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-16
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Agora

Samedi 22 mai 6 22 /05 /Mai 20:46

Les bras de mon père me tiennent, ceux de maître Zenon également, ma mère console Cali alors qu’elle s’effondre en larme. Les muscles détendus, le regard impassible, insensible. Le vent me souffle devant le visage comme si lui aussi voulait me retenir mais je ne présente aucune intention de devenir fou. Lillyan est redressé par les soldats, l’Oracle glorieux et bien aimé lève les bras devant la population qui l’acclame et le chérie comme un dieu. Je ne cesse de fixer l’homme au sourire divin.


Mon père échange un regard inquiet avec maître Zenon sûrement parce que je suis calme depuis le début de la cérémonie, beaucoup trop calme à leur goût. Je suis aussi indifférent qu’une masse de pierre sans conscience et pourtant personne ne pourrait se douter qu’au fond de moi un véritable ouragan se déchaîne, un ouragan si dévastateur qu’il détruit toutes émotions sur son passage me laissant en état de ruine. Une brise pourtant souffle au milieu de ce désastre une brise que j’avais ressentit la première fois dans la salle de l’Oracle, une haine croissante qui dépassait l’entendement humain car elle n’était pas juste ma propre haine, je pouvais accumuler tous les désirs vengeurs de ma famille et former un unique et puissant vent qui tourbillonne au fond de moi.


D’un calme olympique, je me détache de la prise de mes pairs et je m’avance jusqu’au cortège de gardes qui accompagne le corps hébété de Lillyan. Les habitants d’Agora me laissent passer, je me pose devant la garde pour les empêcher de partir, les cris de joies et les hurlements s’éteignent au fur et à mesure pour ne laisser que des murmures d’interrogations. Dans un silence complet j’attire le regard de Lillyan qui prend à peine conscience de ma présence, je me fais violence pour ne pas tous les enterrer vivants. Je le regarde avec insistance et m’abaisse dans une gracieuse révérence qu’on dédit généralement au héros de la nation. Je retire mon bandeau rouge sans me soucier de la douleur que me procure la lumière aveuglante, je m’approche de lui pour l’attacher autour de son crâne. « Je t’ai fais une promesse, je la tiendrai. »


Je recule de la douce chaleur de ses yeux pures pour me plonger à nouveau dans la foule. Je n’arrive à me déplacer que grâce à ma maîtrise de la terre qui me permet de sentir la moindre vibration ou présence attacher à elle. Malgré tout je garde les yeux ouvert, j’endure cette souffrance comme une punition à moi-même et comme un défi à l’Oracle. Ils emmènent Lillyan jusqu’à la porte de la ville, la barrière de force de l’Oracle s’éteint pour laisser passer les gardes qui jette le corps au milieu de la forêt dense. Une fois la barrière refermer la population jette des mouchoirs d’un couleur sang dans les airs et hurle à la gloire du monstre.


Maître Zenon arrache un morceau de tissu de sa tunique pour remplacer mon bandeau.

- Je te remercie Shinrei.


Je ne peux le remercier à mon tour, je ne peux desserrer mes dents car j’ai peur d’ouvrir la porte à l’ouragan. Cali est tellement sous le choc qu’elle se fait porter par son mari jusqu’à chez elle, ils voulaient seuls pleurer la « mort » de leur enfant mais mes parents ont refusé.


- C’est notre douleur à tous, a dit ma mère

- Je vais rejoindre la princesse. Dis-je alors d’une voix monocorde.

- Tu es sûr ?


Je les salue avant de les quitter. J’avance me coupant de tout le reste pour empêcher cette rage d’atteindre l’esprit de mon pouvoir, tellement concentré que je n’ai pas remarqué que j’suis déjà arrivé devant les appartements royaux. Les gardes me laissent passer, le garde privé de la princesse m’annonce.


- Shin…Je ne t’attendais pas aujourd’hui.


Je soutiens son regard, elle s’approche lentement de moi dans sa robe bleu parsemer par des grains d’argent. Elle entoure mon corps de ses bras avant de m’attirer dans une étreinte chaleureuse et tendre.


- Je suis venu te dire au revoir Laya.

- Je sais. Dit-elle avec le sourire.

Evidemment qu’elle le sait. Elle possède le fabuleux pouvoir de lire l’avenir.

- Tu sais j’y ai beaucoup réfléchi et je ne peux pas. J’ai essayé de me convaincre pour ma famille, pour maître Zenon et Cali mais je n’y arrive pas. Je ne peux pas t’épouser même si cela va sûrement engendrer pas mal de catastrophes.

- Je le sais. D’ailleurs le mariage est annulé. Mon père ne veut plus d’alliance avec Agora, il refuse de s’allié avec une nation qui humilie l’essence même de son propre pays.

Je restais stoïque devant cette nouvelle.

- Je suis désolé de ne pas te l’avoir dit avant mais il le fallait. Pour le bien de la cérémonie : s’il ne l’avait pas vue, il n’aurait jamais abandonné l’alliance.

- Vraiment ?

- Je t’assure. Il veut cependant établir un pacte qui empêche toute attaque venant d’Agora sur l’île de Pandore. Alors tu es libre Shin…

- Et toi alors ? Tu vas retourner sur ton île ?

- Sûrement.


Je m’approche de Laya, sa longue chevelure mauve presque grise coiffée en une tresse élégante embellit son visage d’ange. Je la serre dans mes bras, sa présence m’apaise et sans elle j’aurai sûrement craqué. Maintenant que je sais que je suis libre, je dois trouver un moyen pour rejoindre Lillyan sans mettre ma famille en danger.


Le dos de Laya est secoué de spasmes, elle pleure en silence contre ma torse et serre le tissu de ma tunique formelle entre ses petites mains.


- Merci pour tout Laya.

- Je ne sais pas encore ce que tu comptes faire pour réussir à rejoindre Lillyan mais fait très attention. L’Oracle se doute que tu vas tenter quelque chose.

- Ne t’en fais pas.


Je dépose un baiser sur son front avant de partir sans me retourner. Je m’empresse d’aller rejoindre mes parents pour leur annoncer la nouvelle lorsque j’arrive devant notre maison des gardes de l’Oracle sont postés l’entrée. Je fronce les sourcils, je contourne ma maison pour rentrer par la fenêtre de ma chambre. J’ouvre ma porte avec discrétion et tend l’oreille.


- Il semblerait que le roi de Pandore ne veuille plus de Shinrei pour sa fille, sûrement parce qu’il a salué de manière si formelle un exilé. Vous comprendrez ma peine, j’avais mis tout mes espoirs en votre enfant amiral Mauran, il était le seul qui pouvait nous garantir un allié puissant, vous êtes sûrement aussi attristé que moi. Il serai temps que vous appreniez à votre fils à se tenir, ses crises juvéniles qui nuisent à votre réputation. Je ne vous cache pas, amiral, que Shinrei est un enfant que je considère comme mon propre fils. C’est une fierté de notre nation, il ne faudrait pas qu’il aille à l’encontre de cette nation, j’entends par là à mon encontre.

- Shinrei est tout à fait conscient de tout ça, Oracle.

- Je crois que vous ne m’avez pas compris Karl…Shinrei doit cesser de suivre ce chemin. A tout jamais. Et si ce n’est pas vous qui vous en chargez, je veillerai personnellement à ce que Shinrei disparaisse. Me suis-je bien fait comprendre amiral ? Je n’ai pas besoin de vous précisez que je sais tout ce qui passe dans cette ville, je saurai également quand et comment vous allez procéder. Je saurai aussi si vous avez failli à votre mission.

- Vous m’ordonnez de tuer mon propre fils ?

- Je vous ordonne de servir votre nation comme un amiral se doit de faire. Sur ce je vous abandonne, le roi de Pandore m’attends.


Parfait. Je dévale les escaliers une fois que je suis sûr que l’amiral est assez loin, mon père est totalement anéantis, ma mère n’est pas avec lui j’en conclus qu’elle a dut rester chez Cali. Je m’approche lentement, il n’a même pas entendu mes pas dans les escaliers.


- Papa ?

- Shin ? Tu…

- J’ai tout entendu papa. C’est une chance tu sais !

- De quoi tu parles ? Une chance ? Je ne crois pas qu’on est entendu les même paroles alors !

- Tu te souviens de ce que tu m’as dis le jour où je suis allée réparer le nid des Evêques. Tu m’as dis qu’il faut toujours tenir ses promesses. Et bien tu te doutes que j’ai promis à Lillyan que je serai toujours près de lui, que jamais je ne l’abandonnerais. Aujourd’hui, le roi de Pandore a décidé d’annulé le mariage, je suis libre et grâce à la décision de mon exécution discrète l’Oracle vient de me donner l’opportunité de m’enfuir.

- Shin…Te rends tu compte de qui tu parles ? Ce n’est pas n’importe quel homme que tu peux duper.

- Peut être l’Oracle de mon enfance, mais cet Oracle là n’a pas conscience de qui je suis.

- Quoi qu’il en soit on doit trouver une solution. Je ne peux pas me résoudre à tuer mon propre fils je préfère encore être enfermé et ta mère aussi. Tu dois fuir sans te retourner, peu importe ce qui nous arrivera ! L’Oracle veut t’anéantir et je crois que c’est son but depuis quelques temps. A vrai dire après le procès humiliant de Lillyan je crois avoir compris quelque chose.

- Quoi donc ?

- Réfléchis Shin. Remontes six années en arrière, le peuple de Maru vous attaque sans pour autant vous tuer. L’Oracle est totalement paniqué, il devient presque fou, il sait qu’on veut le tuer mais il ne sait pas comment les opposants comptent s’y prendre étant donner que l’Oracle est l’être le plus puissant qui soit. Venir s’en prendre directement à lui serai suicidaire. Alors pourquoi vous ? J’ai laissé ses questions de côtés jusqu’à aujourd’hui. Depuis cette fameuse attaque l’Oracle a changé, il essaye de vous séparer. D’abord le mariage, ainsi tu aurais directement été envoyé sur Pandore aux côtés de ta nouvelle épouse loin de Lillyan qui ne pouvait s’opposer à l’Oracle. Ensuite je crois qu’il était au courant pour le pouvoir de Lillyan depuis longtemps : il n’était ni étonné lorsqu’on lui appris, ni en colère. Ca lui donnait une bonne occasion de vous séparez encore plus. Lillyan dans la forêt et toi sur Pandore.

«  Et maintenant ça ? Tu es libre Shin, libre d’aller retrouver ton meilleur ami. L’Oracle l’a compris sans même que le roi lui en parle encore, pris de panique il ne voit plus qu’une seule solution pour vous séparez définitivement, la mort. Je pense que l’Oracle a comprit depuis longtemps comment le peuple de Maru compte le tuer, je pense que toi et Lillyan faites partis de cette réponse. »

- Mais pourquoi nous ?

- Je ne sais pas mais il y a pas mal d’indices. D’abord votre force, vos pouvoirs extraordinaires et l’étrange pouvoir de Lillyan, ta cécité hors du commun. Je sais pas vraiment en quoi vous représentez un danger pour l’Oracle mais lui le sait et le peuple Maru aussi.

- Vu comme ça tu as peut être raison, ça expliquerai pourquoi l’Oracle lui a tout mis sur le dos de Lillyan et l’a fragilisé avant de le jeter dans la forêt. Il faudrait savoir comment est-ce que l’Oracle peut être tué. Ce qui est sûr c’est qu’on représente une menace pour lui. Tu en as parler à quelqu’un d’autre ?

- Tu penses bien que Zenon est au courant…D’ailleurs il pense comme moi. Quoi qu’il en soit ça n’a plus d’importance maintenant, tu dois fuir, ou l’Oracle te tuera.

- Je refuses de vous mettre en danger ! Je préfère encore mourir.

- Ne sois pas idiot.

- On doit pouvoir tromper l’Oracle ! J’en suis sûr.


Le silence rempli la salle dans une tension de désespoir, que pouvons nous bien faire pour duper l’être le plus puissant qui soit ? Il a bien précisé qu’il serai au courant de tout, ce qui veut dire que nous saurons sans doute suivis par des gardes le jour de mon exécution et cela doit se passer dans un endroit calme.


- La forêt. Tu me tuera dans la forêt, des gardes de l’Oracle seront avec toi pour prouver ma mort. Maître Zenon viendra avec nous, il nous suivra de loin. Au moment où tu ira pour me trancher la tête je t’attaquerai, tu riposteras bien sûre en aucun cas-tu ne dois montrer que tu es complice. Je t’assommerais en premier et je m’occuperais des gardes seul. Au pire Zenon m’aidera dans l’ombre.

- Tu ne crois pas que l’Oracle va quand même s’en prendre à nous si tu t’enfuis sans que je t’en empêche ?

- Je ne penses pas. Si tu dis vrai sur mon potentiel danger aux yeux de l’Oracle alors je suis à ses yeux bien plus fort que toi. Bien sûr notre combat devra être plus réaliste que jamais, tu vas devoir me blesser fortement, te battre sérieusement.

- Si je fais ça tu auras ensuite beaucoup de difficulté à ne serai ce que toucher un seul des gardes qui nous accompagne.

- Maître Zenon m’aidera t’en fais pas.


Mon père réfléchit un instant, il n’a pas vraiment confiance dans mon plan mais actuellement c’est la seule solution qu’on a, je ne pense pas que l’Oracle s’attend à ce que mon père agisse dans une semaine, demain ou au plus tard après demain. Nous n’avons pas le temps de réfléchir.


- C’est bancal mais ça tient debout. Il faut en parler à Zenon.


Quelques heures plus tard, maître Zenon approuve mon plan avec difficulté également, me mettre ainsi en danger à ses yeux ne l’enchantent guère. Ce qui l’a sans doute le plus énervé c’est le fait que l’Oracle est demandé à mon père de me tuer pour m’empêcher de nuire à la nation. Ca semble pour lui bien excessif car même si l’Oracle a paniqué il reste assez bien maître de lui. Il n’a par exemple pas condamné à mort Lillyan. C’est vrai que c’est étrange, quelque part il a raison, ce n’est pas dans son habitude d’agir ainsi.


Quoi qu’il en soit nous ne pouvons faire que des hypothèses. Lillyan passe sa première journée dans la forêt de Maru sans doute très entourer par ses amis animaux mais très seul car il n’y a ni famille ni moi. Je refuse de le laisser deux nuits là bas, je refuse de passer deux nuits sans lui. Demain je mettrais mon plan exécution. Je me couche assez tendu ce n’est que tard dans la nuit que le sommeil arrive à me gagne mais à peine un rayon de soleil a traversé mes volets que je saute hors de mon lit. Mes parents non plus n’ont pas très bien dormi, je n’avais jamais vu ma mère aussi déprimée.


- J’ai informé l’Oracle de ton exécution à l’aube. Deux gardes vont se joindre à nous. Ils seront sur place. Tu devra feindre l’ignorance.

- Compris.


Nous terminons le petit déjeuner dans l’angoisse, je ne faisais que me répéter chaque étape du plan, j’essayais de dénoué mon estomac. J’allais tout de même me battre sérieusement contre mon propre père, je dois duper les gardes mais surtout pas les tuer sans quoi mon père n’aura aucun témoins. Ma mère nous embrasse, les larmes aux yeux elle me serre si fort que j’en étouffe. Je ne sais pas quand est-ce que je pourrai à nouveau sentir l’étreinte maternelle. Mon père porte une émotion sévère sur le visage, je feins de lui parler de choses et d’autre, notamment de Lillyan et du comportement de l’Oracle. Je dois paraître tout à fait normale.


Zenon nous suit, je l’entends grâce aux ondes sur le sols, nous pénétrons dans la forêt sans aucune difficulté, toujours pas de gardes à l’horizon et les animaux semblent avoir pris congé. Mon père fronce les sourcils, je continue de lui parler normalement, moi aussi je m’inquiète. Voilà dix minutes que nous marchons et toujours pas de gardes.


- Papa ? Pourquoi est-ce que tu voulais absolument qu’on aille dans la forêt ?

- Je voulais te montrer une chose.


Question logique dans une telle situation, c’est étrange, non seulement la forêt est calme mais déserte. Je ne sens pas la présence de garde dans notre périmètre. Nous continuons d’avancer, l’Oracle a donné surement l’ordre d’aller au plus profond de notre partie de la forêt pour éviter les curieux. Mon hypothèse est confirmé lorsque je commence à sentir la présence de trois hommes plus loin, je fais le signe à mon père tout en parlant naturellement, il arque un sourcil d’étonnement. En effet, l’Oracle lui avait pourtant dit qu’il n’y aurait que deux hommes. Je hausse les épaules, après tout ce n’est pas si grave, un de plus ou un de moins. Avec l’aide de Zenon je peux battre une armée. Nous nous approchons du point de chute, leur présence est de plus en plus marquée mais toujours aucune présence d’animaux dans cette forêt ce qui commence sérieusement à m’inquiéter.


Les branches des centenaires découvrent peu à peu le site de ma mort fictive. Un petit périmètre de terre et de racines qui dépassent du sol, des arbres entourant les lieux comme dans un ring. Deux gardes armés avec le blason du palais sur le dos ainsi que…


- Amiral nous n’attendions plus que vous.


L’Oracle !!


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Ouais je sais j'ai du retard mais je serai toujours en avance par à rapport Lilly ! NIARK !


Quel suspens ! Alors que Shinrei s'inquiétait d'être le plus réaliste possible contre les gardes voilà qu'il tombe sur l'Oracle...Ca sent le roussit vous trouvez pas ? XD

A votre avis, l'Oracle savait-il pour le plan de Shinrei ?


Les hypothèses de Karl sont elles bien fondées ? Shinrei et Lillyan seraient la clés de la mort de l'Oracle alors...


On verra ça :D

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 29 mai 6 29 /05 /Mai 20:10

 

« Va plus vite, Anemos, je t’en prie ».

 

Il ne répond pas et donne un puissant battement d’ailes pour prendre de la vitesse. Gahila et Anemos m’ont recueilli lorsque j’ai été jeté dans la forêt par les gardes et m’ont allongé dans leur nid hors de la frontière pour me permettre de récupérer des forces. Le cratère que Shin avait remis en place ne leur avait pas convenu bien longtemps, l’odeur de mort et de vengeance étaient encore trop bien présentes pour des animaux aussi sensibles qu’eux.

La douleur me vrille le crâne, la marque de l’Oracle me rappelle que je me trouvais en territoire interdit mais la peur de perdre définitivement toutes les personnes que j’aime est bien plus forte. Les larmes au bord des yeux et la nausée au bord des lèvres, je me concentre sur mon objectif et prie pour ne pas arriver trop tard.

 

Mais, une fois sur place, c’est tout mon corps qui hurle de douleur. Mes jambes se dérobent et je respire difficilement. La scène qui se déroule sous mes yeux humides me glace d’effroi. Le corps de l’Oracle est secoué d’un rire terrifiant, Karl est derrière, les yeux dans le vague, une grosse tâche rouge macule sa tunique, mon père, Shin et trois gardes sont effondrés par terre.

 

- Je suis invincible, maintenant ! Plus personne ne pourra me tuer !!!!!

Et il disparaît, en laissant Karl complètement dépassé par les événements. Je me précipite sur lui.

- Qu’est-ce qui s’est passé ???!

- Lillyan ? Qu’est-ce que…. Plus tard… Dépêchons-nous, ils sont encore vivants.

 

Mais alors que je vais pour courir, je tombe par terre, en suffoquant et en pleurant de douleur. J’essaie de me dépasser mais tout ce que j’arrive à faire, c’est augmenter l’intensité de la douleur. Karl se retourne et me voit à terre.

 

- Lillyan, pars d’ici, tu vas te tuer.

- Non… C’est…

- Ne t’inquiète pas, nous avons tout organisé, Shin te rejoindra.

- Vraiment ? Je croasse. Il hoche la tête. Amène-moi à papa, alors.

 

Soutenu par Karl, je clopine jusqu’à mon père. Une vilaine blessure lui déchire le ventre. Je l’appelle tout bas mais il n’ouvre pas les yeux. Je l’appelle plus fort, au bord de la panique.

 

- Lillyan, je sais que c’est difficile mais, s’il te plait, va-t-en. Tu me fais perdre un temps précieux. Leurs jours ne sont pas en danger sauf si je traîne trop.

Je hoche la tête mais avant de me retourner, je demande :

- Shin va vraiment venir ?

- Oui, tout ça est une mise en scène pour lui permettre de fuir au nez et à la barbe de l’Oracle.

- Dis lui d’appeler Anemos ou Gahila quand il sera rétabli. Dis aussi à mes parents que je les aime.

- Très bien mais ils le savent, tu sais.

- Je sais… Ma mère…

 

Mes dernières forces m’abandonnent au moment où Anemos vient me chercher. A mon réveil, mon corps est en bonne santé et en parfait état, pelotonné contre la fourrure chaude, douce et maternelle de Gahila. Je me serre un peu plus contre elle pour me protéger du froid et profiter des rayons du soleil.

 

« Debout fainénant ».

« Mmmmmmmmmh. »

« Tu as un invité ».

« Quoi ? »

 

Je me redresse en sursaut et fais face au sourire radieux de Shin.

 

- Shin ?! Je m’exclame. Alors… Mais… tu…

- Moi aussi, je suis heureux de te revoir, sourit-il.

- Mais pourquoi tu… Et pourquoi tu ne m’as pas réveillé plus tôt ?!

- Tu sais que c’est quasiment impossible de te réveiller quand tu dors aussi profondément.

- Alors, tu es vraiment venu… Mais comment… L’autre jour, je vous ai vus, ton père m’a dit que c’était une mise en scène pour te permettre de fuir. Mais c’était tellement…

- Oui. Je ne pouvais pas me sortir indemne d’une confrontation avec l’Oracle, heureusement que ton père m’a protégé.

- Mais que va-t-il se passer pour mes parents, maintenant ? Et les tiens ?

- Tes parents et ma mère vont fuir et vont se joindre à la résistance de Maru. Le peuple de Pandore se joindra probablement à eux, le roi n’a pas réussi à obtenir d’accord. Mon père va rester pour freiner l’Oracle dans sa folie démesurée, il est remonté dans son estime maintenant qu’il a accompli sa mission et qu’en plus, il a abattu un traître. Mais sa position sera de plus en plus difficile à tenir à l’avenir.

- Mission ?

- L’Oracle a demandé à mon père, en tant qu’amiral, de me supprimer puisque j’ai bafoué la cérémonie d’exil et mis à mal le mariage prévu entre Laya et moi.

- Quoi ? Le mariage est rompu ? Attends, reprends du début et explique-moi tout ce qui s’est passé depuis mon exil.

 

Il s’exécute et je reste pantois. La vitesse des événements aussi fous qu’improbables me laisse sans voix : mon exil, le mariage, la mise à mort de Shin, la fuite de nos parents…

 

- Comment tu as fait pour tenir tête à l’Oracle ? Il avait l’air complètement possédé par son pouvoir quand je suis arrivé l’autre jour.

- C’est délicat… Je n’ai pas trop envie d’en parler.

 

Je suis vexé mais je comprends : il y a six ans, je n’arrivais pas à mettre de mots tellement ils me semblaient dérisoires face à toute cette horreur et je n’aurai pas aimé tout raconter même si je me doute que Shin n’a pas soulevé une armée de zombies. Du moins, je n’ai vu en aucune trace. D’une manière général, c’est toujours difficile de parler de son véritable pouvoir. Il m’en parlera une fois que le choc sera passé.

Puis soudain, je réalise que nous sommes tous les deux.

 

- Pourquoi je n’ai pas mal ? L’autre jour, sur le site, la douleur était tellement puissante que je me suis évanoui.

- C’est grâce à Laya, elle a demandé à l’un de ses conseillers de modifier je ne sais quoi. Tu seras vraiment terrifiant une fois que tu auras maîtrisé tous tes pouvoirs : la manipulation corporelle doit s’entendre de manière large, c’est-à-dire tout ce qui comprend le corps. L’électricité, le sang, les os, la télépathie. Tu peux contrôler des corps aussi bien vivants que morts, modifier un circuit sanguin mais aussi guérir et tout un tas de choses inimaginables. Je pense que c’est une bonne chose qu’on aille sur l’île de Pandore, tu pourras apprendre plein de choses.

- Je ne sais pas, ce pouvoir me rebute toujours autant et c’est à cause de lui que j’ai été exilé.

- Mais non, c’est parce que l’Oracle le voulait et que ça lui a été bien utile. En contrepartie de cette puissance phénoménale, ton pouvoir est très encadré : à chaque utilisation, tu affaiblis ton corps et une utilisation abusive te condamnerait. Et puis, il y a des conditions : par exemple, pour contrôler le corps de quelqu’un, tu dois posséder un peu de son sang. C’est ce qui a dû se passer quand nous avons combattu mon père il y a six ans.

- Ouais mais dans un combat, ce n’est pas rare d’être blessé.

- Peut-être mais ça veut dire que tu ne peux pas contrôler n’importe qui dans ton sommeil.

- Je ne sais pas. Mais bon, vu le temps que j’ai mis rien que pour me contrôler et apprendre à connaître chaque partie de mon corps, je risque de mettre longtemps à contrôler mon pouvoir.

- Parce que tu n’étais pas dans des conditions optimales. Ton maître n’était pas lui-même un manipulateur corporel, juste un sage, et en plus, vous deviez le faire en secret.

- Quel est le rapport avec le fait que je n’aie pas mal ?

- Je ne sais pas, je crois qu’il a agi sur mon esprit et fais un truc du style : « je ne suis plus un Mauran », comme ça, la marque de l’Oracle ne peut pas agir. Mais on m’a dit que si on allait voir le peuple de Maru, qui est expert dans la manipulation des âmes, ils pourront t’enlever cette marque.

- D’accord. Mais pour l’instant…

 

Je serre amoureusement et possessivement Shin contre moi en m’imprégnant de son odeur et je l’embrasse. C’est bon, tellement bon de le retrouver… L’émotion me serre la gorge, dire que j’avais cru le perdre à tout jamais…

 

- Heu, mon chéri, loin de moi l’idée de t’arrêter mais je te rappelle que nous ne sommes pas seuls.

 

Je lève les yeux et je perçois l’amusement de Gahila et Anemos. C’est vrai que les animaux ne se cachent pas forcément pour faire ce genre de choses mais nous ne sommes pas non plus des animaux.

 

« Nous reviendrons tout à l’heure »

« Prenez votre temps »

« Merci Gahila ».

 

Nous nous extirpons du nid et regagnons la forêt située plus en aval. Au bout d’une heure de marche, main dans la main, nous trouvons notre propre petit coin de paradis, pas très loin d’un lac qui nous fait bénéficier de sa fraîcheur et à l’abri des regards. Nous nous allongeons sur un tapis de feuilles confortable. Je me serre de nouveau contre lui, je me sens enfin en sécurité, je peux évacuer toute cette pression. Qu’importe l’endroit, du moment que je suis avec Shin, c’est comme si les choses redevenaient normales. Tout va s’arranger.

 

D’abord, nous nous rendrons à Maru où je retrouverai mes parents pour qu’ils effacent la marque de l’Oracle et nous en apprennent plus sur la manière de nous défaire de l’Oracle. Ensuite, nous nous rendrons sur l’île de Pandore pour que je perfectionne mes pouvoirs. Après, je pense que nous retournerons en Agora retrouver le père de Shin et l’aider à supprimer l’Oracle.

 

Ça faisait un programme chargé mais finalement, ça ne nous éloignait pas tellement de nos ambitions respectives. Même s’il n’était pas officiellement soldat, Shin protègera sa nation et moi, je voyagerai à travers le monde.

Mais avant toute chose, supprimer la marque de l’Oracle pour que je puisse retrouver mes parents. Ils me manquaient tellement déjà, la manière brutale dont nous avions été séparés ne me facilitait pas la chose et cette phrase que j’avais dû prononcer… Cette phrase qui m’avait déchiré les entrailles et fissuré le cœur me forçant à renoncer à ma filiation. Malgré moi, des sanglots viennent me secouer.

 

- Tout va bien, je suis là, me rassure Shin.

 

Je me frotte à lui en soupirant de bonheur. C’est vrai, Shin est là et à nous deux, nous sommes invincibles. L’Oracle n’avait qu’à bien se tenir.

 

Il m’embrasse amoureusement avant de descendre plus bas sous mon tee-shirt. Je tressaille et retire mon vêtement pour qu’il pousse un peu plus loin son exploration. Ses baiser me picorent la peau et me détendent, me font oublier pendant un temps où je suis, qui je suis.

 

« Quoique, qui je suis, c’est déjà fait depuis longtemps ». Une pensée réconfortante de Gahila me parvient et je la chasse de mes pensées en rougissant alors qu’elle s’en va en piaffant de rire.

 

Shin me retire également le pantalon et se penche au-dessus de moi pour admirer mon corps avant d’en reprendre possession. Nous prenons notre temps à nous redécouvrir, à profiter l’un de l’autre.

A la nuit tombée, nous regagnons le nid après avoir tué deux énormes lièvres pour Anemos et Gahila. Qui ont finalement terminé dans nos estomacs.

 

Shin s’endort dans mes bras et je le serre fortement, de peur qu’il ne s’échappe. J’ai encore du mal à croire qu’il soit vraiment là. Hier, j’étais exilé, coupé du « monde civilisé », coupé des personnes qui m’étaient chères. Aujourd’hui, je dors avec mon meilleur ami. En vérité, trois jours s’étaient écoulés depuis que je m’étais évanoui mais ils n’avaient pas eu d’impact sur moi.

 

J’embrasse Shin une dernière fois avant de m’endormir et le serre encore plus fort contre moi. J’ignore son grognement étouffé.

 

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Ce n'est pas un très grand chapitre mais il est dense ^^

C'est un chapitre qui se rapproche plus de la relation des deux garçons, après tout ils sont amoureux avant d'être des guerrier rechercher hihi

 

Vous saurez dans le prochain chapitre ce qui s'est passé lorsque Shin était avec l'Oracle !

J'ai l'impression que c'est ici que commence "l'aventure", oui, Shinrei et Lillyan vont vivre une sorte d'épopée comme vous avez put le comprendre. Si je pouvais donner un titre à cette longue partie de l'histoire qui dure jusqu'àààà oula jusqu'à plus de 30 chapitres lol, je lui donnerai le nom de " le début du Voyage " . Voyage avec un grand V, car ils vont effectuer plusieurs voyages ! Une véritable course ^^ . Ils vont rencontrer beaucoup de nouveau personnages plus ou moins important, des combats toujours plus durs !

En fait c'est à partir d'ici que l'histoire devient réellement intéressante je pense...J'ai hâte que vous découvriez tout ça !

 

J'ai l'impression que cette histoire ne sussite pas énormément d'intérêt mais j'adore l'écrire alors je ne l'arrêterais pas ^^

Merci à celles qui sont là gros bisous !!

Encore une fois n'hésitez pas à poser des questions si des choses ne sont pas clair ! Comme la "marque" que l'Oracle à faite à Lillyan je sais que c'est un peu compliqué alors ne vous gênez pas =)

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Lundi 7 juin 1 07 /06 /Juin 18:35

Je sens maître Zenon tressaillir au fond de la forêt, mes muscles, eux, se contractent tous dans une tétanie incontrôlable. Le visage de l’Oracle me parait si proche que je pourrait arracher le sourire triomphant de ce doux visage gardant une jeunesse éternelle. Mon père est sans doute le plus maître de lui-même, il n’a pas laissé transparaitre une quelconque émotion de surprise. Il s’approche de l’Oracle à grand pas tandis que je reste cloué sur le sol encore sous le choc.


Mon plan vient de tomber à l’eau.

Sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit mon père fronce les sourcils, sort son épée et m’attaque. Je riposte avec la mienne que je sors maladroitement de son fourreaux. Il a l’air si sérieux, si naturel que malgré moi j’ai un doute.


Je résiste difficilement sous le regard dominant de l’être tout puissant dans sa longue robe blanche. Un combat déloyal, un combat humiliant. Mes pensées divaguent, je suis perdu au milieu d’un tourbillon de questions plus insensées les unes que les autres. Mon père me murmure quelque chose entre les lèvres mais je ne l’entends pas. Plusieurs fois envoyé dans le décor, je tente de me protéger comme je peux mais l’effet de surprise m’a totalement déstabiliser et je n’ai toujours pas conscience que je me fais massacrer par mon père.

Je me relève difficilement du sol, une douleur atroce dans les côtes qui me fait grincer des dents, je m’appuie sur mes deux bras, un liquide écœurant remonte le long de ma gorge. Je plisse les yeux sous le dégoût et crache une marre de sang qui tâche le coin de mes lèvres. Je me ressaisi, tous mes sens sont en alerte, je crois que mon père tente de me faire comprendre qu’il faut improviser, on ne peut pas reculer maintenant. Je n’avais jamais vu mon père se battre avec autant de sévérité, il semble maître des lieux même l’Oracle fait pâle figure au fond de la scène. Je frissonne d’excitation.


Je jette l’épée plus loin, je fais craquer mes doigts et les places devant moi. Dans un élan mortuaire, mon père s’élance à mon encontre, je l’éviter, je soulève la roches me couvre, l’évite, lui lance des pique de terre tandis qu’il danse autour de moi, attaque sur attaque. Son épée est devenue un prolongement de ses bras, tout son corps devient une arme, le moindre mouvement souple et habile me fait vibrer. Je m’élance en arrière, l’épée tranche l’air et je peux voir mon reflet un centième de seconde, je fais remonter un vague de terre se fissurant sous le mouvement arrondis, mon père l’éviter en bondissant dans les airs, plongeant sur moi, l’épée pointer sur ma tête. D’un claquement de mains, je fais remonter un millier de petites pierres qui partent comme des balles. Je touche mon père à plusieurs reprises mais son agilité est telle qu’il arrive à se déplacer jusqu’à moi sans que je puisse me défendre. L’épée se plante dans mon épaule, j’arrive à me retirer avant qu’il n’arrive à me trancher le bras. Le sang coule le long du membre pratiquement paralysé sous la douleur, des gouttes tombent de mes doigts s’écrasant sur le sol détruit.

L’Oracle jouit presque de sa position de spectateur. Je grimace sous la douleur me tenant l’épaule. Mon père se remet en position de guerrier, la tunique en lambeaux, toucher à plusieurs reprise sur les jambes et le dos. Je suis quelque part fier d’avoir réussi à lui tenir tête. Alors que mon père revient à la charge pour le coup de grâce maître Zenon arrive de nulle part et me protège.


C’est un coup de théâtre pour l’Oracle et pour nous une opportunité nouvelle. Le combat qui suivit fut si impressionnant que nous étions tous concentré. Il n’y avait pas à dire, maître Zenon était un maître d’arme. Mon père fut repoussé, l’Oracle soulève alors sa robe et replace ses gants en cuir.


C’est maintenant que tout se joue.

 

- Vous vous êtes bien battu amiral Mauran mais avec Zenon comme traître il vous faut de l’aide.

 

L’Oracle ferme les yeux un instant et tend les bras, des voix étrange et grave comme émergeant du sol profond s’élèvent. Je reste perplexe. Des signes rouges s’illuminent sur le sol peint en lettre de sang. Elles se lèvent autour de l’Oracle formant un cercle et tourbillonnant, brusquement une onde me projette contre un centenaire vingt mètres plus loin. Je n’ai rien sentit venir, la puissance et le poids qui me compressait la poitrine était telle que je ne pouvais plus respirer ni bouger, le fracas de mon corps contre les différents arbres me faisait hurler de douleurs. Je retombait bruyamment sur le sol ne pouvant plus bouger un seul de mes membres.


Mon père ne laisse rien transparaître mais je savais qu’il serrait les poings de rage. L’Oracle se battait à main nu contre maître Zenon et à chaque coup c’était une onde de plus, il ne tiendra pas longtemps. J’ouvrais les yeux difficilement, arriverais je à empêcher le massacre du meilleur ami de mon père ? Le sang giclait, le corps de maître Zenon était si mal mené par ce monstre que j’en grimaçais pour lui. Ma vision devenait trouble.


Maître Zenon tombe à terre, machiavéliquement l’Oracle ramasse l’épée, l’œil sadique du mal en personne, il pose son pied sur la tête de maître Zenon, l’épée pointer sur son crâne. Mes yeux s’écarquillent. Le temps se fige alors que l’épée siffle le vent, je sens mes membres trembler, ma voix se briser dans un murmure inaudible. Pas ça…

Une onde sismique déséquilibre l’Oracle qui arrête la course de l’épée et regarde en ma direction. Mon bandeau s’est décomposé sous la puissance de mon aura destructrice, je n’ai plus qu’un idée en tête. L’anéantir.

J’ouvre les yeux, le visage de l’Oracle se fige dans la douleur, il entrouvre les lèvres, ses pupilles se rétractent, les mains portées autour de sa tête sans me quitter des yeux quand brusquement il cri à gorge déployé, effrayé, il semble souffrir le martyre et ne peux pas rompre le contacte. Mes forces s’épuisent considérablement, le souffle commence à me manquer et malgré moi je rompt le contact visuel pour me laisser tomber à terre.

 

- Ahh je…je…, tente de dire l’Oracle accroupi, quelle horreur….une…une vision….une illusion…

 

Je l’entends se relever, mes yeux se ferment. Mon énergie me quitte je ne peux même pas rester conscient. Tout s’éteint. Tout est noir.

 

Le réveil. En sueur, le cœur affolé je tente de reprendre mes esprits. La nuit est tombée depuis longtemps, j’entends le souffle des deux Evêques qui nous réchauffent à la chaleur de leur plumage. Je pose une main tremblante sur ma poitrine, ce n’était qu’un rêve très réaliste. Les souvenirs s’étaient éveillés si soudainement, le combat avait été réellement inégale, j’avais affronté pour la première fois l’Oracle et sa force est au-delà de tout ce que j’avais imaginé. Je ne dis pas, Lillyan possède un pouvoir incommensurable, j’ai moi aussi quelques atouts mais je ne pense pas que nous représentons réellement un danger pour lui. Soit ils divaguent tous, soit nous nous sommes trompés sur toute la ligne.


Encore plus étrange, lorsque l’Oracle s’est mit à hurler, j’avais cette sensation de lui faire du mal rien quand le regardant, son visage déformé par la douleur me donne encore froid dans le dos et je suis étrangement persuadé que j’y suis pour quelque chose. Ce qui me terrorise le plus c’est que je ne sais pas comment j’ai pu déclenché une telle attaque, ne pas avoir le contrôle sur son corps est une perspective qui m’effraie. Me suis-je fais dominer par l’esprit de mon pouvoir ? Tout comme Lillyan il y a six ans ?

Des frissons me parcours l’échine, tout me ressassant le visage de l’Oracle alors que je prenais un malin plaisir à le faire crier, je ramène mes jambes contre mon torse. L’absence de chaleur aux côtés de Lillyan a dut le réveiller, je l’entends gigoter et ouvrir peu à peu les yeux. Ses prunelles brillantes me scrutent avec étonnement, il se redresse et baille bruyamment.

 

- Ca ne va pas ?

- Je suis pas habitué à dormir au milieu de la forêt. Mentais je

- Bizarre pour un Fossoyeur de Terre, tu es censé être en harmonie avec la nature, dit il en se moquant de moi.

- Je suis pas comme les autres faut croire.

- C’est sûr. Dis moi plutôt la vérité ça sera plus simple.

 

Comme toujours il savait lire en moi. Nous avons quand même vécu dix huit ans ensemble, pratiquement collé, comme deux frères, deux parties d’un tout. Je ne pouvais rien lui cacher et ce même si je n’avais pas envie de lui révéler mes angoisses. Cette sensation étrange qui avait pris possession de moi, j’étais tout à fait conscient, aucune force n’avait troublé ma raison. Tout s’est fait naturellement.

 

- Lorsque tu …étais possédé par ton pouvoir il y a six ans. Tu avais conscience de tes attaques ? Je veux dire, avais tu l’impression d’être maître de toi-même et en même temps de ne pas comprendre pourquoi tu faisais ça ?

- Et bien…Sur le coup non je n’étais pas conscient, je n’ai de souvenirs qu’après. Puis sa défile comme un criminel qui a une double personnalité.

 

Tout en me racontant ses sensations je sentais Lillyan être de plus en plus en plus mal à l’aise.


- C’est ça qui te tracasse en plein milieu de la nuit ?

- A vrai dire…Je crois avoir été dominé par mon pouvoir hier.

- Comment ça ?

- Tu sais j’ai combattu l’Oracle il y a trois jours, je ne t’ai dis comment je lui avais tenu tête, sûrement parce que j’étais encore sous le choc, peut être aussi encore un peu sonné. En fait il s’est produit quelque chose d’étrange, l’Oracle s’apprêtait à achever ton père et je ne sais pas comment mais j’ai réussi à l’arrêter. Il s’est mis à hurler en tenant son crâne, s’était effrayant, le cri était si épouvantable. Je n’arrivais pas à le quitter des yeux, comme si se simple contact visuel le faisait souffrir. Le pire c’est que…j’étais tout à fait conscient contrairement à toi.

 

Il cligne d’abord plusieurs des yeux avant de s’approcher un peu plus, il me fixe d’une étrange façon puis se met à sourire.

 

- Je ne sais pas…Tu pouvais t’arrêter ? Tu aurais put t’arrêter ?

- Je ne crois pas. C’était naturel, inéluctable.

- Je ne peux rien te dire Shin, juste que tu dois voir ça comme une bénédiction ! Après tout tu as sauvé mon père, tu ne l’as pas utilisé pour nuire à tes personnes qui te sont cher. C’est peut être une nouvelle facette de ton pouvoir qui t’apparaît peu à peu. Soit patient, nous irons voir les habitants de Maru et nous leur en parlerons ils en savent peut être plus.

- Non !

- Comment ça non ?

- Non c’est hors de question que quelqu’un d’autre soit au courant ! Je refuse cette saloperie ! Avoir un pouvoir qui est destiné à juste faire souffrir les autres me répugne. Je ne veux pas. Je ferai en sorte de ne jamais m’en servir.

- Mais Shin…

- N’insiste pas.

 

Je me couche alors encore troublé, Lillyan me regarde inquiet avant de s’allonger contre moi et de me serrer contre lui. J’entoure son corps de mes bras, le soulagement de sentir sa chaleur si proche chasse toutes mes mauvaises pensées.


Il fait jour mais je ne sens pas la chaleur des rayons de soleil, les Evêques piaillent derrière nous comme si ils se disputaient, je me redresse douloureusement du sol dur malgré le petit tas d’herbes et de feuilles. Lillyan dort paisiblement ne s’occupant absolument pas de ce qui l’entoure, le bruit d’un claquement de bec me fait sursauter. Il semblerait que Gahila ne soit pas contente. Je me frotte les yeux plusieurs fois avant de me lever définitivement. Je n’ai même pas pris d’habit de rechange c’est super. On va sentir le foin pendant je ne sais combien de jour, à la limite on peut laver nos habits près du lac.


Je ramasse mes effets d’agorien, je regarde les épaulières où le signes fier et arrogant de notre cité est cousu, je l’arrache sans hésitation et le jette au milieu de la forêt.


Tout en baillant je me dirige jusqu’au lac où je jette mes habits sans plus d’attention, je les trempe et frotte les quelques tâches de sang du combat. Mon épaule gauche me fait encore mal mais elle est bien bandé je vais récupérer au fur et à mesure. Je grimace tout de même de douleur à chaque mouvement trop brusque, mon père n’y est pas aller de main morte j’ai bien cru qu’il allait me trancher le bras.

 

- SHIIIIIINNNN !!!

 

Ce hurlement ne me rassures pas du tout. A peine me suis-je retourné que Lillyan me saute dessus, totalement nu, un sourire béat sur le visage. Nous tombons dans l’eau au milieu de mes fringues.


L’eau est si froide que je m’agite dans tous les sens jusqu’à que les lèvres douces de Lillyan s’apparent des miennes, le temps s’arrêtent un instant, ses cheveux flottant dans l’eau comme si tout allait au ralentit me fait rougir. Il me semble que ce baiser aurait put durer une éternité.


Nous nous redressons pour reprendre notre souffle, mouillé de la tête au pied je n’arrive même pas à engueuler Lillyan tellement je suis encore sous le charme de la scène qui vient de se produire.

 

- Tu laves tes habits ? Il me demande

- Hum..Au fait…POURQUOI T’ES A POIL !!!!?

 

Il sursaute et se tortille dans tous les sens.

 

- Ca te fait pas plaisir ?

- Ca n’a rien avoir…, dis je on boudant rouge de honte

- Ca t’as fait plaisir avoues !!!!

 

Je m’enfuis en courant, Lillyan derrière moi les bras grand ouvert, les lèvres tendus, une vision assez flippante mais plutôt amusante. Une journée qui s’annonce riche en bonne humeur.

 

- Tu disais ? Il me demande déprimé

- Je pouvais pas prévoir la pluie tu vois !

- J’aime pas la pluie…

 

Paradoxalement moi j’adorais les temps de pluie, peut être que la pluie est le source de la vie pour la forêt, la terre, la végétation. Peut être que pour moi aussi quelque part. Les nuages noirs menaçant faisait frémir Lillyan qui n’avait même pas eut le temps de sécher, je ne parle même pas de mes habits. Heureusement qu’on a put allumer un feu au moins pour se réchauffer, avec mes pouvoirs j’ai pu nous construire une sorte d’abri. Lillyan devient songeur. Je m’approche pour le prendre dans mes bras et nous réchauffer à la chaleur naturelle.

 

- Quand il pleuvait ma mère allumait toujours la cheminé, je passais des heures à regarder les flammes danser. On dit que le feu est le pouvoir de base des ténèbres pourtant le feu est une source de chaleur et de lumière plus intense que n’importe quelle autre source.

 

Il se niche dans mon cou et me caresse les cheveux.

 

- Mes parents me manquent mine de rien.

- On va bientôt les rejoindre à Maru t’en fais pas.

 

Il approuve avant de s’endormir contre moi, surement un épuisement morale, un épuisement émotionnel. Sa vie avait basculé en l’espace d’une semaine.


Je me suis réveillé brusquement dans la nuit, je m’étais assoupi sans m’en rendre quand une odeur épouvantable m’a sortit de mon sommeil. Plus je prenais conscience de la réalité plus j’entendais le bruit des animaux affolés. Je ne comprenais pas tellement ce qui se passait mais le bruit assourdissant de Gahila et Anemos qui s’agitaient me faisait tourner la tête.


Brusquement j’ai senti des vibrations en provenance de l’Ouest. Des pas, beaucoup de pas. Je dirais une dizaine d’hommes, je peux même sentir des armes effleurés le sol.

 

- Merde…Lillyan ! Lillyan réveille toi !

 

Gahila vint me frotter le visage avec son bec, elle m’écarte de l’abri d’un coup d’aile et hurle dans les oreilles de Lillyan qui sursaute de terreur.

 

- Quoi ?! Quoi ?! Gahila ? Qu’est-ce qui se passe ? … Des chasseurs ? Des chasseurs de primes ?

 

Le silence revient, je tente à nouveau de me concentrer sur les pas avec un peu de chance je pourrai savoir d’où viennent ces chasseurs de primes et ce qu’ils cherchent.

 

- Shin ! Il faut partir ! Immédiatement !

- Pourquoi ?

- Je t’expliquerais en vol !

 

Sans plus attendre je grimpe sur le dos de Gahila et Lillyan accourt jusqu’à Anemos, d’un coup de patte nos partons dans les aires, la pluie continuait de battre sur nos visage et quelques éclairs illuminaient le ciel. Le vent glaçait l’eau qui ruisselait sur mon visage, mon bandeau était trempés, mes cheveux détachés collaient à ma peau.

J’étais cependant encore un peu dans la Lune, je fixais le dos de Lillyan qui s’agrippait sur le plumage de Anemos, nous étions en route vers l’Est, nous nous approchions de la population.

 

- Qu’est-ce que c’était ?

- Des mercenaires ! Envoyés par l’Oracle ! Ils me cherchent. S’ils apprennent que tu es toujours en vie, nos parents seront en danger.

 

Peut être que l’Oracle sait que je suis toujours en vie. Je pense même qu’il me voit d’ici, comme si nous étions dans sa paume, de simples et vulgaires jouets.

 

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Désolé du retard pour cette petite histoire !

Beaucoup moins populaires que les autres mais elle reste néanmoins chère à mon coeur parce que j'adore les histoires fantastiques hi

Petit résumé ! Shinrei possède un pouvoir bien particulier en plus de celui de la terre, le pouvoir de créer des illusion d'horreur dans l'esprit des gens ! Au point de les rendre fou ! Si ca affecte l'Oracle alors c'est un pouvoir très puissant. Pourquoi a-t-il ce pouvoir ?

Vous le découvrirez bientôt si vous continuez de lire :p


Gros bisous à toute

 

PS : Prochaine Maj sur La dernière fois avant la prochaine ! =) en cours d'élaboration avec une spéciale guest hihi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 19 juin 6 19 /06 /Juin 19:21

 

- Lillyan ? Ça va ?

- Oui, ne t’inquiète pas, murmuré-je pour ménager mon crâne qui est à deux doigts d’exploser sous l’effet de la douleur.

Je prie Anemos d’aller plus vite pour nous éloigner de ces mercenaires le plus rapidement possible. Arrivés au nid, je m’affaisse lourdement sur le sol, la respiration saccadée, le crâne douloureux.

- Qu’est-ce qui t’arrives ?

- Rien, je réponds pour ne pas l’alerter encore plus. Prends-moi dans tes bras.

A l’abri de la puissance psychique d’Anemos et Gahila et au creux des bras de Shin, la douleur est moins pénible. Il m’embrasse mais elle reste trop forte pour que je puisse en profiter.

- Lillyan, dis-moi ce qui t’arrive !

- C’est comme l’autre jour, je marmonne.

- Quoi ?

- Je ne comprends pas pourquoi mais d’après la marque, mon père dirige la troupe de mercenaires.

- Mais ils…

- Sont censés être en fuite. Tu croyais vraiment que l’Oracle laisserait mon père s’échapper ? Surtout qu’il est un traître maintenant.

- Je…

- Ce n’est pas ta faute, Shin. Il savait très bien ce qu’il encourait et je pense qu’il aurait tout fait pour que nous nous retrouvions et que je ne sois pas seul. Il va surement les mener sur une autre piste mais il ne pourra pas longtemps les tromper. S’il se rapproche trop de nous, je ne pourrai pas le supporter. Il faut impérativement aller sur Maru sinon, je ne ferai pas de vieux os.

- Mais pourquoi forcer ton père à…

 

Il s’arrête avant même de finir sa question. La réponse coule de source et je m’efforce de ne pas y penser. Je ne pense pas, comme Shin, que l’Oracle sache que mon meilleur ami est vivant et que nous sommes tous les deux ensembles, il aurait pris lui-même les mesures adéquates pour écarter cette menace pesant sur sa tête. Forcer mon père à me retrouver et m’abattre, ce n’est qu’un jeu pour lui, une manière de se divertir, comme il a demandé à Karl de tuer son fils.

 

- Ce qui m’inquiète, c’est plutôt la méthode que l’Oracle a utilisée pour obliger mon père à se lancer sur notre piste.

 

Notre regard devient maussade et mon cœur se met à palpiter : il n’y a pas dix milles solutions pour obliger mon père à agir contre sa volonté et quelle qu’elle soit, elle n’est certainement pas agréable.

Nous décidons de passer une dernière nuit en compagnie d’Anemos ou Gahila avant de prendre la route : après tout, rien ne nous retient ici et si nous ne partions pas demain, nous ne partirions jamais. Je me sens bien ici, c’est, en quelque sorte, un nouveau foyer familial : les Evêques étaient venus me chercher alors que j’avais tout perdu et leur chaleur ne m’avait jamais parue aussi forte. Mais j’aurai dû me douter que l’Oracle ne me laisserait pas en paix. Rester au même endroit pendant plusieurs jours lui avait permis de me retrouver et maintenant, s’il n’avait pas découvert le pot-aux-roses, il avait dû se rendre compte que Shin est avec moi. Mais comme je venais de le penser un peu plus tôt, il aurait pris des mesures qui s’imposaient. Et puis, s’il était vraiment omniscient, n’aurait-il pas envoyé directement les mercenaires détruire le nid de Gahila et Anemos ? Non, je reste persuadé qu’il se délecte simplement de la chasse à l’homme dont je fais l’objet.

 

Mes pensées s’embrouillent mais je ne tarde pas à m’endormir avec une pensée pour mes parents.

Je me réveille le lendemain avec Shin au creux de mes bras. Nous nous embrassons puis vient l’heure des adieux avec Gahila et Anemos. Par égard pour nous, Shin reste en retrait mais je sens sa perplexité : pourquoi ne pas voyager à dos d’Evêques ? Gahila, telle une mère, m’envoie des ondes réconfortantes et Anemos revient avec de la nourriture dans le bec. Nous partageons un dernier repas ensembles et nous partons. Les Evêques nous emmènent à la lisière de la forêt et Gahila pousse son cri d’adieu.

 

- Pourquoi…

- Je te rappelle que Gahila est enceinte et même si ce sont des oiseaux extraordinaires, il vaut mieux éviter pour elle les trop longs voyages.

- Mais on va mettre des mois pour se rendre à la capitale ! Surtout qu’on n’a même pas de carte. Et je te rappelle que des mercenaires sont à ta poursuite.

- Je sais… Mais à nous deux, on leur met la pâtée !

- Ouais, bien sûr, tu arriveras tout juste à ne pas tomber dans les pommes et encore…

- Je développerai une plus grande tolérance au fur et à mesure. On n’est même pas partis que tu ronchonnes déjà.

- Ouais, bah, j’ai pas l’habitude partir en vadrouille dans la forêt.

- Non mais t’as l’habitude d’être avec moi, je lui dis taquin.

Il ouvre la bouche pour protester avant de refermer son clapet. J’affiche un sourire vainqueur, il me frappe sur la tête.

- Hey ! ça va pas l’arranger !

- Comme si y avait des choses à sauver, il réplique.

- Toi…

- Bon, Monsieur je sais tout, on prend quelle direction ?

- Heu…

Devant nous s’étend une vaste étendue de plaines vierges : seuls quelques arbres et arbustes, survivants de l’exploitation humaine, sont encore debout. Aucun repère ne nous guide.

- C’est pas toi qui es censé être le meilleur en classe ? Alors d’après ton cher manuel de géographie, elle est où la ville haute de Maru ?

- La ville haute, elle s’appelle Kalin et je sais que par rapport à notre ville haute, elle est à l’est. On met une semaine en voiture, on doit en mettre six à pied…

- Mais non, on trouvera bien une troupe de marchands qui nous acceptera.

- Contre quoi ? On n’a pas d’argent et ici, notre statut ne vaut rien, déjà qu’il ne valait pas grand-chose chez nous…

- Allez, sois optimiste…

 

Il se tut, conscient que protester ne ferait que le fatiguer d’avantage. Au fond, je sais qu’il ne soulève des protestations que pour la forme puisque nous n’avons pas le choix ; moi-même, je fais le fier mais je n’en mène pas large : je ne sais absolument pas où nous devons aller. Ça paraissait plus simple hier mais à peine partis que nous ne savons pas par où commencer. Je ne pensais pas que nous nous débrouillerions si mal…

 

- Bon, à l’est, hein ? Rien de plus simple puisque de toute façon, pour l’instant, il n’y a qu’une seule route.

- Oui mais elle nous emmène au nord.

- Peut-être mais c’est en restant sur la route que nous aurons le plus de chance de trouver une caravane de marchands.

- Et sinon, tu n’as pas de chevaux ailés parmi tes amis dans la forêt ?

- Non, je peux les trouver facilement mais ils sont très durs à apprivoiser.

- Et avec ton don de télépathie, tu ne peux pas les rassurer ?

- Au contraire ! Je rigole. Comme ils n’ont pas de pouvoirs psychiques, sentir une présence étrangère dans leur esprit les paniquera et ils s’enfuiront. Nous pouvons essayer mais normalement, il faut un lasso pour les attraper. Là, ce sera la manière traditionnelle. Les laisser s’habituer à notre présence.

- Ça met combien de temps ?

- Une journée, minimum. Les chevaux ne sont pas des animaux craintifs et très sauvages, cependant, ce sont des animaux fiers et ils n’acceptent de te porter que si tu es leur ami.

- Pourtant, dans la ville haute…

- Ils ne sont pas sauvages, c’est pour ça. A toi de voir : soit on retourne dans la forêt et on perd une semaine mais on met deux jours pour aller à Kalin –en prenant en compte le fait qu’on n’a pas été capturés entretemps- soit on marche un peu, on découvre du pays et on rencontre des gens. Au final, on n’est jamais allés plus loin que la forêt, ce qui est déjà bien, par rapport aux jeunes de l’Ecole….

- De toute manière, tu me demandes mais je sais que t’as déjà pris ta décision, hein ? Il me taquine. T’as toujours voulu voyager à travers le monde…

Je souris.

- Ok, je reconnais que c’est une bonne occasion mais n’oublie pas que les circonstances ne sont pas tellement en notre faveur donc restons prudents. Et ! Si nous entendons parler d’animaux mythiques, on ne fait pas de détour pour aller les voir !

- S’il te plait, je le supplie, les yeux humides.

- Non !

- Alleeeeeeez….

- Non !

- Juste pour voir !

- Non !

- Tu m’expliques l’intérêt de voyager si c’est pour se coltiner des plaines à perte de vue ?

- On va à Kalin, pas pour faire du tourisme, je te rappelle que nous partons pour retirer ta marque.

 

Shin me renvoie brutalement à la réalité. Complètement pris par mon excitation de voyager et de découvrir de magnifiques animaux, j’en avais oublié nos priorités.

 

- Excuses-moi… Je ne voulais pas te blesser…

- Non, tu as raison… Dis-je sur un ton pitoyable.

- Bon, d’accord… Il capitule.

- Ouais !

 

Il me fusille du regard en se rendant compte que je l’avais complètement berné. Cette technique ne marchait pas avec les adultes mais Shin n’aimait pas me voir malheureux, surtout qu’en ce moment, ma situation n’était pas facile. Enfin, ça valait pour lui aussi, il fallait que j’arrête de ne penser qu’à moi.

C’est donc dans la joie et la bonne humeur que notre voyage débuta.

 

- Tu disais ? Me reprend-il.

- Désolé, je ne peux pas plus que toi prévoir la pluie et le beau temps.

- Sauf que tu maîtrises l’air. Tu devrais être capable de prévoir les changements.

- Sauf que tu oublies que ce n’est pas mon pouvoir naturel : je maîtrise l’électricité, ce qui compose l’air, pas toutes ses dérivations.

- Mouais.

 

Nous marchons toute la journée, longeant le bord de la route. Mon enthousiasme est descendu d’un niveau : nous n’avons pas rencontré une voiture ni une caravane ni entendu parler de faune excentrique. En même temps, ce n’est jamais que la première journée de voyage, c’est normal, d’autant que n’avons pas de guide.

 

Le soir, nous arrêtons à l’abri d’un chêne dont les branches mortes nous procurent de la matière première pour faire un petit feu de camp. C’était une nécessité pour lutter contre la température glaciale car même si nous nous endormions dans les bras de l’autre, nous risquions d’attraper froid. Or sans herboriste ou pharmacie dans les parages ni même sans argent, nous ne pouvions nous le permettre.

 

- Tu crois que nous verrons des choses fabuleuses, comme dans les comptines d’enfants que nos parents nous lisaient le soir ?

- Bien sûr. Ce sera fantastique et quand nous raconterons tout à nos parents, ils seront jaloux.

- J’espère que nous pourrons à nouveau partager un repas tous ensembles, murmure-t-il en se serrant dans mes bras.

 

Je resserre mon étreinte et ne réponds rien. Je suis le premier à vouloir le réconforter mais aucun de nous deux n’est capable de prévenir l’avenir et tout laissait penser le contraire.

 

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Désolé pour tout ce retard ! Je suis entrain d'écrire La dernière et en plus je travail alors j'avais completement oublié les échaéances pour Agora

=)

BISOUS

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 19 juin 6 19 /06 /Juin 19:27

 

Deuxième journée d’expédition au beau milieu de la forêt. L’énergie de Lillyan me pompe toute ma propre énergie et je commence à désespérer ne voyant que végétation sauvage à perte de vue.

 

Aujourd’hui il ne me pleut pas, ce qui reste un bon point, nous pourrons au moins marcher au sec. Ce qui mine de rien est très réconfortant après deux jours d’averses, malgré un temps sec, les nuages restent épais et sombre au dessus de nos têtes, je regarde le ciel avec inquiétude. Il doit sûrement se préparer une tempête. Au bout de trois heures de marche, sans rencontrer ni animaux ni être humain, je décide de m’asseoir sur un vieux cailloux couvert de mousse, les jambes en compotes. Etant d’une famille assez noble je ne suis pas habitué à marcher autant. Lillyan s’assoit à son tour sur le sol et respire la bonne odeur que dégage l’air pure de la nature.

 

- Si ca continue comme ça on ne fera pas long feux dans cette forêt, nous pouvons survivre avec quelques racines mais sans eau, nous n’arriverons nulle part. Nos corps ont besoin également de protéines et ça fait je ne sais combien de temps qu’on a pas croisé une seule bête dans les parages ! Je n’ai jamais vu une terre aussi déserte. Dis je en soupirant.

- Utilise ton pouvoir pour sentir les animaux cachés ?

- Je les aurais sentit si ils étaient réellement cachés.

Lillyan baisse la tête, il réfléchis avant de se mettre à sourire à nouveau.

- Et dans les arbres ! Il y a sûrement des fruits ! Ca nous donnera quelques forces, pour l’eau par contre je ne peux pas t’aider. J’espère juste maintenant qu’il va pleuvoir on pourrait tenter de récupérer l’eau de pluie…

- Dans nos minuscules bouteilles ? Demandais je en détachant ma gourde de ma ceinture.

- C’est mieux que rien.

 

Cette expédition tourne au cauchemars, pourtant nous n’étions plus des enfants, partir ainsi sur un coup de tête était stupide de ma part. J’aurai dut prévoir quelques effets, au moins de quoi manger pour quelques jours. Si nous trouvons un point d’eau nous pourrons à la limite pécher les poissons. En tout cas je suis assez pessimiste sur notre bonne humeur dans cette immense végétation. Une nouvelle fois je regarde le ciel, les nuages tournent étrangement, leurs couleurs devient plus foncés et plus ocre. Je fronce les sourcils. Je crois bien qu’on nous allons être surpris par le temps.

 

- Je propose qu’on s’arrête maintenant. On se faufile au milieu des branche et des arbres. On quitte la route, on doit absolument s’abriter pour la nuit.

Lillyan me regarde intrigué, il regarde à son tour le ciel, son regard se fige d’étonnement.

- Je n’ai jamais vu les nuages se conduire de cette façon. Regarde comme ils bougent rapidement et dans tous les sens. Comme si le vent était indécis.

- Je crois plutôt qu’on les aide un peu.

- L’Oracle ?

- Ou l’une de ses disciples des nuages. Une Nuée Nova.

- Les Nuées Nova ne sont pas principalement des habitantes de Cléone ?

- Exactement, au milieu de leurs montagnes et leur roches. Ca reste assez paradoxal mais un nuage fait plus de dégât entourer de montagne que seul au gré du vent, si le vent est coupé par les massif immenses de Cléone, les nuages sont à la merci des Nuée Nova. Leur base c’est la vapeur. Une association d’eau et d’air. Elles sont très rares parce qu’il faut une expérience démesurée pour maîtriser deux éléments de base.

- Ce que je comprends pas c’est pourquoi est-ce que ce sont que des femmes !

- Parce que Cléone est une population dominée par la suprématie des femmes, les hommes sont considérés comme des esclaves.

- Des sortes d’amazones ! Se moque Lillyan

- En quelques sorte oui. Elles sont plus vêtus que les amazones, je sourie

- Tu crois donc que des Nuée Nova travaillent pour l’Oracle ?

- La guerre est déclarée Lillyan. Pas seulement avec Maru.

 

Nous regardons à nouveau le ciel en même temps, tout ça n’était décidemment pas normale, Lillyan persiste à croire que l’Oracle ne fait que s’amuser pour son simple plaisir. Moi en revanche je crois que l’Oracle est fou furieux, qu’il est prêt à tout pour nous anéantir mais que surtout il est beaucoup plus fort que ce que l’on peut croire, que d‘une certaine façon, il se doute de ma survie. Si j’en crois mon père, Lillyan et moi sommes des menaces que lorsque nous sommes ensemble, si l’Oracle était persuadé de ma mort, il n’aurait pas envoyé son père sur ses trousses.

 

D’un autre côté si je suis l’hypothèse de Lillyan, il ne fait ça que dans le but de s’amuser un peu. Vaniteux. Dans tous les cas, nous sommes en danger.

 

Nos sortons alors un peu de la route pour se mettre à l’abri, je demande à Lillyan d’aller chercher de quoi manger pour ce soir et surtout du bois sec si il en trouve pour faire un feu. De mon coté je me concentre pour construire une abri solide qui nous protégera d’éventuel chute d’arbres et de grêlons. Je tends les mains et tords les arbres et les branches entre eux, le craquement de l’écorce et des troncs résonne dans toute la forêt. Je les enlacent les uns dans les autres, faisant une sorte de mur de racines, de branches, de troncs épais. Après un quart d’heure de travail, j’essuie la sueur sur mon front, faire autant d’effort alors que je ne mange pas assez épuise toutes mes réserves d’énergie. Je retire mon bandeau, il est blanc cette fois - enfin était - c’est vrai que j’avais donné mon bandeau rouge à Lillyan. Ne l’ayant pas vu sur sa tête je me demande ce qu’il a bien pu en faire…

 

- Tiens tu as retiré ton bandeau ? Ca devrait aller il n’y a pas de soleil !

- Je ne vois rien mais ça ne me brûle pas autant que lorsqu’il fait beau c’est vrai.

- Oh pas mal l’abri ! Mieux que la dernière fois ! Je te félicite mon chéri.

 

Lillyan s’approche de moi et me vole un baiser avant de poser le bois sec sous l’abri que j’ai recouvert de feuille pour éviter de nous salir encore plus.

 

- J’ai dut sécher le bois avec mes pouvoirs je pouvais pas trop faire autrement.

 

Il finit par allumer le bois avec un peu d’électricité, il a suffit d’une étincelle pour que le feu prenne. Il soupire de soulagement en frottant ses mains l’une contre l‘autre. J’allais pour me coucher sur le petit matelas de feuilles quand je sens doucement la main de Lillyan caresser mes cheveux, il m’incite à venir poser ma tête sur ses jambes.

Le chaud au cœur je m’approche alors et me laisse confortablement choyer par Lillyan, je ferme les yeux de fatigue sentant toutes mes forces m’abandonnés. Il me détache les cheveux lentement et me masse le crâne pour me détendre. Aussi tendre que possible je n’aurai pas prit plus de plaisir même dans un lit douillet.

 

- Dors je veille sur toi.

 

Il ne m’en fallut pas plus pour que je rejoigne le monde des rêves. Ou plutôt un monde de cauchemar. Très vite des images de sang, de l’Oracle, de feu, de torture, mes parents assassinés, avec un seul et unique coupable que je ne pouvais pas vaincre parce que j’étais trop faible. Ce fut en sursaut que je sortais de mes rêves tourmentés, essoufflé et encore affecté par mon rêve je regardais autour de moi comme si je m’attendais à voir le visage souriant de l’Oracle.

Le seul bruit que j’entends c’est celui de la pluie battante sur les branches, je me félicite d’avoir réussi mon travail il n’y a pas une goûte dans l’abri. Je freine la course de mon cœur, perdant mon regard dans les braises encore chaudes du feu que nous avions allumés. Une chose pourtant cloche, je regarde à nouveau autour de moi.

 

- Lillyan !

 

Je sors en courant de l’abri, la pluie s’abat sur mon visage avec fracas, comme des pierres lourdes et douloureuses, les nuages tumultueux lancent des éclairs avec rage. Je sens mon cœur repartir, ne voyant Lillyan nulle part ! Je commence à paniquer ! Sans réfléchir je cours dans la forêt dans une direction quelconque hurlant son prénom comme un dératé. Les flaques sous mes pieds me noient presque, les branches me frappent le visage, je cours encore jusqu’à manquer de souffle mais je ne m’arrête pas. Lillyan ! LILLYAN !!!!

 

Les muscles douloureux, je finis par prendre appuie sur un tronc, me torse soulevé par mes longues respirations, je me concentre, m’assois sur le sol boueux sans me soucier des conditions climatiques. Je ferme les yeux et concentre toute mon énergie sur les liens qui m’unit à la terre. Je met en place un réseau de vibration, comme une araignée tissant sa toile. Brusquement ce fut le choc, le bruit de deux puissances qui se battent non loin. Je me redresse sans chercher à comprendre et me dirige vers le combat, si c’était Lillyan ? Contre qui peut il se battre ? Un nouvel éclair traverse le ciel frappant la terre de toute sa force. Je sens presque trembler le sol sous mes pieds mais je n’arrête pas de suivre le bruit du croisement de fer.

 

Le corps de Lillyan essoufflé, trempé, dégoulinant d’eau, les cheveux planqués sur le visage un air furieux et si sérieux qu’il me donne des frissons. Je ressens toute son aura grandir et prendre possession de l’atmosphère, ma poitrine en presque compresser. Il n’y a pas de tout seul, il se bat réellement. Mon regard alterne immédiatement vers son adverse, masqué par une sorte de voile sur le visage, trempé également, son énergie en baisse, deux longues épées sur chacune de ses mains. Des épées en forment de vagues. Un mercenaire d’Agora.

 

La pluie tombe sans se soucier d’eux, le ciel orageux grondent comme le seul arbitre de ce combat et moi je suis perdu dans mes pensées. Que se passait il ? Après tout je n’ai pas besoin de comprendre, Lillyan est entrain de se battre.

 

Le chasseurs se lance à une rapidité quasi divine, presque invisible à l’œil humain, je n’avais jamais vu ça, c’est un membre de l’élite. Un véritable assassin professionnel. Sans hésité je me sers du terrain qui m’est très avantageux, je remonte du sol une racine immense, cachant des épines plus tranchantes qu’un sabre. Je l’empêche d’approcher Lillyan, le frappant avec une vitesse impressionnante pour l’envoyer plus loin contre un tronc. Il retombe sur ses pattes à la verticale du sol, comme si il pouvait marcher sur le tronc mais en fait je peux sentir une petite lame planter dans le bois pour pouvoir tenir. Lillyan se tourne vers moi perplexe.

 

- Pourquoi est-ce que tu t’es montré !!!

 

Il semblait furieux, les yeux sortaient de leurs orbites, je ne sais pas depuis combien de temps il se bat mais à en juger par ses vêtements cela doit bien faire une petite demi heure. J’envoie ses paroles bien au dessus de ma tête me fichant éperdument de ma survie, je refuse qu’on lui fasse du mal ! Et puis de toute manière on le tuera avant même qu’il puisse vendre son information au plus offrant.

 

Je redresse la racine et la fait tourner autour de moi comme un champs de protection. Lillyan me regarde plus attentivement, suivit du chasseurs, il se redresse et se remet en position d’attaque. Se croit il plus fort que nous deux ? Son arrogance le perdra.

 

Si j’arrive à le faire saigner Lillyan pourra le contrôler sans problème, rapidement je me met en position et soulève deux énormes roches du sol, je les lance comme deux boulets de canons sur le chasseurs qui les évitent avec grâce. Son corps dans les airs au dessus du mien se met à tourner sur lui-même, les lames formant une sorte de toupie de la mort. Je souris monte un mur de terre derrière sans qu’il s’en aperçoive. Je fais signe à Lillyan, je jette mes mains en avant arrachant plusieurs branches des arbres morts aux alentours pour les lancer avec la rapidité d’une balle contre l’assaillant, elles sont si rapides qu’à la moindre éraflure, elles peuvent être fatale. Il recule alors mais il se heurte au mur, perturbé il ne remarque pas les lianes de terre boueuse que j’enroule autour de ses jambes, je les durcis. Lillyan au dessus du mur de pierre affiche un sourire triomphant.

 

- Savais tu que la terre est conductrice d’électricité et que la plus grande source d’électricité est juste au dessus de ta tête, dit alors Lillyan

 

Un éclair traverse violemment le ciel, Lillyan l’attire avec toute sa puissance jusqu’à lui comme un paratonnerre, dans un hurlement de guerrier, je bondis à temps sur une racine pour m’échapper du contact terrestre. Une prestation époustouflante des pouvoirs Lillyan qui rabat l’éclair sur le chasseurs qui s’est retrouvé piéger et foudroyer. La forêt tout entière s’est illuminée comme un feu d’artifice, je ressens l’agitation mortuaire du chasseurs.

 

Une onde se déplace dans la forêt aspirant l’éclair dans la profondeur de ses entrailles, après quelques minutes je redescends de ma racine plus confiant, le sol est si chaud qu’il fume encore. Lillyan saute du mur. Le reste carbonisé du chasseurs est enterré, je ne tiens pas à ce qu’on découvre nos emplacements.

 

Lillyan s’avance douloureusement jusqu’à moi, il se laisse littéralement tomber, j’arrive à le rattraper naturellement. La pluie couvrant nos deux âmes en puériles. Il reste encore des mercenaires dans les parages il faut vite s’enfuir même si il faut que je marche sous la tempête toute la nuit. Je soutient Lillyan jusqu’à la planque, là j’y détruit toute nos traces et replace les éléments de végétation.

 

Je me retourne pour aider Lillyan à avancer. Nous repartons sur les traces de la route espérant trouver au moins un groupe de marchand ou de nomades. Je poserai des question à Lillyan plus tard, le plus important et de mettre de la distance avec le groupe de mercenaires.

 

Les éclairs illuminent parfois nos deux corps lamentables au beau milieu d’une terre boueuse et impraticable mais je n’abandonne pas et je prie pour que mes forces non plus ne m’abandonnent pas.

 

- Shin…j’ai un petit problème, chuchote Lillyan

 

Son visage est pâle, je regarde en direction de sa main plaqué sur son ventre, il la retire lentement un long filet de sang recouvre ses habits et marque nos pas comme des empreintes. Il me sourit maladroitement, une sorte de lueur entoure ses mains lorsqu’il les redépose contre sa peau.

 

- Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à arrêter mon hémorragie, il dit entre ces dents.

 

C’était un mercenaire d’Agora mais ces épées étaient en forme de vagues, des épée sûrement imbibées de poison qui empêche le pouvoir de Lillyan. Quelle merde ! Je dépose Lillyan sur le sol, je retire ma tunique que je déchire, je le regarde dans les yeux et lui tiens fortement sa main.

 

- Ecoutes moi Lillyan, ca va être très douloureux mais tu vas devoir te soigner d’une autre façon pour empêcher le poison de se rependre. Dis je alors les dents serrés.

 

Il affirme en déglutissant, je sens déjà la fièvre sur son front, la pluie se mêle à la sueur. Je prend une profonde inspiration.

Je fais remonter une petite racine, lisse et bleu.

 

- C’est une racine de Pépinide, c’est une plante vénéneuse, elle est conçu pour aspirer le mal. Je ne sais pas si ça va marcher mais je vais tenter au moins de retirer le poison de tes veines, elle va monter jusqu’à ton foie. Tout de suite après tu devras créer assez d’électricité pour désinfecter ta plaie par des brûlures.

 

Mes mains se crispent, je hais lui faire du mal mais nous n’avons pas le choix. Au milieu de nulle part, sans aucun moyen de se soigner avec de tels assassins à nos trousses, il faut agir vite. Le mauvais temps ne fait qu’aggraver le cas de Lillyan et je préfère encore lui faire passer un seul quart d’heure maintenant plutôt que de le voir mourir en chemin ! Ca jamais !

 

- D’accord ? Je demande alors conscient de la difficulté

 

Il affirme vivement de la tête avant de laisser une larme coulé le long de sa tempe. Je l’embrasse profondément pour lui donner du courage. Je retire mon bandeau et lui met dans la bouche pour qu’il puisse y mordre.

 

- J’y vais.

 

Je lance la racine de Pépinide dans la plaie de Lillyan, il se raidit immédiatement grimaçant de douleur, elle pénètre dans sa plaie presque avec sadisme, il se tortille dans tous les sens mais j’arrive à maintenir son corps le cœur déchiré. Je me force à ne pas fermer les yeux pour le soutenir. Il s’agite encore plus violemment, le bruit de la chair et des sucions de la plante me donne des hauts le cœurs. Des larmes déferlent à nouveau de ses yeux, il serre si fortement ma main qu’il pourrait me la broyer.

 

Une minute plus tard, je ressors la racine avant qu’elle n’atteigne un organe, un liquide noir ressort juste derrière elle, des restes de poison. Je détruit immédiatement la plante et prend la main de Lillyan pour la mettre à proximité de sa plaie. Il use de ses dernières forces pour désinfecter la plaie, une fois finis, son bras retombe mollement le long de son corps.

 

Je retire le bandeau de sa bouche et le jette à mes pieds. J’essors ma tunique que j’avais retiré et fais un pansement autour de la taille de Lillyan. Ses yeux papillonnent encore difficilement mais il est conscient. Avant de reprendre la marche, j’efface les traces de sang derrière nous en mélangeant la boue. Je relève Lillyan et nous reprenons la marche, moi torse nu à bout de force et Lillyan à moitié conscient anesthésier par la douleur.

 

Alors que nous marchions depuis une heure, mes jambes fléchissent légèrement mais je me rattrape à temps, mes yeux se ferment tout seul. La pluie n’a pas encore cessé et j’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Je ne sens même plus mes pieds, le corps de Lillyan est de plus en plus lourd. Je le regarde et le secoue un peu m’assurant qu’il ne se laisse pas emporter par la mort. Il ne doit pas céder.

 

Une lumière m’aveugle brusquement, n’ayant plus de bandeau je ne vois plus rien. Grâce aux vibrations du sol je peux sentir des pas fluides sur les flaques, des pieds nus, un corps élancé et long. La lumière se baisse et je peux enfin ouvrir les yeux m’attendre au pire mais il ne présente aucune animosité, plutôt de la surprise.

Un homme jeune nous fait face, ses long cheveux descendant jusqu’à ses mi-cuisses, un masque sur les yeux, un aigle argenté sur l’épaule.

 

- Aidez nous, arrivais-je à peine à articuler.

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Voilà tout le manque que j'ai ratrappé ! Ah bientôt les filles si vous avez des questions n'hésitez pas =)

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Vendredi 25 juin 5 25 /06 /Juin 11:05

Mon corps est lourd et faible, mes paupières refusent de s’ouvrir et des images terrifiantes défilent dans mon esprit. Mes parents, l’Oracle et Shin… Tout se brouille, le chaos me fait transpirer d’angoisse et me glace les membres. Je veux échapper à ce cauchemar mais il me retient dans ses liens de manière sournoise et vicieuse : au lieu d’y mettre un terme, il se délecte d’empirer les choses et me voir débattre vainement.

 

Je me réveille en sursaut, le crâne douloureux, le corps brûlant et froid en même temps, le souffle saccadé. Je me calme en sentant Shin allongé contre moi dont la chaleur agissait toujours sur moi comme un médicament. Je me rallonge et l’enserre dans mes bras en gardant les yeux ouverts, refusant de plonger à nouveau dans le cauchemar.

Mais mon corps est tellement épuisé qu’il ne résiste pas bien longtemps au sommeil. Conscient que je vais être de nouveau assailli, je matérialise l’image de Shin dans mon esprit qui agit comme un talisman repoussant mes démons intérieurs. Je serre les dents et colle plus encore le corps de Shin contre le mien en m’efforçant de penser à des sourires heureux.

 

Malheureusement, ceux-ci sont empoisonnés par l’aura néfaste et malsaine de l’Oracle qui me fait revivre toutes mes nuits mon exil. Je n’en parle pas à Shin pour ne pas l’inquiéter d’avantage, sachant que lui aussi souffre de la séparation de ses parents, mais chaque nuit m’épuise un peu plus au lieu de m’apporter le sommeil salvateur et guérisseur.

 

Cette phrase, je n’arrivais pas à me l’ôter de la tête : dès que je ne parlais pas, je m’enfermais dans mes pensées qui repassaient en boucle cet instant fatidique. J’avais bien conscience que Shin supportait de moins en moins mes bavardages et mes caprices mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour ne pas sombrer dans la folie. Si je lui parlais directement, il s’inquièterait et se sentirait inutile en croyant que sa présence ne suffisait pas à me réconforter.

Or, ce n’est pas vrai et je ne veux pas accabler Shin d’avantage : sans lui, j’aurai certainement sombré dans la folie. Et je n’ose pas imaginer ce dont j’aurai été capable avec mes pouvoirs maléfiques et dévastateurs. C’est d’ailleurs l’une des seules raisons qui m’obligent à ne pas laisser attirer par la dépression, mon envie de vengeance était suffisamment violente sans avoir besoin de l’exagérer et de faire subir mon courroux à tous les habitants du monde.

La lumière aveuglante du matin perce mes paupières et dérange mon sommeil qui est devenu reposant mais peu profond. Je gigote et grogne en me retournant pour être dos à la lumière.

 

- Lillyan ? M’appelle la voix douce et inquiète de Shin.

Je cherche sa main, il prend la mienne et je le sens s’affaler contre moi.

- Je m’inquiète pour toi mais comme d’habitude, tu passes ton temps à dormir.

 

Je le rassure en l’étreignant d’avantage. Mon crâne est encore douloureux et je n’arrive pas à formuler de pensée cohérente sans l’amplifier. Shin se met à sangloter de soulagement. J’ouvre les yeux pour l’embrasser et toutes nos contrariétés, nos peurs, nos inquiétudes disparaissent. Comme il le dit si bien, il est là et tout ira bien.

 

- Attends, je vais chercher l’herboriste.

 

Pendant l’absence de Shin, j’analysais mon environnement, apparemment, je suis dans une roulotte peu spacieuse, occupée essentiellement par les trois lits sur lequel je me trouve. Sur une étagère traînent des masques plus ou moins excentriques, des fioles et des livres.

 

Shin revient avec un homme que mon esprit se met aussitôt à sonder par mesure de prudence. Je le laisse m’examiner, il me dit que tout va bien et qu’à la fin de la journée, je serai remis sur pieds.

 

- Je vous laisse parler entre vous mais allez vous présenter au chef de la caravane ensuite.

- D’accord, merci.

J’interroge Shin du regard après son départ.

- C’est donnant, donnant.

- C’est-à-dire ?

- T’as intérêt à avoir une bonne excuse pour l’autre jour, me menace-t-il.

- C’est évident, non ? Je réplique. Si l’Oracle sait que tu es en vie, nous aurons deux fois plus d’hommes à nos trousses.

Et aussi parce que je voulais le laisser dormir mais je savais que si je lui sortais ça, je m’en prendrais une.

- C’est vrai que c’était très intelligent de me laisser tout seul, dans l’abri, dans un profond sommeil, complètement démuni face à la moindre attaque.

- Je l’ai senti arrivé, je n’ai pas réfléchi, je me suis élancé pour le devancer et le prendre par surprise.

- Résultat, tu as failli mourir. Tu sais pourtant que personne ne peut nous arrêter quand nous sommes tous les deux. Il n’aurait pas pu faire un pas que nous l’aurions déjà achevé.

- Excuse-moi de m’inquiéter pour toi, je réponds bourru, vexé de me faire disputer alors que je voulais le protéger.

- Tu crois que je ne me suis pas inquiété quand j’ai vu que tu avais disparu ? Au lieu de t’inquiéter inutilement pour moi, j’espère que la prochaine fois, tu réfléchiras un peu.

Je détourne le regard et boude.

- Heureusement, nous sommes tombés sur cette caravane, reprend-il. Ils ont tout de suite compris que la situation était grave et nous ont hébergés le temps que tu reprennes des forces. En attendant, je me suis pris un savons quant à notre manière de nous organiser pour un si long voyage.

- En même temps, ce n’est pas comme si nous l’avions décidé.

- Tu penses bien que je me suis gardé de leur dire toute la vérité. Enfin, nous avons de la chance : c’est une caravane de marchands qui nous a offert l’hospitalité. Ils nous permettront de voyager avec eux jusqu’à Kalin.

- Oui mais nous allons devoir inventer notre histoire.

- Lillyan, nous ne sommes pas des comédiens. Tu ne crois pas qu’ils verront tout de suite que nous jouons la comédie ?

- Peut-être mais je n’ai pas tellement envie de dire que je suis un exilé et que tu es censé être mort.

- Je sais mais je pense que nous nous trahirons tout de suite.

- Mmmmmmmh, changeons au moins de prénom. Ensuite, nous dirons que nous nous rendons à la capitale de Maru pour rendre visite à nos parents après avoir fini nos études à l’Ecole d’éminence.

- Pourquoi avoir étudié là-bas alors qu’il y a une très bonne école à Kalin ? Objecte Shin.

- Parce que nos mères sont originaires d’Agora et que nous rejoignons nos pères pour les vacances.

- Et pourquoi…

 

Shin m’agace à soulever objection sur objection mais toutes ces questions qui lui viennent à l’esprit sont autant de questions que les autres nous poseront. Nous préparons donc notre histoire avec minutie et le plus de cohérence pour être prêts à répondre au chef de la caravane.

 

J’accuse le tournis en me relevant et Shin me soutient pour marcher. Malgré ce qu’a affirmé l’herboriste, je suis encore faible. La caravane n’est pas très grosse, je remarque seulement trois roulottes en tout sauf que celle où je dormais est en fait bien plus grosse que ce que je pensais. Les gens nous dévisagent lorsque nous traversons le terrain pour gagner la roulotte du chef de la caravane. Le temps est toujours orageux, une chaleur moite alourdit dans l’atmosphère tandis que des nages sombres s’amoncèlent au-dessus de nos têtes. Et ce n’est pas dû uniquement à la tombée de la nuit.

 

- Comment allez-vous jeune homme ? Se renseigne-t-il.

- Bien, merci, grâce à vous.

- Vous avez été attaqués par des bandits, c’est ça ?

- Oui.

- Mais qu’est-ce que vous faisiez seuls tous les deux sans arme en pleine nature ?

 

A cet instant, je comprends ce qu’a voulu dire Shin en disant qu’ils ne nous croiront pas. Bien sûr, comment pouvons-nous nous retrouver sans vivre, sans escorte, perdus au milieu de nulle part alors que nous sommes censés rendre visite à nos pères ?

 

- Nous étions partis pour Kalin mais nous avons été séparés de notre groupe par une attaque de bandits, explique Shin.

- Si vous me racontiez la vérité, plutôt ? De simples bandits ne se battent pas avec une lame mortellement empoisonnée et à voir votre état, vous n’avez pas eu de conditions de vie décente depuis plusieurs jours.

Shin me consulte du regard, je me ferme en secouant négativement la tête. A un premier sondage, cet homme a l’air bon mais notre situation était trop précaire pour que nous la révélions au grand jour.

- Nous avons… des ennuis.

- Je vois ça. Mais il faut être fou pour prendre la route sans une seule carte, sans nourriture ni eau avec des assassins à vos trousses.

- Nous n’avons pas eu le temps de nous préparer.

- Et…

- Merci mais nous sommes juste venus vous remercier, les coupai-je. Nous n’allons pas vous ennuyer plus longtemps.

- Ne soyez pas stupides, je ne vous ai pas sauvés pour vous relâcher dans la nature comme des sauvages.

- Monsieur, comme vous l’avez compris, nous ne sommes pas dans une situation facile et nous ne voudrions pas vous vous créer de problèmes.

- Ne vous inquiétez pas pour nous, ce n’est pas nous qui partons sans aucune préparation. Vous pensez bien qu’une caravane de marchands qui part sur les routes se doit d’être encadrée et nous voyageons en famille depuis de nombreuses années en ayant toujours fait face aux dangers de la route.

- Mais comme vous l’avez remarqué, ce ne sont pas à de simples bandits que nous avons affaire.

- Les grands seigneurs sont les pires bandits que j’ai eu à affronter et je suis toujours libre d’errer sur les routes avec ma marchandise. Bon, écoutez, je ne vais pas vous forcer mais comme nous n’avions pas direction précise, aller à Kalin ne nous posera pas de problèmes. Et vos ennemis pistent deux garçons terrifiés et isolés, pas une caravane de marchands.

- Mais vous irez trop lentement, je contre. Ils auront largement de croiser votre route et de nous reconnaître.

- Ne nous sous-estimez pas jeune homme.

Shin me prend violemment par le bras pour me mettre à l’écart :

- Qu’est-ce qui te prend ? C’est pas toi le premier qui voulait croiser une caravane de marchands pour faire route avec eux ?

- Et toi, ça en te semble pas bizarre qu’il insiste ?

- Ton don de télépathie ne te met pas en alerte ?

- Non mais il y a quand même quelque chose qui me tracasse. Pourquoi insisterait-il à prendre en charge deux inconnus perdus, affamés et traqués qui ne peuvent rien lui offrir en échange ? En plus, en admettant qu’il soit honnête, nous risquerions de lui attirer des ennuis.

- Lillyan, je comprends ta réticence mais nous n’avons pas le choix. A ce rythme, nous ne survivrons pas à notre expédition, nous ne sommes pas du tout préparés et ces marchands sont notre unique chance.

- D’accord, mais tiens-les à l’œil. Je n’ai pas confiance.

Nous nous retournons vers le chef de la caravane pour donner notre accord.

- Savez-vous vous battre ?

- Oui.

- Alors, vous servirez de garde.

- Je croyais que vous étiez bien encadrés ?

- Chacun de nous sait se battre mais défendre sa vie et son charriot n’est pas chose facile or perdre sa marchandise est la mort assurée pour un marchand. Nous avons deux mercenaires, vous, vous prendrez en charge chacun des autres charriots, vous verrez avec Elovic et avec les marchands. Quels sont vos noms ?

- Je suis Roban et voici Kilvin.

 

Nous nous serrons la main et il nous emmène voir Elovic avant de nous laisser. Son accent roque fait écho à sa carrure musclée taillée dans un roc. Je tressaille en le voyant et, instinctivement, je cherche à prendre la main de Shin pour le protéger. Le gars est sûr de lui mais quelque chose en lui ne me fait pas confiance.

 

- Salut les jeunes, alors, vous prenez la relève ? Lance-t-il amicalement.

- La relève ?

- Ouais, le fils du petit père a chopé une mauvaise angine, et il est arrêté depuis hier. C’est lui qui vous a trouvés sur la route. Donc je suis tout seul pour me charger du troupeau.

- Troupeau ?

- Ouais, de la caravane, quoi ! Bon, v’nez par là.

Il nous entraîne à l’écart à côté des cheveux et il prend une brosse pour faire semblant de travailler.

- Faites gaffe, les jeunes, il est pas net, le petit père, avec vous.

- Pourquoi ça ? Je demande méfiant.

- Il a pas un peu insisté pour vous demander de rester ? En vous faisant croire que la sécurité était maximum et que c’était plus prudent pour vous de rester avec eux ?

- Oui.

- En fait, il a pris contact avec les autorités le jour même où il vous a trouvés. Toi, petit gars, t’as rien vu, trop occupé à veiller ton copain. Mais, moi, j’dis que ça sent le traquenard et vous feriez mieux de partir maintenant tant qu’ils croient vous avoir mis en confiance.

- Mais il nous a à l’œil, maintenant, observe Shin. 

- Oh, je vais vous envoyer partir en reconnaissance, il ne se doute pas que je suis au courant de sa magouille.

- Mais pourquoi avoir prévenu les autorités ? Nous n’avons rien fait de mal et il n’a aucune preuve en plus.

- Non, mais trouver deux gamins en fuite, soit ils ont fugué soit ils fuient quelque chose. Dans tous les cas, ils sont hors-la-loi.

-  Quelle direction devons-nous prendre pour aller à Kalin ? Interroge toujours Shin que je laisse mener sa barque.

- Gardez la direction du nord en suivant la route, d’ici une vingtaine de kilomètres, vous atteindrez une grosse bourgade où vous obtiendrez plus d’infos. Tenez, une petite bourse pour la route.

- Nous ne pouvons pas, c’est votre salaire.

- Vous inquiétez pas, je risque pas de mourir de faim ici et si vous tombez sur des fermes isolées, vous pourrez toujours leur acheter de la nourriture. Bonne chance, les petits gars.

Shin remercie chaleureusement Elovic et nous nous enfonçons donc dans la forêt pour partir en reconnaissance.

J’observe notre environnement et c’est à l’abri d’un grand chêne et loin des regards que j’arrête Shin.

- Ecoute les vibrations de la forêt, s’il te plait.

Il ferme les yeux et s’exécute sans poser plus de questions.

- Des chevaux martèlent le sol.

- Combien ?

- Au moins deux, plus une dizaine de bandits à pied. Elovic ne sera pas assez fort pour défendre la caravane à lui tout seul.

- Elovic ne défendra pas la caravane…Je t’expliquerai plus tard, toi, essayes de les ralentir, moi, je retourne sur place, m’expliquer avec Elovic.

- Fais attention à toi, me retient-il, tu n’as pas totalement récupéré.

- C’est pour ça que je te demande de retenir le plus gros de la troupe. Je pourrai me charger d’Elovic et son compère, le temps que tu rappliques.

 

Il m’embrasse sur les lèvres et je m’élance. Déjà, je sens la terre se remuer et frémir d’excitation. Au-dessus de nous, le ciel se charge d’électricité. Nous ne pouvions pas avoir de meilleures conditions pour nous battre, cependant, je préfère me battre à l’épée plutôt que de faire une démonstration de mon pouvoir à ces inconnus.

 

Je me faufilai discrètement entre les arbres et les branches mortes pour arriver au campement : si la terre était l’élément de Shin, la forêt était mon milieu naturel et j’avais l’habitude de me déplacer sans bruit à travers elle. Sur le chemin du retour, tout se mettait en place : si le marchand avait insisté pour nous garder, c’est parce qu’il avait dû comprendre que nous savions nous battre et qu’il savait que son unique garde manigançait quelque chose avec son fils malade sans pouvoir le surveiller et Elovic nous a offert sa bourse en espérant accélérer notre départ et ne pas le déranger dans son plan. Dommage pour lui, il ne savait pas que je suis doté du don de télépathie et c’est de lui qu’émanait cette désagréable sensation négative qui m’habitait depuis que j’étais sorti de la roulotte.

Au campement, les choses avaient déjà commencé et Elovic et son compère tenaient en respect les six marchands plus le fils. L’agacement qui les anime en ne voyant pas leurs hommes arriver. Je fais le tour du campement et identifie la roulotte du marchand d’armes avant de m’y faufiler dans par derrière. Après un rapide regard, je tire de leur fourreau deux épées de bonne facture, bien qu’elle ne vaille pas celles de mon père.

 

J’attaque sans crier gare Elovic par derrière qui pare maladroitement en trébuchant. Aussitôt, je me retrouve assailli par son complice. Son épée fend l’air sans aucune maitrise et j’évite facilement son attaque avant de me plier en deux et de m’élancer pour l’embrocher sur la pointe de mon épée. Il grogne et se recule mais la pointe de mon épée est rouge de son sang et en redemande. Un bruit sifflant m’avertit qu’Elovic revient à la charge, je l’évite d’un simple quart de pas et coupe l’air à l’horizontale mais il pare mon attaque avec son épée dans un entrechoc de métal.

 

Tenir une épée en main me fait bouillir d’excitation. J’ai l’impression que ça fait des années que je n’en ai pas tenu une en main. C’est comme si je retrouvais mon père : la sensation qui me gagne est la même que celle qui m’anime quand je me battais avec mon père, ce désir de vaincre ce grand homme dans son domaine. Tous mes méninges se mettaient en route, mon corps entier se bandait et s’élancer avec cet unique but de le mettre à terre, de le faire reculer jusqu’à son foyer. Et franchement, contre le plus puissant forgeron du pays, ces deux bandits ne font pas le poids. Ils parent maladroitement mes plus faibles attaques alors que j’avais cru avoir affaire à de redoutables guerriers.

Comment ce marchand avait-il pu les engager ?

 

Ils s’élancent tous les deux sur moi et, dans un geste circulaire, mon épée frappe mes deux adversaires qui vacillent en regardant, sans comprendre, leur main s’imbiber de sang. Ils titubent avant de s’écrouler par terre. Le combat n’a pas duré deux minutes et c’est tant mieux car malgré le faible niveau de mes adversaires, je sens déjà la tête me tourner et je lutte contre le vertige pour aller libérer les marchands.

 

Shin arrive peu de temps après, maculé de boue mais sain et sauf.

 

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Pas trop de retard cette fois ! Du moins avec vous ! J'ai énormément de boulot et je travail comme une mule !

J'ai déjà commencé à écrire la dernière mais je l'ai plus continuer depuis un petit moment...

Enfin bref !

Je dois aussi écrire mon chapitre d'Agora mais pareil, je trouve jamais le temps ! Il va falloir que je me bouge un peu le cul MDR

Je vous fais plein de bisous

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Jeudi 1 juillet 4 01 /07 /Juil 23:31

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Je rejoins Lillyan peut de temps après avoir mis la pater à cette bande de mercenaire pas fichu de se battre correctement. Il avait réussi à venir à bout de Elovic sans utiliser son pouvoir de manipulation de corps, ce qui n’était pas étonnant, après tout son père était un maître d’arme impressionnant et il avait forgé son fils à son image.

Lillyan range son épée, le regard sévère comme à chaque fin de combat, cette beauté angélique disparait totalement pour me faire frissonner, ses yeux blanc ont perdu toutes leur innocence mais acquièrent un charisme pénétrant. La tension est palpable. Je m’approche silencieusement et lui tend un bout de tissu, il reconnait lui aussi l’insigne d’Agora et le serre dans son poing jusqu’à le faire couiner. Le bruit de la lame dans son fourreaux et nous voilà déjà repartit pour aller prévenir le chef de la tribu. A peine Lillyan était il devant la porte de roulote du chef qu’elle vole en éclat, rare était les fois où je voyais mon amant dans une telle fureur. Il sort l’épée si rapidement que j’eu à peine le temps de la voir et le chef était déjà à ses pieds, tremblant de peur, la pointe du fer à quelques millimètres de sa carotide offerte.

 

- C’est l’heure de vérité. Grince Lillyan

- Ce que mon ami essaye de vous dire, dis je pour tempéré sa fureur, c’est que vous n’avez pas été très honnête avec nous, qu’est-ce qu’un groupe de mercenaire armée jusqu’au trou du cul fait sur vos traces ? D’autant plus qu’ils vous suivaient depuis un moment puisqu’ils vous avaient infiltrés.

- Réponds ! S’écrie Lillyan.

L’homme tentait d’articuler mais ses yeux étaient rivés sur la lame. La sueur perlait déjà sur son front.

- Laissez le ! S’exclame une voix fluide derrière nous

 

Lentement je me retourne, un homme à la carrure féline nous fait face, des bandeaux sur sa peau me laisse un goût de déjà vu. Un masque bleu, un aigle argenté sur l’épaule.

 

- Il ne vous a pas menti.

 

Je reconnais l’homme qui nous a sauvé dans la forêt. Il retire doucement son masque et laisse voir ses yeux en amande d’une couleur rubis. Je crispe mes mains. Ses long cheveux noirs tombent jusqu’à la chute de ses reins, un visage presque trop féminin.

 

- Ces mercenaires étaient en réalité à mes trousses. Dit il alors

- Tu es fou Raine ! Remet ton masque ! S’écrie le marchand

- Il serai temps de nous dire la vérité, dit Lillyan

 

Il range son épée et tend sa main au marchand pour l’aider à se relever, de mon côté je reste stupéfait face à ce garçon si étrange. Quelques minutes plus tard, pendant que le chef nous apporte de quoi boire, il se décide enfin de nous dire la vérité sur la tribu étrange.

 

- En vérité mes garçons nous sommes nous aussi recherchés par les autorités locales, nous voyageons comme des marchands ambulant de Maru pour éviter de se faire repérer. Il y a de ça, six ans, nous étions encore un petit peuple qui ne cherchait que la tranquillité à la frontière de Maru et Cléone, jusqu’au jour où Agora nous ont attaqués. Ce fut d’abord un réel massacre puis une occupation militaire et enfin une extermination. Il ne reste maintenant de notre peuple que quelques tribus ambulantes comme la notre qui survivent en faisant du commerce ou en brigandant. Si nous sommes recherchés aujourd’hui c’est parce qu’ils cherchent Raine.

« Notre tribu a habité ce qu’on a appelé les Androgynes, longtemps associé à des demi-dieux personne n’aurait jamais osé s’attaquer à eux. Personne sauf un dieu lui-même. »

- L’Oracle…, murmure Lillyan

- L’histoire d’Agora a complètement effacé cette histoire sombre de leurs ouvrages mais toutes les autres nations connaissent le génocide des Androgynes. Ils naissent parmi les peuples, mi homme mi femme, albinos, nul n’est sensible à leur charisme et possèdent ce don incroyable qu’est l’hypnose. Vous avez dut le remarquer, les mercenaires que vous avez combattu portait l’insigne d’Agora, dit il à mon intention. Raine est le dernier androgyne vivant et l’Oracle tient à tout prix à s’en débarrasser.

- Pourtant je ne présente aucune menace potentielle, je veux dire, je ne suis pas un réel demi-dieu. Dit alors Raine

 

Nous nous regardons avec Lillyan, nous savions exactement pourquoi l’Oracle voulait retrouver Raine, tout comme les Nuées Nova. Ce n’était qu’un trophée de plus dans sa collection.

 

Alors que le sang bouillait dans mes veines de haine contre cet homme encore qualifié d’Oracle, je ne pu empêcher un rire cynique s’échapper de ma bouche. Les deux hommes devaient me prendre pour un fou.

 

- Il ne veut pas te tuer, annonce gravement Lillyan

- Il veut te capturer, je complète alors un sourire sournois sur les lèvres

- Comment pouvez vous le savoir ? Demande alors le marchand

- Parce que nous sommes agoriens. Je leur avoue. Je ne m’appelle pas Kilvin, mon véritable nom est Shinrei Mauran. Je suis le fils de l’amiral Mauran et officiellement mort. Et lui c’est Lillyan, Lillyan Valeilles, fils du grand forgeron Zenon. Il est le dernier homme en exile à ce jour d’Agora.

 

Les deux hommes restent perplexe, le chef nous regarde de ses grands yeux incrédules alors que Raine commence un peu à digérer la nouvelle. Toutes les nations connaissent nos noms, nous sommes incontournables puisque, fils de grands hommes, nous n’échappons pas à la reconnaissance. Ce qui actuellement nous donne un réel inconvénient. D’autant plus qu’Agora n’a plus exilé depuis des siècles, le fait que Lillyan le soit doit titiller leurs curiosités mais aussi les effrayer jusqu’au plus profond de leurs entrailles.

 

Je savais que Lillyan était d’accord pour dévoilé nos identité, je savais lire en lui, maintenant que nous étions tous quatre complice de l’existence des uns et des autres nous étions liés par une sorte de serment au secret. Ainsi nous sommes sur un pied d’égalité et puis ce n’est pas très fairplay de leur exiger la vérité alors que nous n’avons fait que mentir depuis le début. Chose que je déteste.

 

- Des cheveux brun et des yeux de Lune, murmure Raine en dévisageant Lillyan, le peuple des Chutes Rapides m’en n’ont parlés.

 

Je sens m’étrangler lorsqu’il prononce le nom de la population qui nous a attaqué il y six ans !

 

- Des hommes des Chutes Rapides ? Où étaient ils ? Je demande alors brusquement

- Proche du lac céleste au Sud de Kalin. Vous savez ce sont des nomades un peu étranges.

- Qu’ont-ils dit sur moi ? Demande Lillyan

- Je n’ai pas tellement compris, je ne parle pas bien leur langue. Tout ce que je sais c’est qu’il parlait d’une légende, un garçon qui naîtrait avec des cheveux noir comme la nuit et des yeux blanc comme la Lune. C’était il y a très longtemps mais c’est bien la première fois que je rencontre une garçon avec des yeux blancs. Alors ça m’est revenu.

- Vous vous souvenez de ce que racontait cette légende ? Je demande alors curieux

 

Mon père nous parlait d’une menace, la menace que nous représentions aux yeux de l’Oracle, il disait également que le peuple des Chutes Rapides avaient trouvés le moyen de tuer l’Oracle et maintenant cette légende qui désigne précisément Lillyan ! Ce même Lillyan attaqué il y a six ans par des chasseurs des Chutes Rapides. Cela fait bien trop de coïncidences.

 

- Absolument pas. Me répond sincèrement Raine

 

Que faisons nous maintenant ? Je sens pourtant que je brûle, que la réponse n’est plus loin mais avant d’aller rendre visite à ce peuple nous devons nous rendre à Kalin et cela, sans se faire arrêter avant, ce qui n’est pas garantit en restant avec un être aussi recherché que nous. Cependant, je voyais dans ce voyage un moyen de mieux en apprendre sur le peuple d’Androgyne et voyager avec un toit et des vivres.

 

- Voyagez ensemble ne serait pas une bonne idée, chuchote Lillyan

Nous nous étions écartez des deux autres pour discuter à l’extérieur.

- Réfléchis un peu, on a aucun moyen de survis seuls. On doit voyager avec eux au moins jusqu’à Kalin.

- Je n’ai toujours pas confiance en ce marchand tu sais…, il murmure, il m’a l’air louche ! Et si tu veux mon avis il est bien content de savoir qui nous sommes.

- Que peut il faire contre nous sincèrement ?

- J’avoue. Seulement je suis désolé je ne me sens pas à l’aise. Encore cet Androgyne je ne dis pas, il a l’air assez honnête, autant l’autre a un air de manipulateur.

- Au pire des cas on peut toujours les quitter au prochain village.

- Alors faisons ça.

 

Enfin d’accord sur notre itinéraire je m’en vais prévenir le chef que nous ferons le voyage avec lui jusqu’au prochain village, il accepte tout en m’indiquant que nous étions qu’à quatre jour d’un petit patelin. Je le remercie froidement avant d’aller dans la roulotte de Raine où Lillyan m’attendait déjà. Nous étions tous les trois recherchés, nous avions donc décider de porter des masques nous aussi, le miens était fermés aux yeux, ainsi je pouvais retirer mon bandeau. Je l’accroche autour du bras au cas où. Lillyan opte pour un masque noir et argent. Il regarde son reflet dans le miroir et émet un soupire las. Je m’approche alors, profitant que Raine ne nous regarde pas et je l’entoure par la taille pour le serrer contre moi. Il laisse sa tête basculer sur mon épaule et ferme les yeux d’épuisement.

 

- Je vais m’entraîner. Dis je alors en déposant un baiser en effleurant son cou

- Je viens avec toi.

- Faire quoi ? Demande Raine

- Nous entraîner.

- Très bien.

 

Il nous sourit avant de fermer la porte de sa roulotte, il est formellement interdit de sortir sous ordre de son père, je suis soulagé quelque part j’avais peur qu’il nous suive. Alors que tout le monde c’était remit en route, Lillyan et moi nous nous battions sur le toit des roulotes. Nos rythmes étaient de plus en plus marqués, à chaque combat j’avais l’impression que tout était automatique en même temps si maîtriser. Personne ne pouvait le nier, nous étions fort.

Je paraît facilement les coups de Lillyan tout comme il paraît les miens avec le sourire, chaque fois que nous nous entraînions ensemble c’était une réelle joie qui s’exaltait de nos corps. J’étais sous le charme de sa fluidité, de son aisance, de sa rapidité. Presque déstabilisé, à tel point qu’il réussit à me prendre par surprise et me bloquer au sol, en califourchon sur moi tenant mes bras en croix sur le torse.

 

- Tu te trouves bien bête dans cette position.

- Tu penses ? Dis je en arquant un sourcil

 

Je viens chatouiller son oreille avec une feuille, il s’agite brusquement et s’écarte de moi, il attrape la feuille avec une dextérité impressionnante croyant surement que c’était insecte. Il reste blasé en voyant la feuille verte et se retourne vers moi : je riais déjà à m’en faire mal au ventre.

 

- Quel technique de gamin, il sourit en jetant la feuille

- Des fois tu es trop sérieux.

- Et c’est toi qui dis ça ? Monsieur Shin le Sage ? Je n’ai jamais vu quelqu’un être aussi sérieux que toi.

- Je sais me détendre. Même si c’est seulement en ta présence…

 

Lillyan sourit tendrement avant de s’approcher et m’embrasser avec douceur. J’apprécie le baiser sentant mon cœur se gonfler, je ne peux m’empêcher de l’approfondir en l’entourant des bras. Il se détache lentement de moi sans me quitter des yeux. Deux minutes plus tard nous étions assit sur le bois du toit, sentant toutes les bosses de la route boueuse, le ciel encore bien chargé ne laissait même pas transparaître une minuscule petit rayon de soleil. Lillyan pose sa main sur son ventre avant de grimacer doucement, je le scrutais du coin de l’œil inquiet, il n’est pas totalement guéri, la blessure devait s’ouvrir lorsqu’il faisait trop d’effort.

 

- Il va encore pleuvoir, il dit las

- Sûrement. Cette fois on sera à l’abri. Dis je pour le rassurer

 

A peine une heure plus tard les premières gouttes tombaient déjà sur le bout de mon nez, nous sommes rentrés sans plus attendre pour nous mettre à l’abri. Une petite roulote avait été aménagée rien pour nous, certes ce n’était pas du luxe mais c’était déjà bien. Je pouvais me reposer sur le lit pendant que Lillyan partait se lever. Il entre dans la roulote tout propre, je suis parti à mon tour et suis vite revenu détestant me laver chez les autres. Je jette mes effets sur le sol sans plus de délicatesse et m’écrase à côté de Lillyan qui s’était entendu sur le petit bout de lit que nous avions. Toutes mes forces semblent m’abandonner, la pluie me berce. Lillyan en revanche est tendu, il réfléchit, il réfléchit beaucoup trop.

 

Peut être pense-t-il à cette légende inconnu parlant d’un homme qui a les même attrait que lui ? Peut être tente-il de prier silencieusement pour ses parents ? Je ne suis pas télépathe et parfois je me dis que j’aimerai bien connaître la moindre pensée de mon amant. Je me serre alors contre lui, l’obligeant à venir se poser sur mon torse pour dissiper ses peurs et ses doutes. Les jours ne nous ont pas porter chance jusqu’à maintenant, espérons que cette fois nous pourrons dormir l’un contre l’autre sans que personne ne vienne nous déranger.

 

_____________________________________________________________________________________________

 

Youhou ! Je suis pas en retard AMEN !!!

xD

Bon les filles j'ai un peu de temps devant moi !

Demain donc, je vais pouvoir écrire ENFIN ! Je vous promet donc une suite de "la dernière avant la prochaine" =)

 

En ce qui concerne Agora, on peut dire qu'on a avancé ! On parle maintenant d'une légende qui semble étrangement décrire Lillyan ! Et qui plus est ! Ce sont les habitants des Chutes rapides qui en parlent, ceux là même qui les avait attaqué et qui avait engendré tout ce bourbier !

Donc ! Il existe forcément un lien !

Vous en saurez plus prochainement car cette légende est très compliqué, et c'est là toute la trame de l'histoire !

 

Lilly m'a écrit le chapitre 42 de Agora :p. Je vais tenter de lui rendre l'appareil demain XD

Mais ca c'est pas encore sûr !

MDR

En tout cas j'en profite que mon chéri soit malade pour avoir du temps à consacrer à l'écriture !

et à vous par la même occasion..

 

Je tiens à remercier toutes mes lectrices qui sont encore là !

Bisous les filles je vous aime !!!

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Lundi 12 juillet 1 12 /07 /Juil 18:44

Nous exploitons ces quelques jours de tranquillité pour nous détendre, nous entraîner et profiter l’un de l’autre. Comme en ce moment où je suis tranquillement allongé contre Shin, le serrant dans mes bras, alors qu’il était tout endormi. C’est dans ces moments-là, je me sens vraiment bien, en paix avec moi-même et je fusille du regard la moindre personne qui ose s’approcher de lui. Il gigote dans son sommeil et se serre un peu plus contre moi.

- Tu ne dors toujours pas ?

- Non, je n’ai pas sommeil, je mens.

- Tu fais encore tes cauchemars ?

- Désolé mais je n’arrive pas à penser à autre chose.

- Ne t’excuse pas, je comprends, me rassure-t-il, compréhensif.

- Non, c’est nul, faut que je m’y fasse, je vais pas rester coincé sur un truc comme ça.

- Lillyan, tu as été le premier homme d’Agora à avoir été exilé depuis des années et ça s’est passé d’une manière brutale. C’est normal que tu sois encore sous le choc.

- Je sais pas, j’ai l’impression d’être faible à ressasser et ça tourne au cercle vicieux parce que je me dis que papa m’aurait désapprouvé et du coup, je pense à lui et…

- Lillyan, m’arrête-t-il. Hier, tu as gardé la tête froide et ainsi pu sauver la caravane, l’autre jour, tu t’es battu pour me protéger. Tu n’es pas faible : dans les moments les plus difficiles, tu sais faire face à la situation et sauver les gens. Alors, cesse de te tourmenter et accepte-toi.

- Comment ça ?

- J’ai l’impression que tu te rejettes à cause de ton exil, que tu as voulu me protéger pour me prouver que tu pouvais encore te montrer utile. Pour moi, tu n’as pas changé, tu restes mon meilleur ami et amant.

Je resserre mon étreinte et il répond à la mienne en venant m’embrasser. Ses lèvres douces se posent avant de laisser sa langue chaude s’enrouler autour de la mienne.

 

- Dors, c’est moi qui veillerai sur toi, reprend-il alors qu’il m’allonge sur la paillasse et se met à masser mon crâne.

Je me laisse aller sous ses caresses et je m’endors.

 

Je me lève tard le lendemain matin, n’ayant pas dormi aussi bien depuis longtemps. La caravane s’est arrêtée au bord d’un lac, dernier point d’approvisionnement en eau avant d’arriver au prochain village. Je rejoins Shin et Raine qui discutaient assis sur le tronc d’un arbre.

- Voilà le gros dormeur.

- Salut, dis-je.

Shin me donne à manger et je me joins à leur conversation.

- Tu veux nous accompagner ? Je m’étonne. Nous ne sommes pas vraiment les meilleurs gardes du corps que tu puisses vouloir.

- Détrompe-toi, vous êtes vraiment balèzes tous les deux quand je vous vois vous entraîner. Mais c’est surtout que ma présence au sein de cette caravane met les marchands en péril.

- Je crois qu’on a suffisamment de nous deux à gérer contre l’empire, je remarque.

- Bof, un de plus ou un de moins, ça peut pas vraiment faire de différence et je pourrai peut-être vous être utile.

- En quoi ?

- Par exemple, je suis incapable de me perdre une fois que je connais la destination. Et en partant avec moi, je suis sûr que les marchands vous donneront de quoi acheter des vivres au prochain village.

- Je vote pour ! Je m’exclame.

- Lillyan ! S’exaspère Shin.

- Ben quoi ? Je réponds, innocemment.

Il se contente de lever les yeux au ciel en se plaquant la main contre son front.

 

La caravane reprend la route et Shin s’assit à côté de moi tandis que je mène notre roulotte. Il pose sa tête contre mon épaule, je sens qu’il a des reproches à me faire.

- Tu aurais pu me demander mon avis avant d’accepter.

- Il est digne de confiance et franchement, nous ne serons pas trop de trois si nous devons affronter mon père.

- Lillyan…

- Ne t’inquiètes pas, je n’ai pas oublié ce que tu m’as dit hier soir, je parle objectivement.

- Mmmmmmh, je suppose que tu as raison. Mais peut-être aurons-nous eu le temps d’enlever ta marque et alors nous ne serons plus obligés de l’affronter.

- Je ne sais pas.

 

Au fur et à mesure que nous progressons, je sens mon malaise s’amplifier. Tout est bien trop calme, silencieux. Le changement est radical par rapport à la fureur que nous a fait vivre la nature ces derniers jours mais l’absence totale d’être humain me déstabilise. Certes, j’ai l’habitude de vivre dans la forêt mais je n’y ai jamais passé plus de deux jours entiers. Surtout que j’étais censé être traqué par des mercenaires de l’empire.

 

- Tout va bien, Lillyan, tu as oublié à quel point la nature pouvait être paisible ? Me demande Shin, taquin.

- Mmmmmmmh.

 

Le voyage fut des plus tranquilles et reposant. C’est vrai que ces derniers jours, tout s’était précipité et c’était sûrement pour cette raison que je n’avais pas réussi à me calmer.

 

Je partage ma dernière nuit d’intimité et de tranquillité avec Shin avec la ferme intention d’en profiter car dès demain, Raine voyagera avec nous, et c’est après une nuit endiablée que je retrouve le sourire.

- Toujours la même chose, hein ? Ah là là, et moi qui croyais que tu étais en perte d’identité alors que tu étais juste en manque de sexe.

Aucune réplique décente ne me vient à l’esprit et je l’embrasser pour le faire taire.

L’avoir près de moi, c’est tout ce dont j’avais besoin.

 

Le lendemain, nous atteignons le village en fin de journée. La caravane reste en retrait de la ville mais le chef et Raine nous accompagnent pour parler au maire tandis que nous allons explorer le village après avoir aidé à desseller les chevaux et installé le campement.

 

La journée avait bien avancé et le village, bien que petit, fourmillait d’activité : les pères rentrent des champs après une dure journée de travail, les bambins courent dans leur direction en se faisant rappeler vainement par leur mère. Mais leur regard nous rendait mal à l’aise mais ça devait être normal : après tout, c’était la première fois que j’entrais sur une terre étrangère.

- Restez prudents, nous prévient le chef, partez en reconnaissance et essayez de discuter avec les villageois.

Nous fîmes le tour rapidement, il ne devait pas y avoir plus d’une trentaine d’habitations. Il n’y a pas d’auberge ni de marchands d’armes, la seule boutique du village est tenue par l’herboriste du village. Nous entrons.

- Bonjour, lance Shin.

La commerçante nous jette un regard soupçonneux mais reste polie.

- Que puis-je pour vous ?

- Et bien, nous venons d’arriver dans votre village après plusieurs jours de route et nous voudrions savoir s’il y avait une auberge dans le coin.

- Y a pas vraiment d’auberge mais vous pouvez demander au vieux Miarty. Il a toujours de la place chez lui.

- Où est-ce ?

- La troisième maison sur votre droite en partant d’ici. C’est pas difficile à trouver, c’est toujours bruyant de monde.

- Très bien, merci.

Quelques secondes plus tard, nous frappions à la porte de ce fameux Miarty. L’ambiance est effectivement au rendez-vous avec pas moins d’une vingtaine de clients qui hurlent, dansent et crient. Mais lorsque nous nous joignons à la fête, encore une fois, les regards deviennent soupçonneux.

- Oui, c’est chez moi, nous répond le petit homme bourru sur un ton jovial au crâne chauve. C’est pourquoi ?

- Juste boire un verre, sourit Shin.

- Ah, vous venez de loin, vous ! Allez, rester pour la nuit, ça vous fera du bien ! Le prochain village est à une semaine de marche.

- Une semaine ? Rouspète Shin. C’est vraiment tentant mais nous n’avons pas les moyens. 

- Faites pas de manière, c’est pas une auberge ici. Vous payerez en vous rendant utiles.

- D’accord, nous acceptons. Nous allons chercher un ami.

- Allez-y, plus on est de fous, plus on rit !

 

Nous partons avec le sourire et retournons au campement et profitons des deux dernières heures pour discuter argent. Le vieux marchand tient à tout prix à nous remercier de les avoir sauvés l’autre jour et de prendre Raine avec nous et bien que la somme soit plus que généreuse, au regard du peu que nous avons fait, mais nous acceptons avec bon cœur, sachant ce qui nous attendait.

 

Nous retournons chez Miarty en discutant tranquillement et notre surprise est grande de constater que, une fois sur place, nous sommes cernés par les mêmes gens qui faisaient la fête un peu plus tôt.

 

Pourquoi mon don de télépathie ne m’a-t-il pas averti ? Peut-être parce qu’alors, aucune intention malveillante ne les animait et que du coup, j’ai baissé ma vigilance.

- Des cheveux bruns et des yeux blancs ! S’exclame l’un des leurs.

- Je te l’avais dit que c’était lui, l’affreuse créature sauvage qui sème la mort partout où il passe.

- Mais il n’est pas seul ! Que fait-on des deux autres ?!

- On s’en fout ! C’est sa tête qui est mise à prix ! Emparez-vous de lui, les gars.

 

Nous avons beau être balèzes, désarmés et pris par surprise, contre une vingtaine de gars, armés jusqu’aux dents et musclés par les travaux des champs, la situation est trop inégale. Ce n’est pas du tout la même que contre ces misérables bandits de grand chemin.

 

Je me retourne vivement pour voir que la porte est bloquée par quatre types. Ils se lancent alors sur nous telle une meute de chiens enragés avec l’intention de m’assommer. Mes réflexes reprennent le dessus mais leur nombre leur permet de nous surpasser.

 

Alors que nous sommes acculés et que Shin tombe à terre, mon instinct se réveille. Je sais ce que ça signifie et même si ça me fait peur, je ne peux pas les laisser nous capturer et ramener Shin à l’Oracle. Il n’a pas le temps de se concentrer pour utiliser ses pouvoirs et il n’a d’ailleurs pas assez d’espace ni de matière première. Raine, quant à lui, fait ce qu’il peut pour éviter les coups et je ne connais pas l’étendue de ses pouvoirs.

 

Je libère ma colère, mon sang bouillonne et frémit d’excitation d’avoir trouvé sa proie. Soudain, le type qui allait m’assommer se retourne contre ses compagnons d’arme et très vite, le combat tourne en véritable bazar.

 

Quelque chose en moi s’agite et frôle ma conscience, c’est la première fois que j’utilise mon pouvoir de sang froid et même s’il s’agit d’une situation d’urgence, cela me terrifie de voir à quel point manipuler un être humain est si facile et tellement ravageur.

 

Mes pantins commencent à s’entretuer, après avoir mis à terre leurs compagnons. C’est l’horreur mais je ne sais pas comment arrêter. Je commence à paniquer, je tremble, je les implore d’arrêter. Je me mets à crier.

 

Shin me rejoint rapidement et à peine me touche-t-il le bras que sa chaleur se répand en moi et me calme. Je recherche cette source d’énergie que j’avais sentie un instant plus tôt, me concentre sur elle pour la faire diminuer d’intensité. Progressivement, un à un, mes pantins retrouvent leur propre volonté et je m’affaisse lourdement sur le sol, épuisé.

 

Shin se penche sur Miarty, bouillant de colère.

- C’est comme ça qu’on accueille les étrangers chez vous ?

- Ton pote est un criminel recherché par tout l’empire, crache-t-il.

- Et donc, vous pensiez pouvoir nous faire face avec vos capacités ridicules

- La prime avait de quoi nous faire rêver et puis, ajoute-t-il en souriant, nous avons rempli notre rôle.

- C’est-à-dire ?

- Vous ralentir, conclut-il, en gardant son sourire sadique.

- Shinrei, dépêche-toi ! S’écrie Raine en me soulevant. Nous devons partir d’ici.

 

Nous sortons tant bien que mal et malgré mon épuisement, j’arrive à courir à leur vitesse. Raine se place soudain devant nous. Une seconde plus tard, des fléchettes se cognent contre un mur invisible.

 

La douleur explose dans mon crâne en une seconde, elle est tellement atroce qu’elle fait fléchir mes jambes et je m’écroule.

- Lillyan ! S’exclame Shin.

- Il a été touché ? S’inquiète Raine.

- Non… C’est…

- Zenon, murmure Shin.

Mon corps est secoué de spasmes, mon sang bouillonne dans mes veines, je suffoque et je lutte à chaque respiration. Je lutte pour rester conscient mais je ne peux rien faire. La douleur annihile toute réflexion et écrasé par la douleur, je tourne la tête pour voir mon père s’approcher inexorablement de moi. Plus il réduit la distance plus la douleur s’amplifie. Je hurle alors que j’ai l’impression que mon crâne cède.

 

- C’est tout ce que vous êtes capables de faire ? Dit-il sur un ton menaçant. Vous n’êtes même pas capables de vous débrouiller seuls que vous vous faîtes capturer au premier village venu ?

- Vous ne passerez pas ma barrière ! S’emporte Raine.

- Sache, misérable ver de terre, que ta barrière est loin de valoir ma force. Mais ce n’est pas toi qui m’intéresses. Donne-moi Lillyan et vous repartirez sans plus de séquelles.

- Les années ont passé mais vous êtes restés ces brutes sauvages assoiffées de sang qui exile l’un des leurs pour ensuite leur donner la chasse. Même les animaux ont le respect de la famille !

Raine se défend comme il peut mais je sens que sa défense faiblit de plus en plus. Il résiste mais il ne fait pas le poids face à mon père. Tout ce qui va se passer, c’est que Shin finira par tomber entre les mains des mercenaires et sera ramené à l’Oracle. Et je ne veux plus perdre un être cher.

 

Je tente de me relever. Les parois de mon crâne vibrent sous l’effet de la douleur, je vomis, je crache du sang. Je continue et je sors de la barrière pour rejoindre les mercenaires. Mais à peine ai-je fait un pas hors de la protection magique de Raine que je m’écroule. Les cris de désespoir de Shin atteignent vaguement ma conscience et je murmure son prénom pour me donner courage.

 

La main calleuse de mon père se pose sur mon front et je laisse échapper une larme.

- Papa…

- Dors, Lillyan, ce sera bientôt fini.

Bientôt fini, oui… Mais moi, je n’avais pas envie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Mardi 20 juillet 2 20 /07 /Juil 18:03



    Je fixe cette scène impuissant, le corps paralysé je ne peux plus faire un seul geste. Maître Zenon, sa main sur le front de Lillyan, un regard voilé, aucune émotion particulière sur le visage. Je ne comprends pas ! Je ne peux pas le croire ! JE NE VEUX PAS LE CROIRE !! Lui qui était un exemple pour moi, lui qui, en ce moment même, me vole l’être qui m’est le plus cher.
    Raine tient son champs de force autour de nous difficilement mais il résiste, les flèches déferlent sur nous comme une pluie d’été nous cachant presque le soleil. Le corps de Lillyan à genoux devant son père perd de sa puissance et de son énergie vitale, comme si il lui aspirait le sang. Sans vraiment réfléchir, le sang bouillant, les muscles contractés, la haine aveuglante ! Je sors du champ de force de Raine qui hurle mon nom. Une multitude de flèches me transperce la peau, la douleur est horrible et me fait presque pleurer mais la rage me fait serrer les dents et transforme cette souffrance en force. En puissance.
    Je soulève le sol en dessous de Lillyan pour le faire glisser jusqu’à moi, maître Zenon n’a même pas le temps de me voir venir que j’ai déjà récupérer le corps mourant de mon ami. Ses respirations sont saccadés, je le place le plus vite possible sous la protection de Raine sans me déplacer. Les flèches continuent de me percés le corps de par et d’autre tout en réussissant d’éviter celles qui me seraient fatales.

- Suis le chemin et surtout ne te pose pas de question. Au bout de deux heures vous verrez la lumière.

    Raine ne comprend pas tellement, sans en dire plus je l’ensevelis sous la terre avec le corps de Lillyan. Il me regarde incrédule ne sachant pas trop quoi faire, je ne quitte mon amour des yeux jusqu’à que la terre l’ai définitivement recouvert comme si ils n’avaient jamais existé.

- Bonne chance mon cœur….,je murmure pour moi-même

    Trop occupé à penser à Lillyan je n’avais pas remarquer que l’assaut des archers avait cesser. Je me retourne face à Zenon, je retire d’un claquement de doigts toutes les flèches de bois qui perçaient mon corps. Je serre les dents me faisant violence pour ne montrer aucune émotion, le sang commençait déjà à couler le long de mes plaies.

- Tu ne sembles pas en bon état petit Shinrei…Le combat est devenu presque ridicule.

    Cette manière de parler, cette façon de m’interpeler et de faire hérisser le moindre de mes poils. Je savais que Zenon n’était pas capable de faire une chose pareil, il aimait bien trop son fils pour se soustraire à un démon comme l’Oracle. Il est manipulé, par un Manipulateur d’Ame.
    Je place mes pieds en position, effleurant la terre humide sous nos pieds, je laisses mes bras le long du corps évitant les gestes trop grand qui pourrait ouvrir encore plus mes blessures. A la différence d’un Manipulateur de Corps, le Manipulateur d’Ame possède tout l’esprit et la puissance de son pantin. Ainsi même si ce n’est pas le vrai Zenon que je combat, je vais tout de même faire face à sa force destructrice. Je n’ai aucun doute sur l’issu finale de ce combat mais tout ce qui compte c’est que je protège Lillyan, comme il m’a protégé. Je ne vis que pour lui.
    Le maître d’arme sort lentement son épée du fourreaux, cette grâce que je reconnais ne va pas avec les traits plissés machiavéliquement de son visage. Je concentre toute mon aura dans mes bras, les principaux membres pour contrôler la terre. Vu mon état je vais devoir rusé pour tenir le maximum contre lui, les mercenaires doivent déjà être entrain de chercher les deux autres mais ils ne les trouveront jamais. Après tout je suis le fils de l’Amiral, le plus grand stratège du monde et moi aussi j’ai été forgé à son image.

- Pauvre Lillyan…Imagine sa douleur quand il apprendra que j’ai dépecé son bien aimé…

    Je fronce les sourcils. Le vent siffle dans mes oreilles, il s’est déplacé à une allure quasi divine, je reconnais bien là la rapidité d’un maître. J’évite cependant son coup d’épée horizontale en me penchant en arrière, je lance mes poings en direction de son ventre mais il recule d’un seul pas, la distance est déjà trop grande. Je me déplace à mon tour, bondissant en arrière et soulevant un mur de terre de chaque côté de mon point de chute. Comme si je pouvais les scier, des disques s’élancent en sa direction, plus tranchant que sa lame légère. Il les évite presque en dansant, courbant son corps comme un serpent. Il s’approche de moi à nouveau, je recule pour pouvoir utiliser mes dons. Une multitudes de roches m’entourent je les lance contre lui comme avec un ballon de foot et les redirige lorsqu’il s’écarte. Tel des têtes chercheuses et elles suivent le moindre mouvement de mon ennemis.
    La douleur de mes blessures se ravivaient. J’avais fait trop d’effort et le sang coulait d’avantage. Je grimaçais alors qu’il apparut juste au dessus de moi me lançant d’un seul coup de pied retourner à une vingtaine de mètres plus loin. Je m’étais protégé à temps avec mes bras me retenant au sol en plantant mes pieds dans la terre. Deux immenses allées de pierre et de terre traçaient mon chemin. La fumée s’était même soulever sous la puissance du coup. Ce n’était pourtant qu’un simple coup de pied mais je sentais déjà l’impact dans mes organes. Un maître n’a pas besoin de frapper à l’endroit précis pour atteindre ce qu’il veut, il suffit d’envoyer la force du coup sur ce qu’il veut, sans pour autant le toucher.
    Il avait visé mon estomac. Le souffle coupé je tentais de reprendre mes esprits. Ma tunique sur le ventre était en lambeaux. Il avait évacué énormément d’aura. Il revint immédiatement à l’attaque, soulevant à nouveau le vent avec lui, l’épée était comme un allongement de son bras. Si jamais il me touchait, il me tranchait.
    J’évitais ses frappes avec difficultés, je n’arrivais d’ailleurs pas à éviter certain de ses coups qu’il me décochait.

- Tu es nul en combat rapproché Shinrei ! Il hurle alors qu’il m’écrasait le visage sur le sol

    Il me relevait en me tirant par les cheveux. Le sang se rependait maintenant de tout mon corps et le visage ensanglantés je pouvais sentir le liquide chaud couler le long de ma bouche jusqu’à la pointe de mon nez. Je n’étais pas de taille, les flèches m’avaient affaiblis et je me reposais trop sur mes pouvoirs. Que pouvais-je faire à part le retarder ?
    Pour un mage, le combat de proximité est son pire ennemis…Cependant si j’inverse la phrase, pour un guerrier le combat à distance est la pire des situations. Je devais réussir à me tenir éloigner de lui.

    Alors que je sentais l’épée de Zenon pointé sur mon cou, j’ai posé les mains sur le sol pour faire soulever deux immenses racines qui enroulaient son bras le tenant ainsi immobile. Etonné il lâche son épée et tente de retirer son bras de la prise. Je peux m’échapper à quelques mètres plus loin recrachant le sang qu’il me reste dans le creux de la joue. Sans attendre qu’il réussisse à sortir je soulève à nouveau deux roches que j’envoie comme des boulets dans sa direction. Alors que je croyais que j’allais un peu le toucher son épée s’est brusquement redresser et a fendu en un éclair les deux morceaux de pierre. Ca ne pouvait pas être aussi facile j’aurai dut m’en douter.
    Cette même épée, vint trancher les deux racines, peu résistance face à la lame d’un maître forgeron, et libère ainsi Zenon. Je n’avais pas dit mon dernier mot.
    Alors qu’il reprend son épée avec le sourire, je me lance contre lui sur une vague de boue, son épée fuse mais un anneaux de cailloux me protège de ses attaques et je lance à mon tour des frappes rapides. Le combat n’a pas d’égal j’oublie même ce qui m’entoure me concentrant uniquement sur lui. Je tourbillonne et arrache en même temps des branches des arbres qui sifflent comme des flèches, il les découpe avec une facilité et une rapidité admirable. Ne se souciant pas plus de ça je recule en glissant comme si j’étais sur l’eau. Je fais remonter un pilonne de terre que je moue comme je l’entends. Je tente de le faire reculer en le pourchassant avec ce amas de terre tantôt humide tantôt durcis. Comme un animal à mes ordre je bouge au rythme de mon fluide de terre. Zenon tente de faire diversion, il esquive les coup, il rebondit sur un toit, un arbre plus loin, il revient à moi mais ma terre le suit toujours. Alors qu’il fonce droit sur moi il va pour me trancher le corps dans un cri de rage mais ma terre l’arrête à temps. Son bras ensevelis dans la boue ne plus bouger. Il grimace de colère et tente de se retirer mais la terre durcis jusqu’à devenir incassable.
    Je m’approche alors essoufflé, le cœur palpitant. Je pose une main douce sur le pilonne qui retient Zenon puis en une fraction de seconde mon visage fatigué se crispe pour envoyé un coup de poing si violent sur la terre qui la brise en un millier de morceau tombant sur le sol.
    Le cri strident de Zenon effraie les animaux et parcours les alentours, il se redresse tremblant en tenant son bras gauche totalement réduit en bouillit. Il transpire presque autant que moi.
    Mon sang continue de se déverser tout le long de ma cuisse, je commence à voir trouble mais je me remet à nouveau en position. Cet homme est peut être Zenon mais il n’a pas sa sagesse au combat qui fait qu’il maîtrise tout ce qui l’entoure.
    Il respire difficilement, sans qui me quitter des yeux.

- Je te félicite Shinrei…, il me dit, je veux me battre pour de bon.

    Alors que je reprenais mon souffle, Zenon s’ouvre violemment le bras jusqu’au os - du moins ce qu’il l’en reste - un filet étrange et argenté s’écoule de son épée pour pénétrer avec brutalité dans son bras. Je reste totalement tétanisé ne comprenant pas très bien où il voulait en venir. Puis le métal liquide qu’il avait destitué de son épée se rependait dans son bras formant l’exact os que j’avais détruit il y a quelques minutes. Je reste tremblant de terreur. Son bras avait reprit forme initial, il le manipulait à sa guise comme si rien ne s’était passé.

- C’est impossible, je laisse échapper malgré moi
- Le métal Shinrei…Si je suis le plus grand forgeron ce n’est pas pour rien. Je maîtrise le métal. Il sourit sournoisement. Maintenant c’est à mon tour de t’arracher le bras…

    Il reprend son épée qu’il divise en deux, le bruit des lames qui s’effleurent me fait frissonner, je me met en position de défense pour parer son coup. Il disparaît.
    MERDE ! Il est où ? Il réapparait juste en face de moi, l’épée frôle la peau de mon cou mais j’arrive à bondir en arrière pour l’éviter, je me retourne dans les airs et fait monter des murs de terre de plus en plus haut pour l’empêcher de venir m’embrocher. Je retombe mollement sur le sol, je dresse un nouveau mur sachant qu’il était à quelques centimètre de moi. Je recule à nouveau, sort des piques de mon mur pour les lancer sur mon assaillant. Il les découpe au fur et à mesure qu’ils l’atteignent. Je tourne sur moi-même m’entourant de racine plus résistante cette fois, des racines aux épines tranchantes que j’envois sur lui. Il en retient une croisant les épée mais ne voit pas l’autre l’encerclé. Je croyais l’avoir mais il bondit et atterrit sur l’une des fameuses épines.
    Le sourire au lèvres il me regarde et lèche sa lame avant de courir sur la racine que je contrôle. Sans plus attendre je reprends mes esprits et lance cette même racine fracasser le sol de toute sa force et de toute sa vitesse. Tout s’ébranle, la terre détruite, un véritable champs de ruine. Les roches qui décollent sous la puissance je les retiens pour les relancer sur la fissure que j’avais créé sachant pertinemment qu’il n’est pas encore à bout. La poussière qui se forme autour m’empêche de voir mon ennemis.
    Je tombe à genoux, essoufflé, souffrant, tout mon corps me fait mal ! J’aimerait tellement me débarrasser de ce poids qui m’empêche de me battre. Les muscles hurlent à l’achèvement mais je persiste à le pousser à bout.
    La poussière se dissipe, j’espérais vraiment qu’il soit au moins blessé. J’avais déployé énormément d’énergie avec cette attaque, il ne pouvait pas en sortir indemne.

- C’est tout ce que tu sais faire ?

    Sa voix. Son sarcasme. Mon désespoir. Son corps, à peine égratigné apparait derrière le nuage, accroupi dans sa fissure sur le cadavre de la racine. Il saute de son trou pour poser le pied sur la terre, il replace ses épées et avances d’un pas lent.

- Shinrei, Shinrei…Tu me déçois tellement…

    Je serre les poings essayant de me relever mais membres semblent se rebeller, je n’arrive même pas à me mettre debout. Je grince des dents le sentant s’approcher de plus en plus.

- Tu as oublié l’essentiel…
- L’essentiel ? Dis je alors comme si un déclic m’étais apparu
- Oui je suis bien plus fort que toi !

    Non ce n’est pas ça l’essentiel, ce n’est pas la force, ce n’est pas la puissance ni l’âge ni l’expérience ! L’essentiel c’est…

«  Papa pourquoi est-ce toi aussi tu met un bandeau quand tu t’entraîne avec Maître Zenon ? »
«  Parce que Zenon n’a pas de rythme…Ca ne sert à rien de le regarder se battre. Il est plus fluide et plus imprévisible que l’eau. Grâce à ce bandeau je capte l’essentiel… »
« L’essentiel ? »
« Oui, je capte chaque anticipation, chaque mouvement, chaque bruit qui me font deviner la moindre attaque. Zenon a un gros défaut, il ne sait pas écouter. Alors que toi et moi Shinrei, nous savons sentir ce qui nous entoure sans même les voir. »

    Me souvenant des paroles de mon père je comprends enfin ce qu’il me reste à faire. Je retire mon bandeau, les pas de maître Zenon s’arrête. Il ne comprend pas, vu qu’il est manipulé par un inconnu il en comprend encore moins. Je laisse tomber ce bout de tissu qui jusqu’à présent avait été mon unique protection, aujourd’hui il devient une contrainte. J’ouvre les yeux.
    Les rétines cris presque sous la douleur mais c’est minime comparer à l’état de mon corps. Je sens pourtant mes forces revenir comme si une porte s’était ouverte en moi. Je peux me redresser non pas sans difficulté mais je tiens sur mes jambes. Je ne peux plus le voir avec mes yeux et je le sentirais avec mes oreilles et mon corps. Je place mes mains et attends qu’il fasse un geste.

- Tu as signé ton arrêt de mort petit Shinrei.

    Ca y est je sens. Ma toile se tisse dans la terre, chaque mouvement de ses pieds je les anticipe et je peux ainsi devenu la forme de son corps, j’entends le vent murmurer, je l’entends m’indiquer le moindre mouvement de ses épées. J’évite en me déplaçant, je garde les pieds au sol pour sentir les siens. Je comprends enfin ce qui disait mon père par l’essentiel. Même sans mon bandeau, moi qui suit encore plus touché par la terre. Je sens chaque objet qui m’entoure comme si je retrouvais la vue. C’est incroyable. J’arrive à l’éviter avec une facilité déconcertante. Alors que je sens son épée fendre le vent jusqu’à mon oreille je l’arrête avec ma main.
    Zenon est perplexe. J’ai réussit à inverser la vapeur, maintenant que je sais maîtriser les vibrations du sol je peux attaquer. Un sourire victorieux s’étire malgré moi sur mon visage. Je retourne un tronc d’arbre que j’envoie sur mon ennemis pour le faire esquiver, sans je remonte de la terre, ou plutôt du sable pour l’aveugler. La poussière sableuse tourbillonne autour de lui l’empêchant de voir  même son nez. Son cœur palpite, il panique.
    Je me faufile dans la nuée de sable, ses pas son hésitant, sa position de combat et chancelante, il a perdu tout repère. Je fais monter un amas de boue autour de ses jambes qu’il évite rapidement. Il court pour sortir du nuage de sable mais je le suis. Il n’arrivera jamais à sortir de cette prison.
    Je me concentre, je prends une profonde inspiration et me concentre pour faire sortir des lianes tout autour du nuages. Je dissipe le sable, je crois que je le sens soulagé et reprend confiance toujours en position de défense me soupçonnant de l’attaquer par surprise. Il sera bien surprise, je souris déjà rien que d’imaginer son visage.
    Autour de nous, une cage de lianes, aussi indestructible que l’acier. Surpris il laisse échapper un petit hoquet de stupeur, je me retire de sa cage et ressert les lianes, il tente inutilement de les couper mais ça ne marche pas. Il cri d’agacement comme un animal en cage.
    Je cri presque victoire mais je sens son corps entier se rétracté, sa force se rassemble dans son abdomen. Surpris je reste sur mes garde, il prépare quelque chose. L’aura se regroupe autour de lui, je n’avais jamais vu ça. Voir les guerrier faire exploser l’aura autour oui, mais réunir son aura à l’intérieur de son corps je n’avais jamais vu ça.
    Le silence est effrayant, une fraction de seconde, le temps s’arrête un instant. Brusquement un souffle aussi impressionnant qu’un typhon me fait reculer, les arbres et les toits sont arrachés. J’arrive à me maintenir au sol grâce à des racines mais la force m’aveugle. Je n’avais jamais ressentit une aura aussi dévastatrice, enfin plus depuis que j’ai combattu Lillyan il y a six ans.
    Les lianes ne résistent pas. Le vent retombe progressivement. Le corps de Zenon est débout mais ce n’est plus Zenon. Il n’y pas la moindre ressemble, c’est une sorte de monstre. Une odeur de métal et de chair brûlé.

- Tu as deviné depuis longtemps que je ne suis pas Zenon n’est ce pas ? Me demande cette voix grave. Tu es plus fort que ce que je crois. En faisant ça, je détruis ce corps mais je décuple ma force pour un temps.

    Il reprend ses deux épée, le poids de son corps je le sens dans tous mes membres. Je sens qu’il s’approche, je recule instinctivement mais trop tard.
    Une douleur me coupe le souffle, ma voix se bloque dans ma gorge et je sens la lame froide planter dans mon ventre. Je pose mes mains de part et d’autre de l’épée. Je ne l’ai pas senti s’approcher, sa rapidité à décuplé, il a peine frôler le sol, trop occupé à essayer de comprendre je n’avais pas fait attention à ce qui m’entourait.
    L’odeur du sang me fait grimacer, je ne sens pas la douleur, je sens juste cette lame qui me traverse le corps. C’est finit…C’est finit…Il m’a eut. Son pouvoir est trop grand, je ne fais pas le poids. Si seulement j’avais été aussi puissant que toi Lillyan…Si seulement j’avais été aussi souple que toi, si seulement je pouvais affronter mes démons…ma faiblesse.


    Il retire sa lame, un bruit horrible de chair me donne des hauts le cœurs. Je m’écroule de tout mon long. Plus rien, plus de force, plus d’énergie. Plus rien.

 

______________________________________________________________________________________________

Et voilà une petite scene de combat !

=D

J'adore ce passage il est vraiment intéressant car Zenon est quand même le héros de Shinrei et c'est ça qui est bon !

Je vous fais une petite explication des Manipulateur d'Ame :

 

Etre qui naissent généralement parmi le peuple de Maru, et contrôle leur âme UNIQUEMENT !

En fait, c'est comme un marionnetisme sauf que là, l'âme du manipulateur prend le contrôle de corps ET de l'âme de la victime. Ils peuvent donc exercer un contrôle sur le force de la personne. La différence avec un Manipulateur corporelle c'est qu'il ne contrôle que le corps et ne peut pas contrôler la force de sa victime.

La manipulation d'âme est beaucoup plus risquer que la manipulation corporelle, il meurt si sa victime meurt, mais un manipulateur d'âme peut contrôler sa victime d'une plus grande distance qu'un manipulateur corporelle.

 

Voilà un peu l'explication de ce pouvoir particulier :p

BISOUS

 

PS : JE SUIS TROP A LA BOURRE DANS MES HISTOIRES ! LOL

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 13:45

 

 

C’est allongé inconfortablement sur le dos à même le sol que je reprends mes esprits, la crâne encore douloureux mais mon corps intact. Je découvre surpris que je ne suis pas attaché et que, à bien y regarder, la douleur n’est pas aussi forte qu’elle devrait l’être. Je me redresse prudemment, ne souhaitant pas prendre de coup. En regardant autour de moi, je vois que je suis seul : pas une trace des mercenaires et plus inquiétant, pas une seule trace de Shin ni même de Raine.

 

Une rapide observation me fait comprendre que je suis dans une grotte sombre et humide où l’écoulement du temps est matérialisé par des gouttes qui s’écrasent régulièrement sur le sol. Mes vêtements sont maculés de boue, ce qui me gratte énormément mais ma situation est autrement plus inquiétante.

 

Je me traîne jusqu’à une roche à moitié sortie de terre sur laquelle je pose mon dos. Je me sens très faible et dans mon état actuel, je serai incapable de courir et difficilement capable de marcher. Et pour peu que mes ravisseurs se soient fait attaquer, je comprends pourquoi on m’a laissé dans cette caverne, sans aucun lien d’attache, pour revenir me chercher plus tard.

 

Je me relève et accuse le tournis. Je sais que je ne suis pas en état de bouger mais je n’ai pas l’intention d’attendre là bien sagement que mes ravisseurs reviennent. Il vaut mieux pour moi subir un mauvais quart d’heure maintenant plutôt que d’être de nouveau déchiré par cette affreuse douleur quand je suis à proximité de mon père.

 

Papa, Shin… J’espère qu’ils vont bien…

 

Soufflant comme un bœuf, je tente de calmer ma respiration pour éviter de me faire repérer à un kilomètre à la ronde. Dehors, loin de faire face à un combat enragé comme je m’y attendais, tout est calme. L’aube devait tout juste s’être levée : la pluie tombe doucement sur les feuilles qui la boivent avec avidité, le soleil brille faiblement dans le ciel bleu.

 

Je parcours seulement quelques mètres avant de me rendre compte de la futilité de ma tâche. Je veux m’échapper, certes, mais comment ? Où aller ? Je ne sais même pas où je suis ni où je dois aller et chaque pas tire douloureusement sur mes muscles.

 

Mais je ne me laisse pas me morfondre : j’en ai suffisamment abusé et ce n’est pas ça qui me permettra d’aller de l’avant.

 

J’entends soudainement des pas mais ma perception n’étant pas aussi fine que celle de Shin, je n’ai pas le temps de me cacher. Je m’accroupis derrière un arbre en espérant de tout mon cœur ne pas être vu.

 

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Raine ?

Quelques instants plus tard, nous sommes de nouveau dans la grotte. Je m’affale contre la roche avec soulagement et ralentis le rythme cardiaque de mon cœur.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Je demande.

Alors qu’il m’apprend que Shin m’a enlevé des griffes des mercenaires et affronter mon père pour nous faire gagner du temps, mon cœur dont le rythme était beaucoup trop élevé manque un battement.

- C’est pas vrai…

- Raconte-moi tout ce qui s’est passé, me dit Raine.

- Shin te l’a déjà dit : j’ai été exilé et il est officiellement mort. C’est pour ça qu’il ne doit pas tomber entre les mains de nos ennemis.

- Je voudrai savoir exactement tout ce qui s’est passé.

- Tu en sais déjà trop, je réplique sur un ton dur, et si t’as peur de rester avec nous, tu peux partir.

- Ce n’est pas en devenant agressif que tu sauveras ton ami.

- Et toi, tu poses des questions déplacées. Personne n’est parfait.

- C’est surtout ton attitude qui est déplacée : à t’entêter, tu perds du temps inutilement alors que Shinrei est peut-être en train de mourir.

Il n’a fait formuler qu’une hypothèse mais elle m’a fait l’effet d’un coup de poing. Je me lève mais le regard dur et froid de Raine me fait trembler.

- Quoi ? Tu viens de le dire toi-même, ce n’est pas le moment de discuter, nous parlerons plus tard.

- Il ne s’agit pas non plus de se précipiter : Shinrei ne s’est pas sacrifié pour que tu retournes comme un idiot sur les lieux et refasses une crise. C’est en ça que je te dis que t’entêter nous fait perdre un temps précieux. Si j’en sais plus sur la situation, je pourrai vous aider.

- En quoi… Très bien.

Je m’exécute et cela nous prend un bon moment. Mes membres tremblent et je n’arrive pas à rester calme mais l’attitude posée de Raine me contraint à rester en place.

- Quels étaient les termes exacts de la sentence ?

- Je… Je devais renoncer à mon identité et à mon lien de filiation.

- Mais après, il t’a apposé la marque, n’est-ce pas ?

- Oui.

- Ce n’est pas logique : pourquoi te forcer à nier jusqu’à ton existence et en même temps te le rappeler constamment ?

- C’est juste qu’un citoyen d’Agora qui se fait exiler perd tout signe d’appartenance à la nation pour éviter qu’il ne la déshonore par ses actions futures. Je suis censé vivre avec les parias et pas partir en vadrouille. La marque, ça doit être une touche personnelle de l’Oracle.

- Je vois, comme je le pensais, je peux sûrement t’aider.

- Comment ça ?

- Mon pouvoir est négatif.

- C’est-à-dire ?

- Pour expliquer simplement, ce que les gens ont fait, je suis capable de le défaire. Tout à l’heure, lorsque les mercenaires ont attaqué, j’ai défait leur énergie offensive en créant un mur pour nous protéger. Cela vaut aussi pour l’Oracle.

- C’est vrai ? Je demande fou d’espoir.

- C’est pour cela qu’il a détruit mon peuple des siècles plus tôt : nous représentions une menace pour lui. Si la marque avait été un élément à part entière de la cérémonie, je n’aurai pas pu faire grand-chose car elle n’aurait pas émané d’une volonté propre mais si c’est une touche personnelle de l’Oracle, là, c’est une autre histoire.

- Tu peux vraiment effacer ma marque ?

- Oui. Ferme les yeux et ne m’interrompt pas.

- Est-ce que ce sera aussi douloureux que lorsqu’elle m’a été apposée ? Que je sache à quoi me tenir.

- N’oublie pas que ce que les autres ont fait, je suis capable de le défaire. Mon pouvoir transforme tout le négatif en positif.

- Ça veut dire qu’il transforme aussi le positif en négatif ?

- Dans ces cas là, je ne l’utilise pas.

- D’accord.

- Prêt ?

- Oui.

Malgré ce qu’a affirmé Raine, je serre les dents, j’avais du mal à croire qu’il pouvait vraiment effacer une douleur pareille. La diminuer, oui, mais vu la faiblesse qui me caractérise en ce moment, la plus petite des douleurs peut me faire tomber dans les pommes.

 

Mais c’est un véritable magma de chaleur qui se diffuse en moi. Une chaleur si forte et pourtant si douce que j’ai même l’impression qu’elle me redonne des forces. Et je suis presque attristé lorsqu’elle s’en va. Si la situation n’avait pas été aussi urgente, je me serai endormi.

 

- Ça y est déjà ?

- Oui, affirme-t-il avec un sourire.

- C’est bizarre, je croyais que ça aurait pris un peu plus de temps.

- Pas plus qu’il n’en a fallu à l’Oracle pour apposer la marque.

- Je croyais que ton pouvoir transformait le positif en négatif ? ça n’aurait pas dû mettre plus de temps ?

- Je n’ai pas d’emprise sur le temps, Lillyan, il n’émane pas d’une volonté particulière.

- Ah oui, c’est vrai. Alors… Là, je peux vraiment approcher mon père sans avoir l’impression que je vais exploser ?

- Normalement, oui.

Je préfère ne pas relever l’adverbe qu’il a utilisé pour nuancer ses propos.

- Allons-y, je lance plein d’enthousiasme.

- Où ?

- Retrouver Shin, bien sûr.

- Tu es sûr que…

- Tu ne voudrais quand même pas que je l’abandonne ?

- Non mais ce n’est pas prudent, les villageois vont peut-être encore nous attaquer et quelques mercenaires seront sûrement restées sur place et au pire, ils auront mis un piège en place.

- Je n’ai pas dit que nous allons foncer tête baissée. Je ne vais pas réduire à néant les efforts de Shin. Mais déjà, si je suis capable de me battre en présence de mon père, je pourrai tenter quelque chose. Nous réfléchirons en chemin. Nous avons déjà perdu trop de temps.

- Très bien.

Je me laisse guider par Raine pour retourner au village. Malgré deux ou trois moments d’égarement, nous arrivons sur place.

 

Le village est en ruine, trahissant l’ampleur du combat que Shin avait dû mener contre mon père. J’espère vraiment qu’ils vont bien. Tous les deux. Partout, la terre est déformée, ravagée, défigurée. A la lisière du village, les maisons sont encore intactes mais plus on avance, plus elles sont abîmées avant d’être complètement détruites. Je n’ai pas besoin de mon don de télépathie pour ressentir la haine et l’incompréhension des villageois, en revanche, le désespoir qui m’accable en arrivant sur le champ de batailles proprement dit est sans commune mesure.

 

Toute la technique et la force de destruction que Shin a mises en œuvre me fait comprendre à quel point le combat a été éprouvant, d’autant plus éprouvant qu’il savait qu’il n’aurait pas une seule chance de gagner mais qu’il a continué à faire face même lorsque tout était perdu.

 

Je redresse la tête et me concentre. Un indice. Il me faut quelque chose pour les retrouver. Par terre, mon regard est attiré par une traînée de liquide rouge. Du sang. Je ne sais pas à qui il appartient mais je sais que ce n’est pas à l’un des mercenaires, c’était soit mon père soit Shin. Je me baisse pour examiner le sol, comme mon père m’avait appris pour pister les animaux dans la forêt.

 

- Partez ! Crache une vieille dame voutée. Vous avez détruit notre village ! Vous êtes vraiment des monstres !

- Racontez…

- Partez !

- Madame, s’il vous plait…

 

Ce n’est que lorsque des larmes coulent le long de ses joues que je réalise l’ampleur des dégâts. Trop égoïste, je n’avais pensé qu’à nous alors que nous venions de détruire leur village.

- Tu n’y es pour rien, me dit Raine. C’est uniquement le résultat de leur cupidité.

- Mais si…

- S’ils n’avaient pas essayé de vous retenir, vous auriez passé la nuit avec les marchands avant de reprendre la route le lendemain et ils n’auraient pas été impliqué.

- Tu ne pourrais pas…

- A moi seul, je ne pourrai pas reconstruire tout un village. De plus, je ne tiens pas révéler ma présence en ces lieux. Et pour remettre la terre en l’état, il leur suffira de trouver des Fossoyeurs de la Terre.

- C’est vrai. J’aurai aimé que quelqu’un me raconte ce qui s’est passé. Je ne sais pas comment retrouver Shin.

- Je voudrai vérifier que les marchands vont bien, ils devraient pouvoir nous raconter ce qui s’est passé.

- Oui, c’est vrai. Combien de temps suis-je resté inconscient ?

- Quelques heures seulement. Tu as dormi toute la nuit.

 

Etrange, la dernière fois, j’étais resté inconscient plus de trois jours alors que les dégâts avaient été moindres. Peut-être Raine a-t-il soulagé les blessures de mon corps.

 

- Nous vous attendions avant de partir, nous déclare sobrement le chef de la caravane.

- Avez-vous vu ce qui s’est passé ?

- Nous, non. Mais nous avons récupéré l’un des soldats qui devrait être en mesure de tout vous raconter.

Nous gagnons la même roulotte que celle où j’avais ouvert les yeux quelques jours plus tôt après avoir été empoisonné. Apparemment, elle leur sert d’infirmerie car ils croisaient souvent des blessés sur la route. J’aurai préféré qu’ils aient récupéré Shin mais si nous pouvons obtenir des renseignements, ce sera déjà pas mal.

 

Je m’approche de la paillasse sur laquelle un homme respire bruyamment.

- Papa…

Mon père est vraiment là, allongé sur ce lit de fortune et je n’ai pas mal. Raine a vraiment réussi. En plus, il a fait ça en un tour de main, ça ne lui a presque pas demandé d’effort.

 

Je pose la main sur son front et tâte son pouls : tout a l’air normal. Je l’appelle doucement. Je ne suis peut-être pas très prudent, peut-être tout ceci est-il un piège, mais je m’en fiche : je suis enfin devant mon père. Et il pourra tout me raconter. Il ouvre les yeux, ses paupières papillonnent un peu avant de se stabiliser.

 

- Lillyan ? S’étonne-t-il. Mais…

- Tout va bien, papa, tout va bien.

Je suis tellement heureux que j’ai envie de me jeter dans ses bras mais je me contente de sourire en serrant sa main tout en essayant de retenir mes larmes de joie.

- Raconte-moi ce qui s’est passé, je t’en prie, dis-je en revenant à la réalité.

- Ah oui, Shin… tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais manipulé et que j’ai été forcé de combattre Shin.

- Comment ça s’est terminé ? Je demande anxieux.

- Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, je n’étais pas dans mon état normal, j’avais l’impression que ma propre conscience était endormie et que quelqu’un tirait les ficelles dans mon esprit.

- Un manipulateur d’âme…

- Oui, sûrement. Mais, au moment fatidique, une aura a explosé autour de Shin et l’a comme englouti, il a disparu comme s’il avait plongé dans une autre dimension.

- Quoi ? Oh non…

Se peut-il que, comme moi, Shin ait été dépassé par la puissance de son pouvoir ?

- Lillyan, tu sais quelque chose ?

Je jette un œil derrière moi et me rends compte que tout le monde est parti. J’ai envie de partager mon hypothèse avec papa mais je ne sais pas dans quelle mesure je peux lui faire confiance. Cela dit, si mon raisonnement est juste, la situation dépasse largement mes compétences et seul, je ne pourrai rien faire.

- Je crois que Shin a… le pouvoir de manipuler l’esprit des gens, de leur faire voir des illusions. Du moins, c’est ce qu’il m’a raconté quand je l’ai retrouvé après qu’il a combattu l’Oracle.

- D’accord, dit papa au bout d’un moment de réflexion, je comprends beaucoup de choses maintenant. Alors, la situation est grave mais pas désespérée. S’il n’a pas réussi à contrôler son pouvoir, il se peut effectivement qu’il ait été englouti dans le monde onirique mais les humains ne restent jamais bien longtemps prisonniers.

- Comment ça ?

- C’est le rôle des shamans de guider les humains vers la porte de sortie. Si repérer une simple conscience est particulièrement difficile, l’arrivée d’un corps physique dans ce monde immatériel est plus facile à repérer, surtout lorsque le pouvoir a été utilisé d’une façon si peu subtile.

- Alors, ça veut dire que les shamans sont une sorte de garde-fou au pouvoir de Shin ?

- Normalement, non. Cependant, les shamans ont une puissance spirituelle très puissante et ne restent pas insensibles aux bouleversements psychiques car ça peut perturber leur pouvoir. C’est très complexe, je ne peux pas tout te raconter maintenant, ce n’est pas le sujet. Mais Shin devrait être sain et sauf.

- Comment le retrouver ?

- Ça, je ne sais pas. Les shamans sont, par nature, des êtres discrets et préfèrent rester cacher.

- Mais…

- Je suppose que vous vous dirigiez vers Kalin ?

- Oui. Comment…

- La même logique que vous alors c’est là-bas que vous vous retrouverez. La raison principale qui motivait votre démarche, c’était de retirer ta marque mais ce ne sera pas une perte de temps. Je suis persuadé que les manipulateurs d’âme en savent long sur l’Oracle et les renseignements que vous obtiendrez nous seront précieux.

- Mais je ne peux pas le laisser tout seul !

- Je te l’ai dit, je ne peux pas localiser un shaman, ils peuvent être n’importe où…

- Dans un autre pays ?

- Non, plus la distance est grande plus faible est la perception. Lillyan, Shin a réussi à me tenir tête, je ne crois pas que tu aies raison de t’inquiéter même si l’éloignement t’est difficile à supporter. D’ailleurs, le fait que vous soyez séparés lui laissera une plus grande marge de manœuvre car je te rappelle que c’est toi qui es traqué dans l’histoire.

- Oui mais maintenant, nos ennemis savent qu’il est en vie.

- J’ai eu le temps de me débarrasser des mercenaires avant de m’évanouir.

- L’Oracle va se douter de quelque chose.

- Oui, surement. Je vais gagner du temps en lui rapportant qu’ils ont péri lors d’un affrontement.

- Tu vas rentrer ? Je demande, déçu.

- Oui, il faut que je m’occupe de Cali et Sheila. Elles ne sont plus en sécurité là-bas et je dois parler à Karl.

- Je comprends mais je n’ai pas envie.

Il se relève et me prend dans ses bras. C’est tellement bon de sentir à nouveau sa chaleur protectrice.

- Nous nous retrouverons dans les rangs de la résistance.

- Oui. Passe le bonjour à maman de ma part.

- Elle sera heureuse quand je lui rapporterai la nouvelle.

- Oui, j’ai hâte de la revoir.

- Je la protègerai, ne t’inquiète pas.

Il me serre dans ses bras et nous partageons enfin ce moment de tendresse dont je rêve depuis mon exil. Le tableau est gâché par l’absence de Shin : j’espère que mes retrouvailles avec Shin seront rapides parce que sans lui, je suis perdu.

 

Par Danouch - Publié dans : Agora - Communauté : Auteurs Sadiques
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a meilleure façon de remercier un auteur
 
604

est de lui laisser un commentaire  ^^




 
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