont tous les deux très particuliers…Je ne sais pas si c’est une bonne chose mais il ne faut surtout pas en parler à l’Oracle ! »

« Pourquoi ? Tu crois qu’il…qu’il les punirait ? »

« Notre Oracle n’est pas celui que nous avons toujours connu, il a changé…Je cherchais une preuve sur le site et j’en ai trouvé une. S’il venait à savoir que nos deux enfants ont une force aussi monstrueuse…Il les enlèverait. »

« Je ne peux pas croire que mon fils soit capable de faire une chose aussi horrible ! Il devait être possédé ! Les habitants de Maru sont des Manipulateur d’Ames ! Ils ont pu s’emparer du corps de Lillyan ! Dis-leur Zenon ! Dis-leur que Lillyan n’est pas un monstre ! »

« Ce n’est pas un monstre, calmes-toi…C’est notre fils et on le protégera quoi qu’il arrive. Cet incident doit rester entre nous. Sheila, fais taire les employer de la mine, ils ne doivent pas parler de ce qu’ils ont vu : avec ton pouvoir de Visioniste tu peux effacer leurs mémoires. »

«  Et Shinrei…Il ne s’est toujours pas réveillé…Comment va-t-il réagir ? »

« J’ai vu Shinrei lorsque Lillyan était en transe, il était plus inquiet qu’autre chose. C’est son meilleur ami qu’il a vu, je m’inquiète plus pour sa source de pouvoir. J’ai peur qu’il ne puisse pas se contrôler lorsqu’il est en colère…C’est bien trop dangereux ! Il faut lui brider ses pouvoirs. »

« Tu ne peux pas priver notre fils de son pouvoir ! C’est un être puissant et c’est à toi de lui apprendre à se contrôler, tu es son père ! Imagine sa peine lorsqu’il apprendra que tu veux le priver de son seul pouvoir… »

« Tu préfères que l’Oracle l’apprenne et nous l’envoie à l’armée ! Ou pire ! Qu’il le tue ! »

« De toute façon, il ira à l’armée…C’est son destin d’Agorien. »

« Sheila… »

«  Nous perdons l’esprit. Ne faisons rien contre leurs pouvoirs pour l’instant, il faut comprendre Lillyan, c’est un garçon si proche des vivants, avec ce don, il n’a pas pu se contrôler devant un tel spectacle. Toi-même, Karl tu as déployé beaucoup d’énergie sous la colère, je le sens bien. Et Shin n’a voulu que te protéger. Ce sont deux enfants particuliers qui doivent apprendre à se maîtriser et tout ça dans la discrétion. »

 

Des voix me parviennent clairement, elles font écho dans cet endroit noir. J’ouvre les yeux doucement mais la lumière m’aveugle, instinctivement, je referme mes paupières et grimace, une sensation de brûlure dans mes rétines. Je tâte le meuble autour de moi et sens mon bandeau, je le récupère avec un certain soulagement et me l’attache correctement. Dix neuf heures, le ciel est une agréable couleur orangée, je ferme mes volets puis m’approche de la porte en baillant.

 

- Tu crois qu’ils vont s’en souvenir ?

 

Je reconnais la voix de ma mère, elle a l’air soucieuse. Je m’arrête mes pas et tends l’oreille.

 

- Comment veux tu que je le sache…J’espère juste qu’ils n’en seront pas trop perturbés, lui répond mon père.

 

Je descends alors les marches, leur conversation cesse, je sais qu’ils m’ont entendu. Comme prévu, mon père déboule devant moi et m’attire dans ses bras pour me soulever dans les airs. Je ris surpris de sa rapidité et il ne tarde pas à m’accompagner.

 

- Shinrei ! Tu as faim ?

- Un peu, je réponds à ma mère.

- Tu veux une gaufre avec de la poudre d’oden ?

- On ne va pas dîner ? Je demande

- Dès que Lillyan sera réveillé. Nous avons réservé une table au restaurant.

 

A l’annonce du prénom de mon meilleur ami, tous les souvenirs de la journée me viennent à l’esprit comme un défilé rapide d’image, d’émotions et de phrases. Je frissonne, mon père le remarque et s’accroupit devant moi avec un air si inquiet que je suis obligé de le rassurer.

 

- Tout va bien, je dis dans un sourire qui se veut réconfortant.

- Tu es sûr ? Tu veux qu’on en parle ? Entre homme ? Dit-il tendrement.

- Ca ira. Je vais rejoindre Lillyan.

- C’est bien, tu es un véritable ami.

 

Je sens mon cœur se gonfler de fierté et monte quatre à quatre les escaliers pour aller dans la chambre de mes parents. C’est certainement là qu’il dort, paisiblement. J’entrouvre la porte et remarque que les rideaux n’ont pas été fermés, j’ouvre complètement la porte. Lillyan ne dort pas. Il est debout accoudé à la fenêtre, regardant le soleil couchant d’un air mélancolique. Un sentiment étrange me presse le cœur dans un étau et je n’arrive pas à articuler des paroles censées. Le silence est parfois la meilleure solution. J’arrive à lui lentement sachant très bien qu’il m’a entendu arriver mais il ne daigne pas me regarder, il ne cesse de fixer le ciel, plongé dans les méandres de ses pensées, dans ses doutes, dans ses questions sans réponses. Dans une solitude infinie.

 

Ce n’est que Lillyan, il restera toujours le même à mes yeux.

 

Lentement, je m’approche de lui et entoure ses épaules de mes bras protecteurs, je laisse aller ma tête sur son dos sans rien dire. Son corps s’est d’abord raidi puis il s’est détendu lorsque j’ai déposé mon visage si proche de sa peau. Quelques secondes plus tard, ses épaules sont secouées de spasmes.

 

- Je suis là, Lillyan, tout va bien, dis-je en souriant.

 

Il se retourne brusquement et me serre contre lui à m’en étouffer. Surpris, je mets un certain temps avant de répondre à son étreinte. Il pleure à chaudes larmes mais étouffe ses cris dans mes bras. Il me parait si petit, si fragile à cet instant précis que j’aimerai l’enfermer dans un cocon pour le protéger de tout mon cœur.

 

- Tu seras toujours là, pas vrai ? Il me demande entre deux sanglots.

- Toujours.

- Même si je suis un monstre ?

- Si tu es un monstre alors moi aussi ! Tu vois, on est tous les deux des monstres, je lui dis en lui tirant la langue.

 

J’arrive à lui arracher un sourire, ces larmes sèches sous la lumière de son visage puis il me serre à nouveau contre lui, cette fois, dans la joie. Je l’attrape par la main et je l’emmène jusqu’en bas où les parents nous attendent, ils accueillent Lillyan avec autant d’entrain, sans être effrayés comme Lillyan semblait avoir peur. Je crois que c’est un réel soulagement pour lui et c’est un réel bonheur pour moi de le voir s’amuser comme avant.

 

Papa et les autres ont raisons, si nous sommes assez puissants pour être capable du pire, nous sommes assez puissant pour réussir à nous contrôler et être capable du meilleur.

 

La soirée s’est déroulée dans la même bonne humeur, il fait déjà nuit quand nous sommes rentrés. Maître Zenon semble un peu hébété, Cali n’arrête pas de le gronder parce qu’il a trop bu et qu’il doit prendre exemple sur mon père. En fait, mon père n’est pas dans un meilleur état, ce n’est pas un si bon exemple. J’ai dormi chez moi et Lillyan chez lui. Je crois que ce n’est pas une bonne idée de nous séparer maintenant, il a besoin de moi, j’ai besoin de lui.

 

- Ne t’inquiète pas, il mime.

 

Ne me dis pas de ne pas m’inquiéter, c’est impossible. Mes parents et moi rentrons chez nous, les rues sont assez silencieuses jusqu’à la maison, mon père est directement allé se coucher, ma mère m’a embrassé sur le front avant de rentrer dans ma chambre. Je ferme la porte à clé et j’ouvre la fenêtre. La nuit, je peux quitter mon bandeau, je n’y vois pas aussi bien qu’avec à cause de la Lune mais j’y vois assez pour réussir à distinguer la forêt au loin.

 

Je saute de ma fenêtre sans faire de bruit et cours jusqu’à la ville basse, j’aurai aimé y aller avec Lillyan mais je pense que ce n’est pas bon pour lui. Quinze minutes plus tard, je suis dans la forêt, marchant au milieu des racines immenses et des feuillages agités par un doux vent. Je reste sur mes gardes, prêt à me défendre ou me cacher. Moins j’entends les oiseaux et plus je sais que je m’enfonce dans la forêt et que j’approche des mines. L’odeur du souffre et du charbon portée par les airs arrive jusqu’à moi. Je ne suis plus très loin.

 

La nuit, les mines sont désertes. Les esclaves ont quand même le droit de dormir, je ne sais pas où mais pas dans la forêt, elle est trop paisible pour qu’il y ait une activité humaine. Je souffle un peu, avant de poser le pied sur les terres de l’exploitation. Je m’appuie sur un tronc rugueux, je l’observe de tout son long et un sourire stupide s’étire sur mon visage. Il est heureux de me voir, c’est comme si je pouvais ressentir cette émotion me traverser le cœur.

 

Je n’ai pas de temps à perdre néanmoins. Je continue ma traversée de l’exploitation tout en restant vigilant. J’espère ne pas m’être trompé, mes souvenirs sont encore un peu flous à cause du traumatisme. Finalement, au bout de quelques minutes de doutes, je commence à ressentir la même impression qu’en début d’après midi, la même odeur de putréfaction avec en plus une odeur de sang séché.

 

- J’y suis.

 

Dans la forêt, la lumière faible de la Lune a du mal à pénétrer à travers les grandes feuilles des centenaires, je peux clairement distinguer les membres déchiquetés, le sang, les restes de chair. Je déglutis pour me retenir de vomir et me redonne du courage en prenant une grande inspiration.

 

- Aller Shin, tu as promis.

 

Je calme mon esprit en fermant les yeux et en essayant de ressentir tout le flux de mon énergie se déverser dans mon corps, je le fais redescendre puis remonter, je le concentre dans mes mains. Je frappe violemment le sol, la terre commence à se fendre en formant un cercle autour du site du nid des Evêques à poil bleu et autour des corps. Je serre les dents et tente de mettre toute ma force dans mes poings pour l’écraser sur le sol comme une violente massue. La terre se fend de part et d’autre à l’intérieur du cercle formé et tout s’effondre. Un léger tremblement résonne sous mes pieds.

 

Je suis essoufflé, totalement vidé de mon énergie mais je n’ai pas fini mon travail. La sueur perle sur mon front, je maintiens mes mains plaquées sur le sol. Une fois le tas d’immondices englouti six pieds sous terre, je me redresse pour recouvrir le trou. Je sens mon corps tremblé et mes yeux se fermer tous seuls. Je suis encore trop faible…C’est horrible cette sensation d’impuissance. Pourquoi est-ce que je ne peux pas dépasser cette limite que mon âge m’impose ?! POURQUOI ?!

 

Je lève mes bras, je soulève deux immenses plaques de chaque côté, comme une porte qui s’abat sur une entrée, elles s’écrasent bruyamment pour refermer la tombe.

 

- Les Evêques pourront à nouveau faire leur nid maintenant…, dis je au bord de l’évanouissement.

 

Je dois rentrer mais je n’arrive plus à bouger, sans réussir à me ressaisir, mon corps s’écroule comme une masse informe. Mes yeux restent ouverts avec le peu de force qu’il me reste. Je ne peux pas rester dans la forêt, je n’ai pas mon bandeau, si je ne rentre pas avant qu’il fasse jour…je…vais rester…coincer ici…

 

A moitié conscient, j’entends des pas, les vibrations du sol viennent jusqu’à mes oreilles. Quelqu’un s’approche et je ne peux même pas le voir. Mon corps survole les airs, je ne comprends pas ce qui m’arrive, je suis couché sur quelque chose de doux, de confortable. Le bruissement d’un battement d’ail, l’air qui chatouille mes cheveux. J’ai quitté la forêt, je le sens. Quelque chose vient me chatouiller l’oreille, quelque chose de pointu ! Un couteau ? Je tente d’ouvrir correctement les yeux.

 

- A…Anemos ?

 

Il penche la tête comme s’il voulait me montrer quelque chose, je me retourne et remarque que je suis devant la fenêtre de la ma chambre. Les dieux sont de mon côté ce soir.

 

- J’ai réparé votre nid, enfin…Disons que j’ai tout remis à l’état d’origine, vous serez obligés de le reconstruire.

 

Il abaisse sa tête comme s’il me faisait une révérence, peut être un remerciement. Je souris et me hisse jusqu’à ma chambre. Je ne sais pas si c’est la présence d’une créature aussi rare que féérique qui m’a redonné des forces mais j’ai réussi à monter jusqu’à ma fenêtre. Je regarde le bel oiseau disparaître dans l’ombre de la Lune avant de m’écrouler dans mes couvertures.

Le réveil fut plus brutal que prévu.

 

- Pourquoi es tu sorti hier hein ? Tu crois que personne n’aurait remarqué le travail d’un Fossoyeur de Terre ? Je sais que c’est toi ! D’autant plus que tu ne t’es même pas déshabiller pour dormir, ton visage est couvert de terre et tu pues la cendre ! Ce n’était pourtant pas clair ? Personne ne doit savoir l’étendue de ton pouvoir, tu entends, Shin ? PERSONNE !

- Compris, maman.

- Je n’ai pas entendu !

- Compris, maman !

 

Elle quitte ma chambre, rouge comme une tomate et je peux enfin respirer. Une petite tête de fouine fait apparition dans l’embrasure de ma porte.

 

- Tu es aussi venu me faire un sermon ? Je demande à mon père.

- Je viens te prévenir, petit guerrier, pousser tes limites ne te fera rien de bien. Crois-moi, il vaut mieux être raisonnable. Sinon, tu risques de te faire à ton tour posséder par l’esprit de ton pouvoir.

- L’esprit de ton pouvoir ?

- Tu comprendras plus tard. En attendant, s’il te plait, n’essaye plus de te pousser à bout, d’accord ?

- D’accord.

- Promis ?

- Promis.

- C’est bien de tenir ces promesses, même si ce sont des promesses faites à des oiseaux. Je suis fier de toi.

 

Il m’ébouriffe les cheveux et quitte ma chambre.

 

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Voilà la suite !!

C'est un grand pas en avant je vous le garantit, on sait que Lillyan a un pouvoir immense ainsi que Shinrei, mais celui de Lillyan font un peu plus flipper... XD

Vous imaginez ? Une armée de zombie derrière un gamin de douze ans ? Le problème c'est qu'il n'en ai pas conscient lorsqu'il est dans cette état ! Et vous comprendrez dans les chapitres suivant ainsi que le nom de ce pouvoir extraordinaire que possède Lillyan !


Leur vie prend un tournant bien différent de l'agorien de base. Ils doivent maintenant garder le secret de l'étendue d'un pouvoir inconnu.


Bisous à toute ! Pas de rappel vu qu'il n'y a rien de nouveau ^^

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 15 avril 4 15 /04 /Avr 17:31

 

 

- Lillyan, à part ton don de télépathie et ta maîtrise de l’électricité, tu ne nous aurais pas caché d’autres pouvoirs ?

- Papa, je t’ai dis que je ne savais pas que… Enfin, que j’étais capable de faire ça… Je ne vous ai rien caché.

- As-tu déjà ressenti cette sensation ?

- Laquelle ? Je n’ai jamais ressenti une pression aussi intense, papa… Je sais pas ce qui s’es passé, c’était tellement puissant que mon don de télépathie a pris le pas sur ma conscience. C’était horrible, tous ces sentiments négatifs m’ont submergé et… Je sais pas ce qui s’est passé, papa, je sais pas… Je sanglote. Je ne veux pas revivre ça, je ne veux plus être comme ça…

- Le problème, c’est que maintenant que ton pouvoir s’est réveillé une fois, il est tout à fait capable de ressurgir à nouveau. Mais pour autant, nous n’arrivons toujours pas à déterminer la véritable nature de ton pouvoir.

- Je ne suis pas un Souffleur du vent ?

- Ça paraît plus compliqué que ça. On t’a toujours dit que les Souffleurs du vent ne maîtrisaient pas la télépathie et ils ne sont clairement pas capables de lever une armée de zombies. Lillyan, si les autres peuples l’apprennent, tu peux être sûr qu’ils seront terrifiés et… Non, rien, si jamais tu ressens quelque chose, même si tu n’es pas sûr, tu viens me voir. Où que je sois, quoique je sois en train de faire, d’accord ?

- D’accord, soufflai-je.

Papa me prit dans ses bras et je ne pus retenir mes sanglots.

- J’ai peur, papa…

- Ne t’inquiètes pas, il suffit que tu ne sois pas à proximité d’une fosse à cadavres et ça ira.

- Mais imagine que mon véritable pouvoir soit malfaisant ? Vous dîtes que vous ne connaissez pas sa nature, imagine que je provoque quelque chose de terrible ?

- Si cela arrive, je serai là pour te protéger. Nous serons tous là : ta mère, Karl et Sheila et Shin. Quoiqu’il arrive, tu pourras compter sur nous et même si Shin n’est pas la personne la plus adaptée, si tu as besoin de parler, je préfère que ce soit à lui plutôt que garder tout pour toi, d’accord ?

- D’accord.

- Je vais à la forge. Tu veux venir avec moi ?

 

Je hoche la tête et suis mon père. Je croise le regard inquiet de ma mère, il pose une main réconfortante sur mon épaule et je croise son regard rassurant. La chaleur et les bruits familiers du marteau dans la forge apaisent mes angoisses. Ici, je me sens en sécurité. Je n’ose plus quitter mon père, je n’ose plus partir en vadrouille dans la forêt, j’ai peur de ce que je suis désormais capable de faire… Je me crains moi-même.

 

- Papa ? Je l’appelle tout bas.

- Oui ? Se retourne-t-il pourtant.

- Je pourrai pas avoir un maître pour apprendre à maîtriser mon pouvoir ?

- Mon Lillyan qui devient sérieux ? Se moque-t-il avant de reprendre son sérieux. J’y travaille, j’ai demandé à Karl de se renseigner discrètement au palais. Le problème, c’est qu’on ne peut pas consulter les archives parce qu’ils notent notre nom et l’ouvrage que l’on a consulté. Et comme nous n’avons pas envie de crier sur les toits ce qui s’est passé, nous ne pouvons pas non plus mettre une affiche.

- Je comprends.

 

Je ne vois pas le temps passer, je reste toute la journée assis sur mon tabouret en regardant mon père travailler. Ça me vide la tête et je sais que je ne risque rien avec lui.

 

Nous croisons Shin sur le chemin du retour, il ne s’attendait pas à ce que nous rentrions si tôt puisque mon père rentre plus tard d’habitude. Voir Shin me rassure immédiatement : comme le dit papa, je pourrai toujours compter sur lui. Après tout, il est bien le seul qui ait réussi à m’arrêter. Même son père, l’amiral de l’armée d’Agora, n’y était pas parvenu.

 

Nous n’osons pas trop discuter en présence de mon père, ce qui trahit mon inquiétude, ma pression. Je suis encore en état de choc et je ne peux pas vraiment parler de tout et de rien comme si rien ne s’était passé.

 

De retour à la maison, je salue Sheila et Karl qui avaient accompagné leur fils. Je me doute que la véritable raison de leur venue, c’est qu’ils veulent parler à mes parents de ce qui s’est passé.

 

Shin et moi allons dans ma chambre et nous posons sur mon lit.

- J’ai réparé le terrain pour que les Evêques puissent à nouveau construire leur nid, il m’annonce d’une voix neutre mais fier de lui.

- Je sais.

- Hein ? Je ne t’ai même pas prévenu.

- J’ai reconnu ton aura qui s’est enflammée et après plus rien. J’ai réussi à contacter à Anemos pour qu’il aille te chercher.

- Ah, je comprends mieux maintenant. Qu’est-ce que je ferai sans toi, hein ?

- Et moi donc ?

 

Nous restons silencieux tant les mots nous paraissent vides : la présence de Shin me calme et je ne pense plus à moi comme à un monstre. Il a autant besoin de moi que j’ai besoin de lui. Finalement, nous décidons d’aller dehors pour nous allonger sur la pelouse et admirer le ciel étoilé. C’est plus facile de parler quand on ne se regarde pas yeux dans les yeux.

 

Là, je me lâche enfin, je lui raconte tout ce qui s’est passé sans omettre aucun détail. Ça me fait énormément de bien de me vider autant. Lui me raconte l’attitude de son père sans avoir plus d’information. Je me rappelle alors qu’il m’avait demandé de l’accompagner parce qu’il devait vérifier quelque chose. Je me doute qu’il ne pensait pas que les choses empireraient jusqu’à ce point mais je lui en veux quand même de s’être servi de moi sans réfléchir aux conséquences.

 

Pour tout le monde, mon don de télépathie est quelque chose de pratique, même s’ils ne l’approuvent pas vraiment, n’appréciant pas trop cette idée d’être sondé dans leur esprit sans rien pouvoir cacher, sans même le savoir.

 

Moi, par la force des choses, je m’y étais habitué, fermant mon esprit aux pensées parasites ou l’utilisant pour entrer en contact avec les animaux. C’est quand j’avais découvert cet aspect de la télépathie que je l’avais vraiment aimée.

 

Les gens avaient aussi remarqué l’incohérence entre ma maîtrise de l’électricité et mon don de télépathie. Je n’avais jamais prêté attention à ces paroles, soit c’étaient des vieux soit c’étaient des jaloux. Là, c’était une toute autre perspective qui s’ouvrait à moi.

 

Nous sommes tellement absorbés dans notre conversation que nous en oublions les oreilles parentales indiscrètes. A la fin de la soirée, je me sens apaisé, pour la première fois depuis plus de vingt quatre heures. Je laisse partir Shin le sourire aux lèvres avant de me coucher, confiant.

 

Mes rêves sont cependant troublés. Je me réveille en sursaut quittant un champ de bataille féroce dominé par une armée de zombies. Je vais à la salle de bain pour me rafraîchir. Des voix étouffées me parviennent. Curieux, je redescends au salon. Mes parents ont dressé une barrière psychique mais croyant que je dormais, ils ne sont pas attentifs et ne m’ont pas encore remarqué. Cependant, je ne sais pas si c’est bon pour moi d’épier leur conversation. Je sais de quoi ils parlent et je n’ai pas envie d’entendre des choses désagréables à mon sujet. Je crois mon père quand il me dit qu’il ne me prend pas un montre mais il n’en restait pas moins que mon pouvoir n’avait rien de très sain.

 

- Faire des expériences avec lui ? S’étonne ma mère.

- Je pense qu’il n’y a que comme ça que l’on découvrira son véritable pouvoir.

- En quoi consisteraient-elles ? S’inquiète-t-elle.

- Karl voudrait recréer les circonstances de la mine mais dans une échelle moindre.

- Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Lillyan est encore terriblement secoué et je pense que lui faire revivre cette expérience n’apporterait rien de bon.

- Karl dit qu’il ne peut pas attendre que son pouvoir se déchaîne dans toute sa fureur parce qu’alors, il ne puisse plus rien faire.

- Oui mais il sera encore plus traumatisé s’il se rend compte qu’un tel pouvoir prend possession de lui.

- Cet exercice aura pour but d’en apprendre un peu plus et alors, nous pourrons prendre des mesures et lui donner un entraînement qualifié.

- Mais si vous n’arrivez pas à le calmer ?

- Shin sera avec nous, c’est indispensable.

- Lui aussi ? Mais ils sont si jeunes.

- Chérie, le problème, c’est que, même s’il s’agit de Lillyan, Karl l’identifie comme une potentielle menace tant que son pouvoir demeure incontrôlable. Il ne s’agit pas de prendre en compte leur âge. Ils sont liés tous les deux et je préfère que ce soit Shin qui l’arrête plutôt qu’une centaine de soldats.

Ils se taisent tous les deux.

- Je n’aime pas voir Lillyan dans cet état, il est vraiment terrifié. Je n’étais pas tranquille quand il était avec moi à la forge, il est passé d’un extrême à l’autre : ce matin, il pleurait et dans la forge, il n’a quasiment rien dit, il est juste resté assis le regard dans le vide. Notre fils n’est pas comme ça. Nous devons faire quelque chose.

- D’accord ! Je m’exclame sans réfléchir.

- Lillyan ?!!! S’écrient mes parents, ma mère la main sur ma bouche. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es censé être couché.

- J’ai fait un cauchemar, je suis allé dans la salle de bain pour me passer un coup d’eau sur le visage et je vous ai entendus. Ça va vraiment marcher ?

- Je n’en sais pas plus que toi, se reprend rapidement mon père. L’effet de surprise n’aurait pas été négligeable non plus mais tu en seras peut-être moins traumatisé. Je sais que tu es fort mais si tu as trop peur, tu me dis, d’accord ?

- Les événements de l’autre jour se sont produits parce que j’étais terrifié, ce n’est pas un simple « bouh » qui me fera réagir, papa, je lui fais remarquer.

- Non mais je pense que maintenant que ton pouvoir s’est réveillé, ce sera plus facile de le provoquer.

- Ce qui le rend d’autant plus dangereux.

- C’est pour ça que nous voulons en savoir plus.

- D’accord.

 

Le lendemain, Karl nous emmena loin de la ville et de la forêt à l’abri des regards. Il y avait une certaine tension dans l’air, je ne pouvais m’empêcher de trembler mais la présence de Shin me rassurait. Dans le pire des cas, je savais qu’il pourrait m’arrêter. Comment ? Nous n’en avions pas la moindre idée mais c’était une certitude, aussi certain que nous mourrions si notre cœur arrêtait de battre. Le terrain était spacieux et idéal.

 

Papa me serra dans ses bras puis je me retournai. A vrai dire, je ne savais pas vraiment ce que je devais faire. A l’autre bout du terrain se positionna Karl. Non pas Karl : l’homme que j’avais en face de moi était l’amiral de l’armée d’Agora. En tenue militaire, prêt à combattre, il était vraiment époustouflant, effrayant. Je déglutis. Ils ne voulaient quand même pas que je me batte contre lui ?

 

En un souffle, Karl était sur moi et m’envoya un coup de poing qui me lança dix mètres en arrière. Le souffle coupé, le sang sur les lèvres, je tente de me relever. Outre le fait que j’ai envie de vomir, je constate que je n’ai pas une seule côte cassée. Pourtant, la violence de l’impact aurait dû m’en briser au moins deux. Je n’ai pas le temps de me redresser complètement que Karl est déjà sur moi. Son regard perçant me paralyse et je tremble de terreur.

 

Je traverse à nouveau le terrain en vol plané en tentant désespérément d’amortir ma chute avec ma maîtrise de l’air. J’avais tellement fait une fixation sur mon nouveau pouvoir que j’en avais oublié la base. Mais la panique et le sans me montent à la tête et je suis incapable d’avoir une pensée cohérente.

 

Je rebondis plusieurs fois avant d’atterrir lourdement, la tête complètement retournée. Cette fois, je ne peux pas m’en empêcher et vomis tout ce que j’ai mangé ce matin. Ils avaient parlé d’un exercice pour libérer mon pouvoir et là, je ne vois pas le rapport avec les coups que me donne Karl. Comment veulent-ils que je tienne tête à l’amiral de l’armée en personne ? Moi, un gamin de douze ans ?

 

Je comprends bien qu’ils veulent me faire perdre mes moyens pour attiser le pouvoir qui sommeille en moi et le forcer à se montrer mais là, tout ce que je ressens, c’est de l’impuissance, une peur qui me nouait les entrailles, pas du tout, de la terreur ou une quelconque impression malsaine, négative. Je ne ressens même pas d’aura meurtrière venant de Karl. Tout ce qu’il veut faire, c’est me secouer un peu, il ne me blesse même pas.

 

Je me souviens alors de mon sentiment d’impuissance qui m’avait gagné quand j’avais été attaqué et de mon serment. Je me rends compte à quel point il était futile, en tout cas, dans cette situation présente.

 

Alors que Karl fonce de nouveau sur moi, tout ce que je suis capable de faire, c’est de fermer les yeux. Des larmes d’angoisse commencent à tomber. Je ne peux rien faire !!

 

Un bouclier de terre émerge soudainement entre nous. En un instant, Karl se détourne et se rue vers son fils. Je retrouve tout mon sang froid et je fais léviter Shin jusqu’à moi à la vitesse du son. A nous deux, nous arrivons, en combinant nos attaques, à freiner Karl. Heureusement, mon père n’intervient pas pour aider son ami, les forces seraient vraiment trop inégales et Karl n’en a absolument pas besoin. C’est tout juste s’il est essoufflé et s’il a quelques éraflures.

 

Le combat s’éternise, la sueur me brûle les yeux, du sang me macule les mains à cause des branches, et je fatigue mais mon cœur palpite d’excitation. Lorsque je combats avec Shin à mes côtés, c’est comme si je retrouvais une partie de moi-même. Nous sommes totalement en symbiose.

 

Un immense trou s’ouvre sous les pieds de Karl. Ce dernier saute mais la bulle d’air que j’ai réussie à créer l’écrase. Je me concentre pour ne pas lâcher prise et Shin puise également dans ses dernières forces pour augmenter la gravité. Karl, pris dans son étau, grogne.

 

Je ne vais pas pouvoir tenir encore très longtemps, c’était déjà bien d’avoir réussi, ne serait-ce qu’à coincer l’amiral. Et pourtant, alors que je me dis que j’ai bien travaillé, quelque chose au fond de moi n’est pas d’accord, ne veut pas abandonner sa proie. Je me secoue et me concentre d’avantage ; je perçois la même lueur de détermination dans les yeux de mon frère d’armes. Je crois que c’est encore plus important pour Shin de vaincre l’amiral, vaincre la personne la plus puissante du pays, vaincre son père.

 

Un sentiment de frustration me gagne quand je sens que la pression diminue. Je refuse pourtant d’abandonner et repousse mes limites. Un déclic.


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TADAM !!!

Lillyan en mode incontrôlable va revenir hihi

=) avec quelques différence vous allez voir que ces pouvoirs seront encore plus grands !! MOUHAHAHAHA ^^

Shin pourra-t-il vraiment l'arrêter ? Après tout il n'a que douze ans...A sa place je prendrais mes jambe à mon cou XD

QUE JE SUIS LACHE

Enfin bref

Voilà une suite encore riche en info sur le petit monstre voyons voir ce que va donner la suite ! J'espère que pour l'instant ca vous plait. BISOUS


ps : toujours pas de rappel aucun terme nouveau ! Si vous en voyez un n'hésitez pas à demander ^^

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 22 avril 4 22 /04 /Avr 23:46

La tension, c’est la même que la dernière, cette aura meurtrière et étouffante juste derrière moi. Sans me soucier de mon père qui s’était figé en même temps que moi, je me retourne brusquement. Le corps de Lillyan était en train de trembler, cette aura dansante était à nouveau là. Je fronce les sourcils, il est toujours conscient, il regarde ses mains comme s’il les voyait pour la première fois. La bouche entrouverte il n’arrive pratiquement pas à parler. Lillyan…

 

- Ne t’approches pas de lui Shin, nous devons d’abord voir. M’ordonna mon père de sa voix d’Amiral

- Je…, murmure Lillyan, je me sens bizarre j’ai l’impression que mon corps brûle, je peux entendre mon cœur comme un tambour proche de mon oreille, je peux suivre le flux de l’air dans ma gorge…

Je serre les poings et les dents. Il a peur, je le vois. Il a peur.

- Ce sentiment de frustration, comme un barrage que je…que je ne peux pas…briser !

 

Il ferme le poings si fortement que son bras tremble de contraction.

Brusquement, il tombe sur ses genoux, les mains plaquées sur sa tête, il serre si fortement les dents pour s’empêcher de crier ou de libérer cette affreux pouvoir que j’en ai mal pour lui. C’est insoutenable, je sens mes ongles se planter dans mes chairs tant je souffre. Comment peuvent-ils restés si impassibles ? Comment peuvent-ils ne pas mettre fin à ce carnage ?

 

- Ça suffit, je chuchote, je peux pas papa…JE PEUX PAS REGARDER CA ! Je hurle

- Alors forces-toi, pour Lillyan, pour qu’il apprenne à ne plus avoir peur…, il me murmure, regarde Zenon…Regardes le visage de Zenon voyant son propre fils dans cet état. Que crois tu que ça lui fait ? Il a mal autant que toi, si ce n’est plus…Forces toi. Forge ta patience, mon fils.

Lillyan…Pardonnes moi. Je fais ça pour toi.

 

Je soulève un morceau de roche du sol, la terre tremble sous ma colère, je sens l’étonnement de mon père. J’ouvre les yeux, je prends de l’élan avant d’envoyer cette boule destructrice en direction de Lillyan. C’est alors que sans que je ne le comprenne, j’ai senti un vent sifflé derrière mes oreilles, mon père s’était déplacé à une vitesse impressionnante en me rasant de près, je reste perplexe. D’un coup d’épée, il fend la roche en deux parties qui tombent bruyamment sur le sol.

 

Je vois mon père essoufflé, il a les yeux écarquillés. Je ne comprends pas. Pourquoi ?

 

- Je…Je n’arrive plus à contrôler mon corps.

 

QUOI ?! Derrière lui, Lillyan se lève, le visage caché par ses cheveux, son aura ne fait que s’intensifier, il lève la main en direction de mon père et bouge ses doigts. Le corps de mon père gesticule de manière étrange, il brandit son arme face à moi. Il a une position d’attaque mais son expression ne correspond pas à un guerrier, il est plutôt effrayé.

Maître Zenon reste bouche bée, la situation devient dangereuse, même démesurée ! Lillyan contrôle mon père comme une vulgaire marionnette contre moi.

 

- Je ne pourrai pas arrêter Lillyan et mon père à la fois ! Je suis foutu !

 

Ça ne devait pas se passer comme ça. L’esprit du pouvoir de Lillyan semble totalement le posséder, je ne ressens même pas la présence de mon ami tellement cette aura puissante me coupe toute sensation. Que dois-je faire ?

 

- ZENON ! Hurle mon père. Je ne peux pas aller contre cette volonté, tu dois aider Shinrei !

 

Sans plus attendre, Zenon est à mes côtés, il sort une épée scintillante de son fourreau avec une telle grâce que je me sens beaucoup plus en sécurité. La situation cependant ne semble toujours pas en notre faveur, je ne sais pas vraiment ce que je dois faire pour arrêter Lillyan. La dernière fois, cela s’était passé d’un seul coup, sans que je réfléchisse, là, je suis pleinement maître de mes capacité sans qu’une émotion en dépasse une autre. Je dois me ressaisir…Je dois me ressaisir !

Brusquement mon père se lance à notre attaque, il fronce les sourcils, ses mouvements ne sont pas les même que lorsqu’il combat de sa propre volonté. Maître Zenon va immédiatement à sa rencontre. Le combat est inégal, maître Zenon est beaucoup trop fort. L’aura de Lillyan devient plus sombre, de plus en plus contrariée de perdre la face. C’est maintenant que je dois agir. Mon père m’avait fait promettre de ne pas dépasser mes limites mais pour maîtriser un tel pouvoir, je n’ai pas vraiment le choix.

 

- Karl, tu peux réussir à te défaire de son contrôle, Lillyan est faible. Je sens sa puissance faiblir. Il transpire beaucoup et son souffle est irrégulier ! S’écrie maître Zenon.

- Je vais essayer ! Hurle mon père en tentant de retenir son bras.

 

Il faut que Lillyan perde le contrôle de mon père avant car je ne peux pas l’arrêter sans risquer de les blesser. Je me sens si impuissant, si inutile. Si faible. Lillyan cache en lui une puissance aujourd’hui inégalée, je ne suis même plus sûr que l’Oracle lui-même ait atteint un tel degré de pouvoirs. C’est incroyable.

Je sens mon père lutter contre cette force qui tire les ficelles, il lutte de tout son être, son aura grandit et l’enveloppe à nouveau, il arrive d’abord à lâcher l’épée sans la reprendre. Une partie de son corps revient sous son contrôle mais personne n’a jamais vu l’Amiral de notre nation lutter autant contre quelque chose. Je suis tétanisé. Maître Zenon a arrêté de se battre, mon père tombe à terre, essoufflé, maître Zenon l’aide à se relever pour l’éloigner de l’influence de Lillyan. Je lève un mur de terre face à eux pour attirer le regard de cette chose qui contrôle mon meilleur ami.

 

- Je ne sais pas qui tu es…mais tu vas te faire botter le cul par un gamin de douze ans.

 

Je me lance à l’attaque de Lillyan sans me soucier de son corps, bien que ce soit le corps de mon meilleur ami me trouble. Pour que l’esprit d’un pouvoir puisse nous posséder, il faudrait que le pouvoir soit incroyablement rare et puissant. Je ne vois pas d’autre explication.

Je plante mes mains dans la terre, je peux le faire, je le sais. Deux immenses colonnes de terre se soulèvent devant et derrière Lillyan. Je les fais danser autour du corps de Lillyan qui tente de s’enfuir mais le tourbillon des colonnes est beaucoup trop serré pour qu’il puisse s’échapper sans y laisser la vie. Elles se rapprochent de plus en plus, il est pris au piège. Toute mon énergie est lancée dans le sol pour se concentrer sur ces deux colonnes de terres tourbillonnantes. Je sens le souffle me manquer.

Petit à petit, j’arrive à les mouvoir comme de l’argile. Mes muscles se contractent, je n’avais encore jamais réussi à changer la forme de la terre je sens toutes mes forces passées dans cette unique technique que je ne suis censé contrôler qu’à mes quatorze ans. Les colonnes bougent autour du corps hurlant de Lillyan, cette voix si artificielle qui n’est pas la sienne, une voix si désagréable qu’elle effraie même les animaux aux alentours. La terre le couvre totalement jusqu’à la tête formant une tour immense. Je durcis à nouveau la terre jusqu’à en faire une matière si compacte et si dure que même son pouvoir d’électricité ne pourrait la fendre.

Je peux enfin retirer mes mains du sol et me couche pour ne pas m’évanouir si jamais je tente de me relever. Mon torse est soulevé par mon manque d’oxygène, tout me parait si trouble. J’ai les yeux qui pleurent, mes membres tremblent de part et d’autre, mon cœur bat si fort que j’ai peur qu’il explose. Je n’avais jamais autant poussé ma maîtrise de la terre jusqu’à aujourd’hui et je crois que mon petit corps de garçon ne le supporte pas. Je suis désolé mais je devais le faire.

J’entends les pas de papa et de maître Zenon, ils se précipitent sur moi. Mon père me porte et me sourit.

 

- Je suis désolé de t’avoir forcé à faire ça.

- Nous savons maintenant son pouvoir…, chuchote maître Zenon.

 

Le corps de Lillyan est endormi en haut de la tour. Son visage et son aura redeviennent normaux. J’oblige mon père à me poser à terre, j’avance jusqu’à la tour pour la détruire et récupérer Lillyan. Maître Zenon rattrape son fils au vol et je regagne les bras protecteurs de mon père. Nous repartons jusqu’à la maison, tous très secoués.

Lillyan se réveille au bout de dix minutes de marches, il voit tout d’abord le visage de son père qui lui sourit tendrement et dépose un baiser sur son front.

 

- Alors ? Il demande.

 

Maître Zenon tourne la tête dans ma direction, je salue Lillyan avec le reste de force que je possède, je crois que ce n’était pas une bonne idée. Son visage se déforme brusquement, les larmes déferlent sur ses joues salies par la poussière, il pose ses mains sur sa bouche sans me quitter des yeux. Je crois que tout ce qu’il a fait lui revient brusquement en mémoire, comme s’il avait été le réel manipulateur de corps dans cette histoire alors qu’en fait, il n’a fait que ce que nous attendions tous : il a révélé au grand jour son réel pouvoir, c’est un Manipulateur de Corps.

 

- Mon Dieu je savais que c’était une mauvaise idée ! S’écrie Cali on nous voyant arrivés.

- Shinrei, mon garçon, s’inquiète ma mère.

- Tout va bien, Sheila, Shin a été splendide ! Tu aurais dû le voir j ‘étais si fier de lui, relate mon père avec joie.

- Tu te souviens de ce que tu as dis, imbécile ! Il n’a que douze ans ! Pousser ses forces, c’est le tuer à petit feu alors ça suffit ! Il apprendra avec son temps ! S’écrie ma mère.

 

Ma mère m’arrache des bras de mon père et me dépose sur la chaise longue qu’elle a sortie. Elle me regarde avec tendresse et je ne peux que la rassurer en lui souriant à mon tour.

 

- Tout va bien, maman, j’ai besoin de manger, c’est tout.

 

Elle affirme et court dans la maison pour nous apporter de quoi nous remplir le ventre et nous désaltéré.

Maître Zenon pose Lillyan au sol qui tient correctement sur ses jambes et vient se coucher à mes côtés en me serrant contre lui. Il me murmure des excuses au creux de mon oreille que je suis seul à entendre. Je lui caresse sa joue humide et le rassure en lui disant que je suis un guerrier. Personne ne peut venir à bout d’un guerrier.

 

- Maintenant, au moins nous sommes sûrs, j’avais déjà des doutes mais cette fois c’est certain, soupire maître Zenon, c’est un Manipulateur de Corps.

- Quoi ? C’est impossible ! Je croyais que seul le peuple de Pandore pouvait avoir des Manipulateurs de Corps. Le dernier Agorien à avoir été un Manipulateur de Corps a…, la voix de Cali se meurt.

- Été condamné à mort. Finit mon père.

 

Le corps de Lillyan a frissonné, je le serre un peu plus contre moi.

 

- Je ne crois pas que l’on puisse encore condamner à mort un Manipulateur de Corps, seulement si jamais ça se sait, personne ne le comprendra. Lillyan sera rejeté par les autres. C’est pour ça qu’il doit apprendre à maîtriser ce pouvoir pour ne jamais se laisser contrôler dans les cas les plus extrêmes. Il faut voir aussi les bons côtés, Lillyan pourra apprendre à guérir, ce qui n’est pas rien ! Les guérisseurs les plus réputés ont été Manipulateur de Corps.

- Si Lillyan s’entraîne alors je vais m’entraîner aussi, dis je plein de conviction.

- Cela va s’en dire, sourit mon père, ta puissance pour ton âge n’est pas négligeable. Tu dois aussi apprendre à te contrôler.

- Lillyan…murmure sa mère, tu ne dois pas avoir peur de toi. C’est un pouvoir magnifique que tu as.

- Maman…Je suis capable de contrôler un corps ! Tu ne trouves pas ça, malsain ?! J’ai attaqué Shin en utilisant l’Amiral ! C’est horrible !

- Non, Lillyan ! Je crie brusquement.

 

Ses larmes cessent de couler. Je me redresse non pas sans effort et l’accompagne avec moi pour le regarder dans les yeux, rien que nous deux, juste ma voix.

 

- Tu peux sauver des vies avec ton pouvoir ! Tu peux protéger la cité. Ce n’est pas toi qui m’as attaqué, c’est ta faiblesse. Tu dois combler cette faiblesse, devenir maître de toi-même ! Ce n’est pas toi, ça, tu n’es pas marionnettiste, tu es Lillyan. J’ai confiance en toi.

 

Il affirme avec difficulté, je l’attire par ses épaules et le serre à nouveau contre moi. Je me force à penser tout haut et libère mon esprit pour que Lillyan soit le seul à entendre mes pensées.

«  Je serai toujours près de toi Lillyan, on va y arriver ensemble. Tu deviendras un grand guerrier agorien et nous protègerons le bien ensemble. Toujours ensemble. Tu m’entends ? »

 

Nos parents nous laissent monter dans la salle d’eau pour nous laver avant de dîner. Lillyan me soutient jusqu’à l’étage. Je ferme derrière moi la porte de la salle d’eau et j’ouvre les vannes du robinet. Ma mère venait juste de chauffer l’eau. La vapeur montait déjà dans les airs comme une fumée épaisse, je me sens déjà mieux. Nous nous sommes déshabillés puis nous sommes rentrés dans la grosse baignoire de marbre éclairée par des bougies accroché au mur. Lillyan laisse échapper un soupir de bien-être et moi, je peux détendre tous mes muscles. Mon énergie se régénère petit à petit.

 

- Tu crois vraiment que je serai capable de me contrôler ? Il me demande.

- Bah oui, quelle question ! Dis-je en l’éclaboussant.

- Hé ! T’as pas le droit ! Dit-il en riant.

Il plonge sa tête dans l’eau et se nettoie le visage pendant que je retire mon bandeau et le ruban qui retenait mes longs cheveux. Heureusement que la salle était dans la pénombre.

- Tu as des yeux si noirs, je n’en vois même pas la pupille, me dit Lillyan.

- Vraiment ?

Il affirme d’un mouvement de tête.

 

Il s’approche de plus en plus, l’eau faisait des vagues. Il vient toucher une mèche de cheveux qu’il accompagne jusqu’à sa bouche. Je rougis violemment.

 

- Et tes cheveux sont aussi blancs que les neiges d’Eria.

- Tu connais l’île d’Eria, toi ? Je croyais que t’écoutais jamais en cours, dis-je étonné.

- Ma mère me dit souvent qu’Eria est une île magnifique. Il n’y a là-bas que de la glace mais les hommes y sont plus chaleureux que dans n’importe quel autre pays.

- Eria, c’est une colonie agorienne non ?

- Surement, t’écoutes plus que moi en cours.

Il se remet en place contre le marbre et me sourit tout en s’appuyant sur son coude.

- Tu es mignon Shin. Quand on rentrera à l’école d’Eminence, les filles vont te sauter dessus.

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J'espère que vous avez toutes de bonnes excuses pour vos abscences ! Je remercie cependant celles qui pensent encore un peu à moi !

Moi aussi j'ai des partiels hein et pourtant je vous oublie pas ! NA !! (c'est une plaisanterie vous vexez pas quoique...)

 

Encore POV de Shin et oui ! On sait enfin le nom du pouvoir de Lillyan, la suite promet d'être plus intéressante pour les amatrices de lemon ;p

Bisous !

 

Rappel :

 

Pouvoir de Lillyan : électricité, télépathie. C'est un Manipulateur de Corps.

 

Pandore : nation des Manipulateurs de Corps principalement, c'est un île au nord est de Agora.

 

Eria : colonie d'Agora, paysage de glace et de montagne. Population a majorité Visioniste (= produisent des effets sur le psychisme)

 

Sheila : Mère de Shinrei Visioniste, elle peut effacer la mémoire et créer de faux souvenirs.

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Vendredi 30 avril 5 30 /04 /Avr 23:22

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Cela fait deux heures que j’écoute le discours du directeur sur la mission dont cette ancestrale école est chargée. Tous les ans, c’est le même discours, je le connais par cœur, après l’avoir entendu une dizaine de fois, à raison de deux fois par an pendant cinq ans.

 

J’avais mal aux jambes et mon organisme supportait mal notre semaine de beuverie. J’avais envie de dormir et de manger, si je pouvais faire les deux en même temps, ce serait encore mieux.

 

A côté de moi, Shin était toujours aussi calme mais je pouvais sentir, même à travers les barrières psychiques de l’école, son impatience. En jetant un œil derrière nous, je trouvai nos parents à l’exception de Karl, assis sur l’estrade d’honneur. Dire que tous les ans depuis dix ans, il devait y assister.

 

Il assistait également aux examens pratiques afin d’évaluer le niveau des étudiants et sélectionner ceux qui l’intéressaient. Il nous avait mis tellement la pression à Shin et moi que nous avions passé des nuits blanches à perfectionner nos techniques.

 

Je veux dire, tout le monde a la pression quand l’amiral en personne assiste à l’examen pour te juger mais pour Shin, c’était encore plus dur, sachant à quel point son intégration avait été difficile à cause de ceux qui le prenaient pour un fils à papa.

 

Le directeur conclut nos cinq années d’études éprouvantes en nous remerciant pour nous être montrés digne de leur enseignement. Shin me regarda en souriant bêtement mais je dois bien admettre que je lui rendais le même sourire. Nous nous serrâmes dans nos bras, fiers d’avoir réussi. Nous étions entrés à treize ans alors que nous étions tous juste des gamins, nous en sortons à dix-huit ans en homme fort et cultivé et avide d’en apprendre d’avantage.

 

Shin va entrer dans l’armée avec la grande ambition de prendre la place de son père et moi, je voulais devenir ambassadeur pour représenter notre nation à travers le monde..

 

Les parents serrent leurs enfants dans leurs bras tandis que Shin regarde anxieusement son père. Karl s’était montré très dur avec nous pendant notre scolarité, sûrement parce qu’il ne voulait pas que son fils se repose sur ses lauriers sous prétexte qu’il était le fils de l’amiral. Les deux hommes se jaugent mais Shin ne baisse pas les yeux puis Karl affiche un sourire et serre son fils dans ses bras dans une longue étreinte avant de m’ébouriffer les cheveux. La cérémonie se termine avec la remise de nos diplômes et nous allons fêter l’événement en famille.

 

Nos mères, toute excitée, se lancent dans une conversation dominée par des sons aigus tandis que Karl discute plus librement avec nous de ses impressions. Le repas fut agréable et nous finissons la soirée dans ma chambre. Shin s’allonge à côté de moi et vient quémander l’ouverture de mes lèvres. Joueur, je le laisse batailler jusqu’à ce qu’il renonce. Alors, il soulève mon tee-shirt et parcourt mon torse de baisers délicats et sensuels. Je frisonne, je ne peux pas rester indéfiniment insensible à ses charmes. Pour me venger, je me jette sur lui et l’assomme de chatouilles. Nous rions à gorge déployée avant de partager un baiser passionné.

 

Un repas en famille pour fêter ça, c’était bien beau mais rien ne valait une nuit endiablée avec son amant. Il met à califourchon sur moi et retire son tee-shirt avec une lenteur démesurément calculée. Je vais pour l’arracher mais il me repousse avec toute l’autorité de l’amiral. Je ne peux que déglutir en sentant mon érection devenir douloureuse. Ses mains caressent son propre torse en s’amusant à me délaisser pour son propre plaisir. Elles me narguent et je me fais violence pour ne pas utiliser mon pouvoir et l’immobiliser.

 

Lentement, ses mains viennent ensuite déboutonner mon pantalon avant de plonger brutalement sur moi. Je me cambre de plaisir, il accélère jusqu’à ce que je craque. Il lèche ma semence avec provocation, je n’en peux plus. Je me redresse vivement et inverse nos positions. Dans l’obscurité, ses yeux se confondent avec notre environnement mais je peux percevoir l’étincelle d’excitation qui fait battre la tempe de mon amant. Je le prépare doucement en lui susurrant des mots obscènes et en lui parsemant son corps de baisers. Lui non plus ne reste pas insensible. Mais maintenant, c’est moi qui l’ai en son pouvoir et je prends pour mon temps pour caresser la moindre parcelle de son corps sauf là où il en a le plus envie. Je souris quand je vois qu’il serre ses lèvres pour ne pas me supplier d’abréger.

 

Doucement, je prends possession de son corps tout en continuant à l’embrasser pour lui faire oublier la douleur. Je deviens de plus en plus enthousiaste, jusqu’à amener nos corps au plaisir suprême.

 

Alors je m’allonge contre lui mais cela ne m’étonne même pas de voir qu’il en réclame encore : mon corps non plus ne se lasse jamais du sien. Et de toute manière, lorsque je suis entre ses mains, mon corps ne répond plus de lui-même. Les premières fois où je me sentais m’abandonner comme ça à lui, j’avais eu peur de ne pas me contrôler, de ne pas contrôler cette espèce de bête qui dort en moi. Mais il ne s’agissait pas de combat ou de haine, ici, et pour moi, l’amour était un pouvoir bien plus puissant que la manipulation des corps.

 

Le lendemain, je me réveille agréablement en sentant l’odeur de Shin. Nous descendons tous les deux prendre le petit déjeuner et profiter de notre premier jour de vacances. L’année prochaine, Shin va intégrer l’armée et moi, je décrocherai un poste comme apprenti à l’administration avant de pouvoir entrer à l’ambassade. Nous n’aurons plus beaucoup d’occasions de nous voir.

 

Nous n’avons plus dix ans et pourtant, nos parents ne s’étonnent pas de nous voir descendre tous les deux après avoir dormi dans la même chambre. Je crois qu’ils trouvent ça aussi normal que nous. Nous avons grandi ensembles, Shin est mon meilleur ami.

 

Cependant, ce matin, leur visage est grave et ils n’essaient même pas de me cacher leurs pensées. Je manque de défaillir, j’attrape de justesse une chaise. Je veux croire que je me trompe mais je ne peux m’empêcher de serrer plus fort la main de mon amant.

 

- Les enfants, maintenant que vous avez réussi votre diplôme et que vous allez entrer dans la vie active, vous allez devoir vous unir.

Je sens Shin s’enflammer mais il ne comprend pas, les parents ne nous facilitent pas la tâche à rester aussi ambigus.

- L’Oracle a choisi ton épouse, Shin, annonce gravement Sheila.

- Qu… Quoi ? S’exclame-t-il, en me regardant sans comprendre.

Je ne peux que hausser les épaules et garder les yeux rivés sur le sol pour m’empêcher de tout casser. En cet instant, je pense que si je ne m’étais pas entraîner à garder mon sang froid, j’aurai explosé.

 

M’enlever Shin ? En y repensant, nous n’avions jamais parlé d’avenir, d’une relation tous les deux. Nous étions ensembles depuis notre plus tendre enfance, pour nous, c’était normal et tout ce que nous avions traversé n’avait fait que renforcer notre union.

 

Mais je sens aussi l’accablement de nos parents : c’est une décision de l’Oracle, ils n’ont pas le choix et ne peuvent que s’y résoudre. La colère de Karl résonne en moi, sa confrontation avec l’Oracle ne l’a pas laissé indemne. L’Oracle est le chef de la nation et on ne peut pas aller à l’encontre de sa décision. Et puis, ce sera une occasion unique pour Shin d’étudier sous la tutelle de l’Oracle lui-même. J’essaie de me convaincre que c’est une chance inouïe pour lui mais je n’y arrive pas. Et la lassitude de mes parents ne m’y aide pas.

 

- Non, il proteste. Je suis avec Lillyan.

- Shin, commence sa mère, vous êtes amis, vous êtes de très bons amis, vous n’allez cependant pas vous marier ensembles. Tu es le fils de l’Amiral, tu dois prendre tes responsabilités.

- Mais je n’ai jamais voulu être… Ce n’est pas parce que je suis le fils de l’Amiral qu’on va me dicter ma conduite.

- Shin, que ce soit le fils de l’amiral ou le fils d’un simple forgeron, les ordres de l’Oracle sont absolus, raisonne Karl.

Son ton dur et plein de tristesse nous frappe tous et coupe court à toute protestation.

 

Nos parents quittent la table pour nous laisser seuls. Je n’arrive pas à bouger, à formuler de pensées claires. Une chaleur se propage dans mon cœur lorsque Shin vient se serrer contre moi. Je réponds à son étreinte en pleurant silencieusement.

 

Nous passons la journée allongés sur la pelouse en fixant le ciel, comme toujours.

 

Je me couche tôt après le départ de Shin. Au lieu de fixer le ciel, je fixe le plafond. Un étrange vide s’est créé en moi et c’est douloureux. Quelques instants plus tard, ma mère vient me trouver dans mon lit et me caresse les cheveux. Elle ne parle pas, je ne parle pas mais elle essaie de me transmettre toute sa tendresse, la tendresse d’une mère. Je me retourner vers elle pour la serrer, à son tour, dans mes bras et je continue de pleurer silencieusement.

 

Deux jours plus tard, nous est présentée la fiancée de mon meilleur ami. Karl me jette un regard sévère et je sais qu’il surveille le moindre changement de comportement. Shin voulait que je sois là alors je suis venu. C’est la fille du roi du peuple de Pandore et je ne peux m’empêcher de penser que tout ceci n’est qu’une autre de leur manipulation dans le but de nous nuire.

 

Son regard mauve me trouble tant il semble doux, exempt de méchanceté. Le même regard tendre d’une mère, un regard sage. Je sens un peu de ma rancœur s’évanouir quand je me dis qu’au moins, elle n’a pas l’air d’être une fille capricieuse et égoïste. En plus, à bien y regarder, elle est plutôt jolie. Mais elle a un gros défaut : elle m’enlève mon meilleur ami.

 

La journée est longue, très longue et pourtant, je suis obligée d’être attentif et de faire abstraction de mes sentiments, faire abstraction de Shin. Je ne peux pas oublier que c’est une délégation royale, que la jeune fille en face de moi est une princesse. Outre les bonnes manières dont je dois faire étalage, je dois mettre en œuvre toutes les techniques de diplomatique que j’ai perfectionnées à l’école pour créer mon réseau social.

 

C’est toutefois beaucoup plus facile à dire qu’à faire et je ne me résous à échanger quelques mots avec la princesse qu’après une insistance visuelle lourde de l’amiral. Finalement, j’arrive même à nouer une conversation normale avec elle et ça me désespère au plus haut point.

 

J’aimerai bien discuter avec Shin et lui faire part de mes impressions mais c’est inconvenant. Je ne peux pas le prendre à part alors que sa fiancée est là. Une fois dans mon lit, je tends mon esprit vers Shin pour chercher son réconfort avant de me rendre compte que j’ai affaire à d’autres manipulateurs du corps.

 

D’ailleurs, je dois avouer que j’ai énormément envie d’en apprendre plus sur eux, rencontrer enfin d’autres pairs m’excite énormément mais j’aurai préféré que les circonstances soient autres.

 

Je suis réveillé par d’étranges picotements le long de la colonne vertébrale et mets un certain temps avant de me reconnecter avec la réalité. Quelqu’un cherche à fouiller mon esprit sans grande délicatesse. Je repousse violemment l’assaillant qui repart sans demander son reste. La désagréable sensation d’avoir été violé psychiquement ne s’évapore pas aussi vite.

 

Je contacte les Voyageuses qui me répondent avec enthousiasme avant d’accéder à leur demande.

« C’est clair qu’il possède le don de télépathie, après de là, à affirmer que c’est un manipulateur de corps » « Allons, la télépathie en est une caractéristique principale. Qu’est-ce qu’un manipulateur de corps fait à Agora ? » « Je ne sais pas, surtout que c’est non seulement un Agorien de pure souche mais en plus le fils de l’un des hommes les plus puissants de la nation. J’ai eu le temps de vérifier avant qu’il ne me rejette » « tu n’as pas été très discret, s’il t’a senti, il pourra te reconnaître quand il te verra or, il ne faut pas que l’on découvre ta véritable nature » « Non, c’est bon, j’ai dissimulé mes empreintes, nous sommes en sécurité » « tu crois qu’ils connaissent ses véritables pouvoirs ? » « Seulement sa famille et la famille de l’amiral, l’Oracle lui-même l’ignore » « C’est une sage décision, ce pouvoir n’est pas très apprécié par ici et c’est même étonnant qu’il ait été gardé secret autant de temps ».

 

Ils continuèrent à deviser sur moi sans que leur conversation ne soit offensive ni agressive.

 

Le lendemain, j’ai été épargné de la visite touristique diplomatique de la ville. Je me rendis dans la forêt pour remercier les Voyageuses et m’évader un peu. Alors que j’étais allongé sur l’herbe douce, un effroyable hurlement mental a résonné en moi. Je me redresse en sursaut et appelle Anemos en catastrophe pour qu’il m’emmène là où était Shin. 

 

En arrivant en ville, le spectacle était saisissant : non seulement tous les membres de la délégation royale et des citoyens agoriens étaient à terre mais, comme si cen’était pas assez, la princesse était malmenée par le bras puissant de Shin. Immédiatement, je sus que quelque chose n’était pas normal : il avait retiré son bandeau en plein jour et son regard noir était plus saisissant que jamais dans cette éclatante luminosité.

 

Je sondai son esprit et rencontrai un esprit parasite, un esprit humain parasite qui manipulait le corps de mon meilleur ami. Un manipulateur d’âme. Un manipulateur d’âme du peuple Maru, ceux-là même qui nous avait attaqués six ans plus tôt, s’était dissimulé dans le cortège royal mais aux yeux de tous, c’était le fils de l’amiral qui avait massacré l’escorte et qui s’en prenait à la princesse. L’incident diplomatique n’était pas loin.

 

Où était Karl dans un moment pareil ? Je commence à paniquer, ne pouvant croire une seule seconde qu’il avait succombé avant de me rappeler que l’amiral était en réunion avec l’Oracle. Ils avaient vraiment choisi leur jour pour attaquer.

 

Une colère noire s’empare de moi en constatant l’ampleur des dégâts. Mon cœur gronde et hurle à l’injustice mais ma tête me crie de garder mon sang froid. Je n’avais pas passé autant de temps à m’entraîner pour retomber enfance et écouter mes plus bas instincts. De plus, si je libère mon pouvoir, les gens sauront que je suis un manipulateur de corps et toute la faute sera rejetée sur moi. Mais si ça pouvait sauver Shin ?

 

Je n’ai pas le temps de me poser des questions que l’amiral surgit derrière son fils, l’Oracle sur les talons. Shin s’écroule instantanément, je me précipite sur lui et m’aperçois qu’il respire difficilement. En partant, le manipulateur d’âme a brouillé son empreinte en usant d’une caractéristique corporelle, en modifiant le circuit sanguin de mon ami.

 

- Karl, il va mourir ! Je panique.

- Quoi ?

- Son sang ne circule pas normalement, son circuit veineux a été modifié !

- Fais quelque chose !

- Je ne peux pas, c’est hors de ma portée !

- Tu peux soulever une armée de zombies et manipuler mon corps mais tu ne peux pas sauver ton meilleur ami ?! Panique-t-il.

- Poussez-vous ! Intervient alors un membre de l’escorte royale en clopinant dangereusement. Je vais le guérir.

 

Le silence de la chambre est frappant par rapport au vacarme assourdissant qui règne à l’extérieur dans la ville. Des gens crient, les blessés geignent, pleurent ou demeurent silencieux, les pas martèlent les pavés des marches.

 

Le sauveur de Shin m’a dit de bien surveiller son pouls et de lui faire boire régulièrement de l’eau. Ce devrait être sa fiancée à son chevet mais elle n’est pas en meilleur état que lui. Mais qui est mieux placé que moi pour aider Shin à lutter contre la mort ?

 

Dans la salle à côté se joue un autre sort. Le mien.

 

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La fondre semble s'abattre sur eux les pauvres ! D'abord le mariage puis la révélation du pouvoir de Lillyan...

Ca va être dur...

Comment vont ils s'en sortir ?

Bisous et merci à toutes !!

 

ps : avec un lillyan en image =)

Par Danouch - Publié dans : Agora
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Vendredi 7 mai 5 07 /05 /Mai 19:26

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Où suis-je ? La seule chose dont je me rappelle c’est que je me promenait avec la princesse qui me parlait de ses chiens quand j’ai soudainement perdu la mémoire. Je ne me souviens de rien. J’entends des bruits étranges, je crois que je ne suis pas seul. Ca sent l’anesthésie, je suis presque sûre que je suis dans un hôpital. Je décide donc d’ouvrir les yeux quand brusquement la lumière blanche m’arrache un cri de douleur.

 

- Shin ! Attends, tiens ton bandeau.

- Lillyan…

Je met mon bandeau avec hâte.

 

Une fois rassurer, je l’attire brusquement à moi pour le serrer dans mes bras et sans demander une quelconque permission je lui vole un baiser passionné. Il ne tarde pas à répondre avant de se rendre compte de ce que nous étions entrain de faire. Doucement il me repousse et regarde autour de nous.

 

- Ce n’est pas une bonne idée de faire ça alors qu’on pourrait nous voir, dit il encore rouge d’excitation

- Je m’en fiche tu m’as trop manqué ! Hier soir j’essayais de t’envoyer des ondes ! Je voulais que tu me rejoignes, je chuchote

- Désolé j’ai eu quelque soucis…

- Pourquoi est-ce que je suis dans un hôpital ? Dis je en m’apercevant des rideaux

- Le peuple de Maru…Ils sont passés à nouveau à l’attaque, l’un des manipulateur d’âme a possédé ton corps. Tu es devenu fou, tu as anéantis toute la garde royal ainsi que quelques agoriens. Tu t’en es pris à la princesse…

- Je … je ne me souviens de rien.

- Ils ont modifié ton circuit sanguin, je n’ai pas réussi à t’aider alors…c’est l’un des gardes de Pandore qui t’as sauvé. Ton père était furieux, sans vraiment s’en rendre compte il a tout révélé…

- Comment ça ? Demandais je inquiet

- L’Oracle est au courant pour mes pouvoirs.

 

Je ne saurai décrire les émotions qui me traversaient actuellement, je pense que celle qui ressort le plus est la peur. Si l’Oracle est au courant pour Lillyan alors tout est fichu, toutes ses années d’entraînement intensif à essayer de se contrôler, toutes ses années de secret pour pouvoir vivre comme avant, des années réduites en cendre en quelques secondes ! A cause de ma faiblesse ! Si j’avais senti arriver le manipulateur d’âmes, si j’avais appris à bloquer mon esprit j’aurai put éviter ça.

Je serre plus fortement la main de Lillyan.

 

- L’Oracle ne peut rien contre nous deux. On va s’en sortir je te le promet.

 

Je sens Lillyan se raidir, son visage s’assombrit même si il tente de garder le sourire. Il n’a plus douze ans, son visage a changé même si il a réussit à garder sa bonne humeur, il a énormément muri et appris. C’est maintenant un homme de dix huit ans, qui a toute la virilité et la beauté requise pour attiser le regard des femmes et des hommes. La seule chose qui n’a pas changé, ce sont ses yeux, ses perles blanches et jamais, au grand jamais, je ne laisserai l’Oracle me privé de contempler ces yeux blancs.

 

Je retire la couverture et me rhabille de mes effets. Je sens le regard insistant de Lillyan dans mon dos, je souris sournoisement et me retourne tout en remontant mon pantalon. Il ravale sa salive ne remarquant même pas que je m’amuse à la tenter, je passe sensuellement mes mains le long de mes chutes de reins, voyant que ce n’était absolument pas naturel il relève les yeux et fronce les sourcils. Ses joues sont si rouges que ça me fait rire.

 

- Je ne trouve pas ça très gentil, dit il en détournant le regard

- Pourquoi ça ? Tu n’aimes pas quand je passe mes mains…comme ça…

Je me retourne face à lui et caresse mon torse dénudé tout en passant ma langue délicatement sur ma lèvres supérieur.

- C’est…cruel…

 

Je m’approche lentement vers lui sans le quitter du regard.

 

- Je peux m’occuper de ça si tu veux…, dis je en pointant la bosse entre ses jambes

 

Son visage entier devient vermillon, il me tourne le dos cachant son visage dans ses mains. Il est vraiment adorable. Je finis rapidement de m’habiller avant de venir mordiller l’oreille de Lillyan, son petit point faible. Il fond littéralement dans mes bras, cette chambre d’hôpital est de plus en plus étouffante.

 

- Je te ferai jouir plus tard Lillyan, on doit aller chercher mon père et l’Oracle.

 

Il approuve avec difficulté, alors que j’allais me redresser il m’attrape par le col pour m’embrasser fougueusement, sa langue avide de la mienne devient sauvage et me fait presque gémir. Comment résister à une telle tentation ? Le baiser s’arrête car nous étions en manque d’oxygène, il respire difficilement sans lâcher mon colle gardant une proximité dangereuse entre mes lèvres et les siennes. Je retire ses mains de mon col doucement et le tire en dehors de cette chambre, sans quoi je n’aurai pas tenu longtemps avant de le plaquer contre le mur. Il n’y a personne dans le couloir, je cours jusqu’à la sorti nous n’avons pas de temps à perdre, cette affaire doit déjà être présenter devant l’Oracle.

 

Une fois dehors Lillyan siffle Anemos et Gahila qui ne mettent pas cinq secondes avant d’arriver devant nous. Leur atterissage ne cessera jamais de me clouer sur place, leur grandeur majestueuse et la grâce de leurs ailes attirent tous les regards dans la rue. Je grimpe sans me faire prier sur le dos de Gahila et nous nous envolons jusqu’au palais. Maintenant que nous sommes adultes et diplômés nous avons nos passes pour rentrer par le haut du palais, par la voie des airs, ça change du tunnel secret. Les Evêques nos posent enfin sur le toit, Lillyan leur caresse une dernière fois les plumes avant de les remercier. Ils s’abaissent devant nous et s’envole rapidement hors de notre vision, j’attrape la main de Lillyan et cours dans les escaliers en colimaçon. Nous arrivons devant le halle d’entrée, une vingtaine de garde forme un couloir impressionnant. Tous habiller dans les couleurs de la nation, tous des guerriers reconnus et puissant. Nous ne pouvons pas courir devant eux, ca serait déplacé, naturellement nous avançons pas à pas sans montrer une once d’impatience ou d’inquiétude. Je remercie le ciel d’être le fils de l’Amiral. La porte marbré au fond de se cortège est garder par deux mages, on peut les reconnaître car il ne porte aucune arme et son habille d’un simple voile recouvrant tout leur corps.

 

- Annoncez Shinrei Mauran.

 

Ils ne font une révérences digne de grand maître et ouvre la porte. Mon nom retentit brusquement dans tout le palais. La pièce est si grande et si majestueuse qu’elle nous coupe le souffle. De grandes ouvertures sur l’extérieur éclair la pièce d’une lumière immaculé, les dalles sous nos pieds sont d’une couleur terre de feu et plus brillantes que des miroirs, des colonnes en colimaçon recouvertes de feuille d’or et pierre précieuses scintillent sous les rayons du soleil. Au fond de la salle, un fauteuil fait par nos meilleurs artisans, un fauteuil occupé par la personne de l’Oracle habillé de ses habits formelles.

 

Nous cessons de scruter les moindres recoins de cette pièce magique et remarquons nos deux pères un genoux à terre saluant leur Oracle. J’ai le regard plus dur que celui de Lillyan, nous nous forçons à faire cette ridicule manifestation de la soumission du peuple.

Je n’ai plus douze ans, j’ai ouvert les yeux, j’ai appris et j’ai observé. L’Oracle n’est pas celui que l’on croit, enfin moi je le sais.

 

- Shinrei, Lillyan ! Vous avez fait vite, dit il de sa voix divine

 

L’Oracle soulève sa capuche, c’est la première fois qu’il retire cet habit représentation de son grade devant de simples garçons à peine sortit de l’école. De long cheveux noir tombe sur ses épaules, un regard envoûté en amande nous scrute avec la perfidie d’un renard, je n’arrive pas à arrêter de le défier. Je me soumet juste pour ma famille, pour lui éviter des ennuis, depuis l’année de mes quatorze ans je ne rêve que d’arracher ce sourire hypocrite du visage de cet Oracle.

 

- Relevez vous voyons. Dit il en s’allongeant sur son fauteuil

- Oracle, nous vous demandons grâce. Lillyan est un garçon honorable qui a toujours fait attention de ne jamais vous offensez, lui dit maître Zenon

- C’est un garçon prodigieux, reprends l’Oracle, étonnant, il est difficile de contrôler ses émotions pour un jeune Manipulateur de Corps. Je suis fier de toi petit Lillyan, tu as vraiment bien travailler.

- Nous vous remercions pour votre indulgence. Remercie maître Zenon

- Vous savez je suis l’Oracle. Je suis le sauveur de cette cité et tant que je serai vivant je ne peux pas la mettre en danger et ce même si cela implique des sacrifices. La cité de Maru est beaucoup trop dangereuse pour la laisser continuer à venir troubler notre paix. Cette fois je ne vous écouterais plus Amiral, nous déclarons la guerre à Maru.

- Oracle…

- J’ai déjà convoqué le roi de Maru, ainsi que le roi de Pandore. Malgré le dérapage de Shinrei le roi de Pandore n’a pas rompu le pacte qui nous liait, ni annulé le mariage avec sa fille, ce qui est très avantageux pour vous Amiral Mauran.

- Bien Oracle.

- Néanmoins ! Je ne peux pas faire impasse sur ce don prohiber dans notre nation. Il est clair que Lillyan ne peut demeurer à Agora, c’est pourquoi, par respect pour Zenon je ne vais pas le condamné à mort.

 

Lillyan frissonne, je lance un regard assassin à l’Oracle priant pour qu’il ne s’amuse pas à inventer une punition.

 

- Il sera exilé.

 

Mon cœur manque de rompre, je sens défaillir, exiler…C’est pire que la mort, c’est le pire de tous les châtiments. La cérémonie de l’exile est si humiliante qu’elle n’est que très rarement annoncée. Les personnes exiler doivent vivre à l’extérieur avec les rebus et sont interdits de séjour dans le pays sans quoi il serait tuer sans formalité.

Lillyan tremble de tous ses membres, maître Zenon et mon père sont restés bouche bée, je peux sentir toute la rage du père de Lillyan grandir dans la pièce à mesure qu’il voit le sourire espiègle de l’Oracle. Je dois me contenir, je dois me retenir, je dois rester maître de moi-même. Je regarde Lillyan discrètement, son visage est figé sur cette unique expression de tétanie, je ne sais pas à quoi il pense, je ne sais pas si il va rentrer en transe mais je sais qu’il ne sait plus où il en est. C’est comme si on venait de l’assassiner. Je ne peux pas rester là sans rien faire.

Espèce de…

 

- Vous pouvez vous retirez, sauf Shinrei.

 

Mon père et maître Zenon se relèvent, ils aident Lillyan à se redresser, le regard de mon père croise le mien. Il contient également toute la haine qui le gagne et ce regard voulait simplement dire « sois digne ».

Etre digne ? Digne de qui ?

 

- Mon tendre Shinrei…Approches toi que je te regarde. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas vu ton visage.

 

Je m’approche les poings serrés, les sourcils froncés, il approche ses mains de mon visage, me caresse les cheveux avant d’enlever mon bandeau. Je garde les yeux fermés pour éviter le contact avec la lumière.

 

- Ouvres les Shinrei, tu es fort tu peux supporter la lumière quelques secondes.

 

Je serre un peu plus les poings. C’est homme cruel, il ne sourit que lorsqu’il sent sa puissance dominer les autres, que lorsqu’il peut humilié tous ceux qui l’entourent. J’ouvre les yeux sans scier un mouvement, les rétines me brûlent mais je ne le montre pas ça lui ferait trop plaisir de me voir souffrir. Ce qui me gêne plus c’est que je ne peux plus le voir.

 

- Tu as des yeux étonnant Shinrei, tu es un garçon magnifique j’ai bien fait de te choisir pour la princesse.

 

Je sens qu’il me remet mon bandeau avec délicatesse, ses mains glacées touche ma peau, je frissonne sous le contact comme si la mort venait de me frôler.

 

- Maintenant que Lillyan est exilé tu pourra passer plus de temps avec ta future épouse. Tu devrais même me remercier.

- Sachez Oracle…Que je ne me marierai jamais avec votre princesse. Je préfère encore crever plutôt que de vous faire se plaisir.

 

Sans attendre une quelconque permission, sans saluer mon Oracle je sens toute mon aura émerger de mon corps. La haine m’aveugle et me fait grincer des dents, je lève la main et arrache la colonne à ma gauche pour la lancer contre la porte. Elle explose sous l’impact, les gardes se mettent tous en positions d’attaque ainsi que les mages qui me regardent totalement perplexes.

 

- Laissez le passer, annonce la voix suprême de l’Oracle

 

Les gardes s’écartent toujours vigilant au moindre de mes gestes, j’avance plus énervé que jamais. J’arrive lentement sur le toit où Lillyan et nos pères m’attendaient. A peine ai-je franchi la sortie qu’une gifle bruyante s’abat sur ma joue. Le visage tourné sous l’effet je reste cependant impassible ne regrettant rien de ce que j’ai dis ou fait même si mon père lui risque l’infarctus sous la colère.

 

- Qu’as-tu fais ? Tu es fou ma parole !

- J’ai fais ce que j’ai pensé être digne.

- On aurait pu tout arranger si tu n’avais pas explosé sa porte !

- Comme vous avez empêcher la guerre.

 

Mon père s’apprêtait à me mettre une nouvelle gifle mais maître Zenon l’a arrêté en tenant son bras, Lillyan restait à l’écart encore sous le choc de la nouvelle et la seule chose dont j’avais envie c’était de le serrer si fortement dans mes bras que j’aurai effacé tous ses doutes.

 

- Tu sais bien que Shinrei a raison Karl…l’Oracle n’est plus aussi bon qu’auparavant. Depuis qu’il sait que le peuple de Maru veut l’assassiner il n’a plus confiance en personne et devient de plus en plus cruel.

Maître Zenon s’approche de moi.

- Merci Shinrei.

 

Il me dépose un main amicale sur l’épaule avant de rejoindre son fils qui a déjà pris place dans l’escorte. Je monte à mon tour, je prends la main de Lillyan pour le faire réagir. Lentement il me regarde, voir son regard aussi vide me brise le cœur, je préfère encore que le soleil m’embrase les yeux.

« Je t’ai promis de ne jamais te quitter Lillyan. Je tiendrai ma promesse parce que…parce que je… »

 

_____________________________________________________________________________________________

 

Simba : La sentence est...L'EXILE !

Kiara : NON !

 

MDR ca m'a fait penser à ça quand je me suis relue. Enfin tout est relatif, me relire c'est un grand mot ! XD

Donc voilà la suite d'Agora

 

Rappel :

 

Mauran : Nom de famille de Shinrei (ouais enfin on le connait !)

 

L'Oracle : Il est jeune en apparence malgré son âge. Imaginez le à la trentaine alors qu'il a certainement ou presque un siècle.

 

 

ps : SHINREI EN PIX BY MOI !

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 13 mai 4 13 /05 /Mai 00:32

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Je suis adossé contre un arbre, caressant machinalement une Voyageuse. Je ne laisse rien transparaître, du moins, la vague d’émotions, si puissante qu’elle me compresse la poitrine, demeure logée au fond de ma gorge. Mes joues rouges sont brûlantes, mes tempes battent à un rythme effréné et je n’arrive pas à contenir les tremblements de ma main libre.

 

Un fourmillement désagréable me frotte la cheville, surement un insecte. Je ne veux pas baisser la tête et laisser mes larmes couler. Pour l’instant, j’arrive à peu près à les contenir dans leur orbite.

Le regard dans le vide, j’essaye de me projeter dans le ciel, quitter mon enveloppe charnelle trop douloureuse. Mon maître m’avait dit que les manipulateurs du corps très puissants en étaient capables mais que cette faculté était très difficile à maîtriser et dangereuse.

 

Anemos atterrit soudainement dans toute sa splendeur naturelle et me perce de ses yeux magnifiques yeux bleus. Je suis à peine monté sur son dos que je me retrouve dix mètres au-dessus du sol et je ressens toute l’émotion qui l’habite, la fierté, la joie d’être libre.

 

Anemos prend de l’élan et part en piqué. Je suis terrifié et me cramponne désespérément à ses poils pour ne pas tomber avant de me rendre compte que nos puissances psychiques me lient à lui physiquement. Gahila vient rejoindre son époux dans un magnifique cri d’amour. Anemos lui répond et entreprend un véritable ballet aérien en parfait symbiose avec sa compagne. Leur plaisir est à son maximum et il est contagieux. J’offre mon visage au vent et le froid me fouette le visage, dissipant cette chaleur étouffante au creux de mes oreilles. Si je suis lié psychiquement à Anemos, ne pourrai-je pas m’envoler moi aussi ? J’ai l’impression que si je me détachais de lui, je pourrai voler à mon tour et participer à leur danse.

 

Il me repose sur la terre ferme au bout d’une heure intense de vol. Mes jambes sont tout engourdies, ma tête bourdonne mais je les remercie du plus profond de mon cœur d’être venus me réconforter.

 

« Merci, vous êtes les plus grands Evêques à poil bleu que je connaisse. Et j’espère que vos petits seront tout aussi beaux. »

« Merci à toi, Lillyan, tu es capable d’accomplir de grandes choses, ne te laisse pas ronger par le désespoir : souviens-toi de ce que tu as ressenti en volant avec nous. »

« Je n’oublierai jamais ce magnifique présent. Il restera gravé dans mon esprit pour toujours ».

« Appelle-nous si tu as besoin d’aide : tu pourras toujours compter sur nous. Nous apprécions ta compagnie, comme tous les animaux de cette forêt. »

 

Gahila pousse un dernier cri pour me dire au revoir et ils décollent tous les deux. Son cri me cloue sur place.

Je m’allonge pour reprendre des forces et réfléchir. Je n’oublierai jamais leur attention envers moi, être venu me voir pour me réconforter m’avait énormément touché, mais ce sentiment, si puissant soit-il, ne parvenait pas à me faire oublier que j’allais devoir quitter tous les gens que j’aime… Que j’allais devoir quitter mes parents et Shin.

Je capte mon père bien avant de le voir. Il n’est pas doué du don de télépathie mais ce n’est un secret pour personne que j’aime me rendre ici. Il me cherche du regard et vient me rejoindre. Il respire l’air de la forêt et s’en imprègne avant de débuter :

 

- Ça faisait longtemps que nous n’étions pas venus ensembles ici.

- Tu travailles tout le temps à la forge alors forcément… Ça m’étonne même que les Voyageuses se souviennent de toi, je souffle. Quand ? Je demande après un moment.

- Quoi ?

- Quand je… je serai exilé ? Je murmure.

- Demain, lâche-t-il dans un son douloureux.

 

J’ai du mal à encaisser. Demain ? Ils ne me laissaient même pas le temps de passer une journée avec Shin… Normal, je songe amer, il est promis à la princesse maintenant et ma présence à ses côtés est malsaine, nuisible.

 

- Et Shin ? Il n’a pas eu de problème avec l’Oracle ?

- Non et le mariage aura quand même lieu. Mais Karl ne veut pas se soumettre après ce qui s’est passé. Il dit que tout est de sa faute et que c’est lui qui devrait être exilé.

- Génial, nous serons tous les deux exilés, ça me fera une belle jambe d’avoir l’exil de l’amiral sur le dos.

- C’est parce qu’il a tout révélé que…

- Et ça ne changera rien au fait que je suis un manipulateur corporel. Son exil n’effacera pas le mien alors dis-lui d’arrêter immédiatement. Si Karl se retire de son poste, le pays court à sa perte, l’Oracle nommera un pantin comme amiral et aura les pleins pouvoirs !

- C’est ce que je lui ai dis mais il ne veut pas entendre raison.

- Allons-y.

- Tu es sûr ? Tu ne veux pas rester ici un peu plus longtemps ?

- J’adore cet endroit mais tu crois vraiment que je veux passer mes deniers instants ici avec des animaux plutôt qu’avec vous ?

- Shin…Il ne sera pas là, tu sais. Il doit tenir compagnie à la princesse pour un dîner au restaurant.

- Oh… Je… Alors la seule fois où je le verrai, ce sera…

- Oui.

 

Des bras puissants viennent m’entourer et je me raidis avant de communiquer tout l’amour que j’ai pour lui. Une étreinte virile qui m’ôte toute envie de pleurer. Je rentre à la maison sans quitter la main de mon père, comme lorsque j’étais petit. Je regrette déjà d’être parti me morfondre dans la forêt et m’éloigner d’eux alors que je ne les verrai plus jamais. Je me réconforte en me remémorant le fait que ce sont Anemos et Gahila qui m’ont remonté le moral et que sans eux, je serai encore en train de broyer du noir.

 

Ma mère m’étouffe dans ses bras mais je ne cherche pas à la repousser. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Mon père l’écarte tout de même au bout de quelques instants et c’est Sheila qui m’embrasse à son tour, les joues rougies, les yeux humides. Comme ma mère.

 

Derrière assis à table, Karl baisse les yeux, le regard plus sombre que jamais. Malgré ce que j’ai dit à mon père quelques instants plus tôt, le revoir me fait revivre tous les événements qui se sont déroulés dans la matinée, comment en quelques heures ma vie avait été massacrée, déchirée par la panique de cet homme. L’amiral qui avait été complètement dépassé : pour sauver la vie de son fils, il a été prêt à sacrifier la mienne. Pouvais-je vraiment lui en vouloir ?

 

En quelques heures, j’ai appris que l’on allait me retirer mon meilleur ami et que j’allais être exilé. Ça fait beaucoup en peu de temps : je me sens toujours aussi faible, mes jambes ont du mal à supporter leur poids, mes mains tremblent et mon cœur me semble trop gros. Cependant, voir Karl -l’homme le plus puissant de la nation- aussi dépassé me secouait encore plus que tout ce qui venait de se passer.

 

Je m’assis à côté de lui, hésitant sur ce que je pourrai bien lui dire. Je ne suis pas forcément doué pour réconforter les gens et en ce moment, c’est plutôt moi qui en ai besoin.

 

- Je vais démissionner.

- Pourquoi ?

- Parce que cet après-midi, j’ai laissé mes émotions prendre le pas sur mon devoir et j’ai sacrifié une vie innocente parce que j’ai paniqué.

- Mais si tu démissionnes, qu’est-ce que ça m’apportera ? Je serai quand même exilé et même si, par le plus grand des hasards, mon exil serait effacé, tu crois que je pourrai regarder ta famille en face ? Les citoyens d’Agora en face ?? Tout le monde me reprochera ta démission. Et tout le monde sait ce que je suis maintenant. Tu crois vraiment que je pourrai retrouver une vie normale ? Et Shin… Shin va se marier, ce n’est pas plus mal que je parte, je murmure pour moi-même.

- Tu as grandi, Lillyan. Tu n’es plus le gamin immature et irréfléchi qui s’enfuyait au bout d’une heure d’étude. Très bien, je resterai et je protégerai la cité face à la folie grandissante de l’Oracle.

- Tu veilleras sur mes parents aussi ?

- Zenon n’a pas besoin que je le protège, dit-il dans un sourire.

- Mais il aura besoin de son meilleur ami dans les jours à venir, dis-je douloureux.

- Tu peux compter sur moi. Je… Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour me racheter.

- Je sais

- Allez, viens, on va voir tes parents. Je m’accapare ta présence alors que… que tu vas partir.

 

Je me détourne et me rends compte que mes parents sont allés dehors pour nous laisser parler en tout intimité.

Ils en ont profité pour dresser la table, de délicieux mets sont répartis sur la table, tout ce que je préfère. Je n’ai pas faim mais je sais que c’est la dernière fois que je pourrai les déguster et je sais que ça rassurera mes parents.

Alors que nous prenons place, la porte de l’entrée s’ouvre et laisse apparaître Shin accompagné de son épouse. Nous nous levons comme un seul homme et le premier, je me précipite sur mon meilleur ami avant de me rappeler qu’il n’est pas seul. Je les salue sobrement et me retiens de ne pas me jeter sur les lèvres tentatrices.

 

- Qu’est-ce que tu fais là, Shin ? Demande durement Karl.

- Je suis venu présenter mon témoin pour le mariage à ma future épouse, réplique-t-il.

- Témoin ?

- Laya, je vous présente maître Zenon, le maître forgeron le plus puissant du pays.

- Enchantée, maître, répond-elle poliment d’une voix cristalline. Shinrei m’a beaucoup parlé de vous. Je suis très honorée de vous rencontrer. Me ferez-vous l’honneur de me faire visiter votre forge ?

- Bien sûr, princesse. Voulez-vous vous joindre à notre table ? Ce n’est rien de grandiose mais vous pourrez déguster les spécialités gastronomiques de notre pays.

- Bien sûr, les réunions officielles commencent à me barber, sourit-elle.

 

Malgré moi, je n’arrive pas à la détester. J’ai envie de sonder son esprit mais je n’ai pas envie d’aggraver mon cas… Même si je ne voyais pas comment je pourrai l’aggraver…

 

Je me rends compte que je fixe la princesse depuis un moment et je me reprends. Shin me fixe lui aussi du regard avant de m’envoyer un doux sourire. Je ne peux pas le regarder, c’est trop douloureux.

 

Le dîner est très agréable, réuni autour de toutes les personnes que j’aime. La compagnie de la princesse est vraiment plaisante et je pense qu’il s’agit là de son véritable caractère, que ce n’est pas qu’une façade qu’elle dresse en public.

 

Alors que les autres rentrent à l’intérieur, je reste dehors avec elle.

- Prenez soin de lui, s’il vous plait, princesse.

- Bien sûr, Lillyan, et vous pouvez croire que je suis de tout cœur avec vous. Si vous ne savez pas où aller demain, vous serez toujours bien accueilli par mon peuple. Et vous pourrez en apprendre plus sur votre pouvoir.

- Merci princesse. Mais je ne voudrai pas que, sous prétexte que vous hébergiez un reclus, notre Oracle vous déclare la guerre. Je suis censé vivre avec les rebus.

- Ne soyez pas trop dur avec vous-même. Votre loi ne s’applique pas chez nous et cela vous permettra de revoir votre ami lorsque nous reviendrons chez moi, me dit-elle dans un doux sourire.

- Merci infiniment, princesse.

Nous regagnons le salon.

- Maître Mauran ? Auriez-vous l’obligeance de me raccompagner ? Je me sens fatiguée.

- Je vais vous ramener, s’empresse Shin.

- Laissez, mon ami, profitez de ces derniers instants avec votre ami. Merci pour votre accueil, s’incline-t-elle.

- Merci de nous avoir honoré de votre présence. Vous serez toujours la bienvenue chez nous, affirme ma mère.

 

Shin me prend par le bras et nous montons dans ma chambre. Aussitôt, nous nous jetons sur mon lit pour nous embrasser. Son corps me manque déjà.

 

- Non, ce n’est pas bien. Je le repousse. Elle nous a offert la possibilité de profiter l’un de l’autre parce qu’elle a compris que c’était important. Je n’ai pas envie de la trahir.

- Tu as raison, soupire-t-il. Tu sais, elle est vraiment incroyable. Elle est tout autant forcée que moi pour ce mariage mais elle prend tout avec bonne humeur. Elle est douce et gentille.

- Ma parole, tu vas tomber amoureux.

- Arrête ! Je reconnais juste ses qualités, rougit-il.

- C’est bien, lui dis-je en le caressant sur la joue. Si vous pouvez être heureux ensembles alors…

- Lillyan, tu seras toujours le premier dans mon cœur… Je ne pourrai jamais t’oublier.

- Je sais mais il vaudrait mieux. Ce sera plus facile. Moi, c’est…

 

Il me serre dans ses bras et me communique tout son amour. Je sais qu’il m’aime, pour l’instant, mais dans quelques années, quand il n’entendra plus du tout parler de moi, son amour finira par se dissiper et il ne se souviendra de moi que comme d’un ami d’enfance. Ma poitrine se serre mais je suis rassuré en sachant que la princesse sera douce avec lui.

 

- Sois gentil avec la princesse. Ne la blesse pas avec ton amour pour moi. Je suis sûr qu’elle ne mérite pas ça.

- Je sais. Mais tout ça me paraît encore irréel. Dire que quinze jours plus tôt, nous stressions pour les résultats de nos examens, un mois plus tôt, nous passions nos examens sous le regard sévère de mon père et deux mois plus tôt, nous révisions jusqu’à en perdre le sommeil. Ça, ce sont des délais normaux, là, en quarante-huit heure, j’apprends que je suis promis à un mariage arrangé et que… tu… tu vas être exilé. Que l’on ne pourra définitivement plus se voir.

- Tu sais, la princesse m’a accordé l’exil dans son peuple.

- Ceux-là mêmes qui sont à l’origine de ton exil ? S’étonne-t-il.

- Ils ne sont pas tous concernés, tu sais, c’est surtout le peuple de Maru. Cela me permettrait d’accroître mes pouvoirs et surtout, de nous revoir. De revoir mes parents si vous venez avec eux.

- Je comprends, il sourit.

- Shinrei Mauran… Il tressaille en voyant la façon dont je l’appelle. Je te demande une faveur : ne fais pas de bêtise demain et prends soin de mes parents.

- Je…

- S’il te plait. Ne me rends pas la situation plus difficile encore. Mes parents auront besoin d’être soutenus…

- Toi aussi.

- Ne sème pas le désordre et ne rends pas la position de ton père plus fragile encore. Unissez vos forces face à l’Oracle.

 

Une dernière étreinte fraternelle et nous redescendons. Au moment de fermer la porte de ma chambre, notre regard s’attarde. Shin embrasse mes parents et rentre avec sa mère. Mon père me jette un regard plein de question.

 

- Nous n’avons rien fait, je m’exaspère, juste parlé. Nous savons nous tenir.

- Vous auriez dû. C’était la dernière fois, dit-il à mon grand étonnement.

- Ça n’aura servi à rien. Et maintenant, Shin est promis à la princesse.

- Ecoute ton fils, Zenon, il est plus sage que toi, le charrie ma mère.

 

Elle m’arrache un sourire : moi, plus sage que maître Zenon ? Nous nous installons autour de la table et discutons jusqu’à l’aube : j’ai préféré passer le reste du temps à discuter avec mes parents plutôt que profiter une dernière fois de mon lit douillet et confortable qui me rappellera trop mes nuits d’amour avec Shin. De toute façon, je n’aurai pas plu dormir. Dans quelques instants, on viendra me chercher. J’ai mal au ventre, j’ai envie de pleurer. Mes parents me serrent une dernière fois dans leurs bras. Je ne veux pas les quitter, j’ai envie de hurler que je n’ai rien fait, que je n’y suis pour rien si je suis né comme ça.

 

Malgré moi, dans l’étreinte de mon père, je me mets à sangloter. Je sens que mon père n’en mène pas large non plus.

 

Les gardes frappent à notre porte, ma mère leur ouvre, le visage en pleurs. je serre une dernière fois mon père, je dépose un dernier baiser sur le front de ma mère et j’avance vers eux les mains tendues. Leurs menottes psychiques entravent mon pouvoir, je me sens encore plus faible, privé de tout moyen de me défendre. Je jette un dernier regard à mes parents. Une voiture viendra les chercher pour les déposer sur la place publique.

 

Rien qu’en traversant la ville, je vois les gens à leur fenêtre, certains crient, d’autres me lancent des objets. A ce moment, je regrette que mes parents n’aient pas choisi de vivre dans la ville haute à côté de Shin où les gens étaient plus distingués et le chemin aurait été plus court. Nous arrivons au bout de vingt minutes sur la Grand-Place entourée pour l’occasion de gradins où les gens pouvaient s’asseoir pour admirer le spectacle sans aucune distinction de rang.

Mes parents sont assis au premier rang à côté de Sheila. Shin est assis sur l’estrade d’honneur avec la princesse et son père à ses côtés. Je ne peux que baisser la tête et essayer d’envoyer des ondes rassurantes à mes proches.

En face de l’enclos des accusés, tout en haut se tenait l’Oracle dont les pouvoirs m’écrasaient et en dessous, le corps judiciaire avec la partie accusatrice.

 

- Nous sommes réunis en ce jour pour juger Lillyan Valeilles coupable de crime inhumain : ce garçon de dix huit ans, fils du maître forgeron Zenon Valeilles et de sa femme Cali Valeilles est détenteur du pouvoir de manipulation corporelle. Voici les faits.

« Tout d’abord, il est de notoriété publique qu’il maîtrise le pouvoir de l’électricité et le don de la télépathie, deux caractéristiques essentielles de la manipulation corporelle. Les sages de notre cité n’ont jamais pu déterminer la base de son pouvoir, l’une et l’autre caractéristique venant contredire leurs théories. Et pour cause ! Cela faisait plus de cent ans que la cité s’était débarrassé de ces dangereux individus.

« Ensuite, il y a six ans, nous savons de source sûre que ce dangereux individu a soulevé une armée de zombies pour terroriser et massacrer les honnêtes travailleurs de la mine au nord de la ville.

 

L’étonnement de Sheila est si grand que je peux le ressentir même à travers la barrière psychique et se met à sangloter en voyant qu’elle n’avait pas réussi sa mission. Autant de monde à effacer la mémoire, c’était pratiquement impossible.

 

«  Enfin, il est à l’origine du terrible massacre dans le centre-ville vingt-quatre heures plus tôt. Le mariage entre Shinrei Mauran et la princesse du peuple de Pandore l’a rendu fou de rage et il a pris possession du corps de son meilleur ami pour décimer l’escorte royale. Et ses pouvoirs sont d’autant plus dangereux qu’il ne les maîtrise et que sa folie a tué six citoyens innocents.

« Mesdames et messieurs, la sentence pour un manipulateur du corps est la mort. Cependant, l’Oracle, dans sa grande bonté, décide de le laisser en vie à condition qu’il quitte la ville et n’y revienne jamais sous peine d’être tué.

Une autre personne prend la parole.

- Lillyan Valeilles, reconnaissez-vous les faits ?

 

Ma langue devient soudainement lourde et mon cerveau n’arrive pas à réfléchir. Est-ce l’effet de la pression ? Non, je regarde l’Oracle et je comprends qu’il me brouille l’esprit pour m’empêcher de me défendre et que je ne contredise pas sa version des faits. De toute façon, ça ne changera rien.

 

Au milieu de tout ce brouillard, je sens la chaleur réconfortante de mon père : « proteste, mon fils, et ils exigeront des preuves. Même si tu maîtrises l’électricité et la télépathie, sans autre preuve, ils ne peuvent pas être sûrs que tu es bien un manipulateur de corps. Le peuple lui-même n’est pas convaincu : cela fait cent ans qu’on n’a pas vu de manipulateur du corps dans toute l’Agora ». Mais ma langue devient plus lourde que du plomb et je n’arrive pas à articuler un mot.

 

- Le silence de l’accusé vaut acceptation. Lillyan Valeilles va être exclu de la ville. Nous allons accomplir la cérémonie. Répétez après moi.

 

Au fur et à mesure que le juge débite ses paroles, je perds les dernières forces qu’il me reste. Ma mère pleure, mon père tremble de rage, l’amiral, Shin et Sheila sont accablés et ne peuvent regarder en face. Je sens Shin à deux doigts d’exploser. Je refuse de me plier à une telle absurdité, une telle inhumanité. Qu’est-ce que j’ai à perdre, de toute façon ? Moi coupable de crime inhumain ? Mais ne se rendent-ils pas compte de leur propre cruauté ?

 

- Lillyan Valeilles, si vous refusez de vous plier à la cérémonie, vos parents seront condamnés à la prison pour être sûrs qu’ils ne donneront pas naissance à un nouveau monstre.

Je regarde une dernière fois mes parents et je m’exécute. Je m’efforce de garder une voix ferme.

- Coupable de crime inhumain, j’accepte la sentence et quitterai la ville sitôt la cérémonie finie. Je ne suis plus Lillyan Valeilles… Je… Je ne suis plus le fils de Zenon et Cali Valeilles et plus jamais je ne reverrai un membre de la famille Mauran ou un quelconque citoyen d’Agora.

- Très bien, approchez-vous.

 

Les jambes flageolantes et le cœur en morceaux, je m’approche de l’Oracle qui avait atterri gracieusement sur le sol. Il pose sa main sur mon front et une douleur fulgurante me traverse le long de la colonne vertébrale. Je suffoque, mes yeux pleurent de douleur, je hurle mais l’Oracle insiste.

 

Je perds la raison et je m’écroule sur le sol, essoufflé, les yeux hors de leur orbite. Des gardes me relèvent et j’entends de très loin les dernières paroles de l’Oracle résonner dans ma tête. « Souviens-toi, à chaque fois que tu t’approcheras de la nation ou de tes proches, tu ressentiras la même douleur ».

 

Je suis traîné hors des portes de la ville.

 

_____________________________________________________________________________________________

 

Vous avez le droit de vous révolter ca ne changera rien ...

Lillyan souffre vraiment beaucoup alors pourquoi Shin ne réagit-il pas ?

Vous saurez la suite dans les prochains épisodes :p

 

Surtout n'hésitez pas à poser des questions !!

JE SUIS LA POUR CA !!

La suite va devenir de plus en plus compliquer j'espère ne pas vous perdre en route !

Bisous

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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L
a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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