Texte Libre

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Juillet 2025 | ||||||||||
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Brises moi les doigts
(love-romance) {TERMINER} [11]
Jamais un sans Deux (coprod lilly-love-romance) {TERMINER}
[43]
Agora (coprod lilly-fantastique-combat) {En cours} [44]
Nos corps élancés, la chaleur étouffante et salvatrice. Une sensation d’impuissance, de faiblesse, de subordination à l’autorité d’un désir
au-delà de tout ce qu’il est possible d’imaginer. Nos bouches se séparent dans le déchirement, nos regards embrumé, notre envie de reprendre ce fantasme tant rêver.
- Vous vous rendez compte…que vous pactisé avec l’ennemis…soldat, me dit Derek Mauser
- C’est passible de peine de mort…
- Il me semble…
Sans plus attendre nous reprenons un baiser
fougueux, malgré les douleurs corporel je me précipite pour quitter les lambeaux de vêtements qui me restaient sur le corps, il pose un regard indéfinissable sur moi et caresse mes bleues du bout
des doigts. Lentement il se baisse pour passer une langue suave sur chaque partie douloureuse, je frissonne de plaisir et de souffrance. Un sentiment si paradoxale, si étrange qu’il en est
excitant. Avoir du plaisir jusqu’au sadisme, c’était un peu l’état des choses. J’étais dans les bras, entre les cuisses d’un lieutenant-colonel ennemis et pourtant je n’avais aucun regret. Aucun
scrupule, je ne voulais qu’une chose, le posséder jusqu’à la moelle, l’emprisonner et le rendre dépendant. Qu’il ne désire que moi, qu’il n’aime que moi…
Brusquement il soulève mes jambes autour de ses hanches et me plaque plus brutalement contre le mur, je grimace de douleur et rougit de surprise. Je descend son pantalon maladroitement et sans préparation il me pénètre en me plaquant sa bouche sur la mienne pour étouffer le cri. J’en pleure presque de souffrance, un déchirement mais très vite ses coups de reins me font grimper dans les gammes de jouissance. La voix plus roque, les gémissement de plaisir, les souffles chaud, sa bouche qui me mord le cou. Mes mains baladeuses qui déchirent sa chemise, je m’accroche à ses épaules alors qu’il accélère et lèche sa clavicule découverte. Une érection douloureuse, un rapport puissant et passionnel, la tentation de l’interdiction. Nous avions transgressé toutes les règles possible, d’une part nous étions sur deux camps différents et d’autre part nous étions deux hommes.
Aucune peur, aucun doute, je me fichais éperdument de mes états de services, je me fichais de sa race, de sa nationalité. A l’heure qu’il est il n’était qu’un être de fascination et de dévotion, il était de mon côté de la rive pour encore quelques minutes.
La chair contre la chair, la claquement de nos corps, nos cris à l’unisson, notre ultime supplication. Je griffe son dos alors qu’il se plaque à moi avec force en me mordant la peau. Quelques secondes et nos corps se détendaient. Je glissais le long du mur et il s’asseyait en face de moi le pantalon en bas des jambes. Je reprenais mon souffle encore trop sonné pour réagir. Je redresse le visage alors m’attendant à me faire virer sans état d’âme, malgré moi j’espérais que ça ne s’arrêtais pas là…
Derek Mauser ouvrit un œil le souffle court, il remonta son pantalon sans le boutonné, il continuait de fixer presque insensible ou pas assez conscient pour réussir à faire quoique ce soit d’autre. Déçu et blessé plus que ce que je voudrais je ferme les yeux tentant de ne rien montrer. Brusquement j’ai senti le vent souffler dans mes oreilles, il s’était approché de moi si rapidement que j’affichais une expression de surprise qui lui faisait rire. Un sourire arquer, une bouche à proximité de la mienne, il alternait entre mes yeux et mes lèvres. Je fermais les yeux à mon tour et franchissais les derniers petits millimètres qui me séparaient de la chose tant désiré. Un baiser doux et délicat, rien de vorace ou de fougueux, la patience, la dégustation. Un instant semblant éternel.
- Es tu capable d’aimer une ordure comme moi ? Il me susurra le regard mélancolique
Une heure plus
tard, Derek me raccompagne personnellement jusqu’à ma prison, personne n’aurait put se douter une seconde ce que nous venions de faire. Il regarde de chaque côtés du couloir avant d’happer mes
lèvres dans un dernier baiser de ferme la porte. Je reste sur ma faim posant une main désespéré sur la porte, je soupire de fatigue. Aurons nous vraiment une chance de vivre quelque chose ? Je
suis un prisonnier de guerre, il est un haut militaire estimé par leur Guide. Je me couche sur le sol, les yeux grands ouvert, j’aimerais tellement que tout ceci disparaisse, j’aimerais tellement
que la guerre s’arrête.
Chaque instant avec lui était un instant de complicité, parfois aucun de nos deux ne parlaient nous ne faisions que nous regarder longuement. Pensant certainement à la même chose « si seulement… », des instants douloureux face à la réalité mais indispensable pour tenir. Je me souviens d’un soir où il s’est même introduit dans ma cage et alors que je me réveille encore un peu sonné il me demanda d’une voix mielleuse de m’endormir. Tout allait bien, tout se passerait bien…
J’ai donc fermé les yeux, confiant, ce que je ressentais à l’égard de Mauser n’était pas explicable, ce n’était pas recommandé. C’était même dangereux mais à quoi bon résister quand on a déjà sombré.
Puis un jour il disparu, soudainement.
Comme un fantôme,
comme une hallucination, il s’était envolé. Du jour au lendemain je n’étais plus appelé dans son bureau, les soldats ne daignaient répondre à mes questions. Tout se passerait bien…J’avais de plus
en plus du mal à croire ce qu’il m’avait dit car tout se passait mal. Petit à petit, enfermé comme un animal, mon esprit déraillait ! Et si on l’avait découvert ? Si un soldat nous avait entendu
? Et si il était jugé en cour martial ? Et si on l’avait transféré loin de moi ? Une solution surement trop douce pour un traître en temps de guerre…Si jamais il avait été découvert, ne serai ce
qu’une rumeur, il sera exécuté.
Des frissons d’horreur me parcouraient le corps, je gémissais dans mon coin ruminant des paroles insensibles, la pièce tanguait et tout devenait flou. Le froid pénétrait dans ma peau comme des piques alors que soudainement la lumière illuminait mon corps. Un homme. Un sourire malsain. Sans même que je puisse me protéger trois allemand me crachaient dessus, les coups de pieds sur mon corps, les bras devant le visage je me mordais la langue pour ne pas crier, ne pas hurler. Ne jamais montrer la douleur, ne jamais céder. Je me retenais ayant l’impression que mon enfer avait recommencé, qu’il ne s’était jamais arrêté, que Mauser n’était qu’un doux rêve…
Je devenais fou sans lui, j’avais perdu l’esprit, me méfiant de tout même de la réalité, étais ce vraiment une pièce ? Etais ce des soldat ou des démons ? Des rires ou de cris d’animaux qui s’acharnent sur une proie ? Le bruit insupportable s’infiltrait dans mes oreilles, j’étais couché et pourtant ma tête tournait, je ne pouvais pas fermer les yeux, le souffle coupé, le bruit inquiétant des coup dans la chair et des souffles courts des soldats.
Ils s’en vont essouffler. Je soupire de douleur. Mes yeux finissent par se laisser aller comme un mourant mais malheureusement je suis encore en vie. Mauser…Où es tu ?
- Debout !
Un bain d’eau glacé, on
m’avait jeté un saut d’eau gelé, je reprenais mon souffle avec difficulté et je me demandais encore comme j’ai put survivre à une telle nuit d’hiver. Je me relevais douloureusement, le corps
meurtri. Le soldat me sortait de la pièce avec violence mais au moins j’avais l’infime espoir de revoir Mauser, je reprenais presque de l’espoir quand je le voyais me conduire jusqu’à son bureau.
Je me retenais d’arquer un sourire mais ma déception nan fut que plus forte lorsqu’il ouvrait la porte.
Ce n’était pas Mauser. Quelqu’un l’avait remplacé, un homme à la carrure importante, un âge certain, le visage osseux. Ses yeux perfides m’ordonnaient de m’asseoir, comme son prédécesseur il me présentait sa carte.
Je le regarde, indifférent, le méprise, et crache sur sa carte avant de lui donner un sourire digne de ce nom. Je reçois en réponse un coup de poing en pleine mâchoire, le visage sur le côté je recrache le sang sur ses chaussures et me lèche le bord des lèvres. L’allemand me tend une nouvelle carte, je prend le stylo entre mes mains et commence à écrire en gros « VA TE FAIRE FOUTRE ». Je pensais recevoir un nouveau coup de poing bien placé.
Il me prend brusquement la main, la plaque sur la copie et sans hésitation me plante le stylo dans la paume avec force. Mon cri de douleur fut si puissant que j’aurai put réveiller le bataillon d’à côtés, je serre les dents d’horreur en essayant de retenir la douleur par de grandes respirations. La haine dans le regard, la rage tentait d’anesthésier le stylo planter dans ma main. Il l’enleva avec sadisme et dans sa langue perfide il me tend une nouvelle carte.
Je fais tout mon possible pour retenir mes larmes, j’entends des cloches sonnés dans ma tête mais aussi le bruit du tambour militaire. Je serre la main ensanglanté et fait couler mon sang sur le papier sans le lâcher du regard, son sourire sadique s’efface et brusquement il se relève et hurle !
Un soldat déboule dans la pièce, suivit d’un autre, il me plaque tous les deux violemment contre le mur ! Je ne peux rien faire, je suis sans défense, je ferme les yeux et endure ! Je ne trahirai point, je préfère mourir sous la torture. Mauser est parti, ils l’ont surement transféré et je ne veux pas résister, je ne veux pas essayer de vivre…Peu m’importe maintenant ils peuvent bien m’achever de coup, me faire cracher tout le sang qu’ils veulent !
La mort me semble si douce maintenant.
- Stop.
Me vidant comme un
porc, il me soulève par le col, à moitié inconscient je ne le regarde même plus. Tout s’assombrit et tout s’effondre. Je suis à bout, épuisé, je suis fatigué de respirer…Je m’évanouie de
douleur.
Le réveil fut plus glaciale que jamais, pour la première fois je me laissais aller à pleurer, les larmes venaient chauffer mes joues glacées. L’hiver pénétrait dans ma peau par un millier d’aiguilles, je pleurais en silence n’ayant pas la force de m’arrêter, n’ayant pas la force de me retenir. C’était sans doute mes dernières larmes…
Coucher sur le sol, je pense à Mauser, il était sans doute ma seule source d’espoir dans cette peinture de chair et de sang. Il l’était. Mon unique envie de ne pas céder, de ne pas craquer devant les soldats, mon unique raison d’être encore. Il avait effacé à lui seul les visages de mes amis, de ma famille, il avait remplacé tout ce qui était remplaçable. Ce que je désirais plus que tout, ce n’était pas retourner dans mon pays c’était sortir de cette prison avec lui et ce peu importe où nous irions par la suite, peu importe comment. Tout ce que je voulais c’était arracher ses grades et cette différence que nous séparait qu’elle soit visible ou non. J’aurai renié mon pays, renié mes principes, renié mon Dieu ! Je ne voulais qu’une seule chose, rester avec lui…J’aurai donné mon cœur, mon corps et mon âme à l’enfer si il le fallait. Je me serai volontiers jeter dans un fossé et j’aurai été heureux car il serai avec moi.
- Debout. Aujourd’hui c’est jour de gloire pour toi, me dit le soldat sadiquement
Cette fois je n’y échapperai
pas. Je me redresse vacillant, je n’ai même pas la force de résister ou de parler. Je me contente de m’accrocher au mur pour ne pas tomber. Je sors à l’extérieur. Tout le bataillon allemand est
là. Je suis le condamné conspué et Mauser avait raison, je ne suis qu’un chiffre, un soldat parmi tant d’autre et personne ne viendra me sauver. Je m’approche du grillage et me tourne vers les
soldats qui me pointe avec leurs armes.
- Tournes toi ! Hurle le lieutenant-colonel
- Vous allez me tuer comme des lâches ? Je préfère encore regarder mes assassins dans les yeux, dis je alors dans mes dernières force de fierté
Il ne répond pas. Je lève les yeux au
ciel assombrit, j’ai froid mais tout va bientôt se réchauffer et c’est tout ce qui compte.
- Stellen Sie Waffe vor! (Présentez arme !)
Lieutenant-colonel
Mauser…
- In der Backe! (En joue !)
Derek…
- Feuer ! (Feu!)
Je t’aime…
- HALT !
J’ouvre les yeux
brusquement. Les coups de feux ne sont pas partis. Il est là, grand, fier, habillé dans les grades puissant de Colonel. Je reste figé sur place, stupéfait. La foule de soldat se met au garde à
vous et laisse passer le haut gradé, il s’avance vers le lieutenant-colonel qui se met brusquement au garde à vous. Il le toise du regard et s’approche maintenant de moi. Son regard gris, sa peau
laiteuse, quelques mèches blondes qui ressort de sa casquette. Un sourire à peine prescriptible qu’il se tourne brusquement vers les soldats du fond. Impressionnant et menaçant, l’un d’eux
s’avance et viens me chercher alors que je m’écroule sur le sol.
Je rêve c’est impossible.
Mes yeux papillonnent j’ai
l’impression d’être dans un lit, pas forcément confortable pour la plus part des gens mais pour moi c’est une bénédiction, mes bandages ont été changé, je suis propre. Je crois que je suis au
paradis, je remonte la couverture sur moi et referme les yeux ne voulant en aucun cas me réveiller. Je sens une main se poser sur mes cheveux, me caresser la tête avec douceur. Je me retourne
lentement le cœur battant. Son visage froid et menaçant en tant normale dégage une telle tendresse et chaleur lorsqu’il sourit ainsi. Il se penche vers moi doucement et dans un temps qui me
semble une éternité il dépose ses lèvres sur les miennes. Il n’était pas un rêve, il n’était pas parti à tout jamais.
- Pardonnes moi…Il fallait que je parte.
- Pour passer ton concours de Colonel.
- Oui.
- Pourquoi ?
- Un lieutenant-colonel ne peut prendre des décisions seuls, un Colonel a plus de compétences et de poids administratif. Je vais te laisser partir.
- Pas sans toi.
- Ecoutes moi, tu vas partir dans un petit village en montagne, loin de la guerre, loin de tout. Tu te refais une vie et quand tout sera fini je te rejoindrai.
Il me dévisage et me sourit à nouveau.
- Tu le promet ? Je lui demande d’une voix faible
- Je te le promet…
Encore un baiser.
Nous étions dans l’hiver de 1944, les allemands capitulaient sur diverses front et les alliés ne faisaient
qu’avancer sur leur territoire. J’ai été libéré sous ordre du Colonel Mauser en début Février 1945. J’ai trouvé refuge dans un petit village français dans le sud, après tant de mois dans la froid
je ne voulais voir que du soleil pour le reste de mes jours. Comme me l’avait conseillé Derek j’avais tenté de refaire ma vie tout en attendant patiemment qu’il me revienne.
Fin.
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Aahhh mon petit One shot =) C'est à vous d'imaginer si oui ou non
ils se retrouveront en tenant compte du contexte lol
^^
Mais bien sûre vous connaissant il y a toujours des miracles, en attandant voilà.
Je vous met la suite de JUSD pour demain dans quelques minutes (étant donné qu'il était 23h36)
et je vous promet la fin de Brises moi les doigts avant la fin de la semaine ^^
ENSUITE
Je continue WSH avec La dernière avant la prochaine.
Voilà
BISOUS
Une condamnation à mort sommaire. Une sueur froide le long de la colonne, mes jambes se sont
arrêtées. J’ouvre les yeux lentement, le temps se fige. Pas de douleur, pas de sang. La main du soldat allemand continue de me pousser brusquement jusqu’au bâtiment du lieutenant-colonel, je
tente un regard en arrière, un homme a été abattu dans la cour des russes. On me pousse encore plus fortement, leur langue agressives s‘évadent dans l‘air comme une meutes de loup qui ne cesse
d‘aboyer, il ferme la porte je jette un regard sur le cadavre. Le colonel russe sa cigarette encore dans sa bouche.
- Ja ? (Oui ?)
Le soldat me jette
à l’intérieur et referme la porte derrière moi. Le lieutenant-colonel est assit sur son siège, des papiers dans les mains, les cheveux en pagaille et des lunettes sur le nez. Il se redresse et
retire ses lunettes. Je ne bouge pas jusqu’à ce qu’il pousse la chaise jusqu’à moi avec son pied, je m’assois donc sans le lâcher du regard. Une chemise blanche et un polo sans manche bleu marine
avec l’emblème de l’aigle épinglé sur le cœur. Il replonge le nez dans ses papiers. Ses cheveux blonds cache son visage concentré, ses mains fines plongent à l’intérieur pour les repousser. Je
remarque qu’il a des mains très grandes, des mains puissantes et fines, des mains qui ne sont pas faites pour l’armée. Je penche un peu la tête sur ses papier, certes je ne comprends rien mais je
suis attiré immédiatement par le logo sur la gauche de la feuille.
- Vous passez un concours ? Je demande curieux
Il me jette un regard noir avant de se plonger à nouveau dans ses copies.
- La carte est sous vos yeux, indiqués les emplacements et je vous laisserai partir.
- Je ne suis pas si stupide, on ne laisse jamais partir un prisonnier de guerre, dis je d’un ton sarcastique, tout comme le colonel russe.
- C’est un prisonnier de guerre de très haute importance, il a commandé une opération de destruction à Munich. Auteur de crime que vous n’êtes même pas capable d’imaginer, nous l’avons exécuté en conséquence. Avez-vous été le dirigeant d’une opération de viols et de tortures contre des civils ? Il demande en connaissant la réponse
- Non.
- Alors nous vous laisserons partir, vous n’êtes d’aucune utilité et pas une très grande menace.
- Je ne trahirais pas ma patrie. Dis je alors le torse gonflé
- Votre patrie vous abandonnez. Vous n’êtes qu’un chiffre soldat, comme nous tous. Notre mort leur importe peu, ce n’est qu’un prétexte pour justifier une nouvelle guerre et de nouvelles horreurs point.
- Pourquoi vous êtes vous engagé lieutenant-colonel ?
Le silence est de glace, il
range ses papiers, prend une profonde inspiration avant de planter ses yeux gris dans les miens. Je reçois une décharge électrique qui me parcours l’échine, le déglutis ne pouvant détourner ses
yeux, une vague de chaleur prend possession de corps.
- Contrairement à vous soldat, je ne me suis pas engagé pendant la guerre. J’ai toujours voulu être soldat pour
sauver les innocents. Retenez bien ça soldat, il n’y a pas d’innocent, il n’y a que des hommes totalement rongé par la cupidité et la soif de pouvoir. Peu importe les principes, peu importe les
camps, nous sommes tous responsables.
- Vous êtes tout de même lieutenant-colonel ! Comment peut on autant dénigrer sa profession ?
- Comme je vous l’ai dis. J’avais des idéaux, des illusions pour sûre mais elles restaient noble dans mon esprit.
Contre ma volonté, mon regard changeait lorsque je posais les yeux sur le lieutenant-colonel, quelque part je savais qu’il avait raison, ces expressions montraient chez lui une humanité et une expérience du front que je serai incapable d’avoir. A partir de ce jour un sentiment nouveau naissait en moi, un sentiment que je haïssais car il me fais me sentir bien en présence du lieutenant-colonel, je ressentais une certaine estime pour lui et je détestais ça ! Je n’avais pas le droit de sympathiser avec l’ennemis, je ne devais pas ressentir ça pour un nazi…
Comme tous les autres jours je n’ai rien indiqué sur la carte, j’étais bien trop occupé à essayer de sondé l’âme de mon tortionnaire, je tentais de comprendre ce qui peut conduire une personne à toucher le fond de cette façon. A perdre tout espoir. Puis au fur et à mesure que les minutes défilaient je me posais des questions sur sa vie, avait il une famille ? Une femme ? Des enfants ? Il était plutôt jeune pour un lieutenant-colonel…L’après midi s’est écoulé plus rapidement que je le voulais, un soldat allemand vint me chercher pour me conduire jusqu’à ma niche. Le lieutenant-colonel ne releva même pas les yeux sur moi alors que je quittais la pièce.
- Comment s’appelle le lieutenant-colonel ? Je demande alors au soldat qui m’accompagne
- Je ne vois pas en quoi ça t’empêcherai de mourir, dit il dans un rire sonore
- Prenez ça comme une dernière volonté alors, dis je toujours dos au soldat
- Le Lieutenant - Colonel Mauser. Une grande image de l’armée allemande si tu veux tout savoir, c’est un spécialiste du combat, le Führer l’estime beaucoup.
- Mauser ? Un prénom peut être ?
- Derek Mauser. Une autre question ?
Il se retourne pour me faire face.
- Non.
Sans plus de
formalité il me jette dans ma cage et referme la porte. Je remarque que mes bandages ont besoin d’être changé, je relève mes vêtements et constate avec douleur que mes bandages sont souillés par
le sang et la poussière. Inutiles. Je les retire doucement, des bleus très effrayant couvre mon corps. Du bout des doigts je caresse la zone, je ferme les yeux et serre les dents. Même un
effleurement me fait mal, la tête en arrière contre le mur froid je continue de toucher mon torse avec délicatesse, mes mains deviennent plus douce. Mes traits se détendent, mon manque de sommeil
me fait somnoler, mes mains bougent sans que je ne les contrôle comme si j’étais déjà parti. Ce ne sont plus mes mains qui frôlent ma peau, ce sont des mains plus grandes plus douce, une odeur
subtile, un souffle chaud dans mon cou. Je soupire de bien être, tel un remède ces mains inconnus apaisent mes souffrances. Ma respiration est plus chaude, plus haletante, j’ouvre les yeux
lentement les yeux encore brumeux. La magnificence du lieutenant-colonel entourer d’un flou artistique, le rendant encore plus beau, encore plus attirant.
J’ouvre brusquement les yeux, un coup de massue sur le crâne, j’ai la main posé sur ma cage thoracique mais personne d’autre dans la cellule. Je reprend mon souffle soulager. Quel rêve étrange et…dégoutant ! Si j’en avais la force je me flagellerai pour avoir des pensées aussi horribles ! Je secoue vivement la tête et me couche en tentant de dormir. Comme les autres nuits, personne n’est venus me rappeler ma déchéance.
Aux premiers rayon on me réveille, le soldat allemand me tire de mon sommeil avec violence, un coup est partie dans mon thorax me coupant la respiration. J’ouvre brusquement les yeux, la pièce tourne. Recroquevillé sur moi-même, les bras entourant mon corps je tentais de reprendre mon souffle.
- Le lieutenant-colonel veut te voir débout ! Me dit le soldat
Ne pouvant pas
parler ni me déplacer, l’impatiente de mon bourreaux l’oblige à me redresser violemment par le bras, je grimace à nouveau la douleur dans le bras, sa poigne forte et pressante. Il me lance contre
le mur du couloir où je manque de tomber. Je tiens tant bien que mal.
- On a mal ? Dit il un sourire sadique sur les lèvres
Je fronce les
sourcils, je devrais peut être précipité ma chute. Lui sauter à la gorge et lui arracher un bout de chair avec les dents. Il me tuerait sur le champs. Seulement depuis peu je n’ai même plus envie
de mourir.
Arrivé devant le bâtiment du lieutenant-colonel, le soldat allemand se fait moins brusque, il m’ouvre la porte et la referme naturellement derrière moi. L’habituelle chaise devant moi, je m’assois et remarque enfin les deux plateaux sur le bureau. Mon cerveau met un certain temps à comprendre.
- Manges donc avant que ton café ne soit froid, il me dit un croissant dans la bouche.
- Vous vous moquez de moi ? Dis je alors irrité
- Pourquoi je ferai ça ? Dit il naturellement
- On n’offre pas un petit déjeuner à un prisonnier de guerre !! Je hurle alors
Outré je me lève, c’était aberrant ! Que voulait il au juste ?
- Si vous ne le mangez pas il repartira dans les cuisines. Quand on est dans votre situation il faut savoir apprécié toutes les petites choses qu’on nous donne, alors mangez et rangez votre fierté au fond de votre cul si je puis me le permettre.
Le lieutenant-colonel se retourne une tasse de
café fumante dans les mains. Je m’assois alors comme un homme giflé.
- Merci, je murmure
Un merci qui venait du fond du cœur,
un merci pour tout ce qu’il apportait dans le reste de ma misérable vie. Un merci qui m’écorchait quand même la bouche, mais un merci qui me brûlait les lèvres. Une idée saugrenue commençait à
faire son nid dans mon esprit, le lieutenant-colonel était peut être celui avait fait cessé les matraquages nocturnes ? Il était sans doute à l’origine de la nourriture encore sur son plateau et
plus à même le sol ?
- J’ai une question, dis je alors, Est-ce…vous qui…Est-ce vous qui avez fait cessé mes visites nocturnes
?
Le silence retombe. Comme si il ne m’avait pas
entendu il continue de boire son café. Au bout de quelques secondes il se retourne et pose sa tasse à moitié vide sur le bureau. Ses yeux attirés par la fumée.
- Si je vous dis oui qu’est-ce que ça changera ?
- Tout.
- Comme quoi ?
- Comme mon regard envers vous, dis je alors la gorge serré
- Et qui vous dit que votre regard compte pour moi ?
Il relève la tête vers moi. Je déglutis.
- Je ne dis pas qu’il compte, je dis simplement qu’il changera.
- Et si ce n’est pas moi ?
- Je…je suis sûre du contraire, dis je alors plus insistant
Il se lève de son siège mon cœur manque de lâcher, je me redresse comme un « i » sur ma chaise, la bouche scellé il s’approche de moi. Il s’assoit sur le coin de sa table et se baisse jusqu’à moi.
- Ne soyez pas si confiant soldat.
Sa voix si bourdonnante, si basse, il m’invitait presque à s’approcher pour l’entendre.
- Pourquoi vous avez fait ça ? Suis-je un prisonnier particulier ?
- Mon regard envers vous compte ?
- Oui…, je souffle
Mon corps devenait plus moue qu’une guimauve. Il continue de s’approcher, sa bouche si proche de la mienne.
- Je n’ai rien avoir la dedans.
Il recule
brusquement et se dresse pour retourner sur son siège. Je reste perturbé, la bouche légèrement entrouverte ne pouvant croire une seconde que j’étais si inoffensif lorsqu’il posait son regard gris
sur moi. Je prenais conscience de la réalité, il n’était pour rien dans mon traitement de faveur, quelque part j’étais soulagé mais malheureusement au fond…j’étais blessé. J’espérais sans doute
que je n’étais pas qu’un simple prisonnier pour lui…
- Vous mentez, dis je alors dans un élan d’espoir
- Ecoutez soldat je vais mettre les choses au clair avec vous, je ne suis pas votre ami. Je suis votre ennemis.
- Alors pourquoi m’offrir un petit déjeuner ?
Il reprend sa tasse et m’ignore royalement.
- Vous n’êtes qu’un hypocrite lieutenant-colonel Mauser. Vous dites de belles paroles mais vous ne respectez même pas les autres. Je suis un prisonnier qui n’a pas le droit de connaître la vérité ? Je ne le mérite pas c’est ça ? Comme je vous plains.
Il se retourne brusquement.
Le regard assassin, c’est la première fois que je le vois en colère, il pose violemment sa tasse sur la table, il se lève et s’approche de moi d’un pas menaçant. Je soutiens son regard avec appréhension mais je ne me défilerai pas ! Je n’ai pas peur de lui. Il peut me frapper je m’en fiche. Il me soulève comme un vulgaire insecte et me plaque contre le mur. Je serre les dents sous la douleur mais je ne détourne pas le regard.
- Vous êtes trop confiant Alexandre Miller.
Je n’ai même pas eu le temps de répliquer
qu’il plaque sa bouche contre la mienne. Un souffle nouveau pénètre dans mes poumons, je sens toute mes forces me quitter, mes bras ballant le long du corps le baiser prend possession de tout mon
être. Sa langue chaude et humide s’enroulant autour de la mienne avec passion. Des frissons me parcours le corps entier jusqu’à faire vibrer la moindre parcelle de peau, sans hésitation
j’approfondit le baiser. Je le serre contre moi dans une étreinte presque désespéré, ses bras passent derrière mon dos et caresse ma peau découverte, ses mains se glissent sous mon uniforme.
Chaudes et douces comme je les avais imaginées.
à suivre...
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J'ai juste un truc à dire ... J'adore les hommes en uniforme :p
J'espère que ça vous plait bisous =)
Nous l’avons appelé la Seconde Grande Guerre, la seconde parce que nous espérions qu’elle serait la
dernière.
Plus tard les historiens diront que cette guerre sera la plus meurtrière qu’il n’est jamais existé. Plus de soixante millions de mort, dix fois plus quand 14-18. Plus tard les historiens diront que ce chiffre n’est qu’une approximation car la bombe nucléaire engendrera des morts sur plusieurs années. Cette guerre était la plus inhumaine, la plus cruelle et la plus sale que le monde connait. Dans les livres nous pourrons lire « ils se sont battus au nom de leur patrie. Ils se sont battus et sont mort sur le front comme des héros. » Mort. Comme des héros peu importe, ils sont mort.
Je regarde autour de moi, la vue brouillée par la terre humide, les résidus de poudre, le sang rampant sur ma peau granulant à cause de la terre propulsé dans les airs par les tirs de panzer. Je n’entends plus qu’un son strident qui nous crève les tympans, autour de moi il n’y à que des corps décharnés, les visages déformés par la douleur ou figé dans l’instant. Des soldats, des amis.
Ceux qui résistent continu de hurler en tirant, Owen hurle dans sa radio mais personne ne lui répond.
L’aviation en renfort a été détruite à l’approche du Jura.
J’ai l’impression d’entendre des voix
célestes pleurer notre perte et notre défaite face à l’ennemis. Nous sommes des héros mort sur le champs de bataille. Rob s’approche de moi en criant, il me secoue comme un prunier et ses lèvres
bougent mais sa voix n’est qu’un bourdonnement désagréable. J’ai l’impression de m’enfoncé profondément dans un abysse tout en étant conscient de ce qui m’entoure. Je ne sens plus mes
jambes.
Ettelbruck était un piège. Nous nous sommes fait piéger à notre propre jeu. Nous avons compter sur notre effet de surprise : les plus surpris c’était nous. Notre chairman en flamme juste devant l’église que nous avons prit comme abri, nous sommes encerclés par les allemands. Ils ont deux panzer qui nous bombardent, à chaque tire de canon la maison tremble et les murs tombent. Les hommes meurent autour de moi et je crois que je suis le prochain.
Mort dans l’honneur. Mort sur le front comme tout bon soldat. Notre fierté militaire nous donne une force inconnu, nous ne craignons pas la mort. Nous l’attendons, elle est notre récompense, elle est notre douce qui nous attend à la maison.
Rob hurle à s’en faire mal, il ne pleure pas, un soldat se doit d’être fort. Misérablement j’arque un sourire et ferme les yeux. Je ne peux plus rien faire, ma mort est là, elle me tend la main avec douceur et je la saisi sans appréhension. Un soldat ne pleure, un soldat n’a pas de sentiment, il se doit d’être courageux et insensible. Il ne craint ni la douleur, ni la peine. Je rejoindrai mes amis tombés, ils m’accueilleront comme il se doit et de là haut nous protégerons ceux qui restent au combat.
Le noir. Le soulagement. C’est la fin d’une guerre pour moi.
Un bain d’eau glacé. J’ai l’impression qu’on m’arrache mon cadeau divin. C’est un réveil brutale et douloureux, plus brutale qu’un coup de massue on m’extirpe de mon repos pour me plonger dans une réalité sanglante et qui semble immortelle. Mes yeux s’ouvrent dans la souffrance et le dégoût, à chaque fois que la lumière pénètre, ma rétine hurle, ce n’est pourtant qu’une faible lampe dans un trou mal odorant. Un nouveau bain d’eau glacé. Je prends pleinement conscience de ma survie, couché à même le béton froid et humide dans des habits sales et déchirés. Des pansements mis grossièrement autour de ma poitrine, de ma cuisse et un bandeau sur le front. Toutes mes blessures semblent se réveillée à leur tour et récupérées toute leur force destructrice. Je gémis immédiatement sentant qu’elles me déchirent la peau et refroidit mon sang dans mes veines. Où suis-je ?
Deux soldats sont devant moi, des uniformes gris, une petite croix de fer sur le col, des visages carrés et sévères. Des allemands.
L’horreur de la situation me saute alors à la figure, je suis prisonnier de guerre. Le pire destin pour tout soldat.
- Ouvres les yeux arschloch (trou du cul) !
Sans m’y attendre, un
coup violent est parti dans les côtes déjà meurtries, je serre les dents pour m’éviter de crier et m’écroule sur le sol. Les mains attachées par des cordes. Les coups fusent ainsi que les
insultes dans leur langue de serpent, dans les côtes, dans les jambes, le visage. Mon corps entier me fait mal. Soudainement ils s’arrêtent.
On me jette un papier devant avec un stylo, l’un me relève et m’enlève la corde autour de mes mains. Mes poignets saignent.
- On n’a pas le droit de te tuer hurensohn (fils de pute) le patron veut que tu nous indique la base d’où tu viens,
me dit l’un d’eux.
Leur haleine
putride, le goût amer du sang dans ma bouche, je leur tends un sourire moqueur et crache le liquide rouge sur la carte, le cœur gonflé de fierté et de mépris. Si je pouvais j‘aurai même pissé
dessus leur foutue carte. La réaction fut nette et puissante, le coup de poing était tombé, en plein dans la mâchoire.
- Art die Scheisse amerikanischen ! (Espèce de merde d’américain !)
Le visage proche du sol tentant
de retenir l’effluve de douleur je ferme les yeux avec force, je ne sais pas combien de temps je tiendrais mais si il le faut je m’arracherai la langue pour ne pas craquer. Je me briserai les
mains, les provoquerai jusqu’à ce qu’ils décident de me tuer.
Dés notre appel sur le front, les Sergent nous préviennent toujours que la pire des choses qui puissent arriver à un soldat ce n’est pas de mourir une balle dans le dos ou de perdre un membre. La pire des choses pour un soldat et de se faire capturer vivant par l’ennemis. Les tortures les plus cruelles et inimaginables que subisse un prisonnier de guerre sont si affreuses qu’elles terrorisaient le plus puissant des Commandant. Un prisonnier de guerre n’est qu’un jouet, qu’on fait saigner jusqu’à ce qu’il craque et il peut être maintenu en vie pendant des mois dans ces conditions quotidiennes jusqu’à ce qu’il avoue. Une fois qu’il a craqué, soit il est libéré et la douleur de la trahison est telle qu’il finit par se suicider. Soit il se fait tuer, là encore, cruellement. Le Sergent nous avait raconter qu’une fois il avait été fait prisonnier de guerre, pendant la Grande Guerre. Un homme avait tout avoué, les emplacements des ressources alimentaires, les emplacements des bases militaires dans les montagnes, tout. L’ennemis lui avait fait croire qu’il était libre et pendant qu’il courait vers la sortie, ils l’ont abattu lâchement dans le dos.
Je me souviens que mes poings s’étaient serrés tellement fort que les veines ressortaient de mes bras, mes articulations étaient devenues si blanche, j’étais si en colère, si outré que je n’avais qu’une envie. Tuer ces connards. Les anéantir jusqu’au dernier.
Le Sergent…Sans doute est-il mort. Ainsi que Rob et Owen.
Les deux soldats sortent de ma cage. Je reste seul à penser.
Ils sont tous mort…
Quelques heures après un soldat
arrive avec un plateau, le visage marqué par des cicatrices, un sourire vainqueur. Il jette le plateau par terre et cette espèce de purée de je ne sais quoi s’étale sur le béton sale. Il
s’approche de mon visage et plante son regard bleu dans le mien.
- Comme les chiens, dit il avec l’accent
Il sort dans un dernier regard
méprisant. J’observe la garniture douteuse, des hauts le cœur me viennent automatiquement. Je tourne le visage et regarde la pièce. Plus sombre qu’un cachot, pas une fenêtre juste une petite
lucarne avec des barreaux laissant la lumière de l’extérieur éclairer le coin de mon enclos. J’observe plus attentivement le mur, des traces attirent mon attention. Des traces de griffures dans
le béton ? Je ne suis pas le seul apparemment à être venu ici, des bouts d’ongles encore ancré dans le mur. Je frissonne. Combien de temps vais-je tenir ?
Je pensais passer la nuit sans visite. La Lune éclaire le coin je sens mes yeux se fermés seules, je me laisse aller au sommeil ne me doutant pas une seconde que mon calvaire sera plus difficile la nuit. A peine quelques minutes plus tard qu’une poignée de soldat entre brusquement et me martèle de coups sans s’arrêter, une pluie de coups, plus fort les uns que les autres. Des injures, on me crache dessus, on me brise les os, le sang me couvre la vue, m’étouffe. Je sens mon corps écrasé. En plus du corps c’est mon cœur qui se brise, l’espoir, l’enfer s’ouvre devant moi et j’ouvre les yeux. Je ne tiendrai pas, je suis finit ! Foutu ! Perdu ! Je vais mourir. Peut être sous les coups, peut être de faim. Je vais mourir et je ne mourrai pas sans douleur. Chaque coup m’enfonce dans le désespoir, dans la peur. Dans la haine.
Après une heure de matraquage, ils sortent, les rires à l’extérieur résonne encore dans la pièce. Ils se sont amusés. Je sens tout mon être souffrir. Je ne veux même pas bouger le petit doigt, je n’en ai pas la force, la bave dégoulinante de ma bouche, les yeux mis clos et trop gonflés pour pouvoir les ouvrir correctement.
Je vais mourir.
Au lendemain je me réveille
malheureusement. Et cela dur une semaine, tous les jours, des coups, la nourriture sur le sol répugnant, le sang séché. Les nuits de tortures, les cris étouffés par des mains puissantes et plus
grandes que mon visage. Des rires, des éclats de voix. Et chaque matin est une nouvelle déception, ils n’y vont pas assez fort, surement qu’ils n’en n’ont pas le droit. Je dois rester en vie pour
mon plus grand désespoir. A chaque fois qu’il présente leur carte je lui fais subir le même sort, je craque dessus parfois j’arrive à dessiner dessus, j’en ai déjà manger une aussi. Les réactions
sont les même et les nuits ne sont jamais silencieuses et tranquilles. Chaque jour je faisais une petite croix sur le mur avec un cailloux que j’avais trouvé dans un coin.
Un mois s’est écoulé et croyez le, un mois ici est une éternité. Un soldat vient me chercher, il m’attache les mains et me pousse hors de la pièce. C’est la première fois que je sors, un petit couloir à peine éclairé puis nous arrivons dehors. La lumière m’aveugle, une grande cours entourée de clôture de hauts grillages, des barbelés, même des tours de surveillance par des soldats armés jusqu’aux dents. On me pousse jusqu’à un petit bâtiment à quelques mètres de ma cage, on me pousse à l’intérieur si violemment et je tombe par terre, cela dit vu l’état déplorable de mon enveloppe charnel une pichenette aurait suffit à me faire tomber. Mes jambes flageolantes, des bras tremblant et le visage presque défiguré souillé par le sang et le sol froid. Il me redresse en me tirant par le bras. Je gémis sentant sa poigne sur mes plaies et je rends compte que je suis dans une nouvelle pièce. Une sorte de bureau. Je regarde autour, des étagères, un porte manteau, le bureau juste en face de moi avec des papiers, deux chaises, un téléphone. Rien de spéciale.
- Sitzen ! (Assit !)
Il me jette presque sur la
chaise et sort de la pièce. Le rideau de la fenêtre derrière le bureau filtre la lumière, je ne vois même pas l’extérieur. J’observe avec plus d’attention la pièce, le papier pain horrible,
étrangement je me sens plus à l’aise. Il ne faut pas se fier aux apparences, sans doute que j’allais encore plus en baver mais la chaleur que les chauffages dégageaient n’était pas négligeable.
Brusquement la porte derrière moi s’ouvre, je me redresse sur ma chaise, les mains attachées dans le dos. Un homme passe devant moi un dossier dans les mains, sa tenue militaire me laisse penser
que ce n’est pas un simple soldat. Il s’assoit naturellement sur son bureau et pose le dossier sur la pile à sa gauche, il finit par enlever son chapeau où trônait l’aigle du Reich. Des cheveux
blond platine presque blanc, une couleur de peau laiteuse. Il redresse son visage et plante ses yeux gris dans les miens. Les bras croisés sur la table il me fixe intensivement sans dire un mot.
Mon corps entier se crispe, il se méfie de cet homme. Instinctivement je serre les dents sans pour autant faire manifester ma crainte ou même ma haine en vers cet homme.
Il s’adosse plus confortablement sur son siège et se tourne vers sa fenêtre, le regard perdu dans le vide il ne fait même plus attention à moi pendant quelques minutes. Je ne comprends pas tellement ce qui ce passe. Il finit par se lever de son siège et il s’approche de moi toujours dans un regard perçant et froid, il pose cette carte maudite devant moi avec un stylo, il vient ensuite me détacher les mains. Puis il s’assoit sur le coin du bureau et m’observe les bras croisés.
- Ne t’avises pas de cracher sur la carte crois moi…
Sa voix était plus clair
que celle des autres soldats, il n’avait aucun accent, d’un ton plus doux et plus aigue que la majorité des boches. Je baissais les yeux sur mes poignets. Je repensais à Rob, au Sergent, Owen et
tous les autres ! Sans me contrôler j’ai sauter sur le coup de mon ennemis, les dents serrés de rage, les yeux meurtrier avec l’envie irréversible de l’étrangler pour tous les
autres.
Sans effort ou difficultés apparentes il m’a contrôlé. Il m’a pris un bras retourner dans le dos et m’a littéralement plaquer contre le mur tout en gardant une poigne douloureuse sur mon bras. Je gémissais de douleur, mes cotes brisées écraser sur le mur, les craquements inquiétant de mon bras dans le dos. Sa bouche proche de mon oreille j’ouvris les yeux difficilement.
- Tu n’es pas très malin pour un tireur d’élite. C’est là tout le problème avec les américains, vous croyez être les
plus forts et vous croyez sans doute que la guerre est déjà terminé. Quelle naïveté…Nous perdrons cette guerre sans nulle doute mais vous finirez par tomber vous aussi.
- Tuez moi alors !!
Il m’a relâché. J’ai glissé le
long du mur entourant mon corps de mes bras. Débout comme un prédateur il me regardait comme si j’étais un être insignifiant, un vulgaire insecte qui polluait sa vision. Sans plus de formalité on
m’a renvoyé dans ma cage. Une nouvelle nuit dans la bouche du diable à la croix gammée.
Au matin je fus étonné de voir un plateau poser naturellement devant moi, la bouillasse qu’il contenait n’était pas rependue sur le sol. Tel un loup affamé je me suis précipité dessus pour lécher jusqu’à la dernière bouchée de cette immonde nourriture. Réduit à l’état de bête, j’aurai même bu l’eau dans une flaque boueuse si il le fallait. Les forces totalement diminuées je n’arrivais presque plus à tenir éveillé toute la journée, les nuits étant courtes il m’arrivait de m’assoupir dans le coin ou seul un rayon de soleil d’hiver était source de chaleur. Mes moments de repos étaient bref, très vite leur matraques me rappelaient à l’ordre, un nouveau soldat est venu me chercher. Je savais déjà où j’allais.
Une fois dans le bureau du lieutenant-colonel, on m’enleva à ma corde alors qu’il n’était pas encore rentrer. Quelques minutes plus tard il était là, il s’assied devant son bureau et posa sa carte devant moi. Je le fixais frustré de ne pouvoir rien faire. Une heure s’est écoulée, aucun de nous ne parlait, aucun de nous ne faisait de mouvement. Nous continuions de nous fixer sans expression particulière.
- Vous savez que je ne céderais alors pourquoi continuer à perdre votre temps ? Abattez moi tout de
suite.
- Pourquoi vous êtes vous engager ?
- Pardon ? Je demande étonné
- Répondez soldat.
Piquer à vif je me redresse brusquement les poings sur la table.
- Pour anéantir les nazis ! Pour leur faire payer toutes les horreurs qu’ils ont commis !! Pour toutes les femmes assassinés, les enfants torturés ! Pour tous les hommes morts sur le front à qui l’on a arraché à leur famille !! Pour la justice ! J’aimerai plus que tout vous rendre l’appareil lieutenant-colonel !
J’étais furieux, les veines en
ébullition.
- Expliquez moi alors ce que vous faites vous les américains ? Vous êtes aussi détestable qu’Hitler, aussi
détestable que les russes qui violent nos femmes… Vous vendez des armes, vous faites de l’argent sur le profit, vous avez attendu bien gentiment que la guerre commence pour vous en mettre plein
les poches. Vous saviez pourtant pertinemment qu’Hitler ne s’arrêterait pas là, qu’avez-vous fait pour l’en empêcher ? Vous êtes sans nulle doute aussi coupable que nous.
- Ca ne justifie pas les horreurs.
- Rien ne peut justifier ces horreurs…
Le débat et les voix
retombent dans le silence. Son regard semble se perdre dans le vide, il ferme les yeux un instant et j’ai cru apercevoir un once de tristesse se dessiner sur son visage. Paralysé je reste debout
devant son bureau, il tourne son siège et regarde par la fenêtre. Cinq minutes après on vient me chercher pour me faire sortir mais jusqu’à ce que la porte du lieutenant-colonel se ferme devant
nous je n’arrive pas à le quitter des yeux.
Cette nuit là alors que je tremblais déjà de peur, personne n’est venu, pas un soldat, pas un rire sarcastique. Juste moi et mes petites croix sur le mur.
Au lendemain un
soldat vint m’arracher à mon sommeil, il me jeta dehors comme une vulgaire poubelle et se posta devant la porte de ma cellule. Les bras croisés sur le torse il me regardait d’un air sévère. Je ne
savais pas tellement pourquoi est-ce que j’étais dehors mais très vite je remarquais de l’autre côtés du grillage d’autre prisonnier de guerre. Nous étions séparer à cause de nos appartenance
militaire. J’étais un soldat américain, ils étaient prisonniers russes. Je m’approchais du grillage sous l’œil avisé de l’allemand, je sentais également la lunette d’un fusil pointé sur ma tête,
un militaire sur sa tour de garde. J’étais le centre d’attention. Les russes eux même de leur côtés me regardait intrigué. L’un deux, une cigarette sur la bouche s’approchait de la grille en même
temps que moi lentement. Au moindre geste brusque nous serons abattus comme des lapins.
Au bout de quelques minutes je compris que j’étais le seul soldat américain prisonnier. L’homme de grande stature, continuait son approche, une cicatrice traversait sa joue gauche, ses yeux noir, ses cheveux de même couleurs, une barbe de quelques jours. J’eux un bref coup d’œil sur son épaule droite, il avait les grades d’un colonel. Je déglutissais me demandant combien de temps il était enfermé ici. Il sort son paquet de cigarette et me tend une, je jette un regard furtif au garde, je prend la cigarette avec le briquet. Les mains tremblantes et mutilée je conduis la cigarette à ma bouche, j’allume le briquet et apporte la flamme jusqu’au bout de la cigarette. J’inspire profondément, l’odeur étouffante et à la fois apaisante pénètre dans mes sinus, la fumée dans ma gorge me brûle comme un gaz toxique mais lorsque je l’expire c’est un mal être que je camouffle. Je rend le briquet à son possesseur le remercie d’un signe de la tête et m’écarte de la grille. Je m’assois un peu plus loin fumant ma toute première cigarette.
Une heure après l’allemand vient me chercher, il me tire par le bras et me dit d’avancer sans regarder derrière moi. Mon cœur fait un bon, que va-t-il se passer ? Le lieutenant-colonel aurait il donner l’ordre de m’abattre ? Etais ce pour ça qu’on m’avait laissé prendre l’air ? Sans doute le colonel russe l’avait compris. Je marche alors une boule dans la gorge, la voix coupée, les pensées se mélangent ! Je pense à mes parents, je pense à mes amis, je pense aux soldats tombés sur le front, je pense au lieutenant-colonel. Je ferme les yeux alors, si fort que mes traits se déforment. Qu’ai-je fait de bien dans ma vie ? J’ai tué des hommes sous prétexte qu’ils étaient de l’autre côtés de la rivière, qu’ils étaient dans l’autre camp. Le lieutenant-colonel avait raison, nous sommes aussi détestable qu’eux. Je marche comptant les secondes avant que l’un des garde de la tour ne décide de m’abattre devant tous les autres prisonniers. Je prend une profonde inspiration, l’ouïe fine, le bruit d’une arme qu’on charge, le souffle du soldat sur son canon, la concentration, une tête dans le viseur.
Adieu.
à suivre...
- Bonne nuit, me dit-il. Si t’as soif ou faim, sers-toi dans la cuisine, poursuivit-il toujours du même ton froid et sans émotion.
Il disparut dans sa chambre et je m’empressai de dévaliser son frigo avant d’ouvrir la porte d’entrée pour partir.
J’avais faim et je ne pourrai pas rester ici indéfiniment alors je préférai partir de moi-même, poussé par cette atmosphère sourde et angoissante. Il m’en voulait toujours, même si je pensais
qu’avec le temps, il aurait oublié. Mais je m’arrêtai, frappé par la grossièreté du geste que j’étais en train de commettre.
Mais c’est vrai que ses mots, je ne les avais pas oubliés, je les avais même ressassés sans arrêt, ayant constaté à
quel point ils étaient vrais.
Finalement, je me laissai glisser contre la porte en pleurant. Les objets de mon méfait s’éparpillèrent au sol et je
pleurai de plus belle. J’étais épuisé d’errer sur les trottoirs, de mendier, de voler pour vivre. D’ailleurs, je ne savais même pas pourquoi je continuai. Je sursautai quand j’entendis des bruits
de pas, même étouffés par la moquette. Tel un animal pris en faute, je me relevai précipitamment, tournai la poignée fébrilement, terrorisé à l’idée d’être pris sur le fait, pour m’enfuir dans la
rue.
Je gémis quand je m’écroulais dans la neige et rampai misérablement dans une ruelle sombre latérale, le temps de me
remettre un peu de mes émotions.
- T’es pas bien de sortir par ce temps ?
Je me tournai brusquement –peut-être un peu trop quand je sentis mon cou craquer- pour apercevoir Nolan, grelottant dans son manteau, avec des chaussons mouillés.
- Qu’est-ce que ça peut te faire ? Répliquai-je.
- Allez, viens, j’ai pas envie de crever.
- Bah, vas-y, rentres, ça t’a pas gêné de me laisser dans la rue, l’autre fois.
- Je suis désolé…
- Nan, t’es pas désolé, t’as foutu la merde, alors maintenant, dégage ! Fous-moi la paix ! M’emportai-je, au bout du rouleau.
Il vint me serrer dans ses bras mais je me dégageai vivement, un peu trop même puisque je sentis la tête me tourner.
J’étais tellement faible en ce moment que le moindre geste brusque se multipliait par dix dans mon corps et prenait des proportions énormes.
Je me cognai contre le mur pour me laisser glisser et pleurer en silence. Honteux, je cachai ma tête entre mes genoux.
- Vas-t-en, laisses-moi… le suppliai-je.
Je le sentis soudain s’asseoir contre moi, s’appuyant de tout son poids contre mon épaule.
- Je suis en colère contre toi, c’est vrai, mais je crois que je me trompe de personne, avoua-t-il.
- Super, ça me fait une belle jambe, marmonnai-je.
- Je… Je me suis vraiment inquiété pour toi. C’est vrai, on s’est disputés, la dernière fois, mais c’était juste une dispute, comme ça arrive entre amis, dit-il.
Je relevais la tête pour déceler une lueur mensongère dans ses yeux. Non, rien : il paraît sincère. Mais je
m’étais déjà fait avoir.
- Viens à la maison, tu n’as rien à perdre, si ? Tu ne seras pas obligé de me raconter, je veux juste que tu
ailles te mettre au chaud.
Une partie de moi hurlait pour que j’accepte mais une autre me hurlait de résister, que c’était trop tentant. Oui,
c’était encore elle, ma foutue conscience. Et toutes les fois où je l’avais ignorée, quand Je croyais qu’elle ne servait à rien, en fait, elle essayait vraiment de me protéger.
- De toute façon, je ne te laisse pas le choix, conclut-il en me tirant par le bras.
Je titubai jusqu’à lui et il me serra dans ses bras, sans que je puisse m’échapper. Alors, je me mis à pleurer,
serrant mes poings contre son torse.
Je me laissai doucement entraîner vers son appartement. La chaleur de la pièce se propagea jusque dans la moindre
veine.
- Retournes sous la douche, tu es trempé.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? Je viens de te dire que tu étais trempé.
- Je croyais que j’étais qu’un sale homophobe, chuchotai-je, honteux malgré moi.
Il me prit de nouveau dans ses bras et je me laissai aller.
- Tu vois que ce n’est pas vrai et je ne sais pas pourquoi tu dis ça. C’est moi, le pire, dans cette histoire. Je regrette vraiment ce que je t’ai dit, la dernière fois.
- Bah, au final, t’avais raison, reconnus-je.
- Oh, Zach, que s’est-il passé ?
- Rien, répondis-je précipitamment, absolument rien. Je… Je vais me doucher.
L’eau chaude me procura un immense soulagement, bien qu’au début, la température était très froide pour ne pas me
brûler après un changement trop brutal de température. J’allais ensuite m’enrouler dans la couverture que Nolan borda avec soin. Ça faisait longtemps que je n’avais pas profité de tous ces petits
conforts.
Je ronronnais de plaisir sous tant de chaleur mais ce fut mon ventre qui, en éternel insatisfait, grogna. Nous nous
regardâmes un instant avant de rire doucement. Ce n’était pas l’éclate totale mais il était tard -ou tôt- nous étions fatigués et l’humeur restait tendue.
- Il est un peu tôt pour manger Mcdo mais je peux te réchauffer des restes de pizzas aux quatre fromages, me
proposa-t-il.
- C’est parfait.
Dix minutes plus tard, je mangeai une demi-part d’une pizza délicieusement bonne.
- Tu veux que je prévienne quelqu’un ? Ton meilleur ami ou Christelle ? Ou même Tom ?
- Non… non, ça ira.
Il me regarda perplexe.
- Je… Je t’en prie, ne les appelle surtout pas. Ils… Pour faire simple, nous avons eu des différends et… Bref, ce n’est vraiment pas la peine. Ecoute, je ne vais pas m’imposer longtemps, je partirai demain. C’est gentil de m’héberger mais…
- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, me coupa-t-il, mais j’ai bien compris que tu n’avais nulle part où aller et par ce temps, je ne te laisserai pas vadrouiller dans les rues.
- Je ne suis pas un assisté et je suis majeur, rétorquai-je. Je n’ai pas besoin de ton hospitalité.
- Je te demande juste de revenir dormir au chaud, c’est trop demander ?
- Mais je n’ai pas d’argent, je ne peux pas payer de loyer, je ne peux pas payer la nourriture, je n’ai rien… Sanglotai-je. Je n’ai plus rien, je… Nolan, ils… Ils me manquent. Je n’ai rien fait, ils ne m’ont pas cru mais je n’ai vraiment rien fait. Jamais… Jamais, je n’aurai pu faire ça mais ils m’ont pas cru… Je les aime, je ne pourrai pas leur faire de mal… Les enfants, ils…
- Moi, je te crois, je sais que tu n’es pas mauvais et je sais aussi que tu les aimes, affirma-t-il en me caressant les cheveux.
- Mais toi aussi, tu vas finir par me laisser, lui reprochai-je.
- Non, tu vas rester ici jusqu’à ce que ça s’arrange, jusqu’à ce que… Le temps que tu veux. Et si ça te gêne vraiment, tu pourras chercher un emploi, mais pour l’instant, ce n’est vraiment pas urgent.
- Je suis désolé… Mais tu sais, je suis allé voir ma mère et elle n’était pas là, elle non plus… Je serai bien allé voir mon père mais bon, ce n’était pas possible et…
- Arrête, moi, je suis là, d’accord ?
Je dormis pendant plus de trois jours d’affilée sans ouvrir un œil, sauf les fois où Nolan me réveilla pour me
donner à manger et vérifier que je n’étais pas tombé dans le coma. Je repris des couleurs, un peu de poids, mais mon moral restait en berne. Pour plein de choses.
Christelle m’avait définitivement rayé de sa vie et avait limite posté des gardes pour m’empêcher d’entrer. Il ne
manquait plus que je sois dénoncé, ce qui n’était pas le cas puisque personne n’était venu me chercher pour me menotter et me mettre au trou. Quoique, c’était peut-être parce qu’ils ne m’avaient
pas trouvé, vu que j’avais passé les dernières semaines à errer dans les rues. En tout cas, je ne comprenais pas son acharnement. J’avais coupé les ponts avec Allan, sachant que je ne sortirai
pas indemne d’un affrontement avec lui. Mon année à la fac semblait sérieusement compromise puisque j’avais plus de deux absences à mes TD, ce qui m’inscrivait automatiquement défaillant à
l’examen. Nolan m’incitait fortement à y retourner, au diable, ces imbéciles qui ne méritaient pas d’avoir leur licence, pour des hommes de droit, c’était hyper limite d’abandonner à son
sort une personne en difficulté, surtout son meilleur ami et même s’il est coupable, c’est le boulot des avocats de les défendre et patati et patata.
Mais, ce qui m’inquiétait surtout, c’étaient les enfants. J’espérai qu’il ne leur était rien arrivé cependant, je
devenais malade rien qu’en y pensant parce que je savais que ce n’était pas le cas. J’avais essayé mais je ne pouvais plus rien faire.
Une semaine s’était écoulée depuis mon arrivée ici et j’étais complètement guéri. L’appartement de Nolan était très
vivant, un vrai moulin, tout le monde entrait et sortait, au grand dam de ce dernier. Enfin, le choc des titans n’eut pas lieu puisque Yan avait brillé par son absence, de même pour mon frère qui
prenait soin de récupérer de mes nouvelles par l’intermédiaire d’Ely.
J’étais tranquillement en train de musarder sous ma couette le dimanche matin tandis que Nolan se battait avec mon
popotin pour que je libère le canapé quand une sonnerie perturba notre jouxte quotidienne.
C’aurait pu être Link ou Ely mais non, et la personne qui se présenta à nous me laissa interdit tant sa présence
était inattendue. Nolan revint avec deux cafés avant d’aller s’enfermer dans sa chambre. Il refusa de sortir, me disant qu’il était à côté si besoin. Jean était en face de moi, assis sur l’un des
poufs, en train de boire son café. Jean, le mari de Christelle et donc le père d’Allan. Il n’était pas beaucoup présent avec nous mais il avait assisté à chacun de nos anniversaires, des
événements importants.
- Comment te sens-tu ?
- Ça va, lui répondis-je d’un ton égal. Je ne savais pas pourquoi il était là mais sa visite ne présageait rien de bon aussi, je me tenais sur mes gardes.
- Franck a été arrêté, déclara-t-il sans crier gare.
- Quoi ? Mais…
- Je sais que nos excuses ne suffiront pas à réparer le mal que nous t’avons fait. Mais tu as le droit de savoir la vérité. Pour couronner le tout, c’était lui le responsable du trafic de drogue, il avait apparemment décidé d’exploiter les enfants comme du bétail et de les rentabiliser au maximum…
Il me regarda mais je ne pipai mot, sous le choc.
- Si ça peut te rassurer, je suis intervenu auprès du doyen de ta fac pour annuler tes absences donc tu peux reprendre tes études là où tu les avais laissées. Et bien sûr, si tu veux revenir voir les enfants, il n’y a pas d’objection ; tu peux aussi rester ici. Allan et Renaud vont nous aider à gérer la situation.
- Attends, tu crois que je vais accepter tes excuses sans rien dire et accourir à l’orphelinat ?
- Non, je sais que nous t’avons fait souffrir et je sais qu’être intervenu auprès du doyen ne nous rachètera pas. Je suis juste venu te dire la vérité.
- Et les enfants, comment vont-ils ?
- Il était surveillé discrètement, il n’a pas pu agir mais ils sont sous le choc, ça va être difficile pour eux, enfin surtout pour Fabrice et Mickaël, les autres n’ont rien eu.
- Je viendrai, affirmai-je, pour les voir, mais pas tout de suite. J’ai besoin de temps.
- Bien sûr, je comprends. Tu seras le bienvenu, affirma-t-il en se levant pour prendre la sortie.
- Pourquoi m’avoir mis à la porte ? Pourquoi ne m’avez-vous pas surveillé comme vous l’avez fait avec lui ?
- Nous avons agi dans la précipitation ; après coup, nous nous sommes dit que c’était un moyen de l’appréhender sur le fait. Donc oui, nous t’avons utilisé et tu es en droit de nous en vouloir.
- Tu es trop bon de me donner votre autorisation, raillai-je. Si vous n’aviez fait que m’utiliser, passe encore mais là, vous m’avez complètement brisé. Comment avez-vous pu me mettre à la rue sans vergogne, sachant que je ne pouvais compter sur personne et par un temps pareil ? Comment avez-vous pu me trahir de cette manière ? Je croyais que votre rêve était de fonder une famille, de les reconstituer ?
- Je te l’ai dit, je ne suis pas venu te convaincre que nous avons bien agi. La suite, c’est toi qui décides, conclut-il avant de sortir.
L’entretient avait duré à peine une demi-heure mais j’étais démoralisé. Quelque part, je devrais me réjouir que les
enfants soient de nouveau en sécurité, que mon honneur ait été rétabli mais non, le scandale avait été réel et la détresse trop forte.
Je rejoignis Nolan dans sa chambre qui bondit de son lit à ma vue. Je l’étreignis en me collant à lui, respirer son
parfum, me rassurer. Encore une fois, il était là pour moi.
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Voilà un petit chapitre j'espère que ça vous plait...hum je suis sûre que ca vous plait je vois d'ici vos sourires de groupie en imaginant Zach dans les bras de
Nolan...
Comme je vous comprend lol
^^
j'adore ces deux là, à tel point qu'avec Lilly, on a eut beaucoup de mal à finir cette histoire pas parce que nous n'avions pas d'idées ! Au contraire, mais parce que nous nous étions trop
attacher à eux...
Aah quand j'y repense j'en ai mal au coeur ! Telle une maman je me raccroche à lire et relire sans cesse l'histoire :p
Voilà donc la suite en espérant qu'elle vous convient ^^
KISS
ps : image de naruto juste pour faire chier Lilly niark désolé ma belle mais moi je l'adore celle là :p
Il pleut sur le front. Les raid de
nuit sont les plus dangereux que n‘importe quel autre affrontement, je regarde une dernière fois la ciel et embrasse mon médaillon avant de le remettre sous mon uniforme. L’arme lourde et
glissante de la main je la remonte fermement attendant les ordres de mon sergent. Les pluies grosses de la ligne de bataille en Rhénanie nous engloutis dans la boue des tranchées. J’ai le cœur
qui bat si vite que mon sang ne circule plus correctement, les mains bleus, la bouche sèche je fixe inlassablement l’horizon cacher derrière les arbres nous attendons l’ennemis. Les secondes
défilent, les tic tac sont remplacés par le bruit des gouttes dans les flaques. Je dois me tenir prêt, chaque seconde compte. J’ai la vie de tout un bataillon sur les
épaules.
« Souviens toi Miller. Il n’y pas de seconde chance. »
Je déglutis, j’aimerai faire un tour d’horizon rapide, regarder mes compagnons
mais je n’y arrive pas, par peur de rater ma cible, par peur que l’ennemis vienne à ce moment précis où j’aurai été distrait par une quelconque nostalgie. J’aurai aimé leur dire à tous que j’ai
aimé me battre à leurs côtés et que je ferai tout pour accomplir ma mission. Le sergent fait un cercle avec ses doigts, il ne dit rien, juste des signes avec ses mains. " Regroupez vous, restez
vigilant, ils arrivent. " Des signes qui sont gravés en nous comme si nous les avions apprit depuis notre plus tendre enfance, comme si c’était dans nos gênes, c’était devenu un automatisme pas
besoin de réfléchir, ces codes je les connaissais comme une langue maternelle. Je redresse mon arme, prêt.
L’ œil dans la lunette, j’observe l’horizon, tout devient plus proche, chaque détail m’apparait. Le silence plonge la vallée dans une atmosphère sombre, j’entends presque le croassement des corbeaux au dessus de nos têtes. Le cœur battant, la salive au fond de la gorge, la sueur perlant sur le front. Le bruit au loin, quelque chose de mécanique, quelque chose qui roule, de plus en plus bruyant. Je regarde plus attentivement, petit à petit un point noir devenant de plus en plus gros, la terre tremble. Un char sort de l’ombre, un char impressionnant. Un Char allemand.
Maintenant Miller, à toi ! Je vise, une vitre noire blindée, comme le char. Je vise, un point, légèrement à droite. Je tire. Le sifflement de la balle dans l’air, la rapidité et le silencieux d’un sniper. Je recharge et je tire une nouvelle fois. La première pour fragilisé le verre, la deuxième pour percé et atteindre ma cible. Je me baisse à nouveau, recharge, vise, à gauche maintenant, une balle, deux balles. Les soldats allemands s’agitent autour du char, il cherche le tireur. Moi. Je recharge. Je vise la tête d’un soldat, tire. Il tombe au sol.
Notre ennemis a compris, il nous a repéré. Mon sergent fait un nouveau signe et les autres sortent de la tranché. Le feu est ouvert.
- Beau travail Miller !
Je soupire de soulagement, je reprends mon arme recharge et tire. Le 120ème
bataillon d’infanterie allemande est décimée par la 2eme division américaine. Les cris de joies de la division résonnent dans toute la vallée, c’était un travail habituel mais à chaque nouvelle
victoire c’est un pas de plus dans le Reich. Rob me saute dessus et me secoue d’une étreinte virile en me félicitant. La semaine prochaine ça ne sera plus pareil, nous devrons partir pour
Ettelbruck, une ville dans le Luxembourg occupée. Nous devrons débarrasser cette ville des allemands en attendant l’aviation.
Nous rentrons à la base.
Je souris malgré moi, et je crie avec mes compagnons tout en
rentrant.
- La prochaine fois on laisse juste Miller faire le boulot pendant qu’on dort tranquillement qu’est-ce que vous en dites Sergent ? Se moque
Rob
- Taisez vous un peu soldat Robinson ! Approchez Miller.
A l’entente de mon nom je m’approche alors tout en tenant mon arme fermement.
- Sergent.
- C’était du beau travail. Grâce à vous nous avons réussi cette mission et je compte sur vous pour Ettelbruck. Encore bravo !
Le Sergent me gratifie d’une petite tape sur l’épaule, sans doute la plus
belle récompense pour un soldat et pour moi une nouvelle pierre à porter. Je m’appelle Alexandre Miller et je suis tireur d’élite dans la 2ème division
américaine.
Ce soir à la base c’est la fête. Toute la division et les différentes troupes se remotivent avec un peu de bière du pays et des boîtes locales. Ce n’est pas aussi bon qu’une bonne purée avec du poulet grillé mais depuis quelques mois nous avons apprit à ne pas faire les difficiles. Les caisses d’alcool viennent depuis la Bretagne, chaque victoire c’est une nouvelle excuse pour déroger aux règlements. Jamais un Sergent ou un Commandant n’oserait privé leurs soldats d’une bonne soirée entre compagnon, jamais il n’oserait car nous ne savons pas si le soleil se lèvera demain. C’est un peu l’ambiance dans chaque base militaire, il faut fêter et rire temps que l’on peut encore le faire.
Rob m’apporte ma bouteille et trinque avant de partir chanter avec les autres. Je soupire en regardant la mousse blanche. Les horreurs de la guerre détruisent les hommes, même si je ne meurs pas demain sur le front, jamais je ne pourrai me relever après tant de sang coulé par ma faute. Je ne pourrais jamais dormir sans entendre les cris des enfants, des femmes bombardées, des hommes résistants qui ont été retrouvés par l’ennemis. Je m’étais pourtant engagé de mon plein gré, j’avais signé et je savais sans doute ce qui m’attendait de l’autre côté de l’océan. Et c’était sans doute pour venger ses cris, ses hommes et femmes torturés.
La route pour Ettelbruck sera longue. Je bois ma bière d’une seule traite et pose ma bouteille avant de m’enfuir pour aller dormir.
Je suis seul dans le dortoir, des lits d’un piètre confort mais qui pour nous sont une source de chaleur. L’odeur de la terre mouillée et imbibée de sang planait au dessus de moi, les cendres des anciens combats étaient encore présent et ardant laissant l‘odeur de la charogne brûlé tel un gaz toxique. L’hiver est là, bien présent, nous tenant dans sa gueule, plongé dans une angoisse étouffante, la guerre est encore plus effrayante lorsque le froid gèle nos minces espoirs de rentrer sain et sauf chez nous. Sain sûrement mais sauf espérons le.
Une heure après c’est une petite dizaine de soldat qui rentre dans les locaux pour venir se reposer pendant qu’une autre dizaine monte la garde, je soupire en les regardant s’avancer vers leur lit. Ils ont le visages souillé par la terre et marqué par les batailles. Ce n’était que la troisième mission et déjà nous avions compris que ce n’était pas une guerre simple, elle était cruelle, incroyablement cruelle, des choses inimaginables se passaient dans les pays de l’Est, des rumeurs de camps d’exterminations, des rumeurs de ghetto où on laissait mourir les enfants de faim. Plus épouvantable que dans un cauchemar car c’est réel et le sergent nous répétait sans cesse que nous n’avons encore rien vu…
Je remonte la couverture et ferme les yeux.
Cinq heures plus tard on vient me réveiller, c’est mon tour de garde.
Rapidement, tel un automate je fais mon lit et m’habille de mes effectifs. Un mitraillette dans le dos et quelques grenades autour de la taille. Je passe rapidement dans la salle de bain commune
et je me présente dix minutes après dans la tente du Sergent. Il fait encore nuit et le ciel est couvert, la nature semble en accord avec les erreurs de l’homme. Je fais donc des rondes en
treillis, vigilant et à la fois un peu rêveur. Je repense à ma jeunesse, mon innocence, je repense à toutes mes années de faculté. Je repense à ceux qui m’attendent de l’autre côtés de l’océan et
je me rends compte que je n’ai pas de vie. J’ai vingt deux ans et personne pour m‘attendre. Certes j’ai une famille, des parents formidables, des amis autant sur le front qu‘au pays. Seulement je
n’ai pas une femme belle et joyeuse qui m’attend à la maison, non je n’ai personne. C’est triste quelque part et en même temps…Ce n’est peut être pas plus mal.
Je me souviens de ma première petite amie, un vrai fiasco ! Elle était magnifique, d’un blond vénitien à damner les anges, un regard charbonneux et plein de tendresse. Seulement nous n’étions pas fait pour être ensemble, j’étais exigent et elle était indépendante. Aucun trait commun. Nous sommes restés de bons amis, très proche malgré tout, les gens nous prennent parfois pour des frères dut à notre ressemblance sauf que contrairement à elle mes cheveux sont plutôt châtain. Ma mère me tuerai si elle voyait que j’avais coupé si court mes beaux cheveux châtain, elle passait des heures à essayer de me les coiffer mais enfin de compte c’était en désordre qu’elle les préférait. Un sourire mélancolique s’affiche sur mon visage malgré moi et un soldat se moque immédiatement.
- Alors Miller on pense à sa petite amie ?
- Tais toi Keller !
- Ne sois pas timide on rêve tous de notre dulcinée qui nous attend sagement, dit il en feignant l’amoureux fou
- Peut être pas aussi sage, se moque un camarade à côté de lui
Je secoue la tête amusé par leur enthousiasme, il était maintenant trois heures et
demi, et nous devions réveiller la division. Pas besoin de clairon sur la base, il suffit d’allumer la lumière et toutes les troupes se redressent. A peine un quart d’heure après, nous étions
tous au garde à vous dans le terrain boueux devant la tente du sergent. Il sort en remontant ses effectifs le visage fermé et sévère. Quelque chose cloche et je sentais arriver la mauvaise
nouvelle comme un obus.
- La 4ème division a été anéantis à Ettelbruck, nous n’aurons donc aucune aide. Les allemand détiennent prisonnier le Commandant Galvin, nous avons une
nouvelle mission. Nous devons non seulement débarrasser Ettelbruck de ses occupants mais aussi récupérer le Commandant vivant.
Le silence est de mort au milieu des troupes. Débarrasser Ettelbruck de ses occupants
n’était pas en soit une tâche compliqué mais chacun de nous savait que si la 4ème division était tombée c’est parce qu’ils étaient plus nombreux que prévus. Des moyens encore plus inquiétant et
nous, petite cinquantaine de soldat ne feront surement pas la différence seulement les ordres étaient clair, précis. On nous envoyait à l’abattoir.
- A quelques kilomètres de Ettelbruck des Chairmans nous attendent, ils avanceront avec nous dans la ville pour nous aider. Ecoutez moi bien soldat, c’est une
mission qui va bien au-delà de votre niveau actuel ! Mais je sais de quoi vous êtes capable et vous allez montrer à nos supérieurs bien au chaud dans leur bureau de quoi est capable la 2ème
division ! Que ceux qui sont avec moi avances d’un pas.
Prit dans une fierté qui n’a pas d’égale dans le sentiment héroïque qui nous
possède, aucun soldat ne reste à sa place, le mouvement est immédiat, chacun avance d’un pas. Je ne rentrerai pas chez moi comme un lâche mais je mourrais en soldat. Un sourire éclaira le visage
meurtri du Sergent.
Quelques minutes après nous étions sur la route pour Ettelbruck.
« Les chairmans sont partis devant nous pour entrer dans la ville, Miller et Robinson ! Vous ouvrez le passage, nous passeront par le sud ouest, direction le moulin. »
Robinson et moi partons devant, toute la troupe descend sous le pont, il fait nuit et
nous comptons sur l’effet de surprise pour réussir à prendre les allemands à revers. Ils s’attendent à une attaque mais notre petit effectif nous permet de rester discret. J’avance le cœur
battant et je laisse mes doutes, ma crainte, mes états d’âme derrière moi. Notre regard doit être partout, repérer le moindre bruit, le moindre casque gris, le moindre petit reflet de verre qui
pourrait être le signe d’un sniper. Je continue d’avancer, Robinson me fait signer de partir vers la droit pendant qu’il va à gauche. Nous pénétrons dans la ville et deux petits chalet sont face
à nous. Accroupi, le pas inaudible je traverse le petit enclos jusqu’au chalet de droite. Je fais signe à Rob pour que nous soyons en harmonie pour rentrer. Il hoche de la tête. Je lève un doigt,
deux doigts, trois doigts ! J’ouvre la porte doucement, sans la faire grincer. Un soldat ennemis se tient debout devant une fenêtre, je remet mon arme derrière mon dos et m’approche doucement,
des pas vif et précis, le moindre bruit ferait réagir l’allemand. J’ai la gorge serré mais je fonce, confiant et entraîné. Mes deux mains autour de sa tête, il n’a pas le temps de crier un juron
désagréable que le bruit strident de sa nuque brisé résonne dans la pièce. J’accompagne son corps jusqu’au vieux bois du sol. Je sors pour Rob, il me fait signe que tout va bien, nous sortons de
nos chalet et faisons signe à la troupe pour continuer.
Le mettre mot : restez sur nos garde. La guerre ne fait pas place à la loyauté, une balle dans le dos n’est jamais inévitable.
Nous continuons la route, l’arme à nouveau dans mes mains nous arrivons près d’un pont en pierre qui conduit au moulin. Je fais signe au troupe de se cacher. Des gardes. Je déglutis, ils sont quatre autour du moulin mais une étincelle à une fenêtre me fait penser qu’ils ne sont pas seul. Le Sergent me jette un regard intrigué, un sniper.
J’avance à nouveau le palpitant à vive allure, une chaleur m’emprisonne dans mon uniforme et l’adrénaline ne suffit pas à faire disparaître mes peurs. Les soldats défilent devant moi, je reste en retrait prêt à abattre le sniper une fois qu’il aura montrer sa tête, ma lunette pointé sur le lui j’attends qu’il morde à l’hameçon. Les coups de feux retentissent, il ne relève pas sa tête, étrange je vois clairement l’arme mais pas de tête. Il n’y aurai personne ?
Un sifflement, l’arme a reculé ! MERDE ! Il vient de tirer.
« MILLER !!!!!! »
Je regarde plus attentivement mais toujours pas de tête, rien, pas même
une main. Un autre tire ! La balle coupe le vent pour s’abattre bruyamment sur un soldat. Je grince des dents, les mains tremblantes ne voyant toujours rien !
Non pas ça ! Pris totalement et énervé contre moi-même je quitte ma position et cours jusqu’au moulin tête baissée.
- Couvrez moi !
- Miller non !
Je ne tiens pas compte des ordres du Sergent, je fonce, la peur au ventre, la
gorge serrée je ne peux pas parler et les corps allemands défilent. Les bruits des tirs ont attirés les renforts ennemis, je m’arme de ma mitraillette, PPS 98, arme soviétique. Je fonce jusqu’à
l’entrer et je jette une grenade, elle explose un allemand tombe à terre. Je cours à l’intérieur profitant de la fumée pour me camoufler, je monte les escaliers en colimaçon, sans réfléchir, sans
reculer, un allemand, j’appuie sur la détente et une multitude de balle sort de mon arme. Mes bras recule avec la puissance mais je la garde fermement et continue mon ascension. Les marches
défilent et j’ai l’impression que tout tangue mais je dois garder la tête sur les épaules, en aucun cas lâcher mon arme, en aucun cas m’écrouler ! Mes amis comptent sur moi, je suis tireur
d’élite, je ne peux pas mourir maintenant. Je ne peux pas.
J’arrive en haut du moulin, recharge vise l’arrière de la tête et tire. Le sang gicle sur les murs, le corps inerte de l’allemand s’écroule sur le sol, la cervelle gisante de son crâne. J’enjambe le corps, les mains moites je prends le sniper, l’œil dans la lunette, je vise les soldats ennemis et je tire, un à un ils tombent comme des patins désarticulés. Les coups de feux cessent, je reprends ma respiration la sueur perlant sur mon front les battements de mon cœur me font mal. Je ferme les yeux un instant essayant de reprendre mes esprits. J’ai l’impression qu’il s’est écoulé une seconde, tout est allé très vite. J’enjambe à nouveau le corps et descend lentement pour ne pas m’évanouir.
Une fois en bas une balle fuse à côté de ma tête pour se planter dans le mur du moulin, mes écarquillés je suis totalement paralysé. Le Sergent me vise avec son fusil. Il s’approche d’un pas sévère, le visage déformé par la colère, son bras en arrière j’eu à peine le temps de fermer les yeux avant de sentir son poing s’abattre sur ma joue.
- QUAND JE DIS ON RESTE EN ARRIERE ON RESTE EN ARRIERE !!! VOUS AVEZ ÉTÉ INCONSCIENT !!!!
- Je suis désolé Sergent…
- COMMENT !!
- JE SUIS DESOLE SERGENT !
Je me redresse la mâchoire douloureuse mais je reste
impénétrable, mes compagnons me regardent tous compatissant, ils m’encouragent, ils me remercient. Le Sergent finit par se calmer et reprendre son souffle
normale.
- Inconscient certes, mais sans vous nous saurions tous mort. Cependant ne vous prenez pas pour un héros ! Chaque vie est sur chacune de vos épaules ! Vous
avez mis toute la division en péril, si jamais vous étiez mort, nous n’aurions plus de sniper. Vous êtes notre couverture vous comprenez ? Vous êtes indispensable
Miller.
Ma poitrine se gonfle d’honneur mais à la fois de culpabilité. J’ai
été fou mais c’était une folie qui a sauvé tout le monde.
Le Sergent fait demi tour, les soldats s’écartent sur son passage et Robinson vient immédiatement me voir une fois que le Sergent est loin.
- Ca va Miller ? Tout va bien ?
- Oui oui….j’ai mal au cœur mais ça va, dis je d’un sourire crispé
- Tu as été formidable. Le sniper était trop bien caché pour que tu puisses l’avoir de l’extérieur, sans toi nous s’aurions tous six pieds sous terre. Le Sergent est furieux mais tu le connais, c’est un vieux qui tient à son soldat préféré, il me dit une petite tape dans le dos
J’ai
un rire léger, un rire qui sonnait faux car mes yeux se posent immédiatement sur les trois compagnons de combat qui sont tombés. Nous ne pouvons pas les porter, nous sommes à peine à l’entrée
d’Ettelbruck, il nous reste toute la ville à finir. Je soupire et avance à côté de mes amis. Le visage sombre. Nous n’avions pas encore perdu de camarade sur une bataille. Le deuil plonge la
division dans un silence d’honneur. Nous leur rendons un dernière hommage.
à suivre
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Ohayo
Donc voilà mon One Shot que je viens de finir, vous n'avez aujourd'hui que la première partie ! ^^ Demain vous aurez la deuxième. Il y en a quatre en tout hi ! ^^
Donc voilà je vous fait de gros bisous en espérant que vous aimez le thème de la Seconde Guerre mondiale ^^
Je pose le dernier carton dans ce qui sera mon appartement.
- J’ai jamais porté un carton aussi lourd !! Se plaint Colgate, qu’est-ce que t’as foutu dedans ?
- Des bouquins.
- J’arrive pas à croire que t’es autant de peluches, s’étonne Link en caressant un gros nounours.
- Touches pas à ça ! Et puis d’abord, t’étais pas censé être en tournée européenne ? Dis-je en ouvrant un premier carton.
- C’est vrai, dit-il naturellement.
Il y a des jours comme ça on ne peut pas comprendre Link, sa réponse était si naturelle qu’elle paraissait évidente
et pourtant n’avait aucune logique. Il me fatigue.
Ce que je déteste le plus dans un déménagement, c’est ranger les cartons, je crois que c’est la phase la plus
chiante. Je me redresse et regarde autour de moi. J’avais trouvé cet appartement grâce à un collègue à la fac, il savait que je cherchais un appartement et m’a conseillé son ancien domicile,
proche de la faculté, pas loin du métro. C’était l’idéal pour moi qui me perdais tout le temps, on dit que les hommes ont le sens de l’orientation … j’ai dû sauter une étape de fabrication,
moi.
- Salut à tous !!!! Hurle Yan en arrivant avec une plante verte dans les mains.
- Salut, répond amicalement Colgate en rangeant les affaires de cuisines.
- Qui a laissé rentrer cette folle ? Demande Link en regardant autour de lui.
Etrangement, Link était le seul après moi à ne pas aimer Yan lorsqu’il débarquait comme une fleur. Malheureusement,
même si je me ligue avec mon cousin pour le décourager, il prend tout avec le sourire. Ce mec est un démon. Il me tend la plante verte que je pose près de la grande baie vitrée dans la cuisine,
je touche les feuilles avec délicatesse, Yan connait très bien mes goûts et il sait que j’ai toujours aimé les plantes. Il est sans doute le seul à me connaître autant. Cette couleur verdoyante,
cette vie qui ne dépend que de moi, c’est cette sensation qui me fait tant aimer les plantes. La sensation que quelque chose a vraiment besoin de moi. Perdu dans mes pensées, ce fut la main d’Ely
qui me réanima.
Depuis un mois, je suis assez distant avec elle, avec tout le monde sans doute et même Colgate me trouve étrange
puisque je ne l’embête plus sur son sourire niais, sur sa façon d’être, il me demande sans cesse si je vais bien. Mais que puis-je leur répondre ? A mes yeux, tout va bien, même si je sens que
quelque chose en moi a changé. Je ne peux pas expliquer mon comportement. Lentement, je pose la mienne sur ses doigts frêles, je sens sa bague en or, ses ongles vernis, ma sœur est si fragile et
la voir s’inquiéter pour moi m’énerve, elle ferait mieux de s’occuper d’elle un peu ! Sa gentillesse la perdra… Je me retourne et lui offre un sourire crispé. Depuis un mois, je ne suis que
l’ombre de moi-même, j’espère seulement que ce malaise passera avec le temps, en vivant par mes propres moyens. Loin de lui.
- Bon, tu paies ton café, Nolan ? S’extasie Link devant ma machine à espresso.
- J’ai pas encore fait les courses, désolé, dis-je en rangeant les livres dans la bibliothèque.
- Bon, bah allons-y ! S’écrie Link en me tirant par le bras.
J’ai même pas eu le temps de lui répondre qu’il m’embarque déjà hors de l’appartement. Je tente de protester mais
peine perdue, heureusement que je suis juste au premier étage, j’ai failli tomber au moins trois fois dans les escaliers, tiré de force. Je tente de stopper Link mais ses jambes ne s’arrêtent
pas, un grand sourire sur les lèvres, il avance avec joie, dans la rue alors que tous les passants nous prennent pour des fous. Pourquoi ce garçon n’a-t-il pas de veste par un temps pareil ? Il a
perdu l’esprit ? Si seulement j’avais pu madame…Si seulement.
- Mais t’es pas bien, ma parole ! Je crie en me dégageant.
- J’ai envie d’un café moi, me dit Link en faisant la moue.
Je soupire las, je n’ai pas envie de lui crier dessus maintenant. Je lui vole donc son manteau beaucoup trop grand
pour moi, il se retrouve en pull à col roulé mais ça n’a pas l’air de le gêner. Je remonte la fermeture et prend la route du centre commercial à quelque pas de chez moi.
Link allume une cigarette, il ne sourit plus comme un enfant et semble, au contraire, devenir très sérieux, il me
regarde du coin de l’œil, accusateur, je me sens jugé, ce qui est très désagréable, et pourtant je ne dis rien.
- Il n’est toujours pas revenu ? Il me demande.
Mes yeux s’écarquillent, mon cœur fait un bond, mon visage s’assombrit lentement.
- Non, toujours pas.
Nous arrivons enfin devant le centre. Au supermarché, je vais chercher un caddie pendant qu’il regarde dans le rayon
musique. Je m’approche et remarque une immense partie consacrée au nouvel album des « Harassual » avec, en couverture, le profil de Link en plein concert la lumière derrière lui,
jaillissant de part et d’autre de son visage noir dans l’ombre, l’écart de ses lèvres proche du micro nous donne déjà des frissons : une couverture magnifique. Les images du concert me
reviennent, il y a un mois de cela, sa musique So Cold m’avait marqué, cette guitare dans ces mots m’avait littéralement envoûtée. Il avait un don, c’était indiscutable.
Il fixait son album avec une certaine concentration, je crois rêver lorsque je le vois froncer des sourcils, agacé par je ne sais quoi.
- Je déteste voir mes albums, je ne sais pas pourquoi mais à chaque fois, c’est la même colère qui m’habite
soudainement, dit-il comme s’il se parlait à lui-même, pourtant je devrais être content d’être célèbre seulement…Je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à être fier de moi…
- Je suis fier de toi moi, dis-je instinctivement, peut être que pour toi, c’est pas important. Ça te soulagera sans doute pas mais sache que je suis fier de toi. Tu as réussi à trouver ta voie, tu n’es plus le Link solitaire qui en voulait à la terre entière, tu n’es plus le Link au bord du gouffre. Tu as changé et je suis fier de ce que tu es devenu.
Il reste figé quelques minutes, j’ai l’impression d’avoir trop parlé, ce n’est pas dans mon habitude d’être aussi
gentil, aussi expressif dans mes intentions. Quelque change mue en moi, quelque chose d’inconnu et d’effrayant.
- Tu devrais être gentil plus souvent Nolan, sourit Link, tu es mignon quand tu rougis.
Il se moque de moi ou quoi ? Bon ! On n’est pas là pour bavarder, je me racle la gorge et pars en direction du rayon
légumes, quelques fruits, de quoi faire une salade et puis hop ! Rayon suivant. Avec l’aide de Link, nous sommes rentrés seulement une heure après, les bras couvert de sacs de mille kilos.
D’accord, je suis peut être une petite nature mais Link est pire que moi, il traîne des pieds en se plaignant pour que je porte un sac de plus.
- C’est déjà le troisième, tu rêves, je suis pas un mulet, je dis en continuant sans me soucier de ses
gémissements.
- Mais c’est trop duuuuuur.
J’avais l’impression d’être avec un gamin de huit ans, manquait plus qu’il se mette à pleurer en appelant sa mère,
ce qui aurait été comique… Pour être franc, j’avais vraiment peur qu’il le fasse. Un étage plus haut, Link s’étale sur mon canapé comme un mourant, agonisant. Colgate vint m’aider à porter les
sacs pendant que Yan rangeait le reste de mes bouquins. Ely avait accroché un gros panneau « INTERDIT DE RENTRER » devant le petit couloir qui conduisait à ma chambre et la salle de
bain. La zone est apparemment en plein nettoyage et lorsque ma sœur se met à nettoyer, vaut mieux ne pas être dans ses pieds : elle se transforme en véritable Terminator.
La journée est passée très vite. Mon appartement n’était pas encore le nid douillet que je pouvais imaginer mais
tout le monde m’a beaucoup aidé et Link a insisté pour fêter ça dignement. Ma sœur, évidemment, à suivi le chemin aussi contente que lui que de boire des litres d’alcool, Yan jubilait rien qu’à
l’idée de pouvoir rester encore auprès de moi, il se frottait presque comme un chat.
- Je rêve ou tu ronronnes !!! Je m’exclame en m’écartant.
Il me fait un grand sourire avant de simuler un « miaou » que j’étais le seul à pouvoir entendre. Il
valait mieux, pour moi, ne pas boire ce soir. Tom est aussi resté, un boulet de plus ! Finalement, ma pendaison crémaillère me semblait beaucoup moins festive, je serai le seul à ne pas
m’écrouler par terre pour ramasser les autres tout en approvisionnant cette bande d’ivrogne. Aussi enthousiaste qu’un gamin, Link a sorti de je ne sais où des bouteilles de saké, vodka, whisky et
différentes autres boissons non alcoolisées pour mélanger le tout. Je deviens blanc comme un linge rien qu’à la vue des bouteilles sur la table. Les regards lubriques de ma sœur et de Link me
font peur.
Les deux premières heures étaient sympas, Yan a fait cuire des pizzas, Colgate tentait de calmer sa femme sur les
verres qu’elle engloutissait, Link restait frais, alternant cigarettes et verres. Argh, la gerbe ! J’avais même pas encore bu un verre et j’avais déjà envie de vomir. Yan avait décidé de ne pas
boire non plus, il avait sa voiture : ce qui était agaçant chez Yan, c’est qu’il avait tout pour lui ! La beauté, il savait cuisiner, il était drôle, bienveillant, sérieux, non fumeur, non
buveur, pas fêtard, jaloux comme il faut, compréhensif, attentif et attentionné ET POURTANT il manquait quelque chose d’essentiel. C’est peut être cette perfection irréelle qui ne me plaisait
pas.
- Je vous présente le CERCUEIL ! S’emballe Link.
Il me tend une boisson si foncée que j’en ai des frissons d’inquiétude. Qu’a-t-il foutu dans ce verre ? Il semblait
fier de lui, les joues un peu rosées, ma sœur était déjà trop euphorique et Tom en était encore à son premier verre, raisonnable en toute situation.
- C’est quoi cette expérience chimiquement dangereuse ? Demande Tom.
- Je dirais même que c’est radioactif, je dis à mon tour.
- C’est un cercueil, un mélange de plein d’alcools avec du coca, dit-il un grand sourire sur les lèvres.
- Très peu pour moi.
Je sors immédiatement de la table pour aller surveiller les pizzas. Quelle soirée, je vous jure.
Au final, tout le monde était raide à la fin la soirée, trois heures du matin, et j’avais l’impression d’être sur un champ de bataille. C’est pas très drôle d’être le seul sobre, je me sens vraiment seul. Yan était encore assez frais pour conduire, il m’a juré d’emmener tout le monde chez soi sain et sauf, j’espérais seulement que Link ne vomirait pas sur la banquette. Il chantait, soutenu par Yan qui l’aidait à descendre les escaliers, Ely semblait au bord du coma éthylique mais elle continuait de rire pour un rien. Colgate, à moitié présent, tanguait juste un peu et m’avait aidé à porter ma sœur jusqu’en bas malheureusement, il a raté une marche et est tombé comme une merde jusqu’en bas des escaliers ; Yan est arrivé en courant pour constater qu’en fait il s’est endormi. Ma sœur est finalement couchée sur la banquette arrière dans les bras de son mari endormi, Link une cigarette dans la bouche plus énergique que jamais. Je souhaitais une bonne nuit à Yan tout en regardant partir la voiture dans les lumières de la nuit.
J’ai regardé le ciel, fatigué, c’est tout de même une belle nuit. Soudainement, une chose froide vint s’écraser sur
mon nez, puis deux, puis trois, puis un milliers de petits flocons blancs qui tombaient sur la ville : la neige. D’abord, je suis resté stoïque puis un sourire béat s’est étiré sur mes lèvres et
j’ai ri comme un enfant, la neige ! Il neigeait enfin, j’ai couru dans mon appartement pour attraper ma veste et mon écharpe. La première neige de décembre. J’ai marché dans les rues sans quitter
le ciel du regard, les nuages avaient une couleur rose à cause des lampadaires de la vie, c’était magnifique ! Une sensation de joie intense me submergeait. Noël n’était plus qu’à quelques
jours.
Les rares passants s’extasiaient face au spectacle, quelques enfants se collaient aux vitres de leur chambre pour regarder les flocons. Une ambiance, une musique, c’était une période si attendue et si redoutée. L’approche des fêtes, des cadeaux, des familles heureuses. Allais-je fêter Noël seul à nouveau ? Peu importe, car il neige ce soir. Petit à petit, un film minuscule englobe la ville. Totalement hypnotisé, je ne regarde même plus où je mets les pieds et je me cogne contre un passant, assez violemment puisqu’il s’écrase par terre dans un gémissement de douleur.
- Je suis désolé ! Je m’exclame en lui tendant ma main pour le relever.
Je crois faire une crise cardiaque lorsque je croise le regard électrisant d’un vert émeraude reflétant autant de
surprise que de crainte. Pas un mot, pas un mouvement, aucun de nous deux ne sait quoi faire ou que dire. La situation est si…inattendue. Voilà un mois je ne l’avais plus vu, un mois qu’il avait
disparu de ma vie, un mois que je ruminais contre lui ! Contre ce qu’il pense de moi ! Un mois que je tentais d’oublier ce regard.
Il portait une doudoune déchirée sur les manches, des chaussures sales et mouillées, ses lèvres étaient violacées
par le froid et ses cheveux étaient encore humides. Que faisait-il dehors à trois heures du matin ?
Brusquement, il se relève et se frotte les fesses pour enlever les trois flocons, il cache son visage derrière son bonnet mais ne bouge pas. Je penche un peu la tête, il ne s’enfuit pas cette fois. C’est donc moi qui le contourne, je passe à côtés de lui sans dire quoi que ce soit, honteux d’avoir un comportement aussi puérile, honteux d’être obligé de baisser les yeux pour faire comme s’il n’était pas là, honteux de sentir mon cœur se déchirer à chaque pas que je fais pour m’éloigner de lui.
Je décide de m’arrêter, je n’y arrive pas, je n’arrive pas à m’enfuir. Je finis par me retourner, Zach est resté
immobile, au milieu de la neige, les mains tremblantes, le épaules baissées, son corps entier semble s’écraser. Ne sachant pas trop comment réagir, je m’approche donc et le frappe sur la tête
d’une claque innocente.
- Suis-moi, dis-je sans plus de formalité.
Je n’ai même pas eu besoin de l’attendre, quelques secondes après, je l’entendais me suivre pas à pas jusqu’à mon
nouvel appartement. J’ai ouvert la porte et je suis rentré en soufflant sur mes mains. Il ferme la porte derrière lui sans un mot, je le fixe encore plus intrigué. J’ai peur, peur qu’il lui soit
arrivé quelque chose, je sens qu’il ne va pas bien mais je ne peux pas me résoudre à être aussi « gentil », aussi « proche » qu’avant. Par fierté, par rancune. Je prépare un
grand chocolat chaud et le pose sur la table.
- C’est pour toi, dis-je pour lui faire comprendre.
Une machine. Il s’approche du chocolat et colle ses mains autour en respirant la bonne odeur qui s’en dégage. Un
sourire s’étire sur son visage, un sourire déformé par la douleur car très vite une larme roule sur sa joue. Sans plus attendre, il cache son visage dans son bonnet et pleure silencieusement. Pas
un mouvement, pas un geste. Je m’assois en face de lui et j’attends que ses larmes réchauffent ses joues.
- Merci, il murmure entre deux sanglots.
- Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne m’auras pas dit pourquoi je t’ai trouvé dans cet état par un froid pareil, je dis en buvant une première gorgée.
- Je… les mots ne sortaient pas, je…
Les blessures étaient trop vives, l’émotion trop forte, il n’arrive pas à aligner un mot après l’autre. J’ai apporté
une serviette et un gant de toilette.
- Va prendre une douche, ça va te réchauffer. Si tu en as envie, tu peux dormir ici cette nuit.
Sans vraiment comprendre pourquoi ni comment, j’ai posé des draps et une couverture sur le canapé, je l’ai déplié en
lit et je l’ai préparé pendant que discrètement il était parti prendre sa douche.
Que s’est-il passé ?
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Ah je vois d'ici vos sourires élargis ! XD et oui enfin...seuls...tous les deux...dans un appartement....humm
bande de coquine !
Je remercie toutes les filles qui me laissent plein de commentaires ! Je vous aime et j'adore votre imagination débordante !! ^^
Zach va-t-il dire quoi que ce soit à Nolan ?
Bisous
- Je vois qu’en plus d’être homo, t’es un mec violent, nan, franchement, t’as tout pour toi ! Répliquai-je en me massant la mâchoire, furieux de n’avoir rien vu venir et furieux qu’il me
parle sur ce ton !
Parce que j’étais censé croire quoi ? Quand je débarque chez lui et que je le vois avec un mec à moitié à
poil ? J’étais me censé me dire : ah mais non, il l’aidait simplement à se déshabiller pour aller prendre le bain ! BAH VOYONS !!!!! Je veux bien faire des efforts mais quand
même, et puis, le coup de l’ex collant, ça lui va bien de dire ça, hein !
- Et toi, t’es qu’un putain de gamin qui pense qu’à lui et qui croit avoir tout le temps raison alors qu’il se pose
même pas les bonnes questions !!!
- Zach ! Intervint Christelle qui avait apparemment suivi tout l’échange particulièrement élevé au niveau intellectuel, si tu veux te disputer avec ton ami, tu vas DEHORS ! Vous réveillez tout le monde à cette heure-ci ! S’époumona-t-elle.
- J’ai rien à voir avec lui, c’est pas mon ami, il l’a dit lui-même ! Grognai-je.
Une gifle vint me fouetter violemment la joue et je la regardai sans comprendre.
- Dehors ! T’y réfléchiras à deux fois avant de dire des bêtises !
- Bordel, vous faîtes tous chier !! M’énervais-je en prenant mon manteau et claquant la porte. Je donnai un coup d’épaule à Nolan pour passer sans m’excuser et glissai en soufflant un bon coup contre le mur.
Je me mis à grelotter, réalisant que j’étais pied nu, vêtu d’un simple jogging. Sentant un regard insistant sur moi,
je levais la tête pour me rendre compte que Nolan était toujours là. Il me regardait d’un air bizarre, surement à se demander s’il allait me mettre une droite ou une gauche.
- Bah, finalement, t’as pas changé, t’es toujours à la rue, me dit-il froidement. T’as peut-être vécu des choses
difficiles mais faut pas croire pour autant que tu sais tout de la vie et encore moins celle des autres. Je dirais même plus : tu sais rien de la vie. Et c’est pas dans un taudis minable
qu’on peut s’en sortir.
Il se détourna sans un autre regard pour disparaître progressivement dans la nuit.
Je tremblais mais pas uniquement de froid. Je posai la tête contre le mur en soupirant avant de fixer le ciel. Pas une seule étoile dans ce ciel triste et pollué. Souillé. Morne. Le même ciel qui me couvrait la tête depuis mon enfance, ce même ciel sans dieu ou alors un dieu bien cruel.
Je regroupai mes genoux contre mon torse pour me protéger du froid et y posai ma tête. La phrase de Nolan se
répercutait dans tous les coins de ma tête avec une telle violence que j’avais l’impression que mon crâne allait exploser. Des larmes me piquèrent les yeux quand bien même ils étaient
fermés.
Ouais, je savais que j’étais nul, pas besoin qu’on me le dise !
Lorsque je me réveillais, je tremblai de froid dans mon lit, la tête tournait. Il était 17h15 : j’avais dormi
toute la journée. Je ne savais pas quand Christelle avait daigné me chercher mais j’avais chopé une bonne crève, la gorge sèche et douloureuse dès que je toussais me le confirmait.
J’avais soif mais je ne pouvais pas appeler et dès que je mis un pied hors du lit, les murs se mirent à tanguer
dangereusement. Je m’aidais du mur pour monter et crus que ma tête allait exploser quand j’arrivais dans le salon avec tous les enfants surexcités. Je grognai et poussai jusqu’à la cuisine pour
me servir un verre d’eau, pas plus, parce que je ne pouvais rien avaler.
Je retournai ensuite dans ma chambre sur des jambes flageolantes pour me réfugier dans ma couette sauf que je
m’emmêlais les pieds et tombai par terre comme une merde. Un rire nerveux m’échappa : au moins, je ne pouvais pas tomber plus bas. Je retins mes larmes, qui me faisaient finalement plus de
mal que de bien, et finis par réussir à atteindre mon objectif.
Je me réveillais lorsqu’une masse chaude vint se blottir contre moi. Inconsciemment, je la serrai dans mes bras
avant d’ouvrir les yeux après un raclement de gorge.
- Il veut à tout prix dormir avec toi, dit sèchement Christelle –je ne comprenais pas pourquoi elle m’en voulait
mais visiblement, c’était le cas- évite de lui refiler ta crève.
- Moi, au moins, je ne l’enferme pas dehors en pleine nuit avec -5 degrés dehors, répliquai-je, énervé.
- Lui au moins ne dit pas des idioties de vieux décrépis et fermés d’esprit. Surtout pour quelqu’un qui a un meilleur ami gay.
- Je vois pas ce que tu veux dire, rétorquai-je, légèrement perdu mais n’ayant pas envie de me prendre la tête dans l’état où j’étais.
Exaspérée, elle souffla un bon coup.
- Je ne pensais pas que tu rejetterais Nolan parce que c’était un homosexuel.
- QUOI ?! M’étranglai-je. Mais t’es pas bien et d’abord quand est-ce que j’ai dit ça ?! poursuivis-je outré. Et puis, même si c’était le cas, tu me laisserais crever dehors alors que tu le connais pas ?
- Je t’aurai pas laissé crever dehors, juste donner une bonne leçon et que tu réfléchisses un minimum à ce que tu dis.
- Mais je rêve ! Tu prends sa défense alors que tu…
- J’en sais suffisamment.
- Par ce que ton fils t’a raconté !! Ah bah, elle est belle, la loyauté ! Je me déglingue la santé pour vous et voilà ce que je récolte ! Nan mais, j’y crois pas ! Tout ça parce que… Je ferais mieux de ne pas y penser… Mais vous êtes graves, c’est pas possible !
Excédé au bord de la crise de nerf, j’enfonçai mon visage dans mon oreiller, me retenant de tout envoyer valser, y
compris Fabrice. Je pensais quand même que j’avais un minimum d’importance à leurs yeux, bah non !
Mais quoi, après tout, fallait s’en douter : je n’étais qu’un orphelin au passé trouble, je n’étais pas une personne digne de confiance alors que lui, chargé de TD, bah, ça en jette ! Et encore orphelin, mais par simple caprice et que si je le voulais, je pourrais retourner vivre avec mon père couler des jours heureux… tu parles ! Heureux au paradis, ouais !
Je savais que je n’aurai pas dû le fréquenter, tout partait en vrille ! Je le savais mais je ne m’étais pas écouté, je lui avais fais confiance… Et là, putain, j’en avais mal au bide, je ne voulais pas retourner à la rue tout ça parce qu’il a décidé de foutre le bordel ! Non, ce n’était pas possible…
Je séchais les cours du lundi, trop faible pour retourner en cours sans m’endormir sur mes feuilles. Mais cette
histoire m’avait cassé le moral et je n’avais plus la même joie de retrouver les autres. J’en voulais toujours à Christelle et finalement, je ne m’occupais pratiquement que de
Fabrice.
J’essayais de le faire parler de ses cauchemars mais d’après lui, il ne se souvenait de rien. Je lui demandais si
c’était à cause de Jérémy, Luc ou Nicolas ses compagnons de chambre, il se contenta de secouer vivement la tête à l’horizontale mais n’ouvrait toujours pas la bouche. J’allais parler avec les
instituteurs qui n’avaient rien à dire sur son travail ou comportement. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Peut-être avait-il été plus perturbé que les autres à cause de la drogue, c’était
possible, la plupart des gosses sont tellement embrouillés que dès que quelque chose arrive, ils croient que c’est de leur faute et qu’ils vont se faire punir. Mais ça n’expliquait pas pourquoi
il voulait dormir avec moi tous les soirs, comme s’il avait peur de quelque chose. Et ça m’énervait de ne pas comprendre parce que je ne pouvais pas l’aider alors que c’était évident qu’il avait
besoin d’aide.
Je décidai de parler aux trois trouble-fête, sans leur mettre la pression. Ils secouèrent la tête mais je captai un
mouvement dans mon dos : Mickaël s’était complètement figé. C’était un garçon d’une dizaine d’années, brun, les yeux marron, assez timide comme Fabrice.
Christelle intervint malheureusement à ce moment-là pour ordonner l’extinction des feux. Je couchai Fabrice dans mon lit qui ne mit pas longtemps à s’endormir. Je profitais de son sommeil pour m’éclipser et aller toucher deux mots à Mickaël, en espérant qu’il ne se soit pas déjà endormi. Les lumières s’éteignaient progressivement, le calme régnait déjà dans le couloir. Le coucher se passait bien en général, la lecture des histoires se faisant dans le salon avant d’aller dormir. Ce n’était pas possible sinon de faire chaque chambre avec un livre à la main et de raconter six fois la même histoire.
Je frappai doucement à leur porte, pour ne pas leur faire peur si certains étaient encore éveillés, avant d’entrer
doucement. Bizarrement, le lit du concerné était vide, peut-être était-il allé aux toilettes, même s’ils y allaient avant de se coucher. Mais là, il n’y avait toujours personne. Je pestai, encore
un qui était allé faire le mur.
De la lumière filtrait de la chambre de Franck, j’entrai, après avoir frappé, pour le prévenir que je sortais. La
scène qui se déroula ensuite fut d’une telle violence et d’une telle rapidité que tout était flou dans ma tête. Je crois aussi que c’est parce que ça m’avait tellement révolté, dégoûté, que je
répugnais à m’en souvenir.
Le problème, c’est que j’avais agi sur un coup de tête, sans réfléchir, l’urgence de la situation ne m’en avait pas
donné le luxe. Une pulsion animale m’avait propulsé en avant pour empoigner Franck et le jeter contre le mur, loin de Mickaël. La volonté de le sauver avait supplanté mon propre instinct de
survie et, incapable de me défendre, de me battre, Franck se retourna contre moi pour me rouer de coups. Je pouvais tout juste protéger ma tête, pour éviter de prendre un coup trop violent,
réflexe que j’avais gardé de la rue, mais les capacités réduites de mon corps me limitaient dans mes mouvements : diminué par l’épisode de mon enfance et traumatisé par les coups de mon
père, j’offrais une cible facile car j’étais incapable de riposter.
Je n’étais même pas sûr d’avoir sauvé Mickaël car il suffisait qu’il me roue de coups jusqu’à ce que je m’évanouisse
pour qu’il continue ce qu’il avait commencé. Ce dernier, trop choqué par la scène, demeurait immobile, les yeux exorbités de peur ; je luttais contre l’inconscience pour lui hurler de fuir
mais les mots demeuraient tapis, bloqués dans ma gorge.
La douleur me fit reprendre contact avec la réalité : j’avais l’impression que dix tonnes d’eau gelée s’étaient
déversées, me coupant la respiration. Des milliers d’aiguilles me transperçaient le dos et la douleur se propageait jusque dans la moindre parcelle de mon corps.
Je saisis le verre d’eau posé sur ma table de nuit avant de sursauter quand une main froide se posa sur mon front.
Christelle avait les joues rouges comme si elle avait beaucoup pleurer et ma colère envers elle fut vite oubliée lorsqu’elle me serra dans ses bras. Je répondis à son étreinte en soupirant d’aise
et laissai ma tête se nicher dans son cou pour respirer son parfum.
Quand j’étais arrivé ici, j’étais comme un animal craintif, je ne parlais pas et je restai dans mon coin pour
sursauter dès que quelqu’un posait sa main sur moi. La seule personne qui ne m’avait jamais fait peur, c’était Christelle, sûrement, avec du recul, parce qu’elle me rappelait ma mère, dans sa
douceur et par son physique aussi.
Elle m’avait laissé le temps de m’habituer à elle, Allan, à l’époque, était un garçon aussi perturbé que nous, ne comprenant pas pourquoi sa mère passait autant de temps avec des enfants qu’elle ne connaissait pas, se sentant mal aimé et se montrant violent avec nous. Je crois que si nous sommes devenus de si bons amis, c’est parce que je suis arrivé à la bonne période : sa mère et lui venaient d’avoir eu une longue explication à ce sujet, jugeant qu’à treize ans, il était en âge de comprendre, et il avait essayé d’écouter le conseil de sa mère selon lequel il comprendrait mieux s’il essayait de nous comprendre au lieu de nous détester.
Il passait donc son temps à m’observer, même quand j’étais dans mon coin, en me collant le plus possible contre le
mur pour essayer de disparaître. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en y repensant mais c’est quand quelqu’un a pris « mon coin » qu’il est venu me parler tellement j’étais paniqué. Il
m’a pris d’autorité par le bras pour s’installer sur le canapé et il a commencé à me raconter sa vie, ses problèmes. Il m’avait d’abord regardé comme une bête curieuse avant de
dire :
- Bon, comme t’as l’air plus bête que les autres, je peux bien te raconter mes problèmes, tu t’en souviendras pas de
toute façon.
Et il m’avait tellement bassiné avec ses problèmes de garçon toute la journée que, déterminé à ne plus lui parler,
j’avais passé mon temps à l’éviter.
- Franck m’a tout raconté, m’avoua-t-elle, le regard de biais. Tu…
- Qu’allez-vous faire ? La coupai-je.
- Nous ne pouvons pas te garder, dit-elle dans un souffle.
- Bien sûr… QUOI ?!!!! Mais qu’est-ce que tu racontes ?
- Je ne comprends même pas comment tu as pu faire ça ! Reprit-elle, la voix dure et sèche, osant me regarder dans les yeux. Après tout ce que nous avons fait pour toi !
- Mais qu’est-ce que tu délires là ? Je te suis pas, avançais-je en ayant peur de comprendre.
- Tu vas devoir assumer tes actes maintenant. Tu ne croyais quand même pas tu pourrais agir en toute impunité ?!
Non !!! Tout mais pas ça ! La panique menaçait de me submerger, je tentais de garder la tête froide pour
découvrir ce qui s’était passé pendant mon absence.
- Et Franck ? Fis-je, la voix étranglée par l’émotion, comprenant que j’étais foutu.
- Quoi Franck ? S’il n’avait pas été là, je n’ose même pas imaginer la suite…
Il avait inversé les situations… Là, j’étais vraiment dans la merde.
- Comment peux-tu imaginer une seule seconde que j’aie pu faire ça ? Ce sont mes frères et sœurs, j’ai grandi avec eux, on a plus de dix ans d’écart. J’avais leur âge quand je suis arrivé ici !
- Non, ce ne sont pas tes frères et sœurs, trancha-t-elle, je te rappelle que tu en as un, de frère.
- Mais t’es pas bien ! Comment tu peux me faire ça ?! Et ça veut dire que tu vas laisser Franck ici ? Alors que dans le meilleur des cas, il est tout autant coupable que moi et que dans le pire, c’est le seul coupable dans l’affaire, comme je me tue à te le faire comprendre ! Tu penses un peu aux enfants, là ?
- A ton avis, dans quel intérêt j’agis ?
- Je ne sais pas mais t’es franchement bizarre en ce moment avec moi, tu veux me remettre avec mon père, tu demandes à mon beau-frère de m’insérer dans la famille, franchement, j’ai peur de me dire que tout ceci n’est qu’une mascarade pour me rapprocher de ma famille. Quoique je préférerais…
- Et bien, non, c’est la réalité et dès que tu iras mieux, tu partiras d’ici. En attendant, je t’enferme dans ta chambre avec interdiction de voir ne serait-ce que l’un d’entre eux !
- MAIS OUVRES LES YEUX !! Pourquoi Fabrice tenait-il tant que ça à dormir avec moi ? Demandes à Mickaël, bordel ! Comment j’aurai pu les toucher, comment j’aurai pu… Et puis, tu sais en plus que je ne veux pas retourner à la rue et que j’ai tout fait pour mes études, pour les enfants. Tu crois vraiment que je prendrais le risque de tout foutre en l’air ?
- La discussion est close et dépêches-toi de récupérer que je puisse te mettre à la porte, conclut-elle, froidement.
- Attends ! Alors si… Si ta décision est irrévocable, fis-je la voix brisée, éloigne au moins Franck des enfants. Crois-moi, je t’en prie, je partirai si ça peut les rassurer, te rassurer, mais fais pareil avec Franck. Le laisse pas avec eux !
- Et qui les gardera ?
- Je sais pas, demande a Allan ou Renaud, le temps de trouver une solution, ou restes avec moi pendant que je les surveille, mais je t’en conjure, ne le laisse pas avec eux.
- Tu n’as pas à me dire ce que je dois faire.
Le lendemain, mon sac à dos sur les épaules, Christelle me mettait à la porte sans plus d’état d’âme. Au moins,
m’épargnait-elle la honte de le faire devant les enfants qui étaient en cours mais j’en étais malade de les savoir avec lui. Je l’avais suppliée, marchandée, brusquée, elle restait butée sur sa
position. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne me croyait pas. Pourquoi faisait-elle plus confiance à Franck qu’à moi ? Alors qu’elle m’avait vu grandir ?
- Franck est là depuis l’ouverture de nos portes, je ne vois pas pourquoi il aurait changé de comportement du jour
au lendemain ni pourquoi il aurait fait ça !
Et moi alors ?
Et pourquoi il aurait changé ? Mais parce que depuis que j’étais parti en bas, il était tout seul là-haut pour les surveiller alors qu’avant, il partageait sa chambre avec David, un surveillant qui est parti deux ans plus tôt quand Christelle a enfin considéré que j’étais suffisamment responsable pour m’occuper d’eux.
Détruit, je me rendis chez Allan, le soir même.
Il me darda un regard de haine.
- Je… Est-ce que tu peux m’héberger pendant un temps ? Bafouillai-je.
- Pourquoi ?
- …
- Pourquoi j’hébergerai un pédophile doublé d’un homophobe ?
Sa réplique me fit l’effet d’un coup de poing en pleine figure et je reculais de quelques pas.
- Ça m’étonne pas que ton père t’ait abandonné, il avait dû comprendre quel genre de pourriture tu étais ! Abandonne tes études, tu sais bien qu’on peut pas devenir avocat avec un casier !
- Allan, tu… Comment vous pouvez croire que… Me défendis-je avant de prendre la porte en pleine face.
Complètement sonné, je descendis les marches avant de me retrouver dehors sans trop savoir où aller. J’avais mal au
cœur, mal au crâne, et le pire, c’est que toutes ces douleurs ne me faisaient que prendre conscience que tout ça était vrai : j’étais de nouveau à la rue, de nouveau seul. Je pouvais aller à
la fac mais je n’avais pas envie de les affronter même si mon absence leur prouverait que j’avais raison. Mais avec mon meilleur ami qui me prenait pour un pédophile, Nolan qui devait me prendre
pour un homophobe, je ne voyais pas tellement le plaisir d’y aller…
Et Christelle allait-elle porter plainte ? Si c’était le cas, Allan avait raison, ça ne servait à rien de continuer. Avec un casier, et pas des moindres, c’était tout mon avenir qui me fermait ses portes.
Alors, c’était vraiment fini ?
Une heure plus tard, je me tenais devant la tombe de ma mère, accroupi, recroquevillé sur moi-même. Mon père s’était
contenté de me battre avant de me mettre à la porte -exactement ce qu’avait fait Allan même s’il s’agissait de mots- sans me dire où était ma mère. C’est Christelle qui avait effectué toutes les
démarches pour découvrir où on l’avait enterrée : dans le quartier où j’avais grandi.
Le temps passait et je demeurai immobile, perdu devant sa tombe.
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OOooh pauvre petit Zach j'ai trop mal pour lui... Lilly fidèle à elle même aussi sadique que folle !
Comment elle peut imaginer un truc pareil ? Elle m'étonnera toujours..
Bon voilà bisous à toute ^^
L'animal avait un regard pénétrant, les jambes hésitantes j'étais toujours aussi effrayé et impressionné face au puissant mustang. Ses yeux si grand,
si noir, si clairvoyant j'avais l'impression qu'il pouvait sonder mon âme d'une manière si aisante que j'en étais paralysé.
" Tu me regardes enfin. "
Son souffle chaud et ses secousses brusque de la tête. Je m'approche toujours avec appréhension, avec crainte, je
tends une main fébrile déglutissant la gorge serrée. Le temps s'arrête, le monde qui nous entoure n'est qu'un décor facultatif, il n'y a que moi et lui au milieu d'un champs de hautes herbes. La
chanson mélodieuse du vent qui chatouille son poil et qui me caresse les cheveux.
" Tu trembles toujours autant..."
Une pression étrange m'appuie sur la poitrine, je m'arrête, définitivement relié à ses prunelles, je reste
débout sans rien dire devant la bête majestueuse. Il m'accuse, me condamne, il me fait ressentir toute cette culpabilité, tout ce dégoût que j'ai à l'égard de moi même. Il lit en moi et me
méprise, aussi muet soit il, j'entends sa voix distinctement dans mon esprit me murmurer la vérité.
" De quoi as tu peur ? Je ne suis qu'un cheval..."
Tu n'es qu'un animal. Un simple cheval mais tu me fais l'effet d'un Dieu. Un Dieu qui me regarde de haut et
qui connaît la moindre de mes pensées secrètes. Le reflet d'une conscience lourde, le résultat d'illusion, de mensonge, le résultat de frustration, de désire inavouée. De réalité
voilée.
" Je n'ai pourtant aucune volonté propre...Je ne suis qu'un cheval."
Non tu n'es pas qu'un cheval.
- Ca va Jen' ? Hurle mon petit frère sur Kala
- Hein ? Oui oui !
- On ne dirait pas, se moque Costia sur un pur sang arabe plus loin
Ils sont tous déjà sur leurs chevaux, mon père ne dit rien. Il me fixe, spectateur et à la fois impatient. Il est le seul
qui comprend pourquoi je n'arrive pas à toucher ses bêtes. Il le seul qui les "entend". Le duel entre l'équidé et moi n'est pas terminé. Je prend une grande inspiration et avance d'un pas, le
bruissement de mes bottes sur la terre sèche, le grognement de cheval qui recule d'un pas, je ne détourne pas le regard. Je tends ma main jusqu'à son museau, il secoue un peu la tête, déterminé
j'avance avec plus d'assurance mais mon regard apeuré me trahis.
" Tu ne peux pas me toucher tant que tu n'auras pas compris..."
Comprendre quoi ? Je suis un incapable ? Je n'ai fais que faire souffrir tout le monde autour de moi, que je ne
mérite pas le pardon, ni même l'amour. Je l'ai compris. Je ne suis pas fais pour être heureux, je ne suis pas fais pour vivre comme les autres, je ne me vois pas de toute façon vivre comme tout
le monde. J'aimerai au moins essayer de m'affronter une bonne pour toute.
" Tu t'enfermes toi même dans la sanction que tu t'es donné."
Que veux tu que je fasse ? Je ne sais plus quoi faire...
" Sois franc avec toi même."
- Je crois que tu fais peur à ce pauvre mustang encore tout jeune, sourit Costia en s'approchant sur son cheval noir
- Dis à mon père de partir devant. Je vous rejoins au bord de l'étang plus tard.
Costia hoche des épaules et s'en va. Je fais signe à mon père que tout va bien, il ordonne à mon frère de le suivre et les trois
cavaliers s'enfoncent dans la petite forêt. Je m'assois à même le sol, épuisé, désespéré. J'ai raté quelque chose, il manque un élément. Je m'évade dans le ciel bleu et sans nuages, je m'égare au
milieu de la mer. Doucement je me couche, le bras derrière la tête, la jambe droite relevée. Je me détend, le mustang s'agite et vient se coucher à côté de moi, il souffle bruyamment
dans mes cheveux qui me retombent devant les yeux. J'arque un sourire et les remet en place. Il recommence.
- Hé ! Écartes toi si tu respires aussi fort !
Il grogne et tourne le gueule comme si il boudait.
- Susceptible en plus.
Je me replonge dans mon évasion, je rêvasse en repensant à tout ce qui s'est passé ce dernier mois. Un visage
continue de m'obséder à peine m'étais je couché que l'odeur de la paille et la vue d'un ciel bleu que ses traits se dessinaient dans mon esprit.
Je repense à Gwen, notre rencontre, sa façon de toucher mes cheveux et de me regarder. Son sourire si mélancolique
et tendre à la fois. Sa voix. Ses lèvres. Mes paupières se ferment, je soupire las, chaque fois que son visage me revient à l'esprit j'ai comme l'impression d'entendre mes sanglots au fond de
moi. Les yeux me piquent, j'expire profondément. Si seulement tout n'était pas si dur...Si seulement je pouvais le revoir encore une fois, le toucher encore une fois, l'aimer juste encore un
peu...Si seulement j'en avais le droit.
" Ouvres les yeux Jensen, tu en as toujours eu le droit "
Plus maintenant. Il m'a trop fait souffrir, il n'a même pas chercher à me retrouver et j'avoue que ce n'est pas plus mal.
Ça aurait rendu les choses trop difficile.
" Il manque pourtant toujours quelque chose..."
Il me manquera toujours autant quoi que je pense, quoi que j'espère...Il ne quittera jamais sa place. Un masochiste, voilà
ce que je suis, un grand masochiste.
Finalement je ne rejoins pas les autres, je suis resté toute la journée coucher sur le sol à moitié conscient ce qui
m'entoure je laisse mon imagination recadrer mon espace. J'en oublie le temps, les contraintes, la réalité. Le cheval n'a pas bougé non plus, calme, il s'est laissé aller à la paresse. Peut être
que quelque part il avait envie de rester à côtés de moi, peut être que quelque part je me sentais bien coucher si près de lui. Le coucher de soleil assombrit le ciel, un mélange de couleur
chaude, un bleu qui vire vert le mauve puis le rose. Une palette si belle qu'elle embaume les coeurs. Un sourire niais s'arque sur mon visage, une brise douce nous effleure et j'inspire lentement
cet air d'été. Gwen voulait il vraiment me faire souffrir ? D'accord il était marié ce n'est pas un détail qu'on oublie mais il ne semblait pas être très attaché à sa femme, il s'était
apparemment enfuit ... Il avait abandonné sa famille parce qu'il étouffait. Peut être parce qu'il avait découvert qu'il était gay. Avais je été trop dur ? Non ! C'était une réaction normale,
j'avais la réaction la plus normale qui soit...Je m'étais enfuis car j'avais honte, il m'avait menti. Qu'il m'aime ou non, il était marié, ce n'est pas quelque chose qu'on oublie de précisé, il
voulait simplement en profiter.
" ou éviter de te perdre..."
Ca ne faisait que quelques jours...Comment peut on être sûre ?
" Tu disais aussi l'aimer..."
Et je suis parti...C'est vrai, j'ai prétendu l'aimer mais à la moindre difficulté j'ai pris la porte. Je l'ai
laissé au libre courroux de sa femme, sans me retourner, sans crier ce que je ressentais pour le garder près de moi je suis parti...Décidément je ne fais jamais rien de bien.
" Ce qui est fait est fait."
Je me redresse et fixe le cheval qui relève le visage intrigué par mon mouvement brusque, nos
regards immobiles intrigué, insistant ne se quittent pas. Je parle avec un cheval quand même.
" Tu devrais consulter."
- Jen !!!!!! Hurle la voix de mon frère plus loin
Le cheval se redresse et secoue sa crinière, à mon tour je me lève et tapote mon pantalon sur mes fesses, je frotte mes mains avant de
recevoir l'assaut de Key. Il me saute littéralement dessus et s'accroche à mon cou avec force, je manque de tomber. Mes rires sont coupés par une toue grasse, la pression sur mes paumons m'a fait
immédiatement réagir. Je le dépose pour reprendre mon souffle. Key me regarde inquiet, une fois que j'ai finis de cracher mes poumons j'essuie les petites larmes au bord de mes yeux et ébouriffe
ses cheveux pour le rassurer.
- Avec papa et Costia on est allé jusqu'à l'étang ! Papa et Puck était trop fort !!
Puck, le grand équidé qu'a monté mon père aujourd'hui.
- Pourquoi t'es pas venu toi aussi ? Il me demande d'une moue triste
- Je crois que ce cheval stupide ne m'aime pas !
" Tu m'insultes de quoi là ? D'âne peut être ? "
- Il est très gentil Storm pourquoi tu dis ça ?
Key s'approche du cheval qui ronronne presque parce qu'il lui caresse le museau.
- Traître..
" C'est une vengeance pour l'insulte "
Je crois que je deviens réellement fou. Je m'approche et soulève Key pour le mettre sur mes épaules, dans les rires et l'enthousiasme
nous rejoignons pour père qui rentre Puck dans son box. Costia nous attendait sagement assis sur un banc. Nous rentrons à la maison dans la bonne humeur, ma mère avait préparé une tarte aux
abricots, je reste figé quelques instants repensant à Jude et Noah. C'était sa tarte préférée, je souris et me fait secouer par mon frère qui me sens partir dans mes souvenirs.
Je le prends par la main et nous nous asseyons autour de la table. Une part de tarte dans les mains et mon père buvant un grand café.
- J'ai un service à te demander papa, dis je alors
- Quoi ?
- J'aimerais que tu m'emmènes dans une ville un peu éloigné d'ici. Tu peux venir avec moi et Key aussi pourra venir. J'aimerai simplement revoir quelqu'un...
- Ce dimanche seulement alors.
- Merci, je murmure en regardant ma part de tarte
Key me sourit à pleine dent et se serre contre moi me demandant qui je voulais aller voir. Je lui explique que j'ai
rencontré un petit garçon de son âge quand je suis parti et que j'aimerai bien le revoir ainsi que sa maman. Peut être même que Key pourra devenir l'ami de Noah.
- Noah ?
- Un petit blond d'un peu près ton âge. Contrairement à toi il est très timide, il n'aime pas trop parler mais je suis sûre qu'avec toi il se sentira bien, je rassure mon frère
- Tu as trouvé un autre petit frère ? Dit il le visage au bord des sanglots
- Dis pas n'importe quoi ! Je ris en le faisant des chatouilles
- Key est jaloux, se moque Costia
- Il aime tellement son grand frère, dit ma mère
Le portable de Costia sonne, il s'excuse et sort de la cuisine. Je finis ma part de tarte et vais pour monter dans ma chambre
lorsque j'aperçois Costia assis sur les marches devant l'entrée, le visage dans les mains. Le dos secoué de spasmes. J'hésite, dois je aller le voir ? Il a sûrement besoin d'une épaule.
J'ouvre alors la porte, il ne réagit même pas au grincement du vieux bois. Je m'approche, pied nu jusqu'à lui et m'assoit à ses côtés. Je reste un moment à l'observer, les soubresauts ont
cessé et je ne l'entends même pas pleurer mais je sais très bien que quelque chose ne va pas. Fier il tente de cacher le plus possible qu'il au bord de la crise.
Sans un mot je m'approche alors avec la plus grande délicatesse, je l'incite à venir se réfugier dans mes bras et l'entoure
d'une étreinte amicale. Il ne résiste pas longtemps, très vite son corps entier se repose sur le mien, plaqué contre la barrière il se niche dans la chaleur humaine et craque.
- Je ne pleure pas devant les autres d'habitude, dit il faiblement
- Ça fait du bien parfois...
Il me serre un peu plus et couvre ses sanglots contre ma chemise.
- Merci...
Pour toute réponse je resserre mon étreinte nous restons là, silencieux, face à nuit tombante, le ciel devenant de plus en
plus sombre et les premières apparition des étoiles. Personne ne vient nous déranger mais j'ai déjà remarquer ma mère retenir mon frère de venir nous voir, je la remercie du regard nous
voulant en aucun cas obliger Costia à se retenir à reprendre le masque qu'il porte constamment. Ce masque si lourd qui me fait me sentir mal en sa présence ressentant toute la peine
qu'il cache, ressentant une gêne lorsqu'il me regarde. Je ne suis pas le seul à souffrir d'un amour fané, je ne suis pas le seul à dépérir lorsque je pense à celui que j'aime. Costia est
bien plus touché que moi, il est bien plus mal au point.
- Je...Un ami...
- Tu n'es pas obligé d'en parler, je lui murmure alors
- Un ami vient de mourir, il dit alors dans un souffle, un ami important...Il...Il était notre lien le plus solide...Il...Il a toujours été là pour nous...Je...Je n'arrive pas à croire
qu'il...qu'il est mort....Il était si...immortel à mes yeux...Si fort...Il ne pouvait pas mourir, tu comprends ? Il n'en avait pas le droit...Je...Je me sens...Tellement coupable...Tellement
inutile...J'aurai dut mourir ! C'est moi qui aurait dut mourir...Il...Il n'a rien demandé lui !
La voix de Costia tremble de plus en plus et je sens ses larmes chaudes ruisseler sur ses joues contre ma poitrine.
- Il ne pouvait pas...Il ne pouvait pas mourir...Pas lui...En partant il...Il emporte tout...Il était le file le plus solide...La première main tendu...En mourant il...En mourant
il emporte avec lui la stabilité...Il emporte avec lui...Nos coeurs.
Nous étions trois. Toujours trois, depuis que je connaissais Link nous n'avions jamais put nous rapprocher d'un autre, depuis que je connaissais Link personne ne nous comprenait. Il est
arrivé au milieu de nous deux. Le sourire sur les lèvres, le visage encore endormie, il venait surement de se lever...Il est arrivé et faisait partie intégralement de nous.
C'était notre lien, notre lien qui nous tenait présent dans la réalité et à la fois qui savait nous faire rêver...Ashley était si important. Il était l'élément qui manquait pour pouvoir
vivre comme les autres, la petite touche de sel qui donne du goût à chaque lendemain. Nous étions trois et j'ai tout gâché...J'aimais Link. Depuis le début, depuis toujours, je n'ai
jamais douté, je n'ai jamais pensé le contraire je l'aimais. Nous étions si proche, si lié que même Ashley ne pouvait pas s'immiscer dans ce monde d'amour étouffé...Pourtant il était le
premier à savoir, il avait tout compris. Depuis le début...Depuis toujours. Il nous connaissait mieux que personne.
Nous n'étions plus trois, nous étions deux. Ashley est parti trop touché, trop amoureux, il est parti loin de nous pour guérir. J'ai tout gâché...J'ai tué notre couple. Je voulais
partir, loin de Link....Il devenait fou, je devenais fou...Cet amour m'effrayait alors j'ai trouvé une excuse horrible pour le quitter...
J'ai quitté celui que j'aime par peur. Par égoïsme, j'avais trouvé une école de philosophie en France, il me fallait choisir et j'ai choisi...Je n'ai jamais réussi à
l'oublier. Après l'avoir quitté je ne voyais plus Link, j'ai cru d'abord qu'il m'évitait comme tout être normale. C'était une punition insuffisante. Mon père rendait souvent visite à la mère
de Link, j'avais l'impression qu'il me cachait quelque chose mais je n'ai rien put lui faire avouer. Deux mois après il me rend visite, j'ai reçu une gifle, ma véritable punition
c'était de voir que je l'avais détruit. Maigre, incroyablement maigre, le visage creusé, les yeux cernés...Je ne me suis jamais senti aussi détestable...J'avais qu'une
envie le supplier à genoux de me pardonner ! De me reprendre ! Je voulais le serrer dans mes bras, l'aimer comme avant...Mais il m'a coupé la parole. Il ne voulait plus me voir, il
mettait réellement fin à tout espoir...Il m'a dit qu'il m'aimait. Puis il est parti après un dernier baiser...
Ashley est venu me chercher en France. Il a réussi à me persuader de revenir pour mettre un terme à la folie qui nous animait autant l'un que l'autre...Je suis arrivé trop tard, un autre était
là...Moins indécis, plus expressif...Je ne faisais pas le poids. Je suis donc parti sans rien dire, leur souhaitant tout l'amour possible. Aujourd'hui j'aurai aimé oublier mon premier amour,
j'aurai aimé arrêter de penser à Link. J'aurai aimé rendre Ashley fier de moi...
- Tu crois qu'il est déçu ? Je crois au contraire que Ashley serai trop heureux...
- Au téléphone c'était l'autre garçon. Il m'a annoncé la mort de mon meilleur ami et la déchéance de celui que j'aime...Il m'a supplié de venir le voir, de l'aider à faire revivre Link qui se
laissait à nouveau aller...Il m'a supplié de venir le reprendre si ça pouvait rendre heureux Link ! Je...Je hais encore plus ce garçon car je serai incapable de dire une chose pareil !
- C'est pourtant ce que tu as fais...En laissant ta place à cet autre garçon tu as abandonner tes sentiments pour que Link soit heureux.
- Tu ne comprends pas ! Chaque jour je priais presque pour que ça ne marche pas entre eux ! Je priais presque pour que Link me revienne ! Je... Je peux pas vivre sans lui tu entends Jen' ! J'y
arrive pas...Je ne suis rien sans lui...Je n'ai plus ma place dans ce monde...
- Link a besoin de toi Costia...Oublie ce garçon, oublie ta jalousie. Il va mal c'est peut être le moment de racheter tes erreurs du passé tu ne crois pas ? Ou vas tu le laissé agonisé à nouveau
?
Costia s'est redressé, il a planté ses yeux bleus dans les miens, son visage humide, les larmes ne
cessaient de couler. Le temps s'arrêtait, je ne voyais que ces yeux noyer dans les larmes, sa bouche rosé et salée, ses cheveux noir qui contrastait avec sa peau laiteuse. Ses lèvres s'écartaient
légèrement pour pouvoir reprendre son souffle, je déglutissais m'attardant un peu trop sur ces deux parcelles de peau humide et tendre.
- Tu as raison Jen...Merci.
Il s'approche, m'attire par la cou et me dépose un baiser sur la joue. Le bruit de ses
lèvres tendrement dépose sur moi me fait frissonner.
- Rentrons.
J'acquiesce encore un peu chamboulé et le suis jusqu'à l'intérieur. Il essuie les larmes traîtresses et reprend un air tout à fait naturel.
- On mange du caca en barquette !! S'écrie en me fonçant dessus
- Des haricots vert Key ! S'énerve ma mère
- Du caca vert ! C'est pareil ! Boude mon frère
Je ris avec mon frère, je regarde Costia du coin de l'oeil. Il a reprit son masque, un sourire difficile mais un léger sourire trône sur son visage.
" Il ne faut jamais abandonner ceux qu'on aime..."
« Deux tapettes » « Gardes tes prétextes pourris pour toi »… PUTIN MAIS JE VAIS LE BUTER, CETTE ESPECE D’ECHANTILLON HUMAIN DE DECHET SOCIAL COMPLETEMENT INSTABLE !!!! Je
frappe la table avec le poing en jurant entre mes dents, je crois que je suis au bord de l’implosion ! DE QUOI EST-CE QU’IL M’A TRAITE, CE CON ? DE TAPETTE !!!!! IL M’ASSOCIE A CE GENRE DE FOLLE
STEREOTYPEE !!!! IL A OSE M’APPELER TAPETTE !!! MAIS JE VAIS LUI DEVISSER SA TETE ET JE SAUTERAI BIEN DESSUS PIEDS JOINTS JUSQU’À QUE J’ARRIVE A EN EXTRAIRE UN NEURONE !!!!!!!!!
BORDEEEEEEEEEEEEEEELLLL !!
- Encore ce gamin ? Me demande Yan dans sa magnifique veste en cuir les cheveux dans le vent. Toutes les filles le remarquent et bavent littéralement devant son charisme.
Je crois que c’est la première fois que j’ai autant envie d’écraser la face d’un homme façon bouillie de tomates
éclatées. Je serre mon sac sur mon épaule et avance sans prêter attention à Yan, mon esprit est embrumé par la haine, une haine si forte qu’elle me ronge le ventre. Ça me démange ! J’ai vraiment
envie d’aller l’attraper pour lui régler son compte à cette merde biologique !
- Je vois qu’il ne te laisse pas indifférent, tu n’as déjà rien voulu me dire jusqu’à aujourd’hui et tu continues à
rester muet, dit-il en me suivant.
- Ecoute moi bien, Yan, dis je exacerbé, arrêtes de me coller ! Ça fait une semaine que j’en peux plus de te voir tous les soirs ! J’ai pas besoin de chauffeur ! Tu peux pas rentrer dans ton trou et me laisser en paix ? Non, il a fallu que tu viennes foutre ta merde dans cette ville ! Tout est de ta faute ce qui arrive, tu vois ! J’en ai marre de ta gueule de bourgeois raté ! Va te faire foutre par une chèvre.
- J’y crois pas ! Tu craques sur ce gamin ! Tu craques vraiment sur ce gamin ! Dit-il comme si il détenait un scoop.
Il n’avait même pas relevé ce que je lui avais craché à la figure, peut être parce qu’il avait l’habitude. Voilà une
semaine que je me défoule sur lui quand je le vois débarquer devant ma salle de TD pour m’accompagner chez moi, il insiste pour manger avec moi et s’en va comme une fleur sans tenter quoi que ce
soit puisque je suis capable de lui arracher le bras.
Quand Zach est parti, la dernière fois, ça m’a refroidi immédiatement envers Yan, j’étais devenu plus indifférent
qu’une bonne sœur, une véritable vierge Marie, comme si je me sentais responsable de ce qui s’était passé alors que je n’avais rien fait ! Je ne vois même pas de quel droit Zach se permet de me
faire la gueule ! J’ai absolument rien fait ! Et puis après tout même si j’ai fait quelque chose qui le dérange, il n’est pas mon mec - pour mon plus grand malheur - il n’a aucune raison de
faire la gueule s’il est aussi « ami » qu’il le prétend ! Au contraire, il aurait dû tout simplement s’excuser pour m’avoir dérangé ! IL N’AVAIT PAS A M’INSULTER !!!!! Et je n’aurai dû
pas avoir le besoin de me justifier !
Pourtant, j’avais quand même cette impression amère, ce goût dans la bouche si désagréable, de culpabilité et trahison.
Merde ! Il me saoule, qu’il aille se détendre le cul ! J’en ai assez de me prendre la tête pour lui, je veux plus le
voir ! Qu’il vienne pas me parler parce que sinon je lui refais sa jolie gueule.
- ALLO ?! Je crie de rage en décrochant le fixe.
J’étais suivi de très près par Yan qui referma la porte derrière moi.
- PUTIN DE MERDE ! J’en ai ras le cul de ces gens qui appellent et qui ne parlent pas ! JE VAIS FAIRE UN MEURTRE MOI !
Je me retourne agressif vers Yan et lui jure que s’il s’avise de venir dans la salle de bain pendant que je prends
une douche, je fais de lui un castra. Je rentre donc dans la salle de bain, je jette mes affaires en boule dans un coin et me dépêche de me détendre sous l’eau apaisante. Tout mon corps se
liquéfie, le bruit de l’eau sur mon corps me décompresse la poitrine et je peux à nouveau respirer normalement. Lentement, je laisse retomber mon visage en avant, la vue brouillée par l’eau. Tout
est clair, toute colère s’évanouit et s’écoule dans les conduits. J’entrouvre le rideau et remarque la présence de Yan qui, bien évidemment, n’a pas pu s’empêcher de venir m’observer même si son
visage est plus crispé que coquin. Je sors donc sans pudeur, enroule une serviette autour de la taille et croise les bras.
- Qu’est-ce que je t’ai dit, Yan ?
- Est-ce que tu l’aimes ?
- Quoi ?
Je suis sur le cul. Cette question est complètement conne, j’arrive même pas à comprendre son comportement, il me
regarde l’air frustré, les sourcils froncés, il attend la réponse avec impatience.
- Ne sois pas stupide, Yan, je réponds agacé par sa question.
- Tu ne réponds pas à la question ! Il s’emporte.
- De quoi je me mêle, merde ! Vous vous êtes tous mis d’accord pour me pourrir la semaine ou quoi ?! Je crie.
Mon cri fut immédiatement coupé par un baiser brusque. Sous le choc, je n’ai pas vraiment réagi, le contact était
chaud et agréable mais très vite, j’ai senti à nouveau ce goût amer, cette sensation de trahison. Je l’ai repoussé immédiatement, outré, presque effrayé par son audace ! Je m’apprêtais à
l’incendier de toutes les insultes qui pouvaient exister mais je fus couper dans ma lancée lorsque j’ai vu les larmes qui roulaient sur ses joues. La lèvre pincée, les sourcils froncés, il avait
cessé de me regarder et pleurait en silence tout en essayant de se contrôler. Je me sentais dépourvu de la moindre répartie, voir quelqu’un pleurer m’avait toujours bloqué, les mots ne viennent
pas et les gestes sont maladroits.
- Alors c’est fini…Vraiment fini…J’ai toujours espéré intérieurement inconsciemment que tu me reviendrais un jour !
Que tu te rendrais compte de l’amour que j’éprouve pour toi et tu tomberais fatalement dans mes bras…Mais j’avais tout faux…Je m’étais donc fait à l’idée que mon Nolan ne pouvait pas tomber
amoureux. Ça ne me gênait pas car si tu ne pouvais pas m’aimer, tu n’aimerais personne d’autre non plus. J’ai toujours cru en ça, j’ai toujours voulu y croire en tout cas…
- Je ne l’aime pas, Yan, si ça peut te faire plaisir.
- Menteur ! Je ne t’ai jamais vu te mettre en colère comme ça pour moi ! Même quand je t’ai trompé, tu es resté froid et impassible !
- C’est différent, Yan !
- C’est faux…Il t’a changé, tu n’as plus cette carapace épaisse qui faisait de toi cet iceberg impénétrable. Depuis tu es si soucieux de sa personne, de ce qu’il pense de toi…Ne le nie pas !
- Je ne nie pas mon attirance, mon faible pour Zach ! En aucun cas, je ne viendrai à dire qu’il ne compte pas. Je dis tout simplement que je ne l’aime pas…
- Sais-tu au moins ce que c’est qu’aimer ?
- Tu me fatigues, Yan, je soupire, rentres à ton hôtel ou mieux ! Rentres chez toi, tu n’as plus rien à faire avec moi. Je n’ai plus rien à faire avec toi.
Sans un mot, il est parti, sans un mot, il a fermé la porte naturellement en sortant de l’appartement qui avait
retrouvé son calme mais le doute grandissait, la peur également, la peur de l’impuissance et ne pas réussir à contrôler mon futur.
Je me dirige jusqu’à ma chambre où je décide de corriger les devoirs, bien évidemment, je me suis attardé sur celui
de Zach et étonnamment, il n’était pas mauvais. Bien au contraire : c’était un arrêt clair, précis, détaillé et rigoureux. J’apprécie la finesse de son écriture, la fluidité de sa plume. Je
lui mets une note en conséquence. Une horrible envie pourtant me hurlait de le saquer, le sabrer jusqu’à le voir pleurer en cours où même, le voir s’énerver contre moi que je puisse enfin lui
donner un coup de poing bien placé. Je suis malheureusement un chargé de TD, je me dois d’être impartial. Puis, je n’ai plus tellement envie de le saquer même si je ne lui pardonne
pas…
Je mange donc seul, pas un coup de fil de Yan, je suis presque soulagé. Cet imbécile devrait rentrer chez lui avec
ces états d’âmes stupides, il n’a rien à faire à Paris mis à part me faire chier ! Une fois que j’ai fini de manger, j’allume la télé et regarde les infos et les chaines judiciaires pour me
renseigner sur les derniers procès et dernières réformes juridiques. Je l’éteins parce que rien ne m’intéresse, la fatigue de la semaine l’emporte.
A cause de cette histoire, je n’ai pas dormi de la semaine, je ne cessais de revoir le regard noir de Zach lorsqu’il
descendait les escaliers et ses phrases blessantes, ses piques défilaient en boucle dans ma tête comme des sentences. Je m’en vais éteindre la lumière et je me couche sur mon canapé avec une
petite couverture pour m’éviter de choper la crève. Je regarde la lumière de la ville qui fait briller la pluie sur les carreaux. Ces gouttes sont des berceuses, il m’a toujours été plus facile
de dormir un jour de pluie.
Le lendemain, nouveau week-end, le concert de Link. J’ai reçu quatorze messages sur mon portable pour me rappeler
l’heure et mon emplacement, je suis tenté de lui poser un lapin tellement il insiste. Cependant ma curiosité l’emporte, peut être que voir Link me fera du bien, j’en ai assez de tourner en rond
et d’être pris dans un bordel sentimental pas possible entre les crises de larmes de Yan et les crises de jalousie et d’égocentrisme de Zach : je suis à la masse totale.
J’ouvre grand mon placard pour voir ce que je pourrais bien mettre, j’opte en fin de compte pour une jean totalement banal, un sweat gris et une veste blanche tout ce qu’il y a de plus simple. Je reçois un nouveau message, je crois que je vais le tuer ce mec ! Finalement, c’est ma sœur qui m’annonce qu’elle rentre dimanche dans l’après-midi. Finie la vie en solo, je devrais peut être envisager un petit appartement pas loin du campus. Projet à remettre pour plus tard.
Il est déjà deux heures, je me dépêche de partir avant d’être en retard, il me faut déjà une heure pour arriver à la salle de concert, ensuite Bruce Lee vient me chercher sur le côté Est pour m’accompagner à ma place. Je crois même que j’ai le droit d’être dans les coulisses, si proche des sonos je vais mourir. La salle est immense ! Je ne pensais pas que sa célébrité était aussi importante ! Des fans totalement hystériques, notamment les filles du premiers rang qui sont assez effrayantes. Je déglutis, je plains vraiment mon cousin.
- Bouh, murmure Link à mon oreille.
Je sursaute légèrement ce qui le fait rire, la clope au bec naturellement. Je l’accompagne jusqu’à sa loge, il me
présente la bassiste, le guitariste et le batteur. Il me semble que je connais le guitariste mais peu importe. Link insiste pour me servir un alcool que je refuse poliment en me rappelant
l’expérience catastrophique de la semaine dernière.
- Tu veux m’achever ou quoi ? Tu sais que je tiens pas l’alcool !
- Ça te détendra !
Il me sert un grand verre de whisky coca que je ne finis pas tellement ça m’écœurait, il n’a même pas le temps de me
forcer qu’ils sont déjà appelés pour commencer le concert. Link n’a pas l’air stressé pourtant, je peux sentir l’adrénaline lui monter dans tout le corps. Il a les poings serrés et le regard
vague. Les musiciens sortent de la loge chacun leur tour, Link reste en retrait et m’empêche de sortir à mon tour. Il me plaque contre le mur et me serre dans ses bras, je sens que mon monde
s’écroule : c’est un mythe qui s’écroule là, vous vous rendez pas compte, je n’ai jamais vu Link aussi faible. Il me serre d’autant plus fort que je ne rends pas son étreinte, puis
lentement, je l’entoure de mes bras.
- Link, tu te rends compte que tu viens de me traumatiser à vie, je dis pour le détendre.
- Laisses-moi me reposer sur ton épaule…Juste un petit peu…
J’attends donc, cette chaleur fraternelle me fait presque sourire, il se dresse au bout de quelques minutes, calme et heureux.
- Tu sais, Nolan, ça n’a jamais été bon de garder les choses pour soi. Je serai toujours là, moi, tu le sais ?
- Je le sais.
- Alors dis-moi pourquoi est-ce que t’as l’air déprimé ?
- La fatigue des cours sans doute, je dis totalement au hasard.
- Tu as peut être perdu quelque chose qui te manque ?
musique facultative
Je lui ébouriffe les cheveux avant de l’encourager, je ne veux pas en parler, je ne veux pas en parler avec lui. Il
est temps de monter sur scène et de me montrer de quoi il est capable. Au moment où il met un pied sur la scène, tout s’éclaire, les cris s’élèvent, les instruments s’accordent et la voix de Link
résonne dans mon cœur comme une prière. J’écoute chaque parole, chaque tintement, chaque corde de guitare poussée, j’aime cette énergie…Cette douleur qui se dégage de sa mélodie et de son regard.
Il regarde souvent vers le ciel comme s’il dédiait sa chanson à un ange. Je regarde à mon tour au ciel, papa maman, donnez moi la force de me contrôler.
musique
obligatoire
Les trois premières musiques sont terminées, des musiques mouvementées, il en entreprend une plus mélodique, plus acoustique, sa voix devient grave, son visage se transforme, il vit sa chanson
poignante et accusatrice, il gratte sa guitare acoustique accompagnée par le son léger de la batterie et de la basse. Il exorcise son mal-être, cette chanson me fout des
frissons.
You're so cold, but you feel alive
Lay your hand on me one last time
Mon cœur bat au son frénétique de la guitare, l’alcool me tape dans les tempes et je sens ma respiration
s’accélérer, Link donne tout ce qu’il a, toutes ses émotions.
Show me how it ends it's alright
Show me how defenseless you really are
Satisfied and empty inside
Well, that's alright, let's give this another try
Le concert est terminé.
Link m’oblige presque à aller fêter son concert avec lui, je lui dis que je le rejoins, j’avais besoin de prendre
l’air seul. Les chansons de Link me font réfléchir : je dois réagir, je vais pas attendre que les choses bougent d’elles-mêmes.
J’appuie comme un fou sur la sonnette, attendant qu’il vienne m’ouvrir, oubliant complètement que d’autres personnes habitent ici. Je me sens victorieux lorsque je vois émerger des cheveux blonds surexcités.
- Non mais ça va pas ! Vous êtes… Nolan ? Mais qu’est-ce qui te prend ? Dit-il un peu perdu avant de
reprendre de sa voix cinglante. C’était un beau concert ?
- Tu n’avais qu’à venir pour savoir, je lui réponds sans me retourner.
- Pour me retrouver à tenir la chandelle non merci ! Plutôt crever !
Les émotions, l’alcool, la colère contenue. J’ai finalement craqué et j’ai frappé Zach en pleine mâchoire, pas assez
fort pour qu’il tombe par terre mais assez pour qu’il ait mal.
- De quoi tu parles ?! Je dis en m’énervant, t’es vraiment encore qu’un enfant ! Tu crois à tout ce que tu vois sans
même te poser des questions, il ne t’est jamais venu à l’esprit que les choses étaient beaucoup plus compliquées que ça ? Je ne vois même pas pourquoi tu m’en veux alors que je n’ai absolument
rien fait ! T’es pas mon MEC à ce que je sache !
- Je dis pas le contraire ! Mais j’estime qu’il y avait un minimum de respect à avoir ! Tu ne m’as même pas dit que tu étais avec quelqu’un !
- JE NE SUIS AVEC PERSONNE, CRETIN !! Sinon je ne t’aurai pas embrassé la dernière fois ! Tu me crois capable de faire ça ? Parce que je suis une tapette peut être ?
- Alors tu reçois des mecs à moitié à poil chez toi parce que … ?
- Yan est un ex collant et très entreprenant ! Quand tu es arrivé, je le repoussais et j’ai même voulu m’enfuir !!
CONTENT ? J’espère que tu te sens con maintenant ! Parce que je ne te pardonnerai pas…Si à tes yeux je ne suis qu’une tapette, alors je ne veux pas de ton amitié !
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Geniale !! Noulanichou perd la tête =)