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/!\  fautes d'orthographes classées dans le guiness des records  /!\

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Mercredi 27 octobre 3 27 /10 /Oct 20:50

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          Ce qu’il disait était à peine audible, ses lèvres remuaient, les mots parvenaient à Kendrian et pourtant il n’avait pas l’impression de comprendre. Le son autour d’eux s’étaient tut l’espace de quelques minutes et seuls les phrases de Milan résonnaient dans l’air, il n’y avait plus rien autour d’eux, juste des êtres inutiles et insignifiant, de vulgaires figurant.

              Kendrian pouvait-il se douter une seconde du passé de Milan ? Bien sûr que non. Qui aurait put ? C’était une histoire invraisemblable, une histoire presque aberrante et pourtant, étant donné le regard dévasté de Milan, il n’en doutait pas une seconde. Savoir qu’on a une mère cinglée qui a tenté de nous tuer, que notre père n’est qu’un échantillon dans un tube, que notre vie est construite sur un désastre, quel courage faut il pour survivre à ça ? Espérer rester indifférent ? C’est vrai ! Au fond il n’a pas connu cette mère, ces parents actuel ne l’ont jamais maltraité, n’ont jamais donné plus d’amour à Eileen qu’à lui. Malgré tout, ça ne suffit pas, c’est un sentiment que Kendrian ne pourra jamais comprendre, c’est un sentiment qu’il n’est pas capable d’effacer même avec tout l’amour qu’il ressent à son égard. Milan est cassé, il le voit clairement, comme un milliers de fissures tout autour de lui.

 

- Rentrons ?

Milan tend sa main à Kendrian qui est resté paralysé.

- D’accord.

 

               Il ne savait pas quoi dire, c’est la première fois qu’il a réellement envie de trouver les mots pour le réconforter ou encore le geste qui pourrait effacer cette tristesse ! Il sait pourtant qu’il n’y peut rien mais il ne peut pas s’y résoudre. Il prend la main de Milan et sortent de la foule dans une direction inconnue, qui importe peu Kendrian. Il regarde fixement cette grande qui tient fermement la sienne, cette main si puissante et si élégante lui parait si fragile brusquement. Il a peur de la perdre, peur que cette folle emporte Milan loin de lui, qu’elle est finalement réussi à tuer tout sentiment dans son cœur. La panique le prend brusquement à la gorge, cette panique lui coupe toute respiration et les yeux finissent par s’embrumer, de rage il se mord la lèvre inférieur mais il n’arrive pas à empêcher l’effluve de larme qui déferlent sur sa joue. Le plus silencieusement possible il laisse les larme couler priant intérieurement pour qu’elles cessent de couler mais rien n’y fait.

             La peine de Milan était si lourde à porter, avait il eut raison de lui faire avouer tout ça ? Kendrian n’était sans doute pas celui qui en souffrait le plus et il le regrette.

             Ils arrivent rapidement devant la maison de Milan, Kendrian s’essuie grossièrement les yeux et arrache sa main de celle de Milan pour faire immédiatement demi-tour. Honteux d’être dans un tel état, il ne veut pas culpabiliser celui qu’il aime, il l’a fait assez souffrir comme ça.

             Milan se retourne surpris, prêt à rattraper son amant quand il remarque immédiatement ses lèvres pincées, ses yeux plissées, marchant à vive allure jusqu’au portail.

 

- Kendrian !

- Je reviens !

- Maintenant !

- Non je t’ai dis que je revenais !

Milan l’attrape par le sweat mais il se dégage à nouveau sans jamais lui faire face.

- Putain mais je t’ai dis que je revenais ! Hurle Kendrian

 

             Milan l’attrape à nouveau par le sweat mais cette fois un peu plus fort, à tel point que Kendrian perd équilibre et finit par tomber sur Milan. Il se relève agacer.

 

- POUR QUI TU TE PREND ? QUAND JE DIS QUE JE REVIENS, JE REVIENS !!

 

            Milan reste sur le cul, par terre, totalement stupéfait, il savait que Kendrian était quelqu’un d’impulsif et de nerveux, ce qu’il croyait c’était que cette époque de crise de nerfs était terminé depuis la mort de sa mère. Kendrian fait les cent pas en grommelant des insultes, il serre les dents et tente de se calmer tant bien que mal. Milan se redresse doucement et le regarde s’exciter dans son coin, il attend patiemment sans jamais le quitter des yeux.

 

- Je…Je suis désolé…Je voulais pas crier, s’excuse gauchement Kendrian

Pas réellement calmer mais conscient de son erreur.

- C’est pas grave. Lui répond doucement Milan.

- Et merde. Kendrian se rapproche de Milan, écoutes je voulais juste que tu ne me vois pas…

- Pleurer ?

Kendrian reste muet de honte. Milan ne perd pas une seconde pour l’attirer dans ses bras.

- C’est pas la première fois, dit il chaleureusement, alors ne t’en va plus même quand tu pleures. Je préfère que tu pleures devant moi plutôt que tu t’en aille.

- C’est plus facile à dire qu’à faire, murmure Kendrian confortablement lové

- Fais un effort. Milan dépose un baiser sur la chevelure cendré de Kendrian. Je t’aime tu sais…

- Je sais.

 

           Le silence finit par retomber, un silence doux car tout d’eux profitent de cet instant pour sentir la chaleur de l’autre contre soit, à l’abri des regards indiscrets. Enfin, la rue n’est pas tellement le lieu le plus intime qui soit, conscient qu’ils risquent de se faire voir ils s’écartent non pas sans peine l’un de l’autre, Milan regarde au alentour pour être sûr qu’ils n’ont pas été épié. Kendrian prend une profonde inspiration, se cacher devient vraiment agaçant.

          Il rentre à l’intérieur seul dans la maison, Milan referme la porte derrière lui avec quelques arrières pensées qui semblent totalement absentes chez Kendrian, il se précipite sur le canapé. Il n’aime pas rester debout trop longtemps.

 

- Qu’est-ce que tu fais ? Demande Milan

Kendrian est de nouveau plongé dans ses pensées.

- Je pense.

- A vraiment ?

- Ouais.

- A quoi ?

Kendrian ne préfère pas le dire.

- On monte dans ta chambre ? Il propose en changeant de sujet

 

              Milan oublie donc sa question, heureux que Kendrian l’ai proposé ils se ruent dans les escaliers et se bousculent presque pour savoir qui arrivera le premier, Kendrian prend les devant en bloquant son amant contre le mur. Il se faufile et sautille de joie arrivé dans la chambre. Milan reste quelques secondes sur le pas de la porte, il vient brusquement de remarquer le visage heureux de Kendrian. Depuis quand est-il si heureux ? Depuis que lui aussi l’est ? Au diable les peines et le passé, dans cette chambre il n’y a qu’eux et personne d’autre.

              Milan ferme la porte derrière et se jette sur Kendrian pour l’enlacer par le dos, il étouffe son visage dans son cou et hume son parfum subtile.

              Les joues de Kendrian s’empourprent, sa voix enjoué se terre peu à peu dans sa gorge et très vite un souffle chaud en sort. Les mains de Milan sont si grandes, elle lui couvrent les hanches, enroulent son ventre. Il aime les sentir parcourir son torse avec sensualité, il aime entendre le souffle saccadé de Milan proche de son oreille.

 

- Ta…mère…ne va pas tarder, lâche Kendrian

- Je sais. C’est pourquoi il faut faire vite.

 

             D’autant plus excité, Kendrian fond littéralement, il se retourne et attrape Milan par le cou pour l’embrasser aussi passionnément que possible. Le désir grimpait d’un seul coup, avide l’un de l’autre ils ne réfléchissaient même plus au danger que cela pouvait représenter. Les mouvements n’étaient pas réfléchis, ils s’arrachaient leurs vêtements devenus si encombrant et si superflus. Le contacte frais des mains de Milan sur le torse si lisse de Kendrian, un torse soulevé par ses respirations saccadées, une douce caresse des lèvres humides sur l’épaule de Milan. Brusquement soulevé contre le mur Kendrian retient un hoquet de surprise, la langue goulument introduite dans sa bouche, il sent son érection devenir de plus en plus douloureuse.

          Quelque chose d’insensé et d’incontrôlable prenait possession de Milan, pour une raison qu’il ignore il y avait une voix au fond de lui qui ne voulait pas qu’il aille plus loin. Une voix étrange et malsaine, une voix qui voulait lui donner honte de cet acte. Pourtant il n’en avait nullement envie et même si cette voix est bien présente, il ne cesse d’aimer embrasser Kendrian, aimer le toucher, adorer cette sensation de domination. De plus en plus désireux de le sentir s’empaler sur lui il commence à le préparer brièvement, peut être un peu trop superficielle car au moment de la pénétration Kendrian n’arrive pas à s’empêcher de hurler.

 

- Milan ?

La mère de Milan cri du bas des escaliers.

 

             Milan écarquille les yeux et fixe le visage crispé de Kendrian. Il se retire lentement et le dépose au sol avec la plus grande délicatesse.

 

- Kendrian…ça va ? S’inquiète Milan

- Ouais, murmure Kendrian.

- Je suis réellement désolé…

- C’est rien. Kendrian laisse échapper un sourire. On a été un peu fougueux.

La situation ne s’y prêtait pas et pourtant le doux sourire de Kendrian rassure Milan qui rit à son tour.

- Milan, est-ce que ça va ?

La mère de Milan commençait à monter les escaliers.

- Euh oui maman ! Je descends deux minutes ! S’écrie Milan

- Je dois…Me cacher ? Demande silencieusement Kendrian

 

            Non pas sans douleur bien sûr, encore ce léger pincement au cœur.

Se visage qui il y a quelques secondes souriait encore vient de brusquement s’assombrir, une mine de déception terni le regard si clair de Kendrian. Une expression qu’il avait si souvent lorsque Milan ne faisait que profiter de lui, une expression que Milan avait vu si souvent. A l’époque il était déjà celui qui lui causait toute cette douleur, il semblerait qu’il n’est pas finit de le décevoir. Milan a l’impression de sentir son cœur se serrer dans sa poitrine, partager entre l’envie d’avoir une famille comme les autres et celle d’être avec celui qui le rend heureux. Certes il peut se dire qu’il n’aura jamais une famille comme les autres mais ils l’aiment, d’un autre côté Kendrian pourrait le quitter un jour se lassant d’avoir a se caché et ça, il n’est pas sûr de pouvoir le supporter.

 

- Milan ? S’inquiète Kendrian, tout va bien ?

Perdu dans ses doutes et sa culpabilité il avait oublié la réalité.

- Hein ? Oui ! Je vais bien.

 

           Kendrian se redresse et récupère ses vêtements éparpillés dans la chambre, alors qu’il reboutonnait son jean et que Milan venait de récupérer son t-shirt le bruit de la poignet de porte de Milan, grinçante et effrayante, résonne dans la pièce et attire les regards tétanisés des deux garçons.

 

- Milan ça va faire une…

 

            Les lèvres suspendus dans le temps, les paroles disparaissent peu à peu dans le silence. Aucun d’eux n’arrivaient à bouger le moindre cils, le regard de Kendrian s’était figé, les yeux de Milan s’écarquillaient lentement et la couleur de son visage se dégradait alors que le patriarche de la maison tentait de comprendre les informations visuels qui lui faisaient face. En l’occurrence il ne fallait pas être Einstein pour comprendre.

            Pourtant il en fallut du temps puisque le mutisme brusque de son mari a inquiété sa femme qui monte les marches jusqu’à la chambre de Milan. La scène était muette d’elle-même.

             Le père bat plusieurs fois les paupières, sa bouche se referme et il referme la porte au moment où Fiona arrive devant la porte, curieuse. Kendrian se réveille le premier et porte immédiatement son attention sur Milan qui n’a toujours pas réaliser. Il se retourne alors vivement, il jette le reste des habits de Kendrian dans ses bras et s’approche si rapidement que Kendrian n’arrive pas à articuler le moindre mot.

 

- Dépêches toi de t’habiller et va t’en ! Lui dit Milan

 

            Ce n’était ni de la fureur, ni de la haine mais de la peur qui se lisait dans son regard. Kendrian sentait tout se corps se geler, un millier de questions parcouraient sa tête mais il n’arrive pas à les poser, il suivait simplement Milan du regard qui s’agitait comme un lion dans sa cage.

 

- Tu es sûr…

- Je t’en supplies Kendrian.

 

         Milan pose ses mains sur les joues de Kendrian avant de l’embrasser et de lui ouvrir la fenêtre, ainsi il pourrait accéder à la gouttière et descendre sans risquer de croiser les parents. A peine Kendrian a-t-il posé le pied par terre que la porte de sa chambre s’ouvre à nouveau, il le regarde partir sentant l’étaux se resserrer autour de lui. Il se retourne alors lentement, il se veut plein d’assurance, prêt à subir les foudres de son père et peut être même à subir les coups mais ce fut une simple phrase qui anéantit toute sa défense.

 

- Fais tes valises.

 

              Cette phrase avait été craché avec un calme olympien, le visage de son père était froid et sans appel, une longue veine traversait son cou et montrait toute la retenue de sa colère. Milan ne s’attendait pas à ce que ça lui fasse aussi mal, ce qui venait l’achever c’était les larmes de sa mère, debout derrière son mari se cachant le visage dans ses mains. La porte se referme avec douceur, sans violence mais la douleur qui s’emparait de lui emplissait toute l’atmosphère.

              Il ne s’était jamais senti à sa place dans cette famille, il n’avait jamais réellement sentit l’amour qu’il devait ressentir dans cette maison, mais maintenant qu’il doit partir comme un exilé il se sent déchiré. Ce n’étaient pas ses parents mais ils n’ont jamais fait volontairement la différence entre lui et Eileen, ils l’aimaient comme ils pouvaient. Ils l’ont éduqué, ils l’ont accepté. Il peut aujourd’hui ressentir toute l’importance qu’ils avaient dans sa vie.

 

             L’âme en peine il fait ses valises comme convenu, ses habits ne tiennent pas tant de place, il n’a pas grand-chose ici, rien que lui appartienne vraiment. Il referme alors le sac, totalement drogué, c’est sans se retourner qu’il referme la porte de sa chambre. Il descend les marches une à une, ni trop lentement, ni trop vite. La lumière de la cuisine éclair l’entrée, il s’arrête sur le pas sans regarder une dernière fois ses parents, le visage totalement dépourvu de la moindre émotion. Le regard vide, il tente de dire quelques mots mais aucun ne vient. C’est le trou noir, rien de ce qu’il pourra dire ne peut les consoler, ni rien ne pourra effacer cette image qu’ils ont de leurs fils. Rien ne pourra jamais leur faire changer d’avis.

             Il sent leurs regards, il sent les yeux rougis de sa mère se poser sur lui avec honte, il sent la déception et la rage de son père qui préfère ignorer son départ en lisant son journal. C’est donc dans l’humiliation qu’il quittera leur présence, il avance plus droit qu‘il ne devrait l‘être.

 

- Milan !

La voix de son père l’arrête sur place.

- Reviens par ici.

Milan fait quelques pas en arrière. Il fait face à son père sans baisser les yeux.

- Nous voulons bien te donner une dernière chance.

Ralph se lève de sa chaise et s’approcher de Milan qui reste immobile. Il l'attrape vivement par les épaules et plante ses yeux paternels dans les prunelles brunes de Milan.

 

- Si tu recouvres la vue et reviens à la raison alors nous effaceront tout. On est prêt à t’aider.

 

____________________________________________________________________________________________

 

OUHAAAAAAAAAAAA

Ouais une suite de la dernière =) Je sais longue à venir mais elle est là au final nan ?

Bon !

Que de mauvaise nouvelle ! Le père de Milan a finit par découvrir son homosexualité, que va faire Milan maintenant ?

Qui va-t-il choisir ?

Kendri ou sa famille ?

 

Sinon voilà pour les news je suis en vacances actuellement, je me repose pas mal et j'ai pas mal d'inspiration pour mes histoires en cours ! Sachant que Agora c'est bientôt finit j'espère pouvoir écrire une saison 2 de JUSD avec Lilly mais ça reste à discuter !

 

J'espère que vous m'en voulez pas trop pour cette baisse de régime depuis quelques mois ! Je vous ai habitué à pas mal de maj par semaine =) j'aurai peut être pas dût...LOL

 

En tout cas si vous vous embêtez je vous conseil la superbe nouvelle histoire de Lilly ! Ainsi que Sora qui écrit divinement bien !

 

Pour le reste il est vrai que je suis plus trop au courant.

 

Maintenant je vais vous laissez ! Gros bisous !

 

Par Danouch - Publié dans : La dernière fois avant la prochaine - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 17 octobre 7 17 /10 /Oct 13:59

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Cette situation commence à me peser. Déjà que Raine nous prive de plusieurs moment intimes alors avec une personne en plus dans le groupe, ce n’est même pas la peine d’espérer une seule minute de solitude. Shin comprend mon énervement et me raisonne.

- Allez, fais pas la tête, Amon pourra t’être très utile pour apprendre à maîtriser ton pouvoir.

- J’en ai marre de ce pouvoir, je ne veux plus en entendre parler, répliquai-je comme un gamin.

- Fais pas l’enfant.

- Et toi, alors ?

- Quoi, moi ?

- Si l’union de nos pouvoirs est le seul moyen de battre l’Oracle, il n’y a pas que moi qui dois apprendre à maîtriser mon pouvoir.

- Sauf que je n’ai pas de maître à disposition et que Raine ne sera pas là pour me neutraliser si je deviens incontrôlable.

- Pourquoi pas ?

- Parce que mon pouvoir n’a pas de consistance physique et attaque directement dans le cerveau. C’est lui l’enveloppe physique et pas les illusions que je crée. Et je ne veux pas abîmer ton cerveau à cause de mon inexpérience.

- Ce qui est drôle, quand même, c’est que vous partez tous du principe que mon pouvoir est plus facile à maitriser que les autres en me faisant limite des reproches sur mon manque de volonté.

- Mais non, pas du tout ! Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ?

- Juste que vous ne cessez de me mettre la pression et qu’à force, c’est épuisant.

- Mais c’est juste pour avoir une longueur d’avance sur nos ennemis.

- Je sais, répondis-je en me tournant dos à lui, las d’aborder ce sujet.

- Qu’est-ce qui t’arrives ? Insiste-t-il en passant sa main dans mes cheveux.

- Quand je me suis retrouvé face à ton père et l’Oracle…

- Oui ?

- J’ai été paralysé jusqu’à ce que tu te décides à attaquer. J’ai pas été capable de bouger d’un pouce parce que je restai traumatisé du combat contre ton père quand on était gosses.

Il garde le silence.

- Qu’importent les efforts que je fournis pour maitriser mon pouvoir mais je reste prisonnier de mon conditionnement… plus que je ne l’aurai cru. Moi, un guerrier, j’ai été cloué sur place par mon adversaire.

- C’est vrai qu’en ce moment, ce n’est pas facile, on dot gérer plein de choses, plus les jours passent, plus on en apprend et des choses qui suffiraient à faire tourner la tête de Maître Zenon. Alors il faut se préparer pour que, quand le moment viendra, la plupart de nos handicaps soient tombés. Je ne dis pas ce que ce sera facile mais malheureusement, le temps est contre nous.

- Je sais... répondis-je en me levant.

- Où vas-tu ?

- Je vais marcher un peu. J’ai besoin d’être seul pour faire le point avec moi-même.

Mais Shin ne l’entend pas ainsi et glisse sa main dans la mienne pour m’accompagner.

- Ce n’est pas le moment de tomber dans la dépression.

- Je n’en avais pas l’intention mais je suis un peu perdu là.

Nous marchons silencieusement à l’abri des arbres et bercé par le vent faible de la nuit avant de nous asseoir contre une souche d’arbre.

 

- Résumons, dis-je. L’Oracle incarne un dieu, Koryu, qui s’est laissé dominer par son pouvoir, perturbant et corrompant ainsi sa nature et son cycle de renaissance, son pouvoir s’étant divisé en deux pour éviter une telle répétition. L’Oracle est devenu une personne mauvaise qu’il convient d’éliminer pour la paix et la sécurité du monde, missions qui lui sont normalement attribuées. Ordinairement, c’est le successeur qui prend automatiquement la place de l’Oracle pour assurer une continuité du cycle ; là, l’Oracle a perdu la boule et refuse de laisser sa place, de perdre le pouvoir et la gloire, le successeur doit donc forcer sa destitution. Or, les prochains prétendants au trône de l’Oracle, il semblerait que ce soit nous car nous avons chacun hérité d’une partie des pouvoirs de Koryu, c’est donc à nous qu’est dévolue la délicate mission de vaincre l’Oracle. Tu me suis ?

- Oui. Mais…

- Plus tard, les questions, je suis dans mon raisonnement, là. J’ai hérité de la consistance physique de Koryu par la manipulation corporelle, et toi, de son aspect psychique, par les illusions. Ces deux composantes forment en réalité un tout et permettent de manipuler totalement un individu, son cerveau et son corps. C’est donc en les maitrisant parfaitement que nous pourrons vaincre l’Oracle. Seulement, comme nous sommes inexpérimentés, il est beaucoup plus facile de se laisser dominer par le pouvoir alors même que c’était l’objectif de la division du pouvoir.

« Nous sommes donc à la recherche de maîtres qui pourraient nous apprendre développer et à exploiter au maximum notre pouvoir. Pour toi, ce serait maître Zephilis de l’île Eria où nous nous rendons actuellement et pour moi, le peuple de Pandore représenté par la princesse Laya qui nous a d’ores et déjà accordés l’asile politique. C’est là où nous en sommes ?

- Il y a une chose qui me tiraille.

- Laquelle ?

- Quand l’Oracle a-t-il commencé à devenir violent ? Etait-il été violent avant notre naissance ou après ?

- Je ne sais pas, je me souviens déjà que nos pères en parlaient quand nous étions petits.

- Parce que nous sommes nés avec ces pouvoirs, n’est-ce pas ? Si le mien ne s’est jamais matérialisé, le tien était caractérisé par ton pouvoir de télépathie et d’électricité qui ont toujours été présents. Or, si Koryu s’est divisé en deux, c’est parce que l’Oracle a fait un mauvais usage de son pouvoir.

- Ce qui veut dire que l’Oracle est devenu mauvais avant notre naissance. Je ne vois pas le problème.

- Personnellement, je n’ai pas vu l’Oracle agir d’une mauvaise manière quand nous étions petits.

- Parce que nous ne faisions pas attention à ce genre de chose. Regarde, même mon exil a été maquillé en se servant du prétexte que j’étais un manipulateur corporel alors que ce qui l’inquiétait, c’était bien la possibilité très forte que je sois un successeur de Koryu.

- J’aimerai savoir comment se déroule précisément le cycle de renaissance de l’Oracle. Je ne parviens pas à l’expliquer clairement mais il y a quelque chose qui me chiffonne. Comment sont choisis les successeurs ? Qui les choisit ?

- C’est Koryu qui les choisit.

- Alors cela voudrait-il dire que, bien qu’il soit incarné par l’Oracle, il conserve une volonté propre ? Parce que l’Oracle aurait plutôt tendance à empêcher la survenance de nouveaux successeurs. Et agit-il à travers l’Oracle ou bien aurait-il un corps propre ou une certaine matérialité qui lui permettre d’influer sur le monde ? Et puis, pourquoi n’y aurait-il qu’un seul dieu ? Agora n’est pas la seule nation du monde.

- Non, mais c’est la plus puissante et c’est la plus puissante parce qu’elle est justement gérée par un dieu. Si les autres nations avaient eu les moyens de se rebeller, elles ne l’auraient pas laissée devenir aussi puissante.

- A moins qu’elles ne prévoient à plus long terme parce qu’elles avaient anticipé la dégénérescence de l’Oracle d’Agora. Regarde, crois-tu vraiment que ce soit un hasard si toutes les nations se réveillent aujourd’hui ?

- Tu crois que toutes les nations auraient un dieu ?

- Peut-être pas toutes et peut-être certaines l’ignorent-elle. Mais je ne vois pas pourquoi nous serions les seuls, regarde Raine, c’est bien un demi-dieu, non ?

- Cela signifierait-il que nous n’avons pas un dieu mais plusieurs dieux à combattre ? Soupirai-je.

- A moins d’en faire des alliés.

- Une sorte de ligue ? Quel serait son but ?

- Je ne sais pas. Tout ça ne sont que des hypothèses.

- Assez effrayantes, je trouve. Comme si on n’avait pas assez de travail comme ça.

- Cela ne serait-il pas mieux si nous avions des alliés sur qui compter ?

- Nous pouvons compter sur nos pères qui sont monstrueusement puissants.

- Mais ils sont liés à l’Oracle.

- Peut-être, fis-je en m’étirant et en me levant, mais tu as raison de vouloir en savoir plus sur le cycle de renaissance de Koryu. Il faudra se renseigner.

Shin me serre dans ses bras en se levant et blottis sa tête dans mon cou. Je passe ma main dans ses cheveux pour passer derrière sa nuque avant de relever son menton et de l’embrasser tendrement. Il me regarde amoureusement et le besoin de le garder près de moi, avec moi, se fait encore plus fort.

- On va y arriver, d’accord ?

- Allons nous coucher, demain nous attend une longue journée de voyage.

Je n’ai pas répondu exprès, me sentant trop instable en ce moment pour promettre de telles choses. J’ai même peur d’être incapable de protéger Shin si je les rencontre à nouveau.

 

Nous regagnons le chariot où Raine et Amon se sont enroulés dans des couvertures que nous empressons d’imiter. Shin se colle à moi. Je ne dois pas me laisser aller et reprendre confiance à moi : je ne me le pardonnerai jamais si Shin se fait blesser à cause de moi.

 

Tout ce que venait de dire Shin me trotte dans la tête mais je suis incapable de faire le tri, tout se bouscule et se mélange. D’autres dieux ? Je n’avais pas tellement envie d’y croire et de fait, c’est assez peu probable mais je ne peux m’empêcher d’imaginer ce que ça donnerait si d’autres personnes étaient comme nous. Pour peu qu’elles maîtrisent aussi bien leur pouvoir que nous, ça sera joyeux.

 

Au final, les dangers qui nous attendaient sont nombreux et si je ne peux même pas compter sur moi-même, je n’irai pas loin. De ce côte-là, j’admire la détermination sans faille de mon amant et en le regardant, c’est ma propre détermination qui grandit. Finalement, je ne dors pas beaucoup et lorsque l’aube illumine le ciel, je me lève d’un bond et secoue Amon sans ménagement qui grogne et me foudroie du regard.

- Quoi ?

- Au boulot !

- Hein ?

- Je veux apprendre.

- C’est quoi ce soudain revirement ?

- Je suis un guerrier et un vrai guerrier n’a peur de rien alors c’est pas ça qui va me faire flipper, dis-je suffisant en bombant le torse.

Derrière, je sens Shin qui sourit et s’abstient de faire le moindre commentaire pour me remettre à ma place.

- Très bien, soupire Amon en s’asseyant, mais je suis encore trop faible pour me battre contre toi. De toute façon, pour les rudiments, il n’y aura pas besoin de ça. T’en es où ?

- Je maîtrise l’électricité et la télépathie.

- C’est tout ?

Je me braque automatiquement et j’ai soudainement envie de l’étriper.

- Tu n’as pas encore de spécificité ?

- De spécificité ?

- Moi, j’ai la capacité d’utiliser mes os comme une arme, aussi tranchant qu’une lame bien effilée. Dans mon cas, mes armes sont réellement le prolongement de mon corps.

- Comment ça t’est venu ?

- J’ai été attaqué par des bandits qui ont tué ma famille avant de s’en prendre à moi. Ils ont commencé à me déshabiller et je n’avais pas d’arme pour me défendre. J’ai commencé à les mordre avec mes dents, ils m’ont bâillonné, ils ne me restaient plus que mes ongles qui étaient enfoncés dans leur peau et ils sont sortis.

- Hu ? Tu n’étais pas obligé d’entrer dans les détails mais tu parles de ça aussi facilement.

- Bah, c’est le passé maintenant, je vois pas ce que ça changerait de me voiler la face. Bon, est-ce que tu penses avoir une faculté particulière ?

- Je ne sais pas… Je manipule les gens, une fois qu’ils sont blessés. L’autre jour, j’ai réussi à les électrocuter.

- Electrocuter ? Comment ça ?

- Et bien, je me suis concentré et je les ai pénétrés par une sorte de télépathie, très faiblement pour ne pas me faire remarquer, j’ai capté leurs pulsations et je les électrocutés.

- C’est intéressant, ça…

- Pourquoi ? Tu as dit toi-même que l’électricité est commune à tous les manipulateurs corporels.

- Comment dire… Si tu vas par là, toi aussi, tu as la capacité d’étirer tes os comme bon te semble mais entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé. La plupart des manipulateurs corporels sont sensibles à l’électricité mais on ne peut invoquer la foudre que quand un orage se prépare et je ne crois pas que l’on puisse carrément électrocuter quelqu’un via son propre système.

- Ah bon ? Ben, qu’est-ce que ça change ?

- Quoi ? Tu n’as pas eu de difficulté à le faire ?

- Je me suis concentré mais ça, je le fais à chaque fois que je veux utiliser mon pouvoir.

- Très bien alors on va travailler là-dessus, dit-il en se levant pour regagner le chariot.

- Quoi ? Mais je suis pas censé manipuler des gens?

- On va commencer par te familiariser avec ton pouvoir, tu es trop instable pour faire quelque chose comme ça.

- Et comment veux-tu que je m’entraîne avec l’électricité ? Je demande en montant dans le chariot. Je ne peux pas me servir de vous.

- Hey, je n’ai pas la science infuse, non plus. Je peux t’aider si tu as des questions mais l’électricité, je ne sais pas comment ça marche. Commence par ressentir les particules d’électricité qui sont dans l’air.

- Hein ? Mais le ciel est calme…

- Justement… Le ciel était calme quand tu as électrocuté tes victimes, non ? Alors au travail.

 

Le chariot se met en branle et je rejoins Shin à l’avant.

- T’es pas censé travailler ?

- Si, si mais si j’ai pas mon bisou du matin, je suis pas en condition pour travailler.

- Monsieur est exigent en plus.

- Monsieur est amoureux.

- Idiot, commente-t-il en m’embrassant.

 

J’ai passé toute la journée à me concentrer tellement fort que j’avais l’impression que ma tête allait exploser. D’abord, je me suis servi de ma télépathie pour capter les étincelles de vie, les deux petites Voyageuses qui étaient toujours avec moi m’ont légèrement déconcentré car je n’arrivais pas à aller plus loin, ensuite, d’autres créatures se sont manifestés, pleines de vie, et j’au eu du mal là encore à les ignorer. Au final, j’ai renoncé à capter les pulsions des êtres vivants parce que nous avancions trop vite pour que je puisse m’attarder sur eux. De toute façon, je n’avais pas l’intention de les électrocuter alors ça ne servait à rien. C’est en début d’après-midi que j’ai reporté mon attention : j’ai vite compris qu’en manipulant l’air, je pouvais plus facilement repérer les particules d’électricité, une fois que le voile épais des nuages se dissipait. A la fin de la journée, je terrorise mes compagnons en m’amusant à faire tomber la foudre au plus près du chariot. C’était beaucoup plus amusant d’une part vu que c’était une cible mouvante et d’autre part parce que leurs têtes me faisaient rire. C’est quand Shin m’a giflé devant tout le monde que j’ai décidé d’arrêter de faire le mariole.

 

Il n’empêche que je ne m’étais jamais senti aussi bien : tout le monde en a fait un fromage de la manipulation corporelle mais pour moi, ça revenait à maitriser l’électricité. Ce n’était pas bien compliqué même si des séances d’entraînement seront nécessaires. Nous allons à la rivière pour nous décrasser et nous rafraichir mais ça tourne vite à la rigolade pour se finir en bataille d’eau et là, je suis le premier à couler Shin qui me court après en me traitant de tous les noms. Je rigole à gorge déployée. J’en rajoute mais ça me permet d’évacuer toute la tension qui m’habitait ces derniers jours. Je fais moins le fier lorsque Raine et Amon se liguent tous les deux contre moi pour me porter et m’enfoncer la tête la première dans l’eau glacée. Sous le choc de la température, mon cerveau explose et invoque la foudre. Tous plongés dans l’eau, nous finissons grillés et groggys, heureusement que ce n’était pas un orage qui tapait au-dessus de nos têtes.

 

Shin nous réprimande et me qualifie d’irresponsable, je le fais taire en l’embrassant. Sa rougeur fait rire les autres dont les cheveux dressés sur la tête les rendent aussi peu crédibles que Shin qui se met à rire à son tour.

 

Nous passons la soirée tous les quatre autour d’un feu de camp. La composition insolite de notre groupe me saute aux yeux : deux manipulateurs corporels, un fossoyeur et un demi-dieu. Amon est le maillon fort, celui qui nous regroupe vraiment tous ensembles : même avec Raine, nous n’avons jamais vraiment discuté comme ça et vivre de bons moments tous ensembles. Et il y est pour beaucoup : c’est son caractère ouvert et joyeux qui a déclenché la bataille d’eau et décoincé l’atmosphère. Il nous parle de son enfance vécue avec une troupe de comédiens et nous confie à quel point son instrument lui manquait, même s’il n’a pas voulu préciser le type d’instrument. En tout cas, sa voix est magnifique et en me joignant à lui, nous arrivons à donner un petit concert assez sympathique. Ça faisait longtemps que je n’avais pas chanté.

 

Même enroulés dans nos couvertures, nous continuons à discuter de choses et autres. De tout sauf de ce qui nous attendait le lendemain. Amon était impressionné de parler au fils de l’amiral et lui demander plein de détails sur notre vie quotidienne avant qu’elle ne soit chamboulée par tout ceci. Shin, méfiant au début, se laisse petit à petit aller. C’est ce soir-là que nous avons vraiment commencé à renforcer le lien qui nous unissait et qui grandissait notre force.

 

Le lendemain, nous reprenons la route dans une ambiance décontractée et agréable, en harmonie avec le ciel bleu et un soleil royal dans le ciel. Amon et Raine s’amusent à me perturber dans mes exercices, ce qui n’est pas plus mal, mais je ne peux vraiment rien faire quand Raine retourne ma propre force contre moi. Après je me venge en leur grillant les cheveux en épiant la moindre faille dans leur déconcentration.

 

Bizarrement, aucun de nous n’ose embêter Shin, une sorte d’aura charismatique l’entoure qui nous assure les pires souffrances si on le surprend par derrière. J’ai essayé de lui faire un bisou dans la nuque, les autres se sont maintenant habitués à nos échanges, je me suis retrouvé par terre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire en faisant face à un sourire carnassier qui me promettait l’abstinence pendant au moins une semaine. Je ruse en m’asseyant à ses côtés mais il m’a recouvert la tête de boue. C’a été tout de moins drôle même si lui est plié en deux.

 

Nous agrémentons donc notre voyage en pitreries de tout genre, histoire de faire passer le temps d’une manière un peu plus agréable par rapport la morosité qui nous avait tous habités ces derniers jours.

 

_____________________________________________________________________________________________

 

C'est du lourd que vous avez là ! C'est une sorte de récapitulatif pas très clair qui devait l'être dans l'esprit de Lilly MDRR

Nan je trouve que c'est quand même bien résumé même si ce n'est pas exactement ça, les précision seront apporté dans la suite surtout quand ils vont rencontrer maître Zephilis ! C'est pour bientôt :p

 

BISOUS A TOUTES !!

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mardi 12 octobre 2 12 /10 /Oct 10:29

              Si je pouvais donner un titre à cet instant je l'aurai appelé : « l'avenir ».

 

              Angelo attendait impatient dans le salon, ses allées et retours me faisaient mal au crâne, ses petites lèvres se trémoussaient nerveusement comme si il voulait dire quelque chose mais qu'il n'y arrivait pas ou qu'il ne trouvait pas ses mots. Ma mère venait sans cesse lui réajuster sa chemise blanche, j'avais l'impression de recevoir le pape en personne. C'est rien de plus qu'un professeur de piano, arrogant, vieux et riche. Monsieur Clairy, rien de plus irlandais. Très vite leurs nervosité allait m'atteindre et me voilà au bout de quelques minutes à me triturer les doigts. Ils allaient me rendre dingue, sentant déjà le stresse m'envahir, je me lève d'un bon les faisant sursauter.

Sans plus de détails je cours presque jusqu'à l'escalier pour m'enfermer dans ma chambre lorsque enfin Monsieur Clairy décide de se manifester. J'entends les murmure de ma mère " C'est lui ! C'est lui ! ", je me trouve juste devant la porte d'entrer, alors qu'on vient de sonner, je jette un regard derrière moi, ma mère me fait le signe de me dépêcher d'ouvrir. Je soupire d'agacement, Clairy me saoul déjà alors que je ne lui ai pas encore parler.

 

- Bonjour jeune homme.

L'apparition du vieil ne m'a même pas étonné le crâne dégarni, un faux air de savant fou. Je m'attendais au pire.

- Bonjour.

- J'ai un paquet.

Fausse alerte. Ce n'est que le livreur.

- Ok. Maman !

 

             Je laisse ma mère s'en charger, je reprend donc mon idée de départ et monte dans ma chambre. Une fois à l'intérieur, je m'enferme et m'allonger sur mon lit épuiser par cette agitation, les effets de la veille ne se sont pas encore totalement dissiper, j'ai l'impression que mon corps est devenu du coton, je suis un peu de mauvaise humeur cause de cette sensation désagréable. De plus...Alec ne m'a toujours pas appelé.

               J'attrape mon coussin pour me cacher le visage, j’étouffe un cri de rage, je ne pensais pas que d'avoir aucune nouvelle d'Alec me ferai autant chier ! Habituellement il m'envoie toujours un message, pour me réveiller tôt le matin, pour m'emmerder bien sûr, mais pas aujourd'hui. Je n'ai aucune nouvelle depuis hier soir et ça m‘énerve ! Je ne peux même pas l'appeler moi même, à cause de ma stupide fierté mais aussi parce que j'aimais ce petit rituel.

 

- MATTEUS !!!

La voix douce de ma mère.

 

            Je jette le coussin et bondit de mon lit, je dévale les escaliers, les dents serrés prêt à déverser ma frustration matinale sur elle.

 

- JE SUIS PAS TON CHIEN T'ES AU COURANT ?!

- Matteus, je te présente Daniel Clairy. Le professeur de musique d'Angelo.

 

                 Où était passer le vieux Clairy, complètement sénile et imbus de lui même, à l'accent bourgeois ? Je ne devais pas avoir complètement décuver en réalité car en face de moi se tenait un homme qui n'avait rien du petit papi que je me faisais une joie d‘imaginer.

 

- Heureux de vous connaître Matteus, votre mère m'a dit que vous vous entendiez extrêmement bien avec Angelo. J'aurai sans doute besoin de votre aide par la suite.

 

                    Je ne savais plus quoi dire, j'étais littéralement sur le cul. Lorsqu'il souriait ainsi, ses pommettes devenaient saillantes et lui donnaient un air presque amicale tout en étant fourbe. Je lui tend ma main maladroitement, j'essaye de rester neutre, je ne montre pas ma surprise.

 

- Daniel étudie à Londres depuis quelques années ! Lorsqu'il a le temps il donne également des cours.

- J'aimerai devenir un professeur à temps plein. Dit il le regard charmeur

Ma mère est tombée sous le charme de l'anglais en quelques secondes. Je hais la voir glousser comme une poule.

- Maman, où est Angelo ? Je demande inquiet

- Il est partit chercher son violon dans sa chambre, dit elle sans me regarder

 

                   Elle était obnubilé par le "beau Daniel". Si cette attention particulière le gênait, il n'en montrait aucun signe, il répondait avec le même sourire amical qu'il avait agrafé sur son visage. Ses yeux bleus rieurs ne se voyaient presque plus lorsqu'il souriait de la sorte, ses cheveux châtain était habilement coiffé de façon à faire négliger et séduisant à la fois. Sa fine barbe de trois jours le vieillissait de quelques années mais il ne devait pas avoir pas plus de vingt-six ans.

On ne pouvait nier qu'il savait y faire pour charmer les femmes. Personnellement il ne m'inspire pas confiance, son air de gentil monsieur parfait me donne la nausée, je ne sais pas si c'est dut à mon instinct ou si c'est juste parce que je suis de mauvaise humeur.

 

- Ah tu l'as enfin trouvé ? S'exclame Daniel Clairy en regardant par dessus mon épaule

 

                 Angelo se tenait juste derrière moi, il semblait se cacher le violon contre sa poitrine. Daniel se penche légèrement : il devait dépasser mon frère de trente centimètres au moins. </p>

 

- Tu es prêt ? Il lui demande d'une voix qui se voulait rassurante

Angelo hoche la tête rapidement.

- Je vous laisse le salon ! S'écrie ma mère je dois aller faire quelques courses ! Soyez sage !

 

           Elle attrape son sac, lance un dernier signe au professeur, elle n'oublie bien évidemment pas mon baiser bruyant et s'enfuit. Elle n'a jamais été aussi rapide. Je reporte à nouveau mon attention sur Daniel Clairy et Angelo. Celui ci semble vouloir d'abord instaurer un dialogue entre mon frère et lui avant même de commencer. Peine perdu, Angelo est plus timide qu'une jeune pucelle devant son prince charmant.

 

- Vous devriez lui jouer un morceau.

Le sourire avait disparu, Daniel relève la tête avec un certain dédain.

- Ecouter un morceau de violon le détend, il verrait ainsi de quoi vous êtes capable.

 

            Daniel Clairy, le tombeur de ces dames, me regardait comme si j'étais un insecte insignifiant et que je parlais une autre langue. J'ai presque envie de le secouer pour le réveiller mais il comprend vite, il sort le magnifique violon noir de son étui pour jouer un morceau. Il s'arrête un instant, fouille dans ses souvenirs pour choisir celui qui fera de lui, le héros d'Angelo

 

                 La première note retentit si violemment qu'elle me fait sursauter, les yeux grand ouvert je fixais l'air concentré de Daniel qui jouait à la perfection. Je ne m'y connais pas en musique, j'ai jamais eut envie d'apprendre à jouer d'un instrument et ne parlons pas de ma voix. Malgré ça, je ne pense pas me tromper en disant que ce Daniel a du talent. Je n'ai qu'à me fier au visage perplexe d'Angelo, totalement hypnotisé, comme à chaque fois qu'il entend une chanson classique. Ce fut le coup de grâce pour lui, un violoniste en personne lui faisait une prestation rien que pour lui. Juste pour qu'il n'est aucun doute quant aux qualités du professeur Daniel Clairy.

                    La tirade symphonique s'arrête lentement mais mon frère et moi restons suspendus à ses doigts. Aucun mots ne pouvaient sortir de ma bouche, aucune phrase, j’aurai aimé sortir quelque chose de sarcastique comme à mon habitude mais il n’en est rien.

 

- Alors on commence Angelo ? Dit il joyeusement

Angelo acquiesce désireux d’en apprendre plus.

 

               J’aurai adoré assisté à son premier cours mais je n’en avais pas le cœur, voir mon frère tombé dans les filets du professeur, admiré quelqu’un d’autre que moi me rendait presque malade de jalousie. Je me sentais si ridicule que je n’avais qu’une envie : partir.

                Je le fais. Alors qu’il présentait les différentes notes je me suis éclipsé loin du salon, je ne savais pas quoi faire alors je suis sorti la tête au ras du sol sous les yeux étonnés de notre chienne.

                 Le soleil était enfin revenu, la pluie avait séché mais malheureusement quelques nuages subsistaient sans parler de ceux qui planaient au dessus de ma tête. Décidemment c’était une sale journée. Je repense à Daniel Clairy et son arrogance, cette façon qu’il a de prendre de haut. J’aurai mille fois préféré un vieux aristocrate qui voit à peine le bout de son nez.

                   Alors que je continue ma route dans une direction inconnue je me rend compte que ce professeur de musique me perturbe plus qu’il ne le devrait ce qui m’énerve d’avantage, j’ai une envie furieuse de crier. Je sors mon téléphone de ma poche constatant avec déception que Alec n’a toujours pas dénié m’appeler ! Je me décide enfin à l’appeler moi-même.

 

- Allô ?

- Alec ?

- Ouais.

- C’est Matt.

- Je sais.

Ah ouais tu sais ! Alors pourquoi tu m’appelles pas ! BOUFFON !

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Rien. Je glande.

- T’es chez toi.

- Ouais.

- Ok.

Je vais pour raccrocher lorsque j’entends Alec crié brusquement.

- Matt ! Ne viens pas…J’ai pas trop envie de sortir là.

- Hein ? Tu me fais quoi là ? Demandais je soupçonneux

- Rien. Je me sens pas bien. Je préfère rester au lit aujourd’hui.

- Comment ça t’es pas bien ?

Je commence à paniquer malgré moi.

- La gueule de bois, tu comprends ?

Sa voix me paraissait si lointaine, j’avais le sentiment qu’il mentait.

- Alec…Qu’est-ce qu’il y a ? Je demande sérieusement.

- T’inquiètes pas, j’ai juste mal à la tête. On se voit demain au lycée. Ciao.

 

                  Il raccroche sans attendre, je reste la bouche légèrement entrouverte, le cœur battant la chamade en m’imaginant tout et n’importe quoi. J’avais une goût amer dans la bouche, ma mauvaise humeur en avait prit un coup, cette fois ce n’était plus drôle. Je m’inquiétais à mesure que le temps passait, cloué sur place au milieu d’une ruelle déserte.

                 Je sentais qu’Alec n’était pas dans son état normal, il insistait pour que je ne vienne pas mais je ne savais pas pourquoi. Il était distant presque craintif, de quoi avait il peur ? J’angoissais réellement et je ne pouvais pas me résoudre à rentrer chez moi en tournant la page. J’avais besoin de le voir, il fallait que je le vois…

                 J’ai accéléré le pas pour aller le rejoindre jusqu’à finir par courir en priant pour que ça ne soit que le fruit de mon imagination. Je courrais de plus en plus en vite, une fois que je suis arrivé au bout de sa rue je ne me suis jamais senti aussi mal, c’était comme si je l’avais entendu crier. Je n’ai jamais couru aussi vite.

                 Arrivé sur le pas de porte j’ai repris mon souffle quelques minutes avant de sonner à sa porte, c’est à nouveau sa mère qui est venu m’ouvrir. Son regard était toujours aussi perçant, elle ne se souvenait pas de moi à l’évidence.

 

- Je pourrais voir Alec ?

 

                Elle me regarde de haut en bas et tourne les talons pour hurler le nom de son fils, elle ouvre la porte d’avantage et m’invite à rentrer mais j’avais bien compris que je ne devais pas bouger de l’entrer. Elle me laisse seul pour aller à nouveau tricoter devant la télé. Des bruits de pas venant du couloir me réveillent. Alec débouche du corridor en ouvrant la porte avec nonchalance, à ma vue il est tétanisé et n’ose plus faire un pas.

                Les bras m’en tombent. Aucun de nous n’ose prononcer la moindre parole, son visage, ses yeux…Seigneur.

Il se retourne laissant la porte ouverte pour que je le suive, je ferme derrière moi et le rejoins jusqu’à sa chambre que je découvre pour la première fois. A vrai dire j’aurai détaillé cette pièce si je n’étais pas complètement sous le choc. Son visage était boursoufflé, ses yeux gonflés, sa lèvre inférieur avait doublé de volume, l’arcade était encore rouge de sang. Sans parler du cocard qu’il avait à l’œil gauche. Les bleus sur le cou me laissaient sans voix. Je ne sais même pas comment j’ai pu le reconnaître.

 

- Qu’est-ce…, ma voix s’est terré au fond de ma gorge.

Je ne savais pas quoi dire, ni comment réagir. Ce qui était certain c’est que quelque chose bouillonnait en moi.

- Je ne voulais pas que tu viennes…Tu n’aurai jamais dut venir…

Sa voix sourde était trop légère, trop inhabituelle.

- Alec…

- Ne te mêles pas de ça et rentre chez toi Matt.

- Qui t’as fait ça ?

Je n’arrivais même pas à m’énerver, ma gorge était si serrée que j’articulais à peine. Etrangement j’avais une envie furieuse de pleurer.

- Rien. Une bagarre de merde. Oublies ça et rentres chez toi.

 

             Furieux qu’il me tourne ainsi le dos, je l’ai forcé à se retourner. Son regard m’a transpercé, je pouvais y lire rancœur et peine. Des émotions si rare pour Alec, il était sans cesse dans la Lune à ne penser qu’à lui, insouciant et solitaire. Mon être entier tombait en morceau, pourquoi me rejette-il ? Je ne veux pas partir ! J’ai besoin de le voir…

Sans dire un mot de plus, je l’oblige à se terrer dans mes bras, il n’oppose aucune réticence et au contraire, il se laisse presque tomber au cœur de mon étreinte. J’enlace la chance de pouvoir le garder ainsi sans qu’il n’y est de sexe, sans qu’il n’y est de passion. Je veux juste le serrer et étouffer sa douleur.

 

- Qui à fait ça ? Je demande à nouveau

Il reste muet et me serre un peu plus contre lui.

- ALEC !!

La voix de son père résonne dans toute maison comme celle du Diable.

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Voilà une suite que je publie depuis la Fac XD, la prochaine fois je vous met plein de suite d'Agora et enfin la dernière avant la prochaine ! BISOUS

 

Par Danouch - Publié dans : Down Syndrome - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:37

 

 

 

Je deviens rouge pivoine alors que le roi se délecte de nos têtes. En s’unissant ? Je me demande si c’est parce que j’ai autant envie de Lillyan, de sa peau douce et de ses coups de reins violents que j’imagine le plus tordu dans l’esprit du roi.

 

- Peu importe ce que vous entendez par là, ça ne marche pas. S’offusque Lillyan

- Alors vous devez vous rendre à Eria.

- Voir le maître Zephilis ? Je demande.

- Le général est peut être un traître mais son idée n’était pas mauvaise, et déjà toute les nations sont au courant pour sa traîtrise. Zephilis est un maître bourré de principes avec un humour assez étrange, il ne pardonnera jamais à son vieil ami d’avoir trahi son roi. Il ne pourra jamais en faire de même.

- Vu le nombre de personne qui nous trahissent, vous m’excuserez de me méfier, dit soudainement Lillyan.

- Je vous comprends, jeune Lillyan. Frustrer de ne pas réussir à battre l’Oracle, c’est cela ? Votre combat, même avec l’aide de Shinrei, ne l’a même pas perturbé. Il n’a rien, pas une égratignure, et ça vous met en rogne n’est-ce pas ?

 

Si le roi tente de pousser à bout Lillyan il va finir par le regretter, il n’est pas du genre à s’énerver pour rien mais je sens bien depuis quelques heures qu’il est à fleur de pot et qu’il serait capable de le réduire à néant juste pour son audace. La seule chose qui le retiens c’est sans doute l’inconnu, personne ne sait la réelle puissance du roi de Maru.

 

- Vous ne pouvez pas défier un être aussi puissant sans avoir communiqué avec vos pouvoirs respectif ! C’est impossible ! L’esprit de Koryu est peut être divisé mais vous pouvez le faire. Il faut espérer que cela marche car vous êtes deux cas inédit. Jamais nous n’avons vu quelqu’un communiquer avec l’esprit d’un dieu. Vous partez immédiatement, nous vous avons préparer deux montures de chevaux ailés avec un petit chariot, de quoi dormir et vous abriter.

- Et Raine ? Demande Lillyan

 

Le roi reste silencieux, je me serai bien passé de sa présence personnellement mais à voir le visage de Lillyan il doit comprendre que sa présence nous est indispensable. Je ne peux pas nier que Raine est un être hors du commun et puissant, peut être le seul qui peut nous protéger de l’Oracle le temps qu’on arrive jusqu’à Eria.

 

- Il prépare déjà ses affaires pour partir avec vous. Dés que vous serez en terre d’Eria, vous devrez rejoindre la capitale, maître Zephilis est assez voyant, vous reconnaîtrez sa maison au premier coup d’œil. Je vous laisse la surprise, dit il en me faisant un clin d’œil

- Nous vous remercions, se lève brusquement Lillyan

 

Nous allions prendre congé pour rejoindre notre attelage.

 

- Shinrei, je peux te parler une minute ? M’appelle le roi

Lillyan lui jette un regard noir puis il vient déposer un baiser chaste sur mes lèvres.

 

Décontenancer je reste perplexe face à ce geste impulsif, il quitte la salle et referme la grande porte derrière lui. Je reviens sur mes pas pour m’approcher du roi qui me tend ses bras, je reste pourtant à proximité. Cette familiarité me rappelle brusquement celle de l’Oracle, un frisson d’horreur me parcours l’échine, je préfère rester éloigner de lui.

 

- De quoi vouliez vous me parler ? Je demande

- Je veux te parler d’un garçon que tu as rencontré durant ton voyage. Un autre Manipulateur de Corps tout comme Lillyan, un manipulateur spécialiste dans le pouvoir des os.

- Que voulez vous savoir ? Je ne sais rien de lui, je l’ai juste combattu une fois.

- Et si je te disais qu’il vous suit depuis le début ?

 

Je reste choquer, il se moque de moi ? Les yeux du roi brillent brusquement, comme si il pouvait scanner ce qu’il y avait autour de lui dans un rayon de ses prunelles étranges. Son sourire à mi-étiré me fait trembler, je peux reconnaître là la prestance d’un roi. Il lève la main vers son garde de l’autre côté de la salle, deux guerriers avec des lances rentre en tenant un homme à moitié mort dans leur bras. Son dos remonte régulièrement, je peux deviner qu’il respire encore, ses cheveux plein de terre, de sang séché et de sueur tombe devant ses yeux cernés. Qu’est-ce que c’est que ce cauchemar ?

 

- Je te présente Amon. Il était sans doute chargé de t’assassiner Shinrei.

 

Les guerriers jettent le corps de l’homme contre le sol, il ne peut même plus se relever tant sa souffrance est grande, si Lillyan avait été là, il aurait sauté à la gorge du roi pour le d’énuquer. En revanche je suis plus calme, je hais simplement l’injustice.

 

- Monsieur Shinrei…, murmure le moribond

 

Il relève son visage, les lèvres enflées, je reste impassible alors qu’il tend une main vers moi.

 

- J’ai toujours trouvé que l’Oracle était un homme immonde, il se délectait des souffrances psychologique et non physique. Car il reste noble, il n’aime pas voir le sang couler, il préfère le torture morale. Mais en lisant les rapports de mes pairs lorsqu’ils se battaient contre des soldats de Maru, j’ai tout suite pensée que l’opposer d’Agora était ce pays. Vous préférez la souffrance physique, les coups infligés directement sur le corps, vous aimez vous délecter des blessures d’un homme. C’est exactement ce que j’ai pensé en voyant votre stratégie de combat, avec les habitants. Vous êtes les grands maîtres de la manipulation d’âme, c’est pourquoi vous préférer faire des dommages au corps.

Je m’approche du blessé et m’accroupi, je tâte son pouls.

- Je vous ne voulais pas vous tuer…Je voulais vous protéger monsieur, dit il entre ses lèvres

- Tu as été envoyé par mon père, n’est-ce pas ?

Il affirme d’un battement de cils.

 

Je me redresse vivement, le roi est indifférent à la scène, assit sur son trône on dirait presque qu’il s’ennuie. Tous les monarques sont il si irritables ? Il veut que nous devenions plus fort mais ce n’est pas dans l’espoir de nous aider, c’est simplement pour tuer son ennemis et s’emparer de la nation la plus puissante du monde. C’est un être cupide et je lis clairement dans son jeu, c’est sans doute pour ça que Lillyan le hais autant, même si son don ne pouvait s’exercer ici, il lui reste son instinct infaillible.

 

- Je vous prends ce prisonnier. Il me sera d’une grande aide. Dis je en soulevant le corps blessé de Amon

- Ne lui tourne jamais le dos Shinrei.

 

Je lui montre mon respect en baissant ma tête, je prends congé sous le regard courroucé des statut que sont les guerriers, je sens la pression du regard du roi mais je ne courbe pas l’échine jusqu’à atteindre la sortie. Je parcours les nombreuses salles et descends les longues marches qui me conduisent à l’extérieur du palais. J’aperçois Lillyan qui se précipite pour m’interroger du regard.

 

- Je t’assure qu’on n’a pas besoin de cadavre ! Me dit Raine en se moquant

- Fermes là et monte le dans le chariot. Prépare des couvertures.

- Shin, Lillyan me tire par la tunique, c’est quoi ce bordel ?

- Je te présente ton mentor ! Dis je toutes dents dehors

- Un mec à l’agonie ? Mon mentor ? Tu te fous de moi là ?

- Ecoute, je l’ai combattu pendant que je venais à Kalin, c’est un Manipulateur de Corps, il peut t’aider à contrôler ton pouvoir à te faire découvrir d’autre spécificité que le « marionnettisme ».

- C’est toi qui l’as mis dans cet état ? Me demande Lillyan

- Pas du tout. Prenons la route, je t’expliquerai pendant que nous quittons cette ville de cinglé.

 

Je charge Raine de nettoyer ses plaies et son corps dans son intégralité pour éviter les infections, il a refusé minaudement au début, gêné de le déshabiller mais au final il n’a pas eu le choix. Lillyan en rit presque ouvertement. Nous partons enfin d’abord sur la terre, jusqu’à arriver au bord de la mer Eriatique, au sud de la cité, cela nous prendra bien une semaine au minimum. Je donne un grand coup rennes un fois les remparts de Kalin traversés et nous partons à vive allures. Lillyan me donne un coup de coude alors que j’étais concentré sur la route.

 

- Alors ? Il me demande

- Comme je te l’ai dit je l’ai combattu, il s’est avéré qu’il connaissait mon père et s’est même agenouillé devant moi pour ça. Je suis parti du petit village en lui laissant la vie sauve. Si le roi m’a demandé de rester c’était pour me le montrer, il nous a apparemment suivit depuis que je suis arrivé à Kalin. Le roi a cru qu’il était chargé de me tuer, en fait il a été envoyé par mon père. Je pense donc qu’il était plutôt charger de me suivre pour nous aider, pour t’aider principalement.

- Ca ne m’étonnerai pas de ton père, dit Lillyan plus pensif, c’est les guerriers du roi qui lui ont fait ça ?

- Oui.

- Je comprends mieux alors. Tu es sûr que c’est une bonne idée de suivre le conseil d’un homme sans aucune morale ?

- Je pense que nous avons nos chance à Eria, ce maître Zephilis doit pouvoir nous aider.

- C’est vrai que nous n’avons pas d’autres pistes.

- A la limite on aurait put aller au lac céleste, chez le peuple des Chutes rapides.

- Tu veux notre mort ? S’exclame Lillyan

 

Je ris à mon tour et me fait secouer par mon petit ami qui se vexe de me voir se moquer de lui. Je lâche une renne et attire son visage en pressant brusquement sur sa nuque pour lui voler un baiser torride, ma langue cherche sa jumelle et lorsqu’elle la trouve elles perdent toutes leurs timidités pour s’emmêler avec avidité. Je m’écarte de lui lentement, nos deux bouches se séparent difficilement, il laisse échapper un soupire de bien être. Je reprends la renne en lui souriant tendrement. Il rougit et regarde l’horizon perdu dans ses pensées les plus coquines.

Le sentier s’efface et nous devons maintenant emprunter la forêt à l’état brute, les souvenirs que nous avons avec Lillyan nous réveillent, il se redresse et regarde autour de lui, en cas d’attaque surprise il est le seul qui peut réagir assez rapidement. Raine sort sa tête du chariot, ses longs cheveux noir me chatouillent l’oreille et me gêne.

 

- Putain mais assieds toi correctement Raine ! Je m’écrie

- Pas la peine de crier. Il me dit calmement. Je voulais juste vous dire qu’il a reprit connaissance et qu’il faudrait peut être que Lillyan passe derrière pour cicatriser ses plaies.

J’allais répliquer mais Lillyan m’arrête en posant son index sur mes lèvres.

- J’y vais. Dit il simplement

 

Frustré de ne pas avoir pu gueuler un peu je donne un coup de renne plus violent, les chevaux reprennent une cadence plus rapide. J’en ai assez de la verdure j’ai hâte de voir la mer, sa douce couleur turquoise et l’air frais qui s’en dégage.

Nous cavalons ainsi jusqu’au couché du soleil, les paysages se suivent et se ressemblent à telle point que j’ai l’impression de faire du sur place. Je soupire de fatigue, les jambes engourdies et tire sur les chevaux pour les arrêter. Ils donnent un grand coup d’ailes avant de freiner, le vent me balaye les quelques mèches qui me tombent sur le bandeau. Je sens une douce chaleur sur la nuque qui me fait frissonner, je me retourne brusquement pour tomber nez à nez avec le doux visage de mon amant. Un air espiègle il me fait un clin d’œil avant de descendre du chariot. Il s’étire joyeusement et retire sa tunique abîmer.

Je descend du banc en bois et tapote mon pantalon, je remarque que ma tunique à moi est aussi déchiré, j’aurai dut me changer avant de partir. Je l’enlève et gémis sous les courbature et les quelques plaies à peine cicatriser. Une longue ligne de sang sur le ventre me rappelle mon combat contre les chasseurs de tête.

 

- On s’arrête enfin ! S’écrie Raine. Je vais chercher un peu d’eau et du bois pour ce soir.

 

Il part gaiement au milieu de la forêt.

 

- On ne dirait pas qu’il a pratiquement usé toutes ses forces, me dit Lillyan

- J’ai déjà remarquer ça quand il se battait, c’est comme si il utilisait son flux d’aura pour se procurer de l’énergie. Il ne faut pas se méfier à son expression niaise. Il est très intelligent. Dis je en retirant mes chaussures

Lillyan s’approche de moi lentement, tel un prédateur, je me retrouve paralysé devant son regard blanc et séducteur. Il passe un doigt sensuel le long de ligne de démarcation de mes muscles finement dessinés. Malheureusement pour moi, c’est à cet instant qu’Amon décide de descendre du chariot. Il reste perplexe, ses rougeurs aux joues trahissent sa gêne.

 

______________________________________________________________________________________________

 

YO !

Ca fait beaucoup de MAJ d'un coup mais c'est pour me rattraper de toutes celles que je n'ai pas publié et par la même occasion je m'avance un peu au cas où je ne peux pas en poster avant un moment !

J'ai donc décidé d'acheter un netbook en attendant de réparer mon ordi parce que même pour les cours c'est deux fois mieux !

Ca n'empêchera pas que je n'ai pas d'internet encore ! Mais je pourrai peut être pirater :p

 

Alors on a bien avancé, prochaine étape ERIA !!!

Qui est donc ce maître Zephilis ?

 

BISOUS

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:26

La puissance de mon cri, qui trahit la détresse qui écrase mon cœur, est telle qu’un choc sismique ébranle la terre et explose dans l’air. Toute impulsion négative s’échappe de mon corps et je ne suis plus animé que par une haine froide, réfléchie, dirigée vers un objectif : annihiler ce traître. Il vend mon père alors qu’il ose tenir en main une de ses épées ? Croit-il vraiment pouvoir accomplir cet acte en toute impunité ?

 

Je prends le général Solon à la gorge et sens sa carotide battre fébrilement dans ma poigne tandis que son visage se défigure en un sourire perfide que j’ai tôt fait de faire disparaître en serrant un peu plus sa gorge.

 

De ma lame, je fais une légère coupure sur son bras et recueille son sang. Sa muraille se fissure tandis que je lâche la pression autour de mon pouvoir qui sort de mon propre corps, comme s’il n’y était pas à l’aise, pour s’installer ailleurs et trouver un habitat plus approprié qui le laissera agir à sa guise. Mon assaillant contaminé est désormais sous l’empire de ma volonté et je le retourne contre ses alliés qui sont déjà malmenés par un vilain serpent de terre. Le spectacle me laisse toujours autant abasourdi et démuni.

 

De plus, ne maîtrisant pas bien mon pouvoir, celui-ci, se retrouvant libre de toute contrainte et attisé par les trainées de sang par terre, a infecté tous les soldats ainsi exposés. Les citoyens postés en première ligne se font massacrés mais c’est ma haine qui me guide, non ma raison et je concentre tout mon pouvoir sur le général pour qu’il trouve l’Oracle et mon père.

 

Il élimine sans pitié tous les adversaires qui se dressent derrière moi, j’entends vaguement Shin m’appeler au loin mais je continue d’avancer. Je rencontre sur l’Oracle juste après avoir franchi les portes de la ville, il attend bien sagement que les soldats s’entretuent pour prendre possession de la ville mais ce n’est pas mon père qui se trouve à ses côtés. C’est Karl, l’amiral en chef et l’Oracle sont venus, en personne, assister à la prise de Kalin.

 

Karl aborde un visage dur et déterminé, loin du visage du père de famille souriant et avenant. Je ne m’attendais tellement pas à devoir affronter Karl à nouveau que je reste abasourdi. Mon dernier combat, qui m’a légèrement traumatisé, refait douloureusement surface. Shin a été capable de se battre contre mon père mais moi, je sens que je ne pourrai pas faire de même avec le sien.

 

Je serre fermement la main chaude qui se glisse dans la mienne et suis rasséréné par la détermination qui habite Shin. Mais ma situation n’est pas exactement la même que la sienne : lorsque Shin a décidé de combattre mon père, cela n’a pas remis en cause leur relation et l’a même renforcée. Moi, ce n’est pas une question de respect ni d’amour, c’est que mes tripes ne se souviennent que trop bien de l’adversaire qu’est Karl, le respect ne vient qu’exacerber ce sentiment.

 

Toute l’ampleur de la scène me saute aux yeux : nonobstant le désordre extérieur, Shin et moi, incapables de maîtriser notre pouvoir, allons affronter l’amiral et l’oracle, des maîtres dans leur domaine.

 

Shin fait surgir deux blocs de terre qui sont immédiatement brisés. Quant à moi, le ciel est trop calme pour que je puisse me servir de l’électricité. Shin enchaîne les démonstrations de force en donnant vie à un véritable tourbillon de lianes furieuses et de boue folle tandis que de derrière, je crée un tourbillon pour les prendre en étau mais nos attaques sont immédiatement neutralisés sans qu’ils n’aient eu à esquisser le moindre geste. Ils ne bougent même pas, attendant que nous nous épuisons par l’effort ou de nous prendre par derrière si nous décidons de fuir.

 

La seule façon dont nous avions réussi à contenir l’amiral jadis avait été d’invoquer mon pouvoir sauf que je ne pouvais même pas approcher l’un des deux personnages en face de nous.

 

Des gouttes de sueur trahirent mon début de panique, c’est la première fois que je rencontrai la peur au cours d’un combat, cette sensation de vouloir se cacher six pieds sous terre.

- Tu peux pas créer un tunnel ?

- On risque de mourir étouffer s’ils décident de nous y enterrer vivants.

L’Oracle fait un signe de tête à Karl qui, dans la seconde, nous envoie une immense boule de feu. Je nous enferme dans une bulle d’air pour nous protéger tandis que Shin étouffe le feu avec de la boue. Lorsqu’ils étaient immobiles, on avait déjà du mal à leur tenir tête alors s’ils se mettaient à attaquer, on était vraiment mal. Les deux êtres les plus puissants du pays contre des magiciens inexpérimentés, la partie est trop inégale.

 

Shin s’élance soudainement vers eux, en imprimant à la nature qui nous entoure, sa volonté. J’ai tout juste le temps de le protéger à nouveau d’une bulle d’air qui fait obstacle aux multiples boules de feu qui le harcèlent. Je renforce ensuite la pression pour le propulser en avant. Autour de nous, c’est un tremblement de terre qui se prépare, toute la nature s’agite, gronde et s’anime. Deux gigantesques arbres s’effondrent sur nous, j’esquive en créant une faible vague d’air pour m’envoler, Karl a provoqué une vague de feu suffisamment forte pour désintégrer la partie de l’arbre sans subir plus de dommages. Entre-temps, Shin a soulevé deux blocs de terre et je fais pression à la fois sur eux pour rendre leur respiration et leurs efforts plus difficiles et sur les parois des blocs pour les consolider. Des lianes s’entourent autour de leurs chevilles pour les immobiliser et je parviens à étouffer les flammes de Karl avant qu’il ne les envoie sur nous.

 

Enfin, après plusieurs minutes passées à sonder leurs esprits plus pour me familiariser avec leur corps que pour en contrôler le contenu, chose impossible avec des personnes aussi puissantes qui me remarqueraient immédiatement, je perçois la pulsation de leurs veines et l’infime quantité d’électricité qui les fait battre. Tandis que Shin dont j’assure les arrières, les harcèle sans discontinu, je me concentre sur leurs pulsions électriques corporelles. Je n’ai pas le temps de m’attarder si je ne veux pas être repéré mais me précipiter m’enlèverait toute chance de réussite d’autant que je n’ai jamais tenté cette pratique.

 

Juste avant de frapper, je me sers du pouvoir aquatique du général Solon pour faire couler un filet d’eau jusqu’à Karl et l’Oracle afin d’amplifier la décharge et les frapper de l’intérieur comme de l’extérieur. Les désorienter cinq secondes pour nous laisser regagner la cité. Déjà, Shin a préparé le terrain et n’aura plus qu’à l’animer pour nous faire glisser jusqu’aux portes de la ville. Notre seule chance de fuite.

 

Et après ?

 

Chaque chose en son temps.

 

J’attaque au moment où Shin les étouffe en déversant sur eux une tonne de terre. Si Karl s’en débarrasse facilement, il ne réagit pas aussi vite à mon assaut. Shin n’attend pas et nous éloigne le plus rapidement possible.

 

Je suis pris d’un étourdissement en entrant dans l’enceinte de la ville et je vois que Shin subit le même malaise. Peut-être la dépense d’énergie dans une si grosse quantité et dans un laps de temps si court en est-elle la cause. Non, je sens qu’une puissance extérieure draine le peu d’énergie qu’il me reste. La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’il ne s’agit pas de l’Oracle, j’ai même l’impression de connaitre cette source d’énergie.

 

Raine. Il était en train de défaire la formidable énergie offensive qui habite le moindre individu dans son rayon d’action. J’espère qu’il sait ce qu’il fait car s’il rate son coup, nous serons tous à la merci de l’Oracle.

 

Je me réveille dans un cachot. Génial, j’ai échappé aux cachots d’Agora pour finir dans ceux de Kalin… Au moins, je suis toujours avec Shin et c’est d’ailleurs étrange qu’ils prennent la peine de nous enfermer mais pas de nous séparer. Enfin, étant donné que leur barrières psychiques sont suffisamment puissantes pour perturber nos pouvoirs, je suppose que nous ne pouvons pas faire grand-chose.

 

Je secoue Shin doucement et il se réveille. Un peu perdu, il sourit immédiatement en me voyant. Quel idiot, c’est de ma faute si nous en sommes là… J’ai réagi comme un idiot, exactement comme nos ennemis s’y attendaient. Ils m’ont provoqué et j’ai plongé car j’en suis sûr maintenant : tout à l’heure, quand je sondai leur esprit, Karl en a profité pour m’affirmer que mon père n’avait rien.

- Ce n’est pas de ta faute. Tôt ou tard, nous les aurions affrontés.

- Oui mais le plus tard aurait été le mieux afin d’être complètement prêts à les affronter.

- Et pour ton père ?

- Il n’a rien. J’ai vraiment agi comme un gamin. En plus, si mon père n’avait pas été capable de battre l’Oracle comment pouvais-je espérer y arriver ?

- Arrête, tout ce que tu vas faire, c’est démoralisé encore plus alors que ce n’est vraiment pas le moment. J’aurai réagi de la même manière.

- Sauf que tu maîtrises un minimum ton pouvoir. A trop faire une fixation sur la manipulation corporelle, j’ai complètement délaissé mon pouvoir de base et j’ai l’impression que je ne sais même plus me servir de l’air.

- Hum.

 

Nous sommes convoqués par le roi quelques instants plus tard. Avant de sortir, ils nous mettent des menottes aux poignets pour entraver nos pouvoirs. Nous traversons des couloirs sombres et froids avant de grimper un escalier de pierre qui nous fait remonter à la surface. La luminosité nous aveugle, le temps que nos yeux se réadaptent rapidement et nous sommes poussés pour continuer d’avancer.

 

Au bout de longues minutes de marche éprouvantes après tous ces événements, nous parvenons enfin dans la grand-salle où trône le roi. Ma télépathie est inefficace et cela me frustre énormément.

- Cessez vos efforts inutiles, jeune Valeilles, croyez-vous que nous ne prendrions pas de mesure spécifique dans la capitale de la manipulation d’âme ? M’adresse le roi.

Pas très grand, musclé dans la force de l’âge, les cheveux marron et les yeux clairs, il parait, pour une première impression, avenant et pas désagréable, moi qui m’étais imaginé un vieux bureaucrate grisonnant.

 

Il s’approche de nous et nous libère. Etrangement, je ne ressens aucune pulsion agressive face à mon ennemi, mais je ne le laisse pas retirer le bandeau de Shin. Je ne suis peut-être qu’un rustre sans manière mais ce n’est pas parce que c’est un roi qu’il se croit tout permis.

- J’ai besoin de voir le regard de Shinrei pour m’assurer de votre identité.

- Je vous jure, sur mon honneur, que Shinrei a bien les yeux noirs.

- Peut-on croire en l’honneur d’un exilé ?

- J’aurai plutôt tendance à mentir si je veux le protéger.

- A moins que ce ne soit une autre personne que nous ayons capturée.

- C’est bon, concède Shin en retirant son bandeau.

Il garde les yeux bien ouverts mais je sens la souffrance que cela entraîne pour lui et je resserre le bandeau sans traîner.

- Vos pères étant amis depuis bien avant votre naissance, vous avez grandi ensembles mais apparemment, il n’y a pas que votre enfance que vous avez passée ensemble, commente-t-il.

Je préfère ne pas répondre, n’ayant pas à me justifier devant lui.

- Alors, voyons-voir… A vous regarder, je dirai que c’est toi le dominant et Shinrei, le passif. Je me demande quel effet ça fait de t’avoir en soi. A mon avis, tu dois pas être assez bien monté que ça pour que tu lui fasses vraiment de l’effet, se moque-t-il.

- Vous trouvez ça répugnant mais en fait, vous débordez de jalousie, n’est-ce pas ?

- Je peux avoir toutes les filles que je veux, je vois pas pourquoi je fricoterai avec des garçons.

- Peut-être parce que les filles, c’est mortellement ennuyeux.

- Quand y en a plusieurs, c’est déjà moins ennuyant ! Ah, voilà les autres vieux croutons, allons dehors, nous serons plus… tranquilles.

Il nous emmène dans le jardin où l’atmosphère est tout de suite plus détendue. Les fleurs sont magnifiques, les oiseaux chantent, le ciel est bleu et il fait chaud. Bref, c’est la belle vie sauf que je n’aime pas du tout le regard qu’il lance à Shin.

 

- Parlons de choses sérieuses, commence-t-il. Asseyons-nous. Votre Oracle a pris la fuite et votre ami Raine est tout bonnement impressionnant.

- Où est-il ? S’inquiète Shin.

- Il se repose. Il a utilisé une quantité phénoménale d’énergie. Sinon, nous allons nous joindre à la résistance qui est en train de fédérer un nombre important de nations. Agora va se retrouver acculée et ne pourra pas résister bien longtemps. Le principal problème reste votre Oracle et c’est vous qui vous en occuperez.

- Oui, on avait plus ou moins compris la chose sauf qu’on ignore comment on doit procéder.

- En vous unissant.

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:02

Le général arque un sourire, il ne semble pas étonné, il savait que j’allais aborder le sujet avec lui puisque nous sommes perdus dans les méandres des hypothèses et suppositions.

 

- Que savez-vous sur la légende du dragon blanc ? Je demande

Le général garde le sourire.

- Des choses, certaines sont ridicules et d’autres plus intéressantes. Dit il

 

Nous nous fixons du regard comme si nous livrons un duel silencieux. Il n’y a pourtant aucune animosité et je me méfie. Depuis que le doute s’est immiscé en moi, depuis la révélation de Raine, j’ai l’impression de m’approcher du but et que tout le monde le sait au fond. Nous scrutant dans notre dos attendant que la vérité soi dite de vive voix. D’un autre côté, nous n’avons aucune certitude.

 

- Je sais que Lillyan est celui dont parle la légende. Il n’y pas de doute. La légende en elle-même ne parle pas de destruction, elle ne parle que de la réincarnation du dieu en un être divin. Cependant les dires du peuple des Chutes rapides ont fait le tour de la population, tel un téléphone arabe tout s’est déformé mais les plus grands stratèges de la nation connaissent la vérité. L’homme aux yeux blancs, l’homme qui apporte la destruction avec lui. L’homme en qui le dieu s’est réincarné. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi Lillyan n’est pas totalement possédé…

- Il peut le devenir. Dis je. Il n’a qu’une moitié de l’esprit de Koryu, ce qui lui permet de garder un certain contrôle mais cela n’empêche pas que l’esprit d’un dieu, même divisé, reste dominant sur l’esprit humain.

- Divisé ? Je comprends mieux maintenant pourquoi vous êtes si différent. L’exact opposé de l’autre. Des cheveux blancs, des cheveux noirs. Maintenant que j’y pense, c’est presque flagrant.

- Vous avez vite compris, sourit Lillyan.

- Ne nous faites pas croire que vous ne le saviez pas.

 

Le général semble prit sur le fait, il rit avant de s’asseoir à même le tatami, il inspire profondément avant de nous inviter à le rejoindre.

 

- J’ai écouté aux portes, dit-il, vous devriez ne pas trop parler de ça lorsque vous êtes dans une base militaire.

 

Il a donc tout entendu, je m’en doute de toute façon. Il reste le général de Maru, il ne peut pas laisser deux Agoriens dont l’un fait l’objet d’une légende monstrueuse, sans surveillance. Quelle surveillance plus efficace que celle exercée par lui-même ? Lillyan l’avait tout de suite pressenti, surement parce qu’il lit dans les pensées.

 

- Vous vous êtes donc empressé à la bibliothèque royale au palais où vous avez chercher dans la salle des livres interdits, commence Lillyan pour lui

- Exactement. Saviez-vous que les shamans écrivaient toutes leurs prophétie sur des feuilles de Calmidus ? Cet arbre immense qui n’existe qu’au fin fond de la forêt de Maru, proche du lac Céleste. Elles ne commentent pas leur dires en revanche, j’ai même mis un certain temps à les déchiffrer car c’est assez complexe, c’est écrit dans leur langue étrange, la langue du peuple des Chutes rapide. Il y est fait référence de toutes vos trouvailles, ainsi que celle de votre jeune Androgyne, l’Oracle est le mal sans le mal. En fait, se savoir fragile et vulnérable l’a rendu fou, il est possédé par l’esprit de son pouvoir.

- Comment est-ce possible ? Dis je surpris.

- Quel esprit cela peut il bien être ? Demande Lillyan

- L’esprit du pouvoir absolu, lorsque le bien ne rencontre pas d’équivalent, il devient tyrannique surtout lorsqu’il découvre qu’il risque de s’éteindre. Il est devenu incontrôlable et paranoïaque.

- Ca, on l’avait compris, reprend Lillyan, ce que j’aimerai savoir, c’est le moyen d’y mettre fin ?

- Il faudrait que les hôtes des deux esprits meurent pour s’unir à nouveau, c’est la seule hypothèse que je vois. Nous dit le général.

- Je ne pense pas, dis-je soucieux, Nala ne m’a pas parlé de mort ni de solution logique. Elle m’a dit que l’Oracle n’était plus l’Oracle…Ce qui veut dire qu’actuellement, il n’est qu’un dieu qu’il faut éradiquer, sans Koryu, il perd de la puissance.

- Et nous ? Comme tu l’as dit, le dieu du mal peut prendre possession de nous ! S’exclame Lillyan

- Vous devez vous rendre à Eria.

- Eria ? Nous nous exclamons en même temps.

- Vous irez voir le maître Zephilis. C’est le plus grand mage qui soit, spécialiste dans l’incantation des esprits, il vous apprendra à le maîtriser.

- Maîtriser un dieu ? S’empêche de rire Lillyan. Je ne veux pas vous offenser mais ça me paraît un peu utopique.

- Ecoute-moi bien, petit Lillyan. Tu es un Manipulateur de Corps, n’est-ce pas ? Alors il existe un esprit de ton pouvoir, avec une volonté propre qui sommeille en toi et selon la puissance de ce pouvoir, il a plus ou moins de poids. Toute personne doit un jour apprendre à maîtriser cet esprit auquel cas tu disparaîtrais et un monstre jaillira de toi. Vous avez tous appris à l’école d’Eminence comment contenir ce flux d’aura, cet esprit qui s’agite. Il va falloir maintenant s’unir avec et communiquer.

- Communiquer avec un esprit ? Je m’étonne.

- Sachant que votre pouvoir découle lui-même d’un dieu, ça sera un peu plus compliqué. Il faut des années à un homme pour communiquer avec son esprit. Certains n’y parviennent pas et le bride, comme l’Amiral Mauran, d’autres deviennent maître en trouvant le réel but de son pouvoir comme maître Zenon.

- Je ne comprends pas en quoi ça va nous avancer, dis-je en pleine réflexion.

- Ni toi ni moi n’avons de réponse. Mais Koryu doit surement en avoir, tu ne penses pas ? Il va falloir trouver un moyen pour communiquer avec lui au plus vite. Une fois que vous aurez communiqué avec lui, vous pourrez vous perfectionner et ainsi détruire l’Oracle.

 

Nous restions silencieux un instant, perdus et à la fois plus éclairés. Nous étions alors bien le seul moyen de destruction à l’Oracle mais une fois qu’il sera mort, qui deviendra l’Oracle ? Car sa prochaine réincarnation ne possédera pas Koryu si nous ne mourrons pas également. Alors que je me perdais dans mes pensées, un faible tremblement me fait revenir sur terre, ni le général ni Lillyan ne semblent l’avoir remarqué. Je me redresse vivement, sentant tous les pas précipités martelés le sol non loin d’ici.

 

Soudainement le bruit d’une explosion les fait sursauter, sans plus attendre nous partons en courant jusqu’à l’extérieur. Une épaisse fumée recouvre les remparts est, c’est une attaque militaire.

 

- Lillyan ! Hurle le général.

 

Je me retourne et voit qu’il lui jette une épée à la lame aussi noire que mes yeux. Lillyan la regarde intensément ne comprenant pas tellement mais se fait vite aspiré par l’aura que dégage l’épée, une aura si suave qu’elle me touche au plus profond de mon cœur et fait à la fois vibrer la moindre parcelle de mon cœur. Une puissance immense se dégage de cette épée.

 

- C’est une épée forgée par mon père, affirme Lillyan.

- Il me la laissé ici pour toi.

- HEIN ? Mon père est venu ici ?

- Un peu avant que tu n’arrives, il m’a laissé cette épée en me disant de te la donner.

 

Comment aurait-il fait ? Nous sommes partis avant lui ? Sacré maître Zenon, il garde le mystère pour lui seul.

 

- Il l’a forgée avec toute la force de son pouvoir. Elle te servira.

 

Lillyan le remercie et remplace sa vieille épée par la neuve, le bruit de la lame dans le fourreau me fait frémir. Je me concentre à nouveau sur la bataille qui fait rage, les artilleurs envoient des boulets enflammés contre le rempart pour le faire céder. Les mages de Maru tentent de protéger la porte avec un chant céleste qui crée une barrière magnétique. Malheureusement, quelques boulets arrivent à pénétrer et détruire la barrière pour s’écraser violemment contre le sol. La population, affolée, se réfugie chez elle, les hommes sortent tous armés pour se préparer à accueillir l’envahisseur. Je ne sais pas pourquoi mais cette bataille à avoir avec notre présence, je le sens.

 

- Suis-moi ! Je m’écrie vers Lillyan.

 

Nous courrons jusqu’aux forces armées dirigées par le général, les troupes se mettent en place et s’organisent peu à peu malgré la surprise, les premières lignes de guerriers - habitants - se regroupent et derrière, les soldats sont prêts, mieux armés pour lancer une plus grosse offensive. J’ai toujours trouvé que la stratégie de Maru était cruelle, mettre deux lignes de « bouclier humain » avant de s’abattre sur l’ennemi. Ces hommes sont là uniquement pour mourir, aveuglés par leur fidélité à un seigneur réfugié dans son palais.

 

Lillyan serre les poings, je le sens bouillir juste derrière moi, il tente de se contenir mais son aura est à deux doigts d’exploser, il dégaine son épée et se poste devant la ligne des habitants. Je souris malgré moi, fier au fond de mon cœur d’avoir un tel homme pour amant, je me positionne à ses côtés, prêt à combattre. Nous devons bien ça au général. Quelques secondes plus tard, Lillyan me fait signe de me retourner, Raine est dans la ligne de mages résistant aux attaques avec la barrière qui ne va pas tarder à céder. Je n’aurai pas dû douter de lui, au fond, il est aussi recherché que nous.

 

Les portes tremblent, le sol gronde et les bruits de l’armée de l’autre rive ressemblent au rugissement d’un monstre. Je ne m’étais jamais battu contre une armée entière mais maintenant que j’y suis, tous mes sens sont en alerte, mon cœur palpite et mon âme entière s’agite. Plus excité que jamais, c’était pour cette raison que je voulais rentrer dans l’armée pour ressentir cette sensation, la sensation de combattre pour la justice.

 

La porte explose, sous nos yeux, les débris volent autour de nous et écrasent quelques hommes pas assez vifs, les soldats jaillissent de tous les sens, leurs armures agoriennes me confortent dans mon idée. Ils sont venus nous chercher et bien, ils vont être gâtés.

 

Lillyan s’élance contre les soldats, fluide et rapide, tranche et découpe, les membres volent et le sang gicle. Je soulève des amas de terre, j’étouffe, j’engloutis. C’est un spectacle.

 

Un homme fonce droit sur moi, l’épée tenue en l’air prêt à me trancher à la verticale, je me déplace légèrement sur la droite, dos à lui, je bouge le bras et me retourne pour l’embrocher sur une racine. Derrière moi, le vent siffle, je me retourne, j’arrête la flèche juste à temps, dégoulinante de poison, je la tiens entre mes deux yeux. L’archer plus loin me regarde, je le sens trembler, mon aura fait rage et couvre presque celles qui m’entourent. Je fais monter de la boue que je modèle dans la forme d’un arc, je reprends la flèche qui a voulu m’assassiner. L’archer commence à s’enfuir mais elle siffle tellement rapidement qu’elle se plante silencieusement dans son dos pour l’accompagner jusqu’au sol poussiéreux.

 

Je récupère une épée sur un corps moribond et l’arrache de la chair, je danse à mon tour comme Lillyan, alternant coupe et écrasement par la pierre. Je les bloque puis les tranche en deux, je les enterre pour ensuite les laisser se faire écraser par leurs compagnons.

 

Brusquement, on apparait devant moi, le visage caché et les mains bandées, des épées ondulantes comme des vagues. Un mercenaire d’Agora, son aura me semble familière. Je m’écarte avant que son épée ne m’éventre, il a eu malheureusement le temps de découper ma nouvelle tunique made in Maru. Il me toise, imperturbable, je connais cette prestance. Petit mais rapide, il revient à l’assaut presque invisible, les mercenaires d’Agora ont cette faculté d’être très vifs, ils sont si rapides qu’ils brisent parfois le mur du son. Cependant, ils sont nuls quand il s’agit de dissimuler leur aura, experts en combats rapprochés et en torture. J’évite tous ses pièges, ses longs coups de lame marquant presque sa trace à quelques centimètres de moi. Je me défends mais je n’attaque pas, je n’en ai pas la temps, il me faut trouver la bonne parade.

 

L’ouverture ! Ca y est ! J’arrête son bras dans l’élan, je sens son autre épée siffler contre ma hanche prête à me trancher en deux mais je saute et je prends appuie contre son corps, tenant toujours son bras, je ne le relâche que lorsque j’effectue une pirouette en arrière. La force du coup l’envoie à quelques mètres plus loin, creusant le sol sur son passage, tel un boulet de canon, il renverse quelques soldats sur son passage. Je reprends l’épée qui j’ai laissée tomber et j’attends son nouvel assaut.

 

Concentré sur mon unique ennemi, potentiellement fort, je ne pressens pas le Judas qui veut me trancher par derrière, une petite lame au son qu’elle fait. Je ne le comprends que lorsque je sens son souffle dans ma nuque. Au loin, le mercenaire se relève, je suis bloqué. Rapidement, j’esquive l’autre mercenaire derrière moi, je tiens son bras et pare avec mon autre main l’attaque du premier mercenaire. Je recule d’un bond en arrière pour faire face à deux adversaires. Sans attendre qu’ils se décident, je fais monter des roches et les envoie chacun leur tour contre eux, une petite tornade de cailloux m’entoure comme un bouclier. Je prévois leur esquive en l’air, je fais monter en même temps deux racines qui s’accrochent à leur pied, l’un deux arrive à la couper mais l’autre ne la sent pas. J’écrase le mercenaire contre le sol à plusieurs reprises, comme un vulgaire jouet tiré par une corde. Je retiens l’autre avec l’épée. Ses petits couteaux sont si proches de mon front en sueur.

 

Je le repousse, avec difficulté mais il revient immédiatement, je comprends sa technique, et recule en tirant avec moi celui qui est accroché à la racine. Le visage trainé sur le sol, il hurle pendant que l’autre me suit comme un serpent.

 

Le survivant sort plusieurs petits couteaux, il les lance contre moi, je les arrête tous avec mon épée et glisse jusqu’à lui. Deux blocs de terre remontent à chaque flanc de mon ennemi mais il est concentré sur mon attaque frontale. Il ressent la lourde présence des blocs et détourne maintenant le regard de moi. Je souris victorieusement et l’embroche. Ses mains de part et d’autre mon épée, ses yeux écarquillés, je retire la lame poussant son corps avec mon pieds.

 

Le sang sur mes mains est mélangé à la poussière, je tourne le regard vers celui qui est accroché à ma racine mais son corps n’y est plus. Surpris, je regarde tout autour de moi et l’aperçois au loin plongeant sur Lillyan qui se bat avec un capitaine.

 

Mon cœur manque un battement, je me téléporte presque jusqu’à lui mais je suis arrêté par le tranchement net de l’épée de mon amant. Il a eu le temps de le sentir, de tenir à distance le capitaine et de fendre le corps du mercenaire en deux qui tombe en poussière. Je reste stupéfait, se pourrait-il qu’il soit…non, c’est impossible…Le mercenaire de la forêt ? Il avait été tellement carbonisé qu’il n’aurait pas pu avoir survécu. Lillyan est perplexe également, je lance un piquet de terre se planter dans le crâne du capitaine qui allait le tuer dans le dos. Il se retourne puis remarque que j’en suis l’auteur, je m’approche de lui toujours surpris.

 

- C’est impossible, il murmure du bout des lèvres

- Non…pas si on le régénère.

- Mais…Seul l’Oracle peut faire ça.

- Il n’est pas loin alors.

 

Nous n’avons pas le temps de regarder autour que nous sommes déjà assaillis par les nombreux fous qui foncent tête baissée, cette fois, nous nous battons ensemble. Coordonnant nos pas sur l’autre, calquant nos deux rythmes presque à l’identique et à la fois complémentaire. Lillyan entoure son épée d’un halo d’électricité et peut lancer des rayons sur quiconque, proche ou éloigné. Je dresse les murs de terre, je les emporte avec de longs colliers d’argile. C’est un vrai délice de se battre à ses côtés, un cercle se forme peu à peu autour de nous, les soldats évitent de s’approcher mais nous n’hésitons pas à les massacrer comme de vulgaires jouets. Nos auras respectives alertent les grands généraux qui se battaient, même les mages qui récitent leurs incantations sont surpris.

 

A nous deux, nous faisons une guerre et je peux sentir les yeux fins et perfides de l’Oracle, je sens sa présence dans mon dos comme un dieu tout puissant. Sa nonchalance royale, son esprit au dessus de tout, nous sommes dans sa paume et il sourit malgré lui de voir des auras aussi meurtrières au centre de son jeu.

 

Un être puissant fuse droit sur nous, Lillyan le ressent juste avant moi et me protège en arrêtant son épée juste en face de moi. Les deux âmes se livrent un duel dans un seul regard, le couinement des lames laisse entrevoir leur puissance et les auras explosent soudainement autour d’eux balayant les plus faibles. La terre tremble et se creuse sous la pression.

 

- Général Solon…Il va falloir m’expliquer… dit Lillyan entre ses dents.

- Je suis général depuis bien trop longtemps, je devais prendre ma retraite bien méritée !

- Vous avez trahi votre roi ! Vous avez prévenu l’Oracle de notre emplacement ! Je m’exclame.

- Et j’ai livré un autre traître, dit-il en regardant Lillyan au plus profond de ses yeux.

 

Un sourire sadique s’étire sur son visage alors que celui de Lillyan se déformait sous la consternation, ses pupilles se dilatent alors que je peux entendre les battements de son cœur.

 

- Crois-tu que j’aurai laissé filer ton père ainsi ?

 

Mon cœur s’arrête de battre alors que j’imagine le visage de maître Zenon, confiant devant son ami d’arme. Je pressens l’apocalypse, les yeux de Lillyan sont noyés de souvenir et de haine, son aura tourbillonne étrangement, ses lèvres s’écartent presque au ralenti, retenant son cri jusqu’au bout.

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:59

 

 

Renonçant à dormir, malgré mon état d’épuisement, je me lève pour respirer l’air frais de la nuit et me changer les idées. Je ne suis pas étonné d’être rejoint quelques secondes plus tard par Shin et ma tête se pose contre son épaule.

- Ça va mieux ? Me demande-t-il.

- Avec toi à mes côtés, même la mort me semblera douce…

- Alors arrête de profiter de mon absence pour te mettre dans un pétrin pas possible…

Je ne réponds rien et nous nous laissons bercés par le doux silence de la nuit. Shin est le premier à rompre la quiétude nocturne accompagné d’un agréable goût de retrouvailles en me faisant partager ses doutes et interrogations.

- Que penses-tu des propos de Raine ?

- Je n’en sais pas plus que toi mais ça rejoint la position de ton père selon laquelle nous serions craints par l’Oracle. Après, je ne vois pas comment, dans la mesure où nous ne maitrisons ni l’un ni l’autre nos pouvoirs, nous pouvons lui nuire.

- C’est peut-être la raison pour laquelle il a voulu nous supprimer tout de suite : pour ne pas nous laisser le temps de les maîtriser.

- Mais un simple manipulateur du corps ? Et toi ? D’accord, c’est très désagréable, tes illusions, mais je ne vois pas en quoi elles peuvent le détruire.

- Tu maîtrises le corps, d’accord ? Et moi, je maîtrise l’esprit. A nous deux, nous sommes capables de contrôler totalement un être humain.

- Tu crois que tu peux être un manipulateur d’âme ?

Shin se raidit en entendant ma question.

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

- Ben, l’illusion joue sur le cerveau, le psychisme d’un individu, le domaine par excellence de la manipulation d’âme. C’est un peu comme moi finalement qui ne maîtrisais que l’électricité et la télépathie.

- Une complémentarité parfaite, c’est ça ? Mais je ne serai pas plus extraordinaire que les habitants de Maru…

- Non mais l’Oracle cherche tout de même à les anéantir, à défaut de les contrôler. Et moi, je ne suis pas plus effrayant qu’un manipulateur corporel ordinaire.

- Sauf que les manipulateurs corporels étaient déjà effrayants. 

- Pas plus que les manipulateurs d’âme.

- Mais on a été obligés de cesser els persécutions lorsqu’on s’est rendu compte que Kalin était trop proche de nous pour se faire une guerre perpétuelle.

- En bref, on n’en sait toujours aussi peu.

- Et nous ne sommes même pas sûrs de ce que nous savons.

- Tu imagines ? Toi et moi, détruire l’Oracle ?

- Quoiqu’il arrive, nous ne devons pas oublier nos objectifs, c’est ça qui nous permettra de dépasser nos peurs.

- Peur de quoi ? Tu sais bien qu’à nous deux, nous sommes invincibles.

 

L’envie de l’embrasser est plus forte que le réprimander encore une fois. Ma main frôle sa nuque, le faisant frissonner, avant de s’y accrocher fermement pour capturer plus facilement ses lèvres. Loin de résister, ce dernier se défait de toute barrière pour répondre à mes avances.

 

Nos langues se retrouvent dans la joie et la bonne humeur, tous nos soucis sont recalés à l’arrière-plan, le désir explosant dans la moindre parcelle de ma peau. Mon cerveau cesse de réfléchir et se laisse guider par les sentiments. Profitant de la complicité intime et silencieuse de la nuit, ma main, posée sur le torse de mon amant, le pousse à s’allonger sur l’herbe. Son regard, libéré de toute entrave, brille d’une lueur aussi intense et perverse que le mien, son cœur bat fort dans sa poitrine, malmené par les pulsions de son corps.

 

Assis à califourchon sur son bassin, son érection grossit au fur et à mesure que mes ondulations s’intensifient. J’écarte ses cheveux pour mieux voir son visage, titiller ses lèvres et mordiller ses oreilles, il tremble tellement de plaisir qu’il enroule ses jambes autour des miennes pour m’empêcher de partir en l’abandonnant lâchement et sadiquement. J’avoue que l’idée m’a vaguement traversé l’esprit mais je suis tellement dépendant de son corps que je ne pourrai jamais m’en lasser à tel point que m’en séparer temporairement était difficile à supporter. A nous deux, nous sommes invincibles et pourtant tellement faibles, incapables de résister à la tentation, goûtant avec délice au fruit défendu.

 

Mes mains se baladent sur son corps pour attiser encore plus sa sensibilité tout en savourant le contact de sa peau douce et chaude, transpirante de désir plus que de plaisir. Pourquoi dit-on que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Je ne connais pas de plus douce torture que l’excitation douloureuse d’un corps.

 

Shin relève son bassin pour le presser contre le mien afin de me faire comprendre la gravité urgente de la situation. Je lui adresse un tendre sourire avant de happer ses lèvres, pour lui éviter de vaines protestations.

 

Je plaque ses mains contre le sol et entortille mes doigts autour des siens tandis que je colle encore plus mon bassin contre le sien, ressentant la pleine influence des soins que je lui prodigue. Ma bouche entreprend une descente divinement dangereuse et trace un chemin humide vers son nombril, en m’attardant sauvagement sur ses tétons, les gémissements de plaisir de Shin retentissant comme un doux écho du pouvoir que j’avais sur lui.

 

Mes doigts jouent sur son bassin, ma langue tourne autour de son sexe, sans jamais le toucher alors qu’elle s’attarde longuement sur ses cuisses, crispées de plaisir. Je lèche lentement sa verge tendue de désir partant du bas, jusqu’à titiller sa cavité, pour remonter chastement jusqu’à son gland. Shin profite de cette occasion pour appuyer sur mon crâne, me forçant à l’avaler tout d’un coup. Il se cambre de bien-être et je place mes mains sur ses hanches pour avoir une meilleure prise.

 

J’avale avec délectation sa semence et m’attaquai à ses lèvres en guise de représailles tout en commençant doucement la préparation. Je m’efforce, après qu’il m’a mordu la langue sous la pénétration surprise du premier doigt, d’y aller plus lentement tout en multipliant les caresses et les baisers.

 

Je le scrute ardemment au moment où je pénètre en lui, l’hypnotisant avec mon regard insolite pour lui faire oublier la douleur du geste. Il passe ses bras sur mes omoplates et y enfonce ses ongles et je reprends mon baiser tout en caressant tendrement sa peau pour le détendre au maximum.

 

Lorsque sa langue s’enroule autour de la mienne avec passion, je sais que je peux y aller franchement et je commence par de doux va-et-vient pour instiller progressivement le plaisir en lui. Ses yeux se ferment pour ressentir pleinement les sensations physiques et sa bouche s’entrouvre comme pour expirer le trop plein d’énergie qu’il reçoit. J’adore voir son visage déformer par une telle extase. Nous jouissons ensemble et je m’écroule sur lui en entendant son cœur battre frénétiquement.

 

Il me relève la tête et m’embrasse, me communiquant tout l’amour qu’il me porte. Ses pensées étant constamment tournées vers moi, je n’ai aucun doute là-dessus et je ne demande pas de preuve mais j’aime toujours lorsqu’il prend ce genre d’initiatives.

 

Il prend place sur mon bassin et mort doucement ma carotide qui bat fébrilement sous la fausse menace d’un danger de mort. Mes mains s’agrippent à ses cheveux lorsque sa morsure s’attaque plus sérieusement à ma peau pour récupérer quelques gouttes de mon sang. Il se redresse pour voir ma réaction alors qu’il est en train de lécher mon propre sang. Je me demande si je pourrai utiliser mon pouvoir de manipulation corporelle pour maîtriser mon propre corps et résister aux provocations de mon amant. Certainement pas car la manipulation corporelle nécessite une forte maîtrise psychique or, mon cerveau n’a même pas la volonté de lutter contre ses assauts.

 

Son baiser est légèrement relevé d’un goût de cuivre, le goût de mon sang… Mes mains s’excitent sur son dos tandis que mon corps en redemande ! Il entreprend de se promener lascivement sur mon torse, le parsemant de baisers ou le gratifiant de quelques caresses, bien trop rares à mon goût, bien trop délicieux à mes sens qui sont en ébullition. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant, aussi heureux de vivre.

 

Entre les combats éprouvants que nous avons menés, notre longue séparation et les intrigues dont nous sommes l’objet, nous sommes fatigués alors que nous n’avons même pas vingt ans. Bien sûr que nous ne devons pas perdre notre objectif de vue pour surmonter plus facilement nos peurs, nous ne devons cependant pas oublier de vivre pour nous-mêmes.

 

Shin caresse langoureusement mes hanches, provoquant des convulsions de mon corps, hyper sensible à cet endroit. Il en vient même à utiliser sa langue et joua avec mes nerfs pendant un bon moment mais remonta pour m’embrasser lorsqu’il comprit que je n’allais pas tarder à craquer. Il étouffe toute résistance avec un simple baiser, je suis vraiment pitoyable…

 

Il esquissa un sourire innocent mais je ne me laissai pas prendre à son petit jeu surtout que, dans la seconde qui suit, il s’empala sur mon membre durci par le plaisir qu’il m’a procuré. C’est un cocktail de sensations qui explose en moi. Je me redresse pour le prendre dans mes bras tandis qu’il poursuit dans sa lancée. Il est magnifique, la peau en sueur, ses yeux noirs grand ouverts, sa voix tellement érotique qui gémit mon prénom, son cœur qui bat pour moi…

 

Nous jouissons à nouveau ensembles, il me regarde, tout étourdi, et je l’embrasse fougueusement. Nous nous rhabillons pour ne pas avoir la désagréable surprise d’être réveillés dans une position plus que dérangeante et nous allongeons l’un contre lui, la tête de Shin blotti dans mon cou.

- Je t’aime, lui dis-je d’une toute petite voix.

- Moi aussi, je t’aime, me répond-il. Quoiqu’il arrive, toujours ensembles…

Je l’embrasse pour sceller notre pacte, lui propose ma main pour le relever et retournons dans la chambre : les nuits à la belle étoile s’annonçaient nombreuses, autant profiter d’un lit, même s’il ne s’agit que d’un simple lit de camp. Nous nous rendormons, rassérénés, l’un dans les bras de l’autre.

 

Au petit matin, le réveil se fait en douceur mais signifie le retour à la réalité et nos lourdes responsabilités.

 

Je m’étire et je rigole en voyant Shin se plaindre de douleurs. Il me jette son coussin à la figure et je sors en courant de la chambre, sachant qu’il ne pourra pas me rattraper. Je m’assois sur un rocher pour l’attendre et le fais asseoir sur mes genoux.

- Que fait-on du coup ? Me demande-t-il.

- Nous n’avons pas d’autre choix que de reprendre la route. Nous nous sommes déjà trop attardés d’autant que nous n’avons récolté aucun renseignement.

- Le général Solon doit pouvoir nous être utile.

- Tu crois qu’il nous révélerait un secret aussi important ? Ce serait trahir son roi.

- Mais leur roi est en conflit avec notre Oracle, il ne peut que nous soutenir.

- Oui mais je te rappelle que ce sont eux qui nous ont attaqués quand nous étions petits. Même si nous avons le même objectif, leurs méthodes diffèrent complètement et je n’ai pas envie d’aller sur le champ de bataille en étant manipulé pour être un kamikaze. Le mieux serait de partir le plus rapidement de cette ville maudite.

- Je propose quand même que nous ayons une discussion avec le général, que nous ne soyons pas venus ici pour rien. Peut-être pourra-t-il nous en apprendre plus sur la manipulation d’âme pour comprendre l’origine de mon pouvoir.

- D’accord.

- Un petit combat ?

- T’es en état ?

- C’est toi, la veille, qui était incapable de faire un pas de plus, me répond-il, le plus sérieusement possible. Toute lueur coquine a disparu, son aura danse d’une lueur combative.

 

Nos corps emploient également un autre langage et évoluent dans une grâce meurtrière. Nous bridons nos pouvoirs pour ne pas nous faire repérer et nous limitons à nos poings et nos pieds. Ce n’est pas un combat à mort, c’est beaucoup plus subtil puisqu’il s’agit de toucher le premier son adversaire. Et pour nous, c’est un véritable défi car nous nous connaissons tellement bien, nos ébats érotiques étant bien nos points faibles, que les coups sont trop faciles à anticiper.

 

Alors que nous nous écartons pour reprendre notre souffle, une aura fulgurante empiète nos défenses. Concentré tout entier sur le combat, je n’avais pas vu le général s’avancer vers nous. Sa main est posée sur l’épaule de Shin pour lui faire comprendre de prendre congé. Je n’apprécie pas ses manières car cela ne se fait pas d’interrompre ainsi un combat pour engager un autre combat : venant d’une personne aussi haut placée, cela signifie clairement que notre défi n’a pas d’intérêt et ne mérite même pas d’être qualifié de tel.

 

Shin s’efface docilement pour lui laisser la place. Mon cœur se met à battre furieusement en réalisant que je vais affronter un général. Je n’ai pas le niveau de mon père, je n’ai pas le niveau pour le battre. Il me tend d’un air de dédain une épée tandis qu’il se prépare en se tenant droit.

- Le premier qui était touché perdait, c’est ça ? Alors essaye de me toucher. Montre-moi ce qu’un monstre est capable de faire…

Je m’indigne sous l’insulte mais je ne me laisse pas avoir et prends le temps d’attaquer. L’épée n’est pas extraordinaire, elle n’est qu’un outil qui sert à tuer, elle n’a pas d’âme, pas de personnalité. Ce n’est pas en me reposant sur elle que je pourrai espérer le toucher, ou même ne serait-ce que le frôler. Il veut m’acculer pour que je me serve de mes pouvoirs. Comme lorsque j’avais dû affronter Karl, le père de Shinrei, pour faire éclater la vérité sur mes pouvoirs. Je ne lui laisserai pas ce plaisir.

 

Je fais le vide dans mes pensées pour ôter toute pensée parasite tels que la peur ou le fatalisme et gonfle mes veines d’énergie. Je respire calmement deux fois pour imprimer ce rythme à mon corps et me lance à l’assaut.

 

Au moins, même si je ne le touche pas, j’arrive à le faire bouger, à le détrôner de son piédestal et lui faire ravaler sa fierté. Bon, je reconnais que je m’excite un peu là, mais j’exploite la moindre faille pour lancer mon coup, faille que je me suis échiné à créer au préalable. Je n’ai jamais autant fait fonctionner mon cerveau dans un combat, tous mes méninges tournent à 200 à l’heure, la sueur me brule les yeux et mes muscles gémissent sous l’effort. Mais je sais qu’il attend la moindre faiblesse de ma part pour m’humilier, je ne dois pas me déconcentrer et tenir jusqu’au bout. Tout tenter. Il veut me tester, il sera servi.

 

Cependant, malgré toute la hargne que je peux y mettre, c’est à peine si mes feintes le font bouger, c’est à peine s’il effectue un quart de pas.

- A ce que je vois, tel père tel fils !

Je ne me laisse pas enflammer par sa provocation et continue à le faire reculer jusqu’à une petite motte de terre. Un coup horizontal l’oblige à reculer, son pied droit heurte l’obstacle mais il ne se laisse pas distraire. Au moment où il est enfin acculé à l’arbre, je lance mon épée pour viser son œil mais il la dévie facilement au moment où il pare mon coup de poing dirigé vers son ventre.

- J’ai gagné, souris-je.

Il hausse les sourcils, ne semblant pas comprendre, puis il éclate de rire en me tapant vigoureusement sur les épaules. Je sais qu’il m’a laissé mener ma stratégie jusqu’au bout pour voir ce dont je suis capable mais je suis content de voir qu’elle a porté ses fruits même si au final, ce n’est qu’une demi-victoire puisque c’est lui qui m’a touché. Mais ça faisait partie du jeu d’user de tous les moyens et tous les coups pour arriver à ses fins.

- Suivez-moi, nous ordonne-t-il.

Son second sur les talons, il nous fait traverser plusieurs cours d’entraînement et des couloirs pour nous mener dans une salle d’entraînement. Sobre et dépouillé, à peine le pied posé sur le tatami, on se sent tout de suite en conditions pour un combat. Accrochées au mur, je crois reconnaître quelques épées forgées par mon père, ce n’est pas par rapport à leur aspect mais plus par la personnalité qu’elles dégagent. Ma télépathie est bien plus aiguisée que mes sens, prenant parfois le relai sur eux, et exacerbe ma sensibilité.

 

Je m’approche de l’une d’elle mais suis intercepté par son second. Je le foudroie du regard avant de me rendre compte que j’allais saisir une épée personnelle du général. Je me suis laissé submerger par mes émotions mais ce n’est pas mon père qui se trouve en face de moi. Je racle la gorge, gêné, en voyant que Shin et le général me regardent.

- Il s’agit bien d’une arme forgée par maître Zenon. Il me l’a offerte quand j’ai été promu général tout comme il a forgé une épée pour Karl quand il a été promu amiral. Ton père fabrique les plus formidables épées du monde.

- Je sais mais ce n’est pas mon cas, c’est tout juste si j’en connais les étapes de fabrication.

- Non mais tu as d’autres capacités en toi, n’est-ce pas, Lillyan Valeilles ?

Je préfère ne pas confirmer ses propos et baisse la tête.

- Pendant notre combat, j’ai clairement ressenti la magnifique puissance qui sommeille en toi et, outre le fait que tu es un véritable virtuose à l’épée, tu es bien le héros dont parle nos légendes.

- Je crois que nous devons parler, général, intervient Shin.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:55

Le corps endolori de Lillyan tombe dans mes bras, je le rattrape à temps avant qu’il ne percute de le sol. Le général ordonne à son escadron d’emmener les soldats au fer : une séance de rappel des valeurs fondamentales d’un guerrier est de rigueur. Je prends la marche derrière lui et avec l’aide de Raine, nous portons Lillyan jusqu’à la base.

 

Une fois arrivé, je dépose mon amant sur un lit inconfortable mais amplement suffisant pour récupérer un peu. Nous nous asseyons autour d’une table un peu plus loin, le général enlève sa longue cape militaire et s’assoit ordonnant à un sous-fifre de lui apporter une collation. Je ne quitte pas des yeux le visage perlant de sueur de Lillyan, c’est comme si nous nous étions séparés pendant des années. Mes sentiments frappent contre ma poitrine avec une violence inouïe, j’ai du mal à me contenir car je rêve de pouvoir le serrer dans mes bras depuis des semaines. Mes yeux parcourent son corps entier, soulevé par des respirations fortes et régulières, le visage crispé par la souffrance, il était temps de se retrouver.

 

Je reporte mon attention sur le général, Raine est également essoufflé, ses yeux mis clos sont la preuve de sa baisse d’énergie constante, je le sens au fond de moi. Son aura diminue dangereusement, je n’avais jamais ressenti une telle dégringolade, ce qui m’étonne le plus, c’est que cette diminution semble lui redonner des forces peu à peu.

 

- Si tu m’expliquais ce que tu fais à Maru, Shinrei. Me sourit le général une fois sa boisson sur la table

- Comme je vous l’ai dit, je suis venu chercher Lillyan.

 

Le général Solon me scrute, il tente de déceler mes véritables intentions, car, certes je suis venu dans le but de retrouver Lillyan mais nous sommes là également pour préparer le terrain à la venue de nos parents.

 

- Vous cherchez les ennuis tous les trois ? Il demande en nous regardant un par un. Venir dans une ville en guerre constante avec Agora est complètement inconsidéré. Surtout venant de vous trois qui feriez mieux de vous mettre au vert quelque temps…

- Vous savez mieux que moi que, où que nous soyons, nous subirons les poursuites des chasseurs de têtes. Dis-je en jetant un coup d’œil au corps étendu de Lillyan.

 

Le général Solon reste silencieux un moment avant de soupirer de lassitude, il doit capituler : après tout, que ça soit ici ou ailleurs, nous ne sommes les bienvenus nulle part.

 

- Vous pouvez rester à votre guise. Aucun soldat ne viendra vous capturer mais ne vous approchez pas du roi.

- Pourquoi ? Demande Raine.

- Parce que je vous l’ordonne.

 

Il savait qu’en utilisant cette intonation, je lui obéirai, particulièrement sensible aux ordres militaires, je ne pouvais déroger à la loi d’un supérieur. Je reste muet, ne sachant pas quoi répondre. Il se lève dans sa grande prestance et repart en nous saluant.

 

Pas étonnant qu’il soit interdit de s’approcher du roi, de toute manière nous serions certainement capturés pour être utilisés contre l’Oracle. Ce n’est pas ce qui dérange mais nous ne serions certainement pas traiter comme des héros.

 

- Lillyan ouvre les yeux, me dit Raine.

 

Sans perdre un instant, je me précipite sur lui, ses paupières s’ouvrent lentement, je passe une main tendrement dans ses cheveux plus courts et colorés, je reste même perplexe. Ce n’est pas qu’il est moche mais je l’aimais d’autant plus lorsque ses longs cheveux noir chatouillaient la raie de ses fesses. Ses beaux yeux blancs rayonnent lorsqu’il finit par croiser mon regard. En une fraction de seconde, le voilà agrippé à mon cou comme si sa vie en dépendait.

 

- Shin, Shin, Shin…, il répète en tâtant mon visage.

- Oui, c’est moi, dis-je amusé.

 

Il s’arrête et reprend enfin ses esprits, j’ai l’impression que son corps s’abaisse un peu et qu’un poids énorme tombe à ses pieds. Je lui vole un baiser chaste pour lui faire bien comprendre que c’est la réalité mais je me retiens à cause de Raine.

 

Lillyan prend une profonde inspiration et me gifle soudainement.

 

- Ca, c’est pour m’avoir écarté du combat avec mon père ! Tu as risqué ta vie, espèce de débile ! Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ! J’étais complètement terrorisé à l’idée que tu me quittes et si je n’avais pas revu mon père, je crois que…je crois que je serai venu te chercher, même en enfer…

 

Sa voix se brise peu à peu, ses yeux se voilent de tristesse et d’inquiétude. Touché et honteux, je prends son visage dans mes mains.

 

- Merci. Dis je simplement.

Il sourit discrètement.

- Et si tu nous expliquais ce qui s’est passé avec maître Zenon ? Demande Raine.

Je l’avais presque oublié.

- Il nous a dit pour le combat mais ses souvenirs étaient confus, d’abord parce qu’il était encore très souffrant mais aussi parce qu’il était contrôlé…En revanche, la fin est assez floue… finit Lillyan.

- A vrai dire, je ne peux pas l’expliquer moi-même. J’ai utilisé ce pouvoir étrange et puis le noir complet. A mon réveil, j’étais au milieu d’une forêt avec une Shaman…

- Une Shaman ? S’étonne Lillyan.

- La Shaman du peuple des Chutes rapides.

Leurs visages se figent et se taisent.

- Elle t’a ramené ? Me demande Lillyan.

- Comment tu le sais ?

- Mon père m’a parlé d’un monde onirique, un monde parallèle où se perdent les esprits dominés par leur pouvoir mais de ce qu’il m’a dit, seul ton corps fut aspiré…

 

Assez dérouté qu’il en sache autant, je tente de reformuler mes dires. Maître Zenon m’étonnera toujours.

 

- De quoi elle t’a parlé ?

- De la légende du dragon blanc. Dis-je plus gravement.

 

Les deux semblent être au courant de la légende mais attendent la suite impatiemment.

 

- De ce que j’ai compris, le dragon blanc est un dieu du mal.

- Un dieu du mal ?

- Il se réincarne habituellement dans le corps de l’Oracle car il est le seul être au monde capable de maîtriser un tel pouvoir. Ce dieu porte les idéogrammes de « Koryu », le dragon aux yeux blanc. La légende qui te décrit est un mauvais présage, le jour où « Koryu » se réincarnera dans un homme, il sera doté de ses magnifiques yeux blancs et d’une chevelure noire. Il sera aussi porteur de la fin du monde, puisque le dieu du mal ne pourra plus être canalisé par une autre force quasi-équivalente, il possédera totalement son hôte.

- Je vais détruire le monde…, murmure Lillyan au bord de l’évanouissement.

- Nala, la Shaman, n’a pas dit ça. Car la légende n’a été accomplie qu’à moitié…

- A moitié ?

- La légende parle d’un seul homme or « Koryu » s’est incarné en deux hommes…

- Qui d’autre ? Demande Raine.

 

Je ravale ma salive avant de continuer. Lillyan semble comprendre, ses yeux me pénètrent le torse, il frissonne articulant quelque chose d’inaudible. Je peux lire sur ses lèvres « Shinrei ».

 

- Moi. Dis je gravement.

 

Une drôle d’atmosphère fait retomber le silence entre nous, Raine fronce les sourcils soucieux et à la fois peu étonné, Lillyan, lui, est encore sous le choc mais il encaisse, après tout il ne connait pas la suite. Suite des plus importantes…Je sais déjà ce qu’il pense car j’y ai pensé aussi…

 

- Alors pourquoi… commence Lillyan.

- Tuer l’Oracle… finit Raine.

- C’est aussi ce que je me suis dis. La Shaman m’a dit que Koryu ne peut se réincarner que dans un corps divin, et habituellement l’Oracle. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas des hommes ordinaires mais aussi que l’Oracle n’est plus l’Oracle.

- Là, je suis perdu, soupire Raine.

- Je n’y comprends pas plus, dis je déçu, mais ce que je sais en revanche, c’est qu’il s’est produit un chamboulement dans le cycle de la réincarnation de « Koryu », que par cette erreur, l’Oracle est devenu mauvais.

- Alors le peuple des Chutes Rapides en ont déduit qu’il fallait le tuer ?

- Oui. Mais elle ne m’a pas dit le moyen qu’ils ont trouvé. Selon la Shaman, je dois le trouver sans son aide auquel cas elle ne serait plus « neutre ».

- Il y a une chose que je ne comprends pas. Se manifeste Lillyan en pleine réflexion. Elle a dit que le dieu du mal ne s’est pas réincarné dans l’Oracle et que ça l’a rendu mauvais…Ce n’est pas logique ! Si le dieu du mal ne se réincarne plus en lui alors c’est au contraire bénéfique, non ?

- Je crois comprendre ce qu’elle a voulu dire, répond Raine. Dans mon peuple, nous avons une vieille tradition qui dit que l’être le plus fort qui soit est celui qui n’est ni dépasser par le mal ni par le bien. L’Oracle est l’incarnation du bien sur terre, une forte concentration de pouvoir positif ! Or pour équilibrer et pour atteindre la sagesse, le dieu du mal s’est incarné en lui pour faire contrepoids avec sa force pure. Etant donné que Koryu ne s’est pas incarné en lui, il n’est plus équilibré.

- Mais sois lucide, Raine ! Dis je soudainement, le Bien ne peut faire le mal ! C’est dans sa définition.

 

Ma phrase un peu trop virulente fait taire toute protestation. De toute manière, son argumentation ne tient pas debout, je veux bien croire que le Mal sans le Bien détruit le monde mais l’inverse n’est pas possible. Cela voudrait dire que rien n’est vrai, que tout est mauvais. C’est faux, c’est justement ça qui rompt l’équilibre. Il faut une entité bénéfique et une entité maléfique qui ne se confondent pas mais au contraire, qui se battent. J’en suis persuadé…Comme la statue au milieu de la ville basse, cette immense statue et les sphères. La représentation du monde.

 

- Tu as une autre explication ? Me demande Lillyan.

- Non. Mais ca ne veut pas dire que c’est vrai pour autant.

- La fierté d’un Agorien, dit Raine sarcastique.

 

Exacerbé, je prends Raine par le col et le soulève collant son visage juvénile au mien crachant presque des flammes.

 

- Je déteste qu’on me prenne pour un con, c’est quelque chose qui me met hors de moi surtout lorsque ça vient d’un monstre…

Raine, pas blessé pour un sou, me sourit narquoisement.

- C’est moi le monstre ? Je ne suis pas l’incarnation d’un dieu du mal…

- Qu’est-ce que tu sous entends ? S’élève Lillyan.

- C’est clair si on suit la logique de Shin. Vous êtes l’apocalypse annoncée par les dieux, l’Oracle n’est que l’être sage et bon qui tente de tuer un dieu du mal. N’est-ce pas, Shinrei ?

 

Sans attendre, j’envoie le corps de Raine s’écraser contre le mur qui tombe en morceaux, je le tiens toujours par le col. La fumée autour de nous ne m’empêche pas de voir son visage grimacé légèrement, mon aura montée en flèche, un petit filet de sang couler le long de son bras.

 

- Alors qu’attends-tu ? Je lui demande avec sévérité, dénonce nous à l’Oracle…D’ailleurs, je ne serai pas étonné que ça soit déjà fait. Après tout, tu aurais pu demander grâce en échange de nos têtes. C’est bien là la caractéristique d’un pourri dans ton genre.

Le regard de Raine devient plus dur.

- L’Oracle a tué toute ma famille, mon peuple…Je ne pourrais jamais pactiser avec lui-même si pour cela je dois vivre cacher toute ma vie.

 

Je relâche la poigne, il se laisse glisser sur le sol douloureusement, Lillyan me sermonne du regard. Je reviens sur mes pas pour aider Raine à se relever, je vais m’asseoir plus loin.

 

- En tout cas, je dois avouer une chose, reprend Raine, si je vous ai suivis, c’est parce que jamais auparavant je n’ai rencontré d’êtres aussi forts. Je crois avoir compris le secret des Chutes Rapides. L’unique moyen de détruire l’Oracle…

 

Lillyan et moi sommes attentif, nous relevons les yeux sur lui comme si les secondes devenaient brusquement des minutes, Raine semblait bien plus perspicace que nous, il sourit à nouveau sournoisement et nous désigne de son index dans un silence lourd de conséquence.

 

- C’est vous.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:49

 

 

Raine et moi sommes en train de discuter avec quelques clients accoutumés du lieu lorsque trois soldats débarquèrent à nouveau dans la salle commune, refroidissant instantanément l’ambiance joyeuse et insouciante de celle-ci. Depuis que nous avons pris une chambre dans cette auberge, nous avons pu observer ce genre de descente très fréquemment : les soldats, en général, des rustres sans manière, débarquaient dans la salle en soirée, à l’heure où les commerçants fermaient la boutique et venaient boire un verre, l’inspectaient d’un air supérieur, repéraient leur proie et l’arrachaient violemment à ses activités pacifiques et distrayantes.

 

Même si c’était dans notre intérêt puisqu’il s’agissait de dissidents favorables à l’Oracle d’Agora, le spectacle n’est jamais très agréable à voir, ne parvenant pas à me rassasier du malheur des autres : pour avoir connu le déchirement de tout perdre, ressentir leur peur et leur détresse ne m’était pas très difficile.

 

D’autant plus qu’on nous avait raconté que les arrestations se pratiquaient sur la base de simples délations et il n’était pas rare d’apprendre qu’un commerçant avait été enfermé par un concurrent peu scrupuleux ou un voisin mauvais.

 

En bref, l’ambiance est glauque en ville et lorsqu’un client habitué disparaît soudainement, personne ne pose de questions et se garde bien de le faire ! C’est comme si cette personne n’avait jamais existé. L’homme se redressa précipitamment en envoyant sa chaise dans les genoux de l’un des soldats, le faisant grimacer de douleur avant de s’enfuir mais il n’avait pas la moindre chance. C’est la torture qui les attendait et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas encore rendu visite au roi bien que celui-ci accorde volontiers ses visiteurs. J’avais bien trop peur d’être reconnu et d’être l’objet d’expériences douteuses et douloureuses.

 

C’est donc dans une auberge que nous avons décidé d’établir comme quartier général pour obtenir des renseignements. Le problème, c’est que, certes, les gens parlent et ne font que ça mais uniquement sur leur indignation, leur mélancolie, leurs protestations. Les seules fois où ils évoquent la légende, c’est pour évoquer une bête noire et féroce de trois mètres de hauteur qui dévore les hommes ou qui les réveille d’entre les morts pour en faire une armée. Ce détail est la seule chose qui me permet de donner du crédit à cette légende.

 

Depuis deux jours que nous sommes là, nous n’avons ainsi rien appris de consistant ou de sérieux. J’ai bien peur qu’il ne faille nous rendre dans des lieux caractérisés par une plus grande sagesse mais c’est bien l’ignorance de ces hommes qui me permet de rester en ville incognito. Même si je n’étais pas associé directement à la légende, mon physique caractéristique risquait de me trahir aux yeux des représentants de l’Oracle. En plus de ça, deux attributs me faisaient passer difficilement inaperçus : le fait d’être le fils du plus puissant maître forgeron du pays et de toujours traîner avec le fils de l’amiral. Et maintenant trois : le premier exilé de la patrie depuis plus de cent ans.

L’arrestation ne dure pas plus de quelques minutes, l’homme se retrouve rapidement enchaîné, et après un vague moment de flottement, les discussions reprennent leur cours. Mon regard se perd dans les vagues imperceptibles de ma boisson chaude tandis que Raine participe poliment à la conversation.

- J’en peux plus, si on ne fait rien, autant quitter la ville ! Se plaint-il en retournant dans nos chambres le soir venu.

- Nous sommes bloqués tant que Shin n’est pas arrivé.

- Aucun signal ?

- Il est en route mais il a encore quelques kilomètres à parcourir. Bon, il va falloir adopter une autre technique, on ne peut pas perdre notre temps inutilement, d’autant que nos parents ont besoin de tous les renseignements. J’irai à la bibliothèque demain et tu iras te rendre à l’ambassade.

- Mais ce n’est pas moi l’ambassadeur.

- Non, mais rien ne le prouve et en général, ils ne posent pas trop de questions.

- Dis pas n’importe quoi, il suffit qu’ils me posent des questions sur Agora pour que je me trahisse, je n’y connais rien !

- Peut-être mais si moi, je vais là-bas, c’est clair que je me ferai attraper. On ne peut pas passer à côté, l’ambassade est une mine d’informations. Ou alors on reste ici à se tourner les pouces en attendant d’être attrapés par la milice.

Je passe la soirée à parler d’Agora pour lui enseigner les rudiments afin qu’il puisse quand même répondre aux questions les plus basiques. Le lendemain, nous partons donc dans les deux directions indiquées par l’aubergiste. Je confie une Voyageuse à Raine pour qu’il puisse me retransmettre plus facilement les conversations des fonctionnaires tandis que l’autre reste bien au chaud dans ma veste.

 

La bibliothèque, qui répertorie près d’un demi-million d’ouvrages, est magnifique. Les moulures des fondations des colonnes strictes leur donnent un relief subtil, presque sensuel, forçant l’admiration pour la précision de leur finition. Le plafond, qui représente une gigantesque peinture associant l’érotisme à la culture et au pouvoir, est incurvé et le cadre est aussi finement travaillé que les fixations des colonnes, le sol est beaucoup plus rudimentaire. L’endroit est très sombre pour ne pas abîmer les ouvrages.

 

Elle est réservée à tout public, pour peu qu’on respecte le silence et les livres. Je ne savais pas trop comment aborder mes recherches. L’histoire de Kalin ? Trop large : même si c’était surement intéressant, je n’aurai pas le temps de tout lire et puis, j’en connaissais les bases avec mes cours d’histoire à l’école. Je me dirigeais néanmoins vers le rayon histoire en espérant y trouver un volume sur les légendes de Kalin. Rien que pour trouver le rayon, j’ai eu du mal. Au final, je me suis résolu à demander à la bibliothécaire bien que cela me gêne énormément d’exposer ouvertement le sujet de mes recherches, compte tenu de la politique menée en ville mais je ne connais pas l’endroit pour me repérer parmi un demi-million d’ouvrages.

 

Comme je m’en doutais, pas un ouvrage ne parle de la légende du dragon blanc. S’il y en avait eu, il avait dû être soit récupéré par les hommes du roi soit volé mais j’avais peut-être une chance s’il avait été emprunté.

 

- La légende du Dragon Blanc ? Il est interdit de le consulter et le roi l’a retiré des rayons. Vous ne devriez pas en parler ainsi ouvertement.

- Je sais mais tout le monde en parle en ville sans être capable de me dire à quoi elle fait référence exactement.

- Et pour cause, le roi ne veut pas que quiconque la répète à l’Oracle, c’est la seule chose qui fait tenir Kalin sur ses remparts. Déjà qu’il y a eu des fuites.

- Très bien, merci.

J’écourtais la discussion d’une part pour ne pas avoir l’air d’insister et ne pas lui donner la mauvaise idée d’appeler la milice et d’autre part car j’étais animé d’un mauvais pressentiment. Je ne pouvais pas partir précipitamment en plein milieu d’une phrase, c’est clair qu’elle aurait trouvé ça louche et se serait empressé de signaler mon comportement aux autorités mais chaque seconde de plus ici réduisait mes chances de le retrouver. Pourquoi ne m’a-t-il pas appelé ?

 

C’est en tournant au coin de la rue que je les vois l’embarquer. Immédiatement, je constate l’absence de la Voyageuse à ses côtés et comprend pourquoi il ne m’a pas appelé ni pourquoi je ne l’ai pas senti. Seule ma puissance psychique m’a permis de déceler les ennuis dans lesquels Raine s’était empêtrés.

 

La fureur de son cri mental me déchire les tempes et interrompt tout examen des lieux : « Imbécile ! S’ils te voient, ils te captureront aussi, si tu interviens, nous serons des fugitifs ». Et après ? Que veut-il que nous fassions de plus dans cette ville ? Personne n’est capable de nous dire un traître mot sur cette légende, soit parce qu’il ne le veut soit parce qu’il ne le peut. Et Shin est en chemin, il nous sera facile de nous porter à sa rencontre.

 

Je déchaîne des éclairs qui, même s’ils sont faibles, ébranlent le petit groupe. En même temps, j’attrape Raine par le bras pour l’emmener avant d’être violemment arrêté dans ma course et jeté à terre. Une liane s’est enroulé insidieusement autour de ma cheville et se plante vicieusement dans ma peau. La douleur est fulgurante mais je garde conscience. Je tente de me redresser au moment où un entrelacs de lianes vénéneuses commence à nous plaquer au sol.

 

Avant de s’évanouir, Raine neutralise le pouvoir du Fossoyeur de la terre, les lianes retombent mollement sur moi et je me dégage sans trop de difficulté. Les soldats se jettent sur moi, armes au poing, j’imprime ma volonté au vent qui, d’une bourrasque puissante, leur fait perdre l’équilibre. J’en profite pour me saisir d’une épée. Gêné par le poids de Raine et par la douleur du poison qui s’écoule dans mon corps, mes mouvements ne sont pas aussi fluides. Seul contre trois, j’arrive difficilement à les tenir à distance.

 

Très vite, ma maîtrise de l’air est contrée par l’un des soldats qui devait être Souffleur du vent. Au fond de moi, je sens mon pouvoir qui s’agite à chaque fois que j’utilise ses attributs et il menace d’exploser lorsque je tiens l’épée en main faisant bouillir mon sang d’excitation. Les deux métaux s’entrechoquent tandis que je fais un demi-tour sur moi-même pour éviter l’attaque des deux autres soldats. Le combat est trop inégal, surtout dans mon état. La situation aurait cependant pu l’être être encore plus si Raine n’avait usé ses dernières ressources qu’il lui reste pour neutraliser le pouvoir du Fossoyeur de la terre. Cela dit, je devais me méfier car si nos pouvoirs du vent s’annulaient l’un l’autre, l’autre n’était pas encore entré en scène. Il se contentait de manier son épée mais je n’étais pas dupe, je sentais son état de concentration extrême et son offensive pour prendre possession de moi. Le sang, la sueur et la fatigue me pèsent mais je continuais à lutter.

 

Mon épée fendit l’air à l’horizontale pour les éloigner de moi afin de me laisser reprendre mon souffle. Ils ne m’en laissèrent pas l’occasion et repartirent à l’assaut. Juste une deuxième épée, si je pouvais tenir en main une autre épée, ils ne pourront plus me harceler de la sorte. Là, je devais jongler avec une seule lame pour en parer deux longues sans oublier le soldat désarmé qui usait de ses poings pour me déstabiliser.

 

Je fais un moulinet pour dégager la pointe de mon cœur tout en utilisant la poignée de mon épée pour accueillir la pointe de la deuxième épée. D’un geste du poignet, je plaquai mon épée sur l’autre dans un coup violent et agressif faisant trembler les deux lames avant d’enfoncer mon pied dans le ventre du soldat qui a du mal à encaisser mais ne lâche pas son épée. je redirige ma main qui allait s’abattre sur son poignet pour lui faire lâcher prise alors que le soldat désarmé fonce sur moi dans une prise au corps à corps. Je ne me laisse pas surprendre et effectue un simple pas pour lui présenter mon profil mais l’autre m’attend et tranche mon flanc droit.

 

Le sang gicle, la douleur me vrille le cerveau et m’empêche de penser encore plus clairement. Des larmes de douleur et de frustration s’échappent, j’ai beau lutter, je sais que je ne gagnerai pas ce combat, mes forces s’amenuisent bien trop vite. Je tiens à peine sur mes jambes mais je continue. Je ne perdrai pas face à trois misérables soldats à peine capables de tenir une épée en main. Ma lame bloque une fois encore la pointe d’une épée qui se dirigeait vers mon cœur tandis qu’une autre passe à deux doigts de mon œil gauche. Je ne parviens pas éviter le coup de poing dans mon ventre et pose un genou à terre.

 

Je malmène les chevilles de mon adversaire en les tailladant d’un large coup horizontal. Il pose le pied à terre et lâche son épée dont je m’empare vivement. Je regagne l’espoir. Je fais fi de la grâce et de la retenue qu’est censé posséder un escrimeur, je me jette corps et âme dans la bataille. Le dernier soldat armé m’attaque mais je bloque sans difficulté son épée tout en pointant ma deuxième épée sur sa pomme d’Adam pour le tenir en respect. J’hésite une seconde avant de la baisser de quelques centimètres et tracer une large estafilade au niveau de son ventre.

 

L’euphorie de la victoire, même aussi faible, m’excite toujours autant et c’est un cri d’alerte mentale de Raine qui me prévient tout en bloquant l’intrusion psychique de mon adversaire.

« Je n’ai plus de force, je ne peux pas le neutraliser, utilise ton pouvoir »

 

« Impossible, pas ici, en public ».

 

« C’est pas maintenant qu’il faut avoir des scrupules pour agir, dans un cas comme dans l’autre, nous finirons en prison si tu n’agis pas ».

- ÇA SUFFIT ! Tonne soudainement une voix grave, masculine et puissante. Ce jeune homme a dignement combattu, ce serait déloyal que d’utiliser un moyen aussi bas que la manipulation d’âme pour le neutraliser.

Un homme de grande taille dégarni sur l’arrière du crâne et au dos puissant se poste entre nous et le dernier soldat. Autour de nous, de nombreux citadins nous entourent, le visage ferme et fermé.

- Reculez tous ou nous vous mettons en prison pour complicité !

- Arrêtez votre cirque ! Vous dites que vous œuvrez pour l’intérêt public mais c’est vous qui l’empirez en arrêtant n’importe quel citoyen lambda et en incitant les gens à se dénoncer les uns des autres !

Je sens une vague d’énergie pénétrer en moi et, bien que j’avais anticipé le fait qu’il profiterait des perturbations pour agir, j’ai du mal à la contenir. La tension monte à l’extérieur mais elle devient bien trop forte en moi pour que je puisse suivre ce qui se passait. La pression disparaît aussi rapidement qu’elle était venue.

- Il suffit que je m’absente dix jours pour que ça devienne un gros n’importe quoi ici.

Je me retourne vivement pour faire face à une véritable cargaison. Ma mémoire identifie l’homme aux cheveux grisonnants, au regard dur mais qui inspire la confiance et distille l’autorité, comme le général en chef de l’armée de Maru. Cette fois, je n’ai aucune chance.

 

Je tente de paraître assuré sur mes jambes lorsqu’il se déplace jusqu’à moi pour me scruter les yeux. C’est dur mais je parviens à ne pas baisser le regard face à son regard inquisiteur. Je ne cache pas ma surprise lorsque Shin apparaît derrière lui, une fois qu’il est efface, et c’est dans les bras chaleureux de mon amant que je me laisse tomber.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mercredi 15 septembre 3 15 /09 /Sep 15:37

Enfin rentrer de vacances c'est le retour de Danouch sur la plateforme overblog !

Mes personnages ont finis leurs congés payés ! Ils vont devoir se remettre au boulot :p

 

Plus qu'à mettre internet dans mon nouvel appart' et réparer mon ordi hihi

 

BISOUS A TOUTES

Par Danouch - Publié dans : Post it de Danouch =)
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Texte Libre



L
a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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