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Brises moi les doigts
(love-romance) {TERMINER} [11]
Jamais un sans Deux (coprod lilly-love-romance) {TERMINER}
[43]
Agora (coprod lilly-fantastique-combat) {En cours} [44]
Je prends appui sur le sol pour bondir dans les airs et éviter le poing de Shin avant d’atterrir en douceur le sol raide du pont avec une roulade amortissante. Je n’ai pas le temps de me relever que Shin est déjà sur moi. Sa vitesse n’est cependant pas assez rapide pour me surprendre complètement et j’ai le temps de bloquer son assaut en tendant les bras devant moi pour maintenir une distance vitale.
Ma prise n’est cependant pas solide et ne constitue pas un réel obstacle pour Shin qui gonfle les bras pour renfoncer la pression. Sentant que mes bras, déjà amoindris par les efforts précédents, vont céder, je décoche un coup de pied circulaire pour le faire reculer.
Il se redresse souplement et repart à l’assaut. Mes jambes accroupies reçoivent l’attaque sans souffrir outre mesure tandis que j’enroule mon bras autour du sien. Il se détache de la prise en glissant son bras comme une sucette autour de la langue et se retourne en me décochant un coup de coude au nez que j’évite d’un balancement de la tête vers la gauche.
J’envoie mon poing sur la droite pour attirer son attention tandis que mon deuxième part du bas pour lancer un uppercut au menton. Sonné, il recule enfin, ce qui me laisse le temps de reprendre mon souffle. Nous gardons cette position un moment afin de nous jauger et d’analyser la résistance restante.
J’effectue un pas rapide et précis pour me rapprocher de lui sans laisser d’ouverture mais au lieu de reculer, il se prépare au choc. Parfait. Je le contourne au dernier moment en effectuant un deuxième pas sur le côté puis un dernier pour me positionner derrière lui et lui asséner un coup du tranchant de la main sur la nuque.
Une voix sourde et désagréable retentit alors à nos tympans.
- Je peux savoir ce que vous faîtes ? !
Shin et moi la regardons sans comprendre. Rien que voir sa tête me donne des ulcères. Elle nous traite comme de la merde, des objets, des enveloppes qu’on jetterait bien à la poubelle, une fois la lettre extirpée. Parfois, je me demande si elle n’est tout simplement pas jalouse de ne pas avoir été choisie par les dieux… non, c’est même sûr. Nous ne somme que des gamins immatures, impuissants et froussards qui ne saisissent pas l’immense honneur d’avoir été élus par un dieu. Si ça ne tient qu’à moi, je lui donne Koryu quand elle veut. Peut-être comprendra-t-elle alors la terrible sensation qui nous envahit chaque jour un peu plus d’avoir été donnés en sacrifice pour un monde que nous ne respectons même pas.
- On s’entraîne, répond Shin.
- J’appelle pas ça de l’entraînement, moi, tout juste une séance de gym matinale. Si vous voulez vraiment vous entraîner, invoquez le dieu qui dort en vous.
Je lève les yeux au ciel, en ayant plus qu’assez de son dieu. A l’entendre, on devrait vivre, manger et dormir avec lui et c’est d’ailleurs son but recherché. Sa fixation sur Koryu est limite malsaine, proche de l’obsession, et son esprit dérangé ne nous inspire pas vraiment confiance. Nous avons même sérieusement songé à fuir après plusieurs séances d’ « entrainements » mais en pleine mer, nous n’avons pas eu l’occasion de concrétiser l’idée.
Nous sommes jeunes mais à voir notre tête, je suis sûr que nous devons ressembler au pauvre mec blasé de la vie marqué par la routine, comptant ses sous au centime près et se demandant comment nourrir sa famille. Même un pépé de soixante-dix ans, pourtant à la fin de sa vie, doit être plus serein que nous.
Je ne saurais même pas dire quand cette histoire a commencé. Trois mois ? Un mois ? Six mois ? Moi, j’ai l’impression que ça fait des années que je ne me suis pas coiffé, pris un bain, partir en vadrouille dans la forêt et mangé avec mes parents, le sourire aux lèvres après une journée bien remplie. Mêmes les rares instants de tendresse que nous échangeons nous culpabilisent à penser à nous au lieu de nous entraîner pour sauver le monde. Sauf que ce qu’elle ne comprend pas, c’est que ces instants de douceur ne sont pas de simples caprices de gamins immatures mais de réels remparts contre la folie. Perdre la raison dans ce monde hostile et violent, qui ne nous laisse aucun droit à l’erreur, qui estimait avoir le droit de nous battre sans le moindre scrupule.
D’un bond, elle se propulse jusqu’à nous et envoie son poing dans la figure de Shin dont la puissance l’envoie deux mètres plus haut pour le faire retomber violemment par terre. Ma bouche s’est à peine ouverte pour laisser paraître mon incrédulité que je ressens une douleur fulgurante à la mâchoire.
- Ça, c’est de l’entraînement ! Bande de femmelettes !
Je me relève difficilement, la tête qui tourne et la nausée remuant dans mon estomac. Je la foudroie du regard. Cette fois, je ne me retiens et laisse toute ma fureur m’envahir. Mon pouvoir, dont je me sens de plus en plus proche chaque jour, s’agite et me somme de l’invoquer. Mais oui, bien sûr, petit pouvoir, attend seulement que je te donne ta dose de sang. C’est dans ces moments-là où je sens que nous nous complétons plutôt que de paraître pour un parasite : Koryu n’est pas indépendant, il a besoin de moi, d’une attache corporelle évoluant dans le monde physique, pour s’exprimer dans toute sa splendeur. Et au fond de moi, quand je me concentre vraiment, je sais qu’il est satisfait quand je l’accepte et que nous travaillons ensembles. Je n’ai jamais communiqué avec lui, je ne sais pas si c’est possible, Zéphilis n’avait parlé que d’une communication entre Shin et moi, pas de… moi-même à moi-même… mais je me sens de plus en plus en harmonie avec lui.
La colère fait exploser Shin. Je crois que c’est lui qui a le plus de mal à vivre tout ça. Il a toujours été sérieux, sensible, ordonné, mon total opposé, la raison pour laquelle on s’entend si bien. Tous les principes et valeurs auxquels il croyait ont été piétinés un à un, le détruisant à chaque fois un peu plus, piétinant à chaque fois un peu plus sa raison. Il s’enflammait bien plus rapidement et laissait libre cours à son courroux. Sauver le monde ? Notre seule envie était au contraire de l’anéantir et de pouvoir reposer en paix. L’élément déclencheur est l’obligation de m’avoir torturé plus le harcèlement incessant de Zéphilis qui ne lui a pas laissé le temps de se reposer. Nous sommes bien conscients que nous ne pouvons pas prendre de vacances mais le repos est indispensable à tout être humain s’il veut continuer à avancer.
Or Shin ne dort plus, son corps est secoué de spasmes la nuit et ses bras se tendent dans l’air pour repousser l’attaquant. Je ne savais pas ce qui se passait, je n’étais pas capable de sonder son esprit trop enfoncé dans le sommeil et je ne pouvais que le serrer dans mes bras pour ne pas le perdre. Je me doutais cependant qu’il se faisait malmener par son pouvoir, s’entrainait nuit et jour mais il en faisait tellement trop qu’il perdait pied. Il n’essayait pas de comprendre, Shin a toujours été quelqu’un de rationnel plus que sensitif, il essayait de dompter son pouvoir sans vraiment vivre avec lui. Je lui avais dit qu’il fallait se laisser porter, vivre avec lui mais il considérait déjà vivre avec lui puisqu’il habitait son corps.
Et le plus inquiétant dans tout ça, c’est que les progrès avaient été fulgurants. Moi, j’avais toujours été réticent à invoquer mon pouvoir mais Shin, après avoir compris que les illusions fermaient le clapet à Zéphilis et la paralysaient de terreur, n’hésitait plus à l’user. Elle était loin l’époque où ses premières expériences lui avaient glacé le sang seulement ça se ressentait après sur son sommeil. Ainsi, le fait d’invoquer tous deux nos pouvoirs devrait enclencher la communication mais Shin était tellement dur dans ces moments que je ne le retrouve plus.
Soudainement, l’ambiance est lourde, l’atmosphère se charge de tension. Il ne m’en faut pas plus en voyant Zéphilis immobilisée et un sourire mauvais tordre le visage de Shin pour comprendre ce qui se passe et je dévie mon attaque au dernier moment pour la diriger sur lui. Malgré la peur qui me noue les entrailles suite à ce qui s’était passé la dernière fois, je n’hésite pas et frappe pour le déconcentrer afin de le sortir de cette transe inquiétante.
Je comprends pleinement le désarroi qu’il a dû ressentir en me voyant manipulé par mon propre pouvoir parce que c’est ce que je ressens maintenant. Mais le pire, c’est que là, j’avais peur. D’abord parce que la dernière fois, quand je l’ai attaqué pour le neutraliser, des images terrifiantes m’ont dévasté, Shin lui-même, mes parents. Ça n’a pas duré longtemps mais ça a suffit pour me vider. Je ne lui en ai pas parlé pour ne pas le culpabiliser d’avantage mais ça m’avait profondément troublé. C’est peut-être la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à communiquer.
Ensuite parce que je ressentais le plaisir qu’il prenait en manipulant si facilement l’esprit des gens. Pour l’instant, il reste suffisamment maître de lui-même pour se maîtriser et me reconnait assez facilement. Un contact suffit, un contact qui nous vole toute notre énergie, comme si le dieu aspirait notre fluide vital.
J’arrête mon geste au dernier moment, je veux lui transmettre de la tendresse et non pas l’attaquer et agir comme nos ennemis qui usent la violence sans essayer de comprendre. Il ne me sent pas approché et se raidit quand je l’enlace dans mes bras, d’un geste plein d’amour et d’affection. Un tremblement part de sa tête et descend jusqu’à ses pieds tandis que moi-même, je ne ressens même plus mon corps, juste une incroyable sensation de bonheur et l’impression de ne faire qu’un avec moi-même. Shin répond à mon amour inconditionnel, ouvre les yeux et me serre dans ses bras à m’en étouffer. Mais notre amour naturel est renforcé par la sensation d’harmonie, d’unisson de notre personne. Les deux moitiés complètement réveillées ne font qu’une et c’est une grande bouffée d’air qui s’engouffre dans nos poumons, la sensation de voir à nouveau, de se toucher vraiment.
Mes sensations sont multipliées par dix, un frôlement d’air et j’ai l’impression qu’un tremblement de terre se déclenche. Ma langue va se perdre au fond de sa bouche et entame une danse sensuelle et douce avec sa jumelle. J’ai envie de parcourir chaque centimètre carré de sa peau avec le plus de douceur possible, pas comme lors de nos ébats passionnés.
La magie est rompue par un intrus et le retour à la réalité est brutal. Zéphilis nous regarde étonnée, plus une trace de frustration ou de tension sur son visage, elle parait même… détendue… Assis sur le sol, je serre amoureusement mon amant dans les bras et le berce comme un enfant. Il répond à mon étreinte et se détend, se sentant enfin en sécurité, au chaud dans mes bras.
Zéphilis se penche vers nous et je me braque, contracte mes muscles, prêt à attaquer au moindre geste suspect de sa part. Je me suis juré de protéger Shin quoi qu’il arrive, qu’elle n’ait pas l’intention de le jeter par-dessus bord, je ne répondrai pas de mes actes. Mais non, elle le dévisage simplement et écarte la mèche de cheveux pour mieux le voir. Son visage est d’ailleurs paisible, calme qui me fait sourire.
- C’était incroyable …
- Vous avez ressenti, ça, aussi ?
- Je ne sais pas vous mais tous les éléments étaient en paix, et ne faisaient plus qu’un comme s’ils retenaient leur souffle, comme si… ils étaient en harmonie avec la terre. C’est difficile à expliquer mais pour la première fois, ils n’étaient pas en train de se chahuter comme ils le font constamment, ce qui me rend si nerveuse. Je ne sais pas exactement ce que ça signifie mais c’était une synchronisation parfaite.
- Pourtant, j’ai juste voulu serrer Shin dans mes bras pour le faire revenir à la réalité pour changer des coups qu’on reçoit tout le temps en ce moment….
- Ce n’était pas une mauvaise idée, c’est vrai que je ne suis pas le meilleur maître qui soit, encore moins pour des enfants. Je ne connais pas la douceur et je n’ai pas compris que c’était en vous rendant la vie plus difficile.
- C’est vrai qu’au final, vous ne nous avez pas appris grand-chose. Y a dû avoir erreur sur la marchandise.
- Disons que j’en sais un rayon sur Koryu et Ellysia.
- Ellysia ?
- Le dieu qui incarne l’Oracle, la partie pacifique. Mais je vous raconterai ça quand Shin sera réveillé. Va dormir, t’en as besoin aussi.
Je soulevai Shin difficilement et le portai jusqu’au lit. Là, je m’allongeai contre lui, toujours en le serrant dans mes bras. Il se blottit un peu plus contre moi. Le sommeil fut paisible.
Shin était déjà réveillé lorsque je me réveillai le lendemain, il contemplait simplement mon visage.
- J’ai l’impression de sortir d’un long cauchemar.
- Moi, j’ai l’impression que je commence à croire que l’on sera vraiment capables de battre l’Oracle.
- Oui, nous avons toujours cru qu’à deux, nous étions invincibles mais nous étions loin du compte, songe-t-il. Zéphilis avait raison en disant que ce n’était pas de l’entraînement. En combinant nos deux pouvoirs, notre force s’en trouve multipliée !
- Encore faut-il y arriver !
- Tu sais, Lillyan, j’ai vraiment ressenti ton amour, la tendresse qui se dégageait de toi, ça m’a ouvert les yeux. Je crois que c’est ça ce qui nous manque depuis le départ, la compassion, la compréhension. Nous avons toujours eu peur de ce pouvoir que nous ne connaissions pas mais il suffit de savoir le contrôler, de savoir vivre avec lui. Je crois que je commence à comprendre ce que tu m’avais dit. Et à vrai dire, l’amour, la douceur, la tendresse, c’est la solution à tout. Si les hommes cessaient de se battre…
- Mouais, faut pas rêver non plus…
- Mais s’il suffisait d’ouvrir les yeux à l’Oracle pour qu’il recouvre la raison ? Il n’est pas foncièrement méchant, Lillyan ! Ça a bien marché avec Zephilis!
- Tu ne dormais pas ?
- Non, je somnolais…
- Je ne sais pas, Shin, on parle quand même de dieu… Il faudra demander des explications à Zéphilis, mais, pour l’instant, j’ai envie de câlins, dis-je en mimant une moue d’enfant.
Shin m’écrase la tête contre l’oreiller, s’installe sur mon dos pour m’empêcher de bouger et me chatouille impitoyablement le long des hanches. Je me tortille comme un ver en rigolant mais y a pas moyen de se défaire. Il me plaque soudainement les mains contre le matelas et parcourt ma nuque avec ses lèvres.
Mes tremblements ne sont pas dus à ses chatouilles mais bien à ses caresses excitantes. J’arrive à me retourner en me tortillant et happe ses lèvres pour aspirer goulument l’air qu’elles emprisonnent et la langue qu’elles gardent jalousement pour elles. Je ferme les yeux pour mieux ressentir les sensations que ce contact dévore.
- Je t’aime, dit-il dans un souffle, les bras serrés contre ma poitrine à m’en étouffer.
Je sais qu’il m’aime, est-ce que le dire change quoi que ce soit à notre relation ? Au fond, non, pas vraiment mais ça n’empêche que ça me touche au plus profond de mon cœur. Ces trois mots scellaient notre pacte dans le marbre de notre cœur, c’est comme s’ils matérialisaient nos sentiments.
Alors pourquoi je n’arrive pas à l’affirmer moi aussi ? Ma poitrine se serre de timidité et n’ose pas l’avouer. La scène me parait trop… romantique… J’ai l’impression que si je minaude et me trémousse sur lui, je vais perdre toute ma virilité, mon autorité masculine et que je ne ferai que me soumettre à mon amant. Je lui réponds un « moi aussi » vague, qui se veut puissant, réconfortant mais pas déclaratif alors que je sais que ça a été difficile pour lui de se dévoiler, d’extraire ses sentiments de son cœur pour me les confier solennellement. Je secoue la tête et déglutis pour extraire également la véritable force de mes sentiments et la lui communiquer tout entière.
- Moi aussi, repris-je plus fort, moi aussi, je t’aime…
Il sourit à s’en décrocher la mâchoire et je ne peux m’empêcher de l’imiter, le cœur léger. J’ai honte de voir que j’ai hésité, même quelques infimes secondes que Shin n’a pas du remarquer, mais maintenant je suis soulagé.
- On y arrivera, Shin, quoi qu’il arrive, on y arrivera et on pourra vivre notre amour librement.
Il hoche la tête avant de s’endormir.