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-16
/!\  fautes d'orthographes classées dans le guiness des records  /!\

¤Sommaire¤

Mardi 17 août 2 17 /08 /Août 23:03

                La peau frippée, engourdi, un mal de dos horrible. Je me suis endormi contre la paroie froide de la cabine de douche. Je me redresse, la bouche pâteuse je l'ouvre et la referme comme si je machais un chewing-gum bruyamment. J'ouvre les portière en plexi', la fumée épaisse dut à la chaleur s'est condensée sur le miroir mais je peux aisément imaginer ma tête. Je frotte mes cheveux brun avec une serviette le plus rapidement possible, jusqu'à me faire brûler le cuir chevelure et me débarasser de cette tache. Je jette la serviette dans le bac, suivit de celle que j'ai utilisé pour éponger mon corps.

                Quelle heure est il ? Je cherche ma montre au milieu de mon linge sale étendue sur le carrelage inondé, je la trouve entre mes chaussette et mon boxer. Huit heure. Je dois me dépécher. Je sors nu de la salle de bain pour courir jusqu'à ma chambre, je saute dans le premier boxer qui me passe sous la main. Baggie noir, t-shirt blanc, sweet noir. J'attrape ma veste et je sors de ma chambre les cheveux encore humides. Diesel est sur l'escalier, je me baisse pour lui caresser la nuque. Elle se frotte à moi et me jette presque un regard plein de tendresse, je ne peux m'empêcher de sourire. Je l'enjambe après quelques minutes de chatouille et continue jusqu'à arriver devant l'entrée. J'appuie sur la poignet de la porte blanche, le vent s'engouffre dans la maison et le bruit de la pluie tombant des goutières et frappant le pavé me réveille brusquement. J'avais oublié qu'il pleuvait, je remonte alors ma capuche sur mes oreilles. Je baille en pensant à mon lit un étage plus haut, j'ote cette idée de mon esprit avant de faire demi tour et de m'étouffer sous mes couettes. 

 

- Matt ! Tu ne dis plus au revoir ? Me sermonne ma mère en me voyant prêt à partir

 

                Les cheveux blond en bataille de ma mère font apparition, elle remet son chemisier correctement et se penche sur le miroir à côté du porte menteau. Elle reprend sa progression jusqu'à moi. Cette femme si fine et si insignifiante me parait tellement fragile sous mes yeux. Atteignant peut être le mètre soix-dix perché sur ses hauts talon, une taille de guèpe à faire jalouser les quarantenaires du voisinage. Si superficiel, si artificiel.

 

- Il est partit ? Je demande alors curieux

- Qui donc ?

Ton amant !

- Le médecin d'Angelo ?

- Euh oui ! J'avais oublié le dossier d'Angelo à l'hôpital il me l'a rammené !

 

               Je feins de comprendre sans la quitter des yeux, la jugeant déjà coupable de trahison sans même lui demander aucune explication. Je ne sais pas qu'elle plaisir cela lui procure de n'être que fausseté ! D'être malhonnête et si niaise mais c'est son problème après tout. Je ne doute pas que papa se prive de tel plaisir là où il est. Le mariage n'est décidemment qu'une succession d'hypocrisie et de mensonges.

 

- Ca ne va pas mon chéri ? Me demande-t-elle d'un air inquiet

- Ca va ! Dis je un peu trop agressivement

 

              Mais non ça ne va pas ... Et je ne sais pas pourquoi j'ai ce sentiment de mal être lorsqu'elle me regarde de la sorte. Je tente de me calmer et referme la porte derrière moi sans attendre son fameux baiser bruyant sur la joue. Le pluie frappe la capuche de ma veste, je marche tranquillement sans me soucier de l'eau qui s'écoule sur moi en cascade. J'ai cette faculté d'oublié tout ce qui me préoccuppait en quelques seconde, ça me permet de ne pas devenir dingue et ne plus penser à ce qui m'attends chez moi. Je me console en pensant brusquement à mon frère qui s'est surement endormi accrocher à son violon, finalement je ne l'envie pas, lui n'arrive pas à oublié tout ses sentiments qui l'oppressent et qu'il ne comprend pas puisqu'il ne peut pas s'échapper d'eux. J'en viens à la conclusion que je suis bien plus chanceux que lui mais je ne m'en sens pas coupable. Ca ne sert à rien de culpabiliser car c'est ainsi, Angelo ne m'en veut pas et c'est ce qui m'importe le plus au fond. Pourrait-il m'en vouloir ? Il est tellement gentil qu'il ne pourrait pas en vouloir à son bourreau. A-t-il un jour ressenti la colère ? Je ne crois pas, je crois que cette colère se transforme instantanément en tristesse, puis il se pose plein de questions et vient à la conclusion qu'il est le seul responsable. J'aimerai parfois le secouer un peu ! Faire jaillir la haine qu'il garde contre lui ! C'est si frustrant. Mes parents resteront à ses yeux, les personnes les plus importantes dans sa vie quoi qu'ils lui fassent.

              Je redresse le visage et remarque que je suis arrivé devant le petit pavillon d'Alec. La lumière est allumée mais il n'est toujours pas sorti. Je sors mon portable et l'appelle pour le faire sortir, une sonnerie, deux sonnerie, il ne répond pas. Je retente l'expérience mais j'échoue à nouveau, je monte alors les petites marches qui me sépare de la porte et appuie sur la sonette. Quelques secondes à suffit pour qu'on vienne m'ouvrir, une femme d'une quarantaine d'année m'ouvre la porte. Le visage rond et bourssoufflée, de grand yeux marron, un tablier par dessus une robe à fleur qui la veillit de dix ans. Elle ne sourit pas, me regarde intrigué, elle ne me connait pas.

 

- Bonsoir Madame, Alec est ici ? Je suis un ami.

- Alec est sorti.

- Merci. Au revoir.

 

               Elle referme la porte sans plus de politesse, décidement sa famille a l'air vraiment jovial ! Entre un père qui ne fait que gueuler lorsqu'il croise son fils et une mère aussi amicale qu'une sorcière, il est gâté ! Je souris d'amusement et descend les petites marches en faisant "clapouter" les flaques. Alec est sans doute déjà au Pub. Je presse le pas et grimace lorsque je sens l'eau pénétré mes chaussures ! Je dois vraiment me dépècher.

               Un quart d'heure après je suis enfin au centre ville et rentre dans le Art Pub en frissonnant. Art Liep est le propriétaire du Pub, un gars un peu déjanté, très extravagant, il pourrait venir juste en slip que ça ne choquerait personne. Aujourd'hui il a opté pour un style assez classe, à sa façon. Une costume en velour mauve avec une chemise de soie rouge, ses divers piercing et autre boucles d'oreilles sont noirs, ses cheveux coiffés en crète rouge à pic d'environ quinze centimètre. Il me salue rapidement lorsqu'il me voit quitter ma veste devant le vestiaire, je lui réponds d'un signe de la tête puis m'approche du bar.

 

- Hey Matt ! Comment va ?  

- Bien. Tu sais où sont passés les autres ?

- Toujours au même endroit, dit il en servant des verres aux clients accoudés au comptoire

- Ok.

 

                   Je me retourne et jette un bref regard dans la salle, pleine de monde, la musique en fond fait danser quelques uns mais c'est surtout les dicussions qui animent la soirée. Des gens de tout âge se regroupent ici avec tout de même un maximum d'adulte. Les jeunes préférant aller en boîte plutôt que de traîner dans un pub un samedi soir.  Nous on préfère boire un verre dans le coin plutôt que de dépenser trop de fric dans les boîte de nuit. Je me décide de bouger enfin et repère rapidement les quelques escaliers qui me conduisent à une autre partie de la pièce un plus élevé. Ils sont tous là, on occupe toute cette partie car nous sommes généralement une petite vingtaine à se retrouver ici, parfois moins. A en juger par le bruit et le nombre de verres et de bouteilles nous sommes assez nombreux. Art nous adore pour ça !

 

- MATT ! Cri quelques uns du groupe en me voyant

Dom est le premier à se lever pour m'entraîner avec lui.

- Alors t'en a mis du temps ! Il me cri dans les oreilles

 

                Je ris en cherchant une excuse stupide, je me retrouve au milieu de tout le monde à me faire charier parce que j'avoue m'être endormi sous la douche. Etrangement ce n'est qu'au centre de ses drogués, ivrognes et dévergondés de gamins que je me sens bien. Dom me donne un vers rempli à ras bord de vodka redbull que je bois lentement tout en écoutant les autres raconter le début de soirée. Barbara a dut rentrer parce que son père avait finit par découvrir qu'elle n'était pas chez une copine, Lucas, le beau blond au visages d'ange est parti avec deux canons sous les bras et il ne reviendra que plus tard dans la soirée. Alec et Marco sont partis chercher un peu de marchandise car ils n'en avaient pas assez à leur goût.

              Le regard de Dom noyé de l'alcool se retourne vers moi, un sourire hébété, il trinque avant de finir d'une gorgée le fond de son verre. Dom est tout le temps bourré en soirée, je ne crois pas l'avoir déjà vu sobre ailleurs qu'au lycée. Aussi banale que n'importe quel caucasien de base, il n'a rien de plus qu'un autre, il a juste cette faculté étonnante d'attiré naturellement la sympathie des autres. Il aime faire la fête entouré de tous ses potes ! Il est le premier concerné lorsqu'il y a des histoires au seins de son groupe, il cherchera par tous les moyens à arranger les choses détestant la mésentente et les tensions. Son frère Marco, agé de deux ans de plus que lui, est un peu plus taciturne, moins sociable sans pour autant être plus méchant. Juste plus discret, il fume depuis qu'il a treize ans et ne s'arrête pas une seconde, je ne crois pas l'avoir déjà sans une cigarette dans le bouche (ou un join). A ma gauche Will, le brun ténébreux de base, l'étalon latino qui n'est pas coureur de jupon contrairement à ce qu'on pourrait croire. Casiment marier avec la fameuse Barbara, ils sont ensemble depuis quatre ans sans jamais se lasser l'un de l'autre. Un couple idéal et qui fait beaucoup d'envieux et de jalouses. Barbara et Will aussi beau l'un que l'autre.

               Will fronce les sourcils alors qu'il se rend compte qu'il n'a plus de cigarette, amicalement je lui tend le paquet que j'ai piqué à ma mère.

 

- Merci Matt. Comment va ton frère ?

- Mieux je crois. Ma mère a décidé de lui acheter un violon pour le calmer, mais je ne pense pas que ça soit un caprice. Il semble posséder quand il voit son violon. 

- Tant mieux alors ! Sourit Will en recrachant sa fumée, c'est cool d'avoir une passion.

- C'est ce que je me dis.

J'allume une cigarette à mon tour.

- Et toi ça va ?

- Faut bien. Bab's m'a présenté à son père, je te dis pas l'ambiance. J'ai cru qu'il voulait me crucifié sur place, sa mère en revanche était tellement heureuse qu'elle voulait que je reste dormir ! Incroyable ! J'ai senti la foudre venant du père s'abattre sur moi.

J'explose de rire en imaginant le vieux entrain de fusiller le pauvre Will.

- Ris pas merde ! C'était trop stressant ! J'ai encore la chair de poule ! Je suis sûr qu'il cache des flingues chez lui !

On rit de plus belle à deux lorsque Marco et Alec reviennent de leurs amplettes. 

- Hey ! Enfin de retour ? Demande Dom 

- Je te raconte pas comment il flotte dehors ! Se plaint Marco

- Heureusement que je t'ai prêté ma veste abruti !

Marco lui tire une grimace expressive.

- Vous en avez prit assez ? Demande Will

- Ouais je suppose. Réponds nonchalement Marco

- Poses ton cul Alec tu me fais mal d'être debout comme ça tout trempé ! Lui dit Dom

Dégoulinant de la tête au pieds, j'ai l'impression, qu'il va s'effondrer lorsqu'il se laisse tomber sur le siège.

- Et les gars, on finit la soirée chez moi ? Propose Will.

- Ah bonne idée ça fait longtemps que j'ai pas vu ta maman, sourit espièglement Dom

 

             Will s'enflamme instantanément, nous savons tous que sa mère n'a que trente cinq ans, encore très belle et plutôt bien foutue elle en fait baver plus d'un parmi les copains de se pauvre Will. Autant dire que ça le rend malade, raison de plus pour ne surtout pas présenter la mienne. Quelqu'uns pour arriver à leurs fins, ça me ferai chier de croiser un copain sortant de la chambre de mes parents. J'en ai des hauts le coeur.

 

- Ma mère est pas là bouffon va ! S'exclame Will

- Bon bah on y va, Art aime pas trop qu'on traîne ici avec "ça" sur nous.

- Ouais on se tire !

Dom récupère la dernière bouteille, je finis mon verre.

 

               Au moment de me lever je croise le regard d'Alec, je prends un coup jus qui me fais frissonner l'échine. J'approche et le frôle attentionnellement pour attirer son attention et je jubile intérieurement de voir qu'il me suit du regard jusqu'au vestiaire. Will, Dom, Marco, Alec et moi prenons nos vestes laissant le reste du groupe derrière nous. Je salue Art avant de sortir, il nous fait un signe de la tête avec un grand sourire. Nous affrontons difficilement la pluie, Dom tangue mort de rire et cours en faisant quelques zig zag, Will se précipite jusqu'à sa voiture, nous grimpons tous dedans les uns après les autres sans nous poser la question de savoir qui sera devant.

               Au final c'est moi qui suit à la place de co-conducteur, Alec est derrière le conducteur, Dom à la place du mort et Marco derrière moi. Will démarre rapidement.

 

- Tout le monde met sa ceinture ! Dit il en actionnant les essuie glace

Il vérifie que personne de vient de droite et s'engage dans le rue inondée. 

 

               La nuit est rapidement tombée avec ces gros nuages noirs, aucun rayon de soleil à partir de neuf heures du soir, il était déjà plus de dix heures quand nous sommes arrivés chez Will. Heureusement que sa mère n'était pas là finalement vu le bordel qu'on faisait. On retire tous nos chaussures à l'entrée, Dom se précipite dans le salon pour se coucher sur les canapé et entamer la bouteille pleine du Art Pub qui nous restait. Will est allé chercher des verres et un bout de carton pour Marco qui allait rouler ses joins.

                Je m'assois sur un des gros fauteuil en cuir, un verre à la main je l'avale d'une traite pour en prendre un autre. Vodka pur avec beaucoup de glaçon. Alec allume le premier join, la fumée est si épaisse qu'elle me fait plisser des yeux. Will toussote et rit en même temps. La soirée se déroule dans la même ambiance jusqu'à deux heures du matin, on parle de rien et de tout, de sexe, d'argent, du lycée, pas une seule fois d'avenir. On parle des parents et de ce qu'on ferai si on avait des millions à dépenser. On boit, on fume, le mélange fait très vite effet et je me sens totalement en fusion avec ce fauteuil, j'arrive même plus à me lever pour aller au toilette. Alec enchaîne join sur join sans pour autant que l'effet se voit sur lui. Dom parle sans articuler transformant ses mots en un son inaudible, personne n'y prête attention puique ça n'a sans doute aucun sens. 

                Je commence à me perdre dans mes pensées, regardant le plafond, je pense à Angelo qui dort paisiblement qui ne se doute pas une seconde de ce que je peux bien faire comme connerie. Des conneries qu'il n'aura jamais idée de faire, pour lui il n'y a plus que son violon, ça deviendra sa passion, sa vie et même si il n'a aucun talent, même si le son qu'il en fera sortir ne sera qu'un grincement insupportable il aimera ça. Une passion, voilà ce qu'il lui fallait. Une passion...Je tourne le visage regardant Alec fumant tranquillement dans le silence, il baisse lentement les yeux planant au milieu de son nuage mal odorant, ses yeux rougis par la drogue me fixe avec une intensité déconcertante. Je ne sais pas si c'est dut à la drogue ou si c'est voulu mais c'est destabilisant. 

                  Une passion...

 

- Je vais pisser les gars, dis je en m'arrachant du fauteuil

Personne ne réagit.

 

                   Je traverse le couloir qui mène aux toilettes et m'enferme en titubant, je me laisse glisser le long de la porte ne tenant plus sur mes jambes. J'ai tellement chaud que je sens mon corps tout endormi c'est une sensation affreuse, j'ai l'impression de me sentir partir sans réussir à me réveiller. Qu'est-ce que je fais dans ce chiote ? Je ferme les yeux ayant encore la douce sensation qui me procure le regard d'Alec.

 

- Une passion..., je répète

 

                   Je me secoue et réussi à me redresser en m'appuyant sur la cuvette, j'ouvre la porte et manque un arrête cardiaque en voyant Alec devant la porte.

 

- Putain Alec ! J'ai cru que j'allais crever !

Il se jette brusquement sur moi et me plaque contre la porte, sa bouche rentre en contact violemment avec la mienne.

 

                     Tout mon corps reprend vie lorsque je sens sa langue se mêler à la mienne, je ne sais pas décrire quel sentiment cela me procure. Malgré tout, je le repousse, réalisant où nous sommes.

 

- Arrêtes t'as trop fumé ! Les gars sont pas loin, évites.

- Et alors ?

Je ris et le repousse gentiment.

- Alors tu vas devoir attendre...

 

                      Je m'écarte assez content, je n'arrive pas à mettre des mots sur cette relation étrange que nous avons. Nous ne sommes ni un couple, ni des amis très proche mais rien que de le voir sourire me donne envie de sourire à mon tour. C'est quelque chose qui ne s'explique pas et que les autres ne comprendront pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Down Syndrome - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 14 août 6 14 /08 /Août 22:09

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- La bête noire ? Dis-je exaspéré.

- Oui, une vilaine ! Parait que ses cheveux sont semblables à des serpents ! Il mesure au moins trois mètres !

 

Rien que d’imaginer Lillyan mesurer trois mètres, je me mets immédiatement à rire. J’en crache presque les grains de riz que je viens d’avaler. Un véritable fou rire me secoue de la tête au pied et le petit garçon aux tâches de rousseurs me regarde comme si je devenais fou. Les légendes urbaines sont vraiment à se tordre de rire, c’est un peu le système du téléphone arabe, au final, une rumeur n’a plus rien de ressemblant à la réalité.

Lillyan, trois mètres…Il m’arrive à peine à la pointe du nez et voilà qu’il mesure trois mètres. Ce n’en est que meilleur pour lui, ainsi, il passe à nouveau inaperçu en espérant qu’il ait déjà pénétré à l’intérieur des remparts de Kalin. Je paye le commerçant pour le repas et m’en vais alors que le petit garçon continue de me suivre en me hurlant que c’est la vérité. Je n’attire pas les bêtes mais il faut croire que j’attire les enfants. Deux minutes plus tard, me voilà entouré par eux, mes habits étranges leur sont inconnus, à leurs yeux je suis un étranger d’une civilisation lointaine et mystérieuse.

 

- Monsieur ! Monsieur ! Vous venez d’où ? Hey ! Monsieur !

- Monsieur ! Monsieur ! Pourquoi vous avez un bandeau sur les yeux ?

- Monsieur ! Vous avez des pouvoirs immenses !

Je soupire et m’accroupis à leur niveau.

- Si je vous montre vous me laisserez tranquille ? Je leur demande gentiment.

- OUI OUI ! Ils s’écrient.

 

Je m’assois sur une grande place, les habitants autour commencent à nous remarquer : une joyeuse bande d’enfants, assis devant moi, impatients de voir le spectacle, ça attire le regard. Je joints les mains et me concentre. Un léger tremblement de terre nous secoue, des racines fines poussent autour de moi et m’entourent en dansant, les enfants ont les yeux grands ouvert. Je me lève brusquement et fait monter un piquet de terre qui se moue en rythme avec mes gestes. J’exécute une sorte de danse. Les « oh » des enfants me font sourire, je vais plus vite et fait glisser la terre sous les pieds des enfants qui rient. Je les fais glisser autour de la place et les attire jusqu’à moi. Je fais retomber toute la terre et les racines, je referme les fissures créées par les dommages. Une fois fini, les enfants m’applaudissent et se précipitent sur mes jambes, ils me tirent par les habits en hurlant dans tous les sens.

J’entends brusquement une marche militaire traverser le village, je fronce les sourcils et remonte la capuche d’une longue robe que j’ai achetée dans une boutique voisine. Je fais signe aux enfants de partir. Les habitants sont étonnés sous les pas bruyant des soldats agoriens. A leur tête, un colonel, le visage sévère. Je reprends ma route comme si de rien n’était ne voulant pas me faire remarquer mais restant à proximité pour les voir.

 

- Où habite l’intendant du village ? Demande le colonel à une passante.

- Je n’en sais rien, dit elle effrayée.

 

Le colonel tend sa main en arrière, un soldat lui remet un parchemin qu’il déroule avec autant de prétentions que de ridicule. Il prend de grands airs avant de crier :

 

- Par ordre du grand Oracle, tous les villages autours de Kalin seront désormais sous les ordres de l’armée agorienne pour des raisons stratégiques et militaires. Les vivres devront être mis à disposition des occupants, ainsi que les habitations. Toute résistance sera réprimandée, les soldats ont le feu vert de l’Oracle pour se faire obéir.

- C’est une honte ! Hurle un vieil homme.

- Allez-vous en ! Assassins ! Hurle une femme.

 

Les commerçants ainsi que toutes la population hurlent à l’injustice, je serre les poings sachant très bien ce qui va leur arriver. Le colonel ne semble même pas surpris. Il se déplace à une vitesse impressionnante et attrape le col d’un commerçant qu’il soulève. Son corps s’effrite, son visage est figé dans une expression de peur et de profonde douleur. Son corps entier tombe en poussière. Seul le bruit du vent nous entoure. Je cligne plusieurs fois des yeux, c’est un Artificier ou un contrôleur de feu pour être plus clair, la différence, c’est qu’un Artificier ne peut créer la flamme mais il peut tout brûler rien quand le touchant. Il est rare d’en voir un au sein de l’armée agorienne. Une tension de terreur plane au dessus du village comme un spectre.

 

- Je demande également à tout mage de se rendre immédiatement. Dit alors le colonel en faisant craquer ses doigts

 

Les villageois frissonnent, plus aucun d’eux n’osent à nouveau protester, les enfants se cachent derrière leurs parents complètement terrorisés.

 

- Allons, dépêchez-vous ! Dit il à nouveau. Sinon…

- Lui, c’est un mage !!! S’écrit un vieil homme en montrant un jeune père.

- Quoi !

 

Des gardes viennent récupérer l’homme, l’enfant hurle en s’accrochant à son père qui se voit pieds et poings lié en moins de temps qu’il ne faut pour l‘ordonner. Un soldat énervé par l’enfant le frappe pour l’envoyer tomber plus loin. Son camarade rit sous la prouesse. Je serre les dents et ferme les yeux jusqu’à m’en faire mal. Je ne dois pas intervenir. Si j’interviens j’ai peu de chance de garder mon anonymat et je dois encore retrouver Lillyan…Merde !

 

- PAPA !! PAPA !!! Pleure l’enfant. RENDEZ MOI MON PAPA !

 

Le petit garçon se relève de sa chute, le visage inondé de larmes et court en direction de son père sans craindre pour sa vie. Le colonel pose un regard menaçant sur lui. Comme si sa course allait au ralentit, je ne peux quitter des yeux le visage larmoyant de l’enfant, ses cris me semblent lointain mais provoque chez moi une réaction rare, le genre de réaction que je n’ai qu’à l’égard que ceux j’aime. Les cris de Lillyan reviennent en échos de mon esprit, sa douleur, il y a six ans devant la fosse mortuaire.

 

Avant même de comprendre une seule seconde mes intentions, je me déplace jusqu’à l’enfant, j’interviens avant que le colonel n’aie pu poser les mains sur lui. Alors qu’il allait le prendre par le cou, je le retiens par le poignet. Le silence tendu fait valser nos pensées. L’enfant a cessé de pleurer et me regarde incrédule.

 

Je ne supporte pas les pleurs ni les cris d’un enfant enfant, le fait même de savoir que cet enfoiré a osé vouloir le tuer me donne envie de lui arracher la tête.

- Monsieur…murmure l’enfant .

- Que vous preniez ce village, je m’en fous, que vous vous en prenez à de pauvres hommes, ça ne me regarde pas. Mais que vous fassiez pleurer un enfant, ça ne je ne l’accepte pas.

- Pour qui te prends-tu gamin ? Pour un héros ?

 

Le colonel arque un sourire sadique, j’évite sa main qui allait me prendre par le cou et lui balance un coup de poing en plein estomac qui l’envoie plus loin. Je retire ma cape pour la laisser tomber à côté de moi et me met bien droit toisant du regard mon ennemis. A cet instant, je ne peux plus reculer, ce n’est qu’un vulgaire insecte qui n’a pas idée une seule seconde de l’étendue de mes pouvoirs.

 

Il redresse son visage vers moi, il prend une profonde inspiration, les soldats derrières commencent à parler entre eux à voix basses. L’un d’eux s’approche du colonel pour lui murmurer quelque chose l’oreille. Son visage se crispe dans une expression de surprise.

 

- Impossible, il laisse échapper.

Puis il éclate dans un rire machiavélique qui me donne la nausée.

- Alors vous n’êtes pas mort, monsieur Shinrei Mauran. Quelle joie ! Votre tête va me rapporter une sacrée promotion.

Le colonel se met en position de combat.

- Vous êtes un Artificier, n’est- ce pas, mon colonel ? Je demande maître de moi-même

- Vous êtes perspicace. Le digne fils de votre père.

- Vous ne pouvez me réduire en cendre rien qu’avec vos mains, j’ai juste ?

- Vous m’épatez. Dit il ironiquement.

- Bien. Alors ne m’en veuillez pas….

Je fais remonter deux pilier de terre jusqu’à ces mains que j’enroule avec force et les serre au point de tenir le colonel an sol qui se débat dans tous les sens.

- Je vais devoir vous arracher les mains, dis je le regard menaçant.

 

Son visage se déforme sous la colère et la douleur, je serre le poings et fais craquer les os un par un de ses mains. Le bruit est horrible, les soldats derrière mettent un temps à comprendre que leur colonel souffre réellement, ils dégainent tous leur épée mais avec ma main gauche je fais monter des racines, beaucoup plus grosses que tout à l’heure, aux épines vénéneuses. J’enroule le corps de certains et les serre jusqu’à ce que les épines transpercent leurs chairs et les fassent hurler. Certains arrivent jusqu’à moi, je fais déplacer la terre sous les pieds de l’enfant pour le mettre à l’écart tout en évitant les lames des deux guerriers en face de moi. J’arrête une épée avec la main, le visage du guerrier perplexe ne bouge plus. Je me penche légèrement et évite le coup horizontal de l’autre à ma droite pour l’éjecter avec mon pied contre un commerce. Son corps s’écrase contre un pilier de bois. J’arrache l’épée des mains de celui que je tenais et tourne autour de lui pour récupérer la deuxième qu’il a à la taille. En ciseau, je m’arrête au cou de celui-ci qui frémit.

 

Terrorisé, il s’écroule par terre en implorant mon pardon. Je lève la main en l’air et l’enterre vivant. Je sens soudainement une aura monté derrière moi, je me retourne et remarque un autre soldat désarmé qui vient m’attaquer. Au dernier moment, je remarque des sortes de lames sortir de ses doigts, je me baisse juste à temps mais une partie de mes cheveux tombent sur le sol.

 

Je regarde les mèches blanches et serre les mains sur les manches des épées. Je redresse le visage, un soldat aux étranges lames sortant de ses doigts me scrutent avec indifférence, je remarque que ses lames sont blanches comme l’ivoire. Qu’est-ce que c’est ? On dirait…Des os !

Je repose les yeux à nouveau sur le colonel qui reste prisonnier des piliers de terres sans rien pouvoir faire.

 

- Etonné, le héros ? Il susurre son front perlant de sueur, c’est bien un Manipulateur de Corps, comme ton ami. Spécialisé dans la maîtrise de ses os. Il peut les rétrécir comme les étendre à l’infini. Il peut également les faire

repousser.

 

Je n’ai pas le temps de regarder à nouveau le soldat au regard vide qu’il m’a déjà sauté dessus, j’évite avec difficulté ses coup, ne remarquant qu’au dernier moment un pique sortir de ses bras pour me percer la nuque. Je me déplace à nouveau et fait entrechoquer la lame et son os. Quelle résistance. Même une lame n’en vient pas à bout. Je bondit en arrière gardant mes distances, je fais remonter à l’aide des épées, deux formes humaines sculpter dans la pierre. Elles prennent mon apparence avec deux épées identiques. Pendant cette semaine, j’ai tenté de développer mon pouvoir en cohérence avec mon contrôle de la terre.

 

Je moue à peine les doigts et les sculptures se déplacent à des vitesses impressionnantes, je crois desseller une émotion de surprise dans le visage de guerrier au regard vide. Les sculptures se battent comme si c’était moi et frappent plusieurs fois le soldat qui semble ne ressentir aucune douleur.

 

La poussière qui s’élève pendant le combat est sous mon contrôle, je la maintiens dans les airs laissant le nuage de fumée nous entourer. Un premier leurre est détruit par le guerrier, le deuxième se fait exploser la tête par la sienne. Indestructible. Il se retourne lentement et pose le regard sur moi comme si j’étais sa nouvelle proie. Je soutiens ses yeux noirs, je plante mes épées dans le sol et prends une position de combat.

 

- Je respecte ta force, dit-il entre ses dents.

 

Je souris malgré moi et m’élance contre lui, main nue mais plus ferme et plus puissance que le roc. Je frappe à plusieurs reprises mon ennemi qui frémit pour la première fois, je sens un de ses os craquer au niveau de sa cage thoracique. De mon côté, je n’évite pas non plus tous ses coups mais l’aura qui émane de nous entoure toute la forêt et fait frémir le sol. Je ne doute pas que même à Kalin, ils doivent sentir l’intensité du combat.

 

J’évite un coup latéral, je fais tourner autour de nous une nuée de feuilles mortes, aveuglé, il tente d’en sortir, mais les feuilles s’embrasent brusquement. Il hurle et tente de se protéger. Le feu s’éteint brusquement mais son corps fume et la douleur et bien là. Pourtant il n’y a pas de brûlures sur lui.

 

- Une illusion, dis je alors, mais l’esprit pense que c’était la réalité. Désolé, je me suis bien amusé mais…

 

Je joins mes poings et fais monter des bois l’entourant rapidement et totalement dans un cocon, solide comme le vieux bois d’un centenaire. Il frappe avec force contre les parois mais rien n’y fait. Je le laisse dans sa cage et je me rapproche du colonel. Celui-ci tremble à chaque pas que je fais vers lui.

 

- Epargne ma vie. Dit-il implorant.

- En quel honneur ?

- Je peux te donner des informations sur l’Oracle. Sur ses projets.

- Je connais déjà ses projets. Je n’ai pas besoin de toi.

 

Je fais redescendre la terre avec son corps qui s’écoule dans des sables mouvant, je fais taire ses cris avec un peu de boue dans la bouche et reviens sur la cage de bois. Je pose ma main sur la matière et ferme les yeux. Le bois s’écroule, le guerrier est assis sur le sol patient. Toujours aussi insensible. Il me regarde sans baisser les yeux, son corps n’a aucune palpitation irrégulière, il est parfaitement maître de lui. J’ai l’impression d’être face à un grand sage des montagnes de Cléone.

 

Il se lève et s’incline, je manque de m’étouffer d’étonnement. Il s’incline ? Il me fait une révérence ! Je dois rêver, ce n’est pas possible. Il se redresse et plante à nouveau son regard dans le mien.

 

- Je me nomme Amon, je suis fier d’être en face du fils du grand Amiral Mauran. Je vous présente tous mes respects. Il m’a raconté ô combien il est admiratif face à votre courage et je comprends enfin ce qu’il voulait dire par là.

 

Surpris, je n’ose rien dire. Finalement je hausse les épaules et pars récupérer ma cape en toile que j’ai jetés plus loin sous les regards effrayés et troublés des habitants.

 

- Je ne te tuerai pas. Je dis alors avant de partir

 

Je reprends ma route et quitte le plus rapidement possible le village sachant très bien que je ne suis plus le bienvenu ici. J’ai détruit leurs commerces, j’ai traumatisé les enfants. Je m’enfuis alors en vitesse pressé d’arriver à Kalin et de revoir enfin Lillyan. Je remarque que mes cheveux ont maintenant une coupe assez spéciale, je les attache en queue de cheval.

 

J’arrive enfin aux remparts de la belle cité qu’est Kalin, d’immenses murs de pierre entourer d’eau et d’arbre me font face. Sans nulle de doutes que cette eau est plus nocif que l’acide. Je remarque les divers chevaux aux insignes d’Agora, je mets ma capuche et avance comme un habitant normale. Je ne comprends pas ce que fais toutes cette patrouille agorienne à Kalin, d’accord Maru et Agora sont en guerre mais Kalin aurait elle capitulée ? Je ne pourrai jamais rentrer avec cet armada devant les portes gigantesques de la ville. Je reconnais des mages puissants ainsi que des maîtres d’armes redoutables, seul, je ne suis pas sûr de tenir. Si seulement je pouvais rentrer par le haut.

 

- Cela ne serait-il pas plus facile par le bas ? Je me demande à moi-même

 

J’ai peur que la longue tranchée d’eau qui entoure la ville soit trop profonde, sans quoi la puissance qu’il me faudra pour creuser pourrait m’être fatale en cas d‘inattention. J’entends un bruissement juste derrière moi, je me retourne vivement, sur mes gardes mais rien ne me fait face. J’ai l’air d’un idiot.

 

- Mii…

Un bruit étrange juste en dessous de mes pieds, je reconnais ce cri. Une Voyageuse, ici ?

 

______________________________________________________________________________________________

 

VOILA LA SUITE !!! Eh oui encore un nouveau personnage et en plus c'est un Manipulateur Corporel ! Spécialiste dans la maîtrise de ses os ( idée piquer dans le mangas Naruto :p)

ENNNN LA VOLEUSE !!

 

Enfin bref =)

Je vous souhaite de bonne vacances bisous !!!

 

PS : J'écoute la nouvelle chanson de Linkin Park en ce moment et même si j'ai eut du mal à m'adapter je l'adore ! :p 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 12 août 4 12 /08 /Août 00:07

- Nous devons faire quelque chose contre la manipulation d’âmes, j’annonce. Nous risquons d’en croiser à nouveau et je ne veux pas être leur marionnette ou me battre contre un de leurs pantins. Ton pouvoir ne te permet-il pas d’annuler le leur ?

- Mon pouvoir paraît sans limite mais ce n’est pas le cas et sa plus grande limite est liée à sa nature.

- Comment ça ?

- Réfléchis.

- Je ne sais pas. Je ne maîtrise déjà pas mon propre pouvoir, je ne vais pas prétendre tout savoir sur celui des autres, encore moins avec le tien.

- Mon pouvoir défait ce qui a été créé, ce qui signifie que tant que rien n’a été créé, il ne peut pas agir.

- Ah, je vois.

- Je pense que ce serait plus de ton domaine.

- Tu veux dire, manipulation contre manipulation ? Sauf que je ne maîtrise pas mon pouvoir.

- Non mais il est en toi et il s’éveille quand tu en as besoin. Le temps d’arriver à Kalin, tu devrais apprendre à te familiariser avec lui. On ne sait pas ce qui nous attendre une fois arrivé là-bas. Nous serons en plein territoire ennemi.

- Si je ne me contrôle pas, tu es sûr de pouvoir m’arrêter ?

- Oui.

- Très bien.

 

Nous avons repris la route depuis une semaine. Le lendemain de l’entretien avec mon père, nous nous étions occupés des préparatifs de voyage après avoir réuni assez de vivres, tracé le chemin à suivre et discuter de son retour auprès de l’Oracle. J’étais inquiet mais rester trop longtemps au même endroit augmentait nos chances d’être capturé or, je ne voulais pas que l’Oracle continue de tirer les ficelles dans l’ombre et accomplisse ses sombres dessins. Aller à Kalin nous permettra d’en apprendre plus sur la façon d’éliminer l’Oracle et je ne peux pas me dérober à mon devoir, je n’étais plus un enfant. De toute manière, nous ne pourrons vraiment profiter les uns des autres qu’une fois la guerre éradiquée.

 

La complicité qui me liait à Shin n’est évidemment pas la même que celle qui me lie à Raine et les mots sortent difficilement de ma bouche pour lier la conversation. La situation aurait pu être pire car le silence n’est pas non plus embarrassant, il est seulement ennuyant. Le paysage est monotone composé de champs bordés d’arbres rachitiques et le temps est ombrageux. Raine est aussi bavard que Shin et n’égaye pas énormément notre voyage.

 

Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et j’essaye de me divertir en pensant à d’autres choses. Je pique un fard en voyant quel chemin mes pensées prennent, le sourire de Shin, ses courbes naturelles, ses yeux si mystérieux. Il me manque même si je sais qu’il va bien : je suis sûr que je l’aurai senti s’il lui était arrivé quelque chose de grave.

 

Shin occupe mes pensées la majeure partie de mon temps si bien que je ne fais pas souvent attention au reste. Mais, comme l’a dit Raine, mon pouvoir sommeille en moi, il est constamment en moi, brûlant aussi surement que ma flamme de vie. Pour l’instant, il parait calme comme s’il se reposait mais je sentais toute l’agitation qui l’habitait, l’envie de sortir et de s’exprimer, d’exploser. C’était incroyable cette radicalité et c’était encore plus incroyable que je devais la contrôler.

 

A vrai dire, ça me faisait peur. Je préférai le laisser en sommeil parce que j’étais persuadé qu’il n’attendait qu’un appel de ma part pour qu’il explose. Surtout que mes précédentes expériences n’ont pas été vraiment concluantes. Epoustouflantes, certes, mais effrayantes. Manipuler une armée de zombies… Et le pire, c’est que je n’avais que douze ans à l’époque. Aujourd’hui, de quoi serai-je capable ? Est-ce que l’âge est un facteur suffisant pour amplifier mes compétences ou l’entraînement est-il la seule méthode permettant, outre de le maîtriser, de l’accroître ?

 

- Lillyan ! M’appelle Raine. On va s’arrêter pour la nuit.

- Oui, je n’avais pas vu qu’il était si tard.

- J’ai bien vu que tu étais concentré. Comment ça se passe ?

- Pour être honnête, ça me fait peur. J’ai été un peu traumatisé par ce qui s’est passé quand j’étais gosse.

- Je serai là pour t’arrêter.

- Oui mais ça me bloque quand même.

- Je suppose que tu dois commencer par l’accepter avant de le maîtriser. Ça ne doit pas être facile avec un tel pouvoir. Mais oublie ta peur, dis-toi que tu as changé, que tu sais te contrôler comme la dernière fois et que je suis là.

- Mmmmmh.

Je n’insiste pas, n’aimant pas en parler, et nous nous abritons à l’abri d’un cercle de chênes puissants et majestueux, profitant d’un tapis d’herbe moelleux.

 

Mon sommeil est agité mais je refuse d’ouvrir les yeux. J’ai l’impression que mon pouvoir saisira cette opportunité pour sortir de mon corps. Ne dit-on pas que les yeux sont le reflet de l’âme ? Je me mets à trembler de peur et m’astreins au calme. J’autoalimente mon pouvoir en y pensant constamment et à force d’y penser constamment, j’ai tendance à l’exagérer.

 

Je ne dois pas oublier les fondamentaux et demeurer maître de moi-même : à la base, un pouvoir vit en harmonie avec son détenteur et agit uniquement quand celui-ci le décide. Alors avant de me concentrer sur mon pouvoir, je devais me concentrer sur moi-même, être assez déterminé, être assez fort pour manipuler mon pouvoir à ma guise et non l’inverse. Et je devais donc commencer par vaincre ma peur. Car si les yeux sont le reflet de l’âme, pourquoi mon pouvoir serait si sombre avec des yeux aussi clairs ?

 

En ouvrant les yeux, j’ouvris également mon esprit et immédiatement, je sens une présence. Elle se rapproche à grande vitesse mais je ne suis pas inquiet, non, plutôt… rassuré : cette présence n’est pas agressive, elle est étrangement… familière. Deux petites boules de poils atterrissent brutalement dans mon ventre, me coupant le souffle et me faisant tomber à la renverse. L’atterrissage est dur et je lâche un cri de surprise. Raine se lève immédiatement, sort son épée de son fourreau et se précipite sur moi pour me protéger, cherchant notre ennemi du regard. Encore faudrait-il qu’il y en ait un !

 

Je suis tout simplement effaré de constater la présence de deux Voyageuses qui frottent leur petite tête contre moi. Mon premier réflexe est de les caresser pour rétablir notre lien mais je me rends compte qu’elles sont essoufflées et surement fatiguées. Je leur verse de l’eau dans ma coupole et les laisse arracher de petits brins d’herbe. J’ai des tas de questions à leur poser mais au fond, je sais déjà que c’est mon père qui a dû les envoyer à moi.

 

Elles représentent un excellent moyen d’épier des conversations à distance en toute sécurité et surtout, par l’intermédiaire de leur jumelle envoyées à ses côtés, de rester en contact avec Shin même si ce n’est qu’à sens unique. Il nous sera plus facile de nous retrouver de cette manière plutôt que d’errer dans la ville à sa recherche.

 

Tout de suite, leur compagnie me remonte le moral, c’est comme si je retrouvais un peu de mon enfance et je revoie le sourire chaleureux de mes parents. Je rassure Raine et me rendors serein.

 

Le lendemain, nous nous réveillons tard mais reposés et je me sens d’attaque pour une nouvelle journée de voyage. Le temps est toujours aussi pluvieux et l’ambiance n’est pas à la fête mais les Voyageuses me bombardent de bavardages incessants, rendant l’ambiance encore plus monotone mais de manière bien plus agréable. Elles sont pires que moi quand elles s’y mettent. Enfin, je ne peux pas vraiment leur jeter la pierre puisque c’est moi qui les ai éduquées.

 

- Aïe, je proteste en recevant un coup sur la tête que je n’avais pas vu. Qu’est-ce qui te prend ?

- Si je ne te parle pas, c’est uniquement pour te laisser te concentrer alors ne laisse pas ces créatures te perturber.

- Ce sont mes amies et ça fait longtemps que je ne les avais pas vues !

- Es-tu prêt pour affronter un manipulateur d’âme ?

- Non, murmurai-je en gardant le regard fixé au sol.

- Alors, tu vas me faire le plaisir d’être un peu plus sérieux, on n’est pas en vacances !

Je lui jette un regard furieux. Je sais très bien qu’on n’est pas en vacances, l’absence de Shin me le rappelle constamment, la douleur dans la poitrine quand je pense à mes parents également. Mais ce n’est pas une raison pour s’ennuyer mortellement.

- Tu préfères que nous soyons capturés ? M’assène-t-il. Alors de deux choses l’une : ou nous sommes faits prisonniers par les manipulateurs d’âme qui s’amuseront à faire des expériences avec nos corps ou nous serons renvoyés à l’Oracle, moyennant contrepartie financière, qui prendra un malin plaisir à nous torturer à mort. Et là, crois-moi, tu comprendras ce que signifie vraiment la douleur car la marque ne représente qu’un pourcent de sa force véritable.

- Peut-être mais pour l’instant, je suis trop faible psychiquement pour penser contrôler un pouvoir aussi phénoménal. Excuse-moi de ne pas être un demi-dieu mais dans mon état, tout ce que je ferai, c’est libérer un pouvoir nocif qui nous ferait nous repérer à des kilomètres à la ronde ! Alors, pour l’instant, j’essaie justement de ne pas y penser, parce que ça me terrorise, et de trouver un autre pour l’exploiter.

- Un autre moyen. Comment ça ?

- J’en sais rien. J’essaie de me calmer, de retrouver mon sang froid, d’être maître de moi-même. Je ne veux pas me précipiter.

- Mais ce n’est pas en gardant ton pouvoir en toi que tu apprendras à le maîtriser.

- Il faut d’abord que je m’habitue à lui. Depuis que je sais que je suis un manipulateur corporel, tout le monde me dit que je ne dois en parler à personne et que je dois faire attention à me maîtriser, ne pas le laisser jaillir hors de moi par inadvertance. Ça plus les expériences traumatisantes quand j’étais petit, tu imagines l’effet que ça a eu sur moi ? Tu ne peux pas me demander, après plus de cinq ans de conditionnement, de le libérer en un jour. Si je n’ai pas confiance en lui, c’est sûr que je me laisserai engloutir par la peur et qu’il prendra possession de moi. Même si tu es là, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure technique d’apprentissage.

- Très bien, je comprends, capitule-t-il. Excuses-moi de t’avoir secoué. Je crois que je me laisse aussi guider par mes sentiments et que je ne suis pas vraiment objectif. Je ne veux pas retomber entre les mains de l’Oracle or, nous nous rendons en plein territoire ennemi.

Je préfère ne pas relever mais il aurait déjà été un prisonnier de l’Oracle ?

- Moi non plus, je te le garantis. Surtout que je connais des choses que je ne veux surtout pas lui révéler. Essayons de ne pas penser à tout ça et concentrons-nous sur nos objectifs.

 

Plus nous couvrons de kilomètres plus nous nous approchons de Kalin et plus les zones deviennent civilisées. Les gens deviennent plus nombreux, les routes sont tracées et empruntées, les villages plus rapprochés. Mes pieds sont en compote, mes jambes effectuent difficilement un pas en avant, cela fait pratiquement un mois que j’ai quitté mon foyer et que je vis comme un fugitif mais l’excitation d’approcher enfin de Kalin et de connaître le moyen de terrasser l’Oracle et de me venger.

 

Oh oui, il va payer pour tout ce qu’il nous a fait subir et pour une fois, je me sens en harmonie avec mon pouvoir qui ne demande qu’à en découdre. Pendant el voyage, j’avais petit à petit exploité mon pouvoir en commençant par la télépathie. J’avais presque oublié qu’elle constituait une partie intégrante de la manipulation corporelle de même que ma maîtrise de l’électricité. Alors j’ai commencé par créer de petits éclairs et je communiquais beaucoup avec les Voyageuses : outre parce que leur compagnie m’était agréable, cela me permettait de retrouver mes marques. Après tout, mon pouvoir, lorsqu’il n’était pas hors contrôle, était tout à fait inoffensif. Ce n’était pas qu’un pouvoir destructeur.

 

Nous aimerions en connaître un peu plus sur la ville avant d’y pénétrer mais nous avons trop peur d’être reconnus, moi, surtout avec mes cheveux noirs et mes yeux blancs car porter un masque, c’est bien beau mais il ne cachait pas mes principales caractéristiques. Raine m’avait coupé les cheveux jusqu’aux oreilles pour qu’ils soient moins voyants et avaient usé d’un produit que les marchands lui avaient donné pour les teindre en châtain. Pour mes yeux, je garde la tête baissée et évite de parler aux gens. C’est Raine qui s’y colle pour poser des questions lorsque c’est nécessaire.

 

Cependant, même si nous ne posons pas beaucoup de questions, le malaise chez les villageois est palpable. A une journée de marche de la capitale, nous nous couchons tôt pour nous reposer et récupérer toutes nos forces. Shin n’est pas loin non plus et nos retrouvailles ne sont plus qu’un à un jour ou deux.

 

En arrivant enfin à la capitale, je tombe de haut lorsque l’accès nous est refusé par les gardes de la porte. J’avais tout imaginé et je m’étais entraîné jusqu’à avoir des migraines terribles pour maîtriser mon pouvoir et être capable de me défendre mais ça, c’est tout simplement inconcevable. Une blague. Même si le regard du capitaine ne laisse place à aucun doute.

- Que se passe-t-il ? Se renseigna Raine. Nous venons juste chercher des renseignements.

- L’accès est refusé aux étrangers pendant toute la durée de l’insurrection.

- Une insurrection ?

- Vous n’en saurez pas plus.

- Attendez, nous venons de loin pour pouvoir étudier dans votre bibliothèque. Nous ne sommes que de simples étudiants itinérants qui étudient les différentes cultures. Et certains documents nous sont indispensables pour postuler au poste d’ambassadeur afin de prouver que nous sommes bien passés par Kalin.

- Pas de chance, revenez plus tard.

- Attends, l’interrompt son compère. Vous pouvez nous montrer votre diplôme scolaire ?

Par chance, mon père me l’avait remis juste avant notre départ en trafiquant légèrement mon nom afin que je puisse passer inaperçu. Ce diplôme comportait une mention d’aspirant ambassadeur, ce qui rendait son détenteur neutre et lui obtenait l’accès de toutes les villes même en cas de conflit. Après, ce sont aux risques et périls de l’ambassadeur qui prenait la décision d’entrer. Mais ils étaient des intermédiaires idéaux pour les pourparlers.

- Agora, hein ? Depuis combien de temps êtes-vous sur les routes ?

- Un mois à peu près.

- Alors, vous ne savez pas que votre Oracle a exigé la reddition de la ville et que le roi la refuse.

- Comment ?

- C’est pour cela que la ville est assiégée par les habitants qui se plaignent que les conditions de vie deviendront encore plus difficiles en cas de siège. Cependant, le roi se refuse de plier aux exigences de votre Oracle et si ça ne tenait qu’à moi, vous seriez déjà pieds et poings liés au fin fond d’un cachot ! Enfin, vous êtes ambassadeurs, c’est votre droit.

- Attendez, quelles sont les exigences de l’Oracle ? Reprend Raine.

- Un transfert de main d’œuvre ou la reddition purement et simplement.

- Transfert de main d’œuvre ?

- Des manipulateurs d’âme, bien entendu. Seulement le roi n’est pas si bête et connaît très bien les dégâts que peut faire un manipulateur d’âme mal intentionné, c’est pour cette raison que l’accès et la sortie sont si sévèrement contrôlés. Il disait aussi que si on lui livrait la bête noire assoiffée de sang, il réviserait ses positions.

- Une bête noire assoiffée de sang ?

- Un homme mi humain mi bête avec des cheveux noirs corbeau si longs qu’ils touchent le sol et qui lui servent en réalité de fourrure et des yeux rouges injectés de sang.

- Ça existe ? Et pourquoi serait-elle en ville ?

- Parce que selon nos légendes, c’est la seule capable de dévorer l’Oracle. C’est pour ça que le roi refuse parce que même s’il lui livre la bête, nous représentons toujours une menace pour lui.

- Pourquoi n’aurait-il pas attaqué plus tôt dans ce cas pour enlever à la bête toutes chances d’en apprendre plus ?

- Qu’est-ce j’en sais, moi ?! Je suis qu’un soldat, les grands, ils fonctionnent pas comme nous ! Enfin, si vous voulez entrer, c’est comme vous voulez.

- Très bien, merci.

 

Aux premiers abords, la ville parait calme mais la tension est bel et bien là et même un peu trop familière. Les voyageuses sont cachés sous ma veste, à l’abri, et me réconfortent mais les regards en biais des citadins, les sifflets et les crachats à notre égard me rappelle douloureusement mon exil. Je secoue la tête, il faut vraiment que j’arrête de penser à ça, c’est loin maintenant et ça ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie et vivre dans le passé. Or, si je ne suis pas une bête noire assoiffée de sang, j’ai effectivement juré d’abattre l’Oracle.

 

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Niark je suis intelligente j'ai mis d'avance un chapitre  temps que je peux être sur internet

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 13:55

 

On dit souvent que la mutation est une étape normale dans la vie d’un homme, lorsque celui-ci cesse d’être un enfant, quand il acquiert la puissance à qui il était destiné. Lorsque cette étape dépasse l’entendement humain je peux dire que ma mutation n’a aucune limite, comme si ma destiné était floue et que la finalité de mon pouvoir n’existait pas. Un pouvoir sans limite dans un corps fini. Le déséquilibre le plus dangereux que puisse connaître notre univers.

 

La dernière chose dont je me souviens c’est cette épée, me transperçant le corps, il était clair que je devais mourir. Aucune personne normale ne pouvait survivre à une telle attaque. Pas même l’Oracle. Pourtant, sans que je puisse le comprendre ni le contrôler, le bruit d’un verrous en moi me retenait sur cette terre, une porte au fond de mon cœur qu’on avait ouverte. Puis le flux de puissance, un déversement d’aura sans fin qui se propageait dans mes veines. J’avais retrouvé une force quasi divine, une force qui ne m’était pas inconnu. Je pouvais ouvrir les yeux, la lumière ne me brûlait plus les rétines, je pouvais voir clair comme toute personne normalement constitué.

Le visage de maître Zenon se déformait sous la surprise, je retirais doucement son épée, le bruit de la chair fendu me donnait des frissons mais je ne ressentais aucune douleur particulière. J’étais cependant parfaitement conscient même si le vent qui nous effleurait me paraissait plus doux.

 

L’épée ensanglanté retombait sur le sol, maître Zenon était engloutit par la puissance du manipulateur, ce n’était plus sa voix qui s’échappait de ses lèvres. Ce cri était totalement différent des autres. Puis ce fut le déclic. J’ai planté mon regard dans les yeux du maître, je pouvais presque voir à travers lui, le flot d’aura et de puissance qui s’écoulait en moi développait mes facultés visuelles d’une manière encore plus étrange. A tel point que je pouvais même voir ce qui n’était pas visible.

 

Je pouvais voir des choses que nul n’a envie de voir, ses pires angoisses, ses peurs. Ses cauchemars les plus fous. C’est ainsi que j’ai compris que l’ouverture de cette « porte » me permettait de donner vie à ces cauchemars. De leurs donner vie dans n’importe quel esprit. Même dans un esprit inconnu, dans l’esprit du manipulateur.

Un sourire sadique tranchait mon visage, le cœur du maître palpitait sous la peur, son aura diminuait à vue d’œil comme si elle était aspirée par la mienne qui recouvrait tout le paysage. Il me suffisait de me concentrer sur cette âme étrangère qui contrôlait le maître pour deviner ses peurs, pour créer mes illusions cauchemardesques. La torture de l’esprit.

 

D’abord blanc, puis jaune, suivit d’un rouge vif. La voix du maître s’éteignait comme coupée, son visage figé sur une expression de paralysé de terreur prenait des teintes curieuses. Un instant plus tard il hurlait à la mort, le silence de la nature avait été violé par les supplications d‘un damné, les mains plaquées sur le visage il se déchirait presque la peau. Un cri si horrible qu’il me faisait grimacer mais je ne quittait pas ses yeux. Il se tenait la tête comme un fou, les yeux injectés de sang qui ressortaient de leurs orbites. Je ne pouvais rien mesurer, je ne pouvais pas m’empêcher de le faire ni m’arrêter, ma volonté était totalement soumise à un désir de vengeance, à un désir de dépassement. J’étais pleinement conscient de la torture que je faisais subir à mon assaillant, je ne savais pas cependant comme est-ce que j’y parvenais. C’était instinctif, c’était encré dans ma chair. Une apprentissage naturel. Un don.

 

Je savais aussi pertinemment que Zenon ne ressentait rien, il ne s’en souviendra certainement pas non plus, ma seule et unique cible était le manipulateur qui ne va pas tarder à sortir de ce corps. Sa seule et unique chance d’échapper à mon regard.

 

Une minute plus tard - ce qui était l’équivalent pour lui d’une éternité - le corps du maître Zenon retombe au sol mollement, inconscient. Je m’approche de lui recouvrant ses blessures de plantes médicinales. Ses diverses plaies ne se fermeront pas mais elles se désinfecteront. Je le scrute quelques instants, heureux de le savoir en vie même si les douleurs physiques garderont des séquelles pour quelques mois.

 

Je sentais toute la puissance qui voulait s’extirper de mon cœur, je ne pouvais même contrôler ce flux, j’étais impuissant. Mes membres tremblaient, mon aura allait explosé autour de mon corps, j’écarquillais les yeux comprenant que je devais m’écarter du corps du maître qui commençait à rouvrir les yeux. Je sentais l’aura m’étouffer m’entourer doucement. Une aura troublé et sens cesse alimentée. Je n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, le flux explosa et ce fut le noir.

 

Je me retrouvais au milieu de rien, je n’entendais que des voix hypnotisant, des chants qui me parcouraient, qui m’entouraient. Le vent soufflait brusquement contre moi, je n’avais aucune prise, j’étais suspendu dans un vide noir. J’étais dans l’entre du néant. Mon corps s’envolait, je hurlais sous la puissance de l’ouragan qui m’envoyais à des kilomètres plus loin. Et ces voix, toujours là, imperturbables.

 

La lumière.

 

Mes yeux papillonnaient, les rayons du soleil et des formes connues, je n’étais plus dans ce monde noir et vide. J’étais revenu sur terre. J’aurai aimé croire en un rêve mais je me retrouvais au milieu de la forêt, la végétation était différente et inconnues. Je me redresse doucement, transpirant, sur le front une serviette qui me tombe dans les mains. Mon bandeau avait été détaché je me hâte à le remettre avant qu’il ne me tombe des yeux. Je suis confortablement installé sur une sorte de tapis rouge et bleu, aucun insigne de civilisation juste des signes étranges tout autour de moi écrit à la craie blanche.

 

- Tu es revenu d’entre les morts mon garçon, me dit cette voix fébrile

 

Je me retourne, en garde, une vieille dame me fait face, enroulée dans des tonnes de tapis.

 

- Ta plaie est fermée mais tu ferais bien de t’allongée. Dit elle en pointant mon estomac

 

Je soulève mon lambeau de tunique et remarque qu’il n’y a aucune trace de blessures. Je tâte mon ventre incrédule pour sentir une quelconque cicatrice. Est-ce une illusion ? Je suis persuadé qu’il y a peu de temps j’étais encore mourant. Que s’est il passé ?

 

- On me nomme Nala. La Shaman des Chutes rapides.

 

Shaman des Chutes rapides !

 

- Tu es sans doute perdu et craintif mais crois moi je ne vais rien te faire. Je ne suis pas capable d’avoir un impact sur ton corps comme une arme l’aurait.

- Comment avez-vous soigné ma blessures ? Je demande perplexe

- Moi ? Je n’ai rien fais, il rit en s’essayant sur son tapis. C’est le temps mon garçon. Juste le temps.

- Le temps ?

- Tu reviens du monde onirique. Un monde où le temps est bien plus puissant que chez nous, il n’est pas contrôler, il n’est pas soumis à des lois physique. Il court comme bon le semble. Il peut aller plus vite, comme aller plus lentement. Le temps est une volonté qui ne peut être manié. A chaque fois qu’un homme rentre de ce monde, il est livré au bon vouloir du temps, ton apparence charnel était seul à y être enfermé. Ton âme, elle, n’avait pas quitté notre monde. La seule chose que j’ai été capable de faire c’est de te ramener parmi nous. Seul le temps est responsable de ta guérison.

- Pourquoi ?

- On ne peut comprendre le temps, il n’a pas d’esprit. Il joue en faveur de qui il désire. Si il a décidé de te soigner c’est que tu n’étais pas destiné à mourir. Le destin est soumis au temps.

 

Je ne comprends pas grand-chose, j’étais confus, perdu, complètement troublé. J’arrivais à peine à tenir debout et je ne savais pas quoi penser de cette vieille folle. Le seule chose que mon pauvre petit cerveau avait enregistré c’était qu’elle était shaman des Chutes rapides. Par conséquent j’avais une chance d’en apprendre plus sur la légende du montre aux yeux de Lune et sur moi-même.

 

J’observais plus attentivement la shaman, ses cheveux gris et long était coiffé en queue entourée d’anneaux, son front était tatoué par un tribal étrange qui redescendait sur son nez. Elle fixait les signes sur le tapis avant de les faire disparaître soudainement. Elle leva la tête vers moi avec le sourire.

 

- Tu te poses trop de question mon garçon. Je peux t’assurer que je ne suis pas là pour te tuer. Une shaman ne peut tuer. Nous sommes des être neutres, sans attaches avec des guerres stupides qui déchirent nos nations. Nous sommes des êtres vagabond qui flottons autour de vous. Nous sommes le lien avec un monde de spiritualité où n’existe que la fatalité.

- Donc vous n’êtes tenus par aucun serment qui vous lie à votre peuple et vous empêche de parler à un ennemis ?

- Je te l’ai dis. Nous sommes neutres.

 

Je m’assois en face d’ elle, les jambes croisés, je peux enfin me détendre. Même si je reste sur mes gardes.

 

- Vous connaissez mes questions, n’est-ce pas ?

- Elles sont confuses, certaines ne sont pas les bonnes. D’autres sont futiles.

Dit elle en faisant une croix à la craie sur son tapis.

- Il y en a d’essentielles.

- En effet. Certaines sont essentielles.

- J’aimerai savoir pour mes parents…

- Ils vont bien. Tu vois la craie comme elle frémie. C’est le signes qu’ils sont vivants et en bonne santé mais je ne peux pas lire l’avenir. Ton père se bat sur le front et cherche des informations sur l’Oracle. Ta mère va tenter de quitter le pays.

- Et …

- Lillyan est un garçon vaillant en compagnie d’un être hors du commun, il n’a pas à s’en faire.

- C’est la craie qui vous dit ça ?

- Non c’est toi. Tu es vivant. Alors lui aussi. Tu ne peux nier Shinrei que tu es indéniablement lié à lui par autre chose que ce lien d’amour, c’est un lien encore plus fort qui ne peut se désaltéré. A moins que l’un de vous ne meurt.

- Je veux savoir…pour la légende qui décrit bizarrement mon ami. Dis je en fronçant les sourcils.

La vieille me sourit et efface la craie à nouveau. Un dessin étrange remplace la croix. Des yeux blancs.

- Ce n’est pas un monstre. La légende de Koryu, le dragon blanc. Cette légende raconte qu’un garçon aux yeux blancs naîtra dans une famille humaine, qu’il possédera le don incroyable de communiquer avec les autres sans parler et qu’il aura en lui la puissance d’un dieu. Un dieu du mal.

- Un dieu du mal ?

- Te souviens tu du pouvoir de ton ami. Il n’a rien avoir avec le réel fondement d’un simple Manipulateur de Corps, il est bien plus ancien, plus puissant. Ce pouvoir est issu de la mort du dragon blanc qui se réincarne dans un homme. Mais son âme reste intact, c’est Koryu, dieu de la mort, qui s’empare du corps de ton ami lorsque celui-ci n’est pas à la hauteur. Nous les hommes sommes incapable de contrôler le pouvoir des dieu ! Cela dépasse l’entendement. Un seul être en est capable, l’Oracle. Lui seul peut contrôler le pouvoir des dieux, il est né pour ça.

« Koryu se réincarne uniquement dans un corps divin, pourquoi s’est il réincarné dans celui de Lillyan alors ? » Demande la veille alors qu’elle continue de sourire « Je ne peux te le dire. En faisant cela, j’irai à l’encontre de ton destin et c’est une chose que les shamans ne peuvent faire. »

- Si j’ai bien compris. Lillyan est l’incarnation d’un dieu du mal ?

- Si c’était le cas, ton destin ne serait pas touché. Il est bel et bien l’incarnation de Koryu mais il n’a que le « Ko » de Koryu.

- Que le « Ko » ?

- Il ne possède qu’une partie de son pouvoir. Le pouvoir de communiquer et de lire dans les pensées, le pouvoir suprême du contrôle du corps. Mais il n’a ni pas le « Ryu » de Koryu. Le « Ryu » c’est le pouvoir du sol. De la terre et non du ciel. C’est le pouvoir d’en bas, c’est aussi le pouvoir d’aller au-delà des limites visuels. Aller au-delà de ses contraintes et de ses handicapes. Je te l’ai dis Shinrei, vous êtes lié par un lien plus fort que l’amour…

- Je…Je suis le « Ryu » ? Demandais je incrédule.

- Tu es le seul à pouvoir te le dire. Tes yeux sont noir et profond comme deux trous dans le néant. Ceux de Lillyan sont aussi blanc que le Lune. Il a hérité des yeux du dieu mais toi tu as hérité de la vue de Koryu. Tu peux voir dans la nuit, tu peux voir ce qui n’est pas visible. Et grâce à ça, tu crée des illusions qui torture l’être humain.

- La légende désigne un seul homme pourtant…

- Un seul oui…Mais la légende à une autre facette que tous les shamans du monde ont interprétés. Si l’homme qui possède Koryu n’est pas l’Oracle, alors viendra la fin de notre monde. Car cela reviendrai à dire que le dieu du mal est de retour. Il contrôlera son hôte et détruira tout sur son passage.

- Alors pourquoi n’êtes vous pas effrayé ? Pourquoi tenter de tuer l’Oracle alors qu’il semble être le seul à pouvoir tuer ce monstre ! Pourquoi est-ce que Lillyan ou moi ne sommes pas totalement possédé ?!

- C’est que vous n’êtes pas des hommes ordinaires et que l’Oracle n’est plus l’Oracle.

- L’Oracle n’est plus l’Oracle ?

- Je ne peux t’en dire plus. Ton destin sera…

- Modifié j’ai compris ! Mais si c’était notre seule chance ! Vous dites que l’Oracle n’est plus ! Alors qui est il ?

- Un homme semblable à un dieu. La légende ne parle pas de deux hommes, comme tu l’as dis, il s’est passé quelque chose d’inexplicable ! Koryu s’est réincarné dans deux corps et c’est ça qui fait que vous ne pouvez pas être totalement possédé par un demi esprit ! Cela n’empêche pas que vous pouvez détruire le monde à cause de lui. Le destin de Koryu était de se réincarné dans l’Oracle comme à chaque fois, de pouvoir être équilibré par un homme dieu. Seulement il y a eut un problème lors du cycle, un problème qui a chamboulé le destin de l’Oracle et qui aujourd’hui l’a rendu mauvais.

- Mon père m’a dit une fois que vous aviez trouvé la solution pour tuer l’Oracle ?

- Je ne peux le dire. C’est une chose que tu dois comprendre par toi-même je suis désolée. Le rôle d’une shaman est de resté neutre.

- Pourtant vous l’avez dit à votre peuple !!

- Mon peuple n’a fait qu’interprété mes dires et ils ont compris par eux même.

 

Enervé je me lève brusquement. Une partie de toute cette histoire est devenue plus clair, la légende, la réincarnation du dieu en nous. Le lien qui m’unie à Lillyan mais je ne sais toujours pas comment le peuple des Chutes rapides ont trouvés la seule façon de tuer l’Oracle.

 

- Tu te rends à Kalin mon garçon.

- Je dois y aller. Pour retrouver mon ami.

- Sans lui tu es si froid, tu devrais t’ouvrir, c’est une chose qui pourrait te perdre.

- Si c’est mon destin alors je ne peux rien y faire.

- Tu crois en la fatalité ?

- Je crois en moi.

- Bonne chance mon garçon. Sois prudent sur la route, j’entends déjà les cris des mercenaires qui croiseront ta route.

- Merci pour tout Nala.

- Nous nous reverrons Shinrei, je le sais.

 

 _____________________________________________________________________________________________

 

DURRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!!

(passe le fait que j'ai deux chapitres de retard) lol

 

Alors la Shaman est assez flou dans ce qu'elle dit ! C'est volontaire bien sûr :p 

EN attendant nous savons que le dieu dragon s'appelle Koryu, qu'il se réincarne en l'Oracle mais il y a eut un probleme dans le cycle qui fait qu'il s'est incarné en Lillyan et Shinrei, pourquoi eux ?

Quel était se problème dans le cycle ?

Tout ça vous l'apprendrez dans la suite !!

 

Je suis vraiment désolé d'être aussi absente je vous ai habitué à des suites assez rapides, depuis que je travaille je n'ai plus trop le temps ! En plus je n'ai plus acces à internet depuis chez moi parce que mon ordi a encore merder.

Et oui ! Mais cette fois j'ai appris de mes expériences, j'ai tout mis sur une clés ! :p

En tout cas j'ai hâte de pouvoir à nouveau écrire !

JE VOUS EMBRASSE TOUTES !


 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 13:45

 

 

C’est allongé inconfortablement sur le dos à même le sol que je reprends mes esprits, la crâne encore douloureux mais mon corps intact. Je découvre surpris que je ne suis pas attaché et que, à bien y regarder, la douleur n’est pas aussi forte qu’elle devrait l’être. Je me redresse prudemment, ne souhaitant pas prendre de coup. En regardant autour de moi, je vois que je suis seul : pas une trace des mercenaires et plus inquiétant, pas une seule trace de Shin ni même de Raine.

 

Une rapide observation me fait comprendre que je suis dans une grotte sombre et humide où l’écoulement du temps est matérialisé par des gouttes qui s’écrasent régulièrement sur le sol. Mes vêtements sont maculés de boue, ce qui me gratte énormément mais ma situation est autrement plus inquiétante.

 

Je me traîne jusqu’à une roche à moitié sortie de terre sur laquelle je pose mon dos. Je me sens très faible et dans mon état actuel, je serai incapable de courir et difficilement capable de marcher. Et pour peu que mes ravisseurs se soient fait attaquer, je comprends pourquoi on m’a laissé dans cette caverne, sans aucun lien d’attache, pour revenir me chercher plus tard.

 

Je me relève et accuse le tournis. Je sais que je ne suis pas en état de bouger mais je n’ai pas l’intention d’attendre là bien sagement que mes ravisseurs reviennent. Il vaut mieux pour moi subir un mauvais quart d’heure maintenant plutôt que d’être de nouveau déchiré par cette affreuse douleur quand je suis à proximité de mon père.

 

Papa, Shin… J’espère qu’ils vont bien…

 

Soufflant comme un bœuf, je tente de calmer ma respiration pour éviter de me faire repérer à un kilomètre à la ronde. Dehors, loin de faire face à un combat enragé comme je m’y attendais, tout est calme. L’aube devait tout juste s’être levée : la pluie tombe doucement sur les feuilles qui la boivent avec avidité, le soleil brille faiblement dans le ciel bleu.

 

Je parcours seulement quelques mètres avant de me rendre compte de la futilité de ma tâche. Je veux m’échapper, certes, mais comment ? Où aller ? Je ne sais même pas où je suis ni où je dois aller et chaque pas tire douloureusement sur mes muscles.

 

Mais je ne me laisse pas me morfondre : j’en ai suffisamment abusé et ce n’est pas ça qui me permettra d’aller de l’avant.

 

J’entends soudainement des pas mais ma perception n’étant pas aussi fine que celle de Shin, je n’ai pas le temps de me cacher. Je m’accroupis derrière un arbre en espérant de tout mon cœur ne pas être vu.

 

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Raine ?

Quelques instants plus tard, nous sommes de nouveau dans la grotte. Je m’affale contre la roche avec soulagement et ralentis le rythme cardiaque de mon cœur.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Je demande.

Alors qu’il m’apprend que Shin m’a enlevé des griffes des mercenaires et affronter mon père pour nous faire gagner du temps, mon cœur dont le rythme était beaucoup trop élevé manque un battement.

- C’est pas vrai…

- Raconte-moi tout ce qui s’est passé, me dit Raine.

- Shin te l’a déjà dit : j’ai été exilé et il est officiellement mort. C’est pour ça qu’il ne doit pas tomber entre les mains de nos ennemis.

- Je voudrai savoir exactement tout ce qui s’est passé.

- Tu en sais déjà trop, je réplique sur un ton dur, et si t’as peur de rester avec nous, tu peux partir.

- Ce n’est pas en devenant agressif que tu sauveras ton ami.

- Et toi, tu poses des questions déplacées. Personne n’est parfait.

- C’est surtout ton attitude qui est déplacée : à t’entêter, tu perds du temps inutilement alors que Shinrei est peut-être en train de mourir.

Il n’a fait formuler qu’une hypothèse mais elle m’a fait l’effet d’un coup de poing. Je me lève mais le regard dur et froid de Raine me fait trembler.

- Quoi ? Tu viens de le dire toi-même, ce n’est pas le moment de discuter, nous parlerons plus tard.

- Il ne s’agit pas non plus de se précipiter : Shinrei ne s’est pas sacrifié pour que tu retournes comme un idiot sur les lieux et refasses une crise. C’est en ça que je te dis que t’entêter nous fait perdre un temps précieux. Si j’en sais plus sur la situation, je pourrai vous aider.

- En quoi… Très bien.

Je m’exécute et cela nous prend un bon moment. Mes membres tremblent et je n’arrive pas à rester calme mais l’attitude posée de Raine me contraint à rester en place.

- Quels étaient les termes exacts de la sentence ?

- Je… Je devais renoncer à mon identité et à mon lien de filiation.

- Mais après, il t’a apposé la marque, n’est-ce pas ?

- Oui.

- Ce n’est pas logique : pourquoi te forcer à nier jusqu’à ton existence et en même temps te le rappeler constamment ?

- C’est juste qu’un citoyen d’Agora qui se fait exiler perd tout signe d’appartenance à la nation pour éviter qu’il ne la déshonore par ses actions futures. Je suis censé vivre avec les parias et pas partir en vadrouille. La marque, ça doit être une touche personnelle de l’Oracle.

- Je vois, comme je le pensais, je peux sûrement t’aider.

- Comment ça ?

- Mon pouvoir est négatif.

- C’est-à-dire ?

- Pour expliquer simplement, ce que les gens ont fait, je suis capable de le défaire. Tout à l’heure, lorsque les mercenaires ont attaqué, j’ai défait leur énergie offensive en créant un mur pour nous protéger. Cela vaut aussi pour l’Oracle.

- C’est vrai ? Je demande fou d’espoir.

- C’est pour cela qu’il a détruit mon peuple des siècles plus tôt : nous représentions une menace pour lui. Si la marque avait été un élément à part entière de la cérémonie, je n’aurai pas pu faire grand-chose car elle n’aurait pas émané d’une volonté propre mais si c’est une touche personnelle de l’Oracle, là, c’est une autre histoire.

- Tu peux vraiment effacer ma marque ?

- Oui. Ferme les yeux et ne m’interrompt pas.

- Est-ce que ce sera aussi douloureux que lorsqu’elle m’a été apposée ? Que je sache à quoi me tenir.

- N’oublie pas que ce que les autres ont fait, je suis capable de le défaire. Mon pouvoir transforme tout le négatif en positif.

- Ça veut dire qu’il transforme aussi le positif en négatif ?

- Dans ces cas là, je ne l’utilise pas.

- D’accord.

- Prêt ?

- Oui.

Malgré ce qu’a affirmé Raine, je serre les dents, j’avais du mal à croire qu’il pouvait vraiment effacer une douleur pareille. La diminuer, oui, mais vu la faiblesse qui me caractérise en ce moment, la plus petite des douleurs peut me faire tomber dans les pommes.

 

Mais c’est un véritable magma de chaleur qui se diffuse en moi. Une chaleur si forte et pourtant si douce que j’ai même l’impression qu’elle me redonne des forces. Et je suis presque attristé lorsqu’elle s’en va. Si la situation n’avait pas été aussi urgente, je me serai endormi.

 

- Ça y est déjà ?

- Oui, affirme-t-il avec un sourire.

- C’est bizarre, je croyais que ça aurait pris un peu plus de temps.

- Pas plus qu’il n’en a fallu à l’Oracle pour apposer la marque.

- Je croyais que ton pouvoir transformait le positif en négatif ? ça n’aurait pas dû mettre plus de temps ?

- Je n’ai pas d’emprise sur le temps, Lillyan, il n’émane pas d’une volonté particulière.

- Ah oui, c’est vrai. Alors… Là, je peux vraiment approcher mon père sans avoir l’impression que je vais exploser ?

- Normalement, oui.

Je préfère ne pas relever l’adverbe qu’il a utilisé pour nuancer ses propos.

- Allons-y, je lance plein d’enthousiasme.

- Où ?

- Retrouver Shin, bien sûr.

- Tu es sûr que…

- Tu ne voudrais quand même pas que je l’abandonne ?

- Non mais ce n’est pas prudent, les villageois vont peut-être encore nous attaquer et quelques mercenaires seront sûrement restées sur place et au pire, ils auront mis un piège en place.

- Je n’ai pas dit que nous allons foncer tête baissée. Je ne vais pas réduire à néant les efforts de Shin. Mais déjà, si je suis capable de me battre en présence de mon père, je pourrai tenter quelque chose. Nous réfléchirons en chemin. Nous avons déjà perdu trop de temps.

- Très bien.

Je me laisse guider par Raine pour retourner au village. Malgré deux ou trois moments d’égarement, nous arrivons sur place.

 

Le village est en ruine, trahissant l’ampleur du combat que Shin avait dû mener contre mon père. J’espère vraiment qu’ils vont bien. Tous les deux. Partout, la terre est déformée, ravagée, défigurée. A la lisière du village, les maisons sont encore intactes mais plus on avance, plus elles sont abîmées avant d’être complètement détruites. Je n’ai pas besoin de mon don de télépathie pour ressentir la haine et l’incompréhension des villageois, en revanche, le désespoir qui m’accable en arrivant sur le champ de batailles proprement dit est sans commune mesure.

 

Toute la technique et la force de destruction que Shin a mises en œuvre me fait comprendre à quel point le combat a été éprouvant, d’autant plus éprouvant qu’il savait qu’il n’aurait pas une seule chance de gagner mais qu’il a continué à faire face même lorsque tout était perdu.

 

Je redresse la tête et me concentre. Un indice. Il me faut quelque chose pour les retrouver. Par terre, mon regard est attiré par une traînée de liquide rouge. Du sang. Je ne sais pas à qui il appartient mais je sais que ce n’est pas à l’un des mercenaires, c’était soit mon père soit Shin. Je me baisse pour examiner le sol, comme mon père m’avait appris pour pister les animaux dans la forêt.

 

- Partez ! Crache une vieille dame voutée. Vous avez détruit notre village ! Vous êtes vraiment des monstres !

- Racontez…

- Partez !

- Madame, s’il vous plait…

 

Ce n’est que lorsque des larmes coulent le long de ses joues que je réalise l’ampleur des dégâts. Trop égoïste, je n’avais pensé qu’à nous alors que nous venions de détruire leur village.

- Tu n’y es pour rien, me dit Raine. C’est uniquement le résultat de leur cupidité.

- Mais si…

- S’ils n’avaient pas essayé de vous retenir, vous auriez passé la nuit avec les marchands avant de reprendre la route le lendemain et ils n’auraient pas été impliqué.

- Tu ne pourrais pas…

- A moi seul, je ne pourrai pas reconstruire tout un village. De plus, je ne tiens pas révéler ma présence en ces lieux. Et pour remettre la terre en l’état, il leur suffira de trouver des Fossoyeurs de la Terre.

- C’est vrai. J’aurai aimé que quelqu’un me raconte ce qui s’est passé. Je ne sais pas comment retrouver Shin.

- Je voudrai vérifier que les marchands vont bien, ils devraient pouvoir nous raconter ce qui s’est passé.

- Oui, c’est vrai. Combien de temps suis-je resté inconscient ?

- Quelques heures seulement. Tu as dormi toute la nuit.

 

Etrange, la dernière fois, j’étais resté inconscient plus de trois jours alors que les dégâts avaient été moindres. Peut-être Raine a-t-il soulagé les blessures de mon corps.

 

- Nous vous attendions avant de partir, nous déclare sobrement le chef de la caravane.

- Avez-vous vu ce qui s’est passé ?

- Nous, non. Mais nous avons récupéré l’un des soldats qui devrait être en mesure de tout vous raconter.

Nous gagnons la même roulotte que celle où j’avais ouvert les yeux quelques jours plus tôt après avoir été empoisonné. Apparemment, elle leur sert d’infirmerie car ils croisaient souvent des blessés sur la route. J’aurai préféré qu’ils aient récupéré Shin mais si nous pouvons obtenir des renseignements, ce sera déjà pas mal.

 

Je m’approche de la paillasse sur laquelle un homme respire bruyamment.

- Papa…

Mon père est vraiment là, allongé sur ce lit de fortune et je n’ai pas mal. Raine a vraiment réussi. En plus, il a fait ça en un tour de main, ça ne lui a presque pas demandé d’effort.

 

Je pose la main sur son front et tâte son pouls : tout a l’air normal. Je l’appelle doucement. Je ne suis peut-être pas très prudent, peut-être tout ceci est-il un piège, mais je m’en fiche : je suis enfin devant mon père. Et il pourra tout me raconter. Il ouvre les yeux, ses paupières papillonnent un peu avant de se stabiliser.

 

- Lillyan ? S’étonne-t-il. Mais…

- Tout va bien, papa, tout va bien.

Je suis tellement heureux que j’ai envie de me jeter dans ses bras mais je me contente de sourire en serrant sa main tout en essayant de retenir mes larmes de joie.

- Raconte-moi ce qui s’est passé, je t’en prie, dis-je en revenant à la réalité.

- Ah oui, Shin… tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais manipulé et que j’ai été forcé de combattre Shin.

- Comment ça s’est terminé ? Je demande anxieux.

- Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, je n’étais pas dans mon état normal, j’avais l’impression que ma propre conscience était endormie et que quelqu’un tirait les ficelles dans mon esprit.

- Un manipulateur d’âme…

- Oui, sûrement. Mais, au moment fatidique, une aura a explosé autour de Shin et l’a comme englouti, il a disparu comme s’il avait plongé dans une autre dimension.

- Quoi ? Oh non…

Se peut-il que, comme moi, Shin ait été dépassé par la puissance de son pouvoir ?

- Lillyan, tu sais quelque chose ?

Je jette un œil derrière moi et me rends compte que tout le monde est parti. J’ai envie de partager mon hypothèse avec papa mais je ne sais pas dans quelle mesure je peux lui faire confiance. Cela dit, si mon raisonnement est juste, la situation dépasse largement mes compétences et seul, je ne pourrai rien faire.

- Je crois que Shin a… le pouvoir de manipuler l’esprit des gens, de leur faire voir des illusions. Du moins, c’est ce qu’il m’a raconté quand je l’ai retrouvé après qu’il a combattu l’Oracle.

- D’accord, dit papa au bout d’un moment de réflexion, je comprends beaucoup de choses maintenant. Alors, la situation est grave mais pas désespérée. S’il n’a pas réussi à contrôler son pouvoir, il se peut effectivement qu’il ait été englouti dans le monde onirique mais les humains ne restent jamais bien longtemps prisonniers.

- Comment ça ?

- C’est le rôle des shamans de guider les humains vers la porte de sortie. Si repérer une simple conscience est particulièrement difficile, l’arrivée d’un corps physique dans ce monde immatériel est plus facile à repérer, surtout lorsque le pouvoir a été utilisé d’une façon si peu subtile.

- Alors, ça veut dire que les shamans sont une sorte de garde-fou au pouvoir de Shin ?

- Normalement, non. Cependant, les shamans ont une puissance spirituelle très puissante et ne restent pas insensibles aux bouleversements psychiques car ça peut perturber leur pouvoir. C’est très complexe, je ne peux pas tout te raconter maintenant, ce n’est pas le sujet. Mais Shin devrait être sain et sauf.

- Comment le retrouver ?

- Ça, je ne sais pas. Les shamans sont, par nature, des êtres discrets et préfèrent rester cacher.

- Mais…

- Je suppose que vous vous dirigiez vers Kalin ?

- Oui. Comment…

- La même logique que vous alors c’est là-bas que vous vous retrouverez. La raison principale qui motivait votre démarche, c’était de retirer ta marque mais ce ne sera pas une perte de temps. Je suis persuadé que les manipulateurs d’âme en savent long sur l’Oracle et les renseignements que vous obtiendrez nous seront précieux.

- Mais je ne peux pas le laisser tout seul !

- Je te l’ai dit, je ne peux pas localiser un shaman, ils peuvent être n’importe où…

- Dans un autre pays ?

- Non, plus la distance est grande plus faible est la perception. Lillyan, Shin a réussi à me tenir tête, je ne crois pas que tu aies raison de t’inquiéter même si l’éloignement t’est difficile à supporter. D’ailleurs, le fait que vous soyez séparés lui laissera une plus grande marge de manœuvre car je te rappelle que c’est toi qui es traqué dans l’histoire.

- Oui mais maintenant, nos ennemis savent qu’il est en vie.

- J’ai eu le temps de me débarrasser des mercenaires avant de m’évanouir.

- L’Oracle va se douter de quelque chose.

- Oui, surement. Je vais gagner du temps en lui rapportant qu’ils ont péri lors d’un affrontement.

- Tu vas rentrer ? Je demande, déçu.

- Oui, il faut que je m’occupe de Cali et Sheila. Elles ne sont plus en sécurité là-bas et je dois parler à Karl.

- Je comprends mais je n’ai pas envie.

Il se relève et me prend dans ses bras. C’est tellement bon de sentir à nouveau sa chaleur protectrice.

- Nous nous retrouverons dans les rangs de la résistance.

- Oui. Passe le bonjour à maman de ma part.

- Elle sera heureuse quand je lui rapporterai la nouvelle.

- Oui, j’ai hâte de la revoir.

- Je la protègerai, ne t’inquiète pas.

Il me serre dans ses bras et nous partageons enfin ce moment de tendresse dont je rêve depuis mon exil. Le tableau est gâché par l’absence de Shin : j’espère que mes retrouvailles avec Shin seront rapides parce que sans lui, je suis perdu.

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mardi 20 juillet 2 20 /07 /Juil 18:03



    Je fixe cette scène impuissant, le corps paralysé je ne peux plus faire un seul geste. Maître Zenon, sa main sur le front de Lillyan, un regard voilé, aucune émotion particulière sur le visage. Je ne comprends pas ! Je ne peux pas le croire ! JE NE VEUX PAS LE CROIRE !! Lui qui était un exemple pour moi, lui qui, en ce moment même, me vole l’être qui m’est le plus cher.
    Raine tient son champs de force autour de nous difficilement mais il résiste, les flèches déferlent sur nous comme une pluie d’été nous cachant presque le soleil. Le corps de Lillyan à genoux devant son père perd de sa puissance et de son énergie vitale, comme si il lui aspirait le sang. Sans vraiment réfléchir, le sang bouillant, les muscles contractés, la haine aveuglante ! Je sors du champ de force de Raine qui hurle mon nom. Une multitude de flèches me transperce la peau, la douleur est horrible et me fait presque pleurer mais la rage me fait serrer les dents et transforme cette souffrance en force. En puissance.
    Je soulève le sol en dessous de Lillyan pour le faire glisser jusqu’à moi, maître Zenon n’a même pas le temps de me voir venir que j’ai déjà récupérer le corps mourant de mon ami. Ses respirations sont saccadés, je le place le plus vite possible sous la protection de Raine sans me déplacer. Les flèches continuent de me percés le corps de par et d’autre tout en réussissant d’éviter celles qui me seraient fatales.

- Suis le chemin et surtout ne te pose pas de question. Au bout de deux heures vous verrez la lumière.

    Raine ne comprend pas tellement, sans en dire plus je l’ensevelis sous la terre avec le corps de Lillyan. Il me regarde incrédule ne sachant pas trop quoi faire, je ne quitte mon amour des yeux jusqu’à que la terre l’ai définitivement recouvert comme si ils n’avaient jamais existé.

- Bonne chance mon cœur….,je murmure pour moi-même

    Trop occupé à penser à Lillyan je n’avais pas remarquer que l’assaut des archers avait cesser. Je me retourne face à Zenon, je retire d’un claquement de doigts toutes les flèches de bois qui perçaient mon corps. Je serre les dents me faisant violence pour ne montrer aucune émotion, le sang commençait déjà à couler le long de mes plaies.

- Tu ne sembles pas en bon état petit Shinrei…Le combat est devenu presque ridicule.

    Cette manière de parler, cette façon de m’interpeler et de faire hérisser le moindre de mes poils. Je savais que Zenon n’était pas capable de faire une chose pareil, il aimait bien trop son fils pour se soustraire à un démon comme l’Oracle. Il est manipulé, par un Manipulateur d’Ame.
    Je place mes pieds en position, effleurant la terre humide sous nos pieds, je laisses mes bras le long du corps évitant les gestes trop grand qui pourrait ouvrir encore plus mes blessures. A la différence d’un Manipulateur de Corps, le Manipulateur d’Ame possède tout l’esprit et la puissance de son pantin. Ainsi même si ce n’est pas le vrai Zenon que je combat, je vais tout de même faire face à sa force destructrice. Je n’ai aucun doute sur l’issu finale de ce combat mais tout ce qui compte c’est que je protège Lillyan, comme il m’a protégé. Je ne vis que pour lui.
    Le maître d’arme sort lentement son épée du fourreaux, cette grâce que je reconnais ne va pas avec les traits plissés machiavéliquement de son visage. Je concentre toute mon aura dans mes bras, les principaux membres pour contrôler la terre. Vu mon état je vais devoir rusé pour tenir le maximum contre lui, les mercenaires doivent déjà être entrain de chercher les deux autres mais ils ne les trouveront jamais. Après tout je suis le fils de l’Amiral, le plus grand stratège du monde et moi aussi j’ai été forgé à son image.

- Pauvre Lillyan…Imagine sa douleur quand il apprendra que j’ai dépecé son bien aimé…

    Je fronce les sourcils. Le vent siffle dans mes oreilles, il s’est déplacé à une allure quasi divine, je reconnais bien là la rapidité d’un maître. J’évite cependant son coup d’épée horizontale en me penchant en arrière, je lance mes poings en direction de son ventre mais il recule d’un seul pas, la distance est déjà trop grande. Je me déplace à mon tour, bondissant en arrière et soulevant un mur de terre de chaque côté de mon point de chute. Comme si je pouvais les scier, des disques s’élancent en sa direction, plus tranchant que sa lame légère. Il les évite presque en dansant, courbant son corps comme un serpent. Il s’approche de moi à nouveau, je recule pour pouvoir utiliser mes dons. Une multitudes de roches m’entourent je les lance contre lui comme avec un ballon de foot et les redirige lorsqu’il s’écarte. Tel des têtes chercheuses et elles suivent le moindre mouvement de mon ennemis.
    La douleur de mes blessures se ravivaient. J’avais fait trop d’effort et le sang coulait d’avantage. Je grimaçais alors qu’il apparut juste au dessus de moi me lançant d’un seul coup de pied retourner à une vingtaine de mètres plus loin. Je m’étais protégé à temps avec mes bras me retenant au sol en plantant mes pieds dans la terre. Deux immenses allées de pierre et de terre traçaient mon chemin. La fumée s’était même soulever sous la puissance du coup. Ce n’était pourtant qu’un simple coup de pied mais je sentais déjà l’impact dans mes organes. Un maître n’a pas besoin de frapper à l’endroit précis pour atteindre ce qu’il veut, il suffit d’envoyer la force du coup sur ce qu’il veut, sans pour autant le toucher.
    Il avait visé mon estomac. Le souffle coupé je tentais de reprendre mes esprits. Ma tunique sur le ventre était en lambeaux. Il avait évacué énormément d’aura. Il revint immédiatement à l’attaque, soulevant à nouveau le vent avec lui, l’épée était comme un allongement de son bras. Si jamais il me touchait, il me tranchait.
    J’évitais ses frappes avec difficultés, je n’arrivais d’ailleurs pas à éviter certain de ses coups qu’il me décochait.

- Tu es nul en combat rapproché Shinrei ! Il hurle alors qu’il m’écrasait le visage sur le sol

    Il me relevait en me tirant par les cheveux. Le sang se rependait maintenant de tout mon corps et le visage ensanglantés je pouvais sentir le liquide chaud couler le long de ma bouche jusqu’à la pointe de mon nez. Je n’étais pas de taille, les flèches m’avaient affaiblis et je me reposais trop sur mes pouvoirs. Que pouvais-je faire à part le retarder ?
    Pour un mage, le combat de proximité est son pire ennemis…Cependant si j’inverse la phrase, pour un guerrier le combat à distance est la pire des situations. Je devais réussir à me tenir éloigner de lui.

    Alors que je sentais l’épée de Zenon pointé sur mon cou, j’ai posé les mains sur le sol pour faire soulever deux immenses racines qui enroulaient son bras le tenant ainsi immobile. Etonné il lâche son épée et tente de retirer son bras de la prise. Je peux m’échapper à quelques mètres plus loin recrachant le sang qu’il me reste dans le creux de la joue. Sans attendre qu’il réussisse à sortir je soulève à nouveau deux roches que j’envoie comme des boulets dans sa direction. Alors que je croyais que j’allais un peu le toucher son épée s’est brusquement redresser et a fendu en un éclair les deux morceaux de pierre. Ca ne pouvait pas être aussi facile j’aurai dut m’en douter.
    Cette même épée, vint trancher les deux racines, peu résistance face à la lame d’un maître forgeron, et libère ainsi Zenon. Je n’avais pas dit mon dernier mot.
    Alors qu’il reprend son épée avec le sourire, je me lance contre lui sur une vague de boue, son épée fuse mais un anneaux de cailloux me protège de ses attaques et je lance à mon tour des frappes rapides. Le combat n’a pas d’égal j’oublie même ce qui m’entoure me concentrant uniquement sur lui. Je tourbillonne et arrache en même temps des branches des arbres qui sifflent comme des flèches, il les découpe avec une facilité et une rapidité admirable. Ne se souciant pas plus de ça je recule en glissant comme si j’étais sur l’eau. Je fais remonter un pilonne de terre que je moue comme je l’entends. Je tente de le faire reculer en le pourchassant avec ce amas de terre tantôt humide tantôt durcis. Comme un animal à mes ordre je bouge au rythme de mon fluide de terre. Zenon tente de faire diversion, il esquive les coup, il rebondit sur un toit, un arbre plus loin, il revient à moi mais ma terre le suit toujours. Alors qu’il fonce droit sur moi il va pour me trancher le corps dans un cri de rage mais ma terre l’arrête à temps. Son bras ensevelis dans la boue ne plus bouger. Il grimace de colère et tente de se retirer mais la terre durcis jusqu’à devenir incassable.
    Je m’approche alors essoufflé, le cœur palpitant. Je pose une main douce sur le pilonne qui retient Zenon puis en une fraction de seconde mon visage fatigué se crispe pour envoyé un coup de poing si violent sur la terre qui la brise en un millier de morceau tombant sur le sol.
    Le cri strident de Zenon effraie les animaux et parcours les alentours, il se redresse tremblant en tenant son bras gauche totalement réduit en bouillit. Il transpire presque autant que moi.
    Mon sang continue de se déverser tout le long de ma cuisse, je commence à voir trouble mais je me remet à nouveau en position. Cet homme est peut être Zenon mais il n’a pas sa sagesse au combat qui fait qu’il maîtrise tout ce qui l’entoure.
    Il respire difficilement, sans qui me quitter des yeux.

- Je te félicite Shinrei…, il me dit, je veux me battre pour de bon.

    Alors que je reprenais mon souffle, Zenon s’ouvre violemment le bras jusqu’au os - du moins ce qu’il l’en reste - un filet étrange et argenté s’écoule de son épée pour pénétrer avec brutalité dans son bras. Je reste totalement tétanisé ne comprenant pas très bien où il voulait en venir. Puis le métal liquide qu’il avait destitué de son épée se rependait dans son bras formant l’exact os que j’avais détruit il y a quelques minutes. Je reste tremblant de terreur. Son bras avait reprit forme initial, il le manipulait à sa guise comme si rien ne s’était passé.

- C’est impossible, je laisse échapper malgré moi
- Le métal Shinrei…Si je suis le plus grand forgeron ce n’est pas pour rien. Je maîtrise le métal. Il sourit sournoisement. Maintenant c’est à mon tour de t’arracher le bras…

    Il reprend son épée qu’il divise en deux, le bruit des lames qui s’effleurent me fait frissonner, je me met en position de défense pour parer son coup. Il disparaît.
    MERDE ! Il est où ? Il réapparait juste en face de moi, l’épée frôle la peau de mon cou mais j’arrive à bondir en arrière pour l’éviter, je me retourne dans les airs et fait monter des murs de terre de plus en plus haut pour l’empêcher de venir m’embrocher. Je retombe mollement sur le sol, je dresse un nouveau mur sachant qu’il était à quelques centimètre de moi. Je recule à nouveau, sort des piques de mon mur pour les lancer sur mon assaillant. Il les découpe au fur et à mesure qu’ils l’atteignent. Je tourne sur moi-même m’entourant de racine plus résistante cette fois, des racines aux épines tranchantes que j’envois sur lui. Il en retient une croisant les épée mais ne voit pas l’autre l’encerclé. Je croyais l’avoir mais il bondit et atterrit sur l’une des fameuses épines.
    Le sourire au lèvres il me regarde et lèche sa lame avant de courir sur la racine que je contrôle. Sans plus attendre je reprends mes esprits et lance cette même racine fracasser le sol de toute sa force et de toute sa vitesse. Tout s’ébranle, la terre détruite, un véritable champs de ruine. Les roches qui décollent sous la puissance je les retiens pour les relancer sur la fissure que j’avais créé sachant pertinemment qu’il n’est pas encore à bout. La poussière qui se forme autour m’empêche de voir mon ennemis.
    Je tombe à genoux, essoufflé, souffrant, tout mon corps me fait mal ! J’aimerait tellement me débarrasser de ce poids qui m’empêche de me battre. Les muscles hurlent à l’achèvement mais je persiste à le pousser à bout.
    La poussière se dissipe, j’espérais vraiment qu’il soit au moins blessé. J’avais déployé énormément d’énergie avec cette attaque, il ne pouvait pas en sortir indemne.

- C’est tout ce que tu sais faire ?

    Sa voix. Son sarcasme. Mon désespoir. Son corps, à peine égratigné apparait derrière le nuage, accroupi dans sa fissure sur le cadavre de la racine. Il saute de son trou pour poser le pied sur la terre, il replace ses épées et avances d’un pas lent.

- Shinrei, Shinrei…Tu me déçois tellement…

    Je serre les poings essayant de me relever mais membres semblent se rebeller, je n’arrive même pas à me mettre debout. Je grince des dents le sentant s’approcher de plus en plus.

- Tu as oublié l’essentiel…
- L’essentiel ? Dis je alors comme si un déclic m’étais apparu
- Oui je suis bien plus fort que toi !

    Non ce n’est pas ça l’essentiel, ce n’est pas la force, ce n’est pas la puissance ni l’âge ni l’expérience ! L’essentiel c’est…

«  Papa pourquoi est-ce toi aussi tu met un bandeau quand tu t’entraîne avec Maître Zenon ? »
«  Parce que Zenon n’a pas de rythme…Ca ne sert à rien de le regarder se battre. Il est plus fluide et plus imprévisible que l’eau. Grâce à ce bandeau je capte l’essentiel… »
« L’essentiel ? »
« Oui, je capte chaque anticipation, chaque mouvement, chaque bruit qui me font deviner la moindre attaque. Zenon a un gros défaut, il ne sait pas écouter. Alors que toi et moi Shinrei, nous savons sentir ce qui nous entoure sans même les voir. »

    Me souvenant des paroles de mon père je comprends enfin ce qu’il me reste à faire. Je retire mon bandeau, les pas de maître Zenon s’arrête. Il ne comprend pas, vu qu’il est manipulé par un inconnu il en comprend encore moins. Je laisse tomber ce bout de tissu qui jusqu’à présent avait été mon unique protection, aujourd’hui il devient une contrainte. J’ouvre les yeux.
    Les rétines cris presque sous la douleur mais c’est minime comparer à l’état de mon corps. Je sens pourtant mes forces revenir comme si une porte s’était ouverte en moi. Je peux me redresser non pas sans difficulté mais je tiens sur mes jambes. Je ne peux plus le voir avec mes yeux et je le sentirais avec mes oreilles et mon corps. Je place mes mains et attends qu’il fasse un geste.

- Tu as signé ton arrêt de mort petit Shinrei.

    Ca y est je sens. Ma toile se tisse dans la terre, chaque mouvement de ses pieds je les anticipe et je peux ainsi devenu la forme de son corps, j’entends le vent murmurer, je l’entends m’indiquer le moindre mouvement de ses épées. J’évite en me déplaçant, je garde les pieds au sol pour sentir les siens. Je comprends enfin ce qui disait mon père par l’essentiel. Même sans mon bandeau, moi qui suit encore plus touché par la terre. Je sens chaque objet qui m’entoure comme si je retrouvais la vue. C’est incroyable. J’arrive à l’éviter avec une facilité déconcertante. Alors que je sens son épée fendre le vent jusqu’à mon oreille je l’arrête avec ma main.
    Zenon est perplexe. J’ai réussit à inverser la vapeur, maintenant que je sais maîtriser les vibrations du sol je peux attaquer. Un sourire victorieux s’étire malgré moi sur mon visage. Je retourne un tronc d’arbre que j’envoie sur mon ennemis pour le faire esquiver, sans je remonte de la terre, ou plutôt du sable pour l’aveugler. La poussière sableuse tourbillonne autour de lui l’empêchant de voir  même son nez. Son cœur palpite, il panique.
    Je me faufile dans la nuée de sable, ses pas son hésitant, sa position de combat et chancelante, il a perdu tout repère. Je fais monter un amas de boue autour de ses jambes qu’il évite rapidement. Il court pour sortir du nuage de sable mais je le suis. Il n’arrivera jamais à sortir de cette prison.
    Je me concentre, je prends une profonde inspiration et me concentre pour faire sortir des lianes tout autour du nuages. Je dissipe le sable, je crois que je le sens soulagé et reprend confiance toujours en position de défense me soupçonnant de l’attaquer par surprise. Il sera bien surprise, je souris déjà rien que d’imaginer son visage.
    Autour de nous, une cage de lianes, aussi indestructible que l’acier. Surpris il laisse échapper un petit hoquet de stupeur, je me retire de sa cage et ressert les lianes, il tente inutilement de les couper mais ça ne marche pas. Il cri d’agacement comme un animal en cage.
    Je cri presque victoire mais je sens son corps entier se rétracté, sa force se rassemble dans son abdomen. Surpris je reste sur mes garde, il prépare quelque chose. L’aura se regroupe autour de lui, je n’avais jamais vu ça. Voir les guerrier faire exploser l’aura autour oui, mais réunir son aura à l’intérieur de son corps je n’avais jamais vu ça.
    Le silence est effrayant, une fraction de seconde, le temps s’arrête un instant. Brusquement un souffle aussi impressionnant qu’un typhon me fait reculer, les arbres et les toits sont arrachés. J’arrive à me maintenir au sol grâce à des racines mais la force m’aveugle. Je n’avais jamais ressentit une aura aussi dévastatrice, enfin plus depuis que j’ai combattu Lillyan il y a six ans.
    Les lianes ne résistent pas. Le vent retombe progressivement. Le corps de Zenon est débout mais ce n’est plus Zenon. Il n’y pas la moindre ressemble, c’est une sorte de monstre. Une odeur de métal et de chair brûlé.

- Tu as deviné depuis longtemps que je ne suis pas Zenon n’est ce pas ? Me demande cette voix grave. Tu es plus fort que ce que je crois. En faisant ça, je détruis ce corps mais je décuple ma force pour un temps.

    Il reprend ses deux épée, le poids de son corps je le sens dans tous mes membres. Je sens qu’il s’approche, je recule instinctivement mais trop tard.
    Une douleur me coupe le souffle, ma voix se bloque dans ma gorge et je sens la lame froide planter dans mon ventre. Je pose mes mains de part et d’autre de l’épée. Je ne l’ai pas senti s’approcher, sa rapidité à décuplé, il a peine frôler le sol, trop occupé à essayer de comprendre je n’avais pas fait attention à ce qui m’entourait.
    L’odeur du sang me fait grimacer, je ne sens pas la douleur, je sens juste cette lame qui me traverse le corps. C’est finit…C’est finit…Il m’a eut. Son pouvoir est trop grand, je ne fais pas le poids. Si seulement j’avais été aussi puissant que toi Lillyan…Si seulement j’avais été aussi souple que toi, si seulement je pouvais affronter mes démons…ma faiblesse.


    Il retire sa lame, un bruit horrible de chair me donne des hauts le cœurs. Je m’écroule de tout mon long. Plus rien, plus de force, plus d’énergie. Plus rien.

 

______________________________________________________________________________________________

Et voilà une petite scene de combat !

=D

J'adore ce passage il est vraiment intéressant car Zenon est quand même le héros de Shinrei et c'est ça qui est bon !

Je vous fais une petite explication des Manipulateur d'Ame :

 

Etre qui naissent généralement parmi le peuple de Maru, et contrôle leur âme UNIQUEMENT !

En fait, c'est comme un marionnetisme sauf que là, l'âme du manipulateur prend le contrôle de corps ET de l'âme de la victime. Ils peuvent donc exercer un contrôle sur le force de la personne. La différence avec un Manipulateur corporelle c'est qu'il ne contrôle que le corps et ne peut pas contrôler la force de sa victime.

La manipulation d'âme est beaucoup plus risquer que la manipulation corporelle, il meurt si sa victime meurt, mais un manipulateur d'âme peut contrôler sa victime d'une plus grande distance qu'un manipulateur corporelle.

 

Voilà un peu l'explication de ce pouvoir particulier :p

BISOUS

 

PS : JE SUIS TROP A LA BOURRE DANS MES HISTOIRES ! LOL

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Lundi 12 juillet 1 12 /07 /Juil 18:44

Nous exploitons ces quelques jours de tranquillité pour nous détendre, nous entraîner et profiter l’un de l’autre. Comme en ce moment où je suis tranquillement allongé contre Shin, le serrant dans mes bras, alors qu’il était tout endormi. C’est dans ces moments-là, je me sens vraiment bien, en paix avec moi-même et je fusille du regard la moindre personne qui ose s’approcher de lui. Il gigote dans son sommeil et se serre un peu plus contre moi.

- Tu ne dors toujours pas ?

- Non, je n’ai pas sommeil, je mens.

- Tu fais encore tes cauchemars ?

- Désolé mais je n’arrive pas à penser à autre chose.

- Ne t’excuse pas, je comprends, me rassure-t-il, compréhensif.

- Non, c’est nul, faut que je m’y fasse, je vais pas rester coincé sur un truc comme ça.

- Lillyan, tu as été le premier homme d’Agora à avoir été exilé depuis des années et ça s’est passé d’une manière brutale. C’est normal que tu sois encore sous le choc.

- Je sais pas, j’ai l’impression d’être faible à ressasser et ça tourne au cercle vicieux parce que je me dis que papa m’aurait désapprouvé et du coup, je pense à lui et…

- Lillyan, m’arrête-t-il. Hier, tu as gardé la tête froide et ainsi pu sauver la caravane, l’autre jour, tu t’es battu pour me protéger. Tu n’es pas faible : dans les moments les plus difficiles, tu sais faire face à la situation et sauver les gens. Alors, cesse de te tourmenter et accepte-toi.

- Comment ça ?

- J’ai l’impression que tu te rejettes à cause de ton exil, que tu as voulu me protéger pour me prouver que tu pouvais encore te montrer utile. Pour moi, tu n’as pas changé, tu restes mon meilleur ami et amant.

Je resserre mon étreinte et il répond à la mienne en venant m’embrasser. Ses lèvres douces se posent avant de laisser sa langue chaude s’enrouler autour de la mienne.

 

- Dors, c’est moi qui veillerai sur toi, reprend-il alors qu’il m’allonge sur la paillasse et se met à masser mon crâne.

Je me laisse aller sous ses caresses et je m’endors.

 

Je me lève tard le lendemain matin, n’ayant pas dormi aussi bien depuis longtemps. La caravane s’est arrêtée au bord d’un lac, dernier point d’approvisionnement en eau avant d’arriver au prochain village. Je rejoins Shin et Raine qui discutaient assis sur le tronc d’un arbre.

- Voilà le gros dormeur.

- Salut, dis-je.

Shin me donne à manger et je me joins à leur conversation.

- Tu veux nous accompagner ? Je m’étonne. Nous ne sommes pas vraiment les meilleurs gardes du corps que tu puisses vouloir.

- Détrompe-toi, vous êtes vraiment balèzes tous les deux quand je vous vois vous entraîner. Mais c’est surtout que ma présence au sein de cette caravane met les marchands en péril.

- Je crois qu’on a suffisamment de nous deux à gérer contre l’empire, je remarque.

- Bof, un de plus ou un de moins, ça peut pas vraiment faire de différence et je pourrai peut-être vous être utile.

- En quoi ?

- Par exemple, je suis incapable de me perdre une fois que je connais la destination. Et en partant avec moi, je suis sûr que les marchands vous donneront de quoi acheter des vivres au prochain village.

- Je vote pour ! Je m’exclame.

- Lillyan ! S’exaspère Shin.

- Ben quoi ? Je réponds, innocemment.

Il se contente de lever les yeux au ciel en se plaquant la main contre son front.

 

La caravane reprend la route et Shin s’assit à côté de moi tandis que je mène notre roulotte. Il pose sa tête contre mon épaule, je sens qu’il a des reproches à me faire.

- Tu aurais pu me demander mon avis avant d’accepter.

- Il est digne de confiance et franchement, nous ne serons pas trop de trois si nous devons affronter mon père.

- Lillyan…

- Ne t’inquiètes pas, je n’ai pas oublié ce que tu m’as dit hier soir, je parle objectivement.

- Mmmmmmh, je suppose que tu as raison. Mais peut-être aurons-nous eu le temps d’enlever ta marque et alors nous ne serons plus obligés de l’affronter.

- Je ne sais pas.

 

Au fur et à mesure que nous progressons, je sens mon malaise s’amplifier. Tout est bien trop calme, silencieux. Le changement est radical par rapport à la fureur que nous a fait vivre la nature ces derniers jours mais l’absence totale d’être humain me déstabilise. Certes, j’ai l’habitude de vivre dans la forêt mais je n’y ai jamais passé plus de deux jours entiers. Surtout que j’étais censé être traqué par des mercenaires de l’empire.

 

- Tout va bien, Lillyan, tu as oublié à quel point la nature pouvait être paisible ? Me demande Shin, taquin.

- Mmmmmmmh.

 

Le voyage fut des plus tranquilles et reposant. C’est vrai que ces derniers jours, tout s’était précipité et c’était sûrement pour cette raison que je n’avais pas réussi à me calmer.

 

Je partage ma dernière nuit d’intimité et de tranquillité avec Shin avec la ferme intention d’en profiter car dès demain, Raine voyagera avec nous, et c’est après une nuit endiablée que je retrouve le sourire.

- Toujours la même chose, hein ? Ah là là, et moi qui croyais que tu étais en perte d’identité alors que tu étais juste en manque de sexe.

Aucune réplique décente ne me vient à l’esprit et je l’embrasser pour le faire taire.

L’avoir près de moi, c’est tout ce dont j’avais besoin.

 

Le lendemain, nous atteignons le village en fin de journée. La caravane reste en retrait de la ville mais le chef et Raine nous accompagnent pour parler au maire tandis que nous allons explorer le village après avoir aidé à desseller les chevaux et installé le campement.

 

La journée avait bien avancé et le village, bien que petit, fourmillait d’activité : les pères rentrent des champs après une dure journée de travail, les bambins courent dans leur direction en se faisant rappeler vainement par leur mère. Mais leur regard nous rendait mal à l’aise mais ça devait être normal : après tout, c’était la première fois que j’entrais sur une terre étrangère.

- Restez prudents, nous prévient le chef, partez en reconnaissance et essayez de discuter avec les villageois.

Nous fîmes le tour rapidement, il ne devait pas y avoir plus d’une trentaine d’habitations. Il n’y a pas d’auberge ni de marchands d’armes, la seule boutique du village est tenue par l’herboriste du village. Nous entrons.

- Bonjour, lance Shin.

La commerçante nous jette un regard soupçonneux mais reste polie.

- Que puis-je pour vous ?

- Et bien, nous venons d’arriver dans votre village après plusieurs jours de route et nous voudrions savoir s’il y avait une auberge dans le coin.

- Y a pas vraiment d’auberge mais vous pouvez demander au vieux Miarty. Il a toujours de la place chez lui.

- Où est-ce ?

- La troisième maison sur votre droite en partant d’ici. C’est pas difficile à trouver, c’est toujours bruyant de monde.

- Très bien, merci.

Quelques secondes plus tard, nous frappions à la porte de ce fameux Miarty. L’ambiance est effectivement au rendez-vous avec pas moins d’une vingtaine de clients qui hurlent, dansent et crient. Mais lorsque nous nous joignons à la fête, encore une fois, les regards deviennent soupçonneux.

- Oui, c’est chez moi, nous répond le petit homme bourru sur un ton jovial au crâne chauve. C’est pourquoi ?

- Juste boire un verre, sourit Shin.

- Ah, vous venez de loin, vous ! Allez, rester pour la nuit, ça vous fera du bien ! Le prochain village est à une semaine de marche.

- Une semaine ? Rouspète Shin. C’est vraiment tentant mais nous n’avons pas les moyens. 

- Faites pas de manière, c’est pas une auberge ici. Vous payerez en vous rendant utiles.

- D’accord, nous acceptons. Nous allons chercher un ami.

- Allez-y, plus on est de fous, plus on rit !

 

Nous partons avec le sourire et retournons au campement et profitons des deux dernières heures pour discuter argent. Le vieux marchand tient à tout prix à nous remercier de les avoir sauvés l’autre jour et de prendre Raine avec nous et bien que la somme soit plus que généreuse, au regard du peu que nous avons fait, mais nous acceptons avec bon cœur, sachant ce qui nous attendait.

 

Nous retournons chez Miarty en discutant tranquillement et notre surprise est grande de constater que, une fois sur place, nous sommes cernés par les mêmes gens qui faisaient la fête un peu plus tôt.

 

Pourquoi mon don de télépathie ne m’a-t-il pas averti ? Peut-être parce qu’alors, aucune intention malveillante ne les animait et que du coup, j’ai baissé ma vigilance.

- Des cheveux bruns et des yeux blancs ! S’exclame l’un des leurs.

- Je te l’avais dit que c’était lui, l’affreuse créature sauvage qui sème la mort partout où il passe.

- Mais il n’est pas seul ! Que fait-on des deux autres ?!

- On s’en fout ! C’est sa tête qui est mise à prix ! Emparez-vous de lui, les gars.

 

Nous avons beau être balèzes, désarmés et pris par surprise, contre une vingtaine de gars, armés jusqu’aux dents et musclés par les travaux des champs, la situation est trop inégale. Ce n’est pas du tout la même que contre ces misérables bandits de grand chemin.

 

Je me retourne vivement pour voir que la porte est bloquée par quatre types. Ils se lancent alors sur nous telle une meute de chiens enragés avec l’intention de m’assommer. Mes réflexes reprennent le dessus mais leur nombre leur permet de nous surpasser.

 

Alors que nous sommes acculés et que Shin tombe à terre, mon instinct se réveille. Je sais ce que ça signifie et même si ça me fait peur, je ne peux pas les laisser nous capturer et ramener Shin à l’Oracle. Il n’a pas le temps de se concentrer pour utiliser ses pouvoirs et il n’a d’ailleurs pas assez d’espace ni de matière première. Raine, quant à lui, fait ce qu’il peut pour éviter les coups et je ne connais pas l’étendue de ses pouvoirs.

 

Je libère ma colère, mon sang bouillonne et frémit d’excitation d’avoir trouvé sa proie. Soudain, le type qui allait m’assommer se retourne contre ses compagnons d’arme et très vite, le combat tourne en véritable bazar.

 

Quelque chose en moi s’agite et frôle ma conscience, c’est la première fois que j’utilise mon pouvoir de sang froid et même s’il s’agit d’une situation d’urgence, cela me terrifie de voir à quel point manipuler un être humain est si facile et tellement ravageur.

 

Mes pantins commencent à s’entretuer, après avoir mis à terre leurs compagnons. C’est l’horreur mais je ne sais pas comment arrêter. Je commence à paniquer, je tremble, je les implore d’arrêter. Je me mets à crier.

 

Shin me rejoint rapidement et à peine me touche-t-il le bras que sa chaleur se répand en moi et me calme. Je recherche cette source d’énergie que j’avais sentie un instant plus tôt, me concentre sur elle pour la faire diminuer d’intensité. Progressivement, un à un, mes pantins retrouvent leur propre volonté et je m’affaisse lourdement sur le sol, épuisé.

 

Shin se penche sur Miarty, bouillant de colère.

- C’est comme ça qu’on accueille les étrangers chez vous ?

- Ton pote est un criminel recherché par tout l’empire, crache-t-il.

- Et donc, vous pensiez pouvoir nous faire face avec vos capacités ridicules

- La prime avait de quoi nous faire rêver et puis, ajoute-t-il en souriant, nous avons rempli notre rôle.

- C’est-à-dire ?

- Vous ralentir, conclut-il, en gardant son sourire sadique.

- Shinrei, dépêche-toi ! S’écrie Raine en me soulevant. Nous devons partir d’ici.

 

Nous sortons tant bien que mal et malgré mon épuisement, j’arrive à courir à leur vitesse. Raine se place soudain devant nous. Une seconde plus tard, des fléchettes se cognent contre un mur invisible.

 

La douleur explose dans mon crâne en une seconde, elle est tellement atroce qu’elle fait fléchir mes jambes et je m’écroule.

- Lillyan ! S’exclame Shin.

- Il a été touché ? S’inquiète Raine.

- Non… C’est…

- Zenon, murmure Shin.

Mon corps est secoué de spasmes, mon sang bouillonne dans mes veines, je suffoque et je lutte à chaque respiration. Je lutte pour rester conscient mais je ne peux rien faire. La douleur annihile toute réflexion et écrasé par la douleur, je tourne la tête pour voir mon père s’approcher inexorablement de moi. Plus il réduit la distance plus la douleur s’amplifie. Je hurle alors que j’ai l’impression que mon crâne cède.

 

- C’est tout ce que vous êtes capables de faire ? Dit-il sur un ton menaçant. Vous n’êtes même pas capables de vous débrouiller seuls que vous vous faîtes capturer au premier village venu ?

- Vous ne passerez pas ma barrière ! S’emporte Raine.

- Sache, misérable ver de terre, que ta barrière est loin de valoir ma force. Mais ce n’est pas toi qui m’intéresses. Donne-moi Lillyan et vous repartirez sans plus de séquelles.

- Les années ont passé mais vous êtes restés ces brutes sauvages assoiffées de sang qui exile l’un des leurs pour ensuite leur donner la chasse. Même les animaux ont le respect de la famille !

Raine se défend comme il peut mais je sens que sa défense faiblit de plus en plus. Il résiste mais il ne fait pas le poids face à mon père. Tout ce qui va se passer, c’est que Shin finira par tomber entre les mains des mercenaires et sera ramené à l’Oracle. Et je ne veux plus perdre un être cher.

 

Je tente de me relever. Les parois de mon crâne vibrent sous l’effet de la douleur, je vomis, je crache du sang. Je continue et je sors de la barrière pour rejoindre les mercenaires. Mais à peine ai-je fait un pas hors de la protection magique de Raine que je m’écroule. Les cris de désespoir de Shin atteignent vaguement ma conscience et je murmure son prénom pour me donner courage.

 

La main calleuse de mon père se pose sur mon front et je laisse échapper une larme.

- Papa…

- Dors, Lillyan, ce sera bientôt fini.

Bientôt fini, oui… Mais moi, je n’avais pas envie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mardi 6 juillet 2 06 /07 /Juil 01:41

 

Découvrez la playlist blabla avec Leonard Bernstein;New York Philharmonic

 

 

" Tu es un être immonde..."

 

                Milan se redresse en sursaut, il s'était assoupi sans s'en rendre compte sur son canapé. La télé allumée eut l'effet d'un véritable somnifère, il se frotte le visage pour effacer les dernière traces de fatigues et se lève lentement pour s'étirer. Cela faisait tellement d'année qu'il n'avait plus penser à elle...

                 Il quitte le salon pour rejoindre la cuisine, une odeur alléchante s'en dégageait et en retrant dans la pièce on pouvait admirer une femme cuisinant avec amour un plat délicieux. De long cheveux noir, une peau laiteuse, Eileen en était son exacte réplique, ne peut s'empêcher de penser Milan. Contrairement à lui qui avait des cheveux bien plus clair et une peau bien plus halée. Si les différences ne s'arrêtaient que là.  

                  Fiona était une femme des plus tendre, le stéréotype parfait de la ménagère à la maison, aimante et douce, rien chez elle ne laissait paraître une quelconque colère même quand celle ci était face à une situation qui la déplaisait. Au fond cela ne relevait même plus de la gentillesse mais de la soumission à la vie. On pourrait croire qu'elle est plus raisonnable car ainsi elle accepte son destin, pour Milan elle était vide. Vide de sens, il était intimant convaincu que ce n'était pas une qualité que de se laisser aller à son destin mais de la lâcheté. Pourtant il ne pouvait qu'admirer cette lâcheté car elle semblait tellement heureuse ainsi.    

 

- Quand est-ce qu'on passe à table ? Lui demande Milan adossé au chambranle de la porte

- Dans quelques minutes. Tu veux bien mettre la table ? Sort une assiette de plus s'il te plaît.

- Eileen vient manger à la maison ?

- Non, lui sourit sa mère, ton père rentre ce soir de son voyage.

 

                  Son coeur manque un battement, il se ressaisit tout aussi rapidement et pose les assiettes en douceur sans trop réfléchir, l'esprit occuper par des pensées bien plus tortueuses. 

                  Son père n 'a jamais vraiment été quelqu'un de très présent et ce durant toute sa jeunesse également. Ce n'est pas un grand homme d'affaire, il est simplement passionné par le monde, les cultures, les hommes, la nature. Il n'aime pas tellement rester au même endroit plus de deux semaines, le voyage c'est sa vie, l'écriture est sa passion et son métier. Mais comme à tout homme il lui faut un repère, un point de départ, une maison où l'on sait que l'on saura toujours accueillit chaleureusement.

                    " Un grand journaliste ! " Disait Fiona. Un journaliste plus amoureux des paysages que de sa femme, plus attaché à sa liberté qu'à sa famille. Un journaliste qui restait au final un inconnu pour Milan même après tant d'années à ses côtés, pouvait il réellement l'appeler papa ? Il le devait, par respect, par évidence. Milan était quelqu'un qui restait droit, plein de principe et de convictions, sa maturité surpassait sa rancune. Eileen elle même n'en tenait pas rigueur à son père même si elle laissait transparaître un peu plus sa peine lorsqu'il était absent. Fiona avait toujours apprit à ses deux enfants à ne jamais faire de reproche à leur père car c'est lui qui rammenait l'argent à la maison et que quoiqu'il arrive il restait leur père et ils lui devaient respect et amour.

                      Devoir respect et amour. C'était là le résumer de la vie de Milan. Ressentir respect et amour, c'était une autre histoire, une autre vie, pas la sienne.

 

- Tout va bien Milan ? S'inquiète sa mère

Hein ?

 

                    Il relève la tête. Il s'était assit après avoir mis la table, la tête entre ses bras, perdu dans les méandres de son esprit. Il ne savait pas exactement combien de temps il était resté ainsi à penser, peut être cinq ou dix minutes, peut être plus. Sa mère s'inquiétait toujours pour rien, il lui avait semblé un peu ailleurs, ce qui arrivait de plus en plus souvent à son fils. Ce n'était pas son genre de réfléchir ainsi, d'être autant préoccupé, Milan était plutôt quelqu'un de simple. Un garçon très intelligent plein de qualité et de sérénité, en tout cas envers elle et Eileen. Avec son père ce n'était pas la même chose, lorsque Ralph était là, Milan devenait plus froid que jamais. Ils ne restaient jamais bien longtemps dans la même pièce. S'entendait il mal avec son père ? Non, c'était encore plus profond, plus ancré dans leur sang et leur mémoire. Ils s'aimaient mais loin  l'un de l'autre.

 

                    Le bruit de la porte d'entrée coupe le silence, Milan croise le regard de sa mère, elle soupire de soulagement et arque le plus beau des sourire pour accueillir son mari comme il se doit. Le bruit de la valise parvient aux oreilles de Milan, il sent des chaînes serrer son coeur et son corps, tout sentiment s'écoulait de lui comme les fins grains du sablier à mesure que son esprit se rendait compte de la présence du patriarche.

                     Les pas sourds et bruyants à la fois des grosses bottes de pluie martèlent le sol jusqu'à la cuisine, la boue à recouvert le parquet de l'entrée mais il s'en fichait éperdument, il avait trop l'habitude de vivre dans des bâtisses surplombé de terre et de poussière.

                      Ralph se précipite sur sa femme et l'enlace avec force, elle laisse échapper un petit rire de joie avant qu'il ne dévore ses lèvres, tant de mois sans sentir la chaleureuse étreinte de son épouse. Le plus souvent, il réserve ces élans d'affection pour leur intimité personnel mais là c'est plus fort que lui, il en a rêvé nuit et jours, et n'a pas eu la patience d'attendre d'être seul avec elle. Tant pis pour les autres, tant pis pour son fils.

 

- Comme tu m'as manqué mon amour, lui murmure l'homme aux larges épaules

 

                     Carré, le visage creusé par les années certes mais toujours avec autant de cheveux. Certains adolescents étaient plus dégarnis que lui, une chevelure si ample qu'il se battait constamment avec pour les coiffer le matin.De belles boucles d'un brun clair encadrait son visage, des yeux sombre mais une peau aussi blanche que celle de sa femme. Milan ne pouvait nier sa ressemblance physique avec son père en revanche, le contraire aurait été problématique pour le bien de la famille. Le contraire aurait été possible mais Milan ne l'a jamais souhaité.

                     Le grand brun tourne ses yeux ridés en direction de son "grand gamin", il n'a pas changé. Le regard indifférent que Milan pose sur son père reste le même et Ralph doute qu'un jour il vient à changer. Milan se dresse, en une seconde se fut un autre visage qu'il arbore, une expression presque tendre. Un sourire aussi large que possible, un regard mielleux et se voulant attendrissant il s'approche de son père pour le prendre dans ses bras. Ralph joue le jeu, pour les apparences, pour se sentir bien car au fond aucun d'eux n'a réellement envie de cette étreinte factice entre un père et un fils. Pour le bien de la famille et peut être, quelque part, pour se rassurer.

 

- Alors tes études ? Comment se portent elles ?

- Plutôt bien.

- Quand est-ce que tu reprends les cours ?

- J'ai déjà passé mes examens papa. Alors en septembre.

Fiona dépose un plat fumant sur la table de la cuisine.

- Allons on arrête de parler boulot ! Mangeons pendant que c'est chaud.

 

                 Qu'ils aimaient la voir aussi heureuse, si enjoué. Certes elle l'était toujours mais jamais sans un soupçon de tristesse, elle arrive à garder la face devant les autres, son mari est absent et alors ? Au fond elle ne serait que plus malheureuse si elle ne se répétait pas sans cesse que ça n'avait pas d'importance. Elle aime son mari. Elle l'aimera toujours et ça les hommes de la famille l'ont bien compris. Ralph se rendait il compte du courage de sa femme ? Un peu mais il préférait ne pas y penser, c'était mieux ainsi.

                 La conversation ne cesse pas pour autant, les hommes continuent de parler entre eux, plus pour éviter de laisser s'installer le silence que pour partager un réel intérêt, Ralph est toujours celui qui parle le plus, Milan ne fait que lui répondre, Fiona en bonne femme soumise n'intervient que pour leur demander si ils ont encore faim. La fin du repas s'achève par un petit café prit entre adultes, Milan quitte la table et monte dans sa chambre sans oublier d'embrasser sa mère.

                  Au moment de monter les escaliers il se tient au mur, perdant brusquement l'équilibre, quel comédien il pouvait faire. Etre obligé de jouer un rôle dans sa propre famille, comme c'est pathétique. Cette famille que Kendrian chéris tant, il n'a de cesse de lui répéter qu'il aurait aimer vivre dans la même chaleur. Milan se retient toujours de lui répondre " quelle chaleur ?", mais il lui aurait mentit, car oui sa famille est chaleureuse. Ses parents s'aiment, ils aiment leur fille et indéniablement aiment leur fils. Milan ne se sent pourtant pas à sa place et pour cause, il n'est pas censé vivre parmi eux, convaincu que si il n'avait pas été obligé de s'imposer  ils s'aimeraient vraiment, comme une vrai famille. 

 

- Je suis un être un immonde...

 

                Même si eux ne l'aimaient pas comme un fils, il pouvait se vanter d'avoir quelqu'un qu'il l'aime vraiment. Et Dieu sait qu'il a mis du temps à le comprendre.

 

- J'ai repris le boulot, lui dit Kendrian

 

                Milan, assit sur sa véranda reprend constance, il s'est à nouveau perdu dans les prunelles clair de Kendrian, d'un gris bleu assez hypnotisant.

 

- Vraiment ? Ta chef te laisse reprendre le travail ? Ça ne fait que deux semaines, tu aurais put prendre encore quelques congés.

- Je dois payer le loyer Milan. Et je n'aime pas rien faire de mes journées.

- Passer du temps ensemble c'est rien faire pour toi ? Le taquine Milan

- Tu m'as compris gros malin ! Je dois bien reprendre le travail un jour.

- Pas faux.

Kendrian se replace sur sa chaise en bois, qu'il pouvait détester ses engins de tortures ! Il préférait sans fois s'asseoir par terre.

- Tu vas te décider à me dire ce qui va pas ? Lui demande pour la énième fois son amant. 

 

              Milan cligne plusieurs fois des yeux, il retombe mollement sur sa main, appuyé sur la table, il hausse les épaules avant de lui rendre un sourire. Il s'inquiète pour lui, il n'aurait jamais imaginé le plaisir que cela pouvait lui produire. Quelqu'un qui s'inquiète pour soi, c'est presque trop bon lorsqu'on n'a jamais connu ce sentiment chez les autres. " Milan est débrouillard. " " C'est un génie, il est très indépendant ". " Il n'a besoin de personne, c'est un homme fort ! ". Pourquoi est-ce que tout le monde essayait de trouver des excuses pour se débarrasser de lui ? Il n'était pas si fort, pas si intelligent, pas si indépendant. Il était plutôt nul, seul, sans la moindre ambition. Il était simplement bon comédien.

 

- J'aime quand tu fronce ainsi des sourcils. Répond Milan.

 

               Kendrian arque alors son sourcils droit, Milan est un monstre incompréhensible, il est étrange, Kendrian n'y voit pas d'inconvénient. Bizarrement c'est un aspect qui l'attire énormément mais parfois il lui brûle les lèvres de savoir ce que ce monstre peut bien penser, ce qu'il peut bien ressentir. En sa compagnie il a, malgré tout, l'impression qu'il s'adoucit, plus le temps passe, plus il se laisse aller. Kendrian n'est pas du genre à obliger ou forcer Milan à se confier, bien au contraire, étant lui aussi quelqu'un de très discret il n'ira jamais lui tirer les vers du nez. Seulement depuis qu'ils ont enfin un début de relation, il meurt d'envie d'en savoir plus, ce qui ne lui ressemble pas. Stan serait le premier à lui dire " c'est normale ! ". Kendrian n'en fera rien pour autant, n'ayant pas tellement envie de raconter sa triste vie à Milan en échange de ses confidences mais plus il y pense plus il se rend compte que Milan en sait déjà beaucoup sur lui. Plus qu'il n'y paraît alors il a bien le droit à sa part aussi.  

 

- Dans un couple, se décide à dire Kendrian, la confiance est importante, je me trompe ? Je crois que si tu ne me dis pas ce qui te tracasse ça ne marchera jamais. Je sais pas comment te l'expliquer mais c'est ce que je ressens.

- Tu es un garçon qui marche plus sur l'instinct que sur la raison, pas vrai ? Je me demande si c'est parfois pas mieux. Lui dit Milan.

 

                Ils se regardent, restent à une certaine distance l'un de l'autre, après tout il ne sont pas officiellement ensemble, en tout cas pas pour les parents de Milan mais pas seulement, cette distance qu'ils s'imposent naturellement ressemble presque à un périmètre de sécurité " Si tu t'approches de trop près tu verra mon âme sombre, mes idées noires, mes défauts. Je suis une être immonde."

                  Kendrian inspire profondément.  

 

- Je ne vois pas en cas ça va m'avancer à savoir ce qui te travail car je ne pourrai sans doute jamais y remédier. Mais j'ai besoin de savoir, en fait, tu en as plus besoin que moi...Stan m'a appris au moins une chose tu vois (Kendrian arrache une petite feuille de la plante qui lui chatouille le bras) il m'a appris qu'on ne peut pas compter que sur soi (il joue avec sans regarder Milan)  il faut parfois savoir s'appuyer sur les autres. (Il la triture puis la jette un peu plus loin avant de reporter son regard perçant vers son amant) Laisse moi porter quelques briques qui t'appartiennent et tu pourra porter les miennes.

- Elles sont lourdes tu sais, sourit tendrement Milan comme un avertissement.

- Les miennes aussi. On ne sera pas trop de deux alors.

 

              Un pacte, un lien indéfinissable s'était tissé entre eux et pourtant il était aussi fragile que fort. Une union presque improbable pour deux êtres aussi brisés l'un que l'autre, pourquoi les histoires d'amour commencent elles toujours aussi mal. Milan se lève, pieds nus, il part vers l'entrée de la maison et récupère ses basket. Il revient sur ses pas et sous le regard médusé de Kendrian ouvre le portail. Il patiente le temps que Kendrian réagisse et finisse par le suivre. 

              Vers la centre ville, il se mêle à la foule, Kendrian sur ses pas. Les mains dans les poches, Milan regardent les passants, il regarde autour de lui comme si tout allait lui être prit. Il entrouvre les lèvres alors, sans croiser le gris-bleu de Kendrian, sans marcher un pas de plus vers la mélasse. Une phrase, une unique phrase lui vint à l'esprit, cette petite phrase qui veut tant dire et rien à la fois. Tellement fausse et tellement vrai.

 

- Je suis un être immonde Kendrian. Elle n'avait pas tord tu sais, j'ai fais tant de mal, que ça soit à elle ou à toi. Avec cette simple phrase elle a marqué ma malédiction d'un fer rouge. Je ne vais qu'engendrer malheur à quiconque s'approchera de moi, malheur sur malheur, peine sur peine. Blessure sur blessure.

 

               Le monde continue d'avancer, les gens se bousculent sans se soucier de deux garçons immobiles au milieu d'un trottoir.

 

- Elle avait cette envie si ardente d'avoir un enfant, si dévastatrice qu'elle n'a pas put attendre le bon, elle n'en trouvait pas d'assez bon pour son enfant. Sa progéniture. C'est fou ce que la science peut faire parfois ! On ne se rend pas compte à quel point. Un peu de sperme congelé, une simple substance glacé et voilà un beau petit bébé ! Elle voulait qu'il soit parfait et de plus il ne serait rien qu'à elle. Que demander le peuple ? Va savoir. Peut être que la grossesse a été une désillusion. C'était comme si son enfant n'avait pas envie de naître, comme si il savait qu'il n'était pas voulu par deux être qui s'aiment. Alors pour se venger de son égoïsme, il l'a fait souffrir, pendant neuf mois, jusqu'à l'accouchement. Point de suture, hémorragie, dix heures dans une salle malodorante.

                   " Elle s'est réveillée épuiser. Pas si parfait que ça le bébé. Comment un être aussi petit pouvait faire endurer telles souffrances ? Comment son petit amour pouvait il être aussi...immonde ? On lui a mis dans les bras, il ne lui souriait pas, il avait se regard si sombre sur elle comme si il lui disait " Satisfaite ? ". Elle s'est mise à pleurer en hurlant que ce n'était pas son enfant, qu'elle n'en voulait pas, qu'elle n'en voulait plus. Dépression puis folie. Toute sa famille savait qu'elle n'a jamais été très saine d'esprit, elle a contracté la schizophrénie avec l'accouchement au point de vouloir tuer son propre enfant. Hystérique, elle riait au éclat pendant qu'elle noyait son bébé en criant de toutes ses tripes : tu es un être immonde. "   

                  " J'ai été placé chez mon oncle et ma tante, papa et maman, ça n'a pourtant pas suffit car les mots ne remplacent pas les sentiments. J'ai toujours sut qu'ils n'étaient pas mes vrais parents, je n'ai appris la vérité qu'à l'adolescence, ça ne m'a pas surpris. J'ai répondu simplement " Ca ne change rien. ". C'était vrai, ça ne changeait rien. Maudit, je n 'arrivais pas à ressentir de l'amour pour eux. Ma soeur fut la seule qui me tenait à coeur, je n'exprimais pas cet amour concretement mais j'ai toujours ressentit le besoin de la voir sourire. C'est surement ça l'amour fraternel. Le seul que j'ai put ressentir jusqu'à cette fameuse nuit d'hiver où tu es venu pleurer en bas de chez nous. Étrange gamin, il pleurait sans savoir s'arrêter, les yeux rougis par le froids et les larmes. Je ne sais pas si j'ai eut le coup de foudre tout de suite. Je ne crois pas. J'ai tout simplement entendu ton appel, quelqu'un avait enfin besoin de moi. Oui...C'était ça...Quelqu'un avait enfin besoin de moi et ça me faisait plaisir autant que ça m'effrayait. Tu étais un homme ! Comment ressentir un tel désir pour un homme ? Ce n'était pas normal...Non pas normal. Je n'étais pas normal...Comme ma mère. "

 

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Je crois que je ne vais pas faire de commentaire sur la vie de Milan car ce n'est pas finit, vous aurez la suite dans le prochain chapitre !

Et puis en l'écrivant je crois que ça m'a prit la gorge lol

 

Je vous l'accorde, je suis vraiment sadique.

 

BISOUS POUR CELLES QUI RESTENT !

 

Les autres je vous pisse au cul ! NA !

xD

Je plaisante =)

 

 

      

 

                 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Par Danouch - Publié dans : La dernière fois avant la prochaine - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 1 juillet 4 01 /07 /Juil 23:31

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Je rejoins Lillyan peut de temps après avoir mis la pater à cette bande de mercenaire pas fichu de se battre correctement. Il avait réussi à venir à bout de Elovic sans utiliser son pouvoir de manipulation de corps, ce qui n’était pas étonnant, après tout son père était un maître d’arme impressionnant et il avait forgé son fils à son image.

Lillyan range son épée, le regard sévère comme à chaque fin de combat, cette beauté angélique disparait totalement pour me faire frissonner, ses yeux blanc ont perdu toutes leur innocence mais acquièrent un charisme pénétrant. La tension est palpable. Je m’approche silencieusement et lui tend un bout de tissu, il reconnait lui aussi l’insigne d’Agora et le serre dans son poing jusqu’à le faire couiner. Le bruit de la lame dans son fourreaux et nous voilà déjà repartit pour aller prévenir le chef de la tribu. A peine Lillyan était il devant la porte de roulote du chef qu’elle vole en éclat, rare était les fois où je voyais mon amant dans une telle fureur. Il sort l’épée si rapidement que j’eu à peine le temps de la voir et le chef était déjà à ses pieds, tremblant de peur, la pointe du fer à quelques millimètres de sa carotide offerte.

 

- C’est l’heure de vérité. Grince Lillyan

- Ce que mon ami essaye de vous dire, dis je pour tempéré sa fureur, c’est que vous n’avez pas été très honnête avec nous, qu’est-ce qu’un groupe de mercenaire armée jusqu’au trou du cul fait sur vos traces ? D’autant plus qu’ils vous suivaient depuis un moment puisqu’ils vous avaient infiltrés.

- Réponds ! S’écrie Lillyan.

L’homme tentait d’articuler mais ses yeux étaient rivés sur la lame. La sueur perlait déjà sur son front.

- Laissez le ! S’exclame une voix fluide derrière nous

 

Lentement je me retourne, un homme à la carrure féline nous fait face, des bandeaux sur sa peau me laisse un goût de déjà vu. Un masque bleu, un aigle argenté sur l’épaule.

 

- Il ne vous a pas menti.

 

Je reconnais l’homme qui nous a sauvé dans la forêt. Il retire doucement son masque et laisse voir ses yeux en amande d’une couleur rubis. Je crispe mes mains. Ses long cheveux noirs tombent jusqu’à la chute de ses reins, un visage presque trop féminin.

 

- Ces mercenaires étaient en réalité à mes trousses. Dit il alors

- Tu es fou Raine ! Remet ton masque ! S’écrie le marchand

- Il serai temps de nous dire la vérité, dit Lillyan

 

Il range son épée et tend sa main au marchand pour l’aider à se relever, de mon côté je reste stupéfait face à ce garçon si étrange. Quelques minutes plus tard, pendant que le chef nous apporte de quoi boire, il se décide enfin de nous dire la vérité sur la tribu étrange.

 

- En vérité mes garçons nous sommes nous aussi recherchés par les autorités locales, nous voyageons comme des marchands ambulant de Maru pour éviter de se faire repérer. Il y a de ça, six ans, nous étions encore un petit peuple qui ne cherchait que la tranquillité à la frontière de Maru et Cléone, jusqu’au jour où Agora nous ont attaqués. Ce fut d’abord un réel massacre puis une occupation militaire et enfin une extermination. Il ne reste maintenant de notre peuple que quelques tribus ambulantes comme la notre qui survivent en faisant du commerce ou en brigandant. Si nous sommes recherchés aujourd’hui c’est parce qu’ils cherchent Raine.

« Notre tribu a habité ce qu’on a appelé les Androgynes, longtemps associé à des demi-dieux personne n’aurait jamais osé s’attaquer à eux. Personne sauf un dieu lui-même. »

- L’Oracle…, murmure Lillyan

- L’histoire d’Agora a complètement effacé cette histoire sombre de leurs ouvrages mais toutes les autres nations connaissent le génocide des Androgynes. Ils naissent parmi les peuples, mi homme mi femme, albinos, nul n’est sensible à leur charisme et possèdent ce don incroyable qu’est l’hypnose. Vous avez dut le remarquer, les mercenaires que vous avez combattu portait l’insigne d’Agora, dit il à mon intention. Raine est le dernier androgyne vivant et l’Oracle tient à tout prix à s’en débarrasser.

- Pourtant je ne présente aucune menace potentielle, je veux dire, je ne suis pas un réel demi-dieu. Dit alors Raine

 

Nous nous regardons avec Lillyan, nous savions exactement pourquoi l’Oracle voulait retrouver Raine, tout comme les Nuées Nova. Ce n’était qu’un trophée de plus dans sa collection.

 

Alors que le sang bouillait dans mes veines de haine contre cet homme encore qualifié d’Oracle, je ne pu empêcher un rire cynique s’échapper de ma bouche. Les deux hommes devaient me prendre pour un fou.

 

- Il ne veut pas te tuer, annonce gravement Lillyan

- Il veut te capturer, je complète alors un sourire sournois sur les lèvres

- Comment pouvez vous le savoir ? Demande alors le marchand

- Parce que nous sommes agoriens. Je leur avoue. Je ne m’appelle pas Kilvin, mon véritable nom est Shinrei Mauran. Je suis le fils de l’amiral Mauran et officiellement mort. Et lui c’est Lillyan, Lillyan Valeilles, fils du grand forgeron Zenon. Il est le dernier homme en exile à ce jour d’Agora.

 

Les deux hommes restent perplexe, le chef nous regarde de ses grands yeux incrédules alors que Raine commence un peu à digérer la nouvelle. Toutes les nations connaissent nos noms, nous sommes incontournables puisque, fils de grands hommes, nous n’échappons pas à la reconnaissance. Ce qui actuellement nous donne un réel inconvénient. D’autant plus qu’Agora n’a plus exilé depuis des siècles, le fait que Lillyan le soit doit titiller leurs curiosités mais aussi les effrayer jusqu’au plus profond de leurs entrailles.

 

Je savais que Lillyan était d’accord pour dévoilé nos identité, je savais lire en lui, maintenant que nous étions tous quatre complice de l’existence des uns et des autres nous étions liés par une sorte de serment au secret. Ainsi nous sommes sur un pied d’égalité et puis ce n’est pas très fairplay de leur exiger la vérité alors que nous n’avons fait que mentir depuis le début. Chose que je déteste.

 

- Des cheveux brun et des yeux de Lune, murmure Raine en dévisageant Lillyan, le peuple des Chutes Rapides m’en n’ont parlés.

 

Je sens m’étrangler lorsqu’il prononce le nom de la population qui nous a attaqué il y six ans !

 

- Des hommes des Chutes Rapides ? Où étaient ils ? Je demande alors brusquement

- Proche du lac céleste au Sud de Kalin. Vous savez ce sont des nomades un peu étranges.

- Qu’ont-ils dit sur moi ? Demande Lillyan

- Je n’ai pas tellement compris, je ne parle pas bien leur langue. Tout ce que je sais c’est qu’il parlait d’une légende, un garçon qui naîtrait avec des cheveux noir comme la nuit et des yeux blanc comme la Lune. C’était il y a très longtemps mais c’est bien la première fois que je rencontre une garçon avec des yeux blancs. Alors ça m’est revenu.

- Vous vous souvenez de ce que racontait cette légende ? Je demande alors curieux

 

Mon père nous parlait d’une menace, la menace que nous représentions aux yeux de l’Oracle, il disait également que le peuple des Chutes Rapides avaient trouvés le moyen de tuer l’Oracle et maintenant cette légende qui désigne précisément Lillyan ! Ce même Lillyan attaqué il y a six ans par des chasseurs des Chutes Rapides. Cela fait bien trop de coïncidences.

 

- Absolument pas. Me répond sincèrement Raine

 

Que faisons nous maintenant ? Je sens pourtant que je brûle, que la réponse n’est plus loin mais avant d’aller rendre visite à ce peuple nous devons nous rendre à Kalin et cela, sans se faire arrêter avant, ce qui n’est pas garantit en restant avec un être aussi recherché que nous. Cependant, je voyais dans ce voyage un moyen de mieux en apprendre sur le peuple d’Androgyne et voyager avec un toit et des vivres.

 

- Voyagez ensemble ne serait pas une bonne idée, chuchote Lillyan

Nous nous étions écartez des deux autres pour discuter à l’extérieur.

- Réfléchis un peu, on a aucun moyen de survis seuls. On doit voyager avec eux au moins jusqu’à Kalin.

- Je n’ai toujours pas confiance en ce marchand tu sais…, il murmure, il m’a l’air louche ! Et si tu veux mon avis il est bien content de savoir qui nous sommes.

- Que peut il faire contre nous sincèrement ?

- J’avoue. Seulement je suis désolé je ne me sens pas à l’aise. Encore cet Androgyne je ne dis pas, il a l’air assez honnête, autant l’autre a un air de manipulateur.

- Au pire des cas on peut toujours les quitter au prochain village.

- Alors faisons ça.

 

Enfin d’accord sur notre itinéraire je m’en vais prévenir le chef que nous ferons le voyage avec lui jusqu’au prochain village, il accepte tout en m’indiquant que nous étions qu’à quatre jour d’un petit patelin. Je le remercie froidement avant d’aller dans la roulotte de Raine où Lillyan m’attendait déjà. Nous étions tous les trois recherchés, nous avions donc décider de porter des masques nous aussi, le miens était fermés aux yeux, ainsi je pouvais retirer mon bandeau. Je l’accroche autour du bras au cas où. Lillyan opte pour un masque noir et argent. Il regarde son reflet dans le miroir et émet un soupire las. Je m’approche alors, profitant que Raine ne nous regarde pas et je l’entoure par la taille pour le serrer contre moi. Il laisse sa tête basculer sur mon épaule et ferme les yeux d’épuisement.

 

- Je vais m’entraîner. Dis je alors en déposant un baiser en effleurant son cou

- Je viens avec toi.

- Faire quoi ? Demande Raine

- Nous entraîner.

- Très bien.

 

Il nous sourit avant de fermer la porte de sa roulotte, il est formellement interdit de sortir sous ordre de son père, je suis soulagé quelque part j’avais peur qu’il nous suive. Alors que tout le monde c’était remit en route, Lillyan et moi nous nous battions sur le toit des roulotes. Nos rythmes étaient de plus en plus marqués, à chaque combat j’avais l’impression que tout était automatique en même temps si maîtriser. Personne ne pouvait le nier, nous étions fort.

Je paraît facilement les coups de Lillyan tout comme il paraît les miens avec le sourire, chaque fois que nous nous entraînions ensemble c’était une réelle joie qui s’exaltait de nos corps. J’étais sous le charme de sa fluidité, de son aisance, de sa rapidité. Presque déstabilisé, à tel point qu’il réussit à me prendre par surprise et me bloquer au sol, en califourchon sur moi tenant mes bras en croix sur le torse.

 

- Tu te trouves bien bête dans cette position.

- Tu penses ? Dis je en arquant un sourcil

 

Je viens chatouiller son oreille avec une feuille, il s’agite brusquement et s’écarte de moi, il attrape la feuille avec une dextérité impressionnante croyant surement que c’était insecte. Il reste blasé en voyant la feuille verte et se retourne vers moi : je riais déjà à m’en faire mal au ventre.

 

- Quel technique de gamin, il sourit en jetant la feuille

- Des fois tu es trop sérieux.

- Et c’est toi qui dis ça ? Monsieur Shin le Sage ? Je n’ai jamais vu quelqu’un être aussi sérieux que toi.

- Je sais me détendre. Même si c’est seulement en ta présence…

 

Lillyan sourit tendrement avant de s’approcher et m’embrasser avec douceur. J’apprécie le baiser sentant mon cœur se gonfler, je ne peux m’empêcher de l’approfondir en l’entourant des bras. Il se détache lentement de moi sans me quitter des yeux. Deux minutes plus tard nous étions assit sur le bois du toit, sentant toutes les bosses de la route boueuse, le ciel encore bien chargé ne laissait même pas transparaître une minuscule petit rayon de soleil. Lillyan pose sa main sur son ventre avant de grimacer doucement, je le scrutais du coin de l’œil inquiet, il n’est pas totalement guéri, la blessure devait s’ouvrir lorsqu’il faisait trop d’effort.

 

- Il va encore pleuvoir, il dit las

- Sûrement. Cette fois on sera à l’abri. Dis je pour le rassurer

 

A peine une heure plus tard les premières gouttes tombaient déjà sur le bout de mon nez, nous sommes rentrés sans plus attendre pour nous mettre à l’abri. Une petite roulote avait été aménagée rien pour nous, certes ce n’était pas du luxe mais c’était déjà bien. Je pouvais me reposer sur le lit pendant que Lillyan partait se lever. Il entre dans la roulote tout propre, je suis parti à mon tour et suis vite revenu détestant me laver chez les autres. Je jette mes effets sur le sol sans plus de délicatesse et m’écrase à côté de Lillyan qui s’était entendu sur le petit bout de lit que nous avions. Toutes mes forces semblent m’abandonner, la pluie me berce. Lillyan en revanche est tendu, il réfléchit, il réfléchit beaucoup trop.

 

Peut être pense-t-il à cette légende inconnu parlant d’un homme qui a les même attrait que lui ? Peut être tente-il de prier silencieusement pour ses parents ? Je ne suis pas télépathe et parfois je me dis que j’aimerai bien connaître la moindre pensée de mon amant. Je me serre alors contre lui, l’obligeant à venir se poser sur mon torse pour dissiper ses peurs et ses doutes. Les jours ne nous ont pas porter chance jusqu’à maintenant, espérons que cette fois nous pourrons dormir l’un contre l’autre sans que personne ne vienne nous déranger.

 

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Youhou ! Je suis pas en retard AMEN !!!

xD

Bon les filles j'ai un peu de temps devant moi !

Demain donc, je vais pouvoir écrire ENFIN ! Je vous promet donc une suite de "la dernière avant la prochaine" =)

 

En ce qui concerne Agora, on peut dire qu'on a avancé ! On parle maintenant d'une légende qui semble étrangement décrire Lillyan ! Et qui plus est ! Ce sont les habitants des Chutes rapides qui en parlent, ceux là même qui les avait attaqué et qui avait engendré tout ce bourbier !

Donc ! Il existe forcément un lien !

Vous en saurez plus prochainement car cette légende est très compliqué, et c'est là toute la trame de l'histoire !

 

Lilly m'a écrit le chapitre 42 de Agora :p. Je vais tenter de lui rendre l'appareil demain XD

Mais ca c'est pas encore sûr !

MDR

En tout cas j'en profite que mon chéri soit malade pour avoir du temps à consacrer à l'écriture !

et à vous par la même occasion..

 

Je tiens à remercier toutes mes lectrices qui sont encore là !

Bisous les filles je vous aime !!!

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Vendredi 25 juin 5 25 /06 /Juin 11:05

Mon corps est lourd et faible, mes paupières refusent de s’ouvrir et des images terrifiantes défilent dans mon esprit. Mes parents, l’Oracle et Shin… Tout se brouille, le chaos me fait transpirer d’angoisse et me glace les membres. Je veux échapper à ce cauchemar mais il me retient dans ses liens de manière sournoise et vicieuse : au lieu d’y mettre un terme, il se délecte d’empirer les choses et me voir débattre vainement.

 

Je me réveille en sursaut, le crâne douloureux, le corps brûlant et froid en même temps, le souffle saccadé. Je me calme en sentant Shin allongé contre moi dont la chaleur agissait toujours sur moi comme un médicament. Je me rallonge et l’enserre dans mes bras en gardant les yeux ouverts, refusant de plonger à nouveau dans le cauchemar.

Mais mon corps est tellement épuisé qu’il ne résiste pas bien longtemps au sommeil. Conscient que je vais être de nouveau assailli, je matérialise l’image de Shin dans mon esprit qui agit comme un talisman repoussant mes démons intérieurs. Je serre les dents et colle plus encore le corps de Shin contre le mien en m’efforçant de penser à des sourires heureux.

 

Malheureusement, ceux-ci sont empoisonnés par l’aura néfaste et malsaine de l’Oracle qui me fait revivre toutes mes nuits mon exil. Je n’en parle pas à Shin pour ne pas l’inquiéter d’avantage, sachant que lui aussi souffre de la séparation de ses parents, mais chaque nuit m’épuise un peu plus au lieu de m’apporter le sommeil salvateur et guérisseur.

 

Cette phrase, je n’arrivais pas à me l’ôter de la tête : dès que je ne parlais pas, je m’enfermais dans mes pensées qui repassaient en boucle cet instant fatidique. J’avais bien conscience que Shin supportait de moins en moins mes bavardages et mes caprices mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour ne pas sombrer dans la folie. Si je lui parlais directement, il s’inquièterait et se sentirait inutile en croyant que sa présence ne suffisait pas à me réconforter.

Or, ce n’est pas vrai et je ne veux pas accabler Shin d’avantage : sans lui, j’aurai certainement sombré dans la folie. Et je n’ose pas imaginer ce dont j’aurai été capable avec mes pouvoirs maléfiques et dévastateurs. C’est d’ailleurs l’une des seules raisons qui m’obligent à ne pas laisser attirer par la dépression, mon envie de vengeance était suffisamment violente sans avoir besoin de l’exagérer et de faire subir mon courroux à tous les habitants du monde.

La lumière aveuglante du matin perce mes paupières et dérange mon sommeil qui est devenu reposant mais peu profond. Je gigote et grogne en me retournant pour être dos à la lumière.

 

- Lillyan ? M’appelle la voix douce et inquiète de Shin.

Je cherche sa main, il prend la mienne et je le sens s’affaler contre moi.

- Je m’inquiète pour toi mais comme d’habitude, tu passes ton temps à dormir.

 

Je le rassure en l’étreignant d’avantage. Mon crâne est encore douloureux et je n’arrive pas à formuler de pensée cohérente sans l’amplifier. Shin se met à sangloter de soulagement. J’ouvre les yeux pour l’embrasser et toutes nos contrariétés, nos peurs, nos inquiétudes disparaissent. Comme il le dit si bien, il est là et tout ira bien.

 

- Attends, je vais chercher l’herboriste.

 

Pendant l’absence de Shin, j’analysais mon environnement, apparemment, je suis dans une roulotte peu spacieuse, occupée essentiellement par les trois lits sur lequel je me trouve. Sur une étagère traînent des masques plus ou moins excentriques, des fioles et des livres.

 

Shin revient avec un homme que mon esprit se met aussitôt à sonder par mesure de prudence. Je le laisse m’examiner, il me dit que tout va bien et qu’à la fin de la journée, je serai remis sur pieds.

 

- Je vous laisse parler entre vous mais allez vous présenter au chef de la caravane ensuite.

- D’accord, merci.

J’interroge Shin du regard après son départ.

- C’est donnant, donnant.

- C’est-à-dire ?

- T’as intérêt à avoir une bonne excuse pour l’autre jour, me menace-t-il.

- C’est évident, non ? Je réplique. Si l’Oracle sait que tu es en vie, nous aurons deux fois plus d’hommes à nos trousses.

Et aussi parce que je voulais le laisser dormir mais je savais que si je lui sortais ça, je m’en prendrais une.

- C’est vrai que c’était très intelligent de me laisser tout seul, dans l’abri, dans un profond sommeil, complètement démuni face à la moindre attaque.

- Je l’ai senti arrivé, je n’ai pas réfléchi, je me suis élancé pour le devancer et le prendre par surprise.

- Résultat, tu as failli mourir. Tu sais pourtant que personne ne peut nous arrêter quand nous sommes tous les deux. Il n’aurait pas pu faire un pas que nous l’aurions déjà achevé.

- Excuse-moi de m’inquiéter pour toi, je réponds bourru, vexé de me faire disputer alors que je voulais le protéger.

- Tu crois que je ne me suis pas inquiété quand j’ai vu que tu avais disparu ? Au lieu de t’inquiéter inutilement pour moi, j’espère que la prochaine fois, tu réfléchiras un peu.

Je détourne le regard et boude.

- Heureusement, nous sommes tombés sur cette caravane, reprend-il. Ils ont tout de suite compris que la situation était grave et nous ont hébergés le temps que tu reprennes des forces. En attendant, je me suis pris un savons quant à notre manière de nous organiser pour un si long voyage.

- En même temps, ce n’est pas comme si nous l’avions décidé.

- Tu penses bien que je me suis gardé de leur dire toute la vérité. Enfin, nous avons de la chance : c’est une caravane de marchands qui nous a offert l’hospitalité. Ils nous permettront de voyager avec eux jusqu’à Kalin.

- Oui mais nous allons devoir inventer notre histoire.

- Lillyan, nous ne sommes pas des comédiens. Tu ne crois pas qu’ils verront tout de suite que nous jouons la comédie ?

- Peut-être mais je n’ai pas tellement envie de dire que je suis un exilé et que tu es censé être mort.

- Je sais mais je pense que nous nous trahirons tout de suite.

- Mmmmmmmh, changeons au moins de prénom. Ensuite, nous dirons que nous nous rendons à la capitale de Maru pour rendre visite à nos parents après avoir fini nos études à l’Ecole d’éminence.

- Pourquoi avoir étudié là-bas alors qu’il y a une très bonne école à Kalin ? Objecte Shin.

- Parce que nos mères sont originaires d’Agora et que nous rejoignons nos pères pour les vacances.

- Et pourquoi…

 

Shin m’agace à soulever objection sur objection mais toutes ces questions qui lui viennent à l’esprit sont autant de questions que les autres nous poseront. Nous préparons donc notre histoire avec minutie et le plus de cohérence pour être prêts à répondre au chef de la caravane.

 

J’accuse le tournis en me relevant et Shin me soutient pour marcher. Malgré ce qu’a affirmé l’herboriste, je suis encore faible. La caravane n’est pas très grosse, je remarque seulement trois roulottes en tout sauf que celle où je dormais est en fait bien plus grosse que ce que je pensais. Les gens nous dévisagent lorsque nous traversons le terrain pour gagner la roulotte du chef de la caravane. Le temps est toujours orageux, une chaleur moite alourdit dans l’atmosphère tandis que des nages sombres s’amoncèlent au-dessus de nos têtes. Et ce n’est pas dû uniquement à la tombée de la nuit.

 

- Comment allez-vous jeune homme ? Se renseigne-t-il.

- Bien, merci, grâce à vous.

- Vous avez été attaqués par des bandits, c’est ça ?

- Oui.

- Mais qu’est-ce que vous faisiez seuls tous les deux sans arme en pleine nature ?

 

A cet instant, je comprends ce qu’a voulu dire Shin en disant qu’ils ne nous croiront pas. Bien sûr, comment pouvons-nous nous retrouver sans vivre, sans escorte, perdus au milieu de nulle part alors que nous sommes censés rendre visite à nos pères ?

 

- Nous étions partis pour Kalin mais nous avons été séparés de notre groupe par une attaque de bandits, explique Shin.

- Si vous me racontiez la vérité, plutôt ? De simples bandits ne se battent pas avec une lame mortellement empoisonnée et à voir votre état, vous n’avez pas eu de conditions de vie décente depuis plusieurs jours.

Shin me consulte du regard, je me ferme en secouant négativement la tête. A un premier sondage, cet homme a l’air bon mais notre situation était trop précaire pour que nous la révélions au grand jour.

- Nous avons… des ennuis.

- Je vois ça. Mais il faut être fou pour prendre la route sans une seule carte, sans nourriture ni eau avec des assassins à vos trousses.

- Nous n’avons pas eu le temps de nous préparer.

- Et…

- Merci mais nous sommes juste venus vous remercier, les coupai-je. Nous n’allons pas vous ennuyer plus longtemps.

- Ne soyez pas stupides, je ne vous ai pas sauvés pour vous relâcher dans la nature comme des sauvages.

- Monsieur, comme vous l’avez compris, nous ne sommes pas dans une situation facile et nous ne voudrions pas vous vous créer de problèmes.

- Ne vous inquiétez pas pour nous, ce n’est pas nous qui partons sans aucune préparation. Vous pensez bien qu’une caravane de marchands qui part sur les routes se doit d’être encadrée et nous voyageons en famille depuis de nombreuses années en ayant toujours fait face aux dangers de la route.

- Mais comme vous l’avez remarqué, ce ne sont pas à de simples bandits que nous avons affaire.

- Les grands seigneurs sont les pires bandits que j’ai eu à affronter et je suis toujours libre d’errer sur les routes avec ma marchandise. Bon, écoutez, je ne vais pas vous forcer mais comme nous n’avions pas direction précise, aller à Kalin ne nous posera pas de problèmes. Et vos ennemis pistent deux garçons terrifiés et isolés, pas une caravane de marchands.

- Mais vous irez trop lentement, je contre. Ils auront largement de croiser votre route et de nous reconnaître.

- Ne nous sous-estimez pas jeune homme.

Shin me prend violemment par le bras pour me mettre à l’écart :

- Qu’est-ce qui te prend ? C’est pas toi le premier qui voulait croiser une caravane de marchands pour faire route avec eux ?

- Et toi, ça en te semble pas bizarre qu’il insiste ?

- Ton don de télépathie ne te met pas en alerte ?

- Non mais il y a quand même quelque chose qui me tracasse. Pourquoi insisterait-il à prendre en charge deux inconnus perdus, affamés et traqués qui ne peuvent rien lui offrir en échange ? En plus, en admettant qu’il soit honnête, nous risquerions de lui attirer des ennuis.

- Lillyan, je comprends ta réticence mais nous n’avons pas le choix. A ce rythme, nous ne survivrons pas à notre expédition, nous ne sommes pas du tout préparés et ces marchands sont notre unique chance.

- D’accord, mais tiens-les à l’œil. Je n’ai pas confiance.

Nous nous retournons vers le chef de la caravane pour donner notre accord.

- Savez-vous vous battre ?

- Oui.

- Alors, vous servirez de garde.

- Je croyais que vous étiez bien encadrés ?

- Chacun de nous sait se battre mais défendre sa vie et son charriot n’est pas chose facile or perdre sa marchandise est la mort assurée pour un marchand. Nous avons deux mercenaires, vous, vous prendrez en charge chacun des autres charriots, vous verrez avec Elovic et avec les marchands. Quels sont vos noms ?

- Je suis Roban et voici Kilvin.

 

Nous nous serrons la main et il nous emmène voir Elovic avant de nous laisser. Son accent roque fait écho à sa carrure musclée taillée dans un roc. Je tressaille en le voyant et, instinctivement, je cherche à prendre la main de Shin pour le protéger. Le gars est sûr de lui mais quelque chose en lui ne me fait pas confiance.

 

- Salut les jeunes, alors, vous prenez la relève ? Lance-t-il amicalement.

- La relève ?

- Ouais, le fils du petit père a chopé une mauvaise angine, et il est arrêté depuis hier. C’est lui qui vous a trouvés sur la route. Donc je suis tout seul pour me charger du troupeau.

- Troupeau ?

- Ouais, de la caravane, quoi ! Bon, v’nez par là.

Il nous entraîne à l’écart à côté des cheveux et il prend une brosse pour faire semblant de travailler.

- Faites gaffe, les jeunes, il est pas net, le petit père, avec vous.

- Pourquoi ça ? Je demande méfiant.

- Il a pas un peu insisté pour vous demander de rester ? En vous faisant croire que la sécurité était maximum et que c’était plus prudent pour vous de rester avec eux ?

- Oui.

- En fait, il a pris contact avec les autorités le jour même où il vous a trouvés. Toi, petit gars, t’as rien vu, trop occupé à veiller ton copain. Mais, moi, j’dis que ça sent le traquenard et vous feriez mieux de partir maintenant tant qu’ils croient vous avoir mis en confiance.

- Mais il nous a à l’œil, maintenant, observe Shin. 

- Oh, je vais vous envoyer partir en reconnaissance, il ne se doute pas que je suis au courant de sa magouille.

- Mais pourquoi avoir prévenu les autorités ? Nous n’avons rien fait de mal et il n’a aucune preuve en plus.

- Non, mais trouver deux gamins en fuite, soit ils ont fugué soit ils fuient quelque chose. Dans tous les cas, ils sont hors-la-loi.

-  Quelle direction devons-nous prendre pour aller à Kalin ? Interroge toujours Shin que je laisse mener sa barque.

- Gardez la direction du nord en suivant la route, d’ici une vingtaine de kilomètres, vous atteindrez une grosse bourgade où vous obtiendrez plus d’infos. Tenez, une petite bourse pour la route.

- Nous ne pouvons pas, c’est votre salaire.

- Vous inquiétez pas, je risque pas de mourir de faim ici et si vous tombez sur des fermes isolées, vous pourrez toujours leur acheter de la nourriture. Bonne chance, les petits gars.

Shin remercie chaleureusement Elovic et nous nous enfonçons donc dans la forêt pour partir en reconnaissance.

J’observe notre environnement et c’est à l’abri d’un grand chêne et loin des regards que j’arrête Shin.

- Ecoute les vibrations de la forêt, s’il te plait.

Il ferme les yeux et s’exécute sans poser plus de questions.

- Des chevaux martèlent le sol.

- Combien ?

- Au moins deux, plus une dizaine de bandits à pied. Elovic ne sera pas assez fort pour défendre la caravane à lui tout seul.

- Elovic ne défendra pas la caravane…Je t’expliquerai plus tard, toi, essayes de les ralentir, moi, je retourne sur place, m’expliquer avec Elovic.

- Fais attention à toi, me retient-il, tu n’as pas totalement récupéré.

- C’est pour ça que je te demande de retenir le plus gros de la troupe. Je pourrai me charger d’Elovic et son compère, le temps que tu rappliques.

 

Il m’embrasse sur les lèvres et je m’élance. Déjà, je sens la terre se remuer et frémir d’excitation. Au-dessus de nous, le ciel se charge d’électricité. Nous ne pouvions pas avoir de meilleures conditions pour nous battre, cependant, je préfère me battre à l’épée plutôt que de faire une démonstration de mon pouvoir à ces inconnus.

 

Je me faufilai discrètement entre les arbres et les branches mortes pour arriver au campement : si la terre était l’élément de Shin, la forêt était mon milieu naturel et j’avais l’habitude de me déplacer sans bruit à travers elle. Sur le chemin du retour, tout se mettait en place : si le marchand avait insisté pour nous garder, c’est parce qu’il avait dû comprendre que nous savions nous battre et qu’il savait que son unique garde manigançait quelque chose avec son fils malade sans pouvoir le surveiller et Elovic nous a offert sa bourse en espérant accélérer notre départ et ne pas le déranger dans son plan. Dommage pour lui, il ne savait pas que je suis doté du don de télépathie et c’est de lui qu’émanait cette désagréable sensation négative qui m’habitait depuis que j’étais sorti de la roulotte.

Au campement, les choses avaient déjà commencé et Elovic et son compère tenaient en respect les six marchands plus le fils. L’agacement qui les anime en ne voyant pas leurs hommes arriver. Je fais le tour du campement et identifie la roulotte du marchand d’armes avant de m’y faufiler dans par derrière. Après un rapide regard, je tire de leur fourreau deux épées de bonne facture, bien qu’elle ne vaille pas celles de mon père.

 

J’attaque sans crier gare Elovic par derrière qui pare maladroitement en trébuchant. Aussitôt, je me retrouve assailli par son complice. Son épée fend l’air sans aucune maitrise et j’évite facilement son attaque avant de me plier en deux et de m’élancer pour l’embrocher sur la pointe de mon épée. Il grogne et se recule mais la pointe de mon épée est rouge de son sang et en redemande. Un bruit sifflant m’avertit qu’Elovic revient à la charge, je l’évite d’un simple quart de pas et coupe l’air à l’horizontale mais il pare mon attaque avec son épée dans un entrechoc de métal.

 

Tenir une épée en main me fait bouillir d’excitation. J’ai l’impression que ça fait des années que je n’en ai pas tenu une en main. C’est comme si je retrouvais mon père : la sensation qui me gagne est la même que celle qui m’anime quand je me battais avec mon père, ce désir de vaincre ce grand homme dans son domaine. Tous mes méninges se mettaient en route, mon corps entier se bandait et s’élancer avec cet unique but de le mettre à terre, de le faire reculer jusqu’à son foyer. Et franchement, contre le plus puissant forgeron du pays, ces deux bandits ne font pas le poids. Ils parent maladroitement mes plus faibles attaques alors que j’avais cru avoir affaire à de redoutables guerriers.

Comment ce marchand avait-il pu les engager ?

 

Ils s’élancent tous les deux sur moi et, dans un geste circulaire, mon épée frappe mes deux adversaires qui vacillent en regardant, sans comprendre, leur main s’imbiber de sang. Ils titubent avant de s’écrouler par terre. Le combat n’a pas duré deux minutes et c’est tant mieux car malgré le faible niveau de mes adversaires, je sens déjà la tête me tourner et je lutte contre le vertige pour aller libérer les marchands.

 

Shin arrive peu de temps après, maculé de boue mais sain et sauf.

 

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Pas trop de retard cette fois ! Du moins avec vous ! J'ai énormément de boulot et je travail comme une mule !

J'ai déjà commencé à écrire la dernière mais je l'ai plus continuer depuis un petit moment...

Enfin bref !

Je dois aussi écrire mon chapitre d'Agora mais pareil, je trouve jamais le temps ! Il va falloir que je me bouge un peu le cul MDR

Je vous fais plein de bisous

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Texte Libre



L
a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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