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Agora

Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 13:55

 

On dit souvent que la mutation est une étape normale dans la vie d’un homme, lorsque celui-ci cesse d’être un enfant, quand il acquiert la puissance à qui il était destiné. Lorsque cette étape dépasse l’entendement humain je peux dire que ma mutation n’a aucune limite, comme si ma destiné était floue et que la finalité de mon pouvoir n’existait pas. Un pouvoir sans limite dans un corps fini. Le déséquilibre le plus dangereux que puisse connaître notre univers.

 

La dernière chose dont je me souviens c’est cette épée, me transperçant le corps, il était clair que je devais mourir. Aucune personne normale ne pouvait survivre à une telle attaque. Pas même l’Oracle. Pourtant, sans que je puisse le comprendre ni le contrôler, le bruit d’un verrous en moi me retenait sur cette terre, une porte au fond de mon cœur qu’on avait ouverte. Puis le flux de puissance, un déversement d’aura sans fin qui se propageait dans mes veines. J’avais retrouvé une force quasi divine, une force qui ne m’était pas inconnu. Je pouvais ouvrir les yeux, la lumière ne me brûlait plus les rétines, je pouvais voir clair comme toute personne normalement constitué.

Le visage de maître Zenon se déformait sous la surprise, je retirais doucement son épée, le bruit de la chair fendu me donnait des frissons mais je ne ressentais aucune douleur particulière. J’étais cependant parfaitement conscient même si le vent qui nous effleurait me paraissait plus doux.

 

L’épée ensanglanté retombait sur le sol, maître Zenon était engloutit par la puissance du manipulateur, ce n’était plus sa voix qui s’échappait de ses lèvres. Ce cri était totalement différent des autres. Puis ce fut le déclic. J’ai planté mon regard dans les yeux du maître, je pouvais presque voir à travers lui, le flot d’aura et de puissance qui s’écoulait en moi développait mes facultés visuelles d’une manière encore plus étrange. A tel point que je pouvais même voir ce qui n’était pas visible.

 

Je pouvais voir des choses que nul n’a envie de voir, ses pires angoisses, ses peurs. Ses cauchemars les plus fous. C’est ainsi que j’ai compris que l’ouverture de cette « porte » me permettait de donner vie à ces cauchemars. De leurs donner vie dans n’importe quel esprit. Même dans un esprit inconnu, dans l’esprit du manipulateur.

Un sourire sadique tranchait mon visage, le cœur du maître palpitait sous la peur, son aura diminuait à vue d’œil comme si elle était aspirée par la mienne qui recouvrait tout le paysage. Il me suffisait de me concentrer sur cette âme étrangère qui contrôlait le maître pour deviner ses peurs, pour créer mes illusions cauchemardesques. La torture de l’esprit.

 

D’abord blanc, puis jaune, suivit d’un rouge vif. La voix du maître s’éteignait comme coupée, son visage figé sur une expression de paralysé de terreur prenait des teintes curieuses. Un instant plus tard il hurlait à la mort, le silence de la nature avait été violé par les supplications d‘un damné, les mains plaquées sur le visage il se déchirait presque la peau. Un cri si horrible qu’il me faisait grimacer mais je ne quittait pas ses yeux. Il se tenait la tête comme un fou, les yeux injectés de sang qui ressortaient de leurs orbites. Je ne pouvais rien mesurer, je ne pouvais pas m’empêcher de le faire ni m’arrêter, ma volonté était totalement soumise à un désir de vengeance, à un désir de dépassement. J’étais pleinement conscient de la torture que je faisais subir à mon assaillant, je ne savais pas cependant comme est-ce que j’y parvenais. C’était instinctif, c’était encré dans ma chair. Une apprentissage naturel. Un don.

 

Je savais aussi pertinemment que Zenon ne ressentait rien, il ne s’en souviendra certainement pas non plus, ma seule et unique cible était le manipulateur qui ne va pas tarder à sortir de ce corps. Sa seule et unique chance d’échapper à mon regard.

 

Une minute plus tard - ce qui était l’équivalent pour lui d’une éternité - le corps du maître Zenon retombe au sol mollement, inconscient. Je m’approche de lui recouvrant ses blessures de plantes médicinales. Ses diverses plaies ne se fermeront pas mais elles se désinfecteront. Je le scrute quelques instants, heureux de le savoir en vie même si les douleurs physiques garderont des séquelles pour quelques mois.

 

Je sentais toute la puissance qui voulait s’extirper de mon cœur, je ne pouvais même contrôler ce flux, j’étais impuissant. Mes membres tremblaient, mon aura allait explosé autour de mon corps, j’écarquillais les yeux comprenant que je devais m’écarter du corps du maître qui commençait à rouvrir les yeux. Je sentais l’aura m’étouffer m’entourer doucement. Une aura troublé et sens cesse alimentée. Je n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, le flux explosa et ce fut le noir.

 

Je me retrouvais au milieu de rien, je n’entendais que des voix hypnotisant, des chants qui me parcouraient, qui m’entouraient. Le vent soufflait brusquement contre moi, je n’avais aucune prise, j’étais suspendu dans un vide noir. J’étais dans l’entre du néant. Mon corps s’envolait, je hurlais sous la puissance de l’ouragan qui m’envoyais à des kilomètres plus loin. Et ces voix, toujours là, imperturbables.

 

La lumière.

 

Mes yeux papillonnaient, les rayons du soleil et des formes connues, je n’étais plus dans ce monde noir et vide. J’étais revenu sur terre. J’aurai aimé croire en un rêve mais je me retrouvais au milieu de la forêt, la végétation était différente et inconnues. Je me redresse doucement, transpirant, sur le front une serviette qui me tombe dans les mains. Mon bandeau avait été détaché je me hâte à le remettre avant qu’il ne me tombe des yeux. Je suis confortablement installé sur une sorte de tapis rouge et bleu, aucun insigne de civilisation juste des signes étranges tout autour de moi écrit à la craie blanche.

 

- Tu es revenu d’entre les morts mon garçon, me dit cette voix fébrile

 

Je me retourne, en garde, une vieille dame me fait face, enroulée dans des tonnes de tapis.

 

- Ta plaie est fermée mais tu ferais bien de t’allongée. Dit elle en pointant mon estomac

 

Je soulève mon lambeau de tunique et remarque qu’il n’y a aucune trace de blessures. Je tâte mon ventre incrédule pour sentir une quelconque cicatrice. Est-ce une illusion ? Je suis persuadé qu’il y a peu de temps j’étais encore mourant. Que s’est il passé ?

 

- On me nomme Nala. La Shaman des Chutes rapides.

 

Shaman des Chutes rapides !

 

- Tu es sans doute perdu et craintif mais crois moi je ne vais rien te faire. Je ne suis pas capable d’avoir un impact sur ton corps comme une arme l’aurait.

- Comment avez-vous soigné ma blessures ? Je demande perplexe

- Moi ? Je n’ai rien fais, il rit en s’essayant sur son tapis. C’est le temps mon garçon. Juste le temps.

- Le temps ?

- Tu reviens du monde onirique. Un monde où le temps est bien plus puissant que chez nous, il n’est pas contrôler, il n’est pas soumis à des lois physique. Il court comme bon le semble. Il peut aller plus vite, comme aller plus lentement. Le temps est une volonté qui ne peut être manié. A chaque fois qu’un homme rentre de ce monde, il est livré au bon vouloir du temps, ton apparence charnel était seul à y être enfermé. Ton âme, elle, n’avait pas quitté notre monde. La seule chose que j’ai été capable de faire c’est de te ramener parmi nous. Seul le temps est responsable de ta guérison.

- Pourquoi ?

- On ne peut comprendre le temps, il n’a pas d’esprit. Il joue en faveur de qui il désire. Si il a décidé de te soigner c’est que tu n’étais pas destiné à mourir. Le destin est soumis au temps.

 

Je ne comprends pas grand-chose, j’étais confus, perdu, complètement troublé. J’arrivais à peine à tenir debout et je ne savais pas quoi penser de cette vieille folle. Le seule chose que mon pauvre petit cerveau avait enregistré c’était qu’elle était shaman des Chutes rapides. Par conséquent j’avais une chance d’en apprendre plus sur la légende du montre aux yeux de Lune et sur moi-même.

 

J’observais plus attentivement la shaman, ses cheveux gris et long était coiffé en queue entourée d’anneaux, son front était tatoué par un tribal étrange qui redescendait sur son nez. Elle fixait les signes sur le tapis avant de les faire disparaître soudainement. Elle leva la tête vers moi avec le sourire.

 

- Tu te poses trop de question mon garçon. Je peux t’assurer que je ne suis pas là pour te tuer. Une shaman ne peut tuer. Nous sommes des être neutres, sans attaches avec des guerres stupides qui déchirent nos nations. Nous sommes des êtres vagabond qui flottons autour de vous. Nous sommes le lien avec un monde de spiritualité où n’existe que la fatalité.

- Donc vous n’êtes tenus par aucun serment qui vous lie à votre peuple et vous empêche de parler à un ennemis ?

- Je te l’ai dis. Nous sommes neutres.

 

Je m’assois en face d’ elle, les jambes croisés, je peux enfin me détendre. Même si je reste sur mes gardes.

 

- Vous connaissez mes questions, n’est-ce pas ?

- Elles sont confuses, certaines ne sont pas les bonnes. D’autres sont futiles.

Dit elle en faisant une croix à la craie sur son tapis.

- Il y en a d’essentielles.

- En effet. Certaines sont essentielles.

- J’aimerai savoir pour mes parents…

- Ils vont bien. Tu vois la craie comme elle frémie. C’est le signes qu’ils sont vivants et en bonne santé mais je ne peux pas lire l’avenir. Ton père se bat sur le front et cherche des informations sur l’Oracle. Ta mère va tenter de quitter le pays.

- Et …

- Lillyan est un garçon vaillant en compagnie d’un être hors du commun, il n’a pas à s’en faire.

- C’est la craie qui vous dit ça ?

- Non c’est toi. Tu es vivant. Alors lui aussi. Tu ne peux nier Shinrei que tu es indéniablement lié à lui par autre chose que ce lien d’amour, c’est un lien encore plus fort qui ne peut se désaltéré. A moins que l’un de vous ne meurt.

- Je veux savoir…pour la légende qui décrit bizarrement mon ami. Dis je en fronçant les sourcils.

La vieille me sourit et efface la craie à nouveau. Un dessin étrange remplace la croix. Des yeux blancs.

- Ce n’est pas un monstre. La légende de Koryu, le dragon blanc. Cette légende raconte qu’un garçon aux yeux blancs naîtra dans une famille humaine, qu’il possédera le don incroyable de communiquer avec les autres sans parler et qu’il aura en lui la puissance d’un dieu. Un dieu du mal.

- Un dieu du mal ?

- Te souviens tu du pouvoir de ton ami. Il n’a rien avoir avec le réel fondement d’un simple Manipulateur de Corps, il est bien plus ancien, plus puissant. Ce pouvoir est issu de la mort du dragon blanc qui se réincarne dans un homme. Mais son âme reste intact, c’est Koryu, dieu de la mort, qui s’empare du corps de ton ami lorsque celui-ci n’est pas à la hauteur. Nous les hommes sommes incapable de contrôler le pouvoir des dieu ! Cela dépasse l’entendement. Un seul être en est capable, l’Oracle. Lui seul peut contrôler le pouvoir des dieux, il est né pour ça.

« Koryu se réincarne uniquement dans un corps divin, pourquoi s’est il réincarné dans celui de Lillyan alors ? » Demande la veille alors qu’elle continue de sourire « Je ne peux te le dire. En faisant cela, j’irai à l’encontre de ton destin et c’est une chose que les shamans ne peuvent faire. »

- Si j’ai bien compris. Lillyan est l’incarnation d’un dieu du mal ?

- Si c’était le cas, ton destin ne serait pas touché. Il est bel et bien l’incarnation de Koryu mais il n’a que le « Ko » de Koryu.

- Que le « Ko » ?

- Il ne possède qu’une partie de son pouvoir. Le pouvoir de communiquer et de lire dans les pensées, le pouvoir suprême du contrôle du corps. Mais il n’a ni pas le « Ryu » de Koryu. Le « Ryu » c’est le pouvoir du sol. De la terre et non du ciel. C’est le pouvoir d’en bas, c’est aussi le pouvoir d’aller au-delà des limites visuels. Aller au-delà de ses contraintes et de ses handicapes. Je te l’ai dis Shinrei, vous êtes lié par un lien plus fort que l’amour…

- Je…Je suis le « Ryu » ? Demandais je incrédule.

- Tu es le seul à pouvoir te le dire. Tes yeux sont noir et profond comme deux trous dans le néant. Ceux de Lillyan sont aussi blanc que le Lune. Il a hérité des yeux du dieu mais toi tu as hérité de la vue de Koryu. Tu peux voir dans la nuit, tu peux voir ce qui n’est pas visible. Et grâce à ça, tu crée des illusions qui torture l’être humain.

- La légende désigne un seul homme pourtant…

- Un seul oui…Mais la légende à une autre facette que tous les shamans du monde ont interprétés. Si l’homme qui possède Koryu n’est pas l’Oracle, alors viendra la fin de notre monde. Car cela reviendrai à dire que le dieu du mal est de retour. Il contrôlera son hôte et détruira tout sur son passage.

- Alors pourquoi n’êtes vous pas effrayé ? Pourquoi tenter de tuer l’Oracle alors qu’il semble être le seul à pouvoir tuer ce monstre ! Pourquoi est-ce que Lillyan ou moi ne sommes pas totalement possédé ?!

- C’est que vous n’êtes pas des hommes ordinaires et que l’Oracle n’est plus l’Oracle.

- L’Oracle n’est plus l’Oracle ?

- Je ne peux t’en dire plus. Ton destin sera…

- Modifié j’ai compris ! Mais si c’était notre seule chance ! Vous dites que l’Oracle n’est plus ! Alors qui est il ?

- Un homme semblable à un dieu. La légende ne parle pas de deux hommes, comme tu l’as dis, il s’est passé quelque chose d’inexplicable ! Koryu s’est réincarné dans deux corps et c’est ça qui fait que vous ne pouvez pas être totalement possédé par un demi esprit ! Cela n’empêche pas que vous pouvez détruire le monde à cause de lui. Le destin de Koryu était de se réincarné dans l’Oracle comme à chaque fois, de pouvoir être équilibré par un homme dieu. Seulement il y a eut un problème lors du cycle, un problème qui a chamboulé le destin de l’Oracle et qui aujourd’hui l’a rendu mauvais.

- Mon père m’a dit une fois que vous aviez trouvé la solution pour tuer l’Oracle ?

- Je ne peux le dire. C’est une chose que tu dois comprendre par toi-même je suis désolée. Le rôle d’une shaman est de resté neutre.

- Pourtant vous l’avez dit à votre peuple !!

- Mon peuple n’a fait qu’interprété mes dires et ils ont compris par eux même.

 

Enervé je me lève brusquement. Une partie de toute cette histoire est devenue plus clair, la légende, la réincarnation du dieu en nous. Le lien qui m’unie à Lillyan mais je ne sais toujours pas comment le peuple des Chutes rapides ont trouvés la seule façon de tuer l’Oracle.

 

- Tu te rends à Kalin mon garçon.

- Je dois y aller. Pour retrouver mon ami.

- Sans lui tu es si froid, tu devrais t’ouvrir, c’est une chose qui pourrait te perdre.

- Si c’est mon destin alors je ne peux rien y faire.

- Tu crois en la fatalité ?

- Je crois en moi.

- Bonne chance mon garçon. Sois prudent sur la route, j’entends déjà les cris des mercenaires qui croiseront ta route.

- Merci pour tout Nala.

- Nous nous reverrons Shinrei, je le sais.

 

 _____________________________________________________________________________________________

 

DURRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!!

(passe le fait que j'ai deux chapitres de retard) lol

 

Alors la Shaman est assez flou dans ce qu'elle dit ! C'est volontaire bien sûr :p 

EN attendant nous savons que le dieu dragon s'appelle Koryu, qu'il se réincarne en l'Oracle mais il y a eut un probleme dans le cycle qui fait qu'il s'est incarné en Lillyan et Shinrei, pourquoi eux ?

Quel était se problème dans le cycle ?

Tout ça vous l'apprendrez dans la suite !!

 

Je suis vraiment désolé d'être aussi absente je vous ai habitué à des suites assez rapides, depuis que je travaille je n'ai plus trop le temps ! En plus je n'ai plus acces à internet depuis chez moi parce que mon ordi a encore merder.

Et oui ! Mais cette fois j'ai appris de mes expériences, j'ai tout mis sur une clés ! :p

En tout cas j'ai hâte de pouvoir à nouveau écrire !

JE VOUS EMBRASSE TOUTES !


 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 12 août 4 12 /08 /Août 00:07

- Nous devons faire quelque chose contre la manipulation d’âmes, j’annonce. Nous risquons d’en croiser à nouveau et je ne veux pas être leur marionnette ou me battre contre un de leurs pantins. Ton pouvoir ne te permet-il pas d’annuler le leur ?

- Mon pouvoir paraît sans limite mais ce n’est pas le cas et sa plus grande limite est liée à sa nature.

- Comment ça ?

- Réfléchis.

- Je ne sais pas. Je ne maîtrise déjà pas mon propre pouvoir, je ne vais pas prétendre tout savoir sur celui des autres, encore moins avec le tien.

- Mon pouvoir défait ce qui a été créé, ce qui signifie que tant que rien n’a été créé, il ne peut pas agir.

- Ah, je vois.

- Je pense que ce serait plus de ton domaine.

- Tu veux dire, manipulation contre manipulation ? Sauf que je ne maîtrise pas mon pouvoir.

- Non mais il est en toi et il s’éveille quand tu en as besoin. Le temps d’arriver à Kalin, tu devrais apprendre à te familiariser avec lui. On ne sait pas ce qui nous attendre une fois arrivé là-bas. Nous serons en plein territoire ennemi.

- Si je ne me contrôle pas, tu es sûr de pouvoir m’arrêter ?

- Oui.

- Très bien.

 

Nous avons repris la route depuis une semaine. Le lendemain de l’entretien avec mon père, nous nous étions occupés des préparatifs de voyage après avoir réuni assez de vivres, tracé le chemin à suivre et discuter de son retour auprès de l’Oracle. J’étais inquiet mais rester trop longtemps au même endroit augmentait nos chances d’être capturé or, je ne voulais pas que l’Oracle continue de tirer les ficelles dans l’ombre et accomplisse ses sombres dessins. Aller à Kalin nous permettra d’en apprendre plus sur la façon d’éliminer l’Oracle et je ne peux pas me dérober à mon devoir, je n’étais plus un enfant. De toute manière, nous ne pourrons vraiment profiter les uns des autres qu’une fois la guerre éradiquée.

 

La complicité qui me liait à Shin n’est évidemment pas la même que celle qui me lie à Raine et les mots sortent difficilement de ma bouche pour lier la conversation. La situation aurait pu être pire car le silence n’est pas non plus embarrassant, il est seulement ennuyant. Le paysage est monotone composé de champs bordés d’arbres rachitiques et le temps est ombrageux. Raine est aussi bavard que Shin et n’égaye pas énormément notre voyage.

 

Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et j’essaye de me divertir en pensant à d’autres choses. Je pique un fard en voyant quel chemin mes pensées prennent, le sourire de Shin, ses courbes naturelles, ses yeux si mystérieux. Il me manque même si je sais qu’il va bien : je suis sûr que je l’aurai senti s’il lui était arrivé quelque chose de grave.

 

Shin occupe mes pensées la majeure partie de mon temps si bien que je ne fais pas souvent attention au reste. Mais, comme l’a dit Raine, mon pouvoir sommeille en moi, il est constamment en moi, brûlant aussi surement que ma flamme de vie. Pour l’instant, il parait calme comme s’il se reposait mais je sentais toute l’agitation qui l’habitait, l’envie de sortir et de s’exprimer, d’exploser. C’était incroyable cette radicalité et c’était encore plus incroyable que je devais la contrôler.

 

A vrai dire, ça me faisait peur. Je préférai le laisser en sommeil parce que j’étais persuadé qu’il n’attendait qu’un appel de ma part pour qu’il explose. Surtout que mes précédentes expériences n’ont pas été vraiment concluantes. Epoustouflantes, certes, mais effrayantes. Manipuler une armée de zombies… Et le pire, c’est que je n’avais que douze ans à l’époque. Aujourd’hui, de quoi serai-je capable ? Est-ce que l’âge est un facteur suffisant pour amplifier mes compétences ou l’entraînement est-il la seule méthode permettant, outre de le maîtriser, de l’accroître ?

 

- Lillyan ! M’appelle Raine. On va s’arrêter pour la nuit.

- Oui, je n’avais pas vu qu’il était si tard.

- J’ai bien vu que tu étais concentré. Comment ça se passe ?

- Pour être honnête, ça me fait peur. J’ai été un peu traumatisé par ce qui s’est passé quand j’étais gosse.

- Je serai là pour t’arrêter.

- Oui mais ça me bloque quand même.

- Je suppose que tu dois commencer par l’accepter avant de le maîtriser. Ça ne doit pas être facile avec un tel pouvoir. Mais oublie ta peur, dis-toi que tu as changé, que tu sais te contrôler comme la dernière fois et que je suis là.

- Mmmmmh.

Je n’insiste pas, n’aimant pas en parler, et nous nous abritons à l’abri d’un cercle de chênes puissants et majestueux, profitant d’un tapis d’herbe moelleux.

 

Mon sommeil est agité mais je refuse d’ouvrir les yeux. J’ai l’impression que mon pouvoir saisira cette opportunité pour sortir de mon corps. Ne dit-on pas que les yeux sont le reflet de l’âme ? Je me mets à trembler de peur et m’astreins au calme. J’autoalimente mon pouvoir en y pensant constamment et à force d’y penser constamment, j’ai tendance à l’exagérer.

 

Je ne dois pas oublier les fondamentaux et demeurer maître de moi-même : à la base, un pouvoir vit en harmonie avec son détenteur et agit uniquement quand celui-ci le décide. Alors avant de me concentrer sur mon pouvoir, je devais me concentrer sur moi-même, être assez déterminé, être assez fort pour manipuler mon pouvoir à ma guise et non l’inverse. Et je devais donc commencer par vaincre ma peur. Car si les yeux sont le reflet de l’âme, pourquoi mon pouvoir serait si sombre avec des yeux aussi clairs ?

 

En ouvrant les yeux, j’ouvris également mon esprit et immédiatement, je sens une présence. Elle se rapproche à grande vitesse mais je ne suis pas inquiet, non, plutôt… rassuré : cette présence n’est pas agressive, elle est étrangement… familière. Deux petites boules de poils atterrissent brutalement dans mon ventre, me coupant le souffle et me faisant tomber à la renverse. L’atterrissage est dur et je lâche un cri de surprise. Raine se lève immédiatement, sort son épée de son fourreau et se précipite sur moi pour me protéger, cherchant notre ennemi du regard. Encore faudrait-il qu’il y en ait un !

 

Je suis tout simplement effaré de constater la présence de deux Voyageuses qui frottent leur petite tête contre moi. Mon premier réflexe est de les caresser pour rétablir notre lien mais je me rends compte qu’elles sont essoufflées et surement fatiguées. Je leur verse de l’eau dans ma coupole et les laisse arracher de petits brins d’herbe. J’ai des tas de questions à leur poser mais au fond, je sais déjà que c’est mon père qui a dû les envoyer à moi.

 

Elles représentent un excellent moyen d’épier des conversations à distance en toute sécurité et surtout, par l’intermédiaire de leur jumelle envoyées à ses côtés, de rester en contact avec Shin même si ce n’est qu’à sens unique. Il nous sera plus facile de nous retrouver de cette manière plutôt que d’errer dans la ville à sa recherche.

 

Tout de suite, leur compagnie me remonte le moral, c’est comme si je retrouvais un peu de mon enfance et je revoie le sourire chaleureux de mes parents. Je rassure Raine et me rendors serein.

 

Le lendemain, nous nous réveillons tard mais reposés et je me sens d’attaque pour une nouvelle journée de voyage. Le temps est toujours aussi pluvieux et l’ambiance n’est pas à la fête mais les Voyageuses me bombardent de bavardages incessants, rendant l’ambiance encore plus monotone mais de manière bien plus agréable. Elles sont pires que moi quand elles s’y mettent. Enfin, je ne peux pas vraiment leur jeter la pierre puisque c’est moi qui les ai éduquées.

 

- Aïe, je proteste en recevant un coup sur la tête que je n’avais pas vu. Qu’est-ce qui te prend ?

- Si je ne te parle pas, c’est uniquement pour te laisser te concentrer alors ne laisse pas ces créatures te perturber.

- Ce sont mes amies et ça fait longtemps que je ne les avais pas vues !

- Es-tu prêt pour affronter un manipulateur d’âme ?

- Non, murmurai-je en gardant le regard fixé au sol.

- Alors, tu vas me faire le plaisir d’être un peu plus sérieux, on n’est pas en vacances !

Je lui jette un regard furieux. Je sais très bien qu’on n’est pas en vacances, l’absence de Shin me le rappelle constamment, la douleur dans la poitrine quand je pense à mes parents également. Mais ce n’est pas une raison pour s’ennuyer mortellement.

- Tu préfères que nous soyons capturés ? M’assène-t-il. Alors de deux choses l’une : ou nous sommes faits prisonniers par les manipulateurs d’âme qui s’amuseront à faire des expériences avec nos corps ou nous serons renvoyés à l’Oracle, moyennant contrepartie financière, qui prendra un malin plaisir à nous torturer à mort. Et là, crois-moi, tu comprendras ce que signifie vraiment la douleur car la marque ne représente qu’un pourcent de sa force véritable.

- Peut-être mais pour l’instant, je suis trop faible psychiquement pour penser contrôler un pouvoir aussi phénoménal. Excuse-moi de ne pas être un demi-dieu mais dans mon état, tout ce que je ferai, c’est libérer un pouvoir nocif qui nous ferait nous repérer à des kilomètres à la ronde ! Alors, pour l’instant, j’essaie justement de ne pas y penser, parce que ça me terrorise, et de trouver un autre pour l’exploiter.

- Un autre moyen. Comment ça ?

- J’en sais rien. J’essaie de me calmer, de retrouver mon sang froid, d’être maître de moi-même. Je ne veux pas me précipiter.

- Mais ce n’est pas en gardant ton pouvoir en toi que tu apprendras à le maîtriser.

- Il faut d’abord que je m’habitue à lui. Depuis que je sais que je suis un manipulateur corporel, tout le monde me dit que je ne dois en parler à personne et que je dois faire attention à me maîtriser, ne pas le laisser jaillir hors de moi par inadvertance. Ça plus les expériences traumatisantes quand j’étais petit, tu imagines l’effet que ça a eu sur moi ? Tu ne peux pas me demander, après plus de cinq ans de conditionnement, de le libérer en un jour. Si je n’ai pas confiance en lui, c’est sûr que je me laisserai engloutir par la peur et qu’il prendra possession de moi. Même si tu es là, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure technique d’apprentissage.

- Très bien, je comprends, capitule-t-il. Excuses-moi de t’avoir secoué. Je crois que je me laisse aussi guider par mes sentiments et que je ne suis pas vraiment objectif. Je ne veux pas retomber entre les mains de l’Oracle or, nous nous rendons en plein territoire ennemi.

Je préfère ne pas relever mais il aurait déjà été un prisonnier de l’Oracle ?

- Moi non plus, je te le garantis. Surtout que je connais des choses que je ne veux surtout pas lui révéler. Essayons de ne pas penser à tout ça et concentrons-nous sur nos objectifs.

 

Plus nous couvrons de kilomètres plus nous nous approchons de Kalin et plus les zones deviennent civilisées. Les gens deviennent plus nombreux, les routes sont tracées et empruntées, les villages plus rapprochés. Mes pieds sont en compote, mes jambes effectuent difficilement un pas en avant, cela fait pratiquement un mois que j’ai quitté mon foyer et que je vis comme un fugitif mais l’excitation d’approcher enfin de Kalin et de connaître le moyen de terrasser l’Oracle et de me venger.

 

Oh oui, il va payer pour tout ce qu’il nous a fait subir et pour une fois, je me sens en harmonie avec mon pouvoir qui ne demande qu’à en découdre. Pendant el voyage, j’avais petit à petit exploité mon pouvoir en commençant par la télépathie. J’avais presque oublié qu’elle constituait une partie intégrante de la manipulation corporelle de même que ma maîtrise de l’électricité. Alors j’ai commencé par créer de petits éclairs et je communiquais beaucoup avec les Voyageuses : outre parce que leur compagnie m’était agréable, cela me permettait de retrouver mes marques. Après tout, mon pouvoir, lorsqu’il n’était pas hors contrôle, était tout à fait inoffensif. Ce n’était pas qu’un pouvoir destructeur.

 

Nous aimerions en connaître un peu plus sur la ville avant d’y pénétrer mais nous avons trop peur d’être reconnus, moi, surtout avec mes cheveux noirs et mes yeux blancs car porter un masque, c’est bien beau mais il ne cachait pas mes principales caractéristiques. Raine m’avait coupé les cheveux jusqu’aux oreilles pour qu’ils soient moins voyants et avaient usé d’un produit que les marchands lui avaient donné pour les teindre en châtain. Pour mes yeux, je garde la tête baissée et évite de parler aux gens. C’est Raine qui s’y colle pour poser des questions lorsque c’est nécessaire.

 

Cependant, même si nous ne posons pas beaucoup de questions, le malaise chez les villageois est palpable. A une journée de marche de la capitale, nous nous couchons tôt pour nous reposer et récupérer toutes nos forces. Shin n’est pas loin non plus et nos retrouvailles ne sont plus qu’un à un jour ou deux.

 

En arrivant enfin à la capitale, je tombe de haut lorsque l’accès nous est refusé par les gardes de la porte. J’avais tout imaginé et je m’étais entraîné jusqu’à avoir des migraines terribles pour maîtriser mon pouvoir et être capable de me défendre mais ça, c’est tout simplement inconcevable. Une blague. Même si le regard du capitaine ne laisse place à aucun doute.

- Que se passe-t-il ? Se renseigna Raine. Nous venons juste chercher des renseignements.

- L’accès est refusé aux étrangers pendant toute la durée de l’insurrection.

- Une insurrection ?

- Vous n’en saurez pas plus.

- Attendez, nous venons de loin pour pouvoir étudier dans votre bibliothèque. Nous ne sommes que de simples étudiants itinérants qui étudient les différentes cultures. Et certains documents nous sont indispensables pour postuler au poste d’ambassadeur afin de prouver que nous sommes bien passés par Kalin.

- Pas de chance, revenez plus tard.

- Attends, l’interrompt son compère. Vous pouvez nous montrer votre diplôme scolaire ?

Par chance, mon père me l’avait remis juste avant notre départ en trafiquant légèrement mon nom afin que je puisse passer inaperçu. Ce diplôme comportait une mention d’aspirant ambassadeur, ce qui rendait son détenteur neutre et lui obtenait l’accès de toutes les villes même en cas de conflit. Après, ce sont aux risques et périls de l’ambassadeur qui prenait la décision d’entrer. Mais ils étaient des intermédiaires idéaux pour les pourparlers.

- Agora, hein ? Depuis combien de temps êtes-vous sur les routes ?

- Un mois à peu près.

- Alors, vous ne savez pas que votre Oracle a exigé la reddition de la ville et que le roi la refuse.

- Comment ?

- C’est pour cela que la ville est assiégée par les habitants qui se plaignent que les conditions de vie deviendront encore plus difficiles en cas de siège. Cependant, le roi se refuse de plier aux exigences de votre Oracle et si ça ne tenait qu’à moi, vous seriez déjà pieds et poings liés au fin fond d’un cachot ! Enfin, vous êtes ambassadeurs, c’est votre droit.

- Attendez, quelles sont les exigences de l’Oracle ? Reprend Raine.

- Un transfert de main d’œuvre ou la reddition purement et simplement.

- Transfert de main d’œuvre ?

- Des manipulateurs d’âme, bien entendu. Seulement le roi n’est pas si bête et connaît très bien les dégâts que peut faire un manipulateur d’âme mal intentionné, c’est pour cette raison que l’accès et la sortie sont si sévèrement contrôlés. Il disait aussi que si on lui livrait la bête noire assoiffée de sang, il réviserait ses positions.

- Une bête noire assoiffée de sang ?

- Un homme mi humain mi bête avec des cheveux noirs corbeau si longs qu’ils touchent le sol et qui lui servent en réalité de fourrure et des yeux rouges injectés de sang.

- Ça existe ? Et pourquoi serait-elle en ville ?

- Parce que selon nos légendes, c’est la seule capable de dévorer l’Oracle. C’est pour ça que le roi refuse parce que même s’il lui livre la bête, nous représentons toujours une menace pour lui.

- Pourquoi n’aurait-il pas attaqué plus tôt dans ce cas pour enlever à la bête toutes chances d’en apprendre plus ?

- Qu’est-ce j’en sais, moi ?! Je suis qu’un soldat, les grands, ils fonctionnent pas comme nous ! Enfin, si vous voulez entrer, c’est comme vous voulez.

- Très bien, merci.

 

Aux premiers abords, la ville parait calme mais la tension est bel et bien là et même un peu trop familière. Les voyageuses sont cachés sous ma veste, à l’abri, et me réconfortent mais les regards en biais des citadins, les sifflets et les crachats à notre égard me rappelle douloureusement mon exil. Je secoue la tête, il faut vraiment que j’arrête de penser à ça, c’est loin maintenant et ça ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie et vivre dans le passé. Or, si je ne suis pas une bête noire assoiffée de sang, j’ai effectivement juré d’abattre l’Oracle.

 

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Niark je suis intelligente j'ai mis d'avance un chapitre  temps que je peux être sur internet

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 14 août 6 14 /08 /Août 22:09

Minitokyo.jpg

- La bête noire ? Dis-je exaspéré.

- Oui, une vilaine ! Parait que ses cheveux sont semblables à des serpents ! Il mesure au moins trois mètres !

 

Rien que d’imaginer Lillyan mesurer trois mètres, je me mets immédiatement à rire. J’en crache presque les grains de riz que je viens d’avaler. Un véritable fou rire me secoue de la tête au pied et le petit garçon aux tâches de rousseurs me regarde comme si je devenais fou. Les légendes urbaines sont vraiment à se tordre de rire, c’est un peu le système du téléphone arabe, au final, une rumeur n’a plus rien de ressemblant à la réalité.

Lillyan, trois mètres…Il m’arrive à peine à la pointe du nez et voilà qu’il mesure trois mètres. Ce n’en est que meilleur pour lui, ainsi, il passe à nouveau inaperçu en espérant qu’il ait déjà pénétré à l’intérieur des remparts de Kalin. Je paye le commerçant pour le repas et m’en vais alors que le petit garçon continue de me suivre en me hurlant que c’est la vérité. Je n’attire pas les bêtes mais il faut croire que j’attire les enfants. Deux minutes plus tard, me voilà entouré par eux, mes habits étranges leur sont inconnus, à leurs yeux je suis un étranger d’une civilisation lointaine et mystérieuse.

 

- Monsieur ! Monsieur ! Vous venez d’où ? Hey ! Monsieur !

- Monsieur ! Monsieur ! Pourquoi vous avez un bandeau sur les yeux ?

- Monsieur ! Vous avez des pouvoirs immenses !

Je soupire et m’accroupis à leur niveau.

- Si je vous montre vous me laisserez tranquille ? Je leur demande gentiment.

- OUI OUI ! Ils s’écrient.

 

Je m’assois sur une grande place, les habitants autour commencent à nous remarquer : une joyeuse bande d’enfants, assis devant moi, impatients de voir le spectacle, ça attire le regard. Je joints les mains et me concentre. Un léger tremblement de terre nous secoue, des racines fines poussent autour de moi et m’entourent en dansant, les enfants ont les yeux grands ouvert. Je me lève brusquement et fait monter un piquet de terre qui se moue en rythme avec mes gestes. J’exécute une sorte de danse. Les « oh » des enfants me font sourire, je vais plus vite et fait glisser la terre sous les pieds des enfants qui rient. Je les fais glisser autour de la place et les attire jusqu’à moi. Je fais retomber toute la terre et les racines, je referme les fissures créées par les dommages. Une fois fini, les enfants m’applaudissent et se précipitent sur mes jambes, ils me tirent par les habits en hurlant dans tous les sens.

J’entends brusquement une marche militaire traverser le village, je fronce les sourcils et remonte la capuche d’une longue robe que j’ai achetée dans une boutique voisine. Je fais signe aux enfants de partir. Les habitants sont étonnés sous les pas bruyant des soldats agoriens. A leur tête, un colonel, le visage sévère. Je reprends ma route comme si de rien n’était ne voulant pas me faire remarquer mais restant à proximité pour les voir.

 

- Où habite l’intendant du village ? Demande le colonel à une passante.

- Je n’en sais rien, dit elle effrayée.

 

Le colonel tend sa main en arrière, un soldat lui remet un parchemin qu’il déroule avec autant de prétentions que de ridicule. Il prend de grands airs avant de crier :

 

- Par ordre du grand Oracle, tous les villages autours de Kalin seront désormais sous les ordres de l’armée agorienne pour des raisons stratégiques et militaires. Les vivres devront être mis à disposition des occupants, ainsi que les habitations. Toute résistance sera réprimandée, les soldats ont le feu vert de l’Oracle pour se faire obéir.

- C’est une honte ! Hurle un vieil homme.

- Allez-vous en ! Assassins ! Hurle une femme.

 

Les commerçants ainsi que toutes la population hurlent à l’injustice, je serre les poings sachant très bien ce qui va leur arriver. Le colonel ne semble même pas surpris. Il se déplace à une vitesse impressionnante et attrape le col d’un commerçant qu’il soulève. Son corps s’effrite, son visage est figé dans une expression de peur et de profonde douleur. Son corps entier tombe en poussière. Seul le bruit du vent nous entoure. Je cligne plusieurs fois des yeux, c’est un Artificier ou un contrôleur de feu pour être plus clair, la différence, c’est qu’un Artificier ne peut créer la flamme mais il peut tout brûler rien quand le touchant. Il est rare d’en voir un au sein de l’armée agorienne. Une tension de terreur plane au dessus du village comme un spectre.

 

- Je demande également à tout mage de se rendre immédiatement. Dit alors le colonel en faisant craquer ses doigts

 

Les villageois frissonnent, plus aucun d’eux n’osent à nouveau protester, les enfants se cachent derrière leurs parents complètement terrorisés.

 

- Allons, dépêchez-vous ! Dit il à nouveau. Sinon…

- Lui, c’est un mage !!! S’écrit un vieil homme en montrant un jeune père.

- Quoi !

 

Des gardes viennent récupérer l’homme, l’enfant hurle en s’accrochant à son père qui se voit pieds et poings lié en moins de temps qu’il ne faut pour l‘ordonner. Un soldat énervé par l’enfant le frappe pour l’envoyer tomber plus loin. Son camarade rit sous la prouesse. Je serre les dents et ferme les yeux jusqu’à m’en faire mal. Je ne dois pas intervenir. Si j’interviens j’ai peu de chance de garder mon anonymat et je dois encore retrouver Lillyan…Merde !

 

- PAPA !! PAPA !!! Pleure l’enfant. RENDEZ MOI MON PAPA !

 

Le petit garçon se relève de sa chute, le visage inondé de larmes et court en direction de son père sans craindre pour sa vie. Le colonel pose un regard menaçant sur lui. Comme si sa course allait au ralentit, je ne peux quitter des yeux le visage larmoyant de l’enfant, ses cris me semblent lointain mais provoque chez moi une réaction rare, le genre de réaction que je n’ai qu’à l’égard que ceux j’aime. Les cris de Lillyan reviennent en échos de mon esprit, sa douleur, il y a six ans devant la fosse mortuaire.

 

Avant même de comprendre une seule seconde mes intentions, je me déplace jusqu’à l’enfant, j’interviens avant que le colonel n’aie pu poser les mains sur lui. Alors qu’il allait le prendre par le cou, je le retiens par le poignet. Le silence tendu fait valser nos pensées. L’enfant a cessé de pleurer et me regarde incrédule.

 

Je ne supporte pas les pleurs ni les cris d’un enfant enfant, le fait même de savoir que cet enfoiré a osé vouloir le tuer me donne envie de lui arracher la tête.

- Monsieur…murmure l’enfant .

- Que vous preniez ce village, je m’en fous, que vous vous en prenez à de pauvres hommes, ça ne me regarde pas. Mais que vous fassiez pleurer un enfant, ça ne je ne l’accepte pas.

- Pour qui te prends-tu gamin ? Pour un héros ?

 

Le colonel arque un sourire sadique, j’évite sa main qui allait me prendre par le cou et lui balance un coup de poing en plein estomac qui l’envoie plus loin. Je retire ma cape pour la laisser tomber à côté de moi et me met bien droit toisant du regard mon ennemis. A cet instant, je ne peux plus reculer, ce n’est qu’un vulgaire insecte qui n’a pas idée une seule seconde de l’étendue de mes pouvoirs.

 

Il redresse son visage vers moi, il prend une profonde inspiration, les soldats derrières commencent à parler entre eux à voix basses. L’un d’eux s’approche du colonel pour lui murmurer quelque chose l’oreille. Son visage se crispe dans une expression de surprise.

 

- Impossible, il laisse échapper.

Puis il éclate dans un rire machiavélique qui me donne la nausée.

- Alors vous n’êtes pas mort, monsieur Shinrei Mauran. Quelle joie ! Votre tête va me rapporter une sacrée promotion.

Le colonel se met en position de combat.

- Vous êtes un Artificier, n’est- ce pas, mon colonel ? Je demande maître de moi-même

- Vous êtes perspicace. Le digne fils de votre père.

- Vous ne pouvez me réduire en cendre rien qu’avec vos mains, j’ai juste ?

- Vous m’épatez. Dit il ironiquement.

- Bien. Alors ne m’en veuillez pas….

Je fais remonter deux pilier de terre jusqu’à ces mains que j’enroule avec force et les serre au point de tenir le colonel an sol qui se débat dans tous les sens.

- Je vais devoir vous arracher les mains, dis je le regard menaçant.

 

Son visage se déforme sous la colère et la douleur, je serre le poings et fais craquer les os un par un de ses mains. Le bruit est horrible, les soldats derrière mettent un temps à comprendre que leur colonel souffre réellement, ils dégainent tous leur épée mais avec ma main gauche je fais monter des racines, beaucoup plus grosses que tout à l’heure, aux épines vénéneuses. J’enroule le corps de certains et les serre jusqu’à ce que les épines transpercent leurs chairs et les fassent hurler. Certains arrivent jusqu’à moi, je fais déplacer la terre sous les pieds de l’enfant pour le mettre à l’écart tout en évitant les lames des deux guerriers en face de moi. J’arrête une épée avec la main, le visage du guerrier perplexe ne bouge plus. Je me penche légèrement et évite le coup horizontal de l’autre à ma droite pour l’éjecter avec mon pied contre un commerce. Son corps s’écrase contre un pilier de bois. J’arrache l’épée des mains de celui que je tenais et tourne autour de lui pour récupérer la deuxième qu’il a à la taille. En ciseau, je m’arrête au cou de celui-ci qui frémit.

 

Terrorisé, il s’écroule par terre en implorant mon pardon. Je lève la main en l’air et l’enterre vivant. Je sens soudainement une aura monté derrière moi, je me retourne et remarque un autre soldat désarmé qui vient m’attaquer. Au dernier moment, je remarque des sortes de lames sortir de ses doigts, je me baisse juste à temps mais une partie de mes cheveux tombent sur le sol.

 

Je regarde les mèches blanches et serre les mains sur les manches des épées. Je redresse le visage, un soldat aux étranges lames sortant de ses doigts me scrutent avec indifférence, je remarque que ses lames sont blanches comme l’ivoire. Qu’est-ce que c’est ? On dirait…Des os !

Je repose les yeux à nouveau sur le colonel qui reste prisonnier des piliers de terres sans rien pouvoir faire.

 

- Etonné, le héros ? Il susurre son front perlant de sueur, c’est bien un Manipulateur de Corps, comme ton ami. Spécialisé dans la maîtrise de ses os. Il peut les rétrécir comme les étendre à l’infini. Il peut également les faire

repousser.

 

Je n’ai pas le temps de regarder à nouveau le soldat au regard vide qu’il m’a déjà sauté dessus, j’évite avec difficulté ses coup, ne remarquant qu’au dernier moment un pique sortir de ses bras pour me percer la nuque. Je me déplace à nouveau et fait entrechoquer la lame et son os. Quelle résistance. Même une lame n’en vient pas à bout. Je bondit en arrière gardant mes distances, je fais remonter à l’aide des épées, deux formes humaines sculpter dans la pierre. Elles prennent mon apparence avec deux épées identiques. Pendant cette semaine, j’ai tenté de développer mon pouvoir en cohérence avec mon contrôle de la terre.

 

Je moue à peine les doigts et les sculptures se déplacent à des vitesses impressionnantes, je crois desseller une émotion de surprise dans le visage de guerrier au regard vide. Les sculptures se battent comme si c’était moi et frappent plusieurs fois le soldat qui semble ne ressentir aucune douleur.

 

La poussière qui s’élève pendant le combat est sous mon contrôle, je la maintiens dans les airs laissant le nuage de fumée nous entourer. Un premier leurre est détruit par le guerrier, le deuxième se fait exploser la tête par la sienne. Indestructible. Il se retourne lentement et pose le regard sur moi comme si j’étais sa nouvelle proie. Je soutiens ses yeux noirs, je plante mes épées dans le sol et prends une position de combat.

 

- Je respecte ta force, dit-il entre ses dents.

 

Je souris malgré moi et m’élance contre lui, main nue mais plus ferme et plus puissance que le roc. Je frappe à plusieurs reprises mon ennemi qui frémit pour la première fois, je sens un de ses os craquer au niveau de sa cage thoracique. De mon côté, je n’évite pas non plus tous ses coups mais l’aura qui émane de nous entoure toute la forêt et fait frémir le sol. Je ne doute pas que même à Kalin, ils doivent sentir l’intensité du combat.

 

J’évite un coup latéral, je fais tourner autour de nous une nuée de feuilles mortes, aveuglé, il tente d’en sortir, mais les feuilles s’embrasent brusquement. Il hurle et tente de se protéger. Le feu s’éteint brusquement mais son corps fume et la douleur et bien là. Pourtant il n’y a pas de brûlures sur lui.

 

- Une illusion, dis je alors, mais l’esprit pense que c’était la réalité. Désolé, je me suis bien amusé mais…

 

Je joins mes poings et fais monter des bois l’entourant rapidement et totalement dans un cocon, solide comme le vieux bois d’un centenaire. Il frappe avec force contre les parois mais rien n’y fait. Je le laisse dans sa cage et je me rapproche du colonel. Celui-ci tremble à chaque pas que je fais vers lui.

 

- Epargne ma vie. Dit-il implorant.

- En quel honneur ?

- Je peux te donner des informations sur l’Oracle. Sur ses projets.

- Je connais déjà ses projets. Je n’ai pas besoin de toi.

 

Je fais redescendre la terre avec son corps qui s’écoule dans des sables mouvant, je fais taire ses cris avec un peu de boue dans la bouche et reviens sur la cage de bois. Je pose ma main sur la matière et ferme les yeux. Le bois s’écroule, le guerrier est assis sur le sol patient. Toujours aussi insensible. Il me regarde sans baisser les yeux, son corps n’a aucune palpitation irrégulière, il est parfaitement maître de lui. J’ai l’impression d’être face à un grand sage des montagnes de Cléone.

 

Il se lève et s’incline, je manque de m’étouffer d’étonnement. Il s’incline ? Il me fait une révérence ! Je dois rêver, ce n’est pas possible. Il se redresse et plante à nouveau son regard dans le mien.

 

- Je me nomme Amon, je suis fier d’être en face du fils du grand Amiral Mauran. Je vous présente tous mes respects. Il m’a raconté ô combien il est admiratif face à votre courage et je comprends enfin ce qu’il voulait dire par là.

 

Surpris, je n’ose rien dire. Finalement je hausse les épaules et pars récupérer ma cape en toile que j’ai jetés plus loin sous les regards effrayés et troublés des habitants.

 

- Je ne te tuerai pas. Je dis alors avant de partir

 

Je reprends ma route et quitte le plus rapidement possible le village sachant très bien que je ne suis plus le bienvenu ici. J’ai détruit leurs commerces, j’ai traumatisé les enfants. Je m’enfuis alors en vitesse pressé d’arriver à Kalin et de revoir enfin Lillyan. Je remarque que mes cheveux ont maintenant une coupe assez spéciale, je les attache en queue de cheval.

 

J’arrive enfin aux remparts de la belle cité qu’est Kalin, d’immenses murs de pierre entourer d’eau et d’arbre me font face. Sans nulle de doutes que cette eau est plus nocif que l’acide. Je remarque les divers chevaux aux insignes d’Agora, je mets ma capuche et avance comme un habitant normale. Je ne comprends pas ce que fais toutes cette patrouille agorienne à Kalin, d’accord Maru et Agora sont en guerre mais Kalin aurait elle capitulée ? Je ne pourrai jamais rentrer avec cet armada devant les portes gigantesques de la ville. Je reconnais des mages puissants ainsi que des maîtres d’armes redoutables, seul, je ne suis pas sûr de tenir. Si seulement je pouvais rentrer par le haut.

 

- Cela ne serait-il pas plus facile par le bas ? Je me demande à moi-même

 

J’ai peur que la longue tranchée d’eau qui entoure la ville soit trop profonde, sans quoi la puissance qu’il me faudra pour creuser pourrait m’être fatale en cas d‘inattention. J’entends un bruissement juste derrière moi, je me retourne vivement, sur mes gardes mais rien ne me fait face. J’ai l’air d’un idiot.

 

- Mii…

Un bruit étrange juste en dessous de mes pieds, je reconnais ce cri. Une Voyageuse, ici ?

 

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VOILA LA SUITE !!! Eh oui encore un nouveau personnage et en plus c'est un Manipulateur Corporel ! Spécialiste dans la maîtrise de ses os ( idée piquer dans le mangas Naruto :p)

ENNNN LA VOLEUSE !!

 

Enfin bref =)

Je vous souhaite de bonne vacances bisous !!!

 

PS : J'écoute la nouvelle chanson de Linkin Park en ce moment et même si j'ai eut du mal à m'adapter je l'adore ! :p 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:49

 

 

Raine et moi sommes en train de discuter avec quelques clients accoutumés du lieu lorsque trois soldats débarquèrent à nouveau dans la salle commune, refroidissant instantanément l’ambiance joyeuse et insouciante de celle-ci. Depuis que nous avons pris une chambre dans cette auberge, nous avons pu observer ce genre de descente très fréquemment : les soldats, en général, des rustres sans manière, débarquaient dans la salle en soirée, à l’heure où les commerçants fermaient la boutique et venaient boire un verre, l’inspectaient d’un air supérieur, repéraient leur proie et l’arrachaient violemment à ses activités pacifiques et distrayantes.

 

Même si c’était dans notre intérêt puisqu’il s’agissait de dissidents favorables à l’Oracle d’Agora, le spectacle n’est jamais très agréable à voir, ne parvenant pas à me rassasier du malheur des autres : pour avoir connu le déchirement de tout perdre, ressentir leur peur et leur détresse ne m’était pas très difficile.

 

D’autant plus qu’on nous avait raconté que les arrestations se pratiquaient sur la base de simples délations et il n’était pas rare d’apprendre qu’un commerçant avait été enfermé par un concurrent peu scrupuleux ou un voisin mauvais.

 

En bref, l’ambiance est glauque en ville et lorsqu’un client habitué disparaît soudainement, personne ne pose de questions et se garde bien de le faire ! C’est comme si cette personne n’avait jamais existé. L’homme se redressa précipitamment en envoyant sa chaise dans les genoux de l’un des soldats, le faisant grimacer de douleur avant de s’enfuir mais il n’avait pas la moindre chance. C’est la torture qui les attendait et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas encore rendu visite au roi bien que celui-ci accorde volontiers ses visiteurs. J’avais bien trop peur d’être reconnu et d’être l’objet d’expériences douteuses et douloureuses.

 

C’est donc dans une auberge que nous avons décidé d’établir comme quartier général pour obtenir des renseignements. Le problème, c’est que, certes, les gens parlent et ne font que ça mais uniquement sur leur indignation, leur mélancolie, leurs protestations. Les seules fois où ils évoquent la légende, c’est pour évoquer une bête noire et féroce de trois mètres de hauteur qui dévore les hommes ou qui les réveille d’entre les morts pour en faire une armée. Ce détail est la seule chose qui me permet de donner du crédit à cette légende.

 

Depuis deux jours que nous sommes là, nous n’avons ainsi rien appris de consistant ou de sérieux. J’ai bien peur qu’il ne faille nous rendre dans des lieux caractérisés par une plus grande sagesse mais c’est bien l’ignorance de ces hommes qui me permet de rester en ville incognito. Même si je n’étais pas associé directement à la légende, mon physique caractéristique risquait de me trahir aux yeux des représentants de l’Oracle. En plus de ça, deux attributs me faisaient passer difficilement inaperçus : le fait d’être le fils du plus puissant maître forgeron du pays et de toujours traîner avec le fils de l’amiral. Et maintenant trois : le premier exilé de la patrie depuis plus de cent ans.

L’arrestation ne dure pas plus de quelques minutes, l’homme se retrouve rapidement enchaîné, et après un vague moment de flottement, les discussions reprennent leur cours. Mon regard se perd dans les vagues imperceptibles de ma boisson chaude tandis que Raine participe poliment à la conversation.

- J’en peux plus, si on ne fait rien, autant quitter la ville ! Se plaint-il en retournant dans nos chambres le soir venu.

- Nous sommes bloqués tant que Shin n’est pas arrivé.

- Aucun signal ?

- Il est en route mais il a encore quelques kilomètres à parcourir. Bon, il va falloir adopter une autre technique, on ne peut pas perdre notre temps inutilement, d’autant que nos parents ont besoin de tous les renseignements. J’irai à la bibliothèque demain et tu iras te rendre à l’ambassade.

- Mais ce n’est pas moi l’ambassadeur.

- Non, mais rien ne le prouve et en général, ils ne posent pas trop de questions.

- Dis pas n’importe quoi, il suffit qu’ils me posent des questions sur Agora pour que je me trahisse, je n’y connais rien !

- Peut-être mais si moi, je vais là-bas, c’est clair que je me ferai attraper. On ne peut pas passer à côté, l’ambassade est une mine d’informations. Ou alors on reste ici à se tourner les pouces en attendant d’être attrapés par la milice.

Je passe la soirée à parler d’Agora pour lui enseigner les rudiments afin qu’il puisse quand même répondre aux questions les plus basiques. Le lendemain, nous partons donc dans les deux directions indiquées par l’aubergiste. Je confie une Voyageuse à Raine pour qu’il puisse me retransmettre plus facilement les conversations des fonctionnaires tandis que l’autre reste bien au chaud dans ma veste.

 

La bibliothèque, qui répertorie près d’un demi-million d’ouvrages, est magnifique. Les moulures des fondations des colonnes strictes leur donnent un relief subtil, presque sensuel, forçant l’admiration pour la précision de leur finition. Le plafond, qui représente une gigantesque peinture associant l’érotisme à la culture et au pouvoir, est incurvé et le cadre est aussi finement travaillé que les fixations des colonnes, le sol est beaucoup plus rudimentaire. L’endroit est très sombre pour ne pas abîmer les ouvrages.

 

Elle est réservée à tout public, pour peu qu’on respecte le silence et les livres. Je ne savais pas trop comment aborder mes recherches. L’histoire de Kalin ? Trop large : même si c’était surement intéressant, je n’aurai pas le temps de tout lire et puis, j’en connaissais les bases avec mes cours d’histoire à l’école. Je me dirigeais néanmoins vers le rayon histoire en espérant y trouver un volume sur les légendes de Kalin. Rien que pour trouver le rayon, j’ai eu du mal. Au final, je me suis résolu à demander à la bibliothécaire bien que cela me gêne énormément d’exposer ouvertement le sujet de mes recherches, compte tenu de la politique menée en ville mais je ne connais pas l’endroit pour me repérer parmi un demi-million d’ouvrages.

 

Comme je m’en doutais, pas un ouvrage ne parle de la légende du dragon blanc. S’il y en avait eu, il avait dû être soit récupéré par les hommes du roi soit volé mais j’avais peut-être une chance s’il avait été emprunté.

 

- La légende du Dragon Blanc ? Il est interdit de le consulter et le roi l’a retiré des rayons. Vous ne devriez pas en parler ainsi ouvertement.

- Je sais mais tout le monde en parle en ville sans être capable de me dire à quoi elle fait référence exactement.

- Et pour cause, le roi ne veut pas que quiconque la répète à l’Oracle, c’est la seule chose qui fait tenir Kalin sur ses remparts. Déjà qu’il y a eu des fuites.

- Très bien, merci.

J’écourtais la discussion d’une part pour ne pas avoir l’air d’insister et ne pas lui donner la mauvaise idée d’appeler la milice et d’autre part car j’étais animé d’un mauvais pressentiment. Je ne pouvais pas partir précipitamment en plein milieu d’une phrase, c’est clair qu’elle aurait trouvé ça louche et se serait empressé de signaler mon comportement aux autorités mais chaque seconde de plus ici réduisait mes chances de le retrouver. Pourquoi ne m’a-t-il pas appelé ?

 

C’est en tournant au coin de la rue que je les vois l’embarquer. Immédiatement, je constate l’absence de la Voyageuse à ses côtés et comprend pourquoi il ne m’a pas appelé ni pourquoi je ne l’ai pas senti. Seule ma puissance psychique m’a permis de déceler les ennuis dans lesquels Raine s’était empêtrés.

 

La fureur de son cri mental me déchire les tempes et interrompt tout examen des lieux : « Imbécile ! S’ils te voient, ils te captureront aussi, si tu interviens, nous serons des fugitifs ». Et après ? Que veut-il que nous fassions de plus dans cette ville ? Personne n’est capable de nous dire un traître mot sur cette légende, soit parce qu’il ne le veut soit parce qu’il ne le peut. Et Shin est en chemin, il nous sera facile de nous porter à sa rencontre.

 

Je déchaîne des éclairs qui, même s’ils sont faibles, ébranlent le petit groupe. En même temps, j’attrape Raine par le bras pour l’emmener avant d’être violemment arrêté dans ma course et jeté à terre. Une liane s’est enroulé insidieusement autour de ma cheville et se plante vicieusement dans ma peau. La douleur est fulgurante mais je garde conscience. Je tente de me redresser au moment où un entrelacs de lianes vénéneuses commence à nous plaquer au sol.

 

Avant de s’évanouir, Raine neutralise le pouvoir du Fossoyeur de la terre, les lianes retombent mollement sur moi et je me dégage sans trop de difficulté. Les soldats se jettent sur moi, armes au poing, j’imprime ma volonté au vent qui, d’une bourrasque puissante, leur fait perdre l’équilibre. J’en profite pour me saisir d’une épée. Gêné par le poids de Raine et par la douleur du poison qui s’écoule dans mon corps, mes mouvements ne sont pas aussi fluides. Seul contre trois, j’arrive difficilement à les tenir à distance.

 

Très vite, ma maîtrise de l’air est contrée par l’un des soldats qui devait être Souffleur du vent. Au fond de moi, je sens mon pouvoir qui s’agite à chaque fois que j’utilise ses attributs et il menace d’exploser lorsque je tiens l’épée en main faisant bouillir mon sang d’excitation. Les deux métaux s’entrechoquent tandis que je fais un demi-tour sur moi-même pour éviter l’attaque des deux autres soldats. Le combat est trop inégal, surtout dans mon état. La situation aurait cependant pu l’être être encore plus si Raine n’avait usé ses dernières ressources qu’il lui reste pour neutraliser le pouvoir du Fossoyeur de la terre. Cela dit, je devais me méfier car si nos pouvoirs du vent s’annulaient l’un l’autre, l’autre n’était pas encore entré en scène. Il se contentait de manier son épée mais je n’étais pas dupe, je sentais son état de concentration extrême et son offensive pour prendre possession de moi. Le sang, la sueur et la fatigue me pèsent mais je continuais à lutter.

 

Mon épée fendit l’air à l’horizontale pour les éloigner de moi afin de me laisser reprendre mon souffle. Ils ne m’en laissèrent pas l’occasion et repartirent à l’assaut. Juste une deuxième épée, si je pouvais tenir en main une autre épée, ils ne pourront plus me harceler de la sorte. Là, je devais jongler avec une seule lame pour en parer deux longues sans oublier le soldat désarmé qui usait de ses poings pour me déstabiliser.

 

Je fais un moulinet pour dégager la pointe de mon cœur tout en utilisant la poignée de mon épée pour accueillir la pointe de la deuxième épée. D’un geste du poignet, je plaquai mon épée sur l’autre dans un coup violent et agressif faisant trembler les deux lames avant d’enfoncer mon pied dans le ventre du soldat qui a du mal à encaisser mais ne lâche pas son épée. je redirige ma main qui allait s’abattre sur son poignet pour lui faire lâcher prise alors que le soldat désarmé fonce sur moi dans une prise au corps à corps. Je ne me laisse pas surprendre et effectue un simple pas pour lui présenter mon profil mais l’autre m’attend et tranche mon flanc droit.

 

Le sang gicle, la douleur me vrille le cerveau et m’empêche de penser encore plus clairement. Des larmes de douleur et de frustration s’échappent, j’ai beau lutter, je sais que je ne gagnerai pas ce combat, mes forces s’amenuisent bien trop vite. Je tiens à peine sur mes jambes mais je continue. Je ne perdrai pas face à trois misérables soldats à peine capables de tenir une épée en main. Ma lame bloque une fois encore la pointe d’une épée qui se dirigeait vers mon cœur tandis qu’une autre passe à deux doigts de mon œil gauche. Je ne parviens pas éviter le coup de poing dans mon ventre et pose un genou à terre.

 

Je malmène les chevilles de mon adversaire en les tailladant d’un large coup horizontal. Il pose le pied à terre et lâche son épée dont je m’empare vivement. Je regagne l’espoir. Je fais fi de la grâce et de la retenue qu’est censé posséder un escrimeur, je me jette corps et âme dans la bataille. Le dernier soldat armé m’attaque mais je bloque sans difficulté son épée tout en pointant ma deuxième épée sur sa pomme d’Adam pour le tenir en respect. J’hésite une seconde avant de la baisser de quelques centimètres et tracer une large estafilade au niveau de son ventre.

 

L’euphorie de la victoire, même aussi faible, m’excite toujours autant et c’est un cri d’alerte mentale de Raine qui me prévient tout en bloquant l’intrusion psychique de mon adversaire.

« Je n’ai plus de force, je ne peux pas le neutraliser, utilise ton pouvoir »

 

« Impossible, pas ici, en public ».

 

« C’est pas maintenant qu’il faut avoir des scrupules pour agir, dans un cas comme dans l’autre, nous finirons en prison si tu n’agis pas ».

- ÇA SUFFIT ! Tonne soudainement une voix grave, masculine et puissante. Ce jeune homme a dignement combattu, ce serait déloyal que d’utiliser un moyen aussi bas que la manipulation d’âme pour le neutraliser.

Un homme de grande taille dégarni sur l’arrière du crâne et au dos puissant se poste entre nous et le dernier soldat. Autour de nous, de nombreux citadins nous entourent, le visage ferme et fermé.

- Reculez tous ou nous vous mettons en prison pour complicité !

- Arrêtez votre cirque ! Vous dites que vous œuvrez pour l’intérêt public mais c’est vous qui l’empirez en arrêtant n’importe quel citoyen lambda et en incitant les gens à se dénoncer les uns des autres !

Je sens une vague d’énergie pénétrer en moi et, bien que j’avais anticipé le fait qu’il profiterait des perturbations pour agir, j’ai du mal à la contenir. La tension monte à l’extérieur mais elle devient bien trop forte en moi pour que je puisse suivre ce qui se passait. La pression disparaît aussi rapidement qu’elle était venue.

- Il suffit que je m’absente dix jours pour que ça devienne un gros n’importe quoi ici.

Je me retourne vivement pour faire face à une véritable cargaison. Ma mémoire identifie l’homme aux cheveux grisonnants, au regard dur mais qui inspire la confiance et distille l’autorité, comme le général en chef de l’armée de Maru. Cette fois, je n’ai aucune chance.

 

Je tente de paraître assuré sur mes jambes lorsqu’il se déplace jusqu’à moi pour me scruter les yeux. C’est dur mais je parviens à ne pas baisser le regard face à son regard inquisiteur. Je ne cache pas ma surprise lorsque Shin apparaît derrière lui, une fois qu’il est efface, et c’est dans les bras chaleureux de mon amant que je me laisse tomber.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:55

Le corps endolori de Lillyan tombe dans mes bras, je le rattrape à temps avant qu’il ne percute de le sol. Le général ordonne à son escadron d’emmener les soldats au fer : une séance de rappel des valeurs fondamentales d’un guerrier est de rigueur. Je prends la marche derrière lui et avec l’aide de Raine, nous portons Lillyan jusqu’à la base.

 

Une fois arrivé, je dépose mon amant sur un lit inconfortable mais amplement suffisant pour récupérer un peu. Nous nous asseyons autour d’une table un peu plus loin, le général enlève sa longue cape militaire et s’assoit ordonnant à un sous-fifre de lui apporter une collation. Je ne quitte pas des yeux le visage perlant de sueur de Lillyan, c’est comme si nous nous étions séparés pendant des années. Mes sentiments frappent contre ma poitrine avec une violence inouïe, j’ai du mal à me contenir car je rêve de pouvoir le serrer dans mes bras depuis des semaines. Mes yeux parcourent son corps entier, soulevé par des respirations fortes et régulières, le visage crispé par la souffrance, il était temps de se retrouver.

 

Je reporte mon attention sur le général, Raine est également essoufflé, ses yeux mis clos sont la preuve de sa baisse d’énergie constante, je le sens au fond de moi. Son aura diminue dangereusement, je n’avais jamais ressenti une telle dégringolade, ce qui m’étonne le plus, c’est que cette diminution semble lui redonner des forces peu à peu.

 

- Si tu m’expliquais ce que tu fais à Maru, Shinrei. Me sourit le général une fois sa boisson sur la table

- Comme je vous l’ai dit, je suis venu chercher Lillyan.

 

Le général Solon me scrute, il tente de déceler mes véritables intentions, car, certes je suis venu dans le but de retrouver Lillyan mais nous sommes là également pour préparer le terrain à la venue de nos parents.

 

- Vous cherchez les ennuis tous les trois ? Il demande en nous regardant un par un. Venir dans une ville en guerre constante avec Agora est complètement inconsidéré. Surtout venant de vous trois qui feriez mieux de vous mettre au vert quelque temps…

- Vous savez mieux que moi que, où que nous soyons, nous subirons les poursuites des chasseurs de têtes. Dis-je en jetant un coup d’œil au corps étendu de Lillyan.

 

Le général Solon reste silencieux un moment avant de soupirer de lassitude, il doit capituler : après tout, que ça soit ici ou ailleurs, nous ne sommes les bienvenus nulle part.

 

- Vous pouvez rester à votre guise. Aucun soldat ne viendra vous capturer mais ne vous approchez pas du roi.

- Pourquoi ? Demande Raine.

- Parce que je vous l’ordonne.

 

Il savait qu’en utilisant cette intonation, je lui obéirai, particulièrement sensible aux ordres militaires, je ne pouvais déroger à la loi d’un supérieur. Je reste muet, ne sachant pas quoi répondre. Il se lève dans sa grande prestance et repart en nous saluant.

 

Pas étonnant qu’il soit interdit de s’approcher du roi, de toute manière nous serions certainement capturés pour être utilisés contre l’Oracle. Ce n’est pas ce qui dérange mais nous ne serions certainement pas traiter comme des héros.

 

- Lillyan ouvre les yeux, me dit Raine.

 

Sans perdre un instant, je me précipite sur lui, ses paupières s’ouvrent lentement, je passe une main tendrement dans ses cheveux plus courts et colorés, je reste même perplexe. Ce n’est pas qu’il est moche mais je l’aimais d’autant plus lorsque ses longs cheveux noir chatouillaient la raie de ses fesses. Ses beaux yeux blancs rayonnent lorsqu’il finit par croiser mon regard. En une fraction de seconde, le voilà agrippé à mon cou comme si sa vie en dépendait.

 

- Shin, Shin, Shin…, il répète en tâtant mon visage.

- Oui, c’est moi, dis-je amusé.

 

Il s’arrête et reprend enfin ses esprits, j’ai l’impression que son corps s’abaisse un peu et qu’un poids énorme tombe à ses pieds. Je lui vole un baiser chaste pour lui faire bien comprendre que c’est la réalité mais je me retiens à cause de Raine.

 

Lillyan prend une profonde inspiration et me gifle soudainement.

 

- Ca, c’est pour m’avoir écarté du combat avec mon père ! Tu as risqué ta vie, espèce de débile ! Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ! J’étais complètement terrorisé à l’idée que tu me quittes et si je n’avais pas revu mon père, je crois que…je crois que je serai venu te chercher, même en enfer…

 

Sa voix se brise peu à peu, ses yeux se voilent de tristesse et d’inquiétude. Touché et honteux, je prends son visage dans mes mains.

 

- Merci. Dis je simplement.

Il sourit discrètement.

- Et si tu nous expliquais ce qui s’est passé avec maître Zenon ? Demande Raine.

Je l’avais presque oublié.

- Il nous a dit pour le combat mais ses souvenirs étaient confus, d’abord parce qu’il était encore très souffrant mais aussi parce qu’il était contrôlé…En revanche, la fin est assez floue… finit Lillyan.

- A vrai dire, je ne peux pas l’expliquer moi-même. J’ai utilisé ce pouvoir étrange et puis le noir complet. A mon réveil, j’étais au milieu d’une forêt avec une Shaman…

- Une Shaman ? S’étonne Lillyan.

- La Shaman du peuple des Chutes rapides.

Leurs visages se figent et se taisent.

- Elle t’a ramené ? Me demande Lillyan.

- Comment tu le sais ?

- Mon père m’a parlé d’un monde onirique, un monde parallèle où se perdent les esprits dominés par leur pouvoir mais de ce qu’il m’a dit, seul ton corps fut aspiré…

 

Assez dérouté qu’il en sache autant, je tente de reformuler mes dires. Maître Zenon m’étonnera toujours.

 

- De quoi elle t’a parlé ?

- De la légende du dragon blanc. Dis-je plus gravement.

 

Les deux semblent être au courant de la légende mais attendent la suite impatiemment.

 

- De ce que j’ai compris, le dragon blanc est un dieu du mal.

- Un dieu du mal ?

- Il se réincarne habituellement dans le corps de l’Oracle car il est le seul être au monde capable de maîtriser un tel pouvoir. Ce dieu porte les idéogrammes de « Koryu », le dragon aux yeux blanc. La légende qui te décrit est un mauvais présage, le jour où « Koryu » se réincarnera dans un homme, il sera doté de ses magnifiques yeux blancs et d’une chevelure noire. Il sera aussi porteur de la fin du monde, puisque le dieu du mal ne pourra plus être canalisé par une autre force quasi-équivalente, il possédera totalement son hôte.

- Je vais détruire le monde…, murmure Lillyan au bord de l’évanouissement.

- Nala, la Shaman, n’a pas dit ça. Car la légende n’a été accomplie qu’à moitié…

- A moitié ?

- La légende parle d’un seul homme or « Koryu » s’est incarné en deux hommes…

- Qui d’autre ? Demande Raine.

 

Je ravale ma salive avant de continuer. Lillyan semble comprendre, ses yeux me pénètrent le torse, il frissonne articulant quelque chose d’inaudible. Je peux lire sur ses lèvres « Shinrei ».

 

- Moi. Dis je gravement.

 

Une drôle d’atmosphère fait retomber le silence entre nous, Raine fronce les sourcils soucieux et à la fois peu étonné, Lillyan, lui, est encore sous le choc mais il encaisse, après tout il ne connait pas la suite. Suite des plus importantes…Je sais déjà ce qu’il pense car j’y ai pensé aussi…

 

- Alors pourquoi… commence Lillyan.

- Tuer l’Oracle… finit Raine.

- C’est aussi ce que je me suis dis. La Shaman m’a dit que Koryu ne peut se réincarner que dans un corps divin, et habituellement l’Oracle. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas des hommes ordinaires mais aussi que l’Oracle n’est plus l’Oracle.

- Là, je suis perdu, soupire Raine.

- Je n’y comprends pas plus, dis je déçu, mais ce que je sais en revanche, c’est qu’il s’est produit un chamboulement dans le cycle de la réincarnation de « Koryu », que par cette erreur, l’Oracle est devenu mauvais.

- Alors le peuple des Chutes Rapides en ont déduit qu’il fallait le tuer ?

- Oui. Mais elle ne m’a pas dit le moyen qu’ils ont trouvé. Selon la Shaman, je dois le trouver sans son aide auquel cas elle ne serait plus « neutre ».

- Il y a une chose que je ne comprends pas. Se manifeste Lillyan en pleine réflexion. Elle a dit que le dieu du mal ne s’est pas réincarné dans l’Oracle et que ça l’a rendu mauvais…Ce n’est pas logique ! Si le dieu du mal ne se réincarne plus en lui alors c’est au contraire bénéfique, non ?

- Je crois comprendre ce qu’elle a voulu dire, répond Raine. Dans mon peuple, nous avons une vieille tradition qui dit que l’être le plus fort qui soit est celui qui n’est ni dépasser par le mal ni par le bien. L’Oracle est l’incarnation du bien sur terre, une forte concentration de pouvoir positif ! Or pour équilibrer et pour atteindre la sagesse, le dieu du mal s’est incarné en lui pour faire contrepoids avec sa force pure. Etant donné que Koryu ne s’est pas incarné en lui, il n’est plus équilibré.

- Mais sois lucide, Raine ! Dis je soudainement, le Bien ne peut faire le mal ! C’est dans sa définition.

 

Ma phrase un peu trop virulente fait taire toute protestation. De toute manière, son argumentation ne tient pas debout, je veux bien croire que le Mal sans le Bien détruit le monde mais l’inverse n’est pas possible. Cela voudrait dire que rien n’est vrai, que tout est mauvais. C’est faux, c’est justement ça qui rompt l’équilibre. Il faut une entité bénéfique et une entité maléfique qui ne se confondent pas mais au contraire, qui se battent. J’en suis persuadé…Comme la statue au milieu de la ville basse, cette immense statue et les sphères. La représentation du monde.

 

- Tu as une autre explication ? Me demande Lillyan.

- Non. Mais ca ne veut pas dire que c’est vrai pour autant.

- La fierté d’un Agorien, dit Raine sarcastique.

 

Exacerbé, je prends Raine par le col et le soulève collant son visage juvénile au mien crachant presque des flammes.

 

- Je déteste qu’on me prenne pour un con, c’est quelque chose qui me met hors de moi surtout lorsque ça vient d’un monstre…

Raine, pas blessé pour un sou, me sourit narquoisement.

- C’est moi le monstre ? Je ne suis pas l’incarnation d’un dieu du mal…

- Qu’est-ce que tu sous entends ? S’élève Lillyan.

- C’est clair si on suit la logique de Shin. Vous êtes l’apocalypse annoncée par les dieux, l’Oracle n’est que l’être sage et bon qui tente de tuer un dieu du mal. N’est-ce pas, Shinrei ?

 

Sans attendre, j’envoie le corps de Raine s’écraser contre le mur qui tombe en morceaux, je le tiens toujours par le col. La fumée autour de nous ne m’empêche pas de voir son visage grimacé légèrement, mon aura montée en flèche, un petit filet de sang couler le long de son bras.

 

- Alors qu’attends-tu ? Je lui demande avec sévérité, dénonce nous à l’Oracle…D’ailleurs, je ne serai pas étonné que ça soit déjà fait. Après tout, tu aurais pu demander grâce en échange de nos têtes. C’est bien là la caractéristique d’un pourri dans ton genre.

Le regard de Raine devient plus dur.

- L’Oracle a tué toute ma famille, mon peuple…Je ne pourrais jamais pactiser avec lui-même si pour cela je dois vivre cacher toute ma vie.

 

Je relâche la poigne, il se laisse glisser sur le sol douloureusement, Lillyan me sermonne du regard. Je reviens sur mes pas pour aider Raine à se relever, je vais m’asseoir plus loin.

 

- En tout cas, je dois avouer une chose, reprend Raine, si je vous ai suivis, c’est parce que jamais auparavant je n’ai rencontré d’êtres aussi forts. Je crois avoir compris le secret des Chutes Rapides. L’unique moyen de détruire l’Oracle…

 

Lillyan et moi sommes attentif, nous relevons les yeux sur lui comme si les secondes devenaient brusquement des minutes, Raine semblait bien plus perspicace que nous, il sourit à nouveau sournoisement et nous désigne de son index dans un silence lourd de conséquence.

 

- C’est vous.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 14:59

 

 

Renonçant à dormir, malgré mon état d’épuisement, je me lève pour respirer l’air frais de la nuit et me changer les idées. Je ne suis pas étonné d’être rejoint quelques secondes plus tard par Shin et ma tête se pose contre son épaule.

- Ça va mieux ? Me demande-t-il.

- Avec toi à mes côtés, même la mort me semblera douce…

- Alors arrête de profiter de mon absence pour te mettre dans un pétrin pas possible…

Je ne réponds rien et nous nous laissons bercés par le doux silence de la nuit. Shin est le premier à rompre la quiétude nocturne accompagné d’un agréable goût de retrouvailles en me faisant partager ses doutes et interrogations.

- Que penses-tu des propos de Raine ?

- Je n’en sais pas plus que toi mais ça rejoint la position de ton père selon laquelle nous serions craints par l’Oracle. Après, je ne vois pas comment, dans la mesure où nous ne maitrisons ni l’un ni l’autre nos pouvoirs, nous pouvons lui nuire.

- C’est peut-être la raison pour laquelle il a voulu nous supprimer tout de suite : pour ne pas nous laisser le temps de les maîtriser.

- Mais un simple manipulateur du corps ? Et toi ? D’accord, c’est très désagréable, tes illusions, mais je ne vois pas en quoi elles peuvent le détruire.

- Tu maîtrises le corps, d’accord ? Et moi, je maîtrise l’esprit. A nous deux, nous sommes capables de contrôler totalement un être humain.

- Tu crois que tu peux être un manipulateur d’âme ?

Shin se raidit en entendant ma question.

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

- Ben, l’illusion joue sur le cerveau, le psychisme d’un individu, le domaine par excellence de la manipulation d’âme. C’est un peu comme moi finalement qui ne maîtrisais que l’électricité et la télépathie.

- Une complémentarité parfaite, c’est ça ? Mais je ne serai pas plus extraordinaire que les habitants de Maru…

- Non mais l’Oracle cherche tout de même à les anéantir, à défaut de les contrôler. Et moi, je ne suis pas plus effrayant qu’un manipulateur corporel ordinaire.

- Sauf que les manipulateurs corporels étaient déjà effrayants. 

- Pas plus que les manipulateurs d’âme.

- Mais on a été obligés de cesser els persécutions lorsqu’on s’est rendu compte que Kalin était trop proche de nous pour se faire une guerre perpétuelle.

- En bref, on n’en sait toujours aussi peu.

- Et nous ne sommes même pas sûrs de ce que nous savons.

- Tu imagines ? Toi et moi, détruire l’Oracle ?

- Quoiqu’il arrive, nous ne devons pas oublier nos objectifs, c’est ça qui nous permettra de dépasser nos peurs.

- Peur de quoi ? Tu sais bien qu’à nous deux, nous sommes invincibles.

 

L’envie de l’embrasser est plus forte que le réprimander encore une fois. Ma main frôle sa nuque, le faisant frissonner, avant de s’y accrocher fermement pour capturer plus facilement ses lèvres. Loin de résister, ce dernier se défait de toute barrière pour répondre à mes avances.

 

Nos langues se retrouvent dans la joie et la bonne humeur, tous nos soucis sont recalés à l’arrière-plan, le désir explosant dans la moindre parcelle de ma peau. Mon cerveau cesse de réfléchir et se laisse guider par les sentiments. Profitant de la complicité intime et silencieuse de la nuit, ma main, posée sur le torse de mon amant, le pousse à s’allonger sur l’herbe. Son regard, libéré de toute entrave, brille d’une lueur aussi intense et perverse que le mien, son cœur bat fort dans sa poitrine, malmené par les pulsions de son corps.

 

Assis à califourchon sur son bassin, son érection grossit au fur et à mesure que mes ondulations s’intensifient. J’écarte ses cheveux pour mieux voir son visage, titiller ses lèvres et mordiller ses oreilles, il tremble tellement de plaisir qu’il enroule ses jambes autour des miennes pour m’empêcher de partir en l’abandonnant lâchement et sadiquement. J’avoue que l’idée m’a vaguement traversé l’esprit mais je suis tellement dépendant de son corps que je ne pourrai jamais m’en lasser à tel point que m’en séparer temporairement était difficile à supporter. A nous deux, nous sommes invincibles et pourtant tellement faibles, incapables de résister à la tentation, goûtant avec délice au fruit défendu.

 

Mes mains se baladent sur son corps pour attiser encore plus sa sensibilité tout en savourant le contact de sa peau douce et chaude, transpirante de désir plus que de plaisir. Pourquoi dit-on que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Je ne connais pas de plus douce torture que l’excitation douloureuse d’un corps.

 

Shin relève son bassin pour le presser contre le mien afin de me faire comprendre la gravité urgente de la situation. Je lui adresse un tendre sourire avant de happer ses lèvres, pour lui éviter de vaines protestations.

 

Je plaque ses mains contre le sol et entortille mes doigts autour des siens tandis que je colle encore plus mon bassin contre le sien, ressentant la pleine influence des soins que je lui prodigue. Ma bouche entreprend une descente divinement dangereuse et trace un chemin humide vers son nombril, en m’attardant sauvagement sur ses tétons, les gémissements de plaisir de Shin retentissant comme un doux écho du pouvoir que j’avais sur lui.

 

Mes doigts jouent sur son bassin, ma langue tourne autour de son sexe, sans jamais le toucher alors qu’elle s’attarde longuement sur ses cuisses, crispées de plaisir. Je lèche lentement sa verge tendue de désir partant du bas, jusqu’à titiller sa cavité, pour remonter chastement jusqu’à son gland. Shin profite de cette occasion pour appuyer sur mon crâne, me forçant à l’avaler tout d’un coup. Il se cambre de bien-être et je place mes mains sur ses hanches pour avoir une meilleure prise.

 

J’avale avec délectation sa semence et m’attaquai à ses lèvres en guise de représailles tout en commençant doucement la préparation. Je m’efforce, après qu’il m’a mordu la langue sous la pénétration surprise du premier doigt, d’y aller plus lentement tout en multipliant les caresses et les baisers.

 

Je le scrute ardemment au moment où je pénètre en lui, l’hypnotisant avec mon regard insolite pour lui faire oublier la douleur du geste. Il passe ses bras sur mes omoplates et y enfonce ses ongles et je reprends mon baiser tout en caressant tendrement sa peau pour le détendre au maximum.

 

Lorsque sa langue s’enroule autour de la mienne avec passion, je sais que je peux y aller franchement et je commence par de doux va-et-vient pour instiller progressivement le plaisir en lui. Ses yeux se ferment pour ressentir pleinement les sensations physiques et sa bouche s’entrouvre comme pour expirer le trop plein d’énergie qu’il reçoit. J’adore voir son visage déformer par une telle extase. Nous jouissons ensemble et je m’écroule sur lui en entendant son cœur battre frénétiquement.

 

Il me relève la tête et m’embrasse, me communiquant tout l’amour qu’il me porte. Ses pensées étant constamment tournées vers moi, je n’ai aucun doute là-dessus et je ne demande pas de preuve mais j’aime toujours lorsqu’il prend ce genre d’initiatives.

 

Il prend place sur mon bassin et mort doucement ma carotide qui bat fébrilement sous la fausse menace d’un danger de mort. Mes mains s’agrippent à ses cheveux lorsque sa morsure s’attaque plus sérieusement à ma peau pour récupérer quelques gouttes de mon sang. Il se redresse pour voir ma réaction alors qu’il est en train de lécher mon propre sang. Je me demande si je pourrai utiliser mon pouvoir de manipulation corporelle pour maîtriser mon propre corps et résister aux provocations de mon amant. Certainement pas car la manipulation corporelle nécessite une forte maîtrise psychique or, mon cerveau n’a même pas la volonté de lutter contre ses assauts.

 

Son baiser est légèrement relevé d’un goût de cuivre, le goût de mon sang… Mes mains s’excitent sur son dos tandis que mon corps en redemande ! Il entreprend de se promener lascivement sur mon torse, le parsemant de baisers ou le gratifiant de quelques caresses, bien trop rares à mon goût, bien trop délicieux à mes sens qui sont en ébullition. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant, aussi heureux de vivre.

 

Entre les combats éprouvants que nous avons menés, notre longue séparation et les intrigues dont nous sommes l’objet, nous sommes fatigués alors que nous n’avons même pas vingt ans. Bien sûr que nous ne devons pas perdre notre objectif de vue pour surmonter plus facilement nos peurs, nous ne devons cependant pas oublier de vivre pour nous-mêmes.

 

Shin caresse langoureusement mes hanches, provoquant des convulsions de mon corps, hyper sensible à cet endroit. Il en vient même à utiliser sa langue et joua avec mes nerfs pendant un bon moment mais remonta pour m’embrasser lorsqu’il comprit que je n’allais pas tarder à craquer. Il étouffe toute résistance avec un simple baiser, je suis vraiment pitoyable…

 

Il esquissa un sourire innocent mais je ne me laissai pas prendre à son petit jeu surtout que, dans la seconde qui suit, il s’empala sur mon membre durci par le plaisir qu’il m’a procuré. C’est un cocktail de sensations qui explose en moi. Je me redresse pour le prendre dans mes bras tandis qu’il poursuit dans sa lancée. Il est magnifique, la peau en sueur, ses yeux noirs grand ouverts, sa voix tellement érotique qui gémit mon prénom, son cœur qui bat pour moi…

 

Nous jouissons à nouveau ensembles, il me regarde, tout étourdi, et je l’embrasse fougueusement. Nous nous rhabillons pour ne pas avoir la désagréable surprise d’être réveillés dans une position plus que dérangeante et nous allongeons l’un contre lui, la tête de Shin blotti dans mon cou.

- Je t’aime, lui dis-je d’une toute petite voix.

- Moi aussi, je t’aime, me répond-il. Quoiqu’il arrive, toujours ensembles…

Je l’embrasse pour sceller notre pacte, lui propose ma main pour le relever et retournons dans la chambre : les nuits à la belle étoile s’annonçaient nombreuses, autant profiter d’un lit, même s’il ne s’agit que d’un simple lit de camp. Nous nous rendormons, rassérénés, l’un dans les bras de l’autre.

 

Au petit matin, le réveil se fait en douceur mais signifie le retour à la réalité et nos lourdes responsabilités.

 

Je m’étire et je rigole en voyant Shin se plaindre de douleurs. Il me jette son coussin à la figure et je sors en courant de la chambre, sachant qu’il ne pourra pas me rattraper. Je m’assois sur un rocher pour l’attendre et le fais asseoir sur mes genoux.

- Que fait-on du coup ? Me demande-t-il.

- Nous n’avons pas d’autre choix que de reprendre la route. Nous nous sommes déjà trop attardés d’autant que nous n’avons récolté aucun renseignement.

- Le général Solon doit pouvoir nous être utile.

- Tu crois qu’il nous révélerait un secret aussi important ? Ce serait trahir son roi.

- Mais leur roi est en conflit avec notre Oracle, il ne peut que nous soutenir.

- Oui mais je te rappelle que ce sont eux qui nous ont attaqués quand nous étions petits. Même si nous avons le même objectif, leurs méthodes diffèrent complètement et je n’ai pas envie d’aller sur le champ de bataille en étant manipulé pour être un kamikaze. Le mieux serait de partir le plus rapidement de cette ville maudite.

- Je propose quand même que nous ayons une discussion avec le général, que nous ne soyons pas venus ici pour rien. Peut-être pourra-t-il nous en apprendre plus sur la manipulation d’âme pour comprendre l’origine de mon pouvoir.

- D’accord.

- Un petit combat ?

- T’es en état ?

- C’est toi, la veille, qui était incapable de faire un pas de plus, me répond-il, le plus sérieusement possible. Toute lueur coquine a disparu, son aura danse d’une lueur combative.

 

Nos corps emploient également un autre langage et évoluent dans une grâce meurtrière. Nous bridons nos pouvoirs pour ne pas nous faire repérer et nous limitons à nos poings et nos pieds. Ce n’est pas un combat à mort, c’est beaucoup plus subtil puisqu’il s’agit de toucher le premier son adversaire. Et pour nous, c’est un véritable défi car nous nous connaissons tellement bien, nos ébats érotiques étant bien nos points faibles, que les coups sont trop faciles à anticiper.

 

Alors que nous nous écartons pour reprendre notre souffle, une aura fulgurante empiète nos défenses. Concentré tout entier sur le combat, je n’avais pas vu le général s’avancer vers nous. Sa main est posée sur l’épaule de Shin pour lui faire comprendre de prendre congé. Je n’apprécie pas ses manières car cela ne se fait pas d’interrompre ainsi un combat pour engager un autre combat : venant d’une personne aussi haut placée, cela signifie clairement que notre défi n’a pas d’intérêt et ne mérite même pas d’être qualifié de tel.

 

Shin s’efface docilement pour lui laisser la place. Mon cœur se met à battre furieusement en réalisant que je vais affronter un général. Je n’ai pas le niveau de mon père, je n’ai pas le niveau pour le battre. Il me tend d’un air de dédain une épée tandis qu’il se prépare en se tenant droit.

- Le premier qui était touché perdait, c’est ça ? Alors essaye de me toucher. Montre-moi ce qu’un monstre est capable de faire…

Je m’indigne sous l’insulte mais je ne me laisse pas avoir et prends le temps d’attaquer. L’épée n’est pas extraordinaire, elle n’est qu’un outil qui sert à tuer, elle n’a pas d’âme, pas de personnalité. Ce n’est pas en me reposant sur elle que je pourrai espérer le toucher, ou même ne serait-ce que le frôler. Il veut m’acculer pour que je me serve de mes pouvoirs. Comme lorsque j’avais dû affronter Karl, le père de Shinrei, pour faire éclater la vérité sur mes pouvoirs. Je ne lui laisserai pas ce plaisir.

 

Je fais le vide dans mes pensées pour ôter toute pensée parasite tels que la peur ou le fatalisme et gonfle mes veines d’énergie. Je respire calmement deux fois pour imprimer ce rythme à mon corps et me lance à l’assaut.

 

Au moins, même si je ne le touche pas, j’arrive à le faire bouger, à le détrôner de son piédestal et lui faire ravaler sa fierté. Bon, je reconnais que je m’excite un peu là, mais j’exploite la moindre faille pour lancer mon coup, faille que je me suis échiné à créer au préalable. Je n’ai jamais autant fait fonctionner mon cerveau dans un combat, tous mes méninges tournent à 200 à l’heure, la sueur me brule les yeux et mes muscles gémissent sous l’effort. Mais je sais qu’il attend la moindre faiblesse de ma part pour m’humilier, je ne dois pas me déconcentrer et tenir jusqu’au bout. Tout tenter. Il veut me tester, il sera servi.

 

Cependant, malgré toute la hargne que je peux y mettre, c’est à peine si mes feintes le font bouger, c’est à peine s’il effectue un quart de pas.

- A ce que je vois, tel père tel fils !

Je ne me laisse pas enflammer par sa provocation et continue à le faire reculer jusqu’à une petite motte de terre. Un coup horizontal l’oblige à reculer, son pied droit heurte l’obstacle mais il ne se laisse pas distraire. Au moment où il est enfin acculé à l’arbre, je lance mon épée pour viser son œil mais il la dévie facilement au moment où il pare mon coup de poing dirigé vers son ventre.

- J’ai gagné, souris-je.

Il hausse les sourcils, ne semblant pas comprendre, puis il éclate de rire en me tapant vigoureusement sur les épaules. Je sais qu’il m’a laissé mener ma stratégie jusqu’au bout pour voir ce dont je suis capable mais je suis content de voir qu’elle a porté ses fruits même si au final, ce n’est qu’une demi-victoire puisque c’est lui qui m’a touché. Mais ça faisait partie du jeu d’user de tous les moyens et tous les coups pour arriver à ses fins.

- Suivez-moi, nous ordonne-t-il.

Son second sur les talons, il nous fait traverser plusieurs cours d’entraînement et des couloirs pour nous mener dans une salle d’entraînement. Sobre et dépouillé, à peine le pied posé sur le tatami, on se sent tout de suite en conditions pour un combat. Accrochées au mur, je crois reconnaître quelques épées forgées par mon père, ce n’est pas par rapport à leur aspect mais plus par la personnalité qu’elles dégagent. Ma télépathie est bien plus aiguisée que mes sens, prenant parfois le relai sur eux, et exacerbe ma sensibilité.

 

Je m’approche de l’une d’elle mais suis intercepté par son second. Je le foudroie du regard avant de me rendre compte que j’allais saisir une épée personnelle du général. Je me suis laissé submerger par mes émotions mais ce n’est pas mon père qui se trouve en face de moi. Je racle la gorge, gêné, en voyant que Shin et le général me regardent.

- Il s’agit bien d’une arme forgée par maître Zenon. Il me l’a offerte quand j’ai été promu général tout comme il a forgé une épée pour Karl quand il a été promu amiral. Ton père fabrique les plus formidables épées du monde.

- Je sais mais ce n’est pas mon cas, c’est tout juste si j’en connais les étapes de fabrication.

- Non mais tu as d’autres capacités en toi, n’est-ce pas, Lillyan Valeilles ?

Je préfère ne pas confirmer ses propos et baisse la tête.

- Pendant notre combat, j’ai clairement ressenti la magnifique puissance qui sommeille en toi et, outre le fait que tu es un véritable virtuose à l’épée, tu es bien le héros dont parle nos légendes.

- Je crois que nous devons parler, général, intervient Shin.

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:02

Le général arque un sourire, il ne semble pas étonné, il savait que j’allais aborder le sujet avec lui puisque nous sommes perdus dans les méandres des hypothèses et suppositions.

 

- Que savez-vous sur la légende du dragon blanc ? Je demande

Le général garde le sourire.

- Des choses, certaines sont ridicules et d’autres plus intéressantes. Dit il

 

Nous nous fixons du regard comme si nous livrons un duel silencieux. Il n’y a pourtant aucune animosité et je me méfie. Depuis que le doute s’est immiscé en moi, depuis la révélation de Raine, j’ai l’impression de m’approcher du but et que tout le monde le sait au fond. Nous scrutant dans notre dos attendant que la vérité soi dite de vive voix. D’un autre côté, nous n’avons aucune certitude.

 

- Je sais que Lillyan est celui dont parle la légende. Il n’y pas de doute. La légende en elle-même ne parle pas de destruction, elle ne parle que de la réincarnation du dieu en un être divin. Cependant les dires du peuple des Chutes rapides ont fait le tour de la population, tel un téléphone arabe tout s’est déformé mais les plus grands stratèges de la nation connaissent la vérité. L’homme aux yeux blancs, l’homme qui apporte la destruction avec lui. L’homme en qui le dieu s’est réincarné. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi Lillyan n’est pas totalement possédé…

- Il peut le devenir. Dis je. Il n’a qu’une moitié de l’esprit de Koryu, ce qui lui permet de garder un certain contrôle mais cela n’empêche pas que l’esprit d’un dieu, même divisé, reste dominant sur l’esprit humain.

- Divisé ? Je comprends mieux maintenant pourquoi vous êtes si différent. L’exact opposé de l’autre. Des cheveux blancs, des cheveux noirs. Maintenant que j’y pense, c’est presque flagrant.

- Vous avez vite compris, sourit Lillyan.

- Ne nous faites pas croire que vous ne le saviez pas.

 

Le général semble prit sur le fait, il rit avant de s’asseoir à même le tatami, il inspire profondément avant de nous inviter à le rejoindre.

 

- J’ai écouté aux portes, dit-il, vous devriez ne pas trop parler de ça lorsque vous êtes dans une base militaire.

 

Il a donc tout entendu, je m’en doute de toute façon. Il reste le général de Maru, il ne peut pas laisser deux Agoriens dont l’un fait l’objet d’une légende monstrueuse, sans surveillance. Quelle surveillance plus efficace que celle exercée par lui-même ? Lillyan l’avait tout de suite pressenti, surement parce qu’il lit dans les pensées.

 

- Vous vous êtes donc empressé à la bibliothèque royale au palais où vous avez chercher dans la salle des livres interdits, commence Lillyan pour lui

- Exactement. Saviez-vous que les shamans écrivaient toutes leurs prophétie sur des feuilles de Calmidus ? Cet arbre immense qui n’existe qu’au fin fond de la forêt de Maru, proche du lac Céleste. Elles ne commentent pas leur dires en revanche, j’ai même mis un certain temps à les déchiffrer car c’est assez complexe, c’est écrit dans leur langue étrange, la langue du peuple des Chutes rapide. Il y est fait référence de toutes vos trouvailles, ainsi que celle de votre jeune Androgyne, l’Oracle est le mal sans le mal. En fait, se savoir fragile et vulnérable l’a rendu fou, il est possédé par l’esprit de son pouvoir.

- Comment est-ce possible ? Dis je surpris.

- Quel esprit cela peut il bien être ? Demande Lillyan

- L’esprit du pouvoir absolu, lorsque le bien ne rencontre pas d’équivalent, il devient tyrannique surtout lorsqu’il découvre qu’il risque de s’éteindre. Il est devenu incontrôlable et paranoïaque.

- Ca, on l’avait compris, reprend Lillyan, ce que j’aimerai savoir, c’est le moyen d’y mettre fin ?

- Il faudrait que les hôtes des deux esprits meurent pour s’unir à nouveau, c’est la seule hypothèse que je vois. Nous dit le général.

- Je ne pense pas, dis-je soucieux, Nala ne m’a pas parlé de mort ni de solution logique. Elle m’a dit que l’Oracle n’était plus l’Oracle…Ce qui veut dire qu’actuellement, il n’est qu’un dieu qu’il faut éradiquer, sans Koryu, il perd de la puissance.

- Et nous ? Comme tu l’as dit, le dieu du mal peut prendre possession de nous ! S’exclame Lillyan

- Vous devez vous rendre à Eria.

- Eria ? Nous nous exclamons en même temps.

- Vous irez voir le maître Zephilis. C’est le plus grand mage qui soit, spécialiste dans l’incantation des esprits, il vous apprendra à le maîtriser.

- Maîtriser un dieu ? S’empêche de rire Lillyan. Je ne veux pas vous offenser mais ça me paraît un peu utopique.

- Ecoute-moi bien, petit Lillyan. Tu es un Manipulateur de Corps, n’est-ce pas ? Alors il existe un esprit de ton pouvoir, avec une volonté propre qui sommeille en toi et selon la puissance de ce pouvoir, il a plus ou moins de poids. Toute personne doit un jour apprendre à maîtriser cet esprit auquel cas tu disparaîtrais et un monstre jaillira de toi. Vous avez tous appris à l’école d’Eminence comment contenir ce flux d’aura, cet esprit qui s’agite. Il va falloir maintenant s’unir avec et communiquer.

- Communiquer avec un esprit ? Je m’étonne.

- Sachant que votre pouvoir découle lui-même d’un dieu, ça sera un peu plus compliqué. Il faut des années à un homme pour communiquer avec son esprit. Certains n’y parviennent pas et le bride, comme l’Amiral Mauran, d’autres deviennent maître en trouvant le réel but de son pouvoir comme maître Zenon.

- Je ne comprends pas en quoi ça va nous avancer, dis-je en pleine réflexion.

- Ni toi ni moi n’avons de réponse. Mais Koryu doit surement en avoir, tu ne penses pas ? Il va falloir trouver un moyen pour communiquer avec lui au plus vite. Une fois que vous aurez communiqué avec lui, vous pourrez vous perfectionner et ainsi détruire l’Oracle.

 

Nous restions silencieux un instant, perdus et à la fois plus éclairés. Nous étions alors bien le seul moyen de destruction à l’Oracle mais une fois qu’il sera mort, qui deviendra l’Oracle ? Car sa prochaine réincarnation ne possédera pas Koryu si nous ne mourrons pas également. Alors que je me perdais dans mes pensées, un faible tremblement me fait revenir sur terre, ni le général ni Lillyan ne semblent l’avoir remarqué. Je me redresse vivement, sentant tous les pas précipités martelés le sol non loin d’ici.

 

Soudainement le bruit d’une explosion les fait sursauter, sans plus attendre nous partons en courant jusqu’à l’extérieur. Une épaisse fumée recouvre les remparts est, c’est une attaque militaire.

 

- Lillyan ! Hurle le général.

 

Je me retourne et voit qu’il lui jette une épée à la lame aussi noire que mes yeux. Lillyan la regarde intensément ne comprenant pas tellement mais se fait vite aspiré par l’aura que dégage l’épée, une aura si suave qu’elle me touche au plus profond de mon cœur et fait à la fois vibrer la moindre parcelle de mon cœur. Une puissance immense se dégage de cette épée.

 

- C’est une épée forgée par mon père, affirme Lillyan.

- Il me la laissé ici pour toi.

- HEIN ? Mon père est venu ici ?

- Un peu avant que tu n’arrives, il m’a laissé cette épée en me disant de te la donner.

 

Comment aurait-il fait ? Nous sommes partis avant lui ? Sacré maître Zenon, il garde le mystère pour lui seul.

 

- Il l’a forgée avec toute la force de son pouvoir. Elle te servira.

 

Lillyan le remercie et remplace sa vieille épée par la neuve, le bruit de la lame dans le fourreau me fait frémir. Je me concentre à nouveau sur la bataille qui fait rage, les artilleurs envoient des boulets enflammés contre le rempart pour le faire céder. Les mages de Maru tentent de protéger la porte avec un chant céleste qui crée une barrière magnétique. Malheureusement, quelques boulets arrivent à pénétrer et détruire la barrière pour s’écraser violemment contre le sol. La population, affolée, se réfugie chez elle, les hommes sortent tous armés pour se préparer à accueillir l’envahisseur. Je ne sais pas pourquoi mais cette bataille à avoir avec notre présence, je le sens.

 

- Suis-moi ! Je m’écrie vers Lillyan.

 

Nous courrons jusqu’aux forces armées dirigées par le général, les troupes se mettent en place et s’organisent peu à peu malgré la surprise, les premières lignes de guerriers - habitants - se regroupent et derrière, les soldats sont prêts, mieux armés pour lancer une plus grosse offensive. J’ai toujours trouvé que la stratégie de Maru était cruelle, mettre deux lignes de « bouclier humain » avant de s’abattre sur l’ennemi. Ces hommes sont là uniquement pour mourir, aveuglés par leur fidélité à un seigneur réfugié dans son palais.

 

Lillyan serre les poings, je le sens bouillir juste derrière moi, il tente de se contenir mais son aura est à deux doigts d’exploser, il dégaine son épée et se poste devant la ligne des habitants. Je souris malgré moi, fier au fond de mon cœur d’avoir un tel homme pour amant, je me positionne à ses côtés, prêt à combattre. Nous devons bien ça au général. Quelques secondes plus tard, Lillyan me fait signe de me retourner, Raine est dans la ligne de mages résistant aux attaques avec la barrière qui ne va pas tarder à céder. Je n’aurai pas dû douter de lui, au fond, il est aussi recherché que nous.

 

Les portes tremblent, le sol gronde et les bruits de l’armée de l’autre rive ressemblent au rugissement d’un monstre. Je ne m’étais jamais battu contre une armée entière mais maintenant que j’y suis, tous mes sens sont en alerte, mon cœur palpite et mon âme entière s’agite. Plus excité que jamais, c’était pour cette raison que je voulais rentrer dans l’armée pour ressentir cette sensation, la sensation de combattre pour la justice.

 

La porte explose, sous nos yeux, les débris volent autour de nous et écrasent quelques hommes pas assez vifs, les soldats jaillissent de tous les sens, leurs armures agoriennes me confortent dans mon idée. Ils sont venus nous chercher et bien, ils vont être gâtés.

 

Lillyan s’élance contre les soldats, fluide et rapide, tranche et découpe, les membres volent et le sang gicle. Je soulève des amas de terre, j’étouffe, j’engloutis. C’est un spectacle.

 

Un homme fonce droit sur moi, l’épée tenue en l’air prêt à me trancher à la verticale, je me déplace légèrement sur la droite, dos à lui, je bouge le bras et me retourne pour l’embrocher sur une racine. Derrière moi, le vent siffle, je me retourne, j’arrête la flèche juste à temps, dégoulinante de poison, je la tiens entre mes deux yeux. L’archer plus loin me regarde, je le sens trembler, mon aura fait rage et couvre presque celles qui m’entourent. Je fais monter de la boue que je modèle dans la forme d’un arc, je reprends la flèche qui a voulu m’assassiner. L’archer commence à s’enfuir mais elle siffle tellement rapidement qu’elle se plante silencieusement dans son dos pour l’accompagner jusqu’au sol poussiéreux.

 

Je récupère une épée sur un corps moribond et l’arrache de la chair, je danse à mon tour comme Lillyan, alternant coupe et écrasement par la pierre. Je les bloque puis les tranche en deux, je les enterre pour ensuite les laisser se faire écraser par leurs compagnons.

 

Brusquement, on apparait devant moi, le visage caché et les mains bandées, des épées ondulantes comme des vagues. Un mercenaire d’Agora, son aura me semble familière. Je m’écarte avant que son épée ne m’éventre, il a eu malheureusement le temps de découper ma nouvelle tunique made in Maru. Il me toise, imperturbable, je connais cette prestance. Petit mais rapide, il revient à l’assaut presque invisible, les mercenaires d’Agora ont cette faculté d’être très vifs, ils sont si rapides qu’ils brisent parfois le mur du son. Cependant, ils sont nuls quand il s’agit de dissimuler leur aura, experts en combats rapprochés et en torture. J’évite tous ses pièges, ses longs coups de lame marquant presque sa trace à quelques centimètres de moi. Je me défends mais je n’attaque pas, je n’en ai pas la temps, il me faut trouver la bonne parade.

 

L’ouverture ! Ca y est ! J’arrête son bras dans l’élan, je sens son autre épée siffler contre ma hanche prête à me trancher en deux mais je saute et je prends appuie contre son corps, tenant toujours son bras, je ne le relâche que lorsque j’effectue une pirouette en arrière. La force du coup l’envoie à quelques mètres plus loin, creusant le sol sur son passage, tel un boulet de canon, il renverse quelques soldats sur son passage. Je reprends l’épée qui j’ai laissée tomber et j’attends son nouvel assaut.

 

Concentré sur mon unique ennemi, potentiellement fort, je ne pressens pas le Judas qui veut me trancher par derrière, une petite lame au son qu’elle fait. Je ne le comprends que lorsque je sens son souffle dans ma nuque. Au loin, le mercenaire se relève, je suis bloqué. Rapidement, j’esquive l’autre mercenaire derrière moi, je tiens son bras et pare avec mon autre main l’attaque du premier mercenaire. Je recule d’un bond en arrière pour faire face à deux adversaires. Sans attendre qu’ils se décident, je fais monter des roches et les envoie chacun leur tour contre eux, une petite tornade de cailloux m’entoure comme un bouclier. Je prévois leur esquive en l’air, je fais monter en même temps deux racines qui s’accrochent à leur pied, l’un deux arrive à la couper mais l’autre ne la sent pas. J’écrase le mercenaire contre le sol à plusieurs reprises, comme un vulgaire jouet tiré par une corde. Je retiens l’autre avec l’épée. Ses petits couteaux sont si proches de mon front en sueur.

 

Je le repousse, avec difficulté mais il revient immédiatement, je comprends sa technique, et recule en tirant avec moi celui qui est accroché à la racine. Le visage trainé sur le sol, il hurle pendant que l’autre me suit comme un serpent.

 

Le survivant sort plusieurs petits couteaux, il les lance contre moi, je les arrête tous avec mon épée et glisse jusqu’à lui. Deux blocs de terre remontent à chaque flanc de mon ennemi mais il est concentré sur mon attaque frontale. Il ressent la lourde présence des blocs et détourne maintenant le regard de moi. Je souris victorieusement et l’embroche. Ses mains de part et d’autre mon épée, ses yeux écarquillés, je retire la lame poussant son corps avec mon pieds.

 

Le sang sur mes mains est mélangé à la poussière, je tourne le regard vers celui qui est accroché à ma racine mais son corps n’y est plus. Surpris, je regarde tout autour de moi et l’aperçois au loin plongeant sur Lillyan qui se bat avec un capitaine.

 

Mon cœur manque un battement, je me téléporte presque jusqu’à lui mais je suis arrêté par le tranchement net de l’épée de mon amant. Il a eu le temps de le sentir, de tenir à distance le capitaine et de fendre le corps du mercenaire en deux qui tombe en poussière. Je reste stupéfait, se pourrait-il qu’il soit…non, c’est impossible…Le mercenaire de la forêt ? Il avait été tellement carbonisé qu’il n’aurait pas pu avoir survécu. Lillyan est perplexe également, je lance un piquet de terre se planter dans le crâne du capitaine qui allait le tuer dans le dos. Il se retourne puis remarque que j’en suis l’auteur, je m’approche de lui toujours surpris.

 

- C’est impossible, il murmure du bout des lèvres

- Non…pas si on le régénère.

- Mais…Seul l’Oracle peut faire ça.

- Il n’est pas loin alors.

 

Nous n’avons pas le temps de regarder autour que nous sommes déjà assaillis par les nombreux fous qui foncent tête baissée, cette fois, nous nous battons ensemble. Coordonnant nos pas sur l’autre, calquant nos deux rythmes presque à l’identique et à la fois complémentaire. Lillyan entoure son épée d’un halo d’électricité et peut lancer des rayons sur quiconque, proche ou éloigné. Je dresse les murs de terre, je les emporte avec de longs colliers d’argile. C’est un vrai délice de se battre à ses côtés, un cercle se forme peu à peu autour de nous, les soldats évitent de s’approcher mais nous n’hésitons pas à les massacrer comme de vulgaires jouets. Nos auras respectives alertent les grands généraux qui se battaient, même les mages qui récitent leurs incantations sont surpris.

 

A nous deux, nous faisons une guerre et je peux sentir les yeux fins et perfides de l’Oracle, je sens sa présence dans mon dos comme un dieu tout puissant. Sa nonchalance royale, son esprit au dessus de tout, nous sommes dans sa paume et il sourit malgré lui de voir des auras aussi meurtrières au centre de son jeu.

 

Un être puissant fuse droit sur nous, Lillyan le ressent juste avant moi et me protège en arrêtant son épée juste en face de moi. Les deux âmes se livrent un duel dans un seul regard, le couinement des lames laisse entrevoir leur puissance et les auras explosent soudainement autour d’eux balayant les plus faibles. La terre tremble et se creuse sous la pression.

 

- Général Solon…Il va falloir m’expliquer… dit Lillyan entre ses dents.

- Je suis général depuis bien trop longtemps, je devais prendre ma retraite bien méritée !

- Vous avez trahi votre roi ! Vous avez prévenu l’Oracle de notre emplacement ! Je m’exclame.

- Et j’ai livré un autre traître, dit-il en regardant Lillyan au plus profond de ses yeux.

 

Un sourire sadique s’étire sur son visage alors que celui de Lillyan se déformait sous la consternation, ses pupilles se dilatent alors que je peux entendre les battements de son cœur.

 

- Crois-tu que j’aurai laissé filer ton père ainsi ?

 

Mon cœur s’arrête de battre alors que j’imagine le visage de maître Zenon, confiant devant son ami d’arme. Je pressens l’apocalypse, les yeux de Lillyan sont noyés de souvenir et de haine, son aura tourbillonne étrangement, ses lèvres s’écartent presque au ralenti, retenant son cri jusqu’au bout.

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:26

La puissance de mon cri, qui trahit la détresse qui écrase mon cœur, est telle qu’un choc sismique ébranle la terre et explose dans l’air. Toute impulsion négative s’échappe de mon corps et je ne suis plus animé que par une haine froide, réfléchie, dirigée vers un objectif : annihiler ce traître. Il vend mon père alors qu’il ose tenir en main une de ses épées ? Croit-il vraiment pouvoir accomplir cet acte en toute impunité ?

 

Je prends le général Solon à la gorge et sens sa carotide battre fébrilement dans ma poigne tandis que son visage se défigure en un sourire perfide que j’ai tôt fait de faire disparaître en serrant un peu plus sa gorge.

 

De ma lame, je fais une légère coupure sur son bras et recueille son sang. Sa muraille se fissure tandis que je lâche la pression autour de mon pouvoir qui sort de mon propre corps, comme s’il n’y était pas à l’aise, pour s’installer ailleurs et trouver un habitat plus approprié qui le laissera agir à sa guise. Mon assaillant contaminé est désormais sous l’empire de ma volonté et je le retourne contre ses alliés qui sont déjà malmenés par un vilain serpent de terre. Le spectacle me laisse toujours autant abasourdi et démuni.

 

De plus, ne maîtrisant pas bien mon pouvoir, celui-ci, se retrouvant libre de toute contrainte et attisé par les trainées de sang par terre, a infecté tous les soldats ainsi exposés. Les citoyens postés en première ligne se font massacrés mais c’est ma haine qui me guide, non ma raison et je concentre tout mon pouvoir sur le général pour qu’il trouve l’Oracle et mon père.

 

Il élimine sans pitié tous les adversaires qui se dressent derrière moi, j’entends vaguement Shin m’appeler au loin mais je continue d’avancer. Je rencontre sur l’Oracle juste après avoir franchi les portes de la ville, il attend bien sagement que les soldats s’entretuent pour prendre possession de la ville mais ce n’est pas mon père qui se trouve à ses côtés. C’est Karl, l’amiral en chef et l’Oracle sont venus, en personne, assister à la prise de Kalin.

 

Karl aborde un visage dur et déterminé, loin du visage du père de famille souriant et avenant. Je ne m’attendais tellement pas à devoir affronter Karl à nouveau que je reste abasourdi. Mon dernier combat, qui m’a légèrement traumatisé, refait douloureusement surface. Shin a été capable de se battre contre mon père mais moi, je sens que je ne pourrai pas faire de même avec le sien.

 

Je serre fermement la main chaude qui se glisse dans la mienne et suis rasséréné par la détermination qui habite Shin. Mais ma situation n’est pas exactement la même que la sienne : lorsque Shin a décidé de combattre mon père, cela n’a pas remis en cause leur relation et l’a même renforcée. Moi, ce n’est pas une question de respect ni d’amour, c’est que mes tripes ne se souviennent que trop bien de l’adversaire qu’est Karl, le respect ne vient qu’exacerber ce sentiment.

 

Toute l’ampleur de la scène me saute aux yeux : nonobstant le désordre extérieur, Shin et moi, incapables de maîtriser notre pouvoir, allons affronter l’amiral et l’oracle, des maîtres dans leur domaine.

 

Shin fait surgir deux blocs de terre qui sont immédiatement brisés. Quant à moi, le ciel est trop calme pour que je puisse me servir de l’électricité. Shin enchaîne les démonstrations de force en donnant vie à un véritable tourbillon de lianes furieuses et de boue folle tandis que de derrière, je crée un tourbillon pour les prendre en étau mais nos attaques sont immédiatement neutralisés sans qu’ils n’aient eu à esquisser le moindre geste. Ils ne bougent même pas, attendant que nous nous épuisons par l’effort ou de nous prendre par derrière si nous décidons de fuir.

 

La seule façon dont nous avions réussi à contenir l’amiral jadis avait été d’invoquer mon pouvoir sauf que je ne pouvais même pas approcher l’un des deux personnages en face de nous.

 

Des gouttes de sueur trahirent mon début de panique, c’est la première fois que je rencontrai la peur au cours d’un combat, cette sensation de vouloir se cacher six pieds sous terre.

- Tu peux pas créer un tunnel ?

- On risque de mourir étouffer s’ils décident de nous y enterrer vivants.

L’Oracle fait un signe de tête à Karl qui, dans la seconde, nous envoie une immense boule de feu. Je nous enferme dans une bulle d’air pour nous protéger tandis que Shin étouffe le feu avec de la boue. Lorsqu’ils étaient immobiles, on avait déjà du mal à leur tenir tête alors s’ils se mettaient à attaquer, on était vraiment mal. Les deux êtres les plus puissants du pays contre des magiciens inexpérimentés, la partie est trop inégale.

 

Shin s’élance soudainement vers eux, en imprimant à la nature qui nous entoure, sa volonté. J’ai tout juste le temps de le protéger à nouveau d’une bulle d’air qui fait obstacle aux multiples boules de feu qui le harcèlent. Je renforce ensuite la pression pour le propulser en avant. Autour de nous, c’est un tremblement de terre qui se prépare, toute la nature s’agite, gronde et s’anime. Deux gigantesques arbres s’effondrent sur nous, j’esquive en créant une faible vague d’air pour m’envoler, Karl a provoqué une vague de feu suffisamment forte pour désintégrer la partie de l’arbre sans subir plus de dommages. Entre-temps, Shin a soulevé deux blocs de terre et je fais pression à la fois sur eux pour rendre leur respiration et leurs efforts plus difficiles et sur les parois des blocs pour les consolider. Des lianes s’entourent autour de leurs chevilles pour les immobiliser et je parviens à étouffer les flammes de Karl avant qu’il ne les envoie sur nous.

 

Enfin, après plusieurs minutes passées à sonder leurs esprits plus pour me familiariser avec leur corps que pour en contrôler le contenu, chose impossible avec des personnes aussi puissantes qui me remarqueraient immédiatement, je perçois la pulsation de leurs veines et l’infime quantité d’électricité qui les fait battre. Tandis que Shin dont j’assure les arrières, les harcèle sans discontinu, je me concentre sur leurs pulsions électriques corporelles. Je n’ai pas le temps de m’attarder si je ne veux pas être repéré mais me précipiter m’enlèverait toute chance de réussite d’autant que je n’ai jamais tenté cette pratique.

 

Juste avant de frapper, je me sers du pouvoir aquatique du général Solon pour faire couler un filet d’eau jusqu’à Karl et l’Oracle afin d’amplifier la décharge et les frapper de l’intérieur comme de l’extérieur. Les désorienter cinq secondes pour nous laisser regagner la cité. Déjà, Shin a préparé le terrain et n’aura plus qu’à l’animer pour nous faire glisser jusqu’aux portes de la ville. Notre seule chance de fuite.

 

Et après ?

 

Chaque chose en son temps.

 

J’attaque au moment où Shin les étouffe en déversant sur eux une tonne de terre. Si Karl s’en débarrasse facilement, il ne réagit pas aussi vite à mon assaut. Shin n’attend pas et nous éloigne le plus rapidement possible.

 

Je suis pris d’un étourdissement en entrant dans l’enceinte de la ville et je vois que Shin subit le même malaise. Peut-être la dépense d’énergie dans une si grosse quantité et dans un laps de temps si court en est-elle la cause. Non, je sens qu’une puissance extérieure draine le peu d’énergie qu’il me reste. La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’il ne s’agit pas de l’Oracle, j’ai même l’impression de connaitre cette source d’énergie.

 

Raine. Il était en train de défaire la formidable énergie offensive qui habite le moindre individu dans son rayon d’action. J’espère qu’il sait ce qu’il fait car s’il rate son coup, nous serons tous à la merci de l’Oracle.

 

Je me réveille dans un cachot. Génial, j’ai échappé aux cachots d’Agora pour finir dans ceux de Kalin… Au moins, je suis toujours avec Shin et c’est d’ailleurs étrange qu’ils prennent la peine de nous enfermer mais pas de nous séparer. Enfin, étant donné que leur barrières psychiques sont suffisamment puissantes pour perturber nos pouvoirs, je suppose que nous ne pouvons pas faire grand-chose.

 

Je secoue Shin doucement et il se réveille. Un peu perdu, il sourit immédiatement en me voyant. Quel idiot, c’est de ma faute si nous en sommes là… J’ai réagi comme un idiot, exactement comme nos ennemis s’y attendaient. Ils m’ont provoqué et j’ai plongé car j’en suis sûr maintenant : tout à l’heure, quand je sondai leur esprit, Karl en a profité pour m’affirmer que mon père n’avait rien.

- Ce n’est pas de ta faute. Tôt ou tard, nous les aurions affrontés.

- Oui mais le plus tard aurait été le mieux afin d’être complètement prêts à les affronter.

- Et pour ton père ?

- Il n’a rien. J’ai vraiment agi comme un gamin. En plus, si mon père n’avait pas été capable de battre l’Oracle comment pouvais-je espérer y arriver ?

- Arrête, tout ce que tu vas faire, c’est démoralisé encore plus alors que ce n’est vraiment pas le moment. J’aurai réagi de la même manière.

- Sauf que tu maîtrises un minimum ton pouvoir. A trop faire une fixation sur la manipulation corporelle, j’ai complètement délaissé mon pouvoir de base et j’ai l’impression que je ne sais même plus me servir de l’air.

- Hum.

 

Nous sommes convoqués par le roi quelques instants plus tard. Avant de sortir, ils nous mettent des menottes aux poignets pour entraver nos pouvoirs. Nous traversons des couloirs sombres et froids avant de grimper un escalier de pierre qui nous fait remonter à la surface. La luminosité nous aveugle, le temps que nos yeux se réadaptent rapidement et nous sommes poussés pour continuer d’avancer.

 

Au bout de longues minutes de marche éprouvantes après tous ces événements, nous parvenons enfin dans la grand-salle où trône le roi. Ma télépathie est inefficace et cela me frustre énormément.

- Cessez vos efforts inutiles, jeune Valeilles, croyez-vous que nous ne prendrions pas de mesure spécifique dans la capitale de la manipulation d’âme ? M’adresse le roi.

Pas très grand, musclé dans la force de l’âge, les cheveux marron et les yeux clairs, il parait, pour une première impression, avenant et pas désagréable, moi qui m’étais imaginé un vieux bureaucrate grisonnant.

 

Il s’approche de nous et nous libère. Etrangement, je ne ressens aucune pulsion agressive face à mon ennemi, mais je ne le laisse pas retirer le bandeau de Shin. Je ne suis peut-être qu’un rustre sans manière mais ce n’est pas parce que c’est un roi qu’il se croit tout permis.

- J’ai besoin de voir le regard de Shinrei pour m’assurer de votre identité.

- Je vous jure, sur mon honneur, que Shinrei a bien les yeux noirs.

- Peut-on croire en l’honneur d’un exilé ?

- J’aurai plutôt tendance à mentir si je veux le protéger.

- A moins que ce ne soit une autre personne que nous ayons capturée.

- C’est bon, concède Shin en retirant son bandeau.

Il garde les yeux bien ouverts mais je sens la souffrance que cela entraîne pour lui et je resserre le bandeau sans traîner.

- Vos pères étant amis depuis bien avant votre naissance, vous avez grandi ensembles mais apparemment, il n’y a pas que votre enfance que vous avez passée ensemble, commente-t-il.

Je préfère ne pas répondre, n’ayant pas à me justifier devant lui.

- Alors, voyons-voir… A vous regarder, je dirai que c’est toi le dominant et Shinrei, le passif. Je me demande quel effet ça fait de t’avoir en soi. A mon avis, tu dois pas être assez bien monté que ça pour que tu lui fasses vraiment de l’effet, se moque-t-il.

- Vous trouvez ça répugnant mais en fait, vous débordez de jalousie, n’est-ce pas ?

- Je peux avoir toutes les filles que je veux, je vois pas pourquoi je fricoterai avec des garçons.

- Peut-être parce que les filles, c’est mortellement ennuyeux.

- Quand y en a plusieurs, c’est déjà moins ennuyant ! Ah, voilà les autres vieux croutons, allons dehors, nous serons plus… tranquilles.

Il nous emmène dans le jardin où l’atmosphère est tout de suite plus détendue. Les fleurs sont magnifiques, les oiseaux chantent, le ciel est bleu et il fait chaud. Bref, c’est la belle vie sauf que je n’aime pas du tout le regard qu’il lance à Shin.

 

- Parlons de choses sérieuses, commence-t-il. Asseyons-nous. Votre Oracle a pris la fuite et votre ami Raine est tout bonnement impressionnant.

- Où est-il ? S’inquiète Shin.

- Il se repose. Il a utilisé une quantité phénoménale d’énergie. Sinon, nous allons nous joindre à la résistance qui est en train de fédérer un nombre important de nations. Agora va se retrouver acculée et ne pourra pas résister bien longtemps. Le principal problème reste votre Oracle et c’est vous qui vous en occuperez.

- Oui, on avait plus ou moins compris la chose sauf qu’on ignore comment on doit procéder.

- En vous unissant.

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 26 septembre 7 26 /09 /Sep 15:37

 

 

 

Je deviens rouge pivoine alors que le roi se délecte de nos têtes. En s’unissant ? Je me demande si c’est parce que j’ai autant envie de Lillyan, de sa peau douce et de ses coups de reins violents que j’imagine le plus tordu dans l’esprit du roi.

 

- Peu importe ce que vous entendez par là, ça ne marche pas. S’offusque Lillyan

- Alors vous devez vous rendre à Eria.

- Voir le maître Zephilis ? Je demande.

- Le général est peut être un traître mais son idée n’était pas mauvaise, et déjà toute les nations sont au courant pour sa traîtrise. Zephilis est un maître bourré de principes avec un humour assez étrange, il ne pardonnera jamais à son vieil ami d’avoir trahi son roi. Il ne pourra jamais en faire de même.

- Vu le nombre de personne qui nous trahissent, vous m’excuserez de me méfier, dit soudainement Lillyan.

- Je vous comprends, jeune Lillyan. Frustrer de ne pas réussir à battre l’Oracle, c’est cela ? Votre combat, même avec l’aide de Shinrei, ne l’a même pas perturbé. Il n’a rien, pas une égratignure, et ça vous met en rogne n’est-ce pas ?

 

Si le roi tente de pousser à bout Lillyan il va finir par le regretter, il n’est pas du genre à s’énerver pour rien mais je sens bien depuis quelques heures qu’il est à fleur de pot et qu’il serait capable de le réduire à néant juste pour son audace. La seule chose qui le retiens c’est sans doute l’inconnu, personne ne sait la réelle puissance du roi de Maru.

 

- Vous ne pouvez pas défier un être aussi puissant sans avoir communiqué avec vos pouvoirs respectif ! C’est impossible ! L’esprit de Koryu est peut être divisé mais vous pouvez le faire. Il faut espérer que cela marche car vous êtes deux cas inédit. Jamais nous n’avons vu quelqu’un communiquer avec l’esprit d’un dieu. Vous partez immédiatement, nous vous avons préparer deux montures de chevaux ailés avec un petit chariot, de quoi dormir et vous abriter.

- Et Raine ? Demande Lillyan

 

Le roi reste silencieux, je me serai bien passé de sa présence personnellement mais à voir le visage de Lillyan il doit comprendre que sa présence nous est indispensable. Je ne peux pas nier que Raine est un être hors du commun et puissant, peut être le seul qui peut nous protéger de l’Oracle le temps qu’on arrive jusqu’à Eria.

 

- Il prépare déjà ses affaires pour partir avec vous. Dés que vous serez en terre d’Eria, vous devrez rejoindre la capitale, maître Zephilis est assez voyant, vous reconnaîtrez sa maison au premier coup d’œil. Je vous laisse la surprise, dit il en me faisant un clin d’œil

- Nous vous remercions, se lève brusquement Lillyan

 

Nous allions prendre congé pour rejoindre notre attelage.

 

- Shinrei, je peux te parler une minute ? M’appelle le roi

Lillyan lui jette un regard noir puis il vient déposer un baiser chaste sur mes lèvres.

 

Décontenancer je reste perplexe face à ce geste impulsif, il quitte la salle et referme la grande porte derrière lui. Je reviens sur mes pas pour m’approcher du roi qui me tend ses bras, je reste pourtant à proximité. Cette familiarité me rappelle brusquement celle de l’Oracle, un frisson d’horreur me parcours l’échine, je préfère rester éloigner de lui.

 

- De quoi vouliez vous me parler ? Je demande

- Je veux te parler d’un garçon que tu as rencontré durant ton voyage. Un autre Manipulateur de Corps tout comme Lillyan, un manipulateur spécialiste dans le pouvoir des os.

- Que voulez vous savoir ? Je ne sais rien de lui, je l’ai juste combattu une fois.

- Et si je te disais qu’il vous suit depuis le début ?

 

Je reste choquer, il se moque de moi ? Les yeux du roi brillent brusquement, comme si il pouvait scanner ce qu’il y avait autour de lui dans un rayon de ses prunelles étranges. Son sourire à mi-étiré me fait trembler, je peux reconnaître là la prestance d’un roi. Il lève la main vers son garde de l’autre côté de la salle, deux guerriers avec des lances rentre en tenant un homme à moitié mort dans leur bras. Son dos remonte régulièrement, je peux deviner qu’il respire encore, ses cheveux plein de terre, de sang séché et de sueur tombe devant ses yeux cernés. Qu’est-ce que c’est que ce cauchemar ?

 

- Je te présente Amon. Il était sans doute chargé de t’assassiner Shinrei.

 

Les guerriers jettent le corps de l’homme contre le sol, il ne peut même plus se relever tant sa souffrance est grande, si Lillyan avait été là, il aurait sauté à la gorge du roi pour le d’énuquer. En revanche je suis plus calme, je hais simplement l’injustice.

 

- Monsieur Shinrei…, murmure le moribond

 

Il relève son visage, les lèvres enflées, je reste impassible alors qu’il tend une main vers moi.

 

- J’ai toujours trouvé que l’Oracle était un homme immonde, il se délectait des souffrances psychologique et non physique. Car il reste noble, il n’aime pas voir le sang couler, il préfère le torture morale. Mais en lisant les rapports de mes pairs lorsqu’ils se battaient contre des soldats de Maru, j’ai tout suite pensée que l’opposer d’Agora était ce pays. Vous préférez la souffrance physique, les coups infligés directement sur le corps, vous aimez vous délecter des blessures d’un homme. C’est exactement ce que j’ai pensé en voyant votre stratégie de combat, avec les habitants. Vous êtes les grands maîtres de la manipulation d’âme, c’est pourquoi vous préférer faire des dommages au corps.

Je m’approche du blessé et m’accroupi, je tâte son pouls.

- Je vous ne voulais pas vous tuer…Je voulais vous protéger monsieur, dit il entre ses lèvres

- Tu as été envoyé par mon père, n’est-ce pas ?

Il affirme d’un battement de cils.

 

Je me redresse vivement, le roi est indifférent à la scène, assit sur son trône on dirait presque qu’il s’ennuie. Tous les monarques sont il si irritables ? Il veut que nous devenions plus fort mais ce n’est pas dans l’espoir de nous aider, c’est simplement pour tuer son ennemis et s’emparer de la nation la plus puissante du monde. C’est un être cupide et je lis clairement dans son jeu, c’est sans doute pour ça que Lillyan le hais autant, même si son don ne pouvait s’exercer ici, il lui reste son instinct infaillible.

 

- Je vous prends ce prisonnier. Il me sera d’une grande aide. Dis je en soulevant le corps blessé de Amon

- Ne lui tourne jamais le dos Shinrei.

 

Je lui montre mon respect en baissant ma tête, je prends congé sous le regard courroucé des statut que sont les guerriers, je sens la pression du regard du roi mais je ne courbe pas l’échine jusqu’à atteindre la sortie. Je parcours les nombreuses salles et descends les longues marches qui me conduisent à l’extérieur du palais. J’aperçois Lillyan qui se précipite pour m’interroger du regard.

 

- Je t’assure qu’on n’a pas besoin de cadavre ! Me dit Raine en se moquant

- Fermes là et monte le dans le chariot. Prépare des couvertures.

- Shin, Lillyan me tire par la tunique, c’est quoi ce bordel ?

- Je te présente ton mentor ! Dis je toutes dents dehors

- Un mec à l’agonie ? Mon mentor ? Tu te fous de moi là ?

- Ecoute, je l’ai combattu pendant que je venais à Kalin, c’est un Manipulateur de Corps, il peut t’aider à contrôler ton pouvoir à te faire découvrir d’autre spécificité que le « marionnettisme ».

- C’est toi qui l’as mis dans cet état ? Me demande Lillyan

- Pas du tout. Prenons la route, je t’expliquerai pendant que nous quittons cette ville de cinglé.

 

Je charge Raine de nettoyer ses plaies et son corps dans son intégralité pour éviter les infections, il a refusé minaudement au début, gêné de le déshabiller mais au final il n’a pas eu le choix. Lillyan en rit presque ouvertement. Nous partons enfin d’abord sur la terre, jusqu’à arriver au bord de la mer Eriatique, au sud de la cité, cela nous prendra bien une semaine au minimum. Je donne un grand coup rennes un fois les remparts de Kalin traversés et nous partons à vive allures. Lillyan me donne un coup de coude alors que j’étais concentré sur la route.

 

- Alors ? Il me demande

- Comme je te l’ai dit je l’ai combattu, il s’est avéré qu’il connaissait mon père et s’est même agenouillé devant moi pour ça. Je suis parti du petit village en lui laissant la vie sauve. Si le roi m’a demandé de rester c’était pour me le montrer, il nous a apparemment suivit depuis que je suis arrivé à Kalin. Le roi a cru qu’il était chargé de me tuer, en fait il a été envoyé par mon père. Je pense donc qu’il était plutôt charger de me suivre pour nous aider, pour t’aider principalement.

- Ca ne m’étonnerai pas de ton père, dit Lillyan plus pensif, c’est les guerriers du roi qui lui ont fait ça ?

- Oui.

- Je comprends mieux alors. Tu es sûr que c’est une bonne idée de suivre le conseil d’un homme sans aucune morale ?

- Je pense que nous avons nos chance à Eria, ce maître Zephilis doit pouvoir nous aider.

- C’est vrai que nous n’avons pas d’autres pistes.

- A la limite on aurait put aller au lac céleste, chez le peuple des Chutes rapides.

- Tu veux notre mort ? S’exclame Lillyan

 

Je ris à mon tour et me fait secouer par mon petit ami qui se vexe de me voir se moquer de lui. Je lâche une renne et attire son visage en pressant brusquement sur sa nuque pour lui voler un baiser torride, ma langue cherche sa jumelle et lorsqu’elle la trouve elles perdent toutes leurs timidités pour s’emmêler avec avidité. Je m’écarte de lui lentement, nos deux bouches se séparent difficilement, il laisse échapper un soupire de bien être. Je reprends la renne en lui souriant tendrement. Il rougit et regarde l’horizon perdu dans ses pensées les plus coquines.

Le sentier s’efface et nous devons maintenant emprunter la forêt à l’état brute, les souvenirs que nous avons avec Lillyan nous réveillent, il se redresse et regarde autour de lui, en cas d’attaque surprise il est le seul qui peut réagir assez rapidement. Raine sort sa tête du chariot, ses longs cheveux noir me chatouillent l’oreille et me gêne.

 

- Putain mais assieds toi correctement Raine ! Je m’écrie

- Pas la peine de crier. Il me dit calmement. Je voulais juste vous dire qu’il a reprit connaissance et qu’il faudrait peut être que Lillyan passe derrière pour cicatriser ses plaies.

J’allais répliquer mais Lillyan m’arrête en posant son index sur mes lèvres.

- J’y vais. Dit il simplement

 

Frustré de ne pas avoir pu gueuler un peu je donne un coup de renne plus violent, les chevaux reprennent une cadence plus rapide. J’en ai assez de la verdure j’ai hâte de voir la mer, sa douce couleur turquoise et l’air frais qui s’en dégage.

Nous cavalons ainsi jusqu’au couché du soleil, les paysages se suivent et se ressemblent à telle point que j’ai l’impression de faire du sur place. Je soupire de fatigue, les jambes engourdies et tire sur les chevaux pour les arrêter. Ils donnent un grand coup d’ailes avant de freiner, le vent me balaye les quelques mèches qui me tombent sur le bandeau. Je sens une douce chaleur sur la nuque qui me fait frissonner, je me retourne brusquement pour tomber nez à nez avec le doux visage de mon amant. Un air espiègle il me fait un clin d’œil avant de descendre du chariot. Il s’étire joyeusement et retire sa tunique abîmer.

Je descend du banc en bois et tapote mon pantalon, je remarque que ma tunique à moi est aussi déchiré, j’aurai dut me changer avant de partir. Je l’enlève et gémis sous les courbature et les quelques plaies à peine cicatriser. Une longue ligne de sang sur le ventre me rappelle mon combat contre les chasseurs de tête.

 

- On s’arrête enfin ! S’écrie Raine. Je vais chercher un peu d’eau et du bois pour ce soir.

 

Il part gaiement au milieu de la forêt.

 

- On ne dirait pas qu’il a pratiquement usé toutes ses forces, me dit Lillyan

- J’ai déjà remarquer ça quand il se battait, c’est comme si il utilisait son flux d’aura pour se procurer de l’énergie. Il ne faut pas se méfier à son expression niaise. Il est très intelligent. Dis je en retirant mes chaussures

Lillyan s’approche de moi lentement, tel un prédateur, je me retrouve paralysé devant son regard blanc et séducteur. Il passe un doigt sensuel le long de ligne de démarcation de mes muscles finement dessinés. Malheureusement pour moi, c’est à cet instant qu’Amon décide de descendre du chariot. Il reste perplexe, ses rougeurs aux joues trahissent sa gêne.

 

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YO !

Ca fait beaucoup de MAJ d'un coup mais c'est pour me rattraper de toutes celles que je n'ai pas publié et par la même occasion je m'avance un peu au cas où je ne peux pas en poster avant un moment !

J'ai donc décidé d'acheter un netbook en attendant de réparer mon ordi parce que même pour les cours c'est deux fois mieux !

Ca n'empêchera pas que je n'ai pas d'internet encore ! Mais je pourrai peut être pirater :p

 

Alors on a bien avancé, prochaine étape ERIA !!!

Qui est donc ce maître Zephilis ?

 

BISOUS

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 17 octobre 7 17 /10 /Oct 13:59

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Cette situation commence à me peser. Déjà que Raine nous prive de plusieurs moment intimes alors avec une personne en plus dans le groupe, ce n’est même pas la peine d’espérer une seule minute de solitude. Shin comprend mon énervement et me raisonne.

- Allez, fais pas la tête, Amon pourra t’être très utile pour apprendre à maîtriser ton pouvoir.

- J’en ai marre de ce pouvoir, je ne veux plus en entendre parler, répliquai-je comme un gamin.

- Fais pas l’enfant.

- Et toi, alors ?

- Quoi, moi ?

- Si l’union de nos pouvoirs est le seul moyen de battre l’Oracle, il n’y a pas que moi qui dois apprendre à maîtriser mon pouvoir.

- Sauf que je n’ai pas de maître à disposition et que Raine ne sera pas là pour me neutraliser si je deviens incontrôlable.

- Pourquoi pas ?

- Parce que mon pouvoir n’a pas de consistance physique et attaque directement dans le cerveau. C’est lui l’enveloppe physique et pas les illusions que je crée. Et je ne veux pas abîmer ton cerveau à cause de mon inexpérience.

- Ce qui est drôle, quand même, c’est que vous partez tous du principe que mon pouvoir est plus facile à maitriser que les autres en me faisant limite des reproches sur mon manque de volonté.

- Mais non, pas du tout ! Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ?

- Juste que vous ne cessez de me mettre la pression et qu’à force, c’est épuisant.

- Mais c’est juste pour avoir une longueur d’avance sur nos ennemis.

- Je sais, répondis-je en me tournant dos à lui, las d’aborder ce sujet.

- Qu’est-ce qui t’arrives ? Insiste-t-il en passant sa main dans mes cheveux.

- Quand je me suis retrouvé face à ton père et l’Oracle…

- Oui ?

- J’ai été paralysé jusqu’à ce que tu te décides à attaquer. J’ai pas été capable de bouger d’un pouce parce que je restai traumatisé du combat contre ton père quand on était gosses.

Il garde le silence.

- Qu’importent les efforts que je fournis pour maitriser mon pouvoir mais je reste prisonnier de mon conditionnement… plus que je ne l’aurai cru. Moi, un guerrier, j’ai été cloué sur place par mon adversaire.

- C’est vrai qu’en ce moment, ce n’est pas facile, on dot gérer plein de choses, plus les jours passent, plus on en apprend et des choses qui suffiraient à faire tourner la tête de Maître Zenon. Alors il faut se préparer pour que, quand le moment viendra, la plupart de nos handicaps soient tombés. Je ne dis pas ce que ce sera facile mais malheureusement, le temps est contre nous.

- Je sais... répondis-je en me levant.

- Où vas-tu ?

- Je vais marcher un peu. J’ai besoin d’être seul pour faire le point avec moi-même.

Mais Shin ne l’entend pas ainsi et glisse sa main dans la mienne pour m’accompagner.

- Ce n’est pas le moment de tomber dans la dépression.

- Je n’en avais pas l’intention mais je suis un peu perdu là.

Nous marchons silencieusement à l’abri des arbres et bercé par le vent faible de la nuit avant de nous asseoir contre une souche d’arbre.

 

- Résumons, dis-je. L’Oracle incarne un dieu, Koryu, qui s’est laissé dominer par son pouvoir, perturbant et corrompant ainsi sa nature et son cycle de renaissance, son pouvoir s’étant divisé en deux pour éviter une telle répétition. L’Oracle est devenu une personne mauvaise qu’il convient d’éliminer pour la paix et la sécurité du monde, missions qui lui sont normalement attribuées. Ordinairement, c’est le successeur qui prend automatiquement la place de l’Oracle pour assurer une continuité du cycle ; là, l’Oracle a perdu la boule et refuse de laisser sa place, de perdre le pouvoir et la gloire, le successeur doit donc forcer sa destitution. Or, les prochains prétendants au trône de l’Oracle, il semblerait que ce soit nous car nous avons chacun hérité d’une partie des pouvoirs de Koryu, c’est donc à nous qu’est dévolue la délicate mission de vaincre l’Oracle. Tu me suis ?

- Oui. Mais…

- Plus tard, les questions, je suis dans mon raisonnement, là. J’ai hérité de la consistance physique de Koryu par la manipulation corporelle, et toi, de son aspect psychique, par les illusions. Ces deux composantes forment en réalité un tout et permettent de manipuler totalement un individu, son cerveau et son corps. C’est donc en les maitrisant parfaitement que nous pourrons vaincre l’Oracle. Seulement, comme nous sommes inexpérimentés, il est beaucoup plus facile de se laisser dominer par le pouvoir alors même que c’était l’objectif de la division du pouvoir.

« Nous sommes donc à la recherche de maîtres qui pourraient nous apprendre développer et à exploiter au maximum notre pouvoir. Pour toi, ce serait maître Zephilis de l’île Eria où nous nous rendons actuellement et pour moi, le peuple de Pandore représenté par la princesse Laya qui nous a d’ores et déjà accordés l’asile politique. C’est là où nous en sommes ?

- Il y a une chose qui me tiraille.

- Laquelle ?

- Quand l’Oracle a-t-il commencé à devenir violent ? Etait-il été violent avant notre naissance ou après ?

- Je ne sais pas, je me souviens déjà que nos pères en parlaient quand nous étions petits.

- Parce que nous sommes nés avec ces pouvoirs, n’est-ce pas ? Si le mien ne s’est jamais matérialisé, le tien était caractérisé par ton pouvoir de télépathie et d’électricité qui ont toujours été présents. Or, si Koryu s’est divisé en deux, c’est parce que l’Oracle a fait un mauvais usage de son pouvoir.

- Ce qui veut dire que l’Oracle est devenu mauvais avant notre naissance. Je ne vois pas le problème.

- Personnellement, je n’ai pas vu l’Oracle agir d’une mauvaise manière quand nous étions petits.

- Parce que nous ne faisions pas attention à ce genre de chose. Regarde, même mon exil a été maquillé en se servant du prétexte que j’étais un manipulateur corporel alors que ce qui l’inquiétait, c’était bien la possibilité très forte que je sois un successeur de Koryu.

- J’aimerai savoir comment se déroule précisément le cycle de renaissance de l’Oracle. Je ne parviens pas à l’expliquer clairement mais il y a quelque chose qui me chiffonne. Comment sont choisis les successeurs ? Qui les choisit ?

- C’est Koryu qui les choisit.

- Alors cela voudrait-il dire que, bien qu’il soit incarné par l’Oracle, il conserve une volonté propre ? Parce que l’Oracle aurait plutôt tendance à empêcher la survenance de nouveaux successeurs. Et agit-il à travers l’Oracle ou bien aurait-il un corps propre ou une certaine matérialité qui lui permettre d’influer sur le monde ? Et puis, pourquoi n’y aurait-il qu’un seul dieu ? Agora n’est pas la seule nation du monde.

- Non, mais c’est la plus puissante et c’est la plus puissante parce qu’elle est justement gérée par un dieu. Si les autres nations avaient eu les moyens de se rebeller, elles ne l’auraient pas laissée devenir aussi puissante.

- A moins qu’elles ne prévoient à plus long terme parce qu’elles avaient anticipé la dégénérescence de l’Oracle d’Agora. Regarde, crois-tu vraiment que ce soit un hasard si toutes les nations se réveillent aujourd’hui ?

- Tu crois que toutes les nations auraient un dieu ?

- Peut-être pas toutes et peut-être certaines l’ignorent-elle. Mais je ne vois pas pourquoi nous serions les seuls, regarde Raine, c’est bien un demi-dieu, non ?

- Cela signifierait-il que nous n’avons pas un dieu mais plusieurs dieux à combattre ? Soupirai-je.

- A moins d’en faire des alliés.

- Une sorte de ligue ? Quel serait son but ?

- Je ne sais pas. Tout ça ne sont que des hypothèses.

- Assez effrayantes, je trouve. Comme si on n’avait pas assez de travail comme ça.

- Cela ne serait-il pas mieux si nous avions des alliés sur qui compter ?

- Nous pouvons compter sur nos pères qui sont monstrueusement puissants.

- Mais ils sont liés à l’Oracle.

- Peut-être, fis-je en m’étirant et en me levant, mais tu as raison de vouloir en savoir plus sur le cycle de renaissance de Koryu. Il faudra se renseigner.

Shin me serre dans ses bras en se levant et blottis sa tête dans mon cou. Je passe ma main dans ses cheveux pour passer derrière sa nuque avant de relever son menton et de l’embrasser tendrement. Il me regarde amoureusement et le besoin de le garder près de moi, avec moi, se fait encore plus fort.

- On va y arriver, d’accord ?

- Allons nous coucher, demain nous attend une longue journée de voyage.

Je n’ai pas répondu exprès, me sentant trop instable en ce moment pour promettre de telles choses. J’ai même peur d’être incapable de protéger Shin si je les rencontre à nouveau.

 

Nous regagnons le chariot où Raine et Amon se sont enroulés dans des couvertures que nous empressons d’imiter. Shin se colle à moi. Je ne dois pas me laisser aller et reprendre confiance à moi : je ne me le pardonnerai jamais si Shin se fait blesser à cause de moi.

 

Tout ce que venait de dire Shin me trotte dans la tête mais je suis incapable de faire le tri, tout se bouscule et se mélange. D’autres dieux ? Je n’avais pas tellement envie d’y croire et de fait, c’est assez peu probable mais je ne peux m’empêcher d’imaginer ce que ça donnerait si d’autres personnes étaient comme nous. Pour peu qu’elles maîtrisent aussi bien leur pouvoir que nous, ça sera joyeux.

 

Au final, les dangers qui nous attendaient sont nombreux et si je ne peux même pas compter sur moi-même, je n’irai pas loin. De ce côte-là, j’admire la détermination sans faille de mon amant et en le regardant, c’est ma propre détermination qui grandit. Finalement, je ne dors pas beaucoup et lorsque l’aube illumine le ciel, je me lève d’un bond et secoue Amon sans ménagement qui grogne et me foudroie du regard.

- Quoi ?

- Au boulot !

- Hein ?

- Je veux apprendre.

- C’est quoi ce soudain revirement ?

- Je suis un guerrier et un vrai guerrier n’a peur de rien alors c’est pas ça qui va me faire flipper, dis-je suffisant en bombant le torse.

Derrière, je sens Shin qui sourit et s’abstient de faire le moindre commentaire pour me remettre à ma place.

- Très bien, soupire Amon en s’asseyant, mais je suis encore trop faible pour me battre contre toi. De toute façon, pour les rudiments, il n’y aura pas besoin de ça. T’en es où ?

- Je maîtrise l’électricité et la télépathie.

- C’est tout ?

Je me braque automatiquement et j’ai soudainement envie de l’étriper.

- Tu n’as pas encore de spécificité ?

- De spécificité ?

- Moi, j’ai la capacité d’utiliser mes os comme une arme, aussi tranchant qu’une lame bien effilée. Dans mon cas, mes armes sont réellement le prolongement de mon corps.

- Comment ça t’est venu ?

- J’ai été attaqué par des bandits qui ont tué ma famille avant de s’en prendre à moi. Ils ont commencé à me déshabiller et je n’avais pas d’arme pour me défendre. J’ai commencé à les mordre avec mes dents, ils m’ont bâillonné, ils ne me restaient plus que mes ongles qui étaient enfoncés dans leur peau et ils sont sortis.

- Hu ? Tu n’étais pas obligé d’entrer dans les détails mais tu parles de ça aussi facilement.

- Bah, c’est le passé maintenant, je vois pas ce que ça changerait de me voiler la face. Bon, est-ce que tu penses avoir une faculté particulière ?

- Je ne sais pas… Je manipule les gens, une fois qu’ils sont blessés. L’autre jour, j’ai réussi à les électrocuter.

- Electrocuter ? Comment ça ?

- Et bien, je me suis concentré et je les ai pénétrés par une sorte de télépathie, très faiblement pour ne pas me faire remarquer, j’ai capté leurs pulsations et je les électrocutés.

- C’est intéressant, ça…

- Pourquoi ? Tu as dit toi-même que l’électricité est commune à tous les manipulateurs corporels.

- Comment dire… Si tu vas par là, toi aussi, tu as la capacité d’étirer tes os comme bon te semble mais entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé. La plupart des manipulateurs corporels sont sensibles à l’électricité mais on ne peut invoquer la foudre que quand un orage se prépare et je ne crois pas que l’on puisse carrément électrocuter quelqu’un via son propre système.

- Ah bon ? Ben, qu’est-ce que ça change ?

- Quoi ? Tu n’as pas eu de difficulté à le faire ?

- Je me suis concentré mais ça, je le fais à chaque fois que je veux utiliser mon pouvoir.

- Très bien alors on va travailler là-dessus, dit-il en se levant pour regagner le chariot.

- Quoi ? Mais je suis pas censé manipuler des gens?

- On va commencer par te familiariser avec ton pouvoir, tu es trop instable pour faire quelque chose comme ça.

- Et comment veux-tu que je m’entraîne avec l’électricité ? Je demande en montant dans le chariot. Je ne peux pas me servir de vous.

- Hey, je n’ai pas la science infuse, non plus. Je peux t’aider si tu as des questions mais l’électricité, je ne sais pas comment ça marche. Commence par ressentir les particules d’électricité qui sont dans l’air.

- Hein ? Mais le ciel est calme…

- Justement… Le ciel était calme quand tu as électrocuté tes victimes, non ? Alors au travail.

 

Le chariot se met en branle et je rejoins Shin à l’avant.

- T’es pas censé travailler ?

- Si, si mais si j’ai pas mon bisou du matin, je suis pas en condition pour travailler.

- Monsieur est exigent en plus.

- Monsieur est amoureux.

- Idiot, commente-t-il en m’embrassant.

 

J’ai passé toute la journée à me concentrer tellement fort que j’avais l’impression que ma tête allait exploser. D’abord, je me suis servi de ma télépathie pour capter les étincelles de vie, les deux petites Voyageuses qui étaient toujours avec moi m’ont légèrement déconcentré car je n’arrivais pas à aller plus loin, ensuite, d’autres créatures se sont manifestés, pleines de vie, et j’au eu du mal là encore à les ignorer. Au final, j’ai renoncé à capter les pulsions des êtres vivants parce que nous avancions trop vite pour que je puisse m’attarder sur eux. De toute façon, je n’avais pas l’intention de les électrocuter alors ça ne servait à rien. C’est en début d’après-midi que j’ai reporté mon attention : j’ai vite compris qu’en manipulant l’air, je pouvais plus facilement repérer les particules d’électricité, une fois que le voile épais des nuages se dissipait. A la fin de la journée, je terrorise mes compagnons en m’amusant à faire tomber la foudre au plus près du chariot. C’était beaucoup plus amusant d’une part vu que c’était une cible mouvante et d’autre part parce que leurs têtes me faisaient rire. C’est quand Shin m’a giflé devant tout le monde que j’ai décidé d’arrêter de faire le mariole.

 

Il n’empêche que je ne m’étais jamais senti aussi bien : tout le monde en a fait un fromage de la manipulation corporelle mais pour moi, ça revenait à maitriser l’électricité. Ce n’était pas bien compliqué même si des séances d’entraînement seront nécessaires. Nous allons à la rivière pour nous décrasser et nous rafraichir mais ça tourne vite à la rigolade pour se finir en bataille d’eau et là, je suis le premier à couler Shin qui me court après en me traitant de tous les noms. Je rigole à gorge déployée. J’en rajoute mais ça me permet d’évacuer toute la tension qui m’habitait ces derniers jours. Je fais moins le fier lorsque Raine et Amon se liguent tous les deux contre moi pour me porter et m’enfoncer la tête la première dans l’eau glacée. Sous le choc de la température, mon cerveau explose et invoque la foudre. Tous plongés dans l’eau, nous finissons grillés et groggys, heureusement que ce n’était pas un orage qui tapait au-dessus de nos têtes.

 

Shin nous réprimande et me qualifie d’irresponsable, je le fais taire en l’embrassant. Sa rougeur fait rire les autres dont les cheveux dressés sur la tête les rendent aussi peu crédibles que Shin qui se met à rire à son tour.

 

Nous passons la soirée tous les quatre autour d’un feu de camp. La composition insolite de notre groupe me saute aux yeux : deux manipulateurs corporels, un fossoyeur et un demi-dieu. Amon est le maillon fort, celui qui nous regroupe vraiment tous ensembles : même avec Raine, nous n’avons jamais vraiment discuté comme ça et vivre de bons moments tous ensembles. Et il y est pour beaucoup : c’est son caractère ouvert et joyeux qui a déclenché la bataille d’eau et décoincé l’atmosphère. Il nous parle de son enfance vécue avec une troupe de comédiens et nous confie à quel point son instrument lui manquait, même s’il n’a pas voulu préciser le type d’instrument. En tout cas, sa voix est magnifique et en me joignant à lui, nous arrivons à donner un petit concert assez sympathique. Ça faisait longtemps que je n’avais pas chanté.

 

Même enroulés dans nos couvertures, nous continuons à discuter de choses et autres. De tout sauf de ce qui nous attendait le lendemain. Amon était impressionné de parler au fils de l’amiral et lui demander plein de détails sur notre vie quotidienne avant qu’elle ne soit chamboulée par tout ceci. Shin, méfiant au début, se laisse petit à petit aller. C’est ce soir-là que nous avons vraiment commencé à renforcer le lien qui nous unissait et qui grandissait notre force.

 

Le lendemain, nous reprenons la route dans une ambiance décontractée et agréable, en harmonie avec le ciel bleu et un soleil royal dans le ciel. Amon et Raine s’amusent à me perturber dans mes exercices, ce qui n’est pas plus mal, mais je ne peux vraiment rien faire quand Raine retourne ma propre force contre moi. Après je me venge en leur grillant les cheveux en épiant la moindre faille dans leur déconcentration.

 

Bizarrement, aucun de nous n’ose embêter Shin, une sorte d’aura charismatique l’entoure qui nous assure les pires souffrances si on le surprend par derrière. J’ai essayé de lui faire un bisou dans la nuque, les autres se sont maintenant habitués à nos échanges, je me suis retrouvé par terre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire en faisant face à un sourire carnassier qui me promettait l’abstinence pendant au moins une semaine. Je ruse en m’asseyant à ses côtés mais il m’a recouvert la tête de boue. C’a été tout de moins drôle même si lui est plié en deux.

 

Nous agrémentons donc notre voyage en pitreries de tout genre, histoire de faire passer le temps d’une manière un peu plus agréable par rapport la morosité qui nous avait tous habités ces derniers jours.

 

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C'est du lourd que vous avez là ! C'est une sorte de récapitulatif pas très clair qui devait l'être dans l'esprit de Lilly MDRR

Nan je trouve que c'est quand même bien résumé même si ce n'est pas exactement ça, les précision seront apporté dans la suite surtout quand ils vont rencontrer maître Zephilis ! C'est pour bientôt :p

 

BISOUS A TOUTES !!

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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L
a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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